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Rapport annuel 2020
Rapport annuel 2020 : La culture reste l’espoir
La culture est l’espoir
Maria Amalia León Présidente de la Fondation Eduardo León Jimenes et directrice générale du Centro León
La pandémie de Covid-19 a chamboulé toutes nos coutumes et traditions. Le monde s’est rassemblé pour empêcher la contagion massive du virus et a été secoué par les pertes humaines, par les conséquences économiques et sociales liées au confinement. Notre existence est un effort quotidien personnel et commun pour vivre et cohabiter. En plus des ressources matérielles, nous avons besoin les uns des autres pour vivre, à travers les attachements qui nourrissent nos sentiments et nous incitent à continuer, malgré les difficultés que nous pouvons rencontrer en cours de route. Les sentiments et actions partagées par les membres d’une même société forment la culture et créent un langage commun à travers lequel nous communiquons. C’est la culture qui nous aide à nous relever et à continuer sur le chemin de la vie. Le Centro León a été créé précisément comme une institution de service culturel qui, à travers les arts, la pensée critique et l’animation socioculturelle, contribue à promouvoir le patrimoine matériel et immatériel des Dominicains auprès de différents publics nationaux et internationaux. L’année dernière plus que jamais, l’humanité dans son ensemble a eu besoin d’une bouffée d’espoir et de solidarité. Les institutions culturelles du monde ont compris leur rôle dans ces moments d’incertitude et de douleur pour tous : divertir, guider et offrir l’espoir d’un futur meilleur. La culture est l’espoir. Notre rôle éducatif a pris de l’ampleur et nous continuons à le développer. Vivre les arts et la culture, c’est relier les connaissances d’hier, d’aujourd’hui et de demain ; faire des liens entre différentes perspectives ; cultiver l’ingéniosité, la création humaine, la sensibilité à l’autre, l’idée de communauté et de solidarité. Début 2020, la direction du Centro León, conformément à la situation dans le pays et aux décisions prises par nos autorités, a décidé de cesser le travail en présentiel. L’équipe du Centro León a continué de travailler, à domicile. Premièrement, nous avons pris soin de nos collègues et de leurs familles. Deuxièmement, nous nous sommes informés, en suivant de près chaque situation, afin de nous protéger en tant que communauté. Ensuite, nous avons préparé une offre culturelle accessible à travers les différentes plateformes numériques, ludiques et pédagogiques, extraite du fonds patrimonial du Centro León :
visites virtuelles d’expositions artistiques et conférences sur des thèmes divers. De plus, la sélection des 20 artistes et collectifs d’artistes exposant leurs œuvres dans le cadre du 28ème Concours d’Art Eduardo León Jimenes a pu avoir lieu, de manière virtuelle, avec les quatre membres du jury. Nous avons partagé l’art et la culture sur des panneaux d’affichage placés dans toute la ville de Saint-Domingue à travers l’exposition Arte para Expresarte (l’art pour t’exprimer, en français) et nous continuons à collaborer avec d’éminents intellectuels et artistes dominicains. Nous continuons à produire et à enrichir notre offre culturelle via les réseaux sociaux, afin qu’elle puisse toucher le plus grand nombre de publics possible. Ce rapport annuel 2020 confirme encore plus l’engagement du Centro León en faveur d’une culture qui contribue à l’amélioration humaine et à la promotion des valeurs liées à l’intérêt général. Nous espérons qu’à travers ces pages puissent transparaître des encouragements pour les moments d’incertitude et la lumière de la créativité qui nous fait avancer. Depuis sa création par la famille León, le Centro León s’engage à ce que communément nous puissions sortir des périodes de crises et que nous puissions travailler ensemble à la construction d’une meilleure nation, pour un monde meilleur. Que la solidarité soit notre espoir et que notre espoir soit l’œuvre d’art la plus sublime de notre culture nationale.
Introduction
Ce rapport annuel 2020 est unique et extraordinaire, comme l’année dont traitent ces pages. Impactés par une pandémie que nous n’avons pas vu venir, ces mois nous ont donné l’occasion de nous intéresser encore plus fortement à la culture et à l’art. Munis de ces armes humaines, nous avons lutté contre l’incertitude et les manques. La culture a été l’espoir, l’art ne s’est pas arrêté. Ce rapport résume 52 semaines de travail culturel qui a dépassé les limites des installations physiques de l’institution et a eu une portée universelle : nous touchons chaque personne visionnant notre chaîne YouTube et nos réseaux sociaux Facebook, Instagram et Twitter.
À travers des programmes tels que Centro León à la maison, le passage au numérique de l’offre de cours et d’ateliers, les visites virtuelles d’expositions permanentes et temporaires et les projets d’art public tels que Arte para Expresarte, l’adaptation des œuvres du 28ème Concours d’Art Eduardo León Jimenes et des décisions opportunes dans la gestion du musée et de ses installations, le Centro León a poursuivi sa mission, main dans la main avec sa communauté de collaborateurs, artistes, spécialistes et surtout, avec le public.
1 : La culture en période de pandémie
La culture et l’art sont devenus des outils essentiels pour surmonter l’incertitude d’une pandémie qui n’est pas encore terminée. Le Centro León a assumé sa mission institutionnelle avec encore plus de détermination. Il a réinventé ses manières de faire et a adapté son travail quotidien pour devenir un lieu de rencontre malgré le confinement et la distance, pour inspirer, pour espérer.
1.1 Centro León à la maison
Avant la fermeture décrétée par le gouvernement dominicain, la direction du Centro León avait déjà fermé ses portes au public. Cette décision, cohérente avec la situation du pays, a permis d’anticiper la logistique nécessaire pour poursuivre le travail de gestion culturelle à domicile, tandis qu’une petite équipe en charge de l’entretien et de la sécurité était maintenue dans le bâtiment institutionnel. Il a fallu faire appel à la mémoire et la créativité dans un nouveau contexte. Ainsi, à la mi-mars, le programme Centro León à la maison a été lancé ; une offre culturelle accessible via différentes plateformes numériques, extraite du fonds patrimonial du Centro León : visites
virtuelles d’expositions, activités enregistrées et vidéos présentant des œuvres d’art et des pièces archéologiques, dans un premier temps. La deuxième étape de ce programme consistait à concevoir de nouvelles activités numériques, en profitant de la possibilité de rassembler des spécialistes du monde entier sur une même plateforme. C’est ainsi que sont nées les séries de rencontres : Connaître les collections, Réfléchir au présent, Rencontres musicales et Patrimoines partagés. Dans la première série, des artistes ont commenté leurs œuvres d’art, des pièces archéologiques et des collections documentaires spécialisées, exposées et archivées par le Centro León. La deuxième série de rencontres a abordé de nombreux sujets liés à la pandémie elle-même et à ses conséquences sur la société contemporaine, l’art, la culture et la gestion des institutions culturelles, entre autres. Dans le cas de la troisième série de rencontres, la musique était au cœur des conversations sur les genres, les mouvements, les instruments et l’éducation. La dernière série a permis l’interaction entre les donateurs d’œuvres, les artistes et l’institution muséale.
Autres rencontres virtuelles Pendant le confinement, d’autres thèmes et d’autres spécialistes ont atteint les foyers du public grâce au programme Centro León à la maison. La rencontre Exposition Signes d’identité : ce que nous étions et ce que nous sommes a été organisée afin de commenter les axes thématiques, la valeur pédagogique et le livre d’accompagnement de la salle d’anthropologie du Centro León. L’archéologue Manuel García Arévalo et l’historienne María Teresa Ruiz de Catrain se sont entretenus avec María Amalia León, directrice du Centro León et Carlos Andújar, conservateur et conseiller des projets culturels du Centro León. Dans le cadre de la 23ème Foire internationale du livre de Saint-Domingue, le Centro León a diffusé la conférence virtuelle sur le roman Los entresijos del viento, lauréat du Prix de la Foire nationale du livre Eduardo León Jimenes. Freddy Bretón Martínez, auteur du livre récompensé, a discuté de son travail avec le jury du prix María José Rincón, Ilonka Nacidit Perdomo et l’ex-directrice générale du Foire du livre, Ruth Herrera. Toujours de manière virtuelle, le Centro León a participé aux activités officielles du programme de célébration des fêtes patronales de Santiago Apóstol el Mayor 2020, avec la présentation nommée 525 ans de culture à Santiago de los Caballeros. À l’occasion de l’anniversaire de la fondation et des fêtes patronales de la ville, les historiens Mu-Kien Sang Ben et Edwin Espinal ont discuté du développement culturel de Santiago de los Caballeros au cours de cinq siècles d’histoire. L’art rupestre et sa valeur patrimoniale ont été le thème qui a réuni les archéologues Adolfo López, Daniel Garrido Pimentel et Marcos García Diez, dans une conférence animée par le sociologue Carlos Andújar. Les spécialistes ont partagé leurs points de vue sur l’art rupestre, sa valeur patrimoniale et ce qui pourrait être mis en place en République dominicaine. La ville de Saint-Domingue a été au cœur de la conversation concernant le documentaire réalisé par Huchi Lora et le producteur José (Pinky) Pintor. La création de Saint-Domingue, la première ville d’Amérique a été commenté par Josefina Navarro, vice-présidente senior de la communication d’entreprise et de la responsabilité sociale de la banque Banco BHD León, seul investisseur de ce film. Pour discuter de son livre institutionnel Taínos, Arte y Sociedad, la banque Banco Popular Dominicano a organisé une conversation virtuelle avec Manuel García Arévalo, historien et auteur de l’ouvrage, avec María Amalia León, María José Rincón et Christian Martínez. José Mármol, vice-président exécutif des relations publiques et de la communication du Groupe Popular a animé la discussion. L’architecture avait également sa place au sein de l’agenda du Centro León à la maison. La présentation Architecture de la plantation de canne à sucre en République dominicaine 1890-1950 a fait se rencontrer les architectes Víctor Durán, Julio Peña et Risoris Silvestre. La cérémonie de remise des prix du XXVII Concours de contes de la Radio Santa María s’est déroulée en direct sur les réseaux sociaux du Centro León et de la station de radio de La Vega. Radio Santa María, avec le soutien de la Fondation Eduardo León Jimenes, a récompensé 8 écrivains dominicains. Quelques mois plus tard, lors
d’une réunion similaire, le livre rédigé pour cette édition 2020 du concours a été présenté. Les représentants des institutions organisatrices, les lauréats des quatre premières places du concours ainsi que l’écrivain Máximo Vega, représentant le jury, y ont participé. Artisanat dominicain : renforcement et tradition a réuni Sélvido Candelaria, Franklyn Sánchez et José De Ferrari. Ils ont partagé leurs expériences sur le développement de l’artisanat, les acteurs et les produits en République dominicaine.
Les réunions Plenamar La revue numérique Plenamar a lancé une série de réunions au Centro León appelé Réunions Plenamar. La première, sur le thème Penser, depuis l’île et au-delà, a réuni les fondateurs de Plenamar autour de leur première année de travail culturel. Au sein de la seconde, la programmation de la Semaine internationale de la poésie qui s’est tenue du 19 au 25 octobre 2020, a été présentée. Le public a pu savoir les poètes nationaux et internationaux réunis dans la neuvième édition de cet événement poétique.
Conférences caribéennes En octobre, le Centro León et le Centre d’études caribéennes de l’Université Pontificia Católica Madre y Maestra ont lancé un cycle mensuel de conférences en ligne qui ont été diffusées sur les chaînes YouTube des deux institutions et sur les réseaux sociaux du Centro León. La première d’entre elles, intitulée La présence arabe à Santiago de los Caballeros au début du XXe siècle, était basée sur les recherches menées par le professeur Wilson Enrique Genao pour sa thèse de doctorat. La docteure Delia Blanco, avec son programme Caraïbe : rêve ou réalité, a également fait partie de ce cycle de conférences. Le thème de cette rencontre était Écrits littéraires émergents dans la Caraïbe et elle a abordé les nouvelles langues et genres littéraires présents dans la région des Caraïbes. La troisième conférence était liée à l’architecture. La docteure Virginia Flores Sasso a parlé de la place de l’architecture préfabriquée en bois en République dominicaine et dans les Caraïbes aux XIXe et XXe siècles.
1.2 Réfléchir au présent
Pour promouvoir la réflexion sur différents domaines en relation avec la pandémie, le Centro León a organisé une série de dialogues intitulée Réfléchir au présent. Différents spécialistes ont été convoqués lors de chaque session et ont partagé leurs points de vue avec le public du programme virtuel Centro León à la maison. Sept sessions ont eu lieu entre mai et septembre 2020. Pour la première rencontre, l’historien docteur Roberto Cassá et l’anthropologue Carlos Andújar ont parlé des catastrophes naturelles, sociales et épidémiologiques de l’histoire dominicaine, en faisant des liens avec la pandémie de Covid-19. Cassá et Andújar ont passé en revue la peste grecque de 430 av. J.-C., la peste noire de 1348, la Première et la Seconde Guerre mondiale et la grippe espagnole de 1918, ainsi que d’autres événements locaux, tels que la variole durant la conquête espagnole dans les Caraïbes et des tremblements de terre nationaux comme celui de Jacagua à Santiago, en 1562. La deuxième session a fait se rencontrer les artistes Johan Mijail et Madeline Jiménez Santil avec les conservateurs Yina Jiménez Suriel et Luis Graham Castillo. Le thème, Habiter l’incertitude, les subjectivités, les pratiques et les scénarios, leur a permis d’aborder la production artistique contemporaine et la production socioculturelle dans le contexte de la pandémie de Covid-19, au sein du circuit artistique contemporain. Les conservateurs Emiliano Valdés, Gabriela Rangel, Yina Jiménez Suriel et Luis Graham Castillo ont traité la question Que ferons-nous pour nous réinventer ? lors de la troisième session du cycle de rencontres. Ils ont analysé la nouvelle réalité des institutions culturelles et l’impact que la crise aura eu sur la manière dont l’art est apprécié pendant et après la pandémie de Covid-19. Lors de la quatrième rencontre, le docteur Andrés L. Mateo a parlé de l’impact de la culture en temps de crise, avec Carlos Andújar et Luis Felipe Rodríguez, spécialistes du Centro León. Mateo a fait remarquer que les transformations que nous allons vivre sont nombreuses et inévitables du point de vue social, politique et économique. Il a mentionné qu’il existe une vague de philosophes et de penseurs contemporains qui essaient d’interpréter et de donner un sens à notre situation actuelle.
Au sein du cinquième volet du cycle de rencontres, La pandémie et les acteurs culturels ont été traités par les sociologues Dagoberto Tejeda et Carlos Andújar. Tejeda a souligné qu’en dépit de la pandémie, de nombreuses traditions et cérémonies ont été reportées à 2021, mais que d’autres se sont déroulées en groupes restreints ou en familles. Il a donné comme exemple les frères Guillén à Yamasá et la tradition du Saint Antoine noir : la famille a accompli ses rites d’une manière plus intime et simple, mais n’a pas laissé passer la date. Le thème Éducation artistique en période de pandémie a également été présenté avec la participation des éducateurs Scherezade García, Guadalupe Álvarez et Elías Roedán. Les artistes et les éducateurs ont exploré les défis auxquels ils sont confrontés en temps de pandémie. Ils ont également abordé les possibilités de renouvellement des méthodologies et des manières d’interagir avec les étudiants, les institutions et les réseaux. L’exposition Arte para expresarte a été le sujet idéal pour la septième rencontre de Réfléchir au présent. Noel Giraldi, directeur général de Cartel, s’est entretenu avec Sara Hermann et Luis Felipe Rodríguez du Centro León. Ils ont abordé l’importance de l’événement qui a réussi à placer 300 panneaux publicitaires dispersés dans toute la capitale et ayant comme seul but que l’art soit le centre d’une expérience qui incite les Dominicains à faire l’exercice de la pensée critique, de l’exploration de leurs propres décisions, de l’expression de leur talent et de leur créativité.
1.3 Connaître les collections
Toujours dans le cadre du programme virtuel Centro León à la maison, le Centro León a développé la série Connaître les collections : des rencontres destinées à partager des connaissances sur les collections d’arts visuels, d’archéologie et d’ethnographie que le musée collectionne et protège. La première rencontre virtuelle a réuni les conservatrices de musées Sara Hermann et Yina Jiménez ainsi que l’artiste Citlally Miranda. Ces dernières ont exploré la pièce Amar Re qui a intégré fin 2019 la Collection d’arts visuels Eduardo León Jimenes et l’exposition permanente Genèse et Trajectoire. La présence du travail de Miranda dans la salle d’exposition est issue de l’envie de mettre en avant l’art dominicain contemporain dans la Collection, ainsi que la place des femmes dans la production artistique dominicaine, en particulier de la seconde moitié du siècle dernier, leurs préoccupations conceptuelles et la diversité des moyens utilisés. La deuxième rencontre avait pour thème L’étude scientifique de la collection archéologique, et a compté sur la participation de l’archéologue Roberto Valcárcel Rojas et du sociologue Carlos Andújar. Valcárcel a expliqué qu’un objet archéologique a toujours de nouvelles informations à transmettre, à mesure que les outils d’analyse et la technologie évoluent. Il a également abordé la manière dont le Centro León étudie, analyse et protège les pièces archéologiques, qui font partie de ses différentes collections, dans le cadre d’un programme de recherche mis en place pour connaître en profondeur l’origine et avec quoi ces pièces de grande valeur historique ont été fabriquées. Mónica Ferreras était l’invitée de la troisième session de ce cycle de rencontres. L’artiste dominicaine résidant en Suisse s’est entretenue avec les conservateurs Sara Hermann et Orlando Isaac au sujet de ses œuvres intégrant la Collection d’arts visuels Eduardo León Jimenes et de sa carrière. Les créations, Mirándote espero a que me lleves I y Mirándote espero a que me lleves II (En te regardant j’attends que tu m’emmènes I et En te regardant j’attends que tu m’emmènes II, en français), sont nées à la suite du refus d’un visa pour une résidence artistique à l’étranger. La seconde a été récompensée au XXIIIe Concours d’Art Eduardo León Jimenes, en 2010 et est exposée au sein de Genèse et Trajectoire, l’exposition permanente d’arts visuels. La chercheuse Soraya Aracena a partagé sa vision du Fonds de culture populaire dominicaine Docteur Rafael Cantisano, dans le cadre de ce cycle sur les collections du Centro León. Avec le sociologue Carlos Andújar, conseiller pour les programmes culturels au Centro León, Aracena a souligné les contributions du médecin à la médecine populaire, ses débuts d’études en anthropologie dans les communautés rurales de Puerto Plata et son labeur culturel, évident à travers la promotion et le développement du Club Bahía de La Isabela et le Festival Bahía de La Isabela, pionnier dans la diffusion de la musique dominicaine.
Dans Connaître les collections a également été abordé le Fonds Fradique Lizardo du folklore dominicain, lors d’une conversation virtuelle avec l’anthropologue Edis Sánchez et Andújar lui-même. Les spécialistes ont commenté la diversité qui caractérise les milliers de documents déjà archivés et les milliers d’autres en attente de catalogage, tels que les correspondances, les manuscrits, les dossiers de recherche, les coupures de journaux, les photographies, les enregistrements (musique folklorique dominicaine, recherches de terrain, interviews, etc..) et autres objets ethnographiques. La photographie a sa place au sein des collections du musée. Lors de la sixième rencontre du cycle, l’historien Orlando Inoa et le sociologue Carlos Andújar ont parlé du Fonds photographique Bernard Diederich et des grands moments de l’histoire du pays collectés par le photojournaliste néo-zélandais, décédé en 2020 en Haïti, pays où il résidait depuis plusieurs décennies. En termes de thématiques, le Fonds photographique Bernard Diederich couvre l’histoire du pays, depuis le moment de la mort du dictateur Rafael Leonidas Trujillo, jusqu’à ce que Joaquín Balaguer assume à plusieurs reprises la présidence du pays, en montrant les expressions rurales et culturelles dominicaines et les expériences de la sphère populaire dominicaine. Il comprend environ 3000 photographies qui sont aujourd’hui des documents anthropologiques et historiques. Pour revenir aux arts visuels, l’artiste Pascal Meccariello a été invité. Ce dernier s’est entretenu avec Sara Hermann, conservatrice en chef du Centro León, au sujet de ses œuvres intégrées à la Collection d’arts visuels Eduardo León Jimenes. Lors de la diffusion sur les réseaux sociaux, deux œuvres de Pascal ont pu être observées : Los secretos mejor guardados y Trampa para lágrimas (Les secrets les mieux gardés et Piège pour les larmes, en français) ; la première a remporté le prix du XIXe Concours d’Art Eduardo León Jimenes.
1.4 Rencontres musicales
Le passage au virtuel a apporté avec lui d’autres manières d’aborder la musique. Compte tenu de l’impossibilité d’organiser des concerts dans les différents espaces du Centro León, est alors apparue l’occasion de parler de cet art. Les rencontres musicales ont réuni divers spécialistes dominicains et étrangers, situés dans différentes parties du monde, pour parler entre autres, de genres, d’artistes et de mouvements. De mai à décembre, 14 rencontres ont été retransmises en direct sur les réseaux sociaux de l’institution, animées par le musicologue Tommy García. La première session a abordé La bachata, patrimoine qui vit parmi nous. José Antonio Rodríguez, Carlos Andújar et Luis Felipe Rodríguez ont abordé le genre musical d’origine dominicaine, récemment nommé patrimoine mondial de l’humanité. Rodríguez, alors Ambassadeur de la République dominicaine auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a souligné que la danse était essentielle pour que la bachata soit déclarée patrimoine mondial de l’humanité. La chanson dominicaine, présent et futur était le thème de la deuxième rencontre. Le musicien Josean Jacobo et la chanteuse Maridalia Hernández ont commenté la situation actuelle de la chanson dominicaine et ont abordé ce qu’elle pourrait devenir dans le futur. Pour commémorer la naissance de Luis Días, la troisième rencontre a été dédiée à cet auteur-compositeur-interprète dominicain et a compté sur la participation des musiciens Miguel Mañaná, Manuel Tejada et Juan Francisco Ordóñez. En tant qu’anciens partenaires musicaux de El Terror (La Terreur, en français), ils ont partagé des anecdotes, des moments intimes et des histoires méconnues sur le folkloriste, remontant au début de sa carrière artistique professionnelle dans les années 1970. Les musiciens Edis Sánchez, Isidro Bobadilla et Edgar Molina se sont rencontrés autour du thème des percussions dominicaines. Cette quatrième session de rencontres a servi à raconter la trajectoire des éléments de percussion dans le pays, depuis l’époque des Taïnos, à l’introduction des instruments africains jusqu’à la construction d’instruments dominicains, et cela par région. Une autre rencontre a permis de rendre hommage à l’auteur-compositeur-interprète Víctor Víctor, décédé quelques semaines plus tôt des suites du Covid-19. Víctor Víctor, un hommage entre amis fut le nom de cette rencontre au cours de laquelle ses amis ont abordé son héritage : Freddy Ginebra, Maridalia Hernández, Janio Lora, Marel Alemany, Jochy Sánchez, Vicente García, Pavel Núñez et Rafelito Mirabal.
En août, les professeurs et musiciens Javier Vargas, Alaima González et Josean Jacobo ont parlé de l’éducation musicale dominicaine. L’une des conclusions de cette sixième rencontre était que, bien que la République dominicaine ait de très bons étudiants en musique et d’excellents musiciens, cela ne suffit pas. Au cours du même mois, et pour parler de la chanson à texte dominicaine, les auteurs-compositeurs-interprètes Claudio Cohen, Janio Lora et Xiomara Fortuna se sont rencontrés virtuellement. Au sujet de la scène alternative, les témoignages des musiciens Cecilia Moltoni, La Marimba et Luitomá ont fait partie de la huitième session des rencontres musicales. A propos de ce mouvement, Moltoni a souligné qu’ « il y a beaucoup de fusion, je pense que c’est la base, la racine, à partir de laquelle ce mouvement est né. […] Il s’agit de la question de la fusion, des rythmes, de la récupération et de la mise en dialogue de ces rythmes dits racines dominicains et caribéens avec de nouveaux langages, mettant en avant d’autres langages plus universels ». En octobre, deux discussions ont été organisées pour commémorer les sept éditions du Congrès international Musique, identité et culture dans les Caraïbes. Lors de la première, les chercheurs Darío Tejeda, Julie Sellers, Carlos Andújar et Tommy García ont participé à une rencontre animée par Luis Felipe Rodríguez. Pour la seconde, García et Rodríguez ont été rejoints par les chercheurs José Guerrero et Benjamín Lapidus. Les deux rencontres ont offert de précieux témoignages, anecdotes et leçons tirées à la fois des sujets abordés et des échanges professionnels et personnels entre participants, intervenants, musiciens et public. Plus tard, la rencontre musicale a abordé le thème Enseignement de la musique populaire, traditionnelle et folklorique lors d’une rencontre avec les musiciens Mártires de León, Ricardo Monzón et Leo Colón. Ils ont abordé le fossé établi par l’académie classique et sa focalisation sur l’enseignement de la lecture musicale, par opposition au populaire et folklorique, qui se transmet traditionnellement de manière orale et sonore. Dans le cadre de la Journée nationale du merengue, la rencontre Tambora, güira et accordéon a abordé les origines, l’évolution et l’avenir de notre rythme national avec le chercheur et historien Rafael Chaljub Mejía, Luis Felipe Rodríguez et Tommy García. La session de décembre avait pour thème Education et communauté. Benjamín de Menil, directeur de l’Académie Bachata, et Oscar Stagnaro, professeur au Berklee College, ont partagé leurs expériences de développement de la communauté à travers l’éducation musicale. Stagnaro, originaire du Pérou, fait participer d’autres enseignants latinos pour promouvoir la recherche sur la musique et la culture des pays d’Amérique latine à travers des programmes innovants au sein de l’école où il travaille. De Menil a établi son académie à Cabarete pour exploiter davantage le sens de la communauté que la petite ville côtière peut apporter à ses étudiants.
1.5 Patrimoines partagés : donations de 2020
En ce qui concerne la donation d’œuvres des enfants de la créatrice de mode Jenny Polanco par l’intermédiaire de la fondation du même nom, le Centro León a ouvert une série de rencontres nommées Patrimoines partagés. Le but de ce type de rencontre est d’informer sur les acquisitions et les dons de la collection du Centro León : entretiens directs avec les donateurs et les artistes au sujet de leurs motivations, de leurs contributions et des caractéristiques des pièces ou des documents donnés. Lors de la première édition qui a eu lieu en octobre 2020, une série de collages de l’artiste Quisqueya Henríquez offerts par la Fondation Jenny Polanco a été présentée. La docteure María Amalia León, présidente de la Fondation Eduardo León Jimenes et directrice du Centro León ; Luis Carlos, président de la Fondation Jenny Polanco et Carla Quiñones Polanco, PDG de Jenny Polanco SRL ; Sara Hermann, conservatrice en chef du Centro León et l’artiste Quisqueya Henríquez ont participé à cette rencontre. Luis Carlos et Carla Quiñones Polanco ont évoqué la relation qu’entretenait leur mère avec l’art dominicain contemporain. Le but de la création de la Fondation Jenny Polanco est de maintenir le soutien que leur mère a apporté au monde de la mode, à la culture en général, aux arts plastiques et à l’artisanat. Concernant les pièces données, l’artiste Quisqueya Henríquez a expliqué que la série de collages Fragmento Criollo (Fragment Créole, en français) est une deuxième étape d’œuvres qu’elle a réalisées dans un nouveau contexte, dédié aux joueurs de baseball. Pour Hen-
ríquez, il est important que ces œuvres fassent partie de la collection du Centro León, car elles explorent la figure du joueur, si caractéristique de l’identité culturelle caribéenne insulaire et continentale.
Autres donations de 2020 Également, le Centro León a reçu de nouvelles œuvres d’art pour la Collection d’arts visuels Eduardo León Jimenes. Ivelisse Altagracia Gatón Díaz de González et Julio Manuel González Gatón ont fait don de 6 907 diapositives analogiques en couleur au format 35 mm, appartenant à Julio González. L’artiste Jorge Adrados Martín a, lui, fait don de sa peinture nommée Sans titre.
1.6 Mon quartier fête Noël 2020
La présence du Covid-19 a duré jusqu’à Noël. Le Centro León, conscient de cette situation, a renouvelé les composantes du programme Mon quartier fête Noël. Pour cette raison, il a proposé aux communautés de capturer par la photographie la célébration de Noël dans ces conditions particulières à travers le concours photographique communautaire Représente Noël dans ton quartier. Les membres de la communauté ont eu l’occasion de capturer à travers des photographies ce moment historique, social et culturel ainsi que l’impact de la pandémie sur des traditions aussi importantes que Noël. Pour ce concours, 13 candidatures ont été reçues de 11 quartiers de Santiago de los Caballeros, représentés par des associations de voisins ou par des organisations communautaires. En plus du concours, le programme d’activités comprenait un atelier de photographie pour téléphones portables et la réalisation de projets photographiques pour les représentants des quartiers participants. Les gagnants du concours Représente Noël dans ton quartier en 2020 ont été annoncés début janvier 2021. La première place est revenue à la rue n°15 de Los Ciruelitos, la deuxième place au secteur Los Pepines et la troisième place à Villa Verde. Les prix ont été attribués selon la répartition suivante : première place, 55 000,00 $RD ; deuxième place, 35 000,00 $RD ; et troisième place : 25 000,00 $RD. Le jury, composé des photographes José Enrique Tavárez, Roberto Pérez et José Manuel Antuñano, a apprécié le compte rendu de cette célébration de festivités dans les circonstances d’une pandémie, la manière dont les protocoles sanitaires ont été respectés et les décorations et les échanges familiaux.
Créativité et communauté Depuis 2006, le Centro León a mis en place le programme social Mon quartier fête Noël, proposant différentes pratiques de participation communautaire. Ce programme saisit la période de Noël comme une occasion pour le quartier de réfléchir aux valeurs du travail collectif dans son propre environnement, à travers la créativité et les traditions associées aux festivités de Noël. Sa composante principale a été la réalisation du concours de décoration des rues et des espaces communautaires appelé Décore ton quartier. De plus, dans ses éditions précédentes, le programme incluait des ateliers de création d’éléments décoratifs avec des matériaux recyclés et des visites des secteurs gagnants avec le public intéressé.
Noël : confinement et solidarité « Merci au Centro León d’avoir fait de Noël une réalité malgré les circonstances. Nous avons ressenti encore plus de joie en recevant l’argent. Je sais que souvent l’argent sépare beaucoup de gens. Ici c’était une bénédiction et une joie ». Mercedes Román, du secteur Villa Verde, a déclaré avoir partagé le montant reçu maison par maison avec un asopao dominicain, plat traditionnel, pour l’ensemble du quartier. « Quand on leur apportait ce cadeau, des personnes âgées disaient «mais je n’ai pas participé, je n’ai rien fait». On leur répondait «mais si, le simple fait que vous ayez mis des guirlandes dans votre maison est une grande contribution qui rend notre quartier joli» ».
2 : Apprendre en ligne
En tant qu’axe transversal de l’institution, l’éducation a toujours été une constante au sein des programmes et des projets du Centro León. La pandémie a permis de repenser les processus et les offres d’éducation non formelle et d’adapter les contenus aux nouvelles possibilités qu’offre la formation à distance.
2.1 Programme d’archéologie préventive
Les propositions de formation de l’accord signé entre l’Ambassade de France en République dominicaine et le Centro León ont débuté en 2020, pendant la pandémie, avec le stage Etude des sociétés originaires de la Caraïbe. Du 27 juillet au 21 août, en mode virtuel, 57 participants ont eu l’occasion d’être initiés à un panorama historique de la diversité de l’archéologie : archéologie préhistorique, archéologie historique, archéologie sous-marine, entre autres. Les intervenant étaient : le docteur Roberto Valcárcel, professeur à INTEC et chercheur du Centro León ; la docteure Corine Hofman, professeur émérite de la Faculté d’archéologie de l’Université de Leiden et responsable du projet NEXUS 1492 soutenu par l’Union Européenne en République dominicaine ; le docteur Benoît Bérard, professeur d’archéologie à l’Université des Antilles en Martinique ; et le docteur Jean-Sébastien Guibert, professeur d’archéologie et spécialiste en archéologie sous-marine. Cette formation a fait intervenir Adolfo López, José Guerrero, Manuel García Arévalo et Jorge Ulloa, archéologues résidant en République dominicaine, ainsi que le docteur Stéphen Rostain, spécialiste des sociétés caribéennes et chercheur au Centre français de recherche scientifique (CNRS). Ces spécialistes ont partagé leurs connaissances à travers plusieurs conférences. Du 7 septembre au 7 octobre, 110 personnes ont participé aux sessions du cours La muséographie aujourd’hui, dispensé par Virginio Gaudenzi, directeur des expositions au musée de l’Homme à Paris et spécialiste en muséographie, ainsi que par Stéphen Rostain, du CNRS. A travers ces cours, des sujets comme la réflexion sur l›importance de la muséographie dans la conception d’un musée, les publics, la pédagogie et les médiations, le muséologue en tant que spécialiste, ont été développés. Les conférenciers invités à ce cours étaient Luisa de Peña, directrice du Musée Mémorial de la Résistance Dominicaine ; Francis Duranthon, directeur du Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse et directeur des Musées et Monuments de Toulouse, France ; Gamal Michelén Estefan, Vice-Ministre du patrimoine culturel de la République dominicaine ; Magdalena Ruiz Marmolejo, conservatrice du patrimoine, Musée de l’Homme à Paris ; Alexy Cordones, concepteur de musée, Fonds pour la protection de la ville coloniale de Saint-Domingue et du musée de la cathédrale ; et Luis Felipe Rodríguez, directeur des programmes culturels du Centro León. La troisième proposition de formation fut le cours avancé d’introduction à l’archéologie de la Caraïbe, du 12 octobre au 6 novembre. Également en mode virtuel, il a attiré 112 participants aux cours du docteur Benoît Bérard, Université des Antilles, Martinique ; du docteur Antonio Curet, du Smithsonian Museum of the American Indian ; de la docteure Corinne Hofman, Université de Leiden, Pays-Bas ; et de la docteure Paola Schiappacasse, de l’Université de Porto Rico. Pour ce module, des conférences ont été proposées avec 8 spécialistes nationaux et internationaux : Stéphen Rostain, Reniel Rodríguez, Jorge Ulloa, Jaime R. Pagán Jiménez, Andrzej Antczak, Roberto Valcárcel, Jean-Sébastien Guibert et Pauline Kulstad.
2.2 Cours et ateliers 2020
Avant et pendant la pandémie, le Centro León a continué d’offrir des possibilités de formation dans différents domaines. Les modalités en présentiel et virtuelles ont touché un public intéressé par une diversité de sujets liés aux collections et aux champs d’action du centre culturel. Entre janvier et mars, 14 cours et ateliers ont été dispensés à 544 participants de tous âges : mode, art, éducation, musique, peinture, dessin, couture et photographie ont été les thèmes abordés par 16 intervenants. Ces propositions ont investi les différents espaces de l’institution et étaient liées aux expositions permanentes et temporaires du Centro León, telles que Être Oscar de la Renta : J’habille mes poupées, Mode recyclée, Dessin de mode, Conseil en image, Illustration et représentation de mode, Mode recyclée : réutilisez les jeans et Couture de base pour les enfants.
Éducation à distance De mai à décembre, 19 activités ont été proposées en ligne, via les plateformes Zoom et Google Classroom. L’art contemporain, l’aquarelle, la photographie, la peinture, le conte, l’expression orale et la littérature ont occupé 1 227 personnes qui ont su mettre à
profit les connaissances de 12 intervenants, spécialistes dans leur domaine. Certains de ces cours s’intitulaient : Figurines à l’aquarelle, Peinture à la maison, Atelier d’art contemporain, Atelier Rubik’s Cube, Atelier Peindre nos artistes, Aquarelle basique pour toute la famille, Atelier de publications optimales, Atelier de contes et chansons et Après-midi en famille d’illustration de Noël.
Artisanat et développement Le Programme d’artisanat du Centro León a continué à soutenir les artisans de la ville de Santiago de los Caballeros malgré les restrictions de 2020. Des outils numériques ont également été utilisés pour réaliser deux ateliers de formation. En collaboration avec l’Association des artisans de Santiago, les ateliers Innovation et entrepreneuriat artisanal et Gestion globale des entreprises artisanales ont été proposés. Ces deux rencontres ont été animées par Leonardo Valverde, économiste et spécialiste de la gestion du développement des PME. Grâce à la plateforme Zoom, 128 artisans ont participé aux sessions d’août et de novembre.
3 : Le 28ème Concours d’Art Eduardo León Jimenes
“L’art ne s’arrête pas” fut notre slogan institutionnel assumant l’engagement de poursuivre le travail dans de nouvelles circonstances. Le 28ème Concours d’Art Eduardo León Jimenes s’est poursuivi grâce à l’engagement de jurys, d’artistes, d’équipes du Centro León et aussi du public qui a suivi son évolution à travers les réseaux sociaux.
3.1 Artistes sélectionnés
Malgré la pandémie qui nous a touchés, le Centro León a continué à travailler sur ses principales activités, y compris le concours d’arts visuels datant de 1964. L’annonce de la sélection des artistes et des œuvres pour le 28ème Concours d’Art Eduardo León Jimenes a été faite en avril, suite au travail des membres du jury : Gabriela Rangel, Gerardo Mosquera, Raquel Paiewonsky et Sara Hermann. En raison de la pandémie de Covid-19, les réunions du jury, initialement prévues en présentiel, ont été reportées et se sont déroulées en ligne. Les artistes sélectionnés furent : Andrea Ottenwalder, Awelmy Sosa, Charlie Quezada, El Editor Cuir et Johan Mijail, Ernesto Rivera, Franz Caba, Guadalupe Casasnovas, Johanna Castillo, Joiri Minaya, José Morbán, Juana y si no su hermana, Julianny Ariza Vólquez, Lizania Cruz, Mc.kornin Salcedo, Melissa Llamo, Milena de Milena, Raúl Morilla, Suspicious Package, Tomás Pichardo Espaillat et Yoel Bordas. A partir de cette annonce et comme lors des dernières éditions, le Centro León a désigné des conservateurs pour accompagner les artistes sélectionnés tout au long de leur processus de création.
À propos des jurys Gabriela Rangel (Venezuela) : directrice du Musée d’Art latino-américain de Buenos Aires (MALBA). Elle a étudié le droit et la communication sociale à l’Université catholique Andrés Bello et le cinéma à l’École internationale de cinéma de San Antonio de los Baños, à Cuba. Elle a obtenu un master au Center for Curatorial Studies du Bard College, Annadale on Hudson, New York. Entre 2004 et 2019, elle a été directrice des Arts Visuels et conservatrice en chef de l’Americas Society à New York. Gerardo Mosquera (Cuba) : conservateur, critique et historien de l’art et écrivain indépendant, basé à La Havane, Madrid et dans le monde. Conseiller de la Rijksakademie van Beeldende Kunsten au Pays-Bas, et d’autres institutions culturelles. Co-fondateur de la Biennale de La Havane et conservateur des trois premières éditions. C’est la troisième fois que Mosquera fait partie du jury du Concours d’Art Eduardo León Jimenes, les deux premières fois furent pour les 16e et 19e éditions. Raquel Paiewonsky (République dominicaine). Entre 1991 et 2001, elle a vécu à New York où elle a consolidé ses connaissances en art. Depuis 2008, elle fait partie du collectif Quintapata, aux côtés de Belkis Ramírez, de Pascal Meccariello et de Jorge Pineda. Elle fut primée lors des éditions 2006, 2008, 2012 et 2016 du Concours d’Art Eduardo León Jimenes ; puis reçut un prix aux éditions XX et XXII de la Biennale nationale des arts visuels de Saint-Domingue. Elle a exposé à la Biennale de Venise. En 2015, elle était artiste en résidence au Kunstlerhaus Bethanien, Berlin, Allemagne, avec le soutien de la Davidoff Art Initiative.
Sara Hermann (République dominicaine). Conservatrice en chef actuelle du Centro León. Membre du Conseil consultatif international des arts de la Caribbean Arts Initiative. Elle a étudié l’histoire de l’art à l’Université de La Havane. Elle a été directrice du Musée d’Art Moderne de la République dominicaine entre 2000 et 2004. Fondatrice et coordinatrice du programme Curando Caribe, parrainé par le Centre Culturel d’Espagne à Saint-Domingue et le Centro León. Le 28ème Concours d’Art Eduardo León Jimenes est sponsorisé par la Fondation Eduardo León Jimenes et la Cervecería Nacional Dominicana.
3.2 L’art dominicain ne s’arrête pas
Le 28ème Concours d’Art Eduardo León Jimenes n’a pas été annulé, les artistes dominicains ont continué à travailler. Conformément à la situation due à la pandémie de Covid-19, la date d’ouverture de l’exposition, prévue pour octobre 2020, a été reportée à 2021. Au cours du processus de création des œuvres à réaliser, dont la sélection a été annoncée en avril 2020, les artistes sélectionnés ont été accompagnés de conservateurs choisis par le Centro León. La prolongation du délai de remise des œuvres a permis aux artistes de perfectionner leur travail. En effet, ils ont pu avoir accès à des informations et à une bibliographie utile pour leurs processus de création. Ils ont pu réussir à obtenir des matériaux difficiles à se procurer à causes des quarantaines successives et des fermetures d’entreprises non essentielles, à cause des limites de déplacements en raison des changements d’horaires de couvrefeu. Ce délai supplémentaire a également permis de solutionner la coordination compliquée liée au transfert des œuvres venant d’autres régions du pays et de l’étranger jusqu’à Santiago. Les œuvres terminées ont commencé à arriver en décembre 2020 et l’assemblage a pris fin début janvier 2021. Les artistes ont été suivis par les conservateurs et l’équipe de muséographie du Centro León : Alfonsina Martínez, Inmagela Abreu, Joel Butler Fernández, Laura Bisonó, Paula Flores, Víctor Martínez, Winston Rodríguez et Yina Jiménez. Ce processus de réception des œuvres fut également limité par les mesures de distanciation sociale sur le lieu de travail et les limitations de déplacement mentionnées ci-dessus, ce qui a impliqué un gros effort de coordination et d’attention de la part des équipes du Centro León et des artistes participants.
4 : Expositions
La pandémie a changé la position géographique des expositions du Centro León. Les limites des salles ont disparu, leur portée est devenue universelle. L’art est allé là où les gens étaient, en ligne et dans les rues. L’accès à l’art et à la culture est devenu aussi simple qu’un clic.
4.1 Je te vois, Je me vois
La première exposition de 2020 fut également la seule exposition en présentiel proposée cette année-là dans les locaux de Santiago de los Caballeros. Le Centro León, la Fondation LiLeón et l’Ambassade d’Italie en République dominicaine ont inauguré l’exposition Je te vois, Je me vois de l’artiste Lidia León. Ouverte au public dans la salle La Aurora du Centro León de Santiago, l’exposition se compose d’un ensemble allégorique aux références historiques et philosophiques, basé sur la forme de l’œuf. A partir de leur reflet dans un grand miroir, le public a eu l’occasion de se reconnaître et de revisiter son identité. L’exposition comprenait un hommage photographique à l’artiste Maurizio Rossi : des images en noir et blanc de décors vénitiens tels que l’arrière-plan du port de Saint-Marc avec le clocher, la basilique, le palais des Doges, la place et San Giorgio Maggiore. Un livre homonyme a été présenté lors de la soirée d’ouverture, dans le cadre d’un panel avec les conservatrices Roberta Semeraro, Iris Peynado et Marianne de Tolentino. L’ouvrage était disponible à la vente dans la boutique du Centro León. En plus de son ouverture à Santiago, l’exposition a été accompagnée d’autres activités à Saint-Domingue. La conservatrice Roberta Semeraro a donné une conférence sur la Biennale de Venise de 1895 à 2019 et au centre culturel Quinta Dominicana, elle a inauguré l’exposition Hommage à Je te vois, Je me vois du photographe vénitien Maurizio Rossi.
Le Centro León, conscient de l’importance du numérique pour l’accès à l’art et à la culture, a travaillé sur les visites virtuelles de ses expositions permanentes et temporaires. Face à la fermeture involontaire due à la pandémie, l’institution a proposé le 20 mars (un jour après la quarantaine décrétée par le gouvernement dominicain) une visite virtuelle de l’exposition Être Oscar de la Renta, comme alternative pour continuer à pouvoir accéder au Centro León sans sortir de chez soi. Au sein de cette exposition qui explore la personnalité du créateur depuis la République dominicaine, le public peut découvrir 50 robes conçues par De la Renta, entre autres pièces et objets de musée. Cette exposition a été parrainée par le Groupe Puntacana, la Cervecería Nacional Dominicana, Citi Private Bank, la banque Banco Popular Dominicano, la maison d’édition Listín Diario, Visa Internacional, l’Aéroport International du Cibao, Synergies Corporation, la Fondation Propagás et Excel. Les expositions permanentes d’arts visuels et d’archéologie sont également devenues virtuelles en mars. Genèse et Trajectoire est la sixième version de l’exposition d’art dominicain. Elle intègre 16 œuvres exposées pour la première fois dans la salle des arts visuels. La sélection d’œuvres met en évidence la présence significative de l’art contemporain dans la Collection d’arts visuels Eduardo León Jimenes ainsi que les changements expérimentés à travers le Concours d’Art Eduardo León Jimenes. La visite virtuelle de Signes d’identité présente une sélection de pièces provenant des collections d’archéologie et d’ethnographie de l’institution, qui, grâce à leur distribution et aux ressources multisensorielles proposées, reflètent la dominicanité, perçue à travers les contextes caribéen, américain et mondial. Le parcours d’exploration commence avec l’apparition de l’île et termine avec la présentation d’un présent multiculturel. Cette visite est parrainée par Banco Popular Dominicano. Les visites virtuelles, réalisées à 360 degrés, transportent les expositions au-delà de leurs limites physiques et rendent possible l’un des objectifs du Centro León : archiver, rechercher et exposer les collections et les objets artistiques et anthropologiques offrant une représentation plurielle des identités dominicaines et caribéennes.
4.3 Arte para expresarte : l’art pour t’exprimer
Une galerie en plein air d’œuvres d’art dans les rues de la capitale : ainsi fut présentée l’exposition Arte para Expresarte, dans laquelle des images d’œuvres et de pièces appartenant à la Collection d’arts visuels Eduardo León Jimenes et à la collection d’archéologie du Centro León pouvaient être librement appréciées dans les rues de Saint-Domingue. Durant la pandémie qui tenait fermées les portes des musées, tout passant de la capitale dominicaine a pu apprécier des peintures, des dessins, des photographies et des pièces anthropologiques taïnas physiquement situés au Centro León, à Santiago de los Caballeros. L’exposition, disponible sur les panneaux d’affichage de la capitale de septembre à novembre 2020, comportait des enregistrements de type podcast, accessibles via l’application de la radio Emisora Raíces. Ainsi, des espaces qui véhiculent d’habitude des messages publicitaires ont laissé place aux expressions artistiques et archéologiques de notre identité dominicaine. Cette initiative, développée par Cartel et le Centro León, en collaboration avec la Mairie de Saint-Domingue et l’agence de publicité Pagés BBDO, a permis de montrer des pièces archéologiques d’origine taïno et des œuvres d’art de différents artistes dominicains, tels que Ramón Oviedo, Soucy de Pellerano, Tony Capellán, Ricardo Toribio, Jorge Severino, Fernando Peña Defilló, Jorge Pineda, Danilo De Los Santos, Rosa Idalia García, Wali Vidal, Patricia Encarnación, Odette Goico, Quisqueya Henríquez, Cristian Martínez (Crismar), Jacinto Domínguez, Daniel Henríquez, Jesús Natalio Puras Penzo (Apeco) ou Heriberto Pieter Benett, Wifredo García Domenech et Domingo Batista, parmi d’autres. Les œuvres étaient accompagnées de phrases suscitant la réflexion et portant également des messages d’espoir et d’optimisme, tels que : « La culture c’est l’espoir », « Traduisez ce que vous ressentez », « L’espoir se multiplie », « Le bonheur est sur la route », « Célèbre la vie et prends-en soin », « Nous sommes ce que nos histoires racontent », « Notre bonté est aussi Taïne ». Un catalogue numérique comportant les géolocalisations des panneaux était disponible en téléchargement sur le site Internet du Centro León, centroleon.org.do. Ce document numérique a per-
mis d’explorer les emplacements des panneaux sur tout le territoire du District National et de découvrir des informations sur les œuvres et les artistes.
Dialogues et art public Outre le dialogue implicite entre les artistes, leurs œuvres et le public, le Centro León a mis en place d’autres espaces de conversation à travers des activités virtuelles transmises sur ses réseaux sociaux. Des chefs de projet, archéologues, artistes et conservateurs ont participé à trois activités. Ils ont pu partager leurs impressions sur la proposition d’exposition et les multiples possibilités de l’art public. « Comment la culture peut-elle toucher et faire réagir ? », s’est interrogée Sara Hermann, conservatrice en chef du Centro León, lors d’une de ces rencontres avec des artistes dont les œuvres étaient présentes au sein de l’exposition.
4.4 L’ère plastéozoïque : une éco-dystopie animée
La Journée mondiale de l’environnement de 2020 a eu lieu pendant la pandémie. La réflexion liée à ce thème a donc dû se faire en ligne. L’Ambassade de la République dominicaine en Espagne et la Fondation Propagás, avec le soutien du Centro León, ont présenté l’exposition virtuelle L’ère plasteozoïque : une éco-dystopie animée du collectif d’artistes dominicains Pictoria Newhouse. L’exposition, qui avait déjà été présentielle au Centro León en 2018, est revenue pour être partagée sur le site centroleon.org.do : une série de 23 photographies animées mettaient en garde contre la détérioration et le manque de protection auxquels sont confrontés les milieux naturels de notre planète. Ce travail fut réalisé par les plasticiennes et architectes dominicaines Guadalupe Casasnovas et Victoria Thomen, membres du collectif Pictoria Newhouse. En plus du site Web du Centro León, l’exposition apparaissait également sur laeraplasteozoica.com, le site Web de la Fondation Propagás (fundpropagas.com) et sur le site de l’Ambassade de la République dominicaine en Espagne (embajadadominicana.es). Le collectif Pictoria Newhouse présente le voyage à travers un monde dystopique dans lequel les espaces naturels sont habités par les seuls survivants d’une catastrophe écologique : des animaux gonflables en plastique. En insérant ces personnages dans des milieux naturels adaptés aux espèces qu’ils représentent, les artistes cherchent à rappeler l’impact dévastateur que ce matériau génère sur la nature. L’exposition, qui comporte également un livre à consulter sur le site Web, a déjà été présentée en présentiel dans plusieurs villes telles que São Paulo au Brésil, Rome en Italie et Santiago en République dominicaine. En 2019, elle a été présentée dans le jardin tropical de la gare Atocha à Madrid, à l’occasion de la participation de la République dominicaine au 78e Salon du livre de Madrid, en tant que pays invité. Présentée de manière virtuelle, l’exposition a intégré de nouvelles ressources, comme l’animation vidéo, qui visent à offrir au public une expérience visuelle et cognitive encore plus intéressante.
5 : La gestion du musée
Le Centro León a été la première institution culturelle à fermer ses installations en raison de la propagation imminente du Covid-19 dans le pays. La sécurité des collaborateurs, des visiteurs et des fournisseurs était une priorité pour le musée. Dans le cadre de cette décision tournée vers l’avenir, la gestion du musée, ses programmes, ses infrastructures et ses projets futurs ont pris le tournant du travail à distance, de la virtualité et de la prévention de la contamination.
5.1 Avant… 2020 en présentiel
Avant mars 2020, les activités en présentiel faisaient partie de la vie quotidienne : sans masque ni gel hydroalcoolique et sans distanciation sociale. C’est ainsi que différentes activités du programme du Centro León ont eu lieu. Le Ciné-Club du Centro León a présenté ses projections habituelles de films, y compris le festival de cinéma dominicain du mois de février. Au sein de l’Auditorium Frères León Asensio, les films La isla rota (2018) (L’île cassée, en français) de Félix Germán et El proyeccionista (2019) (Le projectionniste, en français) de José María Cabral ont été projetés puis commentés par leurs réalisateurs durant deux rencontres animées par José D’Laura.
Carnavalito : petit carnaval Carnavalito est le rendez-vous familial de février. Environ 270 carnavaliers ont pu partager un après-midi festif. Des centaines de
familles sont venues dans les jardins de l’institution pour apprécier les groupes de carnaval pour enfants et adultes mettant en scène différents personnages traditionnels du carnaval dominicain. Pour la troisième année, le Concours de déguisements traditionnels pour enfants du carnaval dominicain a été organisé. 12 personnes et 3 troupes y ont participé. Le jury était composé de María Luisa Asilis et de Luis Felipe Rodríguez, responsables du Centro León ainsi que de Rafael Almánzar, chercheur spécialiste du folklore et roi Lechón du Carnaval de Santiago 2020. Les gagnants ont respecté la représentation et la caractérisation des personnages traditionnels du carnaval de Santiago tels que Roba la Gallina, les marchandes, les indiens, Nicolás Den Den, Se me muere Rebeca, entre autres. Cet événement familial du samedi 22 février a été parrainé par Malta Morena, Ferretería Ochoa, Grupo Rica, Asociación Cibao de Ahorros y Préstamos, Baltimore Dominicana, Helados Bon, Ocean World et Grupo Bocel.
From Russia with love Le légendaire Orchestre Mariinsky a donné pour la première fois un concert à Santiago de los Caballeros, offrant au public un répertoire classique varié. Le samedi 7 mars au soir, Anton Gakkel, premier violoncelliste et chef d’orchestre, a dirigé le légendaire orchestre russe dans les jardins du Centro León. Quarante musiciens de renommée mondiale ont interprété un répertoire classique varié : Claude Debussy, Sergei Rachmaninov, Pyotr Ilyich Tchaikovsky, Ludwig Van Beethoven et Igor Stravinsky, entre autres compositeurs. L’interprétation de Romance du jeune gitan de l’opéra Aleko, du ténor Sergey Skorokhodov, et de la Chanson de l’étoile de l’opéra Tannhäuser, du baryton Vladislav Kupriyanov, a ému des milliers d’habitants de Santiago, de Moca, Mao, Puerto Plata, Sosúa et La Vega, présents à cette soirée. Le concert a aussi présenté le pianiste Daniil Trifonov, qui a fait preuve de sa virtuosité à travers les pièces de Rachmaninov Comme c’est douloureux, Opus 21 n°12 et Eaux printanières, Opus 14 n°11. L’artiste primé a également montré ses talents en interprétant la Serenade de Don Juan de Tchaïkovski et le Concerto N°1 en Do majeur pour piano et orchestre Opus 15 de Beethoven. From Russia with love a eu lieu au Centro León, en collaboration avec la Fondation Sinfonía et a été soutenu par Sberbank, Yoko Ceschina, la Fondation Eduardo León Jimenes et Mme Veronica Atkins, directrice du Metropolitan Opera de New York. Mme Atkins a assisté au concert accompagnée de María Amalia León, présidente de la Fondation Eduardo León Jimenes et de Margarita Miranda de Mitrov, présidente de la Fondation Sinfonía.
5.2 Gestion culturelle en temps de pandémie
Le Centro León a dû se réinventer au milieu de la pandémie du Covid-19, afin de proposer de nouvelles façons de remplir sa mission institutionnelle : promouvoir la créativité, le respect des identités et l’amélioration de l’habitabilité à travers l’éducation, la promotion et la diffusion de la culture. Puisque l’accès à la culture donnerait de l’espoir, le défi était de maintenir le contact avec le public de façons différentes et grâce à de nouvelles plates-formes. Cela s’est mis en place en restructurant les activités culturelles que le Centro León mène chaque mois et en créant de nouvelles propositions adaptées à cette réalité nouvelle : Centro León à la maison. Simultanément, les processus de recherche en arts visuels, en archéologie et en ethnographie se sont poursuivis sous forme virtuelle et également à travers les médias numériques. Par exemple, le catalogage du Fonds Fradique Lizardo du Folklore Dominicain qui a reçu le soutien de l’équipe Mediateca. L’expert Edis Sánchez a pu poursuivre son travail à distance grâce à la numérisation des documents. Les séances du Ciné-Club se sont transformées en vidéos de recommandation partagées sur les réseaux sociaux, sponsorisées par Edenorte. José D’Laura, animateur du Ciné-Club, a recommandé 20 films de genre et d’époques différentes, entre les mois de mai et décembre.
Conservation L’un des défis de la pandémie a été de maintenir les normes de conservation des collections et des expositions du Centro León. Au moment de la fermeture pour une période indéfinie, l’institution recevait trois expositions permanentes et une exposition temporaire.
L’équipe de conservation a organisé des rotations en présentiel pour contrôler la température et l’humidité des salles, de l’entrepôt des biens culturels et pour effectuer des tâches d’entretien préventif et de conservation selon les normes internationales que suit le musée. Le processus de démontage de l’exposition Être Oscar de la Renta a été compliqué. Pour prendre soin des pièces, conserver les robes et renvoyer certains prêts à leurs lieux d’origine, nous avons eu le soutien à distance de Molly Sorkin, conservatrice des Archives Oscar de la Renta. Cependant, la tâche a été correctement réalisée, dans le respect des protocoles de conservation et de sécurité, au sein d’un contexte de restrictions de la mobilité internationale (fermeture des frontières, des aéroports et des transports maritimes de marchandises).
Adaptation des infrastructures Pendant les mois de fermeture totale, l’équipe de nettoyage a effectué des tâches ordinaires, mais a également consacré du temps à des tâches profondes qui ne sont pas envisageables lorsque le personnel et les visiteurs sont présents dans les locaux. Ainsi, les espaces ont été préparés pour recevoir les visiteurs dans ce qu’est devenue la nouvelle norme : structures de séparation pour les employés et les visiteurs ; signalétique de la distance physique sur les étages, les escaliers, les sièges et les ascenseurs ; multiplications de la présence de savon et de gel hydroalcoolique dans tous les espaces du centre culturel. De plus, le nettoyage et la désinfection des intérieurs et extérieurs ont été renforcés.
A bientôt, Oscar A travers une rencontre virtuelle intitulée À bientôt, Oscar, la Fondation Eduardo León Jimenes, le Centro León et le Groupe Puntacana ont officiellement clôturé l’exposition Être Oscar de la Renta, après 4 mois de visites en présentiel et plusieurs mois de visites virtuelles (plus précisément du 22 novembre 2019 au mois de septembre 2020). Durant cet événement de clôture transmis sur les réseaux sociaux et la chaîne YouTube du Centro León, le bilan de l’exposition, des témoignages et de la gratitude ont été partagés avec les milliers de visiteurs venus en présentiel ou virtuels. En fin de soirée, le documentaire Être Oscar de la Renta : Le projet a été diffusé. Celui-ci présentait les témoignages de l›équipe de spécialistes en charge de l›exposition ainsi qu’une vidéo résumant le démontage de l’exposition.
“Curando Caribe” se réinvente Quelques jours avant la fermeture pour cause de pandémie, le Centro León et le Centre Culturel d’Espagne à Saint-Domingue avaient présenté la sixième édition du programme Curando Caribe (Conserver les Caraïbes, en français) sous une nouvelle forme : le Fonds Stimulus 2020 offrant des résidences à l’international et un soutien à la recherche et à la mobilité. Les états d›urgence décrétés respectivement par les gouvernements de la République dominicaine et de l’Espagne ont empêché de mener à bien ce projet qui a dû être reporté, en attendant sa reformulation. En novembre, l’appel a été relancé et ouvert aux chercheurs et conservateurs dominicains, aux enfants étrangers de Dominicains et aux étrangers résidant en République dominicaine, qui proposeraient des projets de recherche abordant des aspects peu étudiés des mouvements, activités, œuvres et artistes de la région et qui réfléchiraient aux relations inexplorées entre celles-ci et leurs contextes. En décembre 2020, une équipe composée de spécialistes du Centro León et du Centre Culturel d’Espagne à Saint-Domingue a décidé d’attribuer des bourses de recherche en patrimoine artistique et archéologique aux projets présentées par : Gabriel Quiñones, Fátima Portorreal, Adolfo López, Rab Messina et Ibeth Guzmán. Les travaux de recherche devront être menés entre janvier et juin 2021.
5.3 Nous sommes le Centro León : des actions en lien avec les collaborateurs
L’ensemble de collaborateurs rendent possible le travail de l’institution. Ses actions de prévention et de prise en charge ont commencé dès les premières semaines de mars 2020. Avant la fermeture du 16 mars, un groupe a travaillé à la planification et à la gestion en entamant une étude pour organiser le travail à distance dans les zones possibles et les rotations de travail obligatoire en présentiel. L’équipe des technologies de l’information et de la communication a adapté l’infrastructure technologique et a fourni un
soutien permanent à la communauté pour pouvoir rester connectée et travailler à distance, en parallèle à l’importante gestion des émissions en direct et de la programmation virtuelle du Centro León à la maison. Le protocole général de prévention de la contamination, la gestion du musée et les étapes possibles de réintégration ont été simultanément élaborés, prenant comme références les protocoles d’institutions semblables à des stades plus avancés de la pandémie. Chaque département générateur de revenus a élaboré un protocole complémentaire basé sur les mêmes références, en fonction de ses besoins. Avec ce document, modifiable et en constante évolution en fonction des conditions du pays, une expérience s’est produite et pourra servir de modèle dans des situations similaires.
La santé comme priorité La prévention ne se concentre pas uniquement sur la santé physique, mais également sur la santé mentale. Quotidiennement, les collaborateurs a reçu des messages de nature informative, motivante et d’orientation, sur le travail, la santé, la culture, l’art et d’autres sujets d’intérêt. D’autres actions spécifiques ont permis de faire face à la situation : les avances sur salaire, pour éviter les agglomérations dans les supermarchés, le transport collectif pour les salariés tout au long de 2020, un accompagnement psychologique gratuit avec des professionnels, des kits de nettoyage pour la maison, des équipements de protection individuelle à utiliser à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement et l’adaptation des locaux à cette nouvelle situation.
Éducation à distance Les employés qui, en raison de la nature de leurs fonctions, ne pouvaient pas travailler à distance ni en présentiel, ont aidé à coordonner des formations spécifiques soutenues par le Centro León. De nombreux collaborateurs ont suivi la recommandation de la Direction Générale et ont profité d’offres en ligne pour accéder à des ateliers, séminaires virtuels, films, livres et autres ressources de formation.
5.4 Le retour : la réouverture et les différentes phases
Après la première étape, la fermeture totale des installations, le retour a été planifié en tenant compte des changements d’état d’urgence, des couvre-feux et des restrictions liées à l’accueil des personnes dans les espaces publics. En mai, la boutique du Centro León a été la première à ouvrir, proposant des ventes à emporter et des livraisons à domicile. Cette nouvelle modalité nous a permis de proposer des objets d’artisanat, d’art et d’autres créations exclusives au-delà de la ville de Santiago, avec des envois dans tout le pays. Fin septembre 2020, le retour par étapes du personnel travaillant à distance et la réouverture de la boutique et de la cafétéria ont été organisés ; la vente à emporter et la livraison à domicile ont été proposées. En guise d’étape préalable à ce retour progressif, le Centro León a réalisé des tests de détection du virus sur tous ses collaborateurs. L’ensemble des tests était négatif. Le retour dans les locaux a été organisé par rotation une semaine sur deux, en respectant la distanciation sociale, les niveaux de supervision et de responsabilité et en protégeant le personnel à risque. Durant cette période, les employés ne venaient que le matin pour permettre le déjeuner au domicile et respecter les mesures de distanciation. Dans l’étape suivante, la boutique et la cafétéria ont commencé à recevoir des clients. Dans le cas de la cafétéria, seules les tables du Patio Caribeño permettaient d’accueillir des clients à l’air libre. La rotation des personnels a été étendue à cinq heures de l’après-midi, dans les mêmes conditions que la première phase. Le protocole sanitaire d’accès au musée comprend : la mise en place de paillassons désinfectants à toutes les entrées du bâtiment, la prise de température, l’utilisation de gel hydroalcoolique avant de circuler dans les salles, l’utilisation obligatoire d’un masque et le respect des distanciations physiques d’au moins deux mètres entre les personnes.
Ceux qui ne sont jamais partis Notre équipe de sécurité n’est jamais partie. Tout au long de la pandémie, elle a assumé la responsabilité indispensable de surveillance et de protection des précieuses collections du Centro León. De même, l’équipe de nettoyage a travaillé par rotations afin que les conditions d’ordre et de propreté permettent de maintenir les installations dans des conditions optimales pour la réouverture.