Cerfav, exposition "Matière à réflechir" promotion 24 des Créateurs Verriers

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2015 → 2017

Matière à réfléchir

cerfav formation créateur verrier  ◆   promotion 24


Philippe Richert, Président du Conseil Régional Président de l’Association des Régions de France À la croisée de notre patrimoine par ses savoirs de haute tradition, de la culture par son apport à la création et de l’économie par son rayonnement national et international, les arts verriers sont une marque forte du Grand Est. Au cœur de cette Région, le Centre Européen de Recherches et de Formation aux Arts Verriers, Pôle de compétences agréé par la Région Grand Est, constitue un lieu de référence dont j’ai pu apprécier personnellement lors d’une récente visite un positionnement multiple et cohérent. Formation par l’apprentissage pour les ateliers et manufactures, formation à la création dans les arts verriers, développement de l’innovation dans l’artisanat, conduite de projets de recherches techniques constituent ainsi un quotidien qui est aussi fait d’une action territoriale culturelle et touristique. Par l’audience nationale et internationale de ces actions le Cerfav contribue ainsi à construire l’avenir du verre et dont une partie nous est livrée aujourd’hui par la présentation des travaux de fin de formation de la 24e session de formation du Cerfav et par la première attribution du titre de « Créateur Verrier ». Ce titre, inscrit depuis cette année au Répertoire National des Certifications Professionnelles, constituera pour chacun des stagiaires la juste reconnaissance de savoirs patiemment acquis. Désormais il revient à chacune et chacun d’entre vous de poursuivre ce chemin initié dans notre Région et de porter ainsi le témoignage de ces valeurs particulières d’une économie culturelle et créative souvent attachée aux richesses de nos territoires.

↓ Juin 2017 Denis Garcia, Directeur du Cerfav L’aboutissement de cette formation est un sprint qui met à l’épreuve la créativité, le savoir-faire, le sens de l’organisation, la résistance au stress. Et avec cette épreuve réussie, les élèves démontrent qu’ils ont atteint un stade quasiprofessionnel sanctionné par le diplôme de Créateur Verrier, reconnu diplôme d’État pour la première fois cette année. Ils sont une source intarissable de créativité et ne cessent de nous étonner. À présent, une partie de leur énergie sera consacrée à la rencontre du public, à l’exercice du métier et au développement de leur art. Le Cerfav est donc fier de pouvoir présenter en avant-première cette « collection » de talents qui auront été révélés dans notre Région et qui ne manqueront pas d’y faire référence. Parlons alors territoires, parlons identités, parlons savoir-faire, parlons art, parlons de ces jeunes qui savent aujourd’hui l’enjeu d’innover et de créer, de produire localement, de commercer à proximité, de rencontrer, d’échanger. Le Cerfav est préoccupé par toutes ces dimensions et à ce titre, c’est un plaisir pour moi de remercier cette équipe qui s’investit et permet de mener cette Aventure dans notre village de Vannes-le-Châtel, entre Histoire locale, création et innovation.

Nouvelle promotion du Cerfav, nouveau Grand Cru !


Une attention plus particulière est portée à nos secrétaires Audrey, Valérie, Julie et Maryline pour nous avoir facilité le travail au quotidien avec patience et gentillesse. Nous remercions également Jérémy et Anthony pour leur force, leur endurance, leur efficacité, leur point de vue pratique et leur humour pour dédramatiser.

Nous exprimons tous nos remerciements à l’ensemble du jury pour sa participation et pour avoir pris le temps de nous écouter, de lire nos dossiers et de nous faire part de ses réflexions.

Nous tenons à décerner une mention spéciale à nos formateurs, Rarès Victor, Bernard Meignan, Angèle Témoin, Olivier Weber (et Philippe Garenc) pour leur suivi très professionnel et leur bienveillance et plus particulièrement à Ali Deli, Olivier Léonard, Maryline Didier, Dominique Jamis, Jean-Pierre Mateus pour leur écoute, leur dynamisme, leur savoirfaire, leur soutien, leur belle énergie, leur confiance… toutes ces qualités qu’ils nous ont transmises, que l’on chérira et transmettra à notre tour un jour.

Nous adressons toute notre gratitude à la Région Grand Est pour son soutien financier et plus particulièrement à M. de Lavenne pour son investissement personnel.

Et pour terminer, nous aimerions remercier celles et ceux qui ont veillé sur nous, nos amis, nos conjoints et nos familles. Merci de leurs encouragements, de leur confiance et de leur patience, mise parfois à rude épreuve.

Remerciements

Sati Mougard,

Nous remercions Anne Pluymækers d’avoir fait les démarches pour trouver un lieu d’exposition.

Léonie Harnois, Séverine Fortuné,

À l’issue de ces deux années, nous sommes toutes convaincues que nos œuvres que nous présentons sont loin d’être des travaux solitaires. En effet, il s’agit bien d’un parcours très humain, de projets pleins d’influences, de réflexions, d’évolutions et de liens tissés. La pratique et la recherche technique, artistique et de design nous placent souvent face à des questionnements intellectuels et des obstacles techniques, ce qui nous a grandement donné matière à réfléchir. Nous nous sommes mutuellement enrichies grâce à nos singularités et aux rencontres que nous avons faites au cours de ces années. Nous aimerions remercier celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont participé à la finalisation de nos œuvres.

Adélie Payen,

Nadège Tran, Isis Gondouin,

Nous souhaitons dire bravo à notre directeur pédagogique, M. Kieffer, pour avoir assuré dans son nouveau poste en cours d’année, et qui, avec l’ensemble du Cerfav, a permis à la formation de se dérouler dans de bonnes conditions.

Lucie Omont,

Nous remercions vivement le Cerfav, M. Queudot, président de l’association, M. Garcia, notre directeur et tout son personnel pour nous avoir offert la possibilité de suivre la formation de créateur verrier.

Axelle Mary, Eve Le Faucheur


Séverine Fortuné

cerfav  formation créateur verrier  ◆  promotion 24  2015 → 2017  ◆  matière à réfléchir

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Séverine Fortuné


Inspirations

Séverine Fortuné

La gestation; point de départ, assemblage complexe et ordonné. Fragilité et crainte que le vivant ne parvienne pas au bout d’un processus. Ce processus, animé d’une force vitale, nous échappe pour nous placer face à l’ineffable : mystère impalpable, moment inexplicable. La gestation ; espace-temps en mouvement, en croissance et progression, un état aléatoire. Le temps, celui de l’attente, ne supporte aucune impatience. Il se déplie selon un ordre établi et nous devons nous en remettre à lui, dans une joie enfin sereine de ne rien maîtriser. La gestation ; ce qui naît et meurt sans cesse en nous : nos matières organiques, notre matériel psychique. C’est la vie engendrée, tout autant que la vie qui cesse. Un cycle sans cesse renouvelé, qui ne meurt jamais. La gestation, c’est le nectar du vivant.

↓ En opposition à nos fonctionnements actuels qui s’épuisent à maîtriser l’espace‑temps de la création du vivant, ce projet a pour objectif de placer l’Humain à sa juste place ; c’est-à-dire comme un simple participant dans la chaîne des vivants terrestres. L’Homme, par sa volonté quasi-permanente de dominer son environnement, se jette dans un leurre de toute-puissance. Celui de croire qu’il surpasse tout ce qui l’entoure. Les conséquences de ces attitudes, régies par des lois votées par les Hommes, sont inquiétantes. Et pour certaines déjà irréversibles. Pour combattre l’absurde, le besoin d’humilité est vital. Gestation tend à présenter le vivant comme une matière précieuse, qu’il faut observer, protéger. Cette proposition est un appel au ralentissement et à l’émerveillement.

« Travail latent de ce qui s’élabore, se forme lentement.Genèse »   Gestation ← 2017


Séverine Fortuné

Pâte de verre et aérographe

Iles

Pâte de verre


Séverine Fortuné

Séverine Fortuné

Cuivre et fusing

Cellule

Soleil noir


Séverine Fortuné

À travers les petites persiennes d’un volet fermé, une lumière vive s’écoule… Les yeux, grisés et gorgés de rayons, voudraient tout voir, tout enregistrer, boire les couleurs des fleurs et conserver les odeurs neuves, les vapeurs du sol chaud.

Inspirations

↓ Les nuances de reflets, comme autant de variations de lumière, forment une ébauche d’étoffes multiples. Sensible aux mouvements, Vitrages évolue avec la progression du soleil. Sensible à la lumière, les lamelles deviennent un écran, dessinant une nouvelle trame d’ombres, qui a besoin du vide pour apparaître. Le mouvement donne vie à ces ombres, les rendant multiples et sans cesse renouvelées. Cette projection touche au nectar de la lumière, promettant toujours une vision inédite, mobile et caressante.

La lumière transforme, annule, floute ou expose. Supports, surfaces, plans et volumes sont enveloppés d’une vie nouvelle. Dans le reflet, un nouveau réel se crée, annulant l’endroit ou l’envers, brouillant les limites de l’espace, donnant à la lumière le pouvoir de faire cohabiter plusieurs couches de lecture d’un même plan : la réalité devient infinie. Les espaces pleins ou vidés, les supports usés ou lisses, sont autant de perceptions guidées par la lumière qui les entoure. C’est la lumière qui rend son sens au réel, inconstant, inédit, entre éclats, variations, plénitude, déferlement, apparition, fragmentation, altération. S’écrasant sur un support, un volume, les ombres deviendront tableau puis motif d’ombres et de lumière. Les aspérités sont embellies, les matières généreuses, et les couleurs…rendues intenses, puissantes et mûres. La couleur comme soutien, comme éclat de rire ou mouchoir plié de chagrin. Soulignant le trait, approchant le ressenti, la couleur est la Vie.

« Le rêve est impalpable, impossible, comme la lumière. »  Vitrages ← 2017


Prise d'empreinte, émaux et aérographe

Bullseye, émaux et verre mécanique

Verre mécanique et grisaille

Bullseye et artista

Séverine Fortuné Séverine Fortuné


prise d'empreinte et verre mécanique (photo Nicolette Humbert)

Lamelles de verre prises dans du plâtre

Prise d'empreinte, émaux et aérographe

Séverine Fortuné


Séverine Fortuné

✉ severine.fortune@hotmail.fr


Isis Gondouin

cerfav  formation créateur verrier  ◆  promotion 24  2015 → 2017  ◆  matière à réfléchir

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J’ai grandi au milieu de la nature, entourée d’animaux. Ces éléments ressurgissent dans mon travail artistique qui, en invoquant notre part enfouie d’animalité, interroge notre rapport à l’autre. Sur le verre  J’ai été ensorcelée par cette matière poétique, sensu­elle, indomptable, tourmentée, paradoxale, suave et tranchante, fragile et forte, abyssale et diaphane, glaçante et charnelle. À l'issue de cinq années de Beaux-Arts, ces deux ans au Cerfav m’ont permis d’apprivoiser – patiemment – le verre qui, au prix d’un travail précis et soigné, ne se révèle qu’après avoir été soumis aux ardeurs d’une cuisson longue et délicate. Retenir son souffle, ouvrir le four, saisir la gangue de plâtre et découvrir avec émotion la pièce sortie de son cocon… autant d’étapes avant l’ultime instant du parachèvement, qui offrira à l’œuvre son éclat et lui conférera toute son aura.


Isis Gondouin

« Pour les désespérés seulement que nous fut donné l’espoir. 1 » Silhouettes transparentes presque immatérielles, d'où fusent des traces de couleur, vestiges de l’espoir qui anime, illumine et subsiste encore.

Détail. Installation sur un fait d’actualité. Pâte de verre, sable, filet de pêche. L. 100 cm × l. 80 cm

Oscille et chavire ← 2016


Isis Gondouin

« Le jour, des oiseaux fantastiques volaient à travers la forêt pétrifiée et des crocodiles gemmés étincelaient, telles des salamandres héraldiques, sur les rives de fleuves cristallins. 5 » Émergeant des rives marécageuses du Nil mythique, le Dieu reptilien annonce avec une force sereine le renouveau et l’espoir.

Pâte de verre bleue et transparente. L. 37 cm × l. 11 cm × H. 10 cm

Sobek ← 2016


Isis Gondouin

« L’homme désire toujours selon le désir de l’autre. 8 » Issue du jardin des délices, cette trinité de serpents – image de la triangulation du désir – susurre l’interdit et le danger, dans une sulfureuse magie.

Isis Gondouin

Pâte de verre. L. 37 cm × l. 11 cm × H. 10 cm

Ménage à trois

← 2017

« L’enfer est vide et tous les diables sont ici. 7 » S’extirpant de ses glaces primordiales, il part conquérir d’autres espaces, ceux, illimités, des faiblesses humaines.

Pâte de verre. L. 17 cm × l. 7,5 cm × H. 43 cm

Laisse rire le diable ← 2016


Isis Gondouin

« Le secret a toujours la forme d’une oreille. 4 » Chuchotements intimes, secrets inavoués y seront murmurés, tandis que ses pouvoirs magiques en feront un précieux talisman. Pâte de verre, pierres naturelles. L. 6 cm × l. 3 cm × H. 2 cm, boîte 6 cm × 9 cm

Murmure à mon oreille ← 2017


Isis Gondouin

« Pouvoirs de la terre, pouvoirs prenant forme, se levant pour renaître, se levant pour être né. […] Elle change tout ce qu’elle touche. Et tout ce qu’elle touche est changé. 6 » Synthèse de totem, obélisque et chaman. Benben permet aux animaux de pouvoir d'émerger de sa fourrure improbable pour poser leur regard bienveillant sur le monde.

Détails. Installation composée de neuf têtes d'animaux en pâte de verre, bois de cerf dorés à la feuille, lumière, bois et bourre. H. 245 cm × l.  30 cm

Benben ← 2017


Isis Gondouin

« Le lac était comme une immense plaque de marbre blanc sur laquelle étaient posées des centaines et des centaines de têtes de chevaux. Les têtes semblaient coupées net au couperet, seules elles émergeaient de la croûte de glace. 3 » Galop éperdu des chevaux condamnés, figés à jamais dans les glaces du lac Ladoga.

Pièce lumineuse et musicale (Handel, Lascia ch’io pianga). Sablage, givrage. L. 140 cm × l. 10 cm × H. 19 cm

Ultime galop ← 2016


Isis Gondouin

« There’s a light, LIGHT in the darkness of everybody’s life. 2 » Nés du cristal, ces opisthobranches coutumiers des profonds abysses semblent s’animer sous l’étrange lumière noire révélant leurs lueurs vacillantes dans l’obscurité.

Détails. Installation composée de huit opisthobranches en pâte de verre fluorescente, socle en verre noir de 85 cm de diamètre, lumière noire et roches noires.

Opisthobranches ← 2016


Isis Gondouin

Publications De la Féminité à la Félinité, il n’y a qu’une lettre, 2013 Féminité versus Féminités, 2015

☞ www.isisgondouin.fr ✉ contact@isisgondouin.fr

Notes bibliographiques Walter Benjamin, Essai : Les affinités électives de Gœthe, 1922 .1 The Rocky Horror Picture Show .2 Malaparte, Kaputt, 1943  .3 Jean Cocteau, Rappel à l’ordre, 1916  .4 James Graham Ballard, La forêt de cristal, 1961-1966  .5 Starhawk, Rêver l’obscur, Femme, magie et politique, (Mélopée pour Gaïa), 2015  .6 Shakespeare, La Tempête, 1610/1611 .7 René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, 1961 .8


Léonie Harnois

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Adolf Portmann, biologiste suisse.

« Tout ce qui est visible est la manifestation d’une signification ; la nature entière est image, langage, hiéroglyphe coloré. Cependant, nous ne sommes ni préparés, ni habitués à l’observer vraiment, malgré le haut développement de nos sciences naturelles. Pour le lire, il faut innocence et simplicité. »


Léonie Harnois

Henri Bosco, L’Antiquaire.

« La fleur est toujours dans l'amande. »


Léonie Harnois

Plâtre. L. 18 cm × l. 23 cm × H. 4,5cm Récolte, matière première.

Graine ← 2016


Léonie Harnois

Verre thermoformé et argenté, L. 35 cm

Gousse ← 2016


Léonie Harnois

Léonie Harnois

Verre taillé, ∅ 5 cm × H. 5 cm

Interrupteur

← 2016

Musaa est une série de vases qui célèbre et recueille la diversité du vivant végétal. Je m’inspire de la façon dont les plantes naissent, grandissent, évoluent dans leur milieu. Au gré de mes balades et rencontres, je glane des petits éléments de la nature qui retiennent mon attention par leur singularité. Ici, c’est en multipliant une jeune main de bananes comme autant de pétales annonçant l’arrivée du printemps que je continue de la faire vivre et croître selon le naturel luxuriant des végétaux.

Pâte de verre

Musaa

← 2017


Léonie Harnois

Musaa #2

Musaa #1


LĂŠonie Harnois

✉ leonieharnois@live.fr


Eve Le Faucheur

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4/9

Bretonne, fille de ferronier, ancienne monteur en bronze, hédoniste, caractérielle, joyeuse, bornée, cordon bleu.


Eve Le Faucheur

↓ Mis en valeur, magnifiés, sacralisés ou encore protégés, autant d’expressions définissant le terme d’objets montés. De l’Antiquité au xixe siècle certaines créations de la Nature et de l’Homme n’ont cessé d’être admiré pour leur beauté, leur curiosité ou leur virtuosité. De ce fait, ce dernier s’est attaché à les présenter avec respect et dignité, parfois avec ostentation, au moyen de précieuses montures qui protégeaient aussi les plus fragiles d’entre elles. Traditionnellement en métal précieux ou en bronze, les montures tantôt s’effacent avec discrétion tantôt, par leur richesse, prennent le pas sur l’objet lui-même, accaparant parfois l’essentiel de l’intérêt Par son exubérance et son idéal de liberté le xviie siècle annonce l’apogée des objets montés. Qu’on l’appelle Rocaille ou Rococo c’est bien le roi des styles !

La plupart des motifs traditionnels ornementaux du Rococo sont inspirés de Mère Nature. Bien sûr, chaque motif est redessiné, réinterprété selon des normes et des codes très précis. Il serait donc impossible de croiser en pleine nature une coquille St-Jacques ou une feuille d’acanthe telles qu’elles sont représentées sous le style Louis XV… Et pourquoi pas ? Et si coquilles et feuilles ne demandaient qu’à redevenir sauvages ? Alors elles viendraient coloniser l’objet qu’elles enserrent comme de vrais animaux ou végétaux. Ces éléments naturels idéalisés par l’homme prolifèrent comme des parasites sur le verre. La monture sauvage et le verre soufflé génèrent dès lors un échange symbiotique entre deux techniques (pâte de verre et soufflage), entre deux époques (contemporaine et Rocaille) et entre deux univers (Nature et Culture). Alors, les motifs ainsi détournés avec humour sont désacralisés et les codes s’en trouvent bousculés !

Pâte de verre, verre soufflé et feuille d’or

Monture ← 2017


Eve Le Faucheur


Eve Le Faucheur

Les ventouses sont des sangsues de verre qui fusionnent avec la peau pour laisser sur le paysage du corps la preuve cramoisie de leur étreinte. Alors l'empreinte produite, jadis rebutante, devient ornementale. De ce fait, les lèvres de la ventouse sont comme des tampons imprimant divers motifs éphémères sur la peau. Cette trace matérialise le rapport intime, charnel et même parfois parasitaire établi entre l'Homme et l'Objet. L’objet ventouse est détourné de son champ d’utilisation premier, d’instrument médical la ventouse se métamorphose en bijou : elle rapetisse, s’ornemente… devient précieuse. Ce détournement modifie l’utilisation que l’on en fait. Désormais, on ne les emploie plus caché chez soi, mais on s’en pare. Cet objet, au départ répugnant, devient un nouvel attribut de beauté qui fascine et surprend.

Verre soufflé dans des moules en plâtre

Ventouse ← 2016


Eve Le Faucheur

Presse–agrumes  .2

Luminaire  .1

SYS est une déclinaison d’objet basée sur un système de deux volumes immuables : le cylindre et le cône. Le cône vecteur de fonction gravite autour du cylindre créant un luminaire 1, une carafe presse-agrume 2 ou même une boîte à spaghetti, un kaléidoscope… Par l’emploi d’un même vocabulaire de formes, de couleurs et de matériaux, les objets SYS affichent une cohérence esthétique indéniable.

↓ Nous possédons tous un robot ménager fournit avec sa batterie d’accessoires interchangeables qui hachent, moulinent, jouent de la musique, percent, poncent… Cependant, il faut bien reconnaitre qu’il est rare de tous les utiliser ; les pauvres outils finissent couverts de poussière au fond du carton. Eh bien, SYS ne fait pas partie de ce genre d’objets gogo-gadgéto-accessoirisés.

Enfin, la conception de ces produits est motivée par le souhait d’une plus grande accessibilité de l’artisanat. Aussi, la forme conique se révéla être une des clés pour y accéder. En effet, nous ne savons que trop bien la difficulté de souffler des pièces d’épaisseurs rigoureusement identiques à la main ; ici le problème est contourné puisque le cône s’adapte parfaitement aux lèvres du cylindre quelle que soit leur épaisseur. De ce fait, une forme conique invariable peut être conçue en série. Les coûts de production s’en trouvent réduits et tout le monde peut acheter son SYS !

Liège, verre soufflé, pâte de verre

Sys ← 2017



Eve Le Faucheur

✉ evelefaucheur@hotmail.fr


Axelle Mary

cerfav  formation créateur verrier  ◆  promotion 24  2015 → 2017  ◆  matière à réfléchir

5/9


Axelle Mary

20 cl

11,5 cl

1.

↓ Le Pôle Européen est un hôtel restaurant quatre étoiles situé à la frontière de trois pays : Belgique, France et Luxembourg. Vivant dans cet établissement depuis l’âge de cinq ans, je connais parfaitement le lieu et ses habitudes : sa clientèle, ses employés et le travail exercé. L’établissement a désormais seize ans, quelques travaux de rénovation sont en cours pour donner plus de modernité, et c’est dans ce contexte que m’est venue l’idée de pouvoir rénover l’hôtel à ma façon : en réfléchissant à une nouvelle gamme de tasses à café. 1

Pour la création de cette nouvelle gamme je me suis imposé les mêmes objectifs tout au long de ma réflexion sur ce projet : réunir en un seul objet, le service des cafés courts et des cafés longs et ainsi, créer une tasse deux-en-un permettant de générer un gain de place supérieur au service actuel. C'est dans cette démarche que m'est venue l'idée d'imaginer un objet s'utilisant dans les deux sens. Le premier usage accueillera les cafés courts et le second, les cafés longs, en retournant simplement la tasse. 2 Le contenant est imaginé avec une finesse du matériau qui crée une utilisation confortable pour le buveur. L'objet veut se démarquer de la tasse à café traditionnelle en jouant sur un aspect structurel et artistique, tout en cherchant à susciter une forme d'ambiguïté,

d'interrogation au premier abord. En effet, la tasse est dotée d'une petite subtilité créant une harmonie de l'ensemble : un léger déséquilibre visuel, obtenu grâce à l'angle de découpe de la plus petite sphère. La soucoupe 3 est imaginée sans fioriture. Ma réflexion s’est portée principalement sur la relation entre la tasse et la soucoupe. Pour prendre en considération les buvants de l'objet, j'ai créé des empreintes de calage sur la soucoupe, créant ainsi un motif non décoratif. De ce fait, le motif est emprisonné par l’objet en verre créant ainsi une symbiose. L’objet semble en harmonie avec la tasse, en arborant des lignes simples afin de mettre en valeur le contenant, tout en respectant l'usage principal d'une soucoupe.

Verre soufflé

Recto Verso ← 2017


Axelle Mary

Axelle Mary

2.

3. Conception de la soucoupe

Process


Axelle Mary

Axelle Mary


Axelle Mary

Axelle Mary

Process

↓ Souvent, il nous arrive de considérer nos émotions comme des obstacles, des erreurs ou des faiblesses. Lorsque nous ressentons par exemple une douleur intérieure, nous pouvons refouler ces émotions pour ne pas en ressentir la souffrance : elles n'en disparaissent pas pour autant. C'est sur ce constat que mon projet s'appuie : faire face à une émotion précise, pouvoir la décrire face à une situation. Le matériau a une place importante dans l'expression des émotions. Il m’accompagne dans ma démarche — au-delà de toute parole — en leur permettant de produire une action, d'intervenir sur la matière même.

« La colère est considérée par un état affectif violent résultant du sentiment d’une agression, d’un désagrément accompagné de réactions brutales. Elle nous transmet un message essentiel à notre équilibre est devient notre conseillère. »  Le verre a pour capacité de matérialiser, de figer un état d’esprit sur un moment donné. Les gestes du souffleur sont directement reliés à l’esprit vers la main en se retranscrivant sur la matière même. Les émotions ont une place prédominante dans le travail du souffleur, elles déterminent les actions réalisées sur le verre et caractérisent le résultat final de la pièce : si le souffleur est dans un état d’esprit négatif, les gestes seront

moins précis et se retranscriront directement sur le verre. C’est sur ce constat que mon projet s’appuie — le verre joue le rôle de « soulagement » face à la colère incarnée par un impact d’un marteau sur le matériau, créant ainsi une tension incontrôlée sur la pièce. La cassure incarne l’état d’esprit du « casseur » en se retranscrivant sur le matériau en rendant cette émotion négative, admirable. Ainsi, à travers ce geste je pousse à son maximum la capacité du verre tout en rendant matérielle une émotion immatérielle. La forme cylindrique du moule n'est pas anodine. Cette forme simple laisse une marge de manœuvre importante, afin de voir au mieux la déformation apportée à la pièce. Le noir permet d’avoir une vue d’ensemble globale des pièces représentant la colère, en créant une unité du projet.

Verre soufflé

Colère ← 2017


Axelle Mary

Axelle Mary


Axelle Mary

✉ axellema54400@gmail.com

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Artiste plasticienne, Sati Mougard, née en 1990, inscrit sa vie et son travail dans une dynamique nomade. Après avoir fait les Beaux-Arts de Marseille pendant 5 ans et une année d'étude et de voyage dans les monastères Indiens, elle choisit de continuer une de ses pratiques, la sculpture, au Cerfav (centre européen de recherches et de formation aux arts verriers). Nourrir son univers par différents moyens et influences est une manière pour elle de rester autant protéiforme et diversifiée que le monde l'est.

Sati Mougard

cerfav  formation créateur verrier  ◆  promotion 24  2015 → 2017  ◆  matière à réfléchir

6/9

Elle est notablement attirée par les traditions anciennes dont elle pratique certaines, tout en restant résolument attachée au monde actuel avec toutes les problématiques qui y sont associées. Elle est profondément habitée par des questions ontologiques et sans cesse à la recherche de nouvelles formes et techniques d’expression plastique. Son œuvre est une invitation. Le choix de s'en saisir. L’effort est celui d’un être vivant, une recherche du sens à travers les sens. Le travail intensif du verre est une manière pour elle de rentrer réellement dans l’intimité d’un matériau, d’en connaître les tenants et les aboutissants. En essayant de maîtriser une matière infiniment complexe, elle agit comme miroir. Ce qui en fait une unique matière à réfléchir.


Sati Mougard

enrichi, spécifié, ordonné selon ses lois. Le blanc et le noir se sont dessinés. Mes intuitions dictent. Le gris est l’absence de hiérarchie, le point de non-retour de la matière: les cendres. Si le temps déforme, il forme aussi. Et tout recommence. Réflexions sur l’entropie: L’entropie est une terme de thermodynamique décrivant un phénomène physique qui néanmoins s’inscrit dans une subjectivité relative. Parfois l’entropie est employée comme mesure du désordre : un état incompressible est jugé désordonné, l’ordre constituant une forme de compression des données. L’aspect intéressant de l’entropie est qu’elle semble réintroduire une irréversibilité temporelle sur la base de lois physiques réversibles.

↓ Un sablier à l’horizontale. Un moment arrêté suspendu. L’illusion d’une staticité. La gravité est stoppée alors qu’elle est attendue, une tension s’installe. L’ordre des grains blancs et noirs séparés dérange. Le trouble et le mélange remédieraient à cette séparation artificielle. Le mouvement rétablirait le cours des choses. Pourtant le moment présenté est intermédiaire, il n’a pas l’ambition d’être l’origine d’un état… Avant la terre, les vagues des océans primordiaux ne s’échouaient que sur elles-mêmes. La silice commence à émerger de l’eau. La croûte terrestre se forme. Comment imaginer ce sable? Venant de l’Informe et de la confusion… Le temps a sédimenté, trié, formé les continents,

« Ainsi on a pu argumenter que si un verre peut se briser et non se dé-briser, c’est parce que le premier mouvement a énormément plus de chance de se produire statistiquement, dans la mesure où il y a énormément de façons de briser un verre, mais une seule façon de le débriser. Le cycle serait-il abolit ? Quentin Ruyant »  Cette installation est donc réflexive avec des contradictions car la forme du sablier est en 8 couché, je fais donc appel au symbole de l’infini qui informe du cycle, mais le noir et le blanc étants séparés avec la tension qu’on ne puisse pas revenir en arrière. Le perpétuel recommencement que porte l’objet connu du sablier est contraint par cette étrange séparation des grains.

Détail. Installation, verre soufflé, sable, marbre, 26 cm × 11 cm l’unité

Ir reversible ← 2016


Sati Mougard

Sati Mougard

Le bois de saule utilisé dans cette sculpture est en décomposition. Sa sève, sa vie, son anima étaient en train de se vider (anima « souffle, âme »). Intervention « naïve » de vouloir réanimer quelque chose qui est en déperdition d’énergie. Mon énergie étant humaine, j’ai donc soufflé des poumons humains en verre sur le saule. Le résultat est proche de l’hybride, végétal anthropomorphe.

↓ La respiration est un principe inhérente du principe vivant. Faire appel à l’esprit de la matière à travers diverses mises en scène et stratagèmes… « Pour faire l’homme, Dieu pétrit une masse d’argile extraite de la terre, et sur sa face, il souffla un souffle de vie et l’homme devint une âme vivante ». Genèse 2.7

Dieu était donc un sculpteur… Le verre est un formidable matériau pour faire appel aux différents éléments constituant notre environnement car il pourrait être air, eau, feu, terre (sable), danger, tension, légèreté, immanence, surface et profondeur. Avec ce projet je me suis focalisée sur l’élément air, le souffle et la respiration. Le poumon est apparu comme symbole concentrant ces idées. Le souffle est utilisé en chamanisme ,notamment dans les traditions de la Terre : Lakotas et Choirs (Amériques du Nord et Sud) pour guérir. On aspire le mal et on insuffle la vie. Parfois le souffle est accompagné par des plantes sacrées telles que le tabac, la sauge et le cèdre.

Le verre forme le bois, le bois forme le verre. Histoire d’un mariage. Tentative de trouver un compromis. Volonté d’affirmer une relation, une filiation entre différents éléments. Sens commun : la physique, la science et bien d’autres domaines affirment que la respiration est un phénomène observé autant dans le microcosme que dans le macrocosme. La respiration cellulaire est l’ensemble des processus du métabolisme cellulaire convertissant l’énergie chimique contenue dans les nutriments. La respiration est l’une des voies essentielles permettant aux cellules de produire de l’énergie métabolique pour leur développement et leur activité. Ces réactions créent de la chaleur. Cette sculpture peut être aussi vue comme un outil de réflexion sur l’air qu’on consomme, l’air qu’on pollue, la façon dont on traite nos ressources d’oxygène. La vie des arbres nous permet de vivre. Représentation d’une certaine interdépendance.

Souche de saule, verre soufflé, 150 cm × 90 cm

Then he blew upon the nape of my neck ← 2016


Sati Mougard

Sati Mougard

1.  A. Einstein  2.  Longgood  3, 8.  Le livre des symboles, Taschen  4.  L’Abeille (et le) Philosophe, François et Pierre-Henri Tavoillot  5.  Andrews  6.  Burroughs  7.  Psaume 81:16 —

Ainsi suis-je amenée à questionner mon propre rapport aux abeilles. Affection particulière car elles sont elles aussi des sculptrices et en plus des architectes de la nature. Elles travaillent la matière, la transforment, la digèrent et donnent à voir des formes organiques avec une trame géométrique. Ma fascination pour leur travail est similaire à celle que je peux avoir pour d’autres artistes comme par exemple Joseph Beuys qui est au service des formes et du sens.

↓ Qu’est-ce qui est vraiment utile? Pourquoi le miel et pourquoi travailler en collaboration avec les abeilles ? Comment un objet par son utilité peut-il rendre service à la société ? « Si les abeilles venaient à disparaitre il ne resterait plus que 5 années à l’Homme. » 1 Tout le monde sait que la vie des abeilles est extrêmement menacée, par différents paramètres comme par exemple les pesticides, insecticides, ondes électromagnétiques…Comment en tant qu’artiste et souffleuse de verre puis-je servir la cause des abeilles ?

« La fabrication du miel est un art démiurge, « un processus chaud » alchimique débutant dans les profondeurs de l’interaction du soleil et de la fleur, où se forment le nectar et le pollen, puis porté en avant par l’abeille solaire qui le recueille, le consomme et le transforme. Celle-ci le digère, le métabolise dans son corps, puis l’épaissit en l’éventant avec ses ailes, l’amenant à la perfection. Pour les anciens Égyptiens, les premiers à pratiquer l’apiculture, l’abeille à miel était la créature qui transformait les rayons du soleil en douceur dorée. Dans l’Hindouisme, les divinités Indra, Krisna et Vishnu sont « nées

du nectar ». Quand le serpent Kundalini enroulé sur lui-même s’éveille de sa torpeur et se dresse, il émet un bruit comparable à celui d'un bourdonnement d’abeilles. Cependant, les abeilles sont le plus souvent associées à la grande déesse mère puisque leurs colonies sont dominées par une reine. Un certain nombre de mâles, ou faux-bourdons, s’accouplent avec la reine en vol, une mission qui leur est fatale: la pression de l’air ouvre l’abdomen du mâle pour lui faire présenter son organe qui, après être entré dans la vulve de la reine et avoir éjecté son sperme, reste « accroché à la reine tel un trophée » 2. Le seul et unique vol nuptial de la reine vierge lui fournira tout le sperme dont elle a besoin, après quoi elle passera le reste de sa vie dans l’obscurité de la ruche, pondant jusqu’à 2000 œufs par jour, son unique fonction.3 » Produire 450 grammes de miel, qui contiennent l’essence de plus de deux millions de fleurs, nécessite 25 000 voyages entre les fleurs et la ruche. Les anciens chasseurs de miel risquaient leur vie en escaladant des falaises et en affrontant les essaims pour plonger la main dans les crevasses sombres et utérines afin d’en extirper des ruches ovoïdes dégoulinantes de miel. 4 » « Les Grecs anciens imaginaient une ruche universelle au centre de la terre ou une grande ruche d’où sortaient dieux, déesses et êtres humains. 5 » « Les ouvrières cirières se gorgent

de miel, s’accrochent les unes aux autres en longues boucles puis dans une sorte de processus méditatif, transforment le miel en cire qu’elles sécrètent par leur abdomen et sculptent en groupes d’alvéoles hexagonales. Le contenant et le contenu étant différentes manifestations d’une même substance » 6. Ainsi le Christ était appelé le « miel de roche », « car l’âme est au corps ce que le miel est au rayon, une essence divine abritée dans un vaisseau terrestre. 7 » Nombre « L’abeille possède six pattes et son abdomen est divisé en six segments. Le nombre 6 lui est attribué du fait aussi que les alvéoles de cire qu’elle fabrique sont hexagonales. L’hexagone est la figure géométrique dans laquelle peut s’inscrire une étoile à six branches, symbole du macrocosme, du divin et du spirituel. » 8Par mes recherches autour de l’objet utilitaire je tends à démontrer que l’abeille fait partie du sacré, à quel point elle peut être précieuse pour l’humanité et à montrer comment elle est fondatrice de nos sociétés. Ainsi j’oriente mon objet autour de ces caractéristiques de préciosité, de sacralité. Je mène mes recherches sur différents plans en me resserrant sur les dimensions symboliques, scientifiques et mythologiques. Ces thèmes amènent des formes, des pistes et idées que je manipule et ré-injecte dans l’objet.

Axe principal : la géométrie sacrée Les abeilles sont de grandes architectes, elles savent optimiser les formes et les surfaces pour les rendre habitables pour que leur communauté vive et travaille dans l’harmonie. Leurs cellules perfectionnées, les lieux où tout s’opère sont les fameuses alvéoles hexagonales. Ainsi leur est attribué le chiffre 6. Non seulement à cause du nombre de côtés de leurs cellules, mais aussi à cause du nombre de parties dont leur corps est composé. L’hexagone est l'une des seules figures à pouvoir recouvrir n’importe quelle surface, qu’elle soit convexe ou concave… Quand on observe une fleur ou un humain au niveau moléculaire, on s’aperçoit que la symétrie est l'une des règles de construction de la nature, ainsi l’Homme trouve l’équilibre et marche… etc. Mais c’est aussi une loi esthétique, qui rend un visage attirant. On sait également qu’une abeille préférera butiner une fleur symétrique avec un nombre de pétales égal ou supérieur à 6, cet attribut étant pour elle un signe de bonne santé et donc un attrait. Les scientifiques se sont aperçu que leurs critères variaient entre l’odeur du pollen dégagée et la géométrie d' une fleur. C’est donc logiquement que j’ai voulu rendre mon pot attirant pour elles, car toute la difficulté est qu’elles le trouvent suffisamment adapté pour qu’elles y construisent leurs alvéoles et y déposent leur nectar.

Verre soufflé, pâte de verre, miel, cire, propolis, 22 cm × 11 cm

Butin ← 2017


Sati Mougard


Sati Mougard

Sombrero galaxy, European Southern Observatory  .3 Ondes sur l'eau  .1

Capture d'écran vidéo, Verrerie de la Rochère  .2

comprendre et appréhender le macrocosme ? (Étymologiquement, macrocosme signifie « grand monde », du grec macros « grand » et cosmos « monde ». Macrocosme : grand monde, donc l’univers par rapport à l’homme qui est un « petit monde »  Wikipédia. Ce courant de pensée qui fonctionne par analogie est largement répandu dans l’antiquité, à la renaissance et dans les philosophies orientales : l’homme et son système est à l’image du monde et son système. Cette manière de penser m’est chère car elle est effectivement basée sur l’intuition, l’observation et l’introspection. L’acquisition de connaissance comme instinct primitif d’évolution en-dehors de l’élitisme. 3

Ces formes viennent de la pratique même du soufflage de verre. La cive est une figure utilisée au cours de l'Antiquité pour laisser entrer la lumière dans l’habitat. Le disque, avec ses ondulations, renvoie aux ondes et à leur propagation 1. Le soufflage en couronne est une technique à la canne apparue au Ve siècle, permettant la fabrication d’un verre plat. Synonyme de soufflage en plateau, les feuilles obtenues présentent une forme circulaire que l’on appelle « cive ». L’exercice du soufflage se rapporte à la danse et à la chorégraphie. De nombreux verriers mettent en lumière cette correspondance, même ceux exerçant à l’usine. 2 Mon travail de plasticienne faisant du soufflage de verre est de transcrire et de questionner cette chorégraphie menée par la matière.

De nombreux verriers assimilent le soufflage de verre à une danse, à une chorégraphie. Mais, avec la particularité d’avoir comme partenaire une matière – le verre en fusion – quelle est-elle ? La danse est une expression du corps mouvant, ces mouvements sont souvent rythmés, mais pas pour autant ordonnés. Une danse vécue comme une connexion avec le Tout Autre. La danse, de ce point de vue, peut être vue sous une forme de désordre, car on va au-delà de la limite de la Raison. Au sein de ce désordre l’expression du corps extériorise, purge et transcende. Ainsi c’est par soi qu’on parvient au Sacré. La danse est aussi liée aux mouvements planétaires, comme telluriques et cosmiques. Elle rend compte des mouvements terrestres qui nous influent comme le vent, l’eau, le feu, la terre et son attraction, des influences contextuelles : quotidien, travail, industrialisation, et des mouvements intérieurs comme les émotions, les sentiments, les sensations et les idées. Ainsi, dans la consécration du corps, le danseur nous apparait comme étant le médium le plus perméable qui soit.

Plusieurs éléments entrent en compte : la gravité, la rotation, les températures… Ces 3 notions jouent un rôle essentiel à la fabrication d’une pièce mais aussi à la création et au maintien du système solaire et me renvoient automatiquement au cosmos. Comment en agissant au niveau de l’homme – le microcosme – peut-on

Dans mes sculptures, je fais souvent appel au corps, qu’il soit absent, fragmenté, contourné ou invoqué. Car quand on invoque le corps, on peut s’identifier à lui, il peut agir comme miroir. Il touche le viscéral pour parler à l’esprit. Par système d’appropriation, on rentre donc, nous aussi spectateur, dans l’état de ce corps. La vision

du corps du danseur à l’œuvre, communique à peu près les mêmes choses.Dans cette danse, il s’agit de se mouvoir avec le verre en fusion. Les lois, le rythme, les gestes sont dictés par ce terrible partenaire, il est le reflet de notre condition, ainsi, pour son harmonie et sa coopération, il exige un certain silence et une écoute certaine. Lors de cette pratique qui sollicite des éléments tels la gravité, la rotation et la chaleur, d'intimes compréhensions s’opèrent… Elles s’accompagnent d’expériences, d’associations et nourrissent un univers sensible cherchant des accords avec le grand univers. La réalisation d’une cive (disque) est assez spectaculaire : comme la plupart des pièces, on part d’une bulle qui devient sphérique, puis on l’ouvre progressivement en refroidissant certaines parties et d’un coup, elle se déploie, on arrive au point de non-retour de la matière ; le verre ne peut plus être modifié, il est devenu « plat ». Ce disque, avec sa méthode de fabrication, me renvoie directement à la forme et à la formation de la plupart des galaxies. Ici ces disques représentent des disques solaires. Ils sont la manifestation de diverses représentations dans nombre de religions. Ils ont vocation a interroger la perception de ce qui nous entoure, et à relativiser la véracité des choses. Le parti-pris de cette installation est d’invoquer des formes au niveau primaire de leur révélation. En effet, c’est une proposition poétique d’un univers naïf : le soleil est perçu comme plat, se lève, culmine et chute. La ruse d’accrochage pour maintenir le disque au zénith est très archaïque : une planche de bois contre le mur. Le soleil est ainsi à la portée de tous — tout comme le verre qui sort de la vitrine et saute hors du plot. La volonté est sans-doute de vulgariser des choses intouchables tel le soleil : un des archétypes fondateur de nos sociétés.

Installation. Vidéo, verre soufflé, bois, sable

Le jour après la nuit ← 2017


Sati Mougard


Sati Mougard

Sati Mougard

La légende de La pierre qui chante prétend que quiconque s’endort dessus, se réveille soit avec la connaissance universelle, soit en ayant définitivement perdu la raison.

Le souffle s’adosse à l’espace, l’ensemble vivant et respirant. D'une part, les nouvelles formes sont le résultat d’une attitude de respect par rapport à l’élément premier, la matière, dont les spécificités entrent dans le processus même de création. Voilà pourquoi, si souvent, ce qui en résultera conservera une allure d’hypothèse. Cette contingence découle de ce que les propositions de l’artiste ne cherchent pas à outrepasser celles de la matière, mais, au contraire, à se conformer à elle, à se former à son image. Ici le souffle est libre et à la volée, le verre s’étire, se gonfle et se dégonfle, nous sommes proches de son état visqueux initial. D’autre part, le geste des artistes peut consister à laisser parler les matériaux et les forces qui agissent naturellement sur eux. Leur rapport à la matière est le plus souvent guidé par une dimension de type mystique.

Création d’un protocole de soufflage, qui serait de créer un objet en respirant (expiration, inspiration, expiration) avec le minimum d’interventions manuelles. Le résultat est proche de l’organe pulmonaire. Le mouvement de poussée et de retrait du souffle marque la mémoire formelle du verre et communique la sensation de respiration.

Le souffle fendit l’air tel un éclair, dévorant sensuellement la masse remuante de la terre, fécondant ses pores et ses veines.

Verre soufflé, 300 cm × 25 cm

La grande trachée

← 2016

Soufflé-aspiré, pierre, béton, verre, 90 cm × 60 cm

La pénétrable étrangeté ← 2016


Sati Mougard

✉ satimougard@gmail.com

Crédit photo Célia Hay


7/9

Février 2017. Interview avec Sylvain Plazy,

Née en 1988 à Aubenas en Ardèche, Lucie Omont est une artiste française travaillant principalement le verre. Intéressée par tout ce qui touche aux aspects psychologiques et sociologiques de la nature humaine, Lucie porte au travers de ses œuvres un regard et des questionnements sur cette société qui l’entoure.

Lucie Omont

cerfav  formation créateur verrier  ◆  promotion 24  2015 → 2017  ◆  matière à réfléchir

journaliste basé à Bruxelles, à la « Maison du Peuple », Saint-Gilles.

Sa réflexion se porte sur la nature et le comportement de l’Homme ainsi que sur le relationnel entre les êtres humains et leur environnement au sein d’une société. Ses interrogations sur les rites et rituels l’ont amené à prendre part entièrement à cette société en mouvance constante et à se positionner en tant que créatrice, voyant ses œuvres comme des sources de réflexion et de sensibilité. « Dans mes travaux je souhaite proposer de nouveaux usages, de nouveaux rituels, de nouvelles fonctions afin de se questionner sur le passé et ses vestiges. Il est important pour moi que les personnes se remettent en question, se positionnent sur les questions de société » explique Lucie. Loin de toute provocation elle les invite donc à la réflexion, en essayant de les toucher dans leur sensibilité, dans leur humanité, en réveillant et stimulant leur côté humain. Dans les œuvres présentées ici Lucie joue sur les interactions pour développer une réflexion et vous invite à explorer de nouvelles fonctions en rapport avec les sens. Français

Février 2017. Interview with Sylvain Plazy, Brussels based journalist, at « Maison du Peuple », Saint-Gilles.

Born in 1988 in Aubenas, Ardeche, Lucie Omont is a French glass artist whose work focuses on psychological and sociological aspects of the human nature. She brings a fresh eye and asks new questions about the society she lives in and analyses its current rites and rituals. Her reflection on human beings’ behaviour and relationships led her to embrace this society in constant movement and to position herself as an engaged artist who uses her art work as a source of new thoughts and sensibility. « I wish to use my work to suggest new practices and new rituals in order to question the past and its remains. It is very important for me that people question and position themselves about our current society » Lucie explains. Far from being provocative, she invites people to think as she tries to wake up and stimulate their sensibility and humanity. In her work introduced here, Lucie plays and creates interactions to develop a reflection and she invites you to explore new ways to interact with different senses, such as the sense of smell or the sense of touch. English


Lucie Lucie Omont Omont

Recherches graphiques. Vaisseaux mains, crayon, papier, 21 × 29,7 cm, 2016


Lucie Omont

English With this piece of art Lucie takes her time. She takes the time to grasp a fleeting moment, the ephemeral moment when two different skins touch each other and create a contact point. Lucie wants here to take us in a journey where we will focus on various feelings and experiences related to the sense of touch, on the metamorphosis that it creates to the person who is touching. « The sense of touch is the first sense to be developed for human beings, it is used for interacting with our environment and creates exchanges. But it is sadly more and more forsaken, avoided » notes Lucie. Yet the sense of touch is crucial for personal evolution as it reveals our humanity and our physical awareness. However, in our society and in our culture physical contacts amongst human beings are highly monitored.

« We are avoiding physical contacts, we are avoiding promiscuity. Even if physical contact creates a link and a bound between individuals, we are nowadays in a society that leans towards individualism. Physical contact is less and less present, and the sense of touch is the forgotten sense of our time ». The artwork represents a hand ready to touch and feel, with the index finger leading. It is formed with the skin as an envelope and we can see the ramifications of the information network created inside. « Through the skin we can see all the ramifications inside. The hand is the organ for touching and grasping. The skin acts as a protection barrier and on an individual level the skin is what defines our body and makes us as a human being. The networks are where all the information gathered through touching is accumulated. » Lucie is here using a stamping method with a glass powder base in order to imitate the skin as best as possible. « I am using glass powder that I stamp on a mold. This technique allows to create a skin texture with a peach touch feeling. The light and the different layers of glass create various optical effects, including transparency effects and color modulations. We can clearly and precisely distinguish the hands contours, and the fragile artworks created through the stamping method are an original interpretation of the sense of touch and the ephemeral aspect of its expression. It is a crystallization of this precious moment ».

Français Avec cette œuvre Lucie Omont prend le temps. Elle prend le temps de saisir un instant fugace, celui du contact éphémère entre deux peaux qui se touchent en matérialisant un point de contact. Lucie nous emmène ici dans une réflexion sur les expériences et les ressentis liés au toucher et sur les métamorphoses que cela induit sur la personne qui touche. «Le toucher est le premier sens à se développer chez l’être humain, il sert à l’interaction avec notre environnement et permet d’échanger, mais il est malheureusement de plus en plus en plus délaissé, fuit» constate Lucie. Ce sens est pourtant essentiel à la construction de la personne car il nous révèle à notre humanité, c’est-à-dire à la réalité de notre conscience physique. Néanmoins, dans notre société et dans notre culture les contacts entre individus restent très encadrés.

« Nous évitons le contact physique, nous fuyons la promiscuité. Bien que le lien entre les individus se fasse par le toucher, de nos jours, dans notre société qui tend vers l’individualisme, le contact tactile est de moins en moins présent. Le toucher est le sens oublié de notre époque ». L‘œuvre représente une main en position de toucher ou palpation, avec l’index comme doigt de lecture. Elle est constituée de son enveloppe (sa peau) et de ce qui est en train de se créer à l’intérieur (ramifications du réseau d’information). « Sa peau laissera entrevoir toutes les ramifications. La main est l’organe du toucher et de la préhension. La peau est la barrière de protection et sur le plan individuel est le contour du corps et ce qui nous permet de nous sentir individu. Les réseaux sont les lieux où s’accumule toute l’information récoltée par le toucher, la richesse du geste  ». Lucie utilise ici une technique d’estampage à base de poudre de verre afin de reproduire au mieux l’aspect de la peau. « J’utilise de la poudre de verre que j’estampe sur le moule. Cette technique permet d’obtenir un grain de peau évoquant le touché pêche. La lumière offre au regard une gamme de jeux optiques grâce aux effets de transparence, aux modulations des couleurs et des différentes épaisseurs de matière. On cerne le contour de la main de manière très précise. Les réalisations ou les fragiles restitutions, obtenues par l’estampage offrent une interprétation originale du toucher et le caractère éphémères de ses manifestations. On obtient un cristallisation de ce moment précieux »

Toucher, création de matière ← 2017


Toucher, point de contact, fritte de verre, 12 × 15 cm, 2016, collection Toucher.

Lucie Omont


Lucie Omont

Crayon rouge, 21 × 29.7 cm, livret cuir noir, 2016.


Lucie Omont

Recherches graphiques. Vaisseaux mains, crayon, papier, 21 × 29,7 cm, 2016

Lucie Omont

Poudre de verre blanche fusionnée, fritte de verre et estampage, 6 cm × 3 cm, 2017.


Lucie Omont

✉ lucie.omont.thaci@gmail.com

Crédits photo : portrait Sylvain Plazy, photos Pouce et Osmothèque Nicolette Humbert.


Adélie Payen

cerfav  formation créateur verrier  ◆  promotion 24  2015 → 2017  ◆  matière à réfléchir

8/9

Mon travail gravite autour de la ligne organique, le rapport à la nature s’y inscrit comme une évidence. Sous différentes formes, j’aborde les notions de vide, de silence, et d’instant.



Adélie Payen

Adélie Payen

Les boules Baoding nous viennent de la culture chinoise où, voilà des siècles, on faisait tourner deux noix dans sa main afin d’exercer une pression sur les points d’acupuncture, dans une démarche de médecine préventive. Wen Wan propose d’intégrer à notre quotidien cette pratique de bien-­être, tout en renouant avec la tradition ancestrale. Pâte de verre. ∅ 4,5 cm

Wen Wan

← 2017

Pâte de verre, verre taillé. L. 27 cm × l. 25 cm × H. 30 cm

Détaches-toi ← 2016


Adélie Payen

Verre collé par résine photopolymérisante, verre sablé, graines de chanvre. L. 80 cm × 7,5 cm

L'envers du Déluge ← 2016


Adélie Payen

Adélie Payen

H. 41 cm × ∅ 11 cm. Pâte de verre

Bâton de silence ← 2017

Quand elle est infime, la durée n’en est que plus précieuse. Avec Phantasma, du vide surgit un visage, celui d’une personne aimée et disparue. L’espace de

quelques secondes, le souffle appelle le souvenir, la buée révèle un fantôme. Phantasma met en parallèle l’instant vivant avec l’infini de la mort, et nous enveloppe de réconfort, celui de savoir que l’absence n’est que visuelle, la séparation seulement temporaire.

Verre soufflé, vernis. ∅ 22 cm

Phantasma ← 2016


Adélie Payen

Photos studio, Nicolette Humbert

Bébé caillou a été modelé sur mon corps, au creux de mes bras. Il est marqué par la dualité de la pesanteur et de la translucidité, de la présence et de l’absence. Le poids nous écrase, mais il nous ancre dans la terre. La légèreté nous libère, mais elle nous désincarne. En faisant corps avec le végétal, le minéral affiche son caractère organique, il exalte ses formes sensuelles et sa matière amniotique.

Pâte de verre. L. 24 cm × l. 13 cm × H. 15 cm

Bébé caillou ← 2017


Adélie Payen

✉ adelie.payen@gmail.com


Après des études d’histoire à la Sorbonne et à l’E.H.E.S.S. j’ai décidé de quitter l’aspect scientifique de la discipline en rejoignant les Beaux-arts de Nantes afin de me tourner vers une recherche plus sensible du lien avec nos ancêtres et du récit de nos origines.

Nadège Tran

cerfav  formation créateur verrier  ◆  promotion 24  2015 → 2017  ◆  matière à réfléchir

9/9

Comment les hommes du passé et plus particulièrement nos morts sont présents en nous en ce moment-même ? Quelle place ont-ils dans notre mémoire ? Comment se raconte-t-on le passé ? Dans quelle mesure jouons-nous avec ces histoires ? L’Histoire, les mythes et l’art sont des récits que la société se raconte à elle-même. Questionner la forme du récit. S’inventer sculpteur d’origine. Donner une présence aux squelettes du passé. Je vois l’artiste comme un raconteur particulier jouant avec les formes, les légendes et les fausses vérités. C’est au Cerfav que la cristallisation de ces mythes réinventés a pu se réaliser.



Nadège Tran

Nadège Tran

Verre, pâte de cristal et cierges. (Détail, Atropos)

Pour accompagner nos morts, Maison de Baba Yaga ← 2016


Nadège Tran

↓ Cette pièce fonctionne en binôme avec un récit qui est performé puis accessible au spectateur par le biais d’un enregistrement audio. Le récit raconte comment les hommes d’aujourd’hui ont voulu copier Prométhée en allant chercher une source de feu inépuisable. Celui-ci avait volé le feu divin de l’Olympe pour le donner aux hommes. Il l’avait pour cela caché dans un fenouil. Le fenouil ayant la particularité de sécher d’abord à l’intérieur puis à l’extérieur, cela a permis à Prométhée de transporter le feu à l’intérieur de la plante sans que les dieux ne le voient.

À l ‘heure actuelle, face aux problèmes d’épuisement des ressources, la nécessité de trouver un feu divin et inépuisable se fait de plus en plus forte. Un groupe de scientifiques décide alors de contacter l’agence spatiale européenne afin de proposer le transport d’un fenouil dans leur fusée. En effet, le fenouil est le seul réceptacle possible au transport d’un feu divin et il serait fort dommage que les hommes trouvent une énergie inépuisable dans l’espace mais ne puissent pas la ramener à bon port. Après d’âpres négociations, un fenouil est envoyé dans un vaisseau pour s’approcher au plus près du soleil et tenter d’y prendre un peu du feu céleste. Seulement, la technologie humaine étant encore précaire, la fusée explose et le fenouil se retrouve dans un espace à -270°c où il se cristallise instantanément. Cet objet qui nous revient après un long périple est l’inverse de l’attente de ces hommes. Ils cherchaient du feu et ont récupéré des cristaux de glace ressemblant aux grandes glaces de la banquise.

Pâte de cristal

Prométhée est allé chercher le feu et le transporta dans un fenouil, au retour de son voyage la plante transportait étonnamment son opposé, des cristaux de glace ← 2017



Nadège Tran

Il s’agit d’une archéologie fictive qui parle de la naissance de l’écriture. Et si l’invention de l’écriture avait été une évolution de notre corps avant d’être celui de notre esprit ? Comme si le corps avait pris en charge cette apparition. Les lettres ont poussé sur les os comme des branchages. Cet humérus porte des lettres de l’alphabet protosinaïtique, un des plus anciens alphabets connus.

Nadège Tran

Verre sodocalcique (ci-contre, détail)

Archéologie, humérus protosinaïtique ← 2016

Nos dents, comme les dents de sagesses, sont d’abord enfouies au fond de nos os. Du fond de nos corps elles remontent. Mais parfois elles sont trop nombreuses comme le sont nos inquiétudes répétées. Ces dents poussent et fleurissent à la surface de la mâchoire créant un être entre humanité et tératologie.

Verre

Colonie ← 2016


Nadège Tran

Verre, étain

Mâchoires à écrire ← 2017


Nadège Tran

Un motif floral qui se révèle être des dents, un bijou comme une force secrète. La beauté est là où on ne l'attend pas, faussement inoffensive. Le bijou donne à voir ce que nous avons de plus précieux. Il s'agit ici d'une partie de nous même, étrange et ambivalente.

Pâte de cristal, 6 cm x 5 cm max. Monture métal plaquée or 24 ct

Cannibale ← 2017


Nadège Tran

✉ nadege-tran@hotmail.com

← En Ardèche ! avec la sphère réalisée par Georges et Monique Stahl


Achevé d’imprimer à Nancy, en juillet 2017 Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle (54) ← Imprimerie — Les textes sont composés avec les caractères Zingha bold de Xavier Dupré (2005), Fedra Sans et Fedra Sans condensed de Peter Bil’ak (2001) Miguel Costa ← Design graphique Nicolette Humbert ← Photo de groupe et photos portraits — © Tous droits réservés Toute reproduction partielle ou intégrale du texte ou des photos doit être soumise à autorisation, sous peine de poursuites



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