Football et jeux-réduits

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Impact du jeu-réduit sur les sollicitations énergétiques, cardiaques et musculaires du joueur de football CEP Dijon

J. Robineau, M. Lacroix, T. Jouaux, C. Cometti, N. Babault Centre d’Expertise de la Performance "Gilles Cometti", Faculté des sciences du sport de Dijon robineau.julien@hotmail.fr

Introduction En sport collectif et notamment au football, le jeu-réduit est une situation spécifique d’opposition avec un nombre restreint de joueurs au sein de chaque équipe et avec une diminution de l’aire et du temps de jeu. Il peut également se différencier par la segmentation des durées des séquences de jeu. L’objectif de cette étude était d’analyser l’influence du type de fragmentation du temps de jeu sur les paramètres énergétiques, cardiaques et musculaires du footballeur.

Matériels et méthodes 16 footballeurs volontaires de sexe masculin ont d’abord réalisé le test VAMEVAL pour déterminer leur vitesse maximale aérobie (VMA) et leur fréquence cardiaque maximale. Ils ont ensuite effectué, sur trois jours distincts, trois formes de jeuxréduits (4×4 joueurs), d’une durée de 20 min, sur ~ 1/3 de terrain officiel (40×33 m) : • • •

Jeu 1 : 6 périodes de 3 min + une période de 2 min Jeu 2 : 5 périodes de 4 min Jeu 3 : 4 périodes de 5 min

2 min de récupération entre les phases de jeu

La fréquence cardiaque, mesurée au cours des jeux, a été analysée à partir de la notion de charge interne. Une prise de lactate était réalisée à la fin de chaque opposition. Enfin, la détente verticale, mesurée sur un saut de type squat jump avant et immédiatement après chacune des trois oppositions, permettait d’évaluer la fatigue des membres inférieurs.

Résultats

Tableau 1. Charge interne et valeurs de lactatémie mesurées au cours et à la fin des trois oppositions. Test VMA Charge interne (%) Lactatémie (mmol/L)

10,5 ± 1,2 *, †

Match 1

Match 2

Match 3

83,9 ± 5,2

85,1 ± 5,1

83,9 ± 6,4

8,8 ± 2,7 *

9,4 ± 2,2 *

7,4 ± 2

Différences significatives avec Jeu 3 (* p<0,05) et Jeu 1 († p<0,05).

Jeu 1

6,0 4,0 Pourcentage (%)

Les charges internes moyennes mesurées étaient similaires au cours des trois jeux (~85%). Les jeux 1 et 2 présentaient des valeurs de lactatémie significativement plus grandes que celle obtenue à l’issue du jeu 3 (tableau 1). Seul le Jeu 1 montrait une diminution de la performance en squat jump (figure 1).

*** ***

Jeu 2 Jeu 3

2,0 0,0 -2,0 -4,0 -6,0

Figure 1. Variation des performances en squat jump entre avant et après chaque opposition. *** : différences significatives avec p<0,001.

Discussion et conclusion Les trois formes de jeux-réduits permettent une mobilisation intense du système aérobie. Elles peuvent être utilisées dans l’entraînement pour développer la puissance maximale aérobie. Les valeurs de lactatémie les plus importantes sont celles constatées à la fin des oppositions constituées de courtes périodes de jeu (jeux 1 et 2). La réduction des performances au squat jump à l’issue du jeu 1 traduit une fatigue musculaire importante des membres inférieurs. La sollicitation préférentielle du processus anaérobie alactique ou lactique dépend donc du type de fragmentation du temps de jeu. Pour une même sollicitation aérobie et un même temps total de jeu, nous pouvons conclure que plus les séquences des matches sont courtes et répétées, plus les processus anaérobies alactique et lactique sont mobilisés.


Impact du jeu-réduit sur les sollicitations énergétiques, cardiaques et musculaires du joueur de football J. Robineau, M. Lacroix, T. Jouaux, C. Cometti, N. Babault Centre d’Expertise de la Performance (CEP), Faculté des sciences du sport de Dijon robineau.julien@hotmail.fr Résumé L’objet de cette étude était de déterminer les effets de la pratique de trois formes de jeu-réduit sur les paramètres musculaires, cardiaques et énergétiques du joueur de football. Ces trois oppositions présentaient chacune une durée totale de 20 minutes mais se différenciaient par la fragmentation de leurs temps de jeu (Jeu 1 : 6×3 min + 2 min ; Jeu 2 : 5×4 min ; Jeu 3 : 4×5 min). Nous avons analysé les fréquences cardiaques, la lactatémie ainsi que les performances en détente verticale avant et immédiatement après chaque rencontre. Grâce à ce travail, nous avons observé que plus le temps de jeu était fractionné, plus les sollicitations musculaires étaient importantes. De plus, nous avons remarqué que les trois formes de jeu-réduit permettaient de mobiliser intensément le système cardiovasculaire. Mots clés : Vitesse Maximale Aérobie, fréquence cardiaque, détente verticale, lactatémie, fatigue.

Introduction Le jeu-réduit est régulièrement utilisé par les entraîneurs de football dans le but de conclure la mise en train ou la séance d’entraînement. Il correspond à une situation spécifique avec un faible nombre de joueurs au sein de chaque équipe puis avec une diminution de l’aire et du temps de jeu. Suite à l’étude de Rampinini et coll. (2007), consistant à varier notamment la densité de sujet sur le terrain au cours des jeux-réduits, nous avons décidé d’analyser l’influence du type de fragmentation du temps de jeu sur les composantes physiologiques du footballeur. Méthode Seize footballeurs volontaires de sexe masculin et jouant au minimum à un niveau régional ont participé à cette étude. Ils ont tout d’abord réalisé le test VAMEVAL (e.g., Chaouachi et coll., 2005) pour déterminer la Vitesse Maximale Aérobie (VMA). La relation entre la vitesse de course et la fréquence cardiaque, recueillie par un cardio fréquencemètre (Polar Electro Oy) tout au long du test, rendait possible le calcul de la charge interne (Banister, 1991) lors des différents jeux- réduits. Cette valeur était déterminée grâce au logiciel PrO2pulses (Cardisport, Dijon, France). Les trois oppositions 4×4 joueurs (plus 2 gardiens non inclus dans l’analyse) se sont effectuées sur un terrain de 40×33 m. Le temps de jeu total était fixé à 20 minutes. Les trois situations se distinguaient uniquement par le type de fragmentation du temps : 6×3 minutes + 2 minutes (Jeu 1), 5×4 minutes (Jeu 2) et 4×5 minutes (Jeu 3). Les séquences de jeu étaient séparées par des périodes de 2 minutes de récupération passive. Le port d’un cardio fréquencemètre, durant les phases de jeu, permettait d’obtenir les charges internes moyennes de chaque sujet. Une prise de lactate à l’extrémité de l’index était réalisée à la fin de chaque opposition. Enfin, la détente verticale des sujets était évaluée sur un saut type Squat Jump. Les mesures, obtenues à l’aide d’un Optojump (Microgate, Bolzano, France), ont été réalisées avant et immédiatement après chacune des trois oppositions. Résultats Les différents jeux laissaient apparaître des charges internes moyennes proches de 85% et des différences significatives de lactatémie (Tableau 1). Seule le Jeu1 montrait une diminution des performances en Squat Jump à la fin de l’opposition (figure 1).


Tableau 1. Pourcentage moyen de charge interne mobilisé et taux de lactatémie constatée à la fin des trois oppositions.

Test VMA 100 Charge interne (%) Lactatémie (mmol/L) 10,5 ± 1,2 ***, †

Jeu 1

Jeu 2

Jeu 3

83,9 ± 5,2

85,1 ± 5,1

83,9 ± 6,4

8,8 ± 2,7 *

9,4 ± 2,2 **

7,4 ± 2

Différences significatives avec Jeu3 (* p<0,05 ; ** p<0,01 et *** p<0,001). Différence significative avec Jeu1 († p<0,05).

Jeu1

6.0

Pourcentage (%)

4.0

*** ***

Jeu2 Jeu3

2.0 0.0 -2.0 -4.0 -6.0

Figure 1. Variation des performances en Squat Jump avant et après chaque opposition. *** : différences significatives avec p<0,001.

Discussion et conclusion Les pourcentages de charge interne mobilisés au cours des trois situations sont proches de 85%. Rampinini et coll. (2007) constataient des résultats similaires (84% de la fréquence cardiaque maximale) au cours d’une opposition 6 contre 6, sur petit terrain et sans encouragement. Dans cette même étude, ces auteurs ont remarqué que la valeur maximale de lactatémie (6,5 mmol/L) était obtenue suite à la pratique d’un 3 contre 3, sur grand terrain et avec encouragement. Ce résultat reste tout de même inférieur aux valeurs mesurées à l’issue de l’ensemble des jeux. Les résultats au Squat Jump montrent que le protocole 6×3 + 2 min induit une fatigue musculaire importante à la fin de l’exercice de 20 minutes. La même diminution de performance (1,4 cm) a été démontrée par Oliver et coll. (2007) à la suite d’une mi-temps de football modélisée sur tapis roulant. Le jeuréduit, constitué de courtes périodes répétées, et 45 minutes d’effort en continu présentent les mêmes effets sur les qualités musculaires. En conclusion, le jeu-réduit permet une mobilisation intense du système aérobie. La sollicitation préférentielle du processus anaérobie alactique ou lactique dépend du type de fragmentation du temps de jeu. Références Banister, E. W. (1991). Modeling elite athletic performance. In physiological testing of the highperformance athlete, ed. Human Kinetics. Chaouachi, M., Chaouachi, A., Chamari, K., Chtara, M., Feki, Y., Amri, M., & Trudeau. F. (2005). Effects of dominant somatotype on aerobic capacity trainability. British Journal of Sports Medicine, 39, 954-959. Rampinini, E., Impellizzeri, F. M., Castagna, C., Abt, G;, Chamari, K., Sassi, A., & Marcora, S. M. (2007). Factors influencing physiological responses to small-sided soccer games. Journal of Sports Sciences, 25, 659-666. Oliver, J., Armstrong, N., & Williams, C., (2007). Changes in jump performance and muscle activity following soccer-specific exercise. Journal of Sports Sciences, 26, 141-148.


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