Lucien Clergue, poète photographe

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Lucien Clergue

poète photographe cercle cité luxembourg


Lucien Clergue Poète photographe Commissaire : Anne Clergue

Exposition du 24.11.2017 au 14.01.2018 Cercle Cité Luxembourg


CHAPITRE UN

CHAPITRE DEUX

CHAPITRE TROIS

préfaces

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introduction d’Anne Clergue

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Lucien Clergue & Edward Steichen CHAPITRE QUATRE

vintages camargue CHAPITRE CINQ

CHAPITRE SIX

picasso

CHAPITRE SEPT

CHAPITRE HUIT

gitans PAGE 86

saltimbanques CHAPITRE DIX

CHAPITRE ONZE

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cocteau CHAPITRE NEUF

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nus

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biographie index

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Lucien Clergue — Poète photographe


CHAPITRE UN

préfaces


Je suis heureuse que le Ratskeller du Cercle Cité ait déjà pu consacrer deux expositions à cette amitié exceptionnelle : « Jean Cocteau - l’œuvre graphique » en 2012/13 et « Picasso et les animaux » en 2016. L’exposition dédiée à Lucien Clergue intitulée « Poète Photographe » et inspirée de l’exposition « Les Premiers Albums » au Grand Palais à Paris en 2015, en est la suite logique. A l’image de Lucien Clergue qui, tout comme Edward Steichen, œuvrait inlassablement pour la reconnaissance de la photographie en tant qu’art majeur, la Ville de Luxembourg accorde à son tour une grande importance au 8e art. En témoignent les collections de la Photothèque de la Ville qui comptent 3,6 millions de photos réalisées entre 1855 et aujourd’hui par les plus grands photographes luxembourgeois. Nous sommes particulièrement fiers que la Ville possède sa propre collection d’œuvres d’Edward Steichen qui sont actuellement exposées à la Villa Vauban dans le cadre de « Time Space Continuum ». L’exposition présente cet ensemble à côté d’une sélection de tableaux et de sculptures d’artistes luxembourgeois, contemporains du célèbre photographe américain. Au nom de la Ville de Luxembourg je tiens à remercier la curatrice Anne Clergue et toute l’équipe du Cercle Cité autour d’Anouk Wies pour avoir mis sur pied cette importante exposition qui rend hommage au poète de la photographie. Lydie Polfer Bourgmestre de la Ville de Luxembourg Présidente du comité de gérance du Cercle Cité

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Lucien Clergue — Poète photographe

En cette année 2017 où le Luxembourg est présent pour la première fois aux Rencontres d’Arles, la Ville de Luxembourg a l’honneur de consacrer une exposition à Lucien Clergue, Arlésien et créateur des Rencontres. Lucien Clergue a côtoyé certains des plus grands noms de l’art du 20e siècle, dont Edward Steichen qui, en tant que directeur du département de photographie du MoMA de New York, a découvert l’œuvre de Clergue à la fin des années 50. L’amitié de Lucien Clergue avec Pablo Picasso et Jean Cocteau remonte elle aussi à cette époque.



Après les deux très belles expositions consacrées à Jean Cocteau, en 2013, et Pablo Picasso, en 2016, c’est l’œuvre de leur ami intime, le poète-photographe Lucien Clergue, que la Ville de Luxembourg et le Cercle Cité nous invitent à découvrir, à travers une soixantaine de clichés issus de la sélection montrée au Grand Palais à Paris en 2015.

Mais Lucien Clergue a aussi été un acteur culturel majeur : il a fondé, avec son ami Jean-Maurice Rouquette et l’écrivain Michel Tournier, les Rencontres d’Arles, ce festival international de la photographie qui expose depuis presque 50 ans les plus grands artistes et attire chaque été des dizaines de milliers de visiteurs dans le sud de la France. Il a aussi contribué à faire reconnaître la photographie comme une discipline artistique à part entière. La scène photographique luxembourgeoise fait preuve d’une grande vitalité et je me réjouis de la collaboration initiée notamment par le Grand-Duché avec les Rencontres d’Arles depuis l’été 2017 ; l’exposition « Flux Feelings » a connu une belle affluence et je forme des vœux pour que ce partenariat fructifie et se pérennise. Il est le signe du dynamisme des échanges artistiques et culturels entre nos deux pays. Au-delà de l’œuvre photographique de Lucien Clergue, c’est à une rencontre avec un homme sensible, aux nombreuses sources d’inspiration, engagé, proche de la culture gitane, ami des plus grands artistes de son temps, que le Cercle Cité nous convie. Je souhaite adresser mes sincères remerciements aux institutions et partenaires qui ont organisé ce bel événement. Bruno PERDU Ambassadeur de France au Luxembourg

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Lucien Clergue — Poète photographe

Connu pour ses photographies de nus et de paysages de Camargue, pour ses portraits de saltimbanques et d’artistes, Lucien Clergue a laissé un héritage artistique immense : ses œuvres sont exposées dans les plus grands musées du monde.


CHAPITRE UN

prĂŠface de Yolande Clergue


Lucien Clergue, photographe ?

C’est ici, au Luxembourg que Lucien Clergue s’est rendu pour la première fois, à l’invitation du Cercle Cité à l’occasion d’une conférence consacré à ses deux amis proches dont il fît l’éloge : Pablo Picasso puis plus tard Jean Cocteau.

« Lucien Clergue, photographe » ? Poète, cinéaste, artiste peintre, musicien ou architecte ? Fondateur des Rencontres internationales de la photographie, tout semble se mêler en lui. Lucien Clergue représente une des grandes figures essentielles de la photographie contemporaine, jouissant d’une réputation internationale. Son œuvre s’inscrit dans la plupart des grands musées, collections publiques et privées. Comment imaginer que ce jeune homme d’apparence si fragile fût amené à faire rayonner la photographie à travers le monde ? Avide de connaissances, il éprouve un besoin impérieux de questionnements. De manière continue il songe à devenir violoniste, évoluant dans le chaos du monde qui l’entoure, il vit pour dépasser son époque. Incidemment, la place qu’occupe sa mère va devenir essentielle lorsqu’elle lui offre un minuscule appareil photographique en bakélite, non utilisable. L’intensité soudaine que représente ce petit objet fixe dont la vision s’avère précise, va s’intensifier dans sa mémoire et créer en lui un besoin permanent le conduisant de façon instinctive vers la photographie. Il ne la quittera plus. Dès lors, tout commence. Ce moyen d’expression devient désormais son véhicule pour exprimer le monde intérieur qui l’habite. Artiste solaire dont la puissance créatrice va l’obliger à lutter avec la lumière, il transcende ce qui s’offre à son regard, le

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Ces visites successives lui ont permis d’ouvrir certaines perspectives, de nouvelles voies pour le futur et c’est dans cet élan qu’est né le projet de l’exposition phare qui lui est consacrée aujourd’hui.


jeu des ombres, le soleil, l’eau et le vent, la terre et le sable, les paysages… Là où son œil de myope est à l’aise, il triomphe et se renouvelle constamment. A plusieurs reprises il aborde le mythe antique du Nu, l’étude de la lumière sur la peau lui inspire quelques images d’une densité infinie. Il poursuit ses recherches dans le cadre de l’immense étendue des déserts américains où il se rend fréquemment, alimentant sans cesse son besoin d’espace. Enfin, la Camargue, source de ses origines provençales constitue la genèse de son œuvre, multiple, toujours surprenante. Sans cesse à l’écoute de son temps, il suit l’évolution biologique de sa terre natale dans ses méandres les plus secrets, répondant avant tout à un élan puissant, une pulsion intense de vie, cherchant toujours à capter la lumière qui le suit et le guide dans une solitude propice à l’apogée de son art. Yolande Clergue


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CHAPITRE DEUX

introduction d’Anne Clergue


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Lucien Clergue — Poète photographe

L’hommage qui est rendu aujourd’hui à Lucien Clergue à travers cette exposition fera désormais partie de l’histoire de la photographie. En effet, un lien existe entre Lucien Clergue et le Luxembourg grâce à Edward Steichen qui donne sa chance au jeune photographe dès 1961 en l’invitant à exposer soixantesix photographies aux côtés de Bill Brandt et Yasuhiro Ishimoto dans l’exposition « Diogenes with a Camera V » au Musée d’Art Moderne de New York, le MoMA. Il n’a que vingt-sept ans.


Lucien Clergue est l’ami de Picasso depuis 1953. Il se rend régulièrement au château de Castille près d’Uzès, propriété de Douglas Cooper, le grand collectionneur de Picasso. C’est là qu’il se familiarise avec l’art moderne qui occupe tout le château du collectionneur averti. Le jeune photographe côtoie les principaux acteurs de l’art qui viennent tous rendre visite à Cooper dans sa demeure exceptionnelle remplie de chefs-d’œuvre. Grâce à ses nombreuses rencontres chez Douglas Cooper, Clergue expose en 1958 au Kunstgewerbe Museum de Zurich, au même moment où est présentée l’exposition légendaire d’Edward Steichen, « The Family of Man ». C’est là que Steichen découvre l’œuvre du jeune photographe et acquiert quelques tirages pour les collections du MoMA, dont il dirige le département photographique. Steichen choisit les charognes, les gitans, les taureaux, les marais, les saltimbanques, ainsi que les premiers nus, soit un ensemble très récent et représentatif du travail du jeune arlésien. D’ailleurs l’auteur répétera souvent : « De 1954 à 1960, j’ai abordé l’essentiel de mon art ». L’œil visionnaire de Steichen ne s’y est pas trompé. Il a voulu inscrire cette exposition dans un cycle développé sous le titre « Diogenes with a camera » qu’il explique ainsi : « Indiquer la contribution de la photographie à la recherche de la vérité ». Cette exposition voyage dans tout le pays et clôt la série débutée en 1952. Steichen quitte le musée peu de temps après. Cette reconnaissance en Amérique est le début de nombreuses expositions à travers tout le territoire, aussi bien dans des galeries privées que dans des institutions. L’engagement de Steichen auprès de Lucien Clergue est admirable. Il écrit dans la lettre du 19 Juillet 1961 : « J’espère que vous pourrez réaliser ceci, votre rencontre avec les photographes américains et leur découverte de votre travail ici seront une grande étape dans l’histoire de la photographie moderne, doublée d’un bénéfice commun décidé par chaque partie concernée. »


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Dès son arrivée à New York, Lucien Clergue se précipite au MoMA a afin de découvrir la toile historique de son ami Pablo, Guernica. A sa grande surprise, il doit traverser de nombreuses salles consacrées à la photographie avant de pouvoir admirer l’œuvre du peintre espagnol. Une révélation en deux chapitres se produit alors : la découverte de la toile de Picasso en noir et blanc, source d’inspiration perpétuelle qui réunit tous les mythes symboliques de l’œuvre du photographe ; et « La Photographie » qui, exposée dans les musées, est reconnue comme un Art à part entière aux Etats-Unis. Dès lors, Lucien Clergue s’investit d’une mission, faire reconnaître l’existence de la Photographie en tant qu’Art en France. Il y parviendra quarante-cinq ans plus tard, en 2006, à la création de la VIIIème section de l’Académie des BeauxArts : La Photographie, et à son élection au premier fauteuil d’académicien à l’Institut de France. Afin d’atteindre son objectif, que de détermination et d’engagement, que d’expériences photographiques entreprises, que de recherches graphiques, que d’échanges entre artistes, que d’énergie déployée, que de chemins parcourus pour élever la photographie au rang mérité. Car Lucien Clergue n’est pas un photographe comme les autres. Issu d’un milieu modeste, sa mère, Jeanne, tient l’épicerie du quartier avec difficulté. Lucien a sept ans lorsque son père quitte le domicile conjugal. Sa mère, lui offre son premier violon dès ses 8 ans. Dotée d’une grande sensibilité, elle rêve que son fils soit artiste. Leur maison est bombardée pendant la guerre, il n’a que 10 ans, et c’est le jeune Lucien qui s’occupe de sa mère malade et livre les clients de l’épicerie. Le commerce est fragile, les dettes s’accumulent, le jeune adolescent ne peut poursuivre ses études, il entre à l’usine « Le Lion d’Arles ». C’est à nouveau sa mère qui offre à son fils son premier appareil photo pour ses 13 ans. Dès son plus jeune âge, c’est la poésie empreinte d’une certaine mélancolie qui anime le photographe arlésien. Elle occupera une grande place dans son œuvre tout comme la musique. La Chacone de Bach,

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Pourtant, le musée n’a pas les moyens de payer le voyage du photographe aux Etats-Unis, c’est un mécène suisse et collectionneur qui lui viendra en aide. Quant à Picasso, il a également sa part à jouer dans cette aventure américaine puisqu’il offre le voyage de Yolande, l’épouse du photographe. Les cieux sont de bon augure pour ce jeune couple amoureux qui effectue son premier voyage aux Etats-Unis.


une de ses œuvres favorites rythmera sa vie, ses maquettes de livres, lui donnera un cadre, une colonne vertébrale. C’est sans doute dans la série des Saltimbanques que l’on retrouve ses souvenirs d’enfance les plus mélancoliques, mais aussi les plus profonds. A la sortie de la guerre, le jeune homme plonge dans son imaginaire et réunit ses amis afin de les faire poser au milieu des maisons en ruines. Il leur confectionne des costumes de danseur, arlequin, trapéziste, acrobate, violoniste en plongeant dans ses armoires à partir de ses vêtements personnels, pyjamas et autres. Il crée sa « Grande Récréation » comme une pièce de théâtre où les acteurs de l’enfance auraient chacun leur place, torturés d’inquiétude et de questions sans réponse. Pendant neuf mois, en 1954-55, il photographie ses amis dans la ville d’Arles éventrée par les bombardements, sous une lumière pâle, sans soleil. Le jeune homme habite le quartier de la Roquette aux bords du Rhône, où les gitans ont élu domicile. Lucien Clergue est fasciné par la liberté absolue de ces fils du vent chez qui le moment présent est la seule existence possible, où le lendemain n’existe pas. C’est là qu’il prend sa « première bonne photo », le montreur de singe venu distraire les habitants du quartier en 1953. Le pèlerinage des gitans aux Saintes Maries de la Mer est le rendez-vous annuel de la communauté gitane, il y retrouve son voisin de quartier le chanteur José Reyes, puis découvre le guitariste Manitas de Plata. Epris de liberté, et séduit par leur talent, il les propulse sur les plus grandes scènes internationales. Ils occuperont une place privilégiée dans l’œuvre de Lucien Clergue, les guitares gitanes ne le quitteront jamais. Elles ouvrent les portes, les rencontres s’enchaînent : Brigitte Bardot, Charlie Chaplin, Picasso. Un nouveau monde s’ouvre à lui.

Jeune homme, je ne sais pas où vous voulez en venir, mais je vous supplie de continuer. IZIS, 1953 Sa rencontre avec Picasso en 1953 est déterminante. Il vient de perdre sa mère, photographie des charognes, des craquelures, des taureaux, son univers est fortement marqué par la mort et c’est en observateur attentif qu’il déploie son regard de poète.


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Les photographies de Clergue sont les carnets de croquis du Bon Dieu. PABLO PICASSO

Lorsqu’il présente ses photographies à Picasso qui l’encourage à poursuivre sa quête, le photographe se sent soutenu dans sa recherche graphique et s’applique à nourrir l’œil du peintre espagnol. Entre eux le courant passe, Lucien est vite adopté par le couple dans l’intimité de leurs diverses demeures de la Côte d’Azur, et Picasso est heureux de se retrouver aux Ferias d’Arles ou de Nîmes, près de son Espagne natale qui lui manque tant. On découvre un Picasso détendu et heureux à travers ces photographies qui témoignent de la vie simple du peintre, en toute intimité. Cette immersion dans la culture hispanique

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Les joncs courbés par le vent, les reflets du soleil sur les plages de Camargue, ou sur les étangs mystérieux et les algues des marais, la nature est son terrain de jeu ainsi que les éléments qui l’organisent. Le jeune photographe écrit son histoire comme un compositeur écrit sa partition musicale. Elle reste extrêmement graphique et contrastée en utilisant les quatre éléments, l’eau, la terre, le feu et l’air. Lucien Clergue pose ses pinceaux et va composer avec ces éléments tout au long de sa carrière. « Donner une image directe de la réalité ne m’intéresse pas, mes photos ont une part d’ambiguïté et une part de rêve, ce sont des métaphores ». C’est sans doute dans cette série que la face de l’artiste se révèle le plus. Il nous livre en observateur attentif les mystères de la nature, ses secrets, parfois indéchiffrables. C’est le sable avant tout qui l’inspire, l’origine du monde qui « raconte une histoire, celle de l’homme » comme il l’écrit lui-même. Il se rend sur les plages de Camargue, à quelques pas de Faraman, le village natal de sa mère, Jeanne Grangeon. Fortement inspiré par ces signes de vie, traces d’oiseaux, d’insectes, d’eau, de vent, il élabore son propre langage et présente un Doctorat de 3ème cycle « Langage des Sables » à l’Université de Provence à Marseille en 1979 en présence de Roland Barthes. C’est un doctorat sans texte ni parole, seule l’image parle, une véritable révolution. Roland Barthes écrira la préface du livre paru en 1980.


l’enchante et l’inspire, il redevient le Minotaure. Il écoute avec joie la guitare ensorcelante de Manitas de Plata qui lui rend visite, la vie est revenue, l’amitié entre les deux hommes ne peut que se renforcer, les rencontres sont régulières. Picasso veut faire plaisir à Clergue et vice versa, Jacqueline, toujours présente, entretient la relation épistolaire entre Arles et la Côte d’Azur, et se fait l’interprète du maître espagnol qu’elle protège du monde extérieur. Le couple deviendra parrain et marraine de la cadette de la famille, Olivia. C’est à l’initiative de Picasso que Lucien Clergue rencontre Jean Cocteau en 1957. Le poète est aussitôt séduit par le photographe qui lui donne accès à un monde qui le fascine, celui des gitans. Son inspiration est telle qu’il ira jusqu’à reproduire les scènes de photographies de Clergue dans ses fresques de la chapelle de Villefranche sur Mer. Il invite le photographe sur le tournage du Testament d’Orphée aux Baux-de-Provence en 1959 auquel participent Picasso, Jacqueline, Serge Lifar, Luis Miguel Dominguin et Lucia Bosé. Quant à l’arlésien, il est séduit par le poète qui vit sa vie « en poésie » perpétuelle et découvre une nouvelle nourriture spirituelle. Cette proximité avec Picasso et Cocteau l’inspire sur de nouveaux terrains. Après avoir exhumé son côté morbide avec Thanatos, la lumière et la vie arrivent dès 1955 avec les premiers nus de la mer, Eros est de retour. En 1957 paraît le premier ouvrage du photographe aux éditions Seghers « Corps mémorable » accompagné des poèmes de Paul Eluard, illustré par Picasso et Cocteau, c’est la révélation pour le grand public, Lucien Clergue entre en scène.

Clergue fut sans doute le seul témoin de la naissance d’Aphrodite, qu’on se le dise. COCTEAU

En abordant le nu, il entre dans la vie, séduit à nouveau ses amis. Grand timide, il osera déshabiller les filles pour mieux découvrir leur corps de Vénus sortie des eaux, car c’est la femme originelle qui intéresse Lucien Clergue, la femme sans tête, intemporelle, universelle. C’est sur les plages de Camargue que ces femmes deviendront


Lucien Clergue aime l’échange avec les artistes. Dès son retour de New York en 1961, il monte la première collection photographique avec Jean-Maurice Rouquette, conservateur des musées d’Arles, au Musée Réattu. La base des fondements de la photographie à Arles est créée. C’est sans doute à partir de là qu’est née cette idée de réunir les photographes à Arles avec la création des Rencontres Internationales de la Photographie en 1969. La force de Clergue fut de ne jamais abandonner sa ville natale, son Arles adorée. Sans cesse en voyage, à la découverte du monde, de nouveaux lieux d’inspiration ou de rencontres particulières, il est suivi dans son sillage et parviendra à faire venir la création à Arles. Le photographe se nourri de ses rencontres entre artistes comme avec Picasso ou Cocteau, et réciproquement. Il reste en contact avec le MoMA afin d’agrandir la collection du Musée Réattu d’Arles qui aujourd’hui compte plus de cinq mille œuvres. Il offre lui-même 360 photographies de son travail afin que le Musée Réattu puisse disposer d’un ensemble cohérent de son œuvre. La fidèle assistante d’Edward Steichen, Miss Grace Mayer continue de soutenir le travail du photographe, tout comme John Szarkowski, le nouveau directeur du département photographique qui succède à Edward Steichen. Aujourd’hui, l’aventure revient à ses débuts, les deux hommes sont réunis sur le même territoire. Deux grands hommes qui ont participé activement et avec un engagement sans faille non seulement à l’existence mais à la reconnaissance de la Photographie sur deux continents, le nouveau monde et l’occident. Ils font partie tous deux de l’histoire de la photographie dans le monde, Lucien Clergue, l’Arlésien et Edward Steichen, le Luxembourgeois. Leurs étoiles brillent au-dessus de nos têtes.

Anne Clergue

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statues antiques, pleine de vitalité, enroulées dans la vague. Une telle fraîcheur dans la photographie de nu, sans ambiguïté aucune n’avait jamais été présentée auparavant. Il ose rester à la fois académique et révolutionnaire. Le succès est immédiat.



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CHAPITRE TROIS

Lucien Clergue & Edward Steichen


Edward Steichen – Lucien Clergue Une rencontre transatlantique

En 1961, Lucien Clergue, âgé alors de vingt-sept ans, était invité à participer à sa première exposition aux EtatsUnis, Diogenes with a Camera V, au Musée d’Art Moderne (MoMA) à New York, où il devait figurer à côté de Bill Brandt et de Yasuhiro Ishimoto. Le commissaire de l’exposition n’était autre que le directeur du département de la photographie du musée, Edward Steichen, le célèbre photographe américain d’origine luxembourgeoise, en poste au MoMA depuis 1947. Tout au long de sa carrière, Steichen avait gardé des liens étroits avec l’Europe, dont il suivait avec un intérêt pointu l’évolution de la scène artistique. Il était lié d’amitié avec les plus grands esprits créatifs, comme Rodin ou Brancusi, mais il était particulièrement soucieux de promouvoir des nouveaux talents, d’un côté de l’Atlantique, comme de l’autre. La force poétique brute des premiers travaux photographiques du jeune Clergue ne pouvait que l’attirer. Ainsi il lui avait acheté dix tirages en 1958. Les chemins des deux photographes s’étaient en effet croisés la même année en Suisse, par musée interposé, au « Kunstgewerbemuseum » de Zurich (aujourd’hui « Museum für Gestaltung »). Clergue y avait sa première exposition en même temps que l’établissement montrait The Family of Man de Steichen. Les Notes on Edward Steichen que Clergue avait rédigées dans les années 1980 révèlent l’impact de cet acte de reconnaissance : « Encouraged by this first purchase (prints were payed 10 $ each by the Museum) I asked if it will be any chance to have an exhibition at the Museum of Modern Art. Miss Grace Mayer1 replied, to say I was too young to have a one man show ».2 1 Grace Mayer (1901 – 1996) avait commencé sa carrière en 1937 au Musée de la Ville de New York, où elle était « Curator of Prints ». En 1957, elle rejoignait Steichen au MoMA pour la préparation de l’exposition Seventy Photographers Look at New York, MoMA 1958, et devenait son assistante personnelle par la suite. Elle était nommée « Curator of Photography » en 1962 par John Sarkowsky. Après sa retraite du musée en 1968, elle continuait à travailler comme bénévole aux Archives Edward Steichen du MoMA. Elle comptait un grand nombre de photographes parmi ses amis, dont aussi Lucien Clergue. Voir : https://www.moma.org/learn/resources/archives/EAD/Mayerf (accédé 14.10.2017). 2 Les Notes on Edward Steichen par Lucien Clergue ainsi que toutes les autres lettres citées dans cet essai ont été généreusement mises à disposition par la famille Clergue. Elles sont reproduites en page 32 de ce catalogue.

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Clergue se rendit à New York, ensemble avec son épouse Yolande, pour assister au vernissage. Ses notes insistent sur le fait que le MoMA n’avait pas pris en charge les frais de voyage, mais que le déplacement était rendu possible grâce à un sponsor européen dont il ne décèle pas le nom, ainsi qu’avec le soutien financier de son ami Picasso. Au vernissage de l’exposition, il rencontre finalement Steichen en personne. Fortement impressionné par son apparence physique, Clergue se souvenait encore dans les années 1980 de ce personnage plus grand que nature : « I was impressed by his size very big, and his head specially, so impressing, bigger than any one I knew ». Et plus loin: « I asked why he finally decide to present my work as I was still young (Mr Brandt was almost 30 years older) the answer was “I did not want to leave this position without introducing you to America”.4 I must confess Mr Steichen impressed me so much that I never try to see him again, I was too shy for it. But visiting regularly Miss Mayer, I had the feeling to [b]e still in contact with him ».5 De son côté, Steichen avait exprimé sa joie à la perspective de voir Clergue assister au vernissage pour qu’il puisse y faire la connaissance de photographes américains. Dans une lettre du 19

3 https://www.moma.org/calendar/exhibitions/3424/installation_images/0 4 Steichen quittait le MoMA en 1962. 5 Steichen en avait impressionné plus d’un. En 1962, ce fut au tour du jeune journaliste luxembourgeois Rosch Krieps de succomber au charisme et à la démesure du ‘doyen de la photographie américaine’. Krieps en brossait un portrait tout à fait similaire dans ses nombreux écrits, et surtout dans Kultur im Kleinstaat, 2006. Éditions Schortgen, Esch-sur-Alzette. p. 151.

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Clergue n’aura pas d’exposition monographique, mais en l’entourant en 1961 de Bill Brandt et de Yasuhiro Ishimoto, deux artistes à la renommée internationale confirmée, Steichen fit instantanément accéder le jeune Français au canon photographique, où il est resté depuis. Et quelle belle exposition que l’on retrouve en ligne aujourd’hui dans les archives digitales du MoMA3 ! Trois philosophes à la caméra, scrutant de manière intense la société dans laquelle ils évoluent, tout en étant à la recherche de la simplicité, de l’abstraction pure des formes. Et Steichen, d’une main de maître –ou devrions-nous parler d’œil de maître plutôt ? – avec brillance et légèreté a su les faire se rencontrer dans un espace élégant et pertinent, où leurs œuvres se complètent et se mettent en valeur de manière réciproque. Brandt, rond et fluide, Ishimoto géométrique et minéral et Clergue, sauvage, farouche, insatiable.


juillet 1961, il souligne qu’une telle rencontre contribuerait à « l’avancement de la photographie moderne, décidément avec un bénéfice mutuel pour tous les concernés ».6 Nous y retrouvons bien Steichen en éternel réseauteur, tissant des liens, mais poussant aussi à l’évolution de son moyen d’expression de choix, la photographie. Si nous ne disposons pas de traces écrites du vernissage et des échanges entre photographes, une lettre de Grace Mayer en réponse à un témoignage de Lucien Clergue au moment du décès d’Edward Steichen, en 1973, est preuve des relations durables qui s’étaient formées à partir de l’exposition de 1961. Mayer décrit le service funéraire de Steichen au musée-même, la salle décorée de delphiniums, ses fleurs préférées. Elle évoque ses relations amicales avec Picasso, et la coïncidence singulière que « l’Espagnol » et le « Captain » comme Steichen aimait se faire appeler, avaient disparus presqu’au même moment. L’un comme l’autre étaient des mentors pour Clergue et l’avaient guidé dans ses choix et sa carrière. La lettre de Mayer se termine sur une note personnelle et touchante. Elle dit tout simplement : « When are you and Yolande coming over ? I miss you and we have many things to say to one another. »7 Nous ne connaissons pas le fond des conversations, mais à travers ces lettres, le souvenir de leurs auteurs reste vivant et il accompagne les photographies choisies pour ce catalogue en résonnant de manière claire et distincte. Françoise Poos Chercheuse et curatrice indépendante

6 Lettre d’Edward Steichen (Museum of Modern Art, New York) du 19 juillet 1961, adressée à Lucien Clergue. Archives privées de la famille Clergue. Reproduction page 15 de ce catalogue. 7 Lettre de Grace Mayer (Museum of Modern Art) du 15 avril 1973. Reproduction page 31 de ce catalogue.


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CHAPITRE QUATRE

vintages camargue


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Cette fresque graphique est la base du travail de Lucien Clergue qu’il enrichit tout au long de sa vie. On y retrouve les quatre éléments : l’eau, la terre, le feu, l’air. Ce corpus initié en 1959 trouve sa consécration en 1979 lors de la présentation de sa thèse de doctorat « Langage des sables » à l’Université de Marseille, sans texte ni parole. Seule l’image parle. Le photographe se penche sur une écriture singulière avec la lumière, à travers les contrastes de la nature et les éléments qui la composent. Il nous confie son propre langage à travers l’observation de craquelures, insectes, érosions, algues, marais, mousse de sel, maïs, riz, sables, vignes, roseaux, étangs et marécages. Ces grands formats 50X60 cm vintages ont été tirés par l’auteur, dans sa chambre noire sur du Papier Lumière qui n’existe plus aujourd’hui. Les photographies glacées et séchées sur des miroirs faisaient un bruit de mitraillette en se détachant de la vitre. Le papier était sec, l’image était prête.



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CHAPITRE CINQ

gitans


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Après les bombardements de 1944, la famille Clergue change de quartier pour se retrouver aux bords du Rhône, à la Roquette, le quartier des mariniers et des gitans. Les ruelles sont étroites, la promiscuité décuplée, les maisons sont collées les unes aux autres sur un même modèle : trois pièces, l’une au-dessus de l’autre. Le quartier est pauvre, insalubre, grouille de gitans, ressemble à un petit village. C’est là que Jeanne, la mère du petit Lucien tient son épicerie. La fréquentation des gitans est comme une bouffée d’air frais pour le jeune photographe qui sort blessé d’une adolescence triste et douloureuse et prend sa première « bonne » photo à 19 ans, en 1953 : le montreur de singes. Les tsiganes chantent, dansent, forment le cercle, vivent l’instant présent au son des guitares. Ils ne connaissent qu’une chose, la liberté. Lucien Clergue porte un regard d’une grande humanité et bienveillance sur cette communauté digne qui l’accompagne au quotidien et façonne ses goûts musicaux. Il est séduit par la voix du chanteur José Reyes, le père des Gipsy Kings, qui lui présente Manitas de Plata, avec lesquels il fera le tour du monde.



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CHAPITRE SIX

picasso


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C’est à son audace que Lucien Clergue doit sa rencontre avec Picasso en 1953, lorsqu’il lui présente ses photographies de charognes, craquelures, marécages, à la sortie d’une corrida. Picasso montre un intérêt certain pour son travail et demande à en voir davantage. « Les photos de Clergue sont les carnets de croquis du Bon Dieu » dit-il. Désormais, Clergue crée pour Picasso, lui apportant une inspiration nouvelle. Leurs rencontres sont régulières, entre Arles, Nîmes, Cannes, Mougins et Fréjus. Picasso est en contact avec sa culture, il se sent proche de l’Espagne en assistant aux corridas. La fréquentation des gitans et de Manitas de Plata le plonge dans une atmosphère de joie et de fête qui l’enchante. Cette amitié s’éteindra à la disparition du peintre en 1973.



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CHAPITRE SEPT

cocteau


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Lucien Clergue — Poète photographe

Testament d’Orphée La rencontre avec Jean Cocteau a lieu en 1956. L’intérêt mutuel que les deux hommes se portent leur inspire de nombreuses créations artistiques, livres, textes, poèmes, dessins et photographies. En atteste une riche correspondance dès 1955, jusqu’à la disparition du poète en 1963. Le poète copiera même trait pour trait les photographies de gitans de Clergue dans la Chapelle de Villefranchesur-Mer. Le photographe est fasciné par cet homme qui vit l’instant présent comme une poésie. Invité à photographier le tournage du dernier film de Cocteau, le Testament d’Orphée en 1959 aux Baux-de-Provence, le témoignage photographique qu’il nous livre est particulièrement émouvant. Pierre Bergé l’a bien saisi : « L’œil du poète et celui du photographe parfois ne font qu’un. L’écriture de Cocteau se développe devant nous comme un négatif et les photographies de Lucien Clergue racontent mieux que des mots la longue quête du génie. »



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CHAPITRE HUIT

saltimbanques


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Lucien Clergue — Poète photographe

Pendant neuf mois, entre 1954 et 1955, au milieu des ruines de la ville d’Arles, Lucien Clergue photographie sa « Grande Récréation » sous une lumière diaphane. Comme dans un décor de théâtre, il met en scène ses saltimbanques, compagnons de jeux d’une enfance empreinte d’une profonde mélancolie. Danseuse, trapéziste, arlequin, acrobate, violoniste, aucun ne sourit devant l’objectif. Le photographe est sans doute incarné en violoniste et donne toute sa dimension poétique à cette série en dévoilant sa sensibilité.



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CHAPITRE NEUF

nus


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Lorsqu’il aborde le thème du nu en 1955, le jeune photographe sort d’une période de profonde tristesse liée à la disparition de sa mère. La mort rôde tout près, Thanatos règne. Il perd le soutien de ses amis en leur présentant ces images morbides. Il décide alors de les séduire à nouveau. En tant que grand timide, l’appareil photographique est un prétexte pour déshabiller les femmes. Pourtant, aucune ambiguïté dans ces images. Ce que Clergue cherche, c’est la femme universelle, intemporelle, telle une statue antique, Vénus d’Arles ou Aphrodite, caressée par la vague. En 1957 sort son premier livre, « Corps mémorable » illustré par des poèmes d’Eluard. Picasso signe la couverture et Cocteau le poème liminaire. Son destin s’ouvre dans la lumière, Eros est revenu.



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Lucien Clergue — Poète photographe


CHAPITRE DIX

biographie


1934

1934

Lucien Clergue est né à Arles dans les Bouches-du-Rhône le 14 août de parents commerçants. Dès l’âge de sept il étudie le violon.

Lucien Clergue avec son violon, Arles 1950 © Chaine

1939

1944

Il est profondément affecté par la guerre au cours de laquelle sa maison est détruite.

1947

Mon père et moi ca.1945

A treize ans, sa mère lui offre son premier appareil photographique.

1952

Sa mère disparaît. Il abandonne ses études en classe de seconde afin de travailler à l’usine du Lion d’Arles.

La maman de Lucien Clergue, 1952

1953

Il rencontre Pablo Picasso à Arles à la sortie d’une corrida.

Lucien Clergue et Pablo Picasso Arles, 1952

1954 163

Lucien Clergue — Poète photographe

Lucien Clergue par son père à Arles


1954

1954

Il débute la série Les Saltimbanques qu’il photographiera pendant huit mois dans les ruines d’Arles.

LC et Marie José Arles, 1955

1955

Il rend visite à Picasso pour la première fois dans son atelier de Cannes. 1956

L’Atelier de Picasso Notre Dame de Vie, Mougins

1957

Couverture de Corps mémorable, Editions Seghers 1957

1958

Il rencontre Jean Cocteau. Premiers nus sur les plages de Camargue. Il publie son premier livre « Corps mémorable » aux éditions Pierre Seghers, illustré par les poèmes de Paul Eluard. Picasso réalise la couverture et Cocteau écrit le poème liminaire. Edward Steichen achète dix épreuves pour les collections du Museum of Modern Art (MoMA) de New York.

Edward Steichen NY, 1961

1959

LC & Cocteau tournage Les Baux de Provence, 1959

1961

Lucien Clergue et Yolande Clergue NY, 1961

Il quitte l’usine le 31 décembre pour devenir photographe indépendant. A l’invitation de Jean Cocteau, il photographie le tournage du film "Le Testament d’Orphée" aux Baux-de-Provence. Premier voyage à New York à l’invitation d’Edward Steichen. Exposition "Diogenes with a camera V" au Museum of Modern Art (MoMA), New York. Il expose 66 photographies.


1963

Mariage avec Yolande Wartel avec qui ils auront deux filles, Anne et Olivia, qui sera la filleule de Picasso.

Lc et ses filles Arles, 1968

1965

Il devient conseiller à la création du département de photographie du Musée Réattu, Arles qui comprend aujourd’hui plus de cinq mille oeuvres.

1966 Taureau mourant, 1970

1968

Son film "Delta de sel" (1967) est présenté au Festival de Cannes et nominé pour un Oscar.

Plage de Camargue, 1971

1969

Il devient Directeur Artistique du Festival d’Arles et crée les Rencontres Internationales de la Photographie avec Jean-Maurice Rouquette et Michel Tournier. La première édition de 1971 regroupe Todd Webb, Jean Claude Lemagny, Michel Tournier, Jean Claude Gautrand, Lucien Clergue, Jean Pierre Sudre, Denis Brihat, Edouard Boubat, Jean Maurice Rouquette, Jean Dieuzaid.

© Marc Perard, 1969

1973

La disparition de Pablo Picasso l’affecte particulièrement.

Picasso dernier portrait Mougins, 1971

1974 165

Lucien Clergue — Poète photographe

Prix Louis Lumière pour "Le Drame du taureau", courtmétrage en noir et blanc.


1974

1975

Premiers nus urbains à Paris et New York ; il commence à s’intéresser à la photographie en couleur.

NY, 1979-79504

1976

Tous les tirages sont effectués par Lucien Clergue dans sa chambre noire à Arles, immortalisé ici en pleine action par Jean Dieuzaide

Lucien Clergue dans la chambre noire de son atelier à Arles, 1976 © Jean Dieuzaide

1979

Il présente son Doctorat de 3ème cycle en photographie « Langage des Sables » à l’Université de Provence, Marseille. C’est un doctorat sans texte ni parole, uniquement composé d’images, soutenu devant Roland Barthes.

Grain de sable 1211-13

1981

Premiers travaux au Polaroïd.

TVshow Sutton place Midnight-NY, 1987

1985

Premières photographies avec un appareil Polaroïd grand format (50 x 60) à Boston.

1989

Polaroïd Femme en jaune NY, 1986

1990

Il est l’invité d’honneur des XXèmes Rencontres Internationales de la Photographie Il transforme l’erreur d’une assistante en création et débute la série des surimpressions. Deux images se superposent afin d’en créer une troisième.

Nu ornithologiaque-PARIS-ARL, 2004

1994


1994 1997

Il traite le nu en surimpression couleur avec des oeuvres des Musées Américains ainsi que des tableaux du Louvre. 2001

Esplange Nimes-NY 1993

2006

Premier photographe élu à l’Académie des Beaux Arts de l’Institut de France, Paris. Ouvre la VIIIème section consacrée à la Photographie. Il est reçu sous la Coupole de l’Institut de France le 10 octobre 2007. Christian Lacroix réalise son habit et son épée d’académicien.

LC l'œuil dans l'épée, 2008 © R.Durand

2009

Il est honoré par de nombreuses expositions en France et à l’étranger.

LC at Galerie Clairefontaine, 2010 © Galerie Clairefontaine

2014

A l’occasion de son 80ème anniversaire, de nombreuses expositions sont organisées à Madrid, New York, Toronto, Aix-en-Provence et Arles. Il disparaît le 15 novembre à Nîmes.

Lucien Clergue 2014, © Katharine Cooper

2014 En 2015, Les 46ème Rencontres Internationales de la Photographie lui sont dédiées. La RMNGrand Palais lui rend hommage à travers l'exposition "Lucien Clergue, Les Premiers Albums" sous la direction artistique et le commissariat de François Hébel et Christian Lacroix. Elle est organisée par la RMN Grand Palais en collaboration avec l'Atelier Lucien Clergue. Le Comité Lucien Clergue constitué par les trois héritières, Yolande, Anne et Olivia continuent à faire vivre l’oeuvre de Lucien Clergue dans son atelier à Arles.

167

Lucien Clergue — Poète photographe

Interdit à Cuba par l’administration de Fidel Castro; raison invoquée : « photographe de nu ».


CHAPITRE ONZE

index


COUVERTURE

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Lucien Clergue et Pablo Picasso Notre-Dame de Vie Mougins, 1969 ©DR Funambule traversant le Rhône Arles, 1955 Lucien Clergue dans la chambre noire de son atelier à Arles 1976 © Jean Dieuzaide

Lucien Clergue sur la plage Camargue, 1958 © Caroline Taste Lucien Clergue et son violon Arles, 1950 © Chaine

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Lucien Clergue et Roland Barthes Marseille, 1979

PAGE 24-25

Dessin Cocteau, 1957 et photo Lucien Clergue, 1960

Lucien Clergue et Picasso Arles, 1956

Lettre d'Edward Steichen 19 juillet 1961 Lucien Clergue ©Alain Dejean Arles, 1965

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Vue de l'exposition au MoMA New York 1961

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Vue de l'exposition au MoMA New York 1961

Lucien Clergue - Edward Steichen MoMA New York, 1961 Lettre de Grace Mayer 15 Avril 1973

Lettre Steichen, 5 mai 1961

169


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CHAPITRE QUATRE

vintages camargue Edward Steichen NY 1961 Craquelure. Beauduc, Camargue, 1964

Sables Camargue, 1971

Notes on Edward Steichen by Lucien Clergue, 1982 PAGE 40

PAGE 43

Algues Camargue, 1962 Sables Camargue, 1968

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Salines Camargue, 1969

Soleil des marais 1962

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Etang salé Camargue, 1962

Fontaines de Seagrams New York, 1961

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Soleil des marais Camargue, 1962

Reflets sur le sable Camargue, 1970

PAGE 46

Fontaines du Grand Palais Paris, 1963

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Algues, in Genèse Camargue, 1967


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Etangs Arles, 1959

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Etang Arles, 1959

Champ de roseaux Camargue, 1964

Roseaux Camargue, 1971

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Etang de Sassi Arles, 1959

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Maïs Camargue, 1960

Camargue 1960

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Maïs Arles, 1960

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Riz Arles, 1960

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Plage Camargue, 1964

Mousse de sel Salines, Camargue, 1965

Plage Camargue

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Vignes inondées Arles, 1960

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Riz Camargue, 1960


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CHAPITRE CINQ

gitans Petite fille dansant, Manitas de Plata et José Reyes Les Saintes-Maries-­de­-la-Mer, 1955

Le guitariste (Manitas de Plata) Les Saintes-Maries-­de­-la-Mer, 1958 Danseuse gitane et musiciens Les Saintes-Maries-­de­-la-Mer, 1958

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Jeune gitan portant la statue de Saint Sara Les Saintes-Maries-de-la-Mer, 1959

Femmes en pleurs devant sa caravane Les Saintes-Maries-de-la-Mer, 1962

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Jeune femme dansant Les Saintes-Maries-de-la-Mer, 24 mai 1957

On forme le cercle Les Saintes-Maries-de-la-Mer, 1958

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L’oiseau tombé du nid Arles, 1955

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Jeune fille à la guitare cassée Les Saintes-Maries-de-la-Mer, 1957

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Draga en robe à pois Les Saintes-Maries-de-la-Mer, 1957

La Danse du mariage gitan Les Saintes-Maries-de-la-Mer, 1963

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Ninos Les Saintes-Maries-de-la-Mer, 1956

Sainte Sara conduite à la mer par les gitans et les gardians à cheval Les Saintes-Maries-­de­-la-Mer, 1958 Le montreur de singes Arles, 1953


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Picasso dernier portrait Mougins, 1971

Picasso à la plage Cannes, 1965

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CHAPITRE SIX

picasso

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Luis Miguel Dominiguin, Jacqueline Picasso, Pablo Picasso, Lucia Bosé, Tournage du Testament d’Orphée, Les Baux de Provence, 1959

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Manitas de Plata joue pour Picasso et Jacqueline Notre Dame de Vie, Mougins, 1968

Pablo Picasso, Jacqueline, Catherine et Jaime Sabartés La Californie, Cannes, 1955

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Picasso, président de la corrida Fréjus,1962

L’Atelier de Picasso Notre Dame de Vie, Mougins

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L’Atelier de Picasso Notre Dame de Vie, Mougins, 1965

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Picasso à la cigarette La Californie, Cannes, 1956

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CHAPITRE SEPT

Jean Cocteau, Pablo Picasso, Luis Miguel Dominguin aux arènes d’Arles, 1959

cocteau

Le poète et le sphinx Tournage du Testament d’Orphée, Les Baux de Provence, 1959 Le poète croise l’homme cheval Tournage du Testament d’Orphée, Les Baux de Provence, 1959

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Jean Cocteau exhale la fumée Tournage du Testament d’Orphée, Les Baux de Provence, 1959


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Les Saltimbanques Arles, 1955

Jeune Danseuse Les Saltimbanques Arles, 1955

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CHAPITRE HUIT

saltimbanques Jean Cocteau et François Truffaut Tournage du Testament d’Orphée, Les Baux de Provence, 1959

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Violoniste Les Saltimbanques Arles, 1955

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Funambule traversant le Rhône Arles, 1955

Arlequin Les Saltimbanques Arles, 1955 Trapéziste Les Saltimbanques Arles, 1955

Acrobate Les Saltimbanques Arles, 1955

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La Grande Parade Les Saltimbanques Arles, 1955

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CHAPITRE NEUF

nus

Nu de la plage Camargue,1964

Née de la vague Camargue,1966 Nu de la plage Camargue,1966

Nu au bras levé Camargue,1966


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Nu de la mer Camargue,1956

Nu de la mer Camargue,1956

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Géantes Camargue,1978 Nu de la mer Camargue,1957

Née de la vague Camargue,1966

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Nu de la mer Camargue,1956

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Nu de la mer Camargue,1956

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Nu de la mer Camargue,1956

Nu de la mer Camargue,1956 Nu de la mer Camargue,1956

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Nu de la mer Camargue,1956 Nu de la mer Camargue,1971 Couverture de Genèse Nu de la mer Camargue,1956 Née de la vague Camargue,1961

175



Translations

Jean Cocteau, in 2013, and Picasso, in 2016. The Ville de Luxembourg and Cercle Cité are delighted to bring together some 60 photographs from the selection shown in the Grand Palais exhibition of Clergue's work in Paris in 2015. Known for his images of nudes, landscapes in the Camargue, portraits of the travelling entertainers known as Saltimbanques and artists, Lucien Clergue left us an immense body of artistic work. His photographs are hung in the world's most important museums. Lucien Clergue was also a leading cultural figure. He founded a major international photography festival, the Rencontres d'Arles, with his friend Jean-Maurice Rouquette and writer Michel Tournier. The festival is approaching its 50th year, exhibiting the work of major artists and attracting tens of thousands of visitors every year to its home in the south of France. He was also key in gaining recognition for photography as an art form in its own right. The photographic scene in Luxembourg is dynamic and compelling. I am delighted that the Grand Duchy launched a collaboration with the Rencontres d'Arles this summer, 2017. The exhibition, Flux Feelings drew large numbers of people and I am confident that this partnership will be a long and rewarding one. It is a clear sign of the vibrant artistic and cultural exchanges between our two countries. Through this exhibition of Lucien Clergue's body of photographic work, Cercle Cité reveals a man of great sensitivity, open to many sources of inspiration, engaged, with close ties to the culture of the Camargue gypsies and a friend of the greatest artists of his time.

Preface by Lydie Polfer, Mayor of Luxembourg City Luxembourg City is honoured to hold this exhibition of the work of Lucien Clergue, a native of Arles and the founder of the Rencontres d’Arles, marking the first year that Luxembourg had a presence in the Rencontres. Lucien Clergue is well known for his friendship with some of the biggest names in 20th Century art, including Edward Steichen, who discovered Clergue's work at the end of the 1950s when he was director of the Department of Photography at MoMA in New York. Clergue's friendship with Pablo Picasso and Jean Cocteau also dates back to this time. Of course, the Cercle Cité Ratskeller has already explored these remarkable friendships with two exhibitions in recent years: Jean Cocteau - l’œuvre graphique in 2012/13 and Picasso et les animaux in 2016. This exhibition dedicated to Lucien Clergue, Poète Photographe, follows as the next in a logical series. It is inspired by the exhibition on the photographer’s work held in the Grand Palais in Paris in 2015, Les Premiers Albums. Like Lucien Clergue and Edward Steichen, who campaigned tirelessly for the recognition of photography as a major art form, Luxembourg gives photography pride of place as a fine art (known as the sixth art in the French classification of the arts). The Photothèque de la Ville de Luxembourg has a large collection of 3.6 million photos by major Luxembourg photographers, dating from 1855 to the present day. We are especially proud that Luxembourg has its own collection of Edward Steichen's works, which are currently on display in the city as part of the Time Space Continuum exhibition at Villa Vauban. Steichen's images are shown together with a selection of paintings and sculptures by Luxembourg artists who were contemporaries of the acclaimed American photographer. On behalf of Luxembourg City, I would like to thank curator Anne Clergue, as well as Anouk Wies and the Cercle Cité team for their work in organising this important exhibition in homage to the poet of photography.

I am deeply grateful to the institutions and partners involved in organising this compelling show.

Preface by Yolande Clergue Lucien Clergue, Photographer? Lucien Clergue came here to Luxembourg for the first time at the invitation of Cercle Cité to give a talk first on Pablo Picasso, and then on Jean Cocteau, his two close friends. During these visits to Cercle Cité, Clergue opened new doors, with new possibilities and plans for the future, and the seeds for this major exhibition of his work were sown.

His Excellency, Bruno Perdu French Ambassador to Luxembourg

“Lucien Clergue, Photographer?” Poet, film maker, painter, musician or architect? All of these seem to meld in the founder of the Rencontres Internationales de la Photographie. Lucien Clergue is one of the major figures in contemporary photography and is acclaimed throughout the world. His work is represented in most major museums, and in public and private collections.

This exhibition of the work of photographer-poet Lucien Clergue follows on from the two exhibitions dedicated to his close friends 177


How did this delicate looking young man succeed in spreading and promoting photography throughout the world? An avid learner, he felt a pressing need to constantly question. He always wanted to be a violinist and played throughout his life. Music was the antidote to the chaos in the world around. He lived to transcend his time. Incidentally, his mother played a crucial role in his future love of the lens when she gave him a tiny toy bakelite camera. The sudden intensity represented by this small object, which had a very accurate viewer, would grow in his memory and create a need that instinctively led him to photography, a discipline he would never leave. This marked the beginning. The lens became his preferred medium to express the inner world he inhabited. He worked only in sunlight, spurred by his creative energy to experiment with effects of light and dark. His images transcend what appeared to his myopic gaze: the play of shadows, sun, water, wind, earth, sand, landscape. His eye behind the camera triumphed as he constantly pushed the boundaries of his art. He returned several times to the antique myth of the Nude, and his studies of light on flesh resulted in a number of infinitely dense images. He was also a frequent visitor to the immense deserts of America to continue his research and satisfy his constant need for space. Finally, the Camargue and his origins in Provence inspired his work from the beginning and are the genesis of his abundant, varied and always astonishing work. Always attuned to the times, Clergue closely documented the biological changes in his native land in solitary and secret meanderings. Above all, he was responsive to the intense pulse of life, always seeking to capture the light that followed him everywhere, guiding him in the solitude conducive to the apogee of his art.

Introduction by Anne Clergue The homage this exhibition pays to Lucien Clergue will form part of the history of photography. There is a link between Lucien Clergue and Luxembourg, since his breakthrough came when Edward Steichen invited him to show 66 photographs alongside the works of Bill Brandt and Yasuhiro Ishimoto in Diogenes with a Camera V at the Museum of Modern Art (MoMA) in New York. He was only 27 at the time. Lucien Clergue met Picasso in 1953 and their friendship lasted until Picasso’s death. He was a regular visitor to the Château de Castille near Uzès, owned by the major Picasso collector, Douglas Cooper. It was here he became acquainted with the modern art that filled

the astute collector’s château. The young photographer rubbed shoulders with the key figures in the art world of the time who all visited Cooper in his stunning home packed with masterpieces. The many people he met in Douglas Cooper's circle were instrumental in Clergue being offered an exhibition in the Kunstgewerbe Museum in Zurich in 1958, at the same time as the museum’s legendary Edward Steichen show, The Family of Man. The young lensman’s work caught Steichen’s attention and he acquired a number of prints for MoMA, where he was head of the Department of Photography at the time. Steichen chose recent pictures representative of the young Arlesian's work: carrion, gypsies, bulls, marshes, travelling entertainers known as Saltimbanques, and his first nudes. Clergue would often repeat: “I addressed the essential themes of my work between 1954 and 1960”. Steichen's visionary eye saw true. The exhibition was part of the series Diogenes with a Camera, with which he sought “to indicate photography's contribution to the search for truth”. The exhibition travelled throughout the United States and closed the series he had started in 1952. Steichen left the Museum of Modern Art shortly afterwards. This recognition of Lucien Clergue’s work in America marked the first of many shows throughout the country, in both private galleries and public institutions. Steichen's commitment to Lucien Clergue was admirable. In his letter of 19 July 1961 he wrote: “I hope that you will be able to realize this, as your meeting the American photographers here and the American photographers meeting you as well as your work would be a fine step in the advancement of modern photography, with a decided mutual benefit to all concerned”. However, the museum didn't have the funds to pay for the photographer's trip to the United States. A Swiss patron and collector stepped in to help. Picasso also played a part in this American adventure by offering to pay the travel expenses for Clergue's wife, Yolande. The omens were good for the pair of young lovers as they made their first journey to the US. No sooner arrived in New York than Lucien Clergue rushed to MoMA to see his friend Pablo's historic painting, Guernica. Much to his surprise, he had to walk through several rooms devoted to photography before he could stand and admire the Spanish artist's masterwork. The experience was a revelation on two fronts. On the one hand, he saw Picasso's painting in black and white, an endless source of inspiration that depicts all the symbolic myths found in the photographer's work. On the other, Clergue saw that Photography was exhibited in museums and recognised in its own right in America. From that point on, Lucien Clergue committed to advancing photography as an art form in France. He would succeed 45 years later in 2006 with the creation of Section VIII for Photography in the French Académie des Beaux-Arts and his election to the Academy of the Institut de France to take up the first Photography seat. Lucien Clergue was unlike any other photographer. He was unstinting in his efforts to achieve his goal and elevate photography to the rank it deserved. His energy knew no bounds and he travelled


down many roads, carrying out experiments in photography and graphic research and engaging in dialogue with other artists. Born into a family of modest means, his mother, Jeanne, struggled to run the neighbourhood grocery shop. Lucien was seven when his father left the family home. He was eight when his mother gave him his first violin. An extremely sensitive woman, she dreamed of a future for her son as an artist. Lucien was only 10 when their house was bombed during the war. He took care of his ailing mother and worked delivering groceries to the shop's customers. Times were tough for the business, debts piled up and the young teenager had to abandon his studies and find employment in Le Lion d’Arles factory. It was also his mother who gave him his first camera for his 13th birthday. From a very young age, he had a love of poetry suffused with melancholy. Poetry would come to occupy a large place in his work, together with music. Bach's Chaconne was one of his favourite pieces of music throughout his life, and would form the backbone of his existence. This peace would inspire him to organize his book dummies. His most melancholy and profound memories of childhood are no doubt represented in his Saltimbanques series of images. At the end of the war, he created an imaginary world, choreographing a group of friends and posing them in the midst of the ruins of Arles. In costumes he made himself out of his own clothes, pyjamas and other materials, he dressed them up as dancers, harlequins, trapeze artists, acrobats and violinists. He made this Grande Récréation series as a tableau vivant, a theatre piece depicting a world of lost children, with characters tortured by anxiety and unanswered questions. For nine months in 1954-55, he photographed his friends in an Arles devastated by bombings, in a pale sunless light. The young Clergue lived in the Roquette area on the banks of the Rhône, which was home to the gypsies. He was fascinated by the absolute freedom of these “sons of the wind” for whom living in the present is the only possible form of existence, with no thought for tomorrow. This is where he took his “first good photo” in 1953, the monkey showman entertaining the local people. Once a year, the gypsy community gathers for their annual pilgrimage to Saintes Maries de la Mer. Here he met the singer, José Reyes, who lived in the same neighbourhood, and discovered guitarist, Manitas de Plata. Smitten by their freedom and enthralled by their talent, he propelled them onto the biggest international stages. They remained friends for life and gypsy guitars airs occupied a special place in his work. Reyes and de Plata opened doors and facilitated many introductions, including Brigitte Bardot, Charlie Chaplin and Picasso. A whole new world unfolded for him. “Young man, I don't know what you want to do, but I implore you to continue”, Izis, 1953 His encounter with Picasso in 1953 was a decisive moment in his life. Having just lost his mother, he was taking pictures of carrion, cracked surfaces, bulls. Death had a profound influence on his world and was omnipresent in his work. He had observant gaze of 179

a poet. His habitat was nature and her elements and he recorded the natural world around him – bulrushes bent by the wind, the sun's reflections on Camargue beaches, on mysterious ponds and marsh algae. The young lensman recorded his story like a composer his score, producing highly graphic images with an emphasis on contrast, using the four elements of nature, water, earth, fire and air. Lucien Clergue would record nature and her elements throughout his career. “I'm not interested in portraying a direct image of reality. My photos are part ambiguity, part dream. They are metaphors”. This series is undoubtedly the most revelatory. The artist emerges as an enrapt observer of nature, her mysteries and sometimes cryptic secrets. Sand was central to his work and a constant source of inspiration. In Clergue's own words, sand was the origin of the world and “tells a story, man's story”. He walked the beaches of the Camargue, a stone's throw from the village where his mother, Jeanne Grangeon, was born. Taking deep inspiration from these signs of life, traces of birds, insects, water and wind, he developed a distinctive language and presented a series of photographs entitled Langage des Sables (Language of the Sands) as his doctoral thesis at the Université de Provence in Marseille in 1979, in front of Roland Barthes. This revolutionary doctorate spoke entirely in images. It contained neither text nor words. Roland Barthes would write the preface to the book published in 1980. “Clergue’s photographs are from God’s own sketchbooks”, Pablo Picasso Clergue showed his photographs to Picasso, who encouraged him to continue his quest. Reassured by the encounter, the photographer resolved to pursue his graphic research and set about feeding the Spanish painter's eye. The two understood each other. Lucien was soon embraced into the couple's close circle and invited to their various homes along the Côte d’Azur, while Picasso was happy to visit Ferias d’Arles or Nîmes, close to his native Spain that he so sorely missed. Picasso cuts a relaxed and happy figure in these intimate photographs that capture the simple life of the Spanish painter. Immersed in Spanish culture, he is captivated and inspired. The Minotaur reappears. He joyously drinks in the guitar playing of Manitas de Plata on his visits. Life returns. The friendship between the two men went from strength to strength and they met regularly. Picasso wanted to please Clergue and vice versa. Jacqueline, who was a constant presence, maintained the correspondence between Arles and the Côte d’Azur. She was the Spanish master's interpreter and protected him from the outside world. The couple were godfather and godmother to the Clergue family's youngest daughter, Olivia. Picasso introduced Lucien Clergue to Jean Cocteau in 1957. The poet was immediately taken with the photographer who gave him access to the fascinating world of the gypsies. He went so far as to reproduce, stroke for stroke, the scenes depicted in Clergue's photos in the frescoes in the chapel at Villefranche sur Mer. He invited the photographer to the filming of the Testament of Orpheus at


Baux de Provence in 1959, with Picasso, Jacqueline, Serge Lifar, Luis Miguel Dominguin and Lucia Bosé. Clergue in turn was intrigued by the poet who lived “in poetry”. In him he found new spiritual inspiration. The closeness to Picasso and Cocteau galvanised him to explore new terrain. After exhuming his morbid side with Thanatos, light and life came to the fore as of 1955 with his first nudes in the sea. Eros was back. His first book of photographs, Corps mémorable, was published in 1957 by Seghers Editions with poems by Paul Eluard and illustrated by Picasso and Cocteau. The book was a revelation for the general public. Lucien Clergue had arrived. Cocteau: “Clergue was undoubtedly the first witness to the birth of Aphrodite, make no mistake”. Turning to the nude, he came to life and was once again a boon to his friends. Although extremely shy, he would dare to undress women to explore their bodies as Venus emerging from the sea. Lucien was interested in the original woman, the headless woman, timeless and universal. Through his lens on the beaches of the Camargue, they become statues from antiquity, shot through with vitality, rolling in the surf. This fresh and unambiguous approach to photographing the nude was totally new. Clergue was bold enough to be academic and revolutionary at the same time. Success was immediate. Lucien Clergue loved contact with other artists. On his return from New York in 1961, he put together his first collection of photographs at Musée Réattu with Jean-Maurice Rouquette, curator of Arles museums, thus laying the foundations for photography in Arles. No doubt, this initiative sparked the idea of founding a festival to bring photographers together in Arles with the launch of the Rencontres Internationales de la Photographie in 1969. Clergue's strength was never to abandon his birthplace, his adored Arles. Travelling constantly, and exploring new places around the world, finding new sources of inspiration and meeting new people, his career was followed with interest and he made Arles a creative hub. The photographer was nurtured by his relations with artists like Picasso and Cocteau, and vice versa. He remained in contact with MoMA to expand the collection of the Musée Réattu in Arles, which now has over 5,000 photographic works. He donated 360 of his own images to Musée Réattu to form a consistent collection of his work. Edward Steichen's loyal assistant, Miss Grace Mayer, continued to support Clergue's work, as did John Szarkowski, Steichen's successor as director of photography at MoMA. Now, the story returns to the beginning with Lucien Clergue and Edward Steichen reunited in the same country. Two great men who worked actively and tirelessly, not only to ensure the existence of photography, but also to secure its recognition as an art form on both continents, in the new world and in the west. Lucien Clergue, from Arles, and Edward Steichen, from Luxembourg, loom large in the global history of photography. Their stars continue to shine.

Edward Steichen – Lucien Clergue A transatlantic meeting In 1961, at the age of 27, Lucien Clergue was invited to his first exhibition in the United States, Diogenes with a Camera V at the Museum of Modern Art (MoMA) in New York. The exhibition brought together the work of Bill Brandt, Yasuhiro Ishimoto and Lucien. The curator was none other than Edward Steichen. Born in Luxembourg, the famed American photographer was appointed director of MoMA's Department of Photography in 1947. Throughout his career, Steichen had maintained close ties with Europe and followed developments in the arts scene. He forged friendships with some of the greatest creative spirits of the time, including Rodin and Brancusi, and made it his business to foster new talent from both sides of the Atlantic. Drawn to the raw poetic force of the young Clergue's early photographs, Steichen bought 10 of his prints in 1958. The two had crossed paths that same year in Switzerland, figuratively speaking, when they both had work on show at the Kunstgewerbemuseum in Zurich (now called the Museum für Gestaltung, or Design Museum). Clergue's first exhibition in the Kunstgewerbemuseum coincided with the museum's Steichen show, The Family of Man. The Notes on Edward Steichen, written by Clergue in the 1980s, reveal the impact of the older photographer's recognition: “Encouraged by this first purchase (prints were payed 10 $ each by the Museum) I asked if it will be any chance to have an exhibition at the Museum of Modern Art. Miss Grace Mayer1 replied, to say I was too young to have a one man show”.2 Clergue would not have a one-man show, but when in 1961 Steichen displayed his work alongside that of Bill Brandt and Yasuhiro Ishimoto, two internationally acclaimed artists, the young Frenchman instantly became part of the photographic canon. And what a wonderfully clever exhibition it was! A visit to MoMA’s digital archives3 reveals three philosophers with cameras, intensely scrutinizing their worlds, all the while seeking simplicity and pure abstraction of form. In a masterstroke, Steichen brought them together. Guided by his unerring eye, the show was hung with brilliance and a lightness of touch in the elegant central auditorium space where

Grace Mayer (1901 – 1996) started her career in 1937 at the Museum of the City of New York as Curator of Prints. In 1957, she joined Steichen at MoMA to prepare for the exhibition of photographs of the city, Seventy Photographers Look at New York, MoMA, 1958. She subsequently became his assistant. John Szarkowski appointed Mayer Curator of Photography in 1962. She continued to work in MoMA's Edward Steichen Archives as a volunteer after she retired. There were many photographers in her circle of friends, including Lucien Clergue. See: https://www.moma.org/learn/resources/archives/EAD/Mayerf (accessed on 14.10.2017). 2 Notes on Edward Steichen by Lucien Clergue, as well as all the other letters quoted in this essay were generously provided by the Clergue family. They are reproduced on pages 32 of this catalogue. 3 https://www.moma.org/calendar/exhibitions/3424/installation_images/0 1


their works were seen to reciprocal and complementary advantage. Brandt, round and fluid, Ishimoto geometric and mineral, and Clergue, feral, shy, insatiable.

nalist from Luxembourg, Rosch Krieps, succumbed to the charisma and outsized physical bearing of the “doyen of American photography”. Krieps painted a very similar portrait in his many pieces, especially in Kultur im Kleinstaat, 2006. Éditions Schortgen, Esch-surAlzette. p. 151. 6 Letter from Edward Steichen (Museum of Modern Art, New York) to Lucien Clergue, dated 19 July 1961. Clergue family private archives. Reproduced on catalogue page 15. 7 Letter from Grace Mayer (Museum of Modern Art), dated 15 April 1973. Reproduction on catalogue page 31.

Clergue travelled to New York to attend the opening with his wife, Yolande. His notes stress that MoMA did not cover his travel expenses. The trip was made possible thanks to a European patron – whose name he does not reveal – and financial help from his friend, Picasso. Finally meeting Steichen in person at the opening, his physical appearance made a deep impression on Clergue. He still remembered his larger-than-life impact in the 1980s: “I was impressed by his size very big, and his head specially, so impressing, bigger than any one I knew”. And further on: “I asked why he finally decide to present my work as I was still young (Mr Brandt was almost 30 years older) the answer was “I did not want to leave this position without introducing you to America”.4 I must confess Mr Steichen impressed me so much that I never try to see him again, I was too shy for it. But visiting regularly Miss Mayer, I had the feeling to [b]e still in contact with him”.5

Vintages camargue This graphic fresco featuring the four natural elements, water, earth, fire and air, was the basis of Lucien Clergue's work, which he added to throughout his life. Commenced in 1959, it reached its apotheosis in 1979 as part of his wordless doctoral thesis work Langage des sables, submitted to Marseille University. Only the images speak in this thesis. The lensman's singular work is written in light, exploring the contrasts in nature and its constituent elements. His photographic language is revealed through his observation of cracks, insects, erosion, algae, marshes, salt foam, corn, rice, sand, vines, reeds, ponds and swamps. These 50X60 large-format vintage photographs were printed by Clergue in his darkroom on Lumière photographic paper – which no longer exists. The glossy photographs dried on mirrors, making a rapid-fire machine gun sound as they were falling from the glass. The paper was dry. The image was ready.

For his part, Steichen had expressed his joy at the prospect of meeting Clergue at the opening and introducing him to other American photographers. In a letter dated 19 July 1961, he emphasised that such a meeting would contribute to “advancing modern photography, to the definite mutual benefit of all concerned”. Here is Steichen, the perennial networker, not only forging ties, but also campaigning for the advancement of his chosen art form, photography. We have no written traces of the MoMA opening and what the photographers discussed, but a letter from Grace Mayer in answer to Lucien Clergue's expressing his sorrow on Edward Steichen's death in 1973 is testimony to the long relationship first established at the 1961 exhibition. Mayer describes the funeral service for Steichen at the museum and the room decorated with delphiniums, his favourite flowers. She refers to his friendly relations with Picasso and the singular coincidence that “the Spaniard” and the “Captain”, as Steichen liked to be called, passed away in the same year at around the same time. Both men were mentors for Clergue and had guided him in his choices and his career.

Gypsies After the bombings in 1944, the Clergue family moved to the La Roquette district on the banks of the Rhône, home to sailors and gypsies. The tiny streets are narrow, the houses overcrowded and crammed together, all identical with three rooms one atop the other. Resembling a small village, the area is poor, insalubrious and crowded with gypsies. This is where Jeanne, the young Lucien's mother, has her grocery store. Emerging from a sad and painful adolescence, mingling with the gypsies is like a breath of fresh air for the young lensman. In 1953, at the age of 19, he takes his first "good" photograph, the monkey showman. To the music of their guitars, the gypsies sing, dance, form circles, and live in the here and now. They know only one thing, freedom. This dignified community forms part of the everyday fabric of Lucien Clergue’s life and shapes his taste in music. His gaze is one of great humanity and benevolence. He is captivated by the voice of José Reyes, father of the Gipsy Kings, who introduced him to Manitas de Plata. He toured the world with the pair of musicians.

Mayer's letter ends on a touching, personal note. She asks simply: “When are you and Yolande coming over? I miss you and we have many things to say to one another.” We may not know what was said during their conversations, but these letters sustain the memory of the authors, which resonates clearly and distinctly in the photographs chosen for this catalogue. Françoise Poos

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Steichen left MoMA in 1962. Clergue was not the only person Steichen made an impact on. In 1962, the young jour-

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Picasso

Nudes

Lucien Clergue met Picasso in 1953 in an audacious move. He accosted him after a corrida and gave him his pictures of carrion, cracked surfaces and marshes. Picasso showed interest and asked to see more. “Clergue’s photographs are from God’s own sketchbooks”, were his words. From that moment on, Clergue created his images for Picasso, providing him with new inspiration. They met on a regular basis in Arles, Nîmes, Cannes, Mougins and Fréjus. Attending the corridas, Picasso had contact with his own culture and felt close to Spain. Spending time in the company of gypsies and Manitas de Plata plunged him into a joyous, festive atmosphere that delighted and beguiled him. The friendship between the two men lasted until Picasso's death in 1973.

When he turned to shooting nudes in 1955, the young Lucien Clergue was emerging from a deeply sad period following the death of his mother. Death was on the prowl. Thanatos reigned. Having lost the support of his friends when he showed them these morbid images, he set about winning them back. Although he was a very shy man and used the camera as a pretext to undress women, there is no ambiguity in these images. What Clergue wanted was the universal, timeless woman, embodied by the statues of antiquity, the Venus of Arles, or Aphrodite, caressed by the waves. His first book, Corps memorable, appeared in 1957, with poems by Paul Eluard. Picasso signed the cover and Cocteau wrote the opening poem. Light entered his world, Eros had returned.

Cocteau Testament of Orpheus Lucien Clergue met Jean Cocteau in 1956. Their friendship and mutual interest were the source of inspiration for many artistic creations, books, texts, poems, drawings and photographs. Their close relationship is clear from the wealth of correspondence between them from 1955 until the poet’s death in 1963. Cocteau even faithfully reproduced Clergue's photographs of gypsies for his frescoes in the chapel at Villefranche sur Mer. The photographer was fascinated by this man who lived his life in the moment, like a poem. Invited to photograph the shooting of Cocteau's last film, the Testament of Orpheus, in 1959 at Baux de Provence, Clergue produced a deeply moving photographic record. Pierre Bergé astutely said: “The eye of the poet and that of the photographer are sometimes as one. Cocteau's writing emerges before us like a negative, and Lucien Clergue's photographs speak more eloquently than words of the long quest for genius”.

Saltimbanques For a nine-month period from 1954 to 1955, in the midst of the ruins of Arles, Lucien Clergue photographed his Grande Récréation in diaphanous light. Mimicking the theatre, he placed his childhood friends in the role of travelling acrobats and harlequins in an atmosphere suffused with deep melancholy. Dancer, trapeze artist, harlequin, acrobat, violinist: none smile for the camera. In all probability, the violinist represents the photographer and imbues this series of images with a poetic and rare sensitivity.

Programme cadre — Table ronde «Edward Steichen et Lucien Clergue, une rencontre dans l’histoire de la Photographie» le 24.11.2017 à 18:30 Intervenants: Anne Clergue, Yolande Clergue, Robert Pujade, Françoise Poos. En français Auditorium Cité, 3 rue Genistre — Projection du film «Lucien Clergue, à la mort,à la vie» le mardi 5 décembre à 18:30 en présence de la réalisatrice Elisabeth Aubert Schlumberger et d’Anne Clergue. En français Auditorium Cité, 3 rue Genistre


Colophon Dans le cadre de l’exposition / In the framework of

Catalogue / Catalog

Lucien Clergue – Poète photographe 24.11.2017 - 14.01.2018 Cercle Cité Luxembourg

Le catalogue bénéficie du soutien de l’Institut français du Luxembourg Pour le nom, l’image et les œuvres de Lucien Clergue © Atelier Lucien Clergue Coordination Fanélie Meeûs

Exposition / Exhibition

Textes / Texts Anne Clergue, Yolande Clergue, Françoise Poos

Commissaire / Curator Anne Clergue Direction du Projet Anouk Wies Equipe Cercle Cité / Team Cercle Cité Vanessa Cum, Antoine Lejeune, Fanélie Meeûs, Pedro Morillo, Nico Marx, Patrice Ressel

Conception graphique / Graphic design Bunker Palace Impression et production / Print Snel Grafics sa, Belgique

Produit par / Produced by Cercle Cité Luxembourg

500 exemplaires ISBN 978-2-9199438-1-4

Remerciements / Acknowledgements

Edité par / Published by Cercle Cité - Agence luxembourgeoise d’action culturelle, Luxembourg 2017

Les organisateurs remercient tout particulièrement les membres de la famille pour leur généreux soutien, ainsi que les équipes d’Atelier Lucien Clergue, et en premier lieu Maja Jerne et Katharine Cooper, François Hébel, Arno Villenave et Les Rencontres d’Arles. L'Atelier Lucien Clergue remercie chaleureusement Florence Reckinger-Taddei et Marita Ruiter pour leur soutien indéfectible.

Le Cercle Cité est soutenu par la Ville de Luxembourg

Cercle Cité Place d’Armes B.P.267 L-2012 Luxembourg www.cerclecite.lu

Que soient vivement remerciés tous ceux, qui à titre divers, ont favorisé les préparatifs de l’exposition et du catalogue.

Partenaires / Partners L’exposition est placée sous le haut patronage du Ministère de la Culture et sous le patronage de l’Ambassade de France au Luxembourg. Avec le soutien de Atoz

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Lucien Clergue — Poète photographe

Traduction / Translation Bender & Partner



Publication éditée dans le cadre de l’exposition Lucien Clergue – Poète photographe du 24.11.2017 au 14.01.2018 au Cercle Cité Luxembourg


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