Surveillance du virus Schmallenberg en Franceâ: une circulation peu intense en 2014
Surveillance du virus Schmallenberg en Franceâ: une circulation peu intense en 2014 Kristel Gache (1)* (kristel.gache.fngds@reseaugds.com), Soline Hosteing (2)*, Jean-Baptiste Perrin (3)*, Stephan Zientara (4), Laure Bournez (5)*, Anne Touratier (1) (1) GDS France, Paris, France (2) SNGTV, Paris, France (3) Direction gĂ©nĂ©rale de lâAlimentation, Bureau de la santĂ© animale, Paris, France (4) Anses, Laboratoire de santĂ© animale, Maisons-Alfort, France (5) Anses, UnitĂ© de coordination et dâappui Ă la surveillance (UCAS), Maisons-Alfort, France * Membre de lâĂquipe opĂ©rationnelle de la Plateforme nationale dâĂ©pidĂ©miosurveillance en santĂ© animale (Plateforme ESA)
RĂ©sumĂ© Les rĂ©sultats de surveillance des formes congĂ©nitales de lâinfection par le virus Schmallenberg («âŻSBV congĂ©nitalâŻÂ») lors de la saison 2014/2015 indiquent que le virus a trĂšs probablement circulĂ© Ă bas bruit en 2014 sur une grande partie du territoire mĂ©tropolitainâ: des cas cliniques de SBV congĂ©nital ont Ă©tĂ© confirmĂ©s biologiquement dans sept dĂ©partements et des suspicions cliniques non confirmĂ©es ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es dans quatorze autres dĂ©partements. AprĂšs une circulation massive en 2011 et 2012, il semblerait quâune forte proportion dâanimaux rĂ©ceptifs soient devenus rĂ©sistants (suite Ă une infection naturelle pour une grande partie, le recours Ă la vaccination Ă©tant restĂ© limitĂ©) et que le virus ait ainsi circulĂ© de façon moins intense en 2013 et 2014. Des rĂ©flexions sont en cours pour amĂ©liorer la sensibilitĂ© globale du dispositif et pouvoir dĂ©tecter une Ă©ventuelle reprise de circulation «âŻmassiveâŻÂ» du virus sur le territoire dans les prochaines annĂ©es.
Abstract Schmallenberg virus surveillance in France: low circulation in 2014 The results of congenital Schmallenberg disease surveillance (âcongenital SBVâ) for the 2014-2015 season indicate that the virus probably circulated with low prevalence in 2014 throughout a large part of metropolitan France. Indeed, confirmed SBV cases were reported in seven dĂ©partements and clinical suspicions were reported in another fourteen dĂ©partements. Following massive viral circulation in 2011 and 2012, it seems that the virus then circulated with lower intensity in 2013 and 2014, probably due to the high proportion of animals that had become immune following natural infection in 2011 or 2012 (use of vaccination remained limited). Discussions are underway to improve the schemeâs overall sensitivity in order to detect a possible return to massive viral circulation in France over the next few years.
Mots-clés Vir us Sc h malle n be rg , r uminant s, sur veill ance épidémiologique
Keywords Schmallenberg virus, Ruminants, Epidemiological surveillance
La surveillance Ă©vĂ©nementielle des formes congĂ©nitales de lâinfection par le virus Schmallenberg («âŻSBV congĂ©nitalâŻÂ») a Ă©tĂ© initiĂ©e en France au dĂ©but du mois de janvier 2012 par la Direction gĂ©nĂ©rale de lâAlimentation, dans le cadre de la Plateforme nationale dâĂ©pidĂ©miosurveillance en santĂ© animale (Plateforme ESA), Ă la suite de lâalerte europĂ©enne relative Ă lâĂ©mergence de ce virus (note de service DGAL/SDSPA/N2012-8007 du 4 janvier 2012). Les naissances de veaux, dâagneaux et de chevreaux malformĂ©s ont ainsi rĂ©vĂ©lĂ© des infections ayant eu lieu pendant la pĂ©riode dâactivitĂ© des vecteurs (Culicoides) au cours de lâĂ©tĂ© et de lâautomne 2011. Ă la clĂŽture de cette premiĂšre saison de surveillance (31 aoĂ»t 2012), des foyers de SBV congĂ©nital avaient Ă©tĂ© confirmĂ©s dans 2â976 exploitations (1â817âŻbovines, 1â139âŻovines et 20 caprines) principalement localisĂ©es dans la moitiĂ© nord du pays (centre ouest et nord est) (Dominguez et al., 2012). Le virus SBV ayant rĂ©ussi à «âŻpasser lâhiverâŻÂ», la surveillance du SBV congĂ©nital sâest poursuivie Ă partir du 1er septembre 2012 dans le cadre de la Plateforme ESA, coordonnĂ©e Ă partir de cette date par GDS France. La deuxiĂšme saison de surveillance sâest Ă©talĂ©e du 1er septembre 2012 au 31 aoĂ»t 2013, rĂ©vĂ©lant des infections ayant eu lieu au printemps/ Ă©tĂ©/automne 2012 (Gache et al., 2013). Au total, 1â834 exploitations principalement localisĂ©es dans lâouest et la moitiĂ© sud du pays ont Ă©tĂ© confirmĂ©es atteintes lors de cette deuxiĂšme saison de surveillance dont 1â531 exploitations bovines, 271 ovines et 32 caprines. En 2013/2014, la surveillance du SBV congĂ©nital sâest logiquement poursuivie dans lâobjectif de continuer Ă suivre lâĂ©volution de la distribution gĂ©ographique de la maladie. AprĂšs deux annĂ©es de circulation intense sur le territoire, cette troisiĂšme saison de surveillance a permis dâidentifier 110 exploitations atteintes. La diminution du nombre de foyers rapportĂ©s en 2013/2014 par rapport aux deux premiĂšres saisons de surveillance a Ă©tĂ© attribuĂ©e Ă une forte proportion dâanimaux devenus immuns suite Ă une infection naturelle et Ă une diminution de la sensibilitĂ© du dispositif de dĂ©claration, la
maladie Ă©tant considĂ©rĂ©e comme une maladie dâĂ©levage (ne faisant pas, Ă ce titre, lâobjet dâune rĂšglementation) Ă la clinique Ă©vocatrice (malformations caractĂ©ristiques ne nĂ©cessitant pas de confirmation biologique). Ă la clĂŽture de la saison 2013/2014 sâest ainsi naturellement posĂ©e la question de lâĂ©volution de la circulation virale en France et de la suite Ă donner au dispositif de surveillance. En sâappuyant sur les propositions avancĂ©es dans lâavis de lâAnses publiĂ© en fĂ©vrier 2014 «âŻĂvaluation de risques liĂ©s Ă la diffusion du virus Schmallenberg en Franceâ: bilan et perspectivesâŻÂ» (Anses, 2014), et aprĂšs avoir recueilli le sentiment des acteurs concernĂ©s, le groupe de suivi de la Plateforme ESA a considĂ©rĂ© quâil Ă©tait opportun de maintenir une surveillance minimale en matiĂšre de SBV congĂ©nital. Ainsi, lâobjectif de la surveillance du SBV congĂ©nital pour la saison 2014/2015 Ă©tait exclusivement qualitatifâ: savoir si le virus SBV continuait Ă circuler en France mĂ©tropolitaine. Les modalitĂ©s organisationnelles de cette surveillance sont prĂ©sentĂ©es dans lâEncadrĂ©âŻ1. Cet article prĂ©sente les rĂ©sultats de la surveillance des formes congĂ©nitales du SBV du 1er septembre 2014 au 31 aoĂ»t 2015, consĂ©quences de la circulation virale en France au printemps/Ă©tĂ©/ automne 2014.
RĂ©sultats Participation des dĂ©partements DâaprĂšs une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e auprĂšs des GDS, onze dĂ©partements nâont pas souhaitĂ© participer Ă la surveillance du SBV congĂ©nital pour la saison 2014/2015 selon les modalitĂ©s proposĂ©es par la Plateforme ESA (FigureâŻ1). Ceux qui ont participĂ© ont souhaitĂ© maintenir la surveillance jusquâĂ concurrence des vingt suspicions (selon les modalitĂ©s dĂ©finies par le groupe de suivi de la Plateforme ESA (EncadrĂ© 1)).
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EncadrĂ© 1. ModalitĂ©s organisationnelles de la surveillance du SBV congĂ©nital Les modalitĂ©s organisationnelles de cette surveillance ont Ă©tĂ© dĂ©finies par le groupe de suivi de la thĂ©matique «âŻSurveillance du virus SchmallenbergâŻÂ» de la Plateforme ESA, pour rĂ©pondre Ă lâobjectif de la surveillance. Champ de la surveillance et population surveillĂ©e Comme lors des prĂ©cĂ©dentes saisons de surveillance, seules les formes congĂ©nitales de la maladie de Schmallenberg ont fait lâobjet dâune surveillance (EncadrĂ© 2). Cette surveillance a concernĂ© lâensemble des ruminants domestiques (bovins, ovins et caprins) prĂ©sents dans les dĂ©partements français ayant choisi de participer Ă la surveillance. DĂ©finition du cas suspect Les critĂšres cliniques dĂ©finis dans le cadre de la surveillance correspondaient Ă lâobservation sur des agneaux, veaux ou chevreaux dâune ou plusieurs des malformations suivantesâ: âą dĂ©formation ou blocage de lâarticulation dâun ou plusieurs membres (arthrogrypose)â; âą malformation de la colonne vertĂ©brale (scoliose, cyphose)â; âą anomalie du port de la tĂȘte (torticolis)â; âą raccourcissement de la mĂąchoire infĂ©rieure (brachygnathie)â; ⹠«âŻgrosse tĂȘteâŻÂ» (hydrocĂ©phalie). ModalitĂ©s diagnostiques La surveillance Ă©tait de nature Ă©vĂ©nementielle (clinique) avec confirmation biologique des suspicions. En effet, lâobjectif de la surveillance consistant Ă savoir si le virus circulait sur le territoire, la confirmation biologique Ă©tait exigĂ©e et permettait, le cas Ă©chĂ©ant, de savoir de façon certaine que le virus circulait dans un dĂ©partement, Ă partir des suspicions enregistrĂ©es. Dans chaque dĂ©partement participant Ă la surveillance, les cas suspects ont fait lâobjet de la rĂ©alisation par le vĂ©tĂ©rinaire dâun prĂ©lĂšvement
Situation dĂ©partementale Du 1er septembre 2014 au 31 aoĂ»t 2015, des cas cliniques de SBV congĂ©nital ont Ă©tĂ© confirmĂ©s biologiquement dans sept dĂ©partements. Des suspicions non confirmĂ©es ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es dans quatorze autres dĂ©partements (FigureâŻ1).
Description des foyers et des suspicions non confirmées EspÚces concernées Du 1er septembre 2014 au 31 août 2015, le dispositif a enregistré dix élevages confirmés atteints (élevages bovins) et 49 élevages (43 élevages bovins, quatre élevages ovins et deux élevages caprins) dans lesquels des suspicions ont été enregistrées sans avoir été
transmis au laboratoire Ă fin dâanalyse, jusquâĂ concurrence de vingt suspicions au maximum par dĂ©partement. En cas de rĂ©sultats nĂ©gatifs, la surveillance Ă©tait maintenue jusquâĂ concurrence des vingt suspicions. Lorsquâun rĂ©sultat positif Ă©tait obtenu en cours de la campagne de surveillance, le choix Ă©tait laissĂ© au dĂ©partementâ: soit de continuer la surveillance jusquâĂ concurrence des vingt suspicions, soit dâarrĂȘter la campagne de surveillance. Les tests de diagnostic retenus Ă©taient les suivantsâ: âą sĂ©rologie sur sang de lâavorton, du mort-nĂ© ou du nouveau-nĂ© malformĂ©, avant prise de colostrumâ: tests ELISA indirectâ; âą PCR sur encĂ©phale de lâavorton, du mort-nĂ© ou du nouveau-nĂ© malformĂ©. Le virus Schmallenberg ayant trĂšs largement circulĂ© sur le territoire au cours des trois prĂ©cĂ©dentes annĂ©es, il est impossible de dĂ©terminer les dates dâinfection de femelles sĂ©ropositives. Les analyses sĂ©rologiques sur femelles ayant mis bas des produits malformĂ©s nâont donc pas Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es Ă ce protocole de surveillance. Saisie des donnĂ©es de surveillance La saisie des donnĂ©es de surveillance (fiche de commĂ©moratifs et rĂ©sultats dâanalyse) Ă©tait rĂ©alisĂ©e par les groupements de dĂ©fense sanitaire (GDS) en ligne, via une interface web dĂ©diĂ©e. Financement La grande majoritĂ© des animaux malformĂ©s Ă©tant non viables et mourant rapidement aprĂšs la naissance, ils Ă©taient considĂ©rĂ©s comme des avortons. Dans ce cas, la visite et le dĂ©placement du vĂ©tĂ©rinaire Ă©taient pris en charge par lâĂtat dans le cadre de la surveillance de la brucellose. Les frais supplĂ©mentaires spĂ©cifiquement liĂ©s Ă la surveillance du SBV congĂ©nital Ă©taient pris en charge par les GDS dans les dĂ©partements participant Ă la surveillance.
confirmĂ©es biologiquement (observation clinique dâau moins une des malformations caractĂ©ristiques, mais analyses de laboratoire nĂ©gatives (pour 46 Ă©levages) ou ininterprĂ©tables (pour trois Ă©levages)). Le nombre de foyers confirmĂ©s biologiquement et le nombre dâĂ©levages suspects non confirmĂ©s par dĂ©partement sont prĂ©sentĂ©s dans les FiguresâŻ2 etâŻ3. Le nombre dâĂ©levages suspects par dĂ©partement est infĂ©rieur au vingt suspicions maximum dĂ©finies par le dispositif.
FrĂ©quence dâobservation des malformations Lâanomalie la plus frĂ©quemment observĂ©e dans les Ă©levages identifiĂ©s dans le cadre de cette surveillance est lâarthrogrypose, que ce soit dans les foyers confirmĂ©s biologiquement (malformation observĂ©e dans 60âŻ% des Ă©levages foyers) mais Ă©galement dans les Ă©levages suspects non confirmĂ©s (75âŻ%). Cette malformation Ă©tait dĂ©jĂ la malformation la plus frĂ©quemment observĂ©e lors des saisons de surveillance prĂ©cĂ©dentes (malformation observĂ©e dans 70âŻ% des Ă©levages en 2013/2014, dans 85âŻ% en 2012/2013 et dans 88âŻ% en 2011/2012) (Dominguez et al., 2012â; Gache et al., 2013â; Gache et al., 2015). La frĂ©quence dâobservation des autres malformations dans les Ă©levages identifiĂ©s dans le cadre de cette surveillance est prĂ©sentĂ©e en FigureâŻ4 (Ă noter que plusieurs malformations peuvent ĂȘtre observĂ©es sur le mĂȘme animal, par ex. arthrogrypose et brachygnathie). Les frĂ©quences dâobservation des diffĂ©rentes malformations sont proches entre Ă©levages confirmĂ©s et non confirmĂ©s.
Taux de confirmation par type dâanalyse Le taux de confirmation des suspicions selon la mĂ©thode diagnostique utilisĂ©e est prĂ©sentĂ© dans le TableauâŻ1â:
âą aucune analyse PCR rĂ©alisĂ©e dans le cadre de cette surveillance ne sâest rĂ©vĂ©lĂ©e positive en 2014/2015â;
Départements dans lesquels au moins une suspicion confirmée par analyse de laboratoire a été enregistrée Départements dans lesquels au moins une suspicion a été enregistrée mais aucune confirmée Départements ne participant pas à la surveillance selon les modalités proposées par la Plateforme ESA
FigureâŻ1. Situation dĂ©partementale vis-Ă -vis du SBV congĂ©nital lors de la saison 2014/2015 (du 1er septembre 2014 au 31 aoĂ»t 2015)
âą le taux de confirmation avec lâoutil sĂ©rologique sur nouveau-nĂ©s
en 2014/2015 sâĂ©lĂšve Ă 21âŻ% (n= 42). Ce taux est infĂ©rieur Ă celui observĂ© lors de la saison 2013/2014 (37âŻ% (n=41), diffĂ©rence non significative, khi-deux, p=0,12), et infĂ©rieur Ă celui observĂ© lors de la saison 2012/2013 (62âŻ% (n=658), diffĂ©rence significative, khi-deux, p<0,05). Ce taux de confirmation est Ă©galement infĂ©rieur au taux de confirmation prĂ©sentĂ© dans certaines publications scientifiques (taux
28ââ Bulletin Ă©pidĂ©miologique, santĂ© animale et alimentation no 72 â DĂ©cembre 2015
Nombre de suspicions non confirmées 14 4 3 2 1
Nombre de foyers 3 2 1
FigureâŻ2. Nombre de foyers de SBV congĂ©nital (confirmĂ©s biologiquement) enregistrĂ©s lors de la saison 2014/2015 par dĂ©partement (du 1er septembre 2014 au 31 aoĂ»t 2015) (les dĂ©partements grisĂ©s sont les dĂ©partements ne participant pas Ă la surveillance selon les modalitĂ©s proposĂ©es par la Plateforme ESA)
de confirmation de 74âŻ% sur 348 agneaux et 111 veaux (Van Maanen et al., 2012)). Dans ce contexte, des tests de sĂ©roneutralisation ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par le Laboratoire de santĂ© animale de lâAnses MaisonsAlfort sur seize prĂ©lĂšvements sanguins qui Ă©taient nĂ©gatifs en ELISA (prĂ©lĂšvements issus dâavortons ou de nouveau-nĂ©s prĂ©sentant des malformations caractĂ©ristiques). Ces analyses nâont pas rĂ©vĂ©lĂ© de divergences entre les rĂ©sultats dâELISA et les sĂ©roneutralisationsâ;
âą Ă noter que les deux types dâanalyses (sĂ©rologie et PCR) ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dans trois Ă©levagesâ: pour deux Ă©levages, les rĂ©sultats se sont rĂ©vĂ©lĂ©s nĂ©gatifs Ă la fois en sĂ©rologie et en PCR, pour un Ă©levage le rĂ©sultat PCR sâest avĂ©rĂ© nĂ©gatif, alors que le rĂ©sultat sĂ©rologique a Ă©tĂ© positif.
Figure 3. Nombre de suspicions de SBV congénital (non confirmées biologiquement) enregistrées lors de la saison 2014/2015 par département (du 1er septembre 2014 au 31 août 2015) (les départements grisés sont les départements ne participant pas à la surveillance selon les modalités proposées par la Plateforme ESA)
Foyers confirmés
Ălevages suspects non confirmĂ©s
80% 70% 60% 50% 40% 30% 20%
Discussion
10%
Ce rĂ©sultat, qui nâest pour lâinstant pas expliquĂ©, est Ă interprĂ©ter avec beaucoup de prudence Ă©tant donnĂ© le nombre restreint de suspicions enregistrĂ©es. Cependant, les rĂ©sultats des sĂ©roneutralisations rĂ©alisĂ©es par le laboratoire de santĂ© animale de Maisons-Alfort (Anses) permettent dâexclure une dĂ©rive de sensibilitĂ© de lâoutil sĂ©rologique ELISA. On ne peut pas exclure quâil puisse sâĂȘtre produit, entre 2012 et aujourdâhui, des mutations du virus SBV qui modifient les Ă©pitopes de neutralisation virale. En effet, il existe, dans la glycoprotĂ©ine Gc du virus, une zone Ă degrĂ© Ă©levĂ© de variabilitĂ© et qui possĂšde ce type dâĂ©pitopes (Fischer et al., 2013). Pour vĂ©rifier cette hypothĂšse, il serait nĂ©cessaire dâisoler le virus SBV, pour savoir si la souche qui circule actuellement a ou non ce type de mutation. Ă noter que les consĂ©quences en termes dâimmunitĂ© de ce genre de mutations ne sont pour lâinstant pas connues.
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Les rĂ©sultats de surveillance du SBV congĂ©nital lors de la saison 2014/2015 indiquent que le virus a circulĂ© de façon certaine dans sept dĂ©partements. Dans quatorze autres dĂ©partements, les suspicions nâont pas Ă©tĂ© confirmĂ©es par un test diagnostique. Le taux de confirmation a Ă©tĂ© faible pour la saison 2014/2015. Ce rĂ©sultat apparaĂźt Ă©tonnant, Ă©tant donnĂ© que les signes cliniques observĂ©s (malformations de type arthrogrypose, scoliose, cyphose, torticolis, brachygraphie ou hydrocĂ©phalie) sont trĂšs spĂ©cifiques de lâinfection par le virus SBV.
FigureâŻ4. FrĂ©quence dâobservation des diffĂ©rentes malformations dans les Ă©levages identifiĂ©s dans le cadre de la surveillance du 1er septembre 2014 au 31 aoĂ»t 2015 (donnĂ©es sur 59 Ă©levages)
TableauâŻ1. Taux de confirmation des suspicions selon la mĂ©thode diagnostique utilisĂ©e (du 1er septembre 2014 au 31 aoĂ»t 2015) Taux de confirmation des suspicions (enâŻ%) SĂ©rologie du nouveaunĂ© avant prise de colostrum PCR sur encĂ©phale
21 (sur n= 42 nouveau-nés malformés (41 veaux et 1 agneau)) 0 (sur n= 22 nouveau-nés malformés (17 veaux, 3 agneaux et 2 chevreaux))
Bulletin Ă©pidĂ©miologique, santĂ© animale et alimentation no 72 â DĂ©cembre 2015ââ 29
Le dispositif de surveillance mis en place lors de la saison 2014/2015 avait pour objectif de dĂ©terminer si le virus circulait en France sans avoir lâobjectif de quantifier lâintensitĂ© de cette circulation. Ătant donnĂ© le faible nombre de suspicions dĂ©clarĂ©es dans les dĂ©partements participants (mĂȘme sâil est fort probable quâun certain nombre de cas suspects nâont pas fait lâobjet dâune dĂ©claration), confortĂ©es par les informations remontĂ©es par les acteurs locaux (trĂšs peu de naissances dâanimaux malformĂ©s lors de lâautomne/hiver 2014/2015), il semblerait que le nombre de cas cliniques dus au virus SBV ait Ă©tĂ© faible sur le territoire en 2014/2015. Au vu de la rĂ©partition gĂ©ographique de ces dĂ©partements, on peut Ă©mettre lâhypothĂšse que le virus a trĂšs probablement circulĂ© Ă bas bruit en 2014 dans une grande partie du territoire mĂ©tropolitain. AprĂšs une circulation massive en 2011 et 2012, il semble donc que le virus ait circulĂ© de façon moins intense en 2013 et 2014. Ceci peut sâexpliquer par une proportion actuellement Ă©levĂ©e dâanimaux devenus immuns Ă la suite dâune infection naturelle en 2011 ou 2012 (le recours Ă la vaccination est restĂ© limitĂ©). En effet, mĂȘme si la durĂ©e dâimmunitĂ© post-infectieuse est encore mal connue, les donnĂ©es de surveillance des animaux prĂ©cĂ©demment atteints et les connaissances sur les virus proches du virus Schmallenberg incitent Ă supposer que lâimmunitĂ© est longue (EFSA, 2013). Cela fait maintenant quatre annĂ©es que le virus SBV est prĂ©sent sur le territoire et il est probable que le virus continue de circuler Ă bas bruit. Cette circulation a Ă©galement Ă©tĂ© objectivĂ©e dans dâautres pays europĂ©ens ((Balmer et al., 2015â; Veldhuis et al., 2015â; Wernike et al., 2015). Similairement Ă ce qui est observĂ© pour le virus Akabane en Australie (virus proche du SBV), il nâest pas exclu que des flambĂ©es Ă©pizootiques pluriennales surviennent dans les prochaines annĂ©es, si une grande partie de la population rĂ©ceptive est de nouveau naĂŻve au virus SBV (fonction de la durĂ©e de lâimmunitĂ© des animaux, de la vitesse de renouvellement des populations et de lâintensitĂ© de la circulation virale). Des conditions mĂ©tĂ©orologiques particuliĂšres entrainant une augmentation de lâabondance et/ou de la survie des vecteurs pourraient Ă©galement favoriser lâapparition de ces flambĂ©es Ă©pizootiques.
Conclusion et perspectives Le SBV congĂ©nital est aujourdâhui considĂ©rĂ© comme une maladie dâĂ©levage et ne fait pas, Ă ce titre, lâobjet dâune rĂ©glementation. De ce fait, sa surveillance est basĂ©e sur la dĂ©claration volontaire des Ă©leveurs et des vĂ©tĂ©rinaires. Les caractĂ©ristiques du SBV congĂ©nital, Ă savoir un tableau clinique trĂšs Ă©vocateur et lâabsence de solution thĂ©rapeutique, nâincitent pas les Ă©leveurs et les vĂ©tĂ©rinaires Ă dĂ©clarer cette maladie dĂ©sormais bien connue. Dans ce cadre, des rĂ©flexions sont en cours sur les modifications Ă apporter au dispositif de surveillance pour 2015/2016 pour amĂ©liorer sa capacitĂ© Ă dĂ©tecter si le virus continue de circuler et sâil y a une augmentation massive de la survenue de cas cliniques. Une des pistes envisagĂ©es est de sâappuyer sur un rĂ©seau de vĂ©tĂ©rinaires sentinelles, Ă raison dâun vĂ©tĂ©rinaire par rĂ©gion. Il serait demandĂ© Ă ces vĂ©tĂ©rinaires de faire part des suspicions de SBV congĂ©nital observĂ©es dans leur clientĂšle, en renseignant une fiche de commĂ©moratifs et en envoyant une photographie des malformations observĂ©es.
Remerciements Les auteurs remercient lâensemble des partenaires impliquĂ©s dans la surveillance du SBV congĂ©nital, ainsi que les membres du groupe de suivi de cette thĂ©matique au niveau de la Plateforme ESA.
EncadrĂ© 2. Les deux formes cliniques de la maladie de Schmallenberg SBV congĂ©nitalâ: manifestation diffĂ©rĂ©e de lâinfection fĆtale par le virus SBV conduisant Ă la naissance de produits le plus souvent non viables chez les bovins, ovins et caprins, et se traduisant par des avortements, de la prĂ©maturitĂ© et de la mortinatalitĂ© associĂ©s Ă des malformations congĂ©nitales diverses (arthrogrypose, raccourcissement des tendons du jarret, torticolis, torsion du sternum et du rachis, dĂ©formations de la mĂąchoire et de la tĂȘte)â; des troubles nerveux peuvent Ă©galement ĂȘtre observĂ©s. SBV aiguâ: manifestation aiguĂ« de lâinfection par le virus SBV caractĂ©risĂ©e chez les bovins par des Ă©pisodes de diarrhĂ©e, de baisse de production laitiĂšre et dâhyperthermie, associĂ©s Ă©ventuellement Ă des retours en chaleurs et Ă des avortements de dĂ©but de gestation. Cette forme clinique nâa pas Ă©tĂ© rapportĂ©e chez les petits ruminants (Wernike et al. 2013). Le SBV aigu nâa pas fait lâobjet dâune surveillance organisĂ©e en France.
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30ââ Bulletin Ă©pidĂ©miologique, santĂ© animale et alimentation no 72 â DĂ©cembre 2015