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Surveillance du virus Schmallenberg en France : une circulation peu intense en 2014

Surveillance du virus Schmallenberg en France : une circulation peu intense en 2014 Kristel Gache (1)* (kristel.gache.fngds@reseaugds.com), Soline Hosteing (2)*, Jean-Baptiste Perrin (3)*, Stephan Zientara (4), Laure Bournez (5)*, Anne Touratier (1) (1) GDS France, Paris, France (2) SNGTV, Paris, France (3) Direction gĂ©nĂ©rale de l’Alimentation, Bureau de la santĂ© animale, Paris, France (4) Anses, Laboratoire de santĂ© animale, Maisons-Alfort, France (5) Anses, UnitĂ© de coordination et d’appui Ă  la surveillance (UCAS), Maisons-Alfort, France * Membre de l’Équipe opĂ©rationnelle de la Plateforme nationale d’épidĂ©miosurveillance en santĂ© animale (Plateforme ESA)

RĂ©sumĂ© Les rĂ©sultats de surveillance des formes congĂ©nitales de l’infection par le virus Schmallenberg (« SBV congĂ©nital ») lors de la saison 2014/2015 indiquent que le virus a trĂšs probablement circulĂ© Ă  bas bruit en 2014 sur une grande partie du territoire mĂ©tropolitain : des cas cliniques de SBV congĂ©nital ont Ă©tĂ© confirmĂ©s biologiquement dans sept dĂ©partements et des suspicions cliniques non confirmĂ©es ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es dans quatorze autres dĂ©partements. AprĂšs une circulation massive en 2011 et 2012, il semblerait qu’une forte proportion d’animaux rĂ©ceptifs soient devenus rĂ©sistants (suite Ă  une infection naturelle pour une grande partie, le recours Ă  la vaccination Ă©tant restĂ© limitĂ©) et que le virus ait ainsi circulĂ© de façon moins intense en 2013 et 2014. Des rĂ©flexions sont en cours pour amĂ©liorer la sensibilitĂ© globale du dispositif et pouvoir dĂ©tecter une Ă©ventuelle reprise de circulation « massive » du virus sur le territoire dans les prochaines annĂ©es.

Abstract Schmallenberg virus surveillance in France: low circulation in 2014 The results of congenital Schmallenberg disease surveillance (“congenital SBV”) for the 2014-2015 season indicate that the virus probably circulated with low prevalence in 2014 throughout a large part of metropolitan France. Indeed, confirmed SBV cases were reported in seven dĂ©partements and clinical suspicions were reported in another fourteen dĂ©partements. Following massive viral circulation in 2011 and 2012, it seems that the virus then circulated with lower intensity in 2013 and 2014, probably due to the high proportion of animals that had become immune following natural infection in 2011 or 2012 (use of vaccination remained limited). Discussions are underway to improve the scheme’s overall sensitivity in order to detect a possible return to massive viral circulation in France over the next few years.

Mots-clés Vir us Sc h malle n be rg , r uminant s, sur veill ance épidémiologique

Keywords Schmallenberg virus, Ruminants, Epidemiological surveillance

La surveillance Ă©vĂ©nementielle des formes congĂ©nitales de l’infection par le virus Schmallenberg (« SBV congĂ©nital ») a Ă©tĂ© initiĂ©e en France au dĂ©but du mois de janvier 2012 par la Direction gĂ©nĂ©rale de l’Alimentation, dans le cadre de la Plateforme nationale d’épidĂ©miosurveillance en santĂ© animale (Plateforme ESA), Ă  la suite de l’alerte europĂ©enne relative Ă  l’émergence de ce virus (note de service DGAL/SDSPA/N2012-8007 du 4 janvier 2012). Les naissances de veaux, d’agneaux et de chevreaux malformĂ©s ont ainsi rĂ©vĂ©lĂ© des infections ayant eu lieu pendant la pĂ©riode d’activitĂ© des vecteurs (Culicoides) au cours de l’étĂ© et de l’automne 2011. À la clĂŽture de cette premiĂšre saison de surveillance (31 aoĂ»t 2012), des foyers de SBV congĂ©nital avaient Ă©tĂ© confirmĂ©s dans 2 976 exploitations (1 817 bovines, 1 139 ovines et 20 caprines) principalement localisĂ©es dans la moitiĂ© nord du pays (centre ouest et nord est) (Dominguez et al., 2012). Le virus SBV ayant rĂ©ussi Ă  « passer l’hiver », la surveillance du SBV congĂ©nital s’est poursuivie Ă  partir du 1er septembre 2012 dans le cadre de la Plateforme ESA, coordonnĂ©e Ă  partir de cette date par GDS France. La deuxiĂšme saison de surveillance s’est Ă©talĂ©e du 1er septembre 2012 au 31 aoĂ»t 2013, rĂ©vĂ©lant des infections ayant eu lieu au printemps/ Ă©tĂ©/automne 2012 (Gache et al., 2013). Au total, 1 834 exploitations principalement localisĂ©es dans l’ouest et la moitiĂ© sud du pays ont Ă©tĂ© confirmĂ©es atteintes lors de cette deuxiĂšme saison de surveillance dont 1 531 exploitations bovines, 271 ovines et 32 caprines. En 2013/2014, la surveillance du SBV congĂ©nital s’est logiquement poursuivie dans l’objectif de continuer Ă  suivre l’évolution de la distribution gĂ©ographique de la maladie. AprĂšs deux annĂ©es de circulation intense sur le territoire, cette troisiĂšme saison de surveillance a permis d’identifier 110 exploitations atteintes. La diminution du nombre de foyers rapportĂ©s en 2013/2014 par rapport aux deux premiĂšres saisons de surveillance a Ă©tĂ© attribuĂ©e Ă  une forte proportion d’animaux devenus immuns suite Ă  une infection naturelle et Ă  une diminution de la sensibilitĂ© du dispositif de dĂ©claration, la

maladie Ă©tant considĂ©rĂ©e comme une maladie d’élevage (ne faisant pas, Ă  ce titre, l’objet d’une rĂšglementation) Ă  la clinique Ă©vocatrice (malformations caractĂ©ristiques ne nĂ©cessitant pas de confirmation biologique). À la clĂŽture de la saison 2013/2014 s’est ainsi naturellement posĂ©e la question de l’évolution de la circulation virale en France et de la suite Ă  donner au dispositif de surveillance. En s’appuyant sur les propositions avancĂ©es dans l’avis de l’Anses publiĂ© en fĂ©vrier 2014 « Évaluation de risques liĂ©s Ă  la diffusion du virus Schmallenberg en France : bilan et perspectives » (Anses, 2014), et aprĂšs avoir recueilli le sentiment des acteurs concernĂ©s, le groupe de suivi de la Plateforme ESA a considĂ©rĂ© qu’il Ă©tait opportun de maintenir une surveillance minimale en matiĂšre de SBV congĂ©nital. Ainsi, l’objectif de la surveillance du SBV congĂ©nital pour la saison 2014/2015 Ă©tait exclusivement qualitatif : savoir si le virus SBV continuait Ă  circuler en France mĂ©tropolitaine. Les modalitĂ©s organisationnelles de cette surveillance sont prĂ©sentĂ©es dans l’Encadré 1. Cet article prĂ©sente les rĂ©sultats de la surveillance des formes congĂ©nitales du SBV du 1er septembre 2014 au 31 aoĂ»t 2015, consĂ©quences de la circulation virale en France au printemps/Ă©tĂ©/ automne 2014.

RĂ©sultats Participation des dĂ©partements D’aprĂšs une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e auprĂšs des GDS, onze dĂ©partements n’ont pas souhaitĂ© participer Ă  la surveillance du SBV congĂ©nital pour la saison 2014/2015 selon les modalitĂ©s proposĂ©es par la Plateforme ESA (Figure 1). Ceux qui ont participĂ© ont souhaitĂ© maintenir la surveillance jusqu’à concurrence des vingt suspicions (selon les modalitĂ©s dĂ©finies par le groupe de suivi de la Plateforme ESA (EncadrĂ© 1)).

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EncadrĂ© 1. ModalitĂ©s organisationnelles de la surveillance du SBV congĂ©nital Les modalitĂ©s organisationnelles de cette surveillance ont Ă©tĂ© dĂ©finies par le groupe de suivi de la thĂ©matique « Surveillance du virus Schmallenberg » de la Plateforme ESA, pour rĂ©pondre Ă  l’objectif de la surveillance. Champ de la surveillance et population surveillĂ©e Comme lors des prĂ©cĂ©dentes saisons de surveillance, seules les formes congĂ©nitales de la maladie de Schmallenberg ont fait l’objet d’une surveillance (EncadrĂ© 2). Cette surveillance a concernĂ© l’ensemble des ruminants domestiques (bovins, ovins et caprins) prĂ©sents dans les dĂ©partements français ayant choisi de participer Ă  la surveillance. DĂ©finition du cas suspect Les critĂšres cliniques dĂ©finis dans le cadre de la surveillance correspondaient Ă  l’observation sur des agneaux, veaux ou chevreaux d’une ou plusieurs des malformations suivantes : ‱ dĂ©formation ou blocage de l’articulation d’un ou plusieurs membres (arthrogrypose) ; ‱ malformation de la colonne vertĂ©brale (scoliose, cyphose) ; ‱ anomalie du port de la tĂȘte (torticolis) ; ‱ raccourcissement de la mĂąchoire infĂ©rieure (brachygnathie) ; ‱ « grosse tĂȘte » (hydrocĂ©phalie). ModalitĂ©s diagnostiques La surveillance Ă©tait de nature Ă©vĂ©nementielle (clinique) avec confirmation biologique des suspicions. En effet, l’objectif de la surveillance consistant Ă  savoir si le virus circulait sur le territoire, la confirmation biologique Ă©tait exigĂ©e et permettait, le cas Ă©chĂ©ant, de savoir de façon certaine que le virus circulait dans un dĂ©partement, Ă  partir des suspicions enregistrĂ©es. Dans chaque dĂ©partement participant Ă  la surveillance, les cas suspects ont fait l’objet de la rĂ©alisation par le vĂ©tĂ©rinaire d’un prĂ©lĂšvement

Situation dĂ©partementale Du 1er septembre 2014 au 31 aoĂ»t 2015, des cas cliniques de SBV congĂ©nital ont Ă©tĂ© confirmĂ©s biologiquement dans sept dĂ©partements. Des suspicions non confirmĂ©es ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es dans quatorze autres dĂ©partements (Figure 1).

Description des foyers et des suspicions non confirmées EspÚces concernées Du 1er septembre 2014 au 31 août 2015, le dispositif a enregistré dix élevages confirmés atteints (élevages bovins) et 49 élevages (43 élevages bovins, quatre élevages ovins et deux élevages caprins) dans lesquels des suspicions ont été enregistrées sans avoir été

transmis au laboratoire Ă  fin d’analyse, jusqu’à concurrence de vingt suspicions au maximum par dĂ©partement. En cas de rĂ©sultats nĂ©gatifs, la surveillance Ă©tait maintenue jusqu’à concurrence des vingt suspicions. Lorsqu’un rĂ©sultat positif Ă©tait obtenu en cours de la campagne de surveillance, le choix Ă©tait laissĂ© au dĂ©partement : soit de continuer la surveillance jusqu’à concurrence des vingt suspicions, soit d’arrĂȘter la campagne de surveillance. Les tests de diagnostic retenus Ă©taient les suivants : ‱ sĂ©rologie sur sang de l’avorton, du mort-nĂ© ou du nouveau-nĂ© malformĂ©, avant prise de colostrum : tests ELISA indirect ; ‱ PCR sur encĂ©phale de l’avorton, du mort-nĂ© ou du nouveau-nĂ© malformĂ©. Le virus Schmallenberg ayant trĂšs largement circulĂ© sur le territoire au cours des trois prĂ©cĂ©dentes annĂ©es, il est impossible de dĂ©terminer les dates d’infection de femelles sĂ©ropositives. Les analyses sĂ©rologiques sur femelles ayant mis bas des produits malformĂ©s n’ont donc pas Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es Ă  ce protocole de surveillance. Saisie des donnĂ©es de surveillance La saisie des donnĂ©es de surveillance (fiche de commĂ©moratifs et rĂ©sultats d’analyse) Ă©tait rĂ©alisĂ©e par les groupements de dĂ©fense sanitaire (GDS) en ligne, via une interface web dĂ©diĂ©e. Financement La grande majoritĂ© des animaux malformĂ©s Ă©tant non viables et mourant rapidement aprĂšs la naissance, ils Ă©taient considĂ©rĂ©s comme des avortons. Dans ce cas, la visite et le dĂ©placement du vĂ©tĂ©rinaire Ă©taient pris en charge par l’État dans le cadre de la surveillance de la brucellose. Les frais supplĂ©mentaires spĂ©cifiquement liĂ©s Ă  la surveillance du SBV congĂ©nital Ă©taient pris en charge par les GDS dans les dĂ©partements participant Ă  la surveillance.

confirmĂ©es biologiquement (observation clinique d’au moins une des malformations caractĂ©ristiques, mais analyses de laboratoire nĂ©gatives (pour 46 Ă©levages) ou ininterprĂ©tables (pour trois Ă©levages)). Le nombre de foyers confirmĂ©s biologiquement et le nombre d’élevages suspects non confirmĂ©s par dĂ©partement sont prĂ©sentĂ©s dans les Figures 2 et 3. Le nombre d’élevages suspects par dĂ©partement est infĂ©rieur au vingt suspicions maximum dĂ©finies par le dispositif.

FrĂ©quence d’observation des malformations L’anomalie la plus frĂ©quemment observĂ©e dans les Ă©levages identifiĂ©s dans le cadre de cette surveillance est l’arthrogrypose, que ce soit dans les foyers confirmĂ©s biologiquement (malformation observĂ©e dans 60 % des Ă©levages foyers) mais Ă©galement dans les Ă©levages suspects non confirmĂ©s (75 %). Cette malformation Ă©tait dĂ©jĂ  la malformation la plus frĂ©quemment observĂ©e lors des saisons de surveillance prĂ©cĂ©dentes (malformation observĂ©e dans 70 % des Ă©levages en 2013/2014, dans 85 % en 2012/2013 et dans 88 % en 2011/2012) (Dominguez et al., 2012 ; Gache et al., 2013 ; Gache et al., 2015). La frĂ©quence d’observation des autres malformations dans les Ă©levages identifiĂ©s dans le cadre de cette surveillance est prĂ©sentĂ©e en Figure 4 (Ă  noter que plusieurs malformations peuvent ĂȘtre observĂ©es sur le mĂȘme animal, par ex. arthrogrypose et brachygnathie). Les frĂ©quences d’observation des diffĂ©rentes malformations sont proches entre Ă©levages confirmĂ©s et non confirmĂ©s.

Taux de confirmation par type d’analyse Le taux de confirmation des suspicions selon la mĂ©thode diagnostique utilisĂ©e est prĂ©sentĂ© dans le Tableau 1 :

‱ aucune analyse PCR rĂ©alisĂ©e dans le cadre de cette surveillance ne s’est rĂ©vĂ©lĂ©e positive en 2014/2015 ;

Départements dans lesquels au moins une suspicion confirmée par analyse de laboratoire a été enregistrée Départements dans lesquels au moins une suspicion a été enregistrée mais aucune confirmée Départements ne participant pas à la surveillance selon les modalités proposées par la Plateforme ESA

Figure 1. Situation dĂ©partementale vis-Ă -vis du SBV congĂ©nital lors de la saison 2014/2015 (du 1er septembre 2014 au 31 aoĂ»t 2015)

‱ le taux de confirmation avec l’outil sĂ©rologique sur nouveau-nĂ©s

en 2014/2015 s’élĂšve Ă  21 % (n= 42). Ce taux est infĂ©rieur Ă  celui observĂ© lors de la saison 2013/2014 (37 % (n=41), diffĂ©rence non significative, khi-deux, p=0,12), et infĂ©rieur Ă  celui observĂ© lors de la saison 2012/2013 (62 % (n=658), diffĂ©rence significative, khi-deux, p<0,05). Ce taux de confirmation est Ă©galement infĂ©rieur au taux de confirmation prĂ©sentĂ© dans certaines publications scientifiques (taux

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Nombre de suspicions non confirmées 14 4 3 2 1

Nombre de foyers 3 2 1

Figure 2. Nombre de foyers de SBV congĂ©nital (confirmĂ©s biologiquement) enregistrĂ©s lors de la saison 2014/2015 par dĂ©partement (du 1er septembre 2014 au 31 aoĂ»t 2015) (les dĂ©partements grisĂ©s sont les dĂ©partements ne participant pas Ă  la surveillance selon les modalitĂ©s proposĂ©es par la Plateforme ESA)

de confirmation de 74 % sur 348 agneaux et 111 veaux (Van Maanen et al., 2012)). Dans ce contexte, des tests de sĂ©roneutralisation ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par le Laboratoire de santĂ© animale de l’Anses MaisonsAlfort sur seize prĂ©lĂšvements sanguins qui Ă©taient nĂ©gatifs en ELISA (prĂ©lĂšvements issus d’avortons ou de nouveau-nĂ©s prĂ©sentant des malformations caractĂ©ristiques). Ces analyses n’ont pas rĂ©vĂ©lĂ© de divergences entre les rĂ©sultats d’ELISA et les sĂ©roneutralisations ;

‱ Ă  noter que les deux types d’analyses (sĂ©rologie et PCR) ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dans trois Ă©levages : pour deux Ă©levages, les rĂ©sultats se sont rĂ©vĂ©lĂ©s nĂ©gatifs Ă  la fois en sĂ©rologie et en PCR, pour un Ă©levage le rĂ©sultat PCR s’est avĂ©rĂ© nĂ©gatif, alors que le rĂ©sultat sĂ©rologique a Ă©tĂ© positif.

Figure 3. Nombre de suspicions de SBV congénital (non confirmées biologiquement) enregistrées lors de la saison 2014/2015 par département (du 1er septembre 2014 au 31 août 2015) (les départements grisés sont les départements ne participant pas à la surveillance selon les modalités proposées par la Plateforme ESA)

Foyers confirmés

Élevages suspects non confirmĂ©s

80% 70% 60% 50% 40% 30% 20%

Discussion

10%

Ce rĂ©sultat, qui n’est pour l’instant pas expliquĂ©, est Ă  interprĂ©ter avec beaucoup de prudence Ă©tant donnĂ© le nombre restreint de suspicions enregistrĂ©es. Cependant, les rĂ©sultats des sĂ©roneutralisations rĂ©alisĂ©es par le laboratoire de santĂ© animale de Maisons-Alfort (Anses) permettent d’exclure une dĂ©rive de sensibilitĂ© de l’outil sĂ©rologique ELISA. On ne peut pas exclure qu’il puisse s’ĂȘtre produit, entre 2012 et aujourd’hui, des mutations du virus SBV qui modifient les Ă©pitopes de neutralisation virale. En effet, il existe, dans la glycoprotĂ©ine Gc du virus, une zone Ă  degrĂ© Ă©levĂ© de variabilitĂ© et qui possĂšde ce type d’épitopes (Fischer et al., 2013). Pour vĂ©rifier cette hypothĂšse, il serait nĂ©cessaire d’isoler le virus SBV, pour savoir si la souche qui circule actuellement a ou non ce type de mutation. À noter que les consĂ©quences en termes d’immunitĂ© de ce genre de mutations ne sont pour l’instant pas connues.

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Les rĂ©sultats de surveillance du SBV congĂ©nital lors de la saison 2014/2015 indiquent que le virus a circulĂ© de façon certaine dans sept dĂ©partements. Dans quatorze autres dĂ©partements, les suspicions n’ont pas Ă©tĂ© confirmĂ©es par un test diagnostique. Le taux de confirmation a Ă©tĂ© faible pour la saison 2014/2015. Ce rĂ©sultat apparaĂźt Ă©tonnant, Ă©tant donnĂ© que les signes cliniques observĂ©s (malformations de type arthrogrypose, scoliose, cyphose, torticolis, brachygraphie ou hydrocĂ©phalie) sont trĂšs spĂ©cifiques de l’infection par le virus SBV.

Figure 4. FrĂ©quence d’observation des diffĂ©rentes malformations dans les Ă©levages identifiĂ©s dans le cadre de la surveillance du 1er septembre 2014 au 31 aoĂ»t 2015 (donnĂ©es sur 59 Ă©levages)

Tableau 1. Taux de confirmation des suspicions selon la mĂ©thode diagnostique utilisĂ©e (du 1er septembre 2014 au 31 aoĂ»t 2015) Taux de confirmation des suspicions (en %) SĂ©rologie du nouveaunĂ© avant prise de colostrum PCR sur encĂ©phale

21 (sur n= 42 nouveau-nés malformés (41 veaux et 1 agneau)) 0 (sur n= 22 nouveau-nés malformés (17 veaux, 3 agneaux et 2 chevreaux))

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Le dispositif de surveillance mis en place lors de la saison 2014/2015 avait pour objectif de dĂ©terminer si le virus circulait en France sans avoir l’objectif de quantifier l’intensitĂ© de cette circulation. Étant donnĂ© le faible nombre de suspicions dĂ©clarĂ©es dans les dĂ©partements participants (mĂȘme s’il est fort probable qu’un certain nombre de cas suspects n’ont pas fait l’objet d’une dĂ©claration), confortĂ©es par les informations remontĂ©es par les acteurs locaux (trĂšs peu de naissances d’animaux malformĂ©s lors de l’automne/hiver 2014/2015), il semblerait que le nombre de cas cliniques dus au virus SBV ait Ă©tĂ© faible sur le territoire en 2014/2015. Au vu de la rĂ©partition gĂ©ographique de ces dĂ©partements, on peut Ă©mettre l’hypothĂšse que le virus a trĂšs probablement circulĂ© Ă  bas bruit en 2014 dans une grande partie du territoire mĂ©tropolitain. AprĂšs une circulation massive en 2011 et 2012, il semble donc que le virus ait circulĂ© de façon moins intense en 2013 et 2014. Ceci peut s’expliquer par une proportion actuellement Ă©levĂ©e d’animaux devenus immuns Ă  la suite d’une infection naturelle en 2011 ou 2012 (le recours Ă  la vaccination est restĂ© limitĂ©). En effet, mĂȘme si la durĂ©e d’immunitĂ© post-infectieuse est encore mal connue, les donnĂ©es de surveillance des animaux prĂ©cĂ©demment atteints et les connaissances sur les virus proches du virus Schmallenberg incitent Ă  supposer que l’immunitĂ© est longue (EFSA, 2013). Cela fait maintenant quatre annĂ©es que le virus SBV est prĂ©sent sur le territoire et il est probable que le virus continue de circuler Ă  bas bruit. Cette circulation a Ă©galement Ă©tĂ© objectivĂ©e dans d’autres pays europĂ©ens ((Balmer et al., 2015 ; Veldhuis et al., 2015 ; Wernike et al., 2015). Similairement Ă  ce qui est observĂ© pour le virus Akabane en Australie (virus proche du SBV), il n’est pas exclu que des flambĂ©es Ă©pizootiques pluriennales surviennent dans les prochaines annĂ©es, si une grande partie de la population rĂ©ceptive est de nouveau naĂŻve au virus SBV (fonction de la durĂ©e de l’immunitĂ© des animaux, de la vitesse de renouvellement des populations et de l’intensitĂ© de la circulation virale). Des conditions mĂ©tĂ©orologiques particuliĂšres entrainant une augmentation de l’abondance et/ou de la survie des vecteurs pourraient Ă©galement favoriser l’apparition de ces flambĂ©es Ă©pizootiques.

Conclusion et perspectives Le SBV congĂ©nital est aujourd’hui considĂ©rĂ© comme une maladie d’élevage et ne fait pas, Ă  ce titre, l’objet d’une rĂ©glementation. De ce fait, sa surveillance est basĂ©e sur la dĂ©claration volontaire des Ă©leveurs et des vĂ©tĂ©rinaires. Les caractĂ©ristiques du SBV congĂ©nital, Ă  savoir un tableau clinique trĂšs Ă©vocateur et l’absence de solution thĂ©rapeutique, n’incitent pas les Ă©leveurs et les vĂ©tĂ©rinaires Ă  dĂ©clarer cette maladie dĂ©sormais bien connue. Dans ce cadre, des rĂ©flexions sont en cours sur les modifications Ă  apporter au dispositif de surveillance pour 2015/2016 pour amĂ©liorer sa capacitĂ© Ă  dĂ©tecter si le virus continue de circuler et s’il y a une augmentation massive de la survenue de cas cliniques. Une des pistes envisagĂ©es est de s’appuyer sur un rĂ©seau de vĂ©tĂ©rinaires sentinelles, Ă  raison d’un vĂ©tĂ©rinaire par rĂ©gion. Il serait demandĂ© Ă  ces vĂ©tĂ©rinaires de faire part des suspicions de SBV congĂ©nital observĂ©es dans leur clientĂšle, en renseignant une fiche de commĂ©moratifs et en envoyant une photographie des malformations observĂ©es.

Remerciements Les auteurs remercient l’ensemble des partenaires impliquĂ©s dans la surveillance du SBV congĂ©nital, ainsi que les membres du groupe de suivi de cette thĂ©matique au niveau de la Plateforme ESA.

EncadrĂ© 2. Les deux formes cliniques de la maladie de Schmallenberg SBV congĂ©nital : manifestation diffĂ©rĂ©e de l’infection fƓtale par le virus SBV conduisant Ă  la naissance de produits le plus souvent non viables chez les bovins, ovins et caprins, et se traduisant par des avortements, de la prĂ©maturitĂ© et de la mortinatalitĂ© associĂ©s Ă  des malformations congĂ©nitales diverses (arthrogrypose, raccourcissement des tendons du jarret, torticolis, torsion du sternum et du rachis, dĂ©formations de la mĂąchoire et de la tĂȘte) ; des troubles nerveux peuvent Ă©galement ĂȘtre observĂ©s. SBV aigu : manifestation aiguĂ« de l’infection par le virus SBV caractĂ©risĂ©e chez les bovins par des Ă©pisodes de diarrhĂ©e, de baisse de production laitiĂšre et d’hyperthermie, associĂ©s Ă©ventuellement Ă  des retours en chaleurs et Ă  des avortements de dĂ©but de gestation. Cette forme clinique n’a pas Ă©tĂ© rapportĂ©e chez les petits ruminants (Wernike et al. 2013). Le SBV aigu n’a pas fait l’objet d’une surveillance organisĂ©e en France.

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30   Bulletin Ă©pidĂ©miologique, santĂ© animale et alimentation no 72 – DĂ©cembre 2015


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