Politique énergétique: e une 2 initiative déraisonnable à refuser
27 sept 2016 / no 3107
Service d'information Publication hebdomadaire Rédacteur responsable : P.-G. Bieri, Centre Patronal
27 septembre 2016 / N° 3107
Politique énergétique: une seconde initiative déraisonnable à refuser Le refus des solutions brutales et irréalistes, qui a conduit une majorité de citoyens à rejeter l’initiative «Economie verte», devrait aussi les amener à voter NON à «Sortir du nucléaire» le 27 novembre. Alors que la Suisse a déjà décidé d’abandonner l’énergie nucléaire, cette seconde initiative des Verts parie sur un délai d’une douzaine d’années à peine pour remplacer 40% de notre approvisionnement en électricité.
La décision de sortir du nucléaire a déjà été prise La politique énergétique n’était pas la seule et unique cible de l’initiative «Economie verte», rejetée ce dimanche par plus de 63% des votants, mais elle a constitué un élément déterminant des débats qui ont précédé le scrutin. Elle restera un thème essentiel dans les mois à venir, où d’autres décisions vont être prises. Ces décisions auront un impact sur l’économie, comme sur l’ensemble des citoyens d’ailleurs, tant nos activités quotidiennes sont dépendantes de notre approvisionnement en énergies diverses. Des efforts considérables sont menés sans relâche pour réduire cette consommation, mais l’augmentation de la population et la multiplication des appareils de toute sorte maintiennent malgré tout les besoins à un niveau élevé.
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En refusant majoritairement «Economie verte», les citoyens suisses, qui sont pourtant sensibles à ces questions, ont manifesté leur refus d’une solution brutale, probablement irréaliste, imposée et réglementée de manière volontariste par l’Etat. Il faut souhaiter que cet état d’esprit perdure et se manifeste une nouvelle fois lors de la votation fédérale du 27 novembre prochain sur l’initiative populaire «Sortir du nucléaire». Le titre de cette initiative, comme souvent, joue sur les mots. Car la décision de sortir du nucléaire a bel et bien déjà été prise lorsque,
dans les mois qui ont suivi la catastrophe de Fukushima, on a renoncé à envisager la construction de nouvelles centrales destinées à remplacer à terme celles exploitées aujourd’hui. Cette décision est lourde de conséquences puisqu’elle va obliger la Suisse à remplacer environ 40% de son approvisionnement en électricité. Remplacer 40% de l’approvisionnement électrique Pour relever ce défi, il faudra accroître la production des «nouvelles énergies renouvelables» (éolien, photovoltaïque, géothermie) dont les pronostics les plus optimistes estiment qu’elles pourraient assurer environ 20% de notre consommation. Il faudra ensuite compléter avec une électricité produite par des centrales à gaz et y ajouter une part croissante d’importation de l’étranger, dont une partie proviendra aussi de centrales à gaz ou à charbon, et dont le transport vers la Suisse sera dépendant de la capacité du réseau international et de la bonne volonté des pays producteurs. La possibilité de réduire parallèlement notre consommation globale reste pour le moment une hypothèse, à plus forte raison impossible à chiffrer précisément. Cette transition nécessite davantage de prudence que de précipitation. Elle peut avoir des implications très concrètes pour les citoyens et les entreprises, non seulement sur le prix Suite au verso
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auquel on pourra obtenir l’énergie, mais aussi sur la disponibilité ou non de cette dernière. Pour l’instant, on n’imagine pas sérieusement un rationnement de l’électricité, comme cela se pratique dans des pays moins développés… Mais pour qu’on puisse continuer à ne pas l’imaginer, il faut agir – précisément – avec davantage de prudence que de précipitation. L’initiative «Sortir du nucléaire» exige l’arrêt immédiat de trois centrales et la mise hors service des deux autres en 2024 et 2029. Soit un délai d’une douzaine d’années au maximum pour remplacer 40% de production électrique
Jouer à la roulette russe avec l’alimentation électrique de la Suisse Dans cette optique prudente, la «Stratégie énergétique 2050» – certes critiquable à d’autres titres – admet que les cinq centrales nucléaires suisses ne seront pas remplacées, mais qu’on continuera de les exploiter jusqu’à leur fin de vie naturelle, c’est-à-dire tant que l’inspection fédérale de la sécurité nucléaire les jugera sûres. Or c’est précisément ce que conteste l’initiative «Sortir du nucléaire», qui exige quant à elle l’arrêt immédiat de trois centrales (Beznau I et II et Mühleberg) et la mise hors service des deux autres en 2024 (Gösgen) et 2029 (Leibstadt). Soit un délai d’une douzaine d’années au maximum pour remplacer ces fameux 40% de production électrique.
Sans même parler du coût des dédommagements liés à un arrêt prématuré de ces centrales, il faut considérer les difficultés et les délais de réalisation des nouvelles infrastructures de production et de transport de l’électricité. Parier sur un délai de douze ans seulement, c’est jouer à la roulette russe avec l’alimentation électrique de la Suisse – de la même manière que l’initiative «Economie verte» pariait sur un délai de trente-cinq ans pour diviser par trois notre consommation de ressources naturelles. Est-ce raisonnable? Ce qui est raisonnable, c’est de poursuivre des efforts réguliers en vue d’une politique énergétique plus propre et plus sûre, sans y fixer des objectifs dangereux motivés par des considérations plus électorales qu’écologiques. Pierre-Gabriel Bieri