Un regard durable sur la planification des camps de réfugiés

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Un regard durable sur la planification des camps de réfugiés Claudia FLORES Mémoire de Master 2 «Sciences du territoire» Spécialité Urbanisme, Habitat et Coopération Internationale Parcours Professionel sous la direction de Mme Anne-Laure AMILHAT SZARY Année universitaire 2013-2014



n o ti c e a n a l y t i que Auteur : Flores Timoteo, Claudia TIitre du projet de fin d’études :

Directeur du projet de fin d’études: Anne-Laure Amilhat Szary Collation:

Un regard durable sur la planification des camps de

Nombre de pages : 87 p.

réfugiés

Nombre d’annexes : 0

Date de soutenance: 11 septembre, 2014

Nombre de références bibliographiques : 53

Organisme s’affiliation :

Mots-clés analytiques: camps de réfugiés, refuge,

Institut d’Urbanisme de Grenoble - Université Pierre

exception, développement durable, résilience,

Mendès France

systèmes socio-écologiques.

Organisme dans lequel l’alternance a été effectué: Arcò – Architettura e Cooperazione

Mots-clés géographiques: Afrique, Asie, Jordanie, Territoire Palestinien, Bande de Gaza.

Résumé:

(FR) Ce document examine la planification de camps de réfugiés avec un regard durable, en premier lieu on fait une révision des concepts pour lesquels le camp est défini comme un espace d’exception exposé à une discrimination et contrôle politique. Et en deuxième lieu, les dynamiques urbaines internes qui nous permettent d’envisager la création de la ville et la permanence de cet espace. Le camp et les structures parasitaires qui lui servent (centres de transit, centres de réception) sont entendus comme des systèmes socio-écologiques complexes dont leur interaction avec le territoire et sur/sous-systèmes présents est indissociable des conséquences sur l’environnement et autres dynamiques globales, à partir de l’analyse de son comportement il est établie sa capacité d’être résilient par rapport à l’écosystème qui l’héberge. Enfin, certains comportements qui aident à incrémenter la résilience dans chacun de ces espaces sont analysés, des techniques et matériaux constructifs sont aussi présentés dans le but de modifier la conduction des opérations humanitaires vers des pratiques plus responsables.

(ES) Este documento examina la planificación de campos de refugiados desde una perspectiva sostenible, se revisan por un lado los conceptos por los que el campo es definido como un espacio de excepción sujeto a una discriminación y control político. Y por otro lado, las dinámicas urbanas internas que permitirían imaginar la construcción de una ciudad y de la permanencia de este espacio. El campo y las estructuras parasitas que lo sirven (centros de tránsito, centros de recepción) son entendidos como sistemas socio-ecológicos complejos cuya interacción con el territorio y otros sistemas es indisociable de las consecuencias sobre el medio ambiente y otras dinámicas globales, a partir del análisis de su comportamiento se establece su capacidad de ser resilientes respecto al ecosistema que los alberga. Finalmente, se analizan ciertas conductas que pueden incrementar dicha resiliencia para cada uno de estos espacios, y se presentan técnicas y materiales constructivos que modifican la conducción de operaciones humanitarias hacia prácticas responsables.



re m e rc i e m ents

Je voudrais remercier mes parents, sans qui cette histoire ne s’accomplirait pas ; merci à mes amis restés loin mais qui à la fois sont toujours près de moi et merci aux rencontres et conversations stimulantes que cette expérience en Italie m’a apporté et qui me font continuer la découverte.

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s o mmai re p. Remerciements

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Introduction

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I Camps de réfugiés 1.1. Des précisions : Camps, phases d’intervention et acteurs. Des définitions d’occupation, temporalité et résilience 1.2. La création d’espace, possibilité ou réalité 1.3. Evolution de la forme urbaine des camps 1.4. Evolution des considérations écologiques dans le design de camps 1.5. Des standards internationaux aujourd’hui : la réponse humanitaire a) Handbook for emergencies (UNHCR) et le Sphère (Sphere Project) b) Transitional Shelters - Corsellis & Vitale c) Camp Managment Toolkit - NRC II Repenser les camps depuis une approximation durable 2.1. Défis actuels : nouvelles demandes urbanistiques et la réponse du système académique 2.2. Systèmes sociaux-écologiques : introduction du concept de résilience dans la conception des camps 2.3. Une organisation avec des priorités : demandes écologiques, humaines (besoins) et culturelles III Phase d’implémentation 3.1. La recherche d’autonomie dans l’organisation spatiale a) Centres de transit / réception b) Camps et transitions entre le camp et la communauté d’accueil 3.2. Techniques et matériaux a) Construction en terre, en paille, etc. b) Identification de matériaux locaux et réutilisation des éléments provenant de l’aide humanitaire dans la construction des camps.

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Conclusion

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Bibliographie

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Table de figures

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intro duct ion

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Les camps de refugiées accueillent aujourd’hui 51,2 millions de personnes déplacés dans le monde (UNHCR U. N., 2014), chiffre qui est composé par plusieurs catégories de personnes selon leur statuts politique ou leur lieu de refuge (réfugiés, déplacés internes, demandeurs d’asile, entre autres). Son existence répond à des situations d’urgence qui ont comme principale origine les catastrophes naturelles et les conflits armés, phénomènes très fréquents ces dernières années et qui ont accéléré l’accroissement du nombre de personnes déplacées et la prolifération des camps. Ces populations sont accueillies dans plusieurs types d’espace, soit hébergées par des familles d’accueil ou dans des centres communaux, soit dans des camps de réfugiés; pourtant, le camp reste la réponse la plus répandue et celle qui demande aujourd’hui le plus d’effort au système d’aide humanitaire (mobilisation des ressources financières et humaines). Au cours des dernières années l’espace du camp a vécu plusieurs transformations dans sa forme (forme urbaine), son organisation et sa gestion. Néanmoins, ces changements ont été guidés principalement par des considérations sanitaires et logistiques et n’ont touché que de façon superficielle les composants du camp. Au niveau formel le camp est passé d’un modèle construit à partir d’une grille militaire à l’introduction de « clusters » (Kennedy, 2008) que créent des regroupements en fonction du nombre de réfugiés; mais qui retient une organisation qu’uniformisent les espaces. Au niveau fonctionnel on arrive aujourd’hui à un

degré de détail qui standardise les services nécessaires pour le bon fonctionnement du camp, basés aussi sur le nombre de réfugiés et leurs besoins essentiels (ex. distance maximum entre le refuge et un point d’eau). Toutes ces considérations sont mises en évidence dans les nombreuses publications d’organisations internationales et des ONG, telles que United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR), World Health Organization (WHO), International Committee of the Red Cross (ICRC), Sphere, Oxfam, etc. ce qui crée un « savoir-faire » universel que toutes les organisations impliquées doivent suivre ; mais qui devient, sur certains aspects, très rigide dans son application sur le terrain, à l’intérieur on trouve une réalité marqué par les multiples déplacements d’une même population et la longue durée de vie des camps, ce qui peut dénoter un manque de planification dans la durée. Il faut aussi souligner que l’étape de formalisation dans le déroulement de vie de ces espaces n’est pas explicitée. En plus, la population accueillie dans ces camps n’a plus les mêmes besoins que ceux proposés par les standards internationaux, elles demandent aujourd’hui plus de communication, d’échanges, un espace urbain plus proche de son imaginaire, des solutions durables dans le temps, et de ne pas laisser sa condition de déplacés les empêcher de participer à une société (urbaine ou rurale) où se valorise son savoir et qui soit en lien avec l’extérieur. A ceci vient s’ajouter le fait que les considérations sur la relation entre le territoire où s’érige le camp et le camp-même (environnement physique et social) ont été peu et tardivement développées et se limitent à des remarques sur la sécurité (distance aux frontières)

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et l’approvisionnement des services (proximité aux sources d’eaux ou routes). Par contre, des sujets tels que l’emplacement, le climat, les ressources locales disponibles, l’empreinte énergétique du camp ou la relation entre le camp et la communauté d’accueil ne sont pas inclus dans les linéaments proposés par les différents manuels. On aperçoit une division entre les documents qui traitent le design des camps de réfugiés et ceux qui s’occupent des considérations écologiques et culturelles des activités humanitaires. De plus, les documents existants se limitent à des évaluations environnementales ou des recommandations générales, sans donner des actions concrètes de comment agir à l’intérieur du camp. Dans un contexte de prolifération de conflits armés et de changement climatique, dont les occupations humaines sont précaires et rendent faible le territoire très facilement, penser le camp en relation à son environnement est essentiel. Les réponses actuelles ne peuvent pas se permettre de ne pas établir une relation entre le camp et son territoire. Du point de vue urbanistique, le sujet est particulièrement urgent à traiter car, de plus en plus, on voit émerger des conflits et des déplacements liés à des phénomènes naturels comme la sècheresse, des inondations ou la destruction des ressources naturelles. Dans ce scenario, ce document essai de répondre à la question de comment, dans une réalité qui est un plein changement à l’intérieur des camps, agir avec une architecture qui soit consciente des changements sociaux et des contraintes écologiques et qui aide ces espaces à devenir plus résilients. Cela à travers l’autonomisation de certaines fonctions et de l’utilisation des éléments locaux

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et externes dans le design des composants du camp. A partir de la délimitation de ce nouveau scenario, se pose aussi la question du rôle de l’architecte et de l’urbaniste dans la construction de ces espaces. Quelles sont leurs positions et dispositions, doivent-ils être à l’écoute ou imposer des solutions techniquement impraticables ? C’est peut-être un rôle plus passif ce qui les attend, observer les vrais acteurs : les réfugiés, laisser faire et intervenir dans les domaines où ils détiennent la connaissance et qui leur permet d’agir. Avoir une posture attentive peut aussi les aider à « trouver l’inspiration dans des lieux et ces habitants » (King, 2014) et probablement apprendre à expérimenter avec eux dans le but de construire des connaissances ensemble. L’intérêt est donc d’analyser, dans un premier temps, les évolutions de la forme urbaine du camp inscrites dans un processus plus complexe qui est ce d’établir une relation avec son environnement, ces contraintes sociales et son évolution dans le temps, en ajoutant où l’on se trouve par rapport aux standards internationaux et des recherches académiques dans le champ de l’urbanisme et l’architecture, ce qui nous donne un point de référence pour agir sa forme. Ensuite on propose de penser les camps des refugiées comme des espace d’expérimentation où promouvoir une forme urbaine autonome, convergente, responsable avec leur emplacement, et principalement résiliente dans leur fonctionnement. L’introduction des concepts de résilience et de construction soutenable cherchent à obtenir une réduction de l’empreinte écologique des camps et à assurer en même temps un niveau de vie digne à ces occupants, tout en favorisant


la création des espaces d’activité mixtes et une ouverture face aux communautés d’accueil. Dans un deuxième temps on développe le projet, en se focalisant sur la compénétration entre un système écologique spécifique et le système social. On cherche à designer une solution formelle dont le système social/ humaine soit le plus résilient possible au système écologique, c’est-à-dire, la forme urbaine du camp sera modifié en relation au système écologique qui l’accueille. Cela passe par la sélection de zones écologiques qui, ensuite, déterminent des climats particuliers ou agir, pour après utiliser des éléments pratiques de ces climats dans la construction du camp et de ces éléments internes ; par exemple, les caractéristiques du sol, la disposition face aux vents, la faune, la flore, etc. peuvent influencer différentes configurations des camps de réfugiés.

matériaux provenant de l’aide humanitaire, des ressources locales disponibles, du savoir-faire local et des énergies renouvelables. Concrètement le document proposera des recommandations pour améliorer la performance des camps ; qui passe par le traitement des limites, la création d’un maillage vert, la proposition des espaces intermédiaires qui accueillent multiples fonctions, la création des éléments fonctionnels, la production d’énergie, entre autres. Ce travail s’inscrit dans le cadre des actions menées par des ONG et des organismes privés (focalisés sur des questions environnementales) que collaborent avec des organismes internationaux comme UNHCR ou UNDP et qui essaient d’introduire des concepts de durabilité et résilience au sein d’une politique internationale pour la gestion des camps de refugiées.

A l’intérieur du camp on cherche à autonomiser son fonctionnement, en faisant appel à la réutilisation des

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I . camps d e réf ug iés 1.1 Des précisions : Camps, phases d’intervention et acteurs. Des définitions d’occupation, temporalité et résilience

La terminologie est vaste pour définir les différents types d’espace qui ‘hébergent’ les déplacés. D’ailleurs, la plupart des termes utilisés pour les nommer, pour décrire les caractéristiques, les occupants ou les relations qu’ils établissent avec ce qui les entourent se multiplient et tendent à les rendre flou, ce qui devient encore plus compliqué quand on analyse la terminologie pour nommer ces occupants. C’est pourquoi une explication des espaces et termes présents dans le monde de l’humanitaire est développée, toujours en ciblant les zones desquelles s’occupe cette étude. D’autre part, les concepts d’occupation, temporalité et résilience, présentés ci-après, nous aideront à éclaircir leur signification dans le cadre de cette étude, pour ensuite analyser le fonctionnement des camps et pouvoir construire une vision soutenable de l’avenir des camps. Le camp de réfugié est un des différents espaces conçus pour héberger des personnes déplacées à cause des conflits ou catastrophes. Selon UNHCR1 , entité en charge de sa gestion, les trois formes d’hébergement possibles sont : l’habitat dispersé / familles d’accueil; les

1 UNHCR, pour ces sigles en anglais, est le HautCommissariat de Nations Unies, en charge de la protection des réfugiés et de la gestion de tous ses différents espaces depuis 1951.

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refuges de masse; et les camps (qu’ils soient spontanés ou planifiés). Dans cette organisation le camp occupe la place des espaces entièrement fermés à l’extérieur sous la tutelle du Haut-Commissariat, ces espaces peuvent abriter deux types de personnes : des réfugiés2 et des déplacés internes3, ces catégories décrivent la localisation des camps mais aussi la raison du déplacement de ces occupants par rapport au conflit. Du côté des camps de réfugiés, à part le camp comme espace composé des zones 2 Le terme réfugié est définie comme « toute personne qui se trouve en dehors de son pays d’origine ou de résidence habituelle et qui ne veut pas ou n’est peut pas y retourner ou réclamer sa protection pour un des raisons suivantes : i. crainte légitime d’être persécutée pour des motifs de race, de religion, de nationalité, d’appartenance à une catégorie sociale particulière ou d’opinion politique ; ou ii. menace pour la vie ou pour la sécurité par suite de conflit armé ou autres formes de violence généralisée entrainant des troubles graves de l’ordre public » (UNHCR, Handbook for Emergencies, 2007) 3 Le terme déplacés internes (IDP – Internally desplaced persons) est définie comme « des personnes ou groups de personnes qui ont été forcés ou contraints à fuir ou à quitter leur foyer ou leur lieu de résidence habituel notamment en raison d’un conflit armé, de situations de violence généralisée, des violations des droits de l’homme, ou de catastrophes naturelles ou provoquées par l’homme, ou pour en éviter les effets, et qui n’ont pas franchi les frontières internationalement reconnues d’un Etat » (UNHCR, Handbook for Emergencies, 2007)


résidentielles et non-résidentielles (services), des autres dispositifs de contrôle d’accès et de sécurité du camp se créent, on parle des ways stations, des centres de transit et des centres de réception, ils se caractérisent comme étant des espaces très isolés, difficile d’accès avec une durée de séjour courte (7-30 jours environ) dont l’espace et les services sont conçus pour une utilisation communautaire. Ces espaces hébergent une population en changement constant de statut, toujours en attente d’avoir finalement accès aux camps, ce qui les rend plus vulnérables étant donné que leur protection est conditionnée au fait d’avoir le statut ‘réfugié’. Dans un deuxième groupe se trouvent les camps pour IDP’s, ces camps ont un fonctionnement similaire à celui des camps de réfugiés mais peuvent s’établir comme réponse à une catastrophe naturelle et/ ou humaine comme dans les cas de camps en Philippines après le passage du typhon Haiyan en 2013. Situés à l’intérieur de leur pays, ces occupants devraient bénéficier de ces droits citoyens mais restent hébergés dans des espaces fermés et sous la protection d’UNHCR et la Convention de Genève4 en raison de leur situation. Ces deux espaces seront l’objet de cette étude, cela ne signifie pas qu’une solution durable ou plus 4 Convention relative au statut des réfugiés, Genève 1951.

responsable par rapport à leur environnement n’est pas envisageable pour les autres catégories d’espace, mais ils sont des éléments fréquemment attachés à des structures déjà établis comme le montrent les points de passage frontaliers : des squats dans des bâtiments, des abris provisoires, des zones de détention dans des aéroports, ou même des extensions de villes occupées par des réfugiés en fuite (Agier, Gérer les indesirables: Des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire, 2008). Le choix de se focaliser sur des territoires vierges, occupés soudainement, répond à la possibilité d’imaginer des éléments autonomes qui profitent d’un gouvernement indépendant (celui de Nations Unies, même s’il n’est pas toujours directement en charge) ce qui peut être le moyen pour assurer une nouvelle politique, éventuellement plus facile de mettre en place, pour l’espace du camp et ces composants. La temporalité est entendue comme le fait d’être détaché du territoire et d’avoir une condition éphémère et provisoire, ce qui détermine une durée de vie et dans la plupart des cas empêche d’envisager un futur. Dans le contexte des camps, la temporalité est associée à des solutions d’urgence rapides ; ce besoin d’agir dans les plus courts délais exclut l’aspect viable des interventions. Celles-ci s’apparentent à des tentes en plastique, à l’approvisionnement d’eau par camion, aux rations

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alimentaires, au manque de services, etc. mais aussi au fait que ces camps ne sont pas considérés comme des vrais lieux. Dans ce sens, sujets à des solutions pauvres en qualité architectonique et urbaine, à être qu’une étape dans une situation de crise, celle-ci entendue comme la succession de trois moments très marqués : l’urgence, la transition et le développement, la plupart des réponses humanitaires se sont centrées sur la première de ces étapes et n’envisagent plus qu’une prolongation presque infinie de l’étape de transition, le label transitoire a donc validé la temporalité dans l’espace des camps. Il s’agit ainsi de réduire le plus possible cette étape transitoire, ce limbe qui valide les non-lieux et permet des solutions médiocres. Cependant, le terme nomme aussi à ce qui est destiné à disparaître et, à cet égard, il sert pour travailler sur les ‘espaces de transit’ situés à proximité des camps, car la temporalité de ces éléments est déterminant dans l’élection de sa forme interne (l’emplacement est déjà déterminé par le type et direction du conflit) et son fonctionnement, le but est de développer des éléments adaptables aux différents types d’occupants mais principalement des éléments autonomes par rapport au territoire (ces ressources primaires). La temporalité sera donc entendue comme la capacité de se construire en continue et par conséquent d’être le plus résilient possible. D’autre part, quand on parle de l’espace du camp on parle aussi d’une façon d’occupation du territoire, non seulement à cause du support physique (géographique) qui permet son emplacement mais aussi pour la présence de ressources à exploiter, pour les relations déjà existantes avec des autres villes, et principalement pour

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sa capacité de construire une identité, comme l’énonce Julie Garnier « Les camps sont des lieux de production d’une identité urbaine, d’organisation d’un mode de vie, de développement des réseaux sociaux, d’émergence d’une nouvelle relation à soi, à l’autre, à la ville, au monde occidental. » (Garnier, Véronique LASSAILLY-JACOB (coordinatrice), Territoires d’exil, les camps de réfugiés, 2007). Même si cette occupation reste éphémère ou temporelle, le territoire est modifié, l’architecture interne détermine des modes de comportement spécifiques, et le système social et le système écologique sont perturbés à différents niveaux. C’est à cause de cela qu’on s’interroge sur l’importance de prévoir comment faire en sorte que ces occupations soient responsables par rapport au territoire et les relations qui s’y trouvent. Au niveau urbain cette considération est capitale car elle représente la possibilité de prolonger leur vie, d’éviter les déplacements constants à cause du manque de ressource ou la présence de risques, et d’une évolution en accord avec les pratiques de sa populations et la capacité de son territoire. Le terme résilience peut être entendu comme la simple adaptation aux changements, mais cela est une définition réduite du terme, elle doit plutôt s’entendre comme « la capacité d’un système d’absorber les perturbations et de se réorganiser tout en subissant des changements de manière à conserver essentiellement la même fonction, la structure, l’identité et les retours » (Walker, Holling, Carpenter, & Kinzig, 2004). En premier lieu, il faut prendre en compte que dans un SES5 (système 5 SES – Social-ecological Systems (sigles en anglais). La


socio-écologique) trois composants caractérisent la recherche de stabilité, en premier on trouve l’adaptabilité qui est entendue comme la capacité des individus et des groupes d’être résilients, en deuxième la résilience comme la capacité d’absorber les changements et en troisième la transformation comme la capacité d’un système de changer complétement son fonctionnement et de se recréer. La somme de ces trois composants et leur niveau de développement à l’intérieur d’un système nous aidera à construire un comportement plus responsable devant des situations en constant changement, comme celles de la crise humanitaire. Dans ce contexte, la résilience est aussi entendue comme un état d’alerte et la capacité d’un système à s’adapter ou changer s’il est nécessaire (de conduit et/ou de localisation) – traverser le seuil- par rapport à la diversité des situations que se présentent, pour assurer son existence. Ces concepts complémentaires (adaptabilité et transformation) élargissent le concept de résilience en permettant une application dans les systèmes socio-écologiques, systèmes qu’entend la relation ‘système social - système écologique’ comme des éléments indissociables dans un contexte d’activité humaine répandue à l’échelle de la planète. La résilience nous offre la possibilité de générer des changements significatifs dans le fonctionnement des systèmes ainsi que de mettre fin à un type de comportement et initier un autre y compris dans des espaces physiques complètement différents. Appliqué à l’urbanisme, il est un concept qui nous permet de comprendre les occupations humaines non comme des faits finis mais comme des partenariats

socio-spatiaux qui acceptent les changements et les déplacements, les modifications dans le comportement du système, les altérations économiques ou l’adaptation à un nouveau modèle d’occupation et subsistance, les variables sont en principe infinies.

définition de SES est développé dans le chapitre II de cette étude

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1.2. La création d’espace, possibilité ou réalité

Une réflexion sur l’espace physique du camp ne peut pas être dissociée de ces occupants et de leurs pratiques. Le camp existe car il y a de la vie à l’intérieur de ces limites et principalement parce que des processus de formation des villes y sont initiés, même si ceux-ci ne sont qu’embryonnaires et qu’ils pourraient ne jamais se concrétiser. Penser les camps comme des espaces nus, où il n’est pas possible développer une vie politique à cause de cette condition de mise à l’écart, répond à un mode de contrôle d’une situation d’urgence, définie ces occupants comme des simples humains avec la possibilité juste de survivre et sans droit à développer une vie de citoyen. Les études philosophiques de G.Agamben montrent que les organisations humanitaires voient dans la réduction de ces individus à des simples humains -vie nue6- le seul scenario possible pour conduire leur projet de secours, à travers la création et application des standards minimums desquels tout homme a besoin pour survivre. Pour exercer ce pouvoir les organisations ont besoin d’un espace où les droits des citoyens ne soient pas effectifs, par conséquent l’espace du camp devient la concrétisation de ce pouvoir, ‘l’expression plus puissante de l’État d’exception’ (Agamben, 1998) , elle matérialise et communique l’idée d’un homme zõé dans un espace physique, sans 6 Vie Nue est le terme utilisé par Giorgio Agamben pour nommer la vie en dehors de la loi, à la merci du pouvoir souverain. C’est la vie du homo sacre qui peut être tué mais qui en même temps ne peut pas être sacrifié. (Agamben, 1998)

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appartenance à aucun État, sans lois en dehors de celles imposées par le souverain, et avec une durée incertaine où tout projet personnel doit s’arrêter. Cependant, même si on se force à penser ces espaces comme apolitiques, ces infrastructures sont toujours politisées, comme le montrent les bombardements de l’armée israélienne sur des projets de coopération internationale à Gaza en juillet dernier7. Que ce soit des écoles ou des hôpitaux, ils rappellent toujours aux pouvoirs des États qu’il est possible de développer un bios même sous des conditions si adverses. L’apparition de cet état d’exception naît avec la nécessité de sécuriser une situation où les lois ne suffisent pas. Cette nécessité valide l’instauration d’un État qui, dans le cas des camps, promet de garantir le bien-être des occupants, mais qui en réalité conduit la situation à ses limites : comme on n’est pas dans la loi ni en dehors d’elle un nouveau contrôle est donc permis. Ainsi, c’est la temporalité de ces situations qui est à l’ origine du passage de l’État d’exception à l’espace d’exception. Etant donné que l’état d’exception dont nous parle Agamben tend toujours à se prolonger et peut très facilement devenir une situation permanente (durée de vie des camps estimé en 17 années8) il demande à son tour un espace : l’espace du camp, ainsi que les espaces de transit, d’attente, ou les 7 Dans la Bande de Gaza les combats ont repris juillet dernier (2014) après l’assassinat de deux jeunes palestiniens. Les bombardements qui ont recommencé depuis un mois ont causé la mort d’environ 1’900 personnes selon les chiffres officiels des Nations Unies. 8 Source : Ennead Lab.


‘centres de tri’ dont nous parle M. Agier. C’est un espace où le gouvernement (UNHCR étant l’organisme chargé au niveau mondial) acquiert plus de pouvoir et ces occupants moins de droits. Ils sont exclus des lois de leur nation et de celles de la nation qui les accueille, avec la perte de leur nationalité ils deviennent des individus presque sans droits, ou avec le strict minimum nécessaire. Même si cet appareil humanitaire fait des efforts pour sauvegarder la vie et assurer la sécurité des réfugiés, les résultats après cinquante ans du gouvernement de Nations Unies et des nombreuses ONGs restent très questionnables. Peut-on s’interroger d’un possible gouvernement de l’humanitaire? C’est la question que se pose M. Agier en explorant la possibilité de redonner une citoyenneté aux réfugiés à travers la mise en place d’une politique internationale mieux structurée et effective, mais cette possibilité peut être vue comme l’exercice d’un pouvoir plus puissant ; il est probablement plus pertinent de s’interroger sur la possibilité d’un gouvernement construit au sein de ces occupations et par ces occupants -au sein des camps-, un gouvernement construit à la mesure des besoins généraux et non seulement au stade des besoins vitaux. Pour ce faire il faut tout d’abord réfléchir aux individus résidents et les conditions que pourraient faire émerger un gouvernement dans ces espaces. Malgré ce que l’on peut penser, ces occupants font preuve d’une organisation avec des hiérarchies diverses, qui dans les cas de camps plus anciens se traduit par la possession du pouvoir par les premiers arrivants ou une division sociale et physique par lieu d’origine (provenance). C’est aussi une population qui cherche toujours à s’occuper, à

regagner leur citoyenneté même dans des espaces qui la nient, en produisant ou commercialisant des biens, en faisant des échanges – pas toujours légaux- entre eux et avec les communautés locales, ou en trouvant de l’emploi dans les villages environnants, ce qui se matérialise par la création d’un marché du commerce ( qui dans le cas de Za’atri fait tourner dix millions d’euros par mois). Les réfugiés ne sont pas des individus passifs, ils internalisent facilement le fonctionnement du système humanitaire, les modes d’opération, comment agir à l’intérieur ?, d’où l’apparition de pratiques adaptées comme avoir des doubles cartes de ration alimentaire ou le commerce noir des dons. De plus, le partage de ces expériences, de leurs parcours à travers les frontières, commence à créer parmi eux une identité qui se consolide dans l’espace du camp, cet espace humain où s’expérimente le social et la culture, où l’on voit même émerger des leaders politiques et la mise en place des systèmes de numérotation des rues. On est donc devant un embryon de ville, un espace que peut facilement ressembler à des occupations informelles car des problèmes comme la haute densité ou les services offerts qui restent basics se partagent avec ceux de la plupart des banlieues. De plus, une ville se construit aussi sur le fait de pouvoir envisager un projet personnel dans l’avenir, possibilité qui dans le cas du camp n’est pas envisageable (envie de rentrer dans son pays). Une ville est basée également sur l’échange avec les autres; dans le camp cette notion de durée déterminée et ce maintient de l’isolement empêche le franchissement de l’étape suivante. L’idée n’est pas de formaliser l’informel mais de reconnaitre le potentiel de ces occupations

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comme des espaces de construction de la ville où l’appareil humanitaire peut contribuer, pas seulement dans l’assurance de la sécurité, mais aussi comme une structure de support technique dans l’amélioration et le développement des camps. Pour se faire une idée de ce potentiel on peut se demander quelles sont leurs pratiques, ou leurs besoins aujourd’hui, pas de réponses minimales c’est évident, comme l’énonce Kilian Kleinschmidt les nouveaux réfugiés présentent des caractéristiques très diverses et ils ont des demandes plus complexes (TEDxHamburg, 2014). A partir de son expérience comme camp manager du plus grand camp de réfugiés syriens Za’atri en Jordanie (80’000 réfugiés9), il a dû gérer les constantes agressions faites à l’encontre des membres des organisations humanitaires installés au sein du camp, bien que ces organismes fournissaient tous les éléments exigés par les standards internationaux. Pourquoi ce comportement ? Plusieurs éléments sont en joue mais ceci s’explique principalement du fait que, même si ces occupants viennent de contextes très diverses, la réponse humanitaire cherchait toujours à les standardiser et à les réduire à des besoins comptables. Elle décide comment ils doivent vivre, ce qu’ils doivent manger et la quantité requise, le type de nourriture, l’accès au travail ou l’attente perpétuelle – pouvoir du souverain- ; ces organismes humanitaires oublient très fréquemment que ces individus ont des vécus personnels 9 Chiffre officiel d’UNHCR, actualisé au 7 aout 2014. Source : http://data.unhcr.org/syrianrefugees/settlement. php?id=176&region=77&country=107 (consulté le 11 aout 2014).

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et sortent d’une situation de stress causée par la guerre ; ils s’introduisent dans un espace qui continue de leur couper la parole et leur impose des règles. En autre, deux situations présentées par Kleinschmidt peuvent nous aider à comprendre leur opposition à l’aide, les deux liés aux vécus des réfugiés. La plupart d’entre eux proviennent d’un contexte rural où le nombre d’occupants d’un village type ou la proximité des uns aux autres ne ressemble pas à celle d’un camp, leur idée de l’espace ne conçoit pas ces hautes densités de population par exemple. Pourtant, dans le cas de Za’atri, ils arrivent à des contextes plutôt urbains ou péri-urbains où ils sont habitués à avoir accès aux services et à une vie où prévaut l’espace privé, où ils ont accès aux moyens de communication, etc. c’est pourquoi ils ont des demandes plus précises qui ne sont pas considérées dans les standards de survie. Ils ne sont pas juste des zoë 10 mais des citoyens sans envie de renoncer à cette catégorie. Pour illustrer son propos Kleinschmidt parle des pratiques courantes à l’intérieur de Za’atri, comme celles des connexions d’électricité illégales pour desservir chaque container/maison, l’appropriation des toilettes communales pour les rendre privées ou le déplacement des containers pour être plus proche des services ou des parents. Cela montre que l’idée de l’espace que se font les réfugiés est différente de celle des agences humanitaires, comme il l’énonce dans sa conférence ‘Urban Connections’

10 Zoë est le terme grec repris par G. Agamben pour décrire la vie animale, la vie biologique de l’homme (Agamben, 1998).


« nous étions en train de construire un camp, ils étaient en train de construire une ville » (TEDxHamburg, 2014), une occupation qui peut facilement ressembler à une ville, où l’on trouve des banques, des agences de voyage, des supermarchés, mais aussi une très forte densité et des services toujours manquants. De ce fait UNHCR a fait appel à la ville d’Amsterdam pour dessiner un plain urbain du camp où tous les services sont intégrés mais aussi qui considère l’espace, les gens et le commerce dans sa formulation, plan qui n’est pas encore publié mais où interviendra la ‘100 Resilient Cities – Rockefeller Foundation’, une entité qui promeut des réponses résilientes aux problématiques urbaines actuelles. Cela marque le début d’une nouvelle approximation de l’humanitaire vers ces espaces d’exception, avec la création d’un réseau de savoir externe qui soutiendra les initiatives qui émergent du camp (More than shelters, 2014). C’est aussi un défi pour le système humanitaire, soit-il onusien ou non gouvernemental, qui devrait adapter sa réponse aux situations de crise. Alors on ne parle pas de la possibilité de ces lieux de devenir des villes, on parle plutôt de la réalité et de la construction de ces lieux, et logiquement de la demande de ces occupants pour qu’ils soient plus adaptés à leur besoins -même s’ils auront une durée déterminé-. Si le scenario était avant hypothétique, il ne l’est plus aujourd’hui. Les homo sacres demandent d’inventer un lieu, eux-mêmes s’il le faut, dont la réflexion sur leur identité, leurs modes de vie, leur fonctionnement politique, et leur relation avec le territoire est à construire entièrement. Cependant, l’histoire des établissements

de camps de réfugiés évidence une réalité complétement différente, dissocié de l’expérience sociale et culturelle de ces occupants, mais qu’il faut comprendre pour imaginer la construction future de ces lieux.

1.3. Evolution de la forme urbaine des camps

« Généralement, les camps sont créés sur des espaces vierges comme une incursion soudaine, parfois violente, au sein d’un environnement local quelconque. Après une première installation dans de grandes tentes, les réfugiés construisent, autour des tentes collectives, des cases et des huttes en bois et pise´, au toit de chaume ou de toile plastifiée, avec du matériel généralement fourni par des ONG. Les habitations individuelles ou familiales d’une ou deux pièces entourent la tente centrale qui est retirée lorsque toutes les cases sont construites. En même temps, en quelques mois, jusqu’a` une année, se fait l’aménagement progressif des rues de terre, des systèmes d’approvisionnement en eau (puits, citernes, réseaux de tuyauterie et fontaines), des latrines, fosses septiques, ainsi que de quelques bâtiments collectifs (clinique, école, administration du camp). » Michel Agier, Gérer les indésirables. 2008 (p. 88)

La temporalité a constamment été un élément déterminant dans la conception générale des camps

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et particulièrement dans sa forme, mais cela n’a pas toujours été le cas. Quand les premiers camps ont été dessinés ils n’étaient pas associés aux concepts de permanence ou de transition, ils étaient simplement de nouvelles formes d’occupation en réponse à des crises ou à des catastrophes naturelles et ils n’étaient pas conçus pour disparaitre après l’événement en question, de ce fait ils n’étaient pas pensés et considérés comme les camps de réfugiés que l’on entend et dessine aujourd’hui. Néanmoins, les actions humanitaires existent depuis des années ; par exemple, le tremblement de terre à San Francisco en 1906 fut l’une des premières grandes actions humanitaires à se mettre en place, en répondant à la catastrophe avec la construction de refuges et services pour les victimes ; la participation de l’armée américaine a promu l’utilisation du quadrillage dans l’organisation des camps, ceux-ci ont hébergé près de 20’000 personnes et ont eu une vie d’environ deux ans (le dernier camp a été fermé en 1908). Selon K. Stohr (Humanity, 2006) c’était une expérience décisive dans plusieurs aspects de la conduction des actions humanitaires car de nouvelles solutions d’habitation et de services se sont développées pendant cette période, malgré cela la plupart d’entre elles se sont perdues dans le temps. La forme des camps était détaillée dans aucun document car, à l’époque, il n’y avait pas de dessins ou manuels développés sur le sujet. De plus, les architectes et urbanistes n’étaient pas impliqués dans la conception de ces espaces. Au début du vingtième siècle la réalité des villes (industrialisation, pollution, croissance incontrôlée, manque de services, loyers élevés, etc.) a conduit aux

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urbanistes à penser des nouvelles solutions pour la croissance de la ville, le dessin d’Ebenezer Howard de la ‘Garden City’ en Angleterre en est l’un des exemples, il proposait une troisième voie pour le développement d’un modèle qui combine les bénéfices de la ville et celles de la campagne, cette forme n’a pas eu une influence seulement dans l’expansion des banlieues mais aussi sur le dessin de quelques camps comme celui en Inde dessiné par Intertect en 1975. Pendant la première partie du siècle, le modernisme a eu des très grandes influences sur la conception des unités de logement préfabriquées et la standardisation des éléments de construction, mais ce n’était pas jusqu’à la Seconde Guerre mondiale que la demande d’abri et de reconstruction qui a obligé les architectes à se tourner vers ces problèmes; Alvar Aalto a développé une unité de logement pour la reconstruction après la guerre de 1940 ; en collaboration avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et la Croix Rouge Américaine, il a aussi développé un prototype de refuge appelé « Embryo Shelter » (Hall, 2003) qui avait quatre unités de logement réunis autour d’un espace central commun. Cet exemple introduit le composant communautaire dans la conception des refuges mais cela n’aborde pas encore le camp à une échelle urbaine. Aalto a continué d’explorer ce module après son expérience aux Etats-Unis, en produisant une série de ‘Projet pour une maison de vacance AA’ s’apparentant à des solutions de logement rurales pour faire face à la crise d’habitation en Finlande après la guerre, et qu’il a promu comme directeur du Bureau de Développement dans l’Institut Finlandais d’Architectes. Jean Prouvé a aussi développé sa ‘Maison


Figure 1 Dessin pour un camp de réfugiés en Inde. UNHCR Handbook for Emergencies (1982)

Figure 2 Plan pour la ‘Garden City’. Ebezener Howard (1898)

Tropicale’ pour la ville de Paris à cette période, le modèle montrait une maison facile et rapide à construire et dans un sens autonome. C’était une époque où l’on revenait aux principes du modernisme et à la confiance de la puissance des technologies, ce qui est bientôt regretté à mesure que les problèmes des grands ensembles, la prolifération des bidonvilles, l’isolement et l’étalement urbain, associés avec le modernisme, apparaissent.

sur l’utilisation des connaissances de la population dans la production de logements. Cela a aussi eu des influences sur le dessin des camps, des ingénieurs comme Fred Cuny et des chercheurs comme Ian Davis de l’université de Cambridge ont conduit des recherches sur le dessin urbain des camps de réfugiés, leur travail a été basé sur l’analyse des expériences précédentes et a été focalisé sur l’amélioration de la santé publique dans ces espaces, élément considéré comme la condition essentielle pour la réussite des camps. Le résultat était le « cluster » approche qui proposait le partage de services et d’activités dans le camp afin de réduire les infrastructures et promouvoir la densification ainsi que la cohésion de la communauté. Un des premiers exemples fut le Coyote Camp à Managua, construit après le tremblement de terre de 1973, il illustre ce qu’une organisation de cluster voulait dire: le camp

C’est seulement à l’arrivée des années 70 qu’un nouvel intérêt sur « des activités d’appui à l’empowerment et aux méthodes bottom-up de mobilisation communautaire» fut développé (Kennedy, 2008), appuyé par l’idée que les communautés affectées doivent avoir un rôle central dans l’organisation de son refuge. En plus, étant donné que les architectes et les urbanistes étaient associés aux échecs de la modernité, un nouveau mouvement a été mis au point

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avait une seule route d’accès et il a été organisé autour d’une place centrale qui abritait tous les principaux services. Des refuges ont été regroupés en clusters de 13 à 16 unités (familles) qui partageaient un espace commun ouvert, mais pour lequel aucune fonction n’était proposée. Ce concept a été développé et amélioré dans le camp de Bangladesh (1975) où les composantes sociales et climatiques, ainsi que la participation des réfugiés, ont été pris en considération dans la conception des clusters. La forme rectangulaire des groupes de refuges fait place à une forme en ‘U’, plus souple avec le nombre d’unités et un espace intérieur flexible aussi. Mais surtout, cette transformation vise à fournir un sens de communauté plus semblable à l’organisation sociale existante. Selon Kennedy (2008), au début des années 80 la prolifération de crises a conduit au système humanitaire à initier la production de manuels sur la planification de camps de réfugiés. En 1981 l’UNHCR a publié le premier ‘Handbook for Emergencies’ qui comprenait des lignes directives pour le dessin de refuges et la conception de camps. Un exemple présenté par Kennedy est le camp de réfugiés en Somalie, qui conserve quelques idées de Cuny comme l’organisation par cluster et la centralisation des services. On peut résumer certaines des caractéristiques qui ont déterminé la forme des camps de réfugiés comme les suivantes : • Le module d’habitation est construit autour de services centralisés et il a un seul point d’accès. Figure 3 Dessin par quadrillage vs ‘cluster’. Source: Structures for the Displaced: Service and Identity in Refugee Settlements ( 1995) 18

• Le point d’accès est parfois utilisé comme un point de connexion aux autres unités d’habitation, dans ce cas


il abrite certains services. • Les services communaux sont centralisés à l’entrée ou au centre du camp. • La forme finale du camp est générée par l’ajout de modules de refuge et quelques considérations de sécurité (distance entre refuges pour éviter des incendies, accès aux latrines, accès aux points d’eau, etc.) Pendant les années 80 et 90 les périodes de crise ont été plus fréquentes et ont affecté des vastes populations, cela a encouragé quelques chercheurs comme Kent Hardin, qui avait déjà travaillé avec Cuny, à rechercher de meilleures solutions. Il a proposé une version améliorée d’un camp, en maintenant l’idée du quadrillage, mais en simplifiant la forme de sorte qu’il puisse accueillir une population plus importante d’environ 18’000 personnes. Ce modèle a été construit au Soudan en 1985 et les améliorations ont été perçues non seulement dans l’organisation de grands camps, mais aussi par la qualité de leur espace de vie. En 1993 Rural Studio a été créé et avec eux l’idée de produire une architecture de qualité pour les plus pauvres, cela a initié un mouvement d’architecture durable plutôt que de simples réponses d’urgence. A l’époque, il y a eu également des améliorations en matière de technologie et un retour sur l’utilisation de matériaux locaux, mais particulièrement l’introduction de «mesures d’atténuation de catastrophes» (Humanity, 2006) qui ont conduit à l’élaboration de politiques comme «Building Back Better» et autres.

Les deux dernières décennies ont vu aussi la reproduction des manuels, des directives et de la standardisation, tout pour transformer la performance des camps en une machine qui homogénéise les besoins humains, sans considération sur l’origine des occupants ou leur culture. Le Projet Sphère est l’exemple le plus clair et le plus connu de standardisation de l’action humanitaire, son objectif est «d’améliorer la qualité de l’aide humanitaire ainsi que la redevabilité des acteurs humanitaires vis-à-vis de leurs mandants, de leurs bailleurs de fonds et des populations sinistrées »11. Depuis l’année 2000 ils publient le manuel Sphère, un livre avec cinq chapitres qui décrit les normes minimales sur (1) l’approvisionnement en eau, assainissement et la promotion de l’hygiène, (2) la sécurité alimentaire et la nutrition, (3) les abris, l’habitat et les articles non alimentaires, et sur (4) l’action sanitaire; en plus de quelques autres principes généraux pour des interventions humanitaires appelés (5) les standards essentiels. Même avec cette quantité massive d’informations, le document reste générique et n’analyse pas la forme du camp ni le mode de vie qui est généré par ces normes. Le contenu du document sera analysé en détail dans le chapitre consacré aux normes internationales. L’innovation la plus récente dans la conception des camps est «Le Shelterproject», une initiative parrainée par l’Université de Cambridge pour produire un appui technique à la conception et la construction de refuges. Aujourd’hui, il est appelé «Shelter Centre» et il est 11 http://www.sphereproject.org/sphere/fr/a-propos/

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Camp dispersé

250 m

Camp , org. quadrillage

1 km

Figure 4 Plans des camps de réfugiés: Rhino (Uganda), Al Azraq (Jordanie), Kismayo (Somalie), Al Zaatari (Jordanie). Source: UNOSAT 20


Camp d’IDP autour d’une ville

600 m

Camp haute densité

500 m

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devenu une plateforme en ligne où retrouver la plupart des publications relatives à l’assistance humanitaire. Dans le cadre de ce projet il a été publié en 2005 le livre «Transitional Settlement, Displaced Populations» par Tom Corsellis et Antonella Vitale, le document présente une nouvelle façon de comprendre les camps de réfugiés, ils sont renommés comme ‘établissements de transition’ et définies comme:

conditions que les communautés d’accueil doivent remplir pour être adaptées à recevoir les personnes déplacées. Toutefois, en ce qui concerne l’organisation spatiale des camps, le livre ne va pas plus loin d’une solution de cluster améliorée avec quelques considérations sur la météo, la topographie et la réorganisation des camps informels, mais le livre reste près des lignes directrices de l’UNHCR et Sphère.

« ... établissements et refuges résultant de conflit ou catastrophes naturelles, allant de l’intervention d’urgence à des solutions durables ... La nouvelle approche considère les impacts plus larges des établissements humains et les possibilités de ces derniers, en mettant l’accent sur la nécessité d’une transition vers des solutions plus durables et de développement local. » (Corsellis, Vitale, 2005).

Jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas eu une amélioration substantielle concernant la façon dont camps sont conçus, que ce soit pour les camps de réfugiés ou pour les camps de déplacées (IDP), ils se construisent encore en suivant une grille ou une configuration en cluster. La plupart des camps reproduisent des formes similaires qui partagent aussi certaines caractéristiques comme: faible densification, disposition rigide des refuges, des services minimales centralisés, de l’agriculture inexistante, pas de centres de production, la pollution incontrôlée de l’écosystème environnant, l’isolement des routes et des services locaux et aucune connectivité avec le monde extérieur. Cet isolement est justifié sur la base de mesures de sécurité et de contrôle de la chaîne d’approvisionnement, ce qui est une réelle préoccupation pour les acteurs humanitaires et les gouvernements d’accueil, mais cet isolement ne regarde pas le fait que ce type d’établissements ait une durée de vie moyenne de 15 à 20 ans, ils accueillent diverses communautés, sont entourés par des agglomérations urbaines, sont situés dans des écosystèmes sensibles et ces occupants ont des exigences plus importantes que des simples latrines ou des tentes. Les composants non-considérés

Leur approche présente les camps comme l’une des nombreuses solutions pour les populations déplacées et il se focalise sur l’idée que tous ces différents établissements devraient être considérés comme un processus en continu au lieu d’une solution déjà finie, en donnant la possibilité au camp d’évoluer dans une occupation permanente. Le conflit organise l’afflux de personnes déplacées dans des espaces classés par leur proximité au conflit ou à une catastrophe, le premier de ces espaces est la ‘Way Station’, après les Centres de Transit, les Centres d’Accueil et finalement les camps. Chacun de ces espaces a une configuration propre et une capacité déterminée, une durée de vie approximative et un emplacement précis dans la ligne de conflit. Ils ont également développé certaines

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dans la conception et gestion des camps conduisent aux interventions humanitaires à sous-estimer la nécessité des services à l’intérieur et la création de connexions entre les différentes communautés existantes. Par exemple, Za’atri, le plus grand camp de réfugiés syriens en territoire Jordanien, a été créée en 2011 et est une grille de 18,8 km2 qui accueille près de 100’000 personnes est encore en développement. Les dynamiques retrouvées à l’intérieur de cet espace sont appelées par M. Kimmelman une “Do-it yourself city” (Kimmelman, 2014) où les réfugiés ont construit et amélioré, de leur propres mains, ce que les acteurs humanitaires avait considéré comme des infrastructures appropriées. Ils ont modelé une organisation urbaine nouvelle, plus proche de leur imaginaire culturel et de leur besoins, mais qui n’est pas nécessairement responsable envers l’environnement et qui met plus de pression sur le territoire qu’elle occupe. Evidemment la flexibilité n’a pas encore été atteinte et il y a peu de considérations sur les composantes culturelles à l’intérieur du camp. En outre, il n’existe pas de vision globale sur la façon dont un camp doit être conçu et comment il doit interagir avec les autres éléments existants sur le territoire.

1.4. Considérations environnementales au fil des années

Au-delà des problèmes auxquels les camps sont confrontés à un niveau formel, ils ont également évolué sans beaucoup de considération sur le contexte dans lequel ils sont placés et les relations qu’ils établissent avec leur territoire. Les considérations environnementales ont suivi une ligne parallèle de développement et n’ont pas été directement liées à l’amélioration des camps. Leur évolution est beaucoup plus courte que celle du dessin des camps car les politiques et les opérations ont porté principalement sur l’évaluation environnementale et des orientations générales plutôt que sur des outils pratiques. Néanmoins, beaucoup a été fait depuis la reconnaissance du fait que les crises et l’environnement sont des éléments interdépendants les uns des autres et ont besoin d’une approche en commun. Dès les premiers prototypes de R. Buckmister Fuller et son «Dymaxion House”, qui proposent un modèle de maison autonome qui non seulement une faible consommation mais qui produisait sa propre énergie grâce au vent, à la pluie et au compost; jusqu’à aujourd’hui nous sommes confrontés à une recherche constante de solutions plus responsables avec l’environnement, et particulièrement dans le cas des camps qui se situent normalement sur des zones très sensibles. Au cours des années, les institutions humanitaires ont identifié une série de problèmes engendré par la formation et vie des camps, certains de ces problèmes

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comprennent : la pollution de l’eau et la surexploitation des ressources, l’élection inadéquate des matériaux pour les refuges et les services qui peuvent conduire à la déforestation, la mauvaise disposition spatiale des camps et des pauvres systèmes de drainage qui entraînant l’érosion des sols et la dégradation générale, ainsi que l’utilisation de systèmes d’énergie que ont un mauvais impact sur l’environnement. De plus, leur durée de vie prolongée favorise la formation de bidonvilles caractérisés par de mauvaises conditions d’hygiène, par une forte croissance démographique mais faible densification (étalement urbain), par le manque de services, etc., mais plus important encore, ces occupants ont la capacité d’aggraver les conflits avec les communautés locales, ce qui affaiblit leur position devant les pays d’accueil. La réalité de ce que les camps peuvent générer sur l’environnement est atténuée par ce qui est dit dans les différents documents de politiques et de lignes directrices existants à nos jours. Pour insister sur le fait que le dessin des camps et les guides environnementaux ont été gérés à différents niveaux, on peut préciser que la première édition de «Environmental Guidelines», faite par UNHCR, ne fut publiée qu’en 1996. Ce document organise la planification des camps en trois différentes phases d’intervention : la phase d’urgence, la phase d’entretien et maintenance, et la phase de solutions durables. Pour chacune des phases il y a une série de problèmes communs et des recommandations générales à appliquer sur le terrain ; par exemple, dans la phase d’urgence des conseils sur l’emplacement du site et la nécessité d’avoir un spécialiste

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en évaluations environnementales sont signalés, ainsi que l’importance de la gestion des déchets, le recyclage et la réduction des matériaux d’emballage, d’autres points sont l’application des mesures environnementales comme la création de ceintures vertes, de drainage ou de terrasses (UNHCR, Environmental Guidelines, 2005). La phase de transition se concentre sur des situations quotidiennes comme l’approvisionnement et la gestion de l’eau, l’assainissement, les énergies et l’agriculture ; les recommandations sont variées et peuvent aller de l’utilisation de techniques comme le biogaz et la production d’engrais à la production d’énergie solaire ou éolienne. Dans cette phase, ils ont aussi inclus des propositions sur le reboisement forestier et l’agriculture, comme l’agroforesterie ou la Permaculture. Ce dernier était un sujet développé dans un document complémentaire de l’UNHCR qui présente le concept et les techniques de la Permaculture ainsi que quelques exemples sur la façon d’organiser la population pour créer un environnement productif et auto-suffisant à l’intérieur des camps. Il argumente l’existence d’une symbiose « entre les éléments du paysage et la conception spatiale délibérée » (UNHCR, Permaculture in Refugee Situations: A handbook for sustainable land management, 2001). Finalement, la phase de solutions durables comprend trois principaux objectifs: nettoyage des déchets, la réhabilitation des sites et la restauration des écosystèmes après la fermeture des camps, c’est-à-dire que les solutions proposées ne considèrent que la disparition du camp et un travail ultérieur sur l’environnement. Il n’y a aucune mention sur la façon dont les éléments d’un camp pourraient


contribuer à améliorer la qualité de l’environnement ou si l’infrastructure du camp peut servir aux communautés d’accueil après sa disparition ou au cours de son existence, ce qui signifie qu’aucune application réelle ou une exploration sur la façon de mettre en œuvre ces directives d’une manière concrète a été faite. Un document d’appui est apparu en 1998 appelé «Opérations des réfugiés et gestion de l’environnement “, publié par UNHCR, il développe une série d’activités essentielles pour la protection de l’environnement dans des situations de déplacement de populations et il fournit un guide pratique pour les praticiens sur le terrain. Une fois de plus, le document souligne la présence de conséquences importantes sur l’environnement à cause de la prolifération des camps, comme l’érosion des sols, la perte de la vie sauvage et des ressources en bois, la pollution de l’air et de l’eau, etc. Mais ce qui est plus important, est le fait qu’il propose la participation des communautés dans l’élection du programme de réhabilitation de l’environnement afin de s’assurer qu’il sera accepté et maintenu, cette approche est renforcée par un programme d’éducation qui encourage la protection de l’environnement parmi les réfugiés. En outre, il est remarqué que la proximité du camp à une collectivité locale est plus souhaitable car les infrastructures construites pourraient plus tard servir aux deux populations, habitants et réfugiés. Les autres considérations relatives à la gestion des camps comprennent la sélection du site, la taille des camps (pas plus de 20’000 personnes), l’orientation des routes, la distance d’un camp à l’autre (en raison de zones de chevauchement d’exploitation des

ressources naturelles), et la protection de la couverture du sol. Néanmoins, les «actions concrètes» décrites restent très générales car elles se concentrent uniquement sur des mesures palliatives comme la plantation d’arbres ou la rémunération des emplois en lien avec l’environnement, alors il reste quand même un document sur des politiques mais sans des actions concrètes. Ces deux documents voient l’environnement comme un élément statique menacé par l’existence des camps, plutôt que de le considérer comme un membre actif non seulement dans le soutien du camp, mais dans la création même de conflit. Ce ne sera pas avant 2007 que l’ONU-HABITAT va produire un document qui analyse les camps avec un regard plus large. Ils affirment que le nombre de crises et la quantité de personnes touchées par les conflits et les catastrophes augmentent de façon exponentielle chaque année, pour y faire face ils ont créé un concept appelé «aide durable et reconstruction » orienté à diminuer le nombre de crises et ses origines, ainsi que pour construire la transition entre l’aide d’urgence et le développement durable (UN-HABITAT, 2007). Il est l’un des premiers documents officiels que considère le développement comme un concept où convergent les différents aspects de la société, comme la politique, la culture, l’économie, la liberté, etc. et dont le niveau de résilience dans chacun de ces aspects indiquera la capacité des sociétés de répondre aux crises. Le concept a été présenté au World Urban Forum de 2004 et 2006 et a proposé une série de principes pour rapprocher l’aide humanitaire au développement durable, ces principes essaient de lier l’urgence au développement et de

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promouvoir une nouvelle approche dès les premiers stades d’une crise, tout en mettant l’accent sur des stratégies de logement durable, le régime foncier et le renforcement des traditions locales, entre autres. Au même temps, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement12 a résumé le scenario actuel comme un moment où « 40% des conflits ont été causés par des ressources naturelles comme le bois, les diamants, (...) ou leur absence comme la sécheresse ou le stress hydrique » (UNEP, 2009), ce qui signifie que les ressources ne sont pas seulement en danger mais elles peuvent aussi être une source de conflit. De plus, l’environnement est considéré comme une arme potentielle contre les populations, comme il a été testé au Kosovo pendant la guerre de 1998 où plusieurs incendies de pétrole ont eu lieu, ou même les bombes atomiques à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais cela ne nie pas le fait que les populations déplacées exercent une pression sur l’environnement qu’elles occupent et en particulier sur les communautés locales qui ont déjà une gestion spécifique de leurs ressources. Dans ce contexte, l’UNEP, conscient du travail limité fait sur ce terrain, propose l’utilisation de l’environnement et des ressources naturelles comme des éléments intégrés dans la création de camps. Certaines de leurs propositions considèrent la création d’indicateurs internes d’amélioration de l’environnement, des inspections régulières, et l’identification précédente des

12 United Nations Environment Programme (UNEP), programmes crées à travers son département de ‘Désastres et Conflits’.

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zones où les ressources naturelles pourraient provoquer des conflits afin de l’empêcher. Ils ont élaboré un schéma où l’on trouve des recommandations sur la façon d’intégrer les ressources naturelles et l’environnement au cours du cycle de crise ou conflit, mais il reste trop général pour son application sur le terrain. Cependant, cette nouvelle façon de penser était le résultat d’un projet intitulé «Programme de coopération environnementale pour la construction de la paix», dirigé par David Jensen, qui a analysé ce que trente ans de guerre ont produit en Afghanistan, après l’étude, ils ont trouvé trois éléments pour améliorer la situation du pays, mais qui pourrait aussi s’appliquer à d’autres nations: (1) la dégradation des ressources en raison des conflits causés par l’homme et/ou la dégradation de l’environnement, (2) les conflits de gouvernance des ressources ont comme principale origine la mauvaise gestion faite par les institutions locales ou nationales, et (3) la richesse de ressources a un potentiel énorme mais elle doit être transformé en moyens de subsistance et des emplois. Une série de trois livres contenant des orientations politiques et trois autres sur les lignes directrices à mettre en place sur le terrain a été publiée, ce qui a conduit à l’édition d’un nouveau groupe de politiques qui a été approuvé par l’ONU en Janvier 2013, de changer la façon de voir la crise dans un monde où l’environnement ne peut pas être mis de côté. Cela a également conduit à la réforme interne de l’ONU et de son mode d’opération, ils sont maintenant en contact avec des centres de recherche et différentes universités à travers le monde pour trouver de nouvelles solutions qui permettent de réduire la quantité de déchets


Figure 5 Diagramme : Du conflit à la construction de la paix. Le rôle des ressources naturelles et l’environnement (UNEP, 2009) 27


générés dans les opérations, d’améliorer ces systèmes de communication sur le terrain, et de promouvoir des organisations spatiales qui peuvent faciliter les actions de reconstruction et de développement. Au même moment l’UNEP a élaboré une série de programmes appelés “Early Recovery» ou «Building Back Better» pour présenter la nouvelle politique des Nations Unies en matière de protection de l’environnement dans des situations d’urgence et en particulier dans les camps de déplacés. Ils travaillent sur la systématisation des opérations dans un délai de une à trois semaines pour initier l’évaluation et le lancement d’activités à l’intérieur des camps, mais aussi pour promouvoir l’utilisation des plans de zones sensibles pour la sélection ou la relocalisation des camps informels. Cela délimite le progrès fait par les institutions humanitaires, jusqu’à aujourd’hui aucune méthodologie concrète n’a été pensée ou développée sur la façon de comment traduire les politiques en actions, non seulement parce que les conditions environnementales varient considérablement d’une crise à l’autre, mais aussi en raison du peu d’informations disponibles sur le climat et les ressources, qui ne sont pas bien intégrées dans le développement des opérations. En outre, la configuration du camp est toujours déterminée par les normes simplistes dépourvues d’une réflexion sur les besoins contemporains des réfugiés. En dépit des nombreuses études menées sur l’environnement et la création des camps, la dernière révision du manuel principale sur les camps, le ‘Handbook for Emergencies’ ne contient que quelques considérations environnementales qui répètent les mêmes lignes directives de sa version précédente et qui n’intègre pas ce

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qui a été fait au cours des dix dernières années.

1.5. Des standards internationaux aujourd’hui : la réponse humanitaire

a) Le ‘Handbook for Emergencies’ et le ‘Projet Sphère’ A Ces deux documents sont les piliers des actions humanitaires depuis cinquante ans, le ‘Handbook for Emergencies’ est publié par l’UNHCR est sa dernière édition date du 2007, il décrit les éléments à considérer pour le bon fonctionnement du camp. Parmi les règles à respecter par tous les organismes humanitaires on trouve des considérations sur l’organisation spatiale par secteurs, la taille des camps et des refuges, la relation entre la population et les services requis, les conditions politiques et géographiques que doivent remplir les terrains, des mesures de sécurité à leur intérieur (soit pour leur exposition au conflit, soit pour la prévention d’incidents internes), les différents services à inclure, des considérations culturelles à tenir en compte au moment de dessiner des refuges, des exigences des plans urbains des camps, entre autres. On peut avoir l’impression que tout est dit en matière de dessin des camps pourtant les vides dans les considérations environnementaux sont évidents. D’ailleurs, l’aménagement des camps est entendu comme la mise en place d’une « approche communautaire


décentralisée » (UNHCR, Handbook for Emergencies, 2007), qui veut dire que l’organisation des camps se fait en partant de la plus petite unité : la famille/le refuge, dans ce sens une organisation spatiale qui part de ce principe aura bien sûr des difficultés au moment d’aborder le camp à l’échelle urbaine. Ce qui a été démontré par la plupart de camps établis conformément aux principes du ‘Handbook for Emergencies’, des problèmes de division social, de sécurité et de privatisation de services (conçus comme communaux) sont la preuve que les deux échelles n’ont pas été réfléchies ensemble. Il faut aussi remarquer l’importance de la condition temporelle des camps explicité partout dans le document, dès le début s’affirme que le camp est la dernière alternative à considérer dans l’éventualité d’une crise, car il est synonyme d’enfermement, d’une lourde logistique pour sa gestion et des fortes pressions sur les agences humanitaires. C’est pourquoi les stratégies de retrait doivent être pensées dès les premières étapes de constitutions des camps. Néanmoins, cela est synonyme aussi de précarité et de réponses minimales, d’une réduction de la vie des citoyens à leurs besoins de base et d’une prolongation infinie de l’attente d’une solution permanente. Dans le cas du projet Sphere il défend une philosophie qui se traduit par : « le droit de vivre dans la dignité » (The Sphere Project, 2011). Les considérations techniques pour la mise en place des camps sont similaires à celles du ‘Handbook for Emergencies’, les deux documents basent leurs directives principalement sur des considérations sanitaires et de santé public, c’est-à-dire par exemple que le nombre d’occupants

d’une communauté est déterminé par le nombre de personnes auxquelles peut servir une latrine. Le manuel Sphère, dans la partie sur les standards minimums sur les abris, propose commencer tous les opérations par une évaluation des besoins de la population et ensuite l’élaboration d’un plan en accord avec les autorités locales. L’idée est de favoriser le retour des populations affectées, mais dans le cas que cela ne soit pas possible, elle propose d’organiser les camps de sorte qu’ils ne soient pas en danger et qu’ils fournissent les services de base (eau et assainissement), ces sont des solutions temporelles qui doivent donner de la sécurité aux occupants jusqu’à ce que des solutions durables soient trouvés, il est claire que le camp reste un espace d’exception. D’autre part, en ce qui concerne les refuges « ils ne doivent pas devenir une solution de logement permanent a laquelle on accède de manière automatique » (The Sphere Project, 2011) alors pas de transitions vers la constitution d’une ville. La participation de la population est requise dans l’élection du type de logement, le dessin (parmi les alternatives de Sphère) et la construction, des autres considérations sont énoncés pour chaque type de climat (climat tempéré et humide, chaude et sèche, et froide). Enfin, par rapport à la relation camp-territoire, une évaluation de l’impact environnemental est proposée mais seulement dans le scenario où les dégâts le méritent. La stratégie proposée est de utiliser des morphologies d’occupation existants pour s’assurer de causer le moindre impact sur l’écosystème, ces considérations sont accompagnés par des règles sur la construction des drainages, les distances de sécurité contre incendies ou les surfaces minimales des parcelles.

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La norme numéro cinq du manuel aborde les impacts des occupations temporelles sur l’environnement, dans les aspects de planification et de l’élection de matériaux pour les refuges. Même si elles ne sont pas des normes d’exécution directe, elles donnent une forme aux camps et dans ce sens construisent les embryons de futures villes. Parmi les considérations que modèlent cette forme on trouve les suivantes : • Par rapport à la surface minimale : 45m2/personne (espace du potager et de cuisine inclue) et 30 m2/ personne (sans potager ni cuisine).

• Topographie: entre 2% et 4% de pente, pas de sols plats et la surface doit avoir une bonne absorption de l’eau • Routes et accès: les camps doivent se situer à proximité des services nationaux, et avoir des voies d’accès disponibles toute l’année • Climat: il ne faut pas situer les camps près des parcs naturels, protection contre les vents et les vents de sable

• Taille maximal d’un camp: 20 000 personnes ce qui signifie près de 90 hectares. Si possible la population déplacée doit être organisé dans plusieurs petits camps en lieu d’une seule occupation.

• Végétation: chercher à maintenir la couverture du sol (herbe, arbres, arbustes). Il faut être prudent avec la préparation du site, vérifier que les sources naturelles de ne soient pas directement exposés au camp pour limiter leur consommation. Et les dernières considérations du manuel UNHR demandent la création d’un plan de récolte de bois.

• Organisation de la population et division de l’espace en relation au nombre de personnes que le camp peut accueillir:

• Services: points d’eau, latrines, douches, laveries, récolte de déchets. Ils sont organisés en fonction de la population à laquelle servent. 1 point d’eau

1 communauté

80 - 100 p

1 latrine

1 famillle

6 - 10 p (UNHCR) 20 p

30

1 famille

1 famille

4-6p

1 communauté

16 familles

80 p

1 bloc

16 communautés 1 250 p

1 secteur

4 block

5 000 p

1 camp

4 secteurs

20 000 p

(Sphere)

1 centre de santé

1 camp

20 000 p

1 hôpital

10 camps

200 000 p

1 école

1 secteur

5 000 p

4 point de distribution

1 camp

20 000 p

1 marché

1 camp

20 000 p

1 centre d’alimentation

1 camp

20 000 p

2 collecte de déchets

1 communauté

80 - 100 p


• L’administration et services communaux (ressembles d’un seul endroit) comprennent des:

- L’utilisation de matériaux locaux est préférable

- Bureaux d’administration

- Il faut qu’ils soient adaptables aux conditions de chaque saison

- Bureau de coordination des services

- L’auto-construction doit être possible

- Entreposage et stockage

- Prioriser la couverture

- Zone d’enregistrement - Service de recherche de personnes - Centre de nutrition thérapeutique (si nécessaire) - Marché - Centre communautaire • Parmi les services qui peuvent être déconcentrés on trouve: - Des points d’eau - Des latrines - Des toilettes, zones de lavage - Zones de récolte des ordures

fourniture

des

matériaux

de

- Les refuges familiers sont mieux que les communaux - Les matériaux doivent être respectueux de l’environnement. Le plastique, le bois ou le bambou sont les plus adaptés à ces circonstances - Le type LWET (tentes d’urgences légères) est recommandé - Le type ‘Refuge préfabriqué’ n’est pas très efficace - Dans des climats froids: besoin de stabilité, de protection contre le vent, protection des portes et fenêtres, etc. minimum de 15° à 19°C de température à l’intérieur • Le master plan du camp doit inclure:

- Écoles

- Des fonctionnalités existantes et prévues

- Les zones d’alimentation

- Des plans qui détaillent la zone de refuges et la zone d’expansion, le réseau d’éclairage du camp, plan d’assainissement, plan de distribution d’eau et d’autres installations

- Les centres de distribution des produits de base • En ce qui concerne aux refuges, ils doivent remplir les caractéristiques suivantes: - Culturellement et socialement acceptable - Un minimum de 3.5 m2 par personne

- L’échelle 1:1000 à 1:5000 - Plan de la récolte du bois, dans le cas où ce matériel soit exploité dans la production d’énergie et la construction de refuges - Le plan d’assainissement que déterminera les

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SERVICES

DIMENSION DU CAMP

1 COMMUNAUTE latrines douches point de lavage

80 personnes (16 families)

distribution d’aeu collecte de déchets

1 BLOC

point d’eau

1250 personnes

1 SECTEUR centre de distribution école collecte de déchets 100 m

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5000 personnes


SERVICES

DIMENSION DU CAMP

1 CAMP

centre de santé centre d’alimentation marché collecte de déchets

20 000 personnes

administration

100 m

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lignes directrices de la forme du camp • Pour les centres de transit et centres de réception : - Duration estimée : d’entre deux à cinq jours - Il est nécessaire de maintenir les vois d’accès pour l’arrivé des réfugiés - La fourniture d’’eau doit être externe - La préparation des aliments est communale - Surface minimale : 3 m2/personne - Taille de baraques : 85 m2 pour 14-25 personnes - Une latrine pour chaque 20 personne, une douche pour chaque 50 personne. - Sept litres d’eau par jour et par personne, plus de l’eau pour cuisiner, nettoyer et pour les services sanitaires - Une cuisine de 100 m2 par 500 personnes - Un espace de stockage d’entre 150 à 200 m3 par 1’000 personnes - Des espaces de registre des arrivants et d’attention médicale doivent être placés l’un a côté de l’autre et près de l’accès - Considérer aussi un espace de quarantaine.

b) Transitional Shelters - Corsellis & Vitale En 2005 le ‘Shelterproject’ a publié le ‘Transitional Shelters’, un manuel qui propose une vision différent de l’évolution des camps de réfugiés. Le changement

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plus significatif dans ce document est la définition des différents phases de vie des camps, elles sont sept : préparation, éventualité, transition, urgence, soin et entretien (maintenance), solutions durables, et stratégies de retrait. La plupart de ces étapes sont déjà connues dans le monde de l’humanitaire, mais la soi-disant étape de transition proposer une approche différente du passage entre le camp vers la ville (dans le cas d’une consolidation). Dans cette phase, un certain nombre d’occupations parasites accompagnant la formation du camp, de la même façon, sur la zone de conflit des installations temporaires pour accueillir les réfugiés prennent des formes plus concrètes et des périodes de séjour se fixent, ainsi que le fonctionnement interne de ces centres (les centres de réception, centres de transit, etc.) et la gestion des arrivés. En outre, la lecture de cette phase de transition doit être nécessairement associée à la phase de solutions durables. Cette dernière énonce trois scénarios de développement possibles: le rapatriement, l’intégration dans le pays d’accueil ou la réinstallation dans un autre lieu dans les trois derniers sont déterminés. En ce qui concerne l’environnement, il est indiqué qu’il s’agit de la principale source de subsistance des réfugiés, cela signifie la fourniture d’eau, de l’énergie et des matériaux. A cela il faut ajouter le concept de «gestion des ressources naturelles» qui est un programme qui englobe toutes les mesures de protection de l’environnement dans les situations d’urgence. Une mention spéciale est faite pour les différents documents produits par le HCR dans


la protection de l’environnement et en particulier sur le ‘UNHCR Environmental Unit’ qui est en charge de la diffusion des bonnes pratiques dans ce domaine. Parmi les actions à envisager son inclues le zonage de zones d’exploitation, l’identification des espèces et des animaux autour du camp, la signalisation des espèces interdits, la possession des zones de culture contrôlées, et enfin, à des phases plus avancés, la réalisation d’une symbiose entre l’écosystème et l’implantation du camp. L’une des causes le plus graves de la dégradation de l’environnement est la forte densité des occupations, c’est pourquoi aujourd’hui on cherche à ce que les parcelles aient une superficie d’entre 200 et 300 m2, afin de promouvoir l’installation d’un potager familial. Toutefois, cela ne tient pas compte le fait que certaines populations proviennent de milieux urbains et n’ont pas forcement de connaissances en agriculture, l’option de plantations communautaires est recommandé dans ces cas. En outre, les variations climatiques sont présentées comme un élément qui détermine en grande partie les saisons de construction ou les flux d’arrivé de la population; d’autres considérations concernant le fonctionnement des écosystèmes ne sont pas inclus dans le document. Les normes prises en compte dans le présent document reprennent ce qui est indiqué dans le ‘Handbook for Emergencies’ et le Sphère, le chapitre intitulé «Construction» introduit les évaluations préalables aux occupations, les stratégies d’utilisation du territoire, la liste des risques par endroit, ce qui détermine les environnements défavorables pour l’établissement des camps, des considérations dans la conception des

Figure 7 Sub-division interne des camps. Source: Transitional settlements (Corsellis & Vitale, 2005) 35


bâtiments (protection des fondations , la distance entre les refuges, des configurations antisismiques, la protection des pentes, des bonnes orientation pour la protection contre le vent, etc.); et une section appelé ‘Design climatique’ qui travaille sur trois climats : froids, humides et secs, bien que ces considérations prennent en compte des critères de confort architecturaux, elles sont présentés comme l’adaptation de l’architecture à une série de variables physiques (climat) où ne se produit pas de bénéfice mutuel entre l’écosystème et ses occupants. C’est sur ce point qu’une analyse des variables en jeu dans le cadre des comportements de systèmes socio-écologiques pourrait être approfondie. Enfin, le manuel inclue une liste des différents objets de l’aide humanitaire qui entrent dans les camps et leurs systèmes de distribution, les normes de construction, et des règles à considérer lorsqu’on conçoit les espaces transitoires et les camps. Dans ce dernier il est détaillé le choix du site, le zonage interne, et les possibles modes d’expansion du camp, avec des propositions schématiques d’un tel développement.

c) Camp Managment Toolkit El Norwegian Refugee Council a publié en 2008 le ‘Camp Managment Toolkit’ (NRC, 2008), un document qui répertorie les pratiques dans le domaine, il identifie les acteurs responsables dans chaque étape des opérations (soit à l’intérieur des camps de déplacés –IDPou de réfugiés), le processus de suivi du fonctionnement des centres d’accueil, etc. La préparation du document reflète la réorganisation des interventions humanitaires

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par domaines thématiques, avec la création de la CCCM13 a commencé un emploi par «clusters» qui cherche à regrouper autant d’informations et de bonnes pratiques dans des situations crise par type d’activité. Une analyse de la réglementation pour «cluster» est également incluse, cela comprend les programmes: Wash (eau et assainissement), refuge, santé, éducation et moyens de subsistance. Dans le manuel ressort principalement la section sur l’analyse des communautés de réfugiés, qui cherche à connaître sa provenance, ses habitudes, la structure sociale existante, les connaissances et sa disponibilité pour être des agents actifs dans la gestion du camp. D’autre part, dans le chapitre sur la mise en place des camps, les considérations sont les mêmes que ceux du ‘Handbook for Emergencies’ ou ‘Sphère’. Quelques conseils pour réorganiser les camps spontanés ou de déplacés internes sont inclus, mais ils répètent les normes minimales déjà décrits. La section des considérations environnementales propose l’identification des ressources et des écosystèmes où le camp est positionné, les évaluations pré et post occupation et les campagnes d’information devant la population. Un élément important dans cette section est l’analyse de la résolution de conflits découlant de l’utilisation des ressources appartenant aux communautés d’accueil, dans ce sens on cherche à travailler de pair avec ces communautés pour définir les limites et les avantages réciproques qui peut entraîner une gestion

13 CCCM – Camp Coordination and Camp Management. Source: http://www.globalcccmcluster.org/


Figure 8 Division du camp, avec le groupe de services par secteur. Camp managment toolkit (NRC 2004)

responsable de l’environnement. Quelques conseils pour le choix des matériaux d’abris, la protection des sources d’eau et de drainage, la protection des sols, le recyclage des eaux de pluie et des eaux grises, la production d’énergie domestique, et certaines pratiques d’agriculture biologique sont également détaillées . La nécessité d’élaborer un «plan d’action communautaire pour l’environnement»14 (PAEC) qui inclus les résultats des évaluations et des projets à mettre en place est aussi noté, tous des éléments déjà vus dans les manuels précédents. De l’examen de ces trois documents peut être vus que les règles relatives à la construction des camps ne varient pas de façon significative, certaines d’entre elles

14 CEAP – Community Environmental Action Plan, (NRC, 2008).

commencent à inclure des directives sur la conservation de l’environnement et des politiques de protection de luimême, mais cette approche considère l’environnement comme un élément statique qu’il faut prendre soin de et affecter le moins possible. N’est pas pris en compte le fait que l’occupation humaine est déjà une modification de ce système et tous les deux travaillent ensemble dans la recherche d’équilibre. On peut se demander s’il serait pertinent de concevoir un camp qui s’adapte non seulement au territoire que l’héberge, mais qui travaillant dans une modification positive de celui-ci, ce qui peut même être un élément de régénération ou de transformation de l’espace physique. D’où l’idée d’imaginer les camps non seulement comme des embryons de vie sociale, mais aussi comme composants actifs de la création de systèmes socio-écologiques résilients.

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I I.

repens er les ca mp s d e p u i s app rox im at ion d u ra b l e

une

2.1. Défis actuels : nouvelles demandes urbanistiques et la réponse du système académique « Ces vastes migrations forcées ont accéléré les discussions sur la nécessité de traiter les camps bien plus que les centres de population transitoires, plus que les enclos humains avec des tentes pour le passage. Un certain nombre de travailleurs humanitaires avantgardistes et d’autres regardent les camps de réfugiés comme des potentiels incubateurs urbains, des lieux qui peuvent grandir et se développer et même bénéficier aux pays d’accueil - lieux conçus à partir de l’obtenir-aller pour répondre aux besoins à long terme de ces pays plutôt que de traîner dans ces nations » (Kimmelman, 2014). Michael Kimmelman, The New York Times

Après avoir vu comme sont déterminées la forme et la fonction des camps de réfugiés et les considérations environnementales existantes, il est clair que le sujet est considéré comme un scénario statique où le but est simplement de réduire les dégâts. Une vision dynamique des interactions présentes dans les camps (systèmes socio-écologiques) est absente. Ce qui nous amène à analyser les dynamiques actuelles dans ces espaces, on peut commencer par affirmer que les camps sont encore considérés comme des zones isolées sans droit d’être

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Figure 9 Privatisation des services dans le camp de Za’atri, Jordanie. Source: Adam Ferguson pour le New York Times.

en contact avec les communautés d’accueil, comme s’ils étaient une menace pour la population locale, sans avoir l’intention de devenir des villes ou de disposer des services minimaux. La forme et les fonctions qui sont destinées aux camps sont basiques, mais à un niveau que ne correspond pas aux vraies demandes de la population qui y habite. La prolifération des espaces commerciaux, la privatisation des services et la réorganisation spatiale sont des questions qui ont été mises en évidence dans le comportement social interne de ces ghettos. De plus en plus ceux-ci ressemblent à des villes informelles qui


pourraient facilement être situées dans la périphérie d’une grande ville. De plus, aujourd’hui la plupart des conflits se sont déplacés de la campagne vers les zones urbaines, ce qui signifie que la majorité des réfugiés arrivent avec des habitudes plus urbaines. La relation qui établit le camp avec son environnement est aussi un signe de sa recherche pour devenir une ville, le commerce et l’emploi informel auxquels ont accès les réfugiés dans les villes voisines génèrent un premier contact avec les communautés d’accueil, la culture et le gouvernement local, et certaines dépendances (travail pas cher et les contributions de la diaspora de réfugiés) se créent. Autre point est l’adaptation de l’espace familial et public, ce qui évidence une idée différente des dimensions de l’espace de la famille (lots) et la proximité entre les refuges (plus haute densité et un regroupement par famille). Le partage de services et l’attractivité qui engendrent le camp, grâce à des équipements humanitaires qui très fréquemment arrivent plus vite que ceux du gouvernement local, sont significatifs. C’est dans ce contexte que le travail des architectes et des urbanistes peut contribuer à ajouter des concepts tels que ceux de villes productives, community sharing, architecture minimale ou la participation citoyenne ; pourquoi continuer à isoler les zones de refuge des tendances du design actuel quand elles peuvent être des espaces où se familiariser, diffuser et adapter le

comportement de villes. Les premières études sur la vulnérabilité, faites par Ann Varley, ont montré que les catastrophes touchent les gens de différentes manières en fonction de leur niveau de vulnérabilité devant ces situations. Selon Varley la vulnérabilité dépend du niveau de résilience, résistance (santé) et la préparation de la personne ou un groupe social qui est exposé à une catastrophe. Si les espaces des camps peuvent héberger des dynamiques en constant changement et adaptation, on pourrait envisager un laboratoire, même si le terme est trop fort, où étudier les capacités de résilience, adaptation et transformation. Si les occupants des camps sont déjà en train de faire la ville, pourquoi ne pas penser ces espaces comme des incubateurs, des possibles expansions dans des endroits précédemment analysés et qui seront favorables à l’apparition des occupations humaines. Ce qu’on propose est une lecture unifiée de ces sujets, dessiner les camps depuis une perspective qui comprend des considérations environnementales ainsi que des considérations sociales et qui prend en compte l’évolution dans le temps. Ce sont des questions que se posent non seulement les acteurs humanitaires mais aussi le système académique pour qui l’analyse de la ville comprend aussi ces espaces d’exception. Différents centres de recherche sont déjà en

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train d’analyser comment produire la ville à l’intérieur des camps. Parmi eux on trouve l’Initiative Humanitaire de l’université de Harvard, conduit par Ronak Patel, qui depuis quelques années organise le programme ‘Urban Humanitarian Emergencies’, à l’intérieur ils développent de nouvelles lignes directrices pour adapter le «Projet Sphère» au contexte urbain, car aujourd’hui la plupart de crises affectent des populations urbaines ou périurbaines. Dans ce sens, ils travaillent aussi sur la création des indicateurs pour déterminer le niveau de préparation d’une ville à une crise ou catastrophe, ce qui changera radicalement les linéaments du document Sphère. Le centre fait également partie du «Cœur Urbain»15, un nouveau programme où ils essaient d’améliorer les services de santé dans des contextes urbains, une étude qui cherche à trouver des solutions qui soient aussi applicables dans l’espace du camp. Son partenariat avec l’Institut de Kobe et le Centre de Recherche en Santé pour la Population Africaine lui ont donné un terrain d’application de ces nouvelles politiques. Certains projets ont déjà été concrétisés comme c’est le cas des Philippines et du Kenya, des autres sont encore en développement comme le mapping des populations en risque et la localisation de ressources en danger dans la ville de Nairobi. Le CISAC16 est le laboratoire en charge des politiques 15 Cœur Urbain (Urban HEART, en anglais). Source: http://hhi.harvard.edu/programs-and-research/urbanizationand-humanitarian-emergencies 16 Center for International Security and Cooperation – CISAC.

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de coopération à l’université de Stanford, ils développent le projet ‘Repenser les communautés de réfugiés’17, projet qui se situe dans plusieurs pays, au Kenya dans le camp de Dadaab, en Ethiopie dans le camp de Kebribeya, et au Tchad dans le camp de Djabal. Ils voient le « camp comme une ressource pour la communauté », donc la stratégie de planification est de construire une connexion entre les camps et les communautés d’accueil via les services (écoles, services de santé, des installations récréatives, de la distribution de l’eau, les énergies renouvelables, parcs, etc.). Par exemple, dans leur programme en Ethiopie, toutes les infrastructures pour les réfugiés doivent avoir aussi un bénéfice pour la communauté locale. Dans le cas des camps au Rwanda, le programme a été appelé ‘Connective Spaces and Social Capital- Rwanda’, en raison de son emplacement sur des collines, la stratégie de planification s’est orientée vers le terrassement et le drainage du terrain. La topographie du lieu a influencé également la densité de l’occupation, mais selon les résultats de la recherche cela a été abordé en utilisant une « grille plutôt ordonnée ». Les espaces en commun sont normalement situés à l’intérieur du camp et sont partagés seulement par les réfugiés ce qui renforce son ‘isolement’. Dans le cadre de la recherche, à part les marchés et les centres de santé, un groupe de soixante-deux nouvelles salles de classe a été construit, mais elles ont été placées entre la communauté d’accueil et le camp de réfugiés, dans le but que cela reste à la communauté dans le cas où les réfugiés retournent dans leur pays, la même stratégie a 17 Source : http://cisac.stanford.edu/research/unhcr_ project_on_rethinking_refugee_communities/


été mise en place pour le centre de santé. Cette proposition est fondée sur l’idée que, même si des solutions plus permanentes ou amélioration dans le camp sont difficiles à obtenir, on peut faire beaucoup de l’espace public en créant un « réseau d’espaces sociaux, économiques et culturels». L’idée est donc de créer des «Hubs socioéconomiques » où les centres scolaires et les centres de formation en nouvelles technologies sont regroupées et servent aux réfugiés et à la communauté d’accueil. Ces espaces sont pensés pour être ouverts et favorisent le rassemblement de personnes, parmi les infrastructures trois catégories sont visées: les lieux de santé, d’éducation et du commerce. Un exemple d’application de cette politique est le camp de réfugiés de Kigeme (2012), ici les refuges ont été fait avec une structure en bois, un revêtement de pisé et des toitures en métal, tous des matériaux et techniques constructives déjà connus par la population. La topographie du site a obligé les institutions à terrasser le terrain et à concevoir un système de drainage pour les eaux de pluie. En matière de services, l’hôpital est partagé par les deux populations, ce qui n’a pas été atteint dans le cas des écoles car elles n’accueillent que les neuf premières années et seules les familles avec des moyens peuvent accéder à l’enseignement supérieur. Malgré les difficultés, le camp de Kigeme est l’un des premiers exemples d’une conception plus ouverte de l’espace du camp. L’école d’architecture de l’université de Columbia18,

18 GSAPP – Graduate School of Architecture, Planning and Preservation. Source: http://www.arch.columbia.edu/

dans le cadre des ateliers internationaux ‘Amman Lab’, a organisé un workshop en mars 2014 pour travailler sur le village de Lifta, à Jérusalem. L’atelier a cherché à définir la situation actuelle de Lifta pour construire un futur possible. Les étudiants se sont demandés comment construire et s’approprier la mémoire d’un lieu quand elle est en conflit avec la réalité de ce même endroit (le cas du conflit israélo-palestinien), ainsi que comment ces événements passés donnent à l’espace d’aujourd’hui un sens, et comment l’architecture a un rôle important dans cette discussion car elle a le pouvoir de conserver ou reconstruire les lieux. L’atelier a aussi demandé de formuler un argument à travers une vision critique du futur ainsi que de proposer des stratégies d’intervention architecturales dans le village, en tenant compte les initiatives du plan d’aménagement et les actions menées par la population. Plus récemment, l’Amman Lab a organisé un autre workshop sur la migration forcée des réfugiés syriens en Jordanie et en Turquie, en se focalisant sur les typologies architecturales des refuges car, comme le détaille la présentation du workshop, ils nous parlent d’un nouveau type de citoyenneté. Pour ce faire ils analysent les routes migratoires et les différents arrêts sur le chemin du conflit, depuis la ville jusqu’au camp. L’Ennead Lab19 est un studio d’architecture à New York, qui a été appelé par l’université de Columbia pour conduire un projet conjoint avec l’UNHCR. Le projet, ‘Rethinking Refugee Communities’ cherche à développer studio-x-global/locations/amman-lab 19 Site : http://enneadlab.org/

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Figure 10 Propositions du projet ‘Toward a Unified Approach’. Source: Ennead Lab & Standford University & UNHCR

de nouvelles stratégies de dessin pour les camps ainsi que des outils cartographiques pour la sélection de terrains d’occupation. Ce qui a été remarqué dans les camps de Rwanda, Uganda et Syrie est l’isolement de ces espaces par rapport aux villes, ce qui rend plus difficile l’approvisionnement et la subsistance de ces occupants. A partir de ce premier constat l’Ennead Lab a proposé de travailler les infrastructures comme des éléments moteurs du développement, des liens mutuellement bénéfiques s’établissent à partir du partage des services d’eau, des écoles ou des espaces récréatifs. De plus, ils ont trouvé que la variable temps combinée au manque d’information sur le terrain est le deuxième problème auquel font face les acteurs humanitaires, pour en répondre ils proposent une approche par « design drivers » ce qui signifie dessiner à partir des problèmes plus urgents, l’exemple

: information topographique insuffisante pour répondre rapidement aux changements dans l’organisation des refuges sur le terrain. Dans ce sens ils ont approfondit dans le cas de l’Uganda pour y trouver les meilleurs endroits pour un possible emplacement des camps, l’information récoltée a été mise sur une plateforme SIG pour générer une carte de possibles occupations, parmi les variables que déterminent cette possibilité on trouve des facteurs environnementaux comme la distance jusqu’à une source d’eau, l’élévation du terrain ou le type de sol, et des facteurs sociales comme la densité de pauvreté de la population, la distance jusqu’aux voies d’accès ou la proximité aux villes. (Nelson, Mong, & Oni, 2014). Ces deux approximations au dessin des camps ont permis à l’Ennead Lab de préparer un ‘toolkit’20 pour UNHCR, 20 Le document produit par l’Ennead Lab peut se

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un manuel dont les recommandations sont applicables a plusieurs contextes et qui vise, dans le futur, à inclure des modèles réels de camps pour un essai sur le terrain.

d’intervention qui soit en accord avec les politiques locales et qui englobe les différents aspects touchés par la reconstruction.

L’université TU Delft a aussi créé un programme nommé ‘Urban Emergencies’, dont le responsable est Alexander Vollebregt, le programme a conduit des ateliers en Haïti après le tremblement de terre de 2010 et en Chine pendant le ‘Forum on Urbanism’ à Sichuan 2010. Comme indiqué dans ces objectifs :

Le CENDEP - Centre for Development and Emergency Practice, est le laboratoire de l’université d’Oxford en charge des cours ‘Shelter after Disaster’ dont le but est de trouver des solutions techniques pour faire face aux catastrophes naturelles, mais elles sont orientées vers les personnes qui ne reçoivent généralement pas l’aide humanitaire. Le refuge est le sujet central des recherches, il s’agit d’augmenter sa capacité, sa praticité, comment les techniques constructives changent par rapport au savoirfaire de la communauté, etc. Un deuxième programme, en cours de développement, appelé: « Centre pour l’apprentissage et informations sur les refuges » s’est mis en place, il comprend non seulement le logement, mais aussi les écoles et les hôpitaux. L’idée est finalement de pousser aux limites l’analyse des infrastructures présentes dans les camps pour être plus effective dans l’élection des solutions adaptées aux contextes particulièrement fragiles.

« Le projet vise à étudier les réponses urbaines post-catastrophe, et en particulier le rôle des architectes et des urbanistes. Il a une idée assez simple sur la façon dont la reconstruction peut être améliorée: à l’heure actuelle, les organismes humanitaires et les ingénieurs civils sont impliqués dans les premières étapes de la reconstruction. Seuls quelque temps plus tard, au cours de la phase dite de réaménagement, les architectes et les urbanistes sont consultés. C’est beaucoup trop tard: ils doivent être impliqués dès le début » (Delft, 2014). Le projet s’est focalisé sur le management des opérations humanitaires et des actions préparatoires aux catastrophes comme l’évaluation des risques ou des mesures de prévention, ainsi que la planification urbaine dès le début, le développement socio-économique des zones affectées, la récupération et administration des services (eau, énergie, déchets, etc.). En particulier, le programme essai de trouver une méthodologie retrouver dans le site : http://issuu.com/enneadarchitects/ docs/toward_a_unified_approach-highres

D’autre part, une politique a été testé dans les camps, celle de Permaculture qui est définie comme le principe de conception des habitats qui soutient des modes de vie durables, où le travail sur la production agricole, la production des énergies renouvelables, etc. en imitant les systèmes écologiques et en faisant attention à l’utilisation responsable des ressources dans le but d’assurer les besoins actuels et futurs. L’UNHCR a publié en 2001 un document intitulé ‘Permaculture in

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Refugee situations’ où le concept est appliqué aux camps de réfugiés. L’idée est de générer plusieurs bénéfices à l’intérieur des camps, « développer quatre ou cinq zones concentriques organisées sur certains points d’activité (…) Dans une situation de réfugiés ces centres pourraient être les maisons, les centres de distribution ou les points d’eau » (UNHCR, Permaculture in Refugee Situations: A handbook for sustainable land management, 2001). Une organisation par secteurs est proposée de façon à mieux organiser l’implantation du camp, elle doit considérer le soleil, la direction des vents ou les sources d’eau comme éléments fondamentaux dans sa planification. Comme l’établissement de ce type de camp exige beaucoup d’effort de la part de la population, il est recommandé de commencer par la mise en œuvre des programmes qui donnent des résultats à court terme, comme l’agriculture de légumineuses, pour après engager la population dans des actions plus complexes. Le programme est présenté en cinq étapes: 1. Développement du projet participatif : d’une durée d’entre deux à quatre mois, pendant cette étape il faut chercher à définir la population concernée et à la sensibiliser, à connaitre leurs connaissances en permaculture, à établir s’ils ont besoin d’une formation et finalement définir le(s) projet(s). 2. Observation du paysage : c’est l’étape d’identification des ressources existantes, pour cela, une cartographie est préparée et se ciblent les secteurs où la population devrait s’impliquer. La première échelle de travail comprend toute la zone (le relief, l’eau, le vent, les

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infrastructures, etc.), puis le camp et son environnement (les routes, les arbres, le type de sol, la plantation d’espèces animales-arbre, les maisons, les écoles, les centres de santé, les centres de distribution, points d’eau, l’élimination des déchets), et enfin arrive au niveau du logement (la taille, l’orientation, les possibles expansions, etc.). 3. Définition de l’objectif : C’est le moment où se réunissent tous les acteurs pour établir ce qu’ils veulent obtenir de la terre et définir leur vision à long terme pour cet espace. 4. Dessin du projet : dans cette étape il faut définir les éléments et leurs fonctions dans le système. Dans le model chaque élément doit avoir plusieurs fonctions différentes, chaque fonction doit être alimentée par deux ou plusieurs voies (ex. énergie solaire et produit par compost) et des fonctions incompatibles ne doivent pas être placées l’une près de l’autre. Une division du terrain est aussi proposée : • Les zones: la division par zones a comme but de se concentrer sur chacune à la fois. Les zones peuvent varier selon l’endroit où se situe la source d’eau, l’accès et l’intensité de circulation des routes, etc. • Les secteurs: ils sont déterminés par la présence d’énergies externes comme l’altitude, le soleil ou la direction du vent, la disponibilité de l’eau, la probabilité d’incendies, etc. Le dessin doit contrôler ces énergies externes.


5. Mise en œuvre du projet : Il faut faire une liste des activités selon les zones et la description de la façon dont chaque zone fonctionne. Par exemple, dans la zone ‘x’ est important la collecte d’eau au même temps qu’il faut avoir de l’ombre pour les plantes, cela sera l’objectif de la zone ‘y’ car cette zone est hypothétiquement destinée à être le potager, d’autres éléments peuvent être introduits dans la délimitation ou fonctionnement des zones, comme l’utilisation de clôtures vertes en tant que brise- vent. D’autre part, un exemple plus ancien mais qui illustre bien comment l’évolution des camps peut construire une ville est celui analysé par Marion Fresia (Fresia, 2002) qui travaille sur l’expérience Mauritanienne au Sénégal, où l’appareil humanitaire s’est installé pendant dix ans et se sont construits divers services publics (salles de classe, latrines, bornes fontaines, centres de santé, etc.). Après treize ans d’occupation les camps se sont bien intégrés dans le paysage sénégalais et ressemblent aujourd’hui à des villes. La preuve est que le travail fait en matière de santé et d’enseignement reste, les centres de soins gérés par les ONG sont devenus des Caisses de Santé administrés maintenant par la population, de la même façon les centres d’enseignement se sont organisés pour continuer à recevoir des étudiants avec un programme mauritanien. L’auteur montre que les difficultés se présentent dans le passage d’une gestion à l’autre, à la fin de l’administration de l’UNHCR les infrastructures passent sous le contrôle de l’OFADEC21 qui fut une ONG sénégalaise et qui continua

21 OFADEC - Office Africaine pour le Développement et la Coopération

le travail de responsabilisation sociale (rôle actif de la population), après ce fut à l’état de prendre en charge la gestion, ce qui a suscité la prolifération de problèmes car la structure n’était pas préparée pour le faire. On peut voir l’importance que détiennent les acteurs dans le passage entre le camp et la ville et à quel point un travail encollaboration avec les acteurs locaux et le gouvernement peut changer le résultat final. Par ailleurs, la recherche conduite par Manuel Herz, directeur de l’Institut d’études Contemporaines sur la Ville à l’ETH-Zurich, décortique le fonctionnement des camps de réfugiés dans le Sahara occidental, un des articles publiés sur le projet s’appelle « Refugee Camps –or- Ideal Cities in Dust and Dirt » (Herz, Refugee Camps -or- Ideal Cities in Dust and Dirt, 2008). Il présente la réalité des anciens camps situés au milieu du désert et arrive à un consensus: le camp devrait être temporaire, mais la réalité (niveau de développement des zones de conflit) ne semble pas si différente des autres zones de non-conflit. Dans l’article il se concentre sur le Tchad, un pays avec un faible niveau de développement, sans réseau d’eau ou d’électricité mis en place et qui dépend complètement de l’aide humanitaire. La recherche a été menée dans les camps d’Amboko et Gondje, qui accueillent 15 000 réfugiés de la République Centrafricaine, ces camps ont été planifiés avec l’aide de manuels qui normalisent toutes les différentes populations et leurs besoins, ce qui répond à la nécessité de neutraliser et contrôler la population, une forme de manipulation politique. L’ordre modulaire et rationnel est conçu comme –le- modèle de développement et est imposé par les organisations internationales qui y

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travaillent. Ces deux camps partagent les infrastructures principales telles que les hôpitaux et les écoles, installations qui servent aussi à la population locale. Dans le deuxième camp la taille des parcelles des familles a changé (de 12 m2 à 200 m2), ce qui a consolidé l’occupation comme permanente et a forcé ces occupants à devenir des agriculteurs, même s’ils étaient des nomades ou des artisans. Les solutions proposées ne sont pas forcément adaptées aux particularités des habitants, même si en théorie l’idée d’avoir des communautés productives est correcte, le type de production doit aussi être considéré. De plus, même si les parcelles sont grandes (15’000 p) leur disposition sur le terrain n’a pas de centre ou de quartiers définis, ce qui produit une très faible densité, les camps ressemblent donc à une banlieue sans centre, « il n’y a pas de vie sociale ou culturelle, pas de densité centrale - juste l’espace pour contenir les gens » (Herz, Refugee Camps -or- Ideal Cities in Dust and Dirt, 2008). Cependant, il envisage le camp comme un «point d’interface et d’accès pour les activités du monde du développement ».

Figure 11 Espace communal dans le camp de

Source: M. Herz, 2012

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Dairas.

Dans tous les cas décrits il est clair que la recherche aujourd’hui est centrée sur un travail de construction de la ville, soit à partir de la création d’infrastructure soit par les connexions entre les camps et ce qui se passe à l’extérieur. Il est aussi clair qu’une standardisation des réponses n’est pas la solution la plus pertinente car la diversité culturelle des réfugiés et les endroits où se situent les camps sont si variés qu’il semble impossible de produire des manuels et des guides pour y intervenir. Pourtant, on continue à produire des documents spécialisés en évaluations, rapports, politiques ou bonnes


pratiques sans réfléchir à comment déterminer la validité de ces informations et à les communiquer aux acteurs clés. Cela nous amène à discuter du rôle des architectes et urbanistes dans ce vaste scenario, la crise étant un moment de décisions rapides mettant à rude épreuve les capacités de coordination entre les acteurs et son niveau de préparation devant l’urgence. S’il existait un système de support déjà prêt à déterminer qui agit dans quelle circonstance, cela aiderait à mieux organiser les interventions et ne laisserait pas de côté le principal responsable qui est le gouvernement local ou national (ce que l’on retrouve dans le cas de camps en Mauritanie). C’est vrai que dans la plupart des cas les endroits où les crises se produisent n’ont pas un système d’évaluation des risques ou un pouvoir politique avec la capacité de répondre aux événements, mais c’est justement à cause de cela que penser les actions préparatoires au niveau des organismes internationaux (ONU et des ONG’s) parait une solution nécessaire. Que peut-on gagner si au niveau de ce nouveau ‘gouvernement de l’humanitaire’ des bases de données sont élaborées avec des informations sur les zones sensibles et les possibles zones de relocalisation des communautés ? Une solution nécessaire qui tient compte des capacités de l’écosystème et des avantages et inconvénients d’une occupation humaine. Si on va au-delà des opérations humanitaires, on peut voir que des analyses des zones écologiques n’ont pas encore été conduites et, en particulier, sur la relation entre les dégâts écologiques et la création de crise (quelques travaux ont été publiés par UN-HABITAT et UNEP), c’est un sujet qui commence à s’analyser dans certaines universités comme Stanford

ou Harvard, avec le développement des cartographies et des systèmes de géo-localisation par satellite. D’autres exemples se concentrent sur la production de services partagés et l’ouverture des camps vers les communautés d’accueil, c’est le cas de l’Ennead Lab ou le CISAC. Enfin, on trouve des recherches qui voient le camp comme une structure autosuffisante, productive mais isolée de ce qui l’entoure, la permaculture est l’exemple le plus clair car elle montre à quel point les activités quotidiennes peuvent être atteintes seulement par des actions à l’intérieur du camp et autorégulées. Toutefois, le camp ne gagne pas à être complètement isolé du monde tout comme il ne peut pas être complètement ouvert car les mesures de sécurité l’en empêchent, il a besoin des services de la ville et d’être alimenté et dynamisé par ce qui se passe à l’extérieur, mais il a aussi besoin d’être autosuffisant dans certains aspects ou dans certains de ces composants (centres de transit, de réception), la réponse est donc mixte car elle devrait s’ajuster au fur et à mesure que le camp évolue dans une occupation permanente.

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2.2. Systèmes sociaux-écologiques : introduction du concept de résilience dans la conception des camps

L’étude de la résilience dans les comportements des systèmes écologiques a aidé à valoriser l’influence positive que les changements et les adaptations peuvent avoir sur un système. On parle de systèmes socio-écologiques (SES22) puisque dans un monde ou la pression humaine a dépassé les capacités des écosystèmes de se régénérer en temps pour subsister, on ne peut pas dissocier les systèmes sociaux de ceux qui sont écologiques, alors les SES sont définis comme des systèmes qui mettent «…l’accent sur la place des humains dans l’environnement; les écosystèmes de la terre, des zones locales à la biosphère dans son ensemble, constituent les bases biophysiques et les services éco-systémiques pour le développement social et économique » (Stockholm University, 2007). Le comportement des SES est analysé à partir des cycles/phases pour lesquels ils font face, dans cette permanente évolution la résilience agit comme « la capacité d’un système d’absorber les perturbations et de se réorganiser tout en subissant des changements de manière à conserver essentiellement la même fonction, la structure, l’identité et les retours » (Walker, Holling, Carpenter, & Kinzig, 2004) ; quatre composants nous aident à comprendre ce qui construit la résilience, et nous font visualiser les limites d’un comportements résilient: 22 SES – Social-ecological Systems (sigles en anglais).

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la latitude (changement maximum avant de devenir un autre système), la résistance (aux changements), la précarité (proximité aux seuils) et la panarchie (exposition à l’influence des systèmes supérieurs ou inférieurs), il est clair donc que la résilience doit s’analyser à plusieurs échelles et en tenant compte des externalités (crises politiques ou économiques, guerres, etc.) mais la résilience doit être entendue de la main des concepts d’adaptabilité et de transformation, ces deux derniers complètent la description des comportements possibles d’un SES. L’adaptabilité étant la capacité des acteurs à influencer la résilience, elle a un caractère social car c’est la société qui décide d’aller vers un comportement différent ou de rester dans l’espace du système. De la même façon, la transformation est entendue comme la capacité de changer complètement de scenario, cela peut arriver si les conditions d’un SES sont affectées de manière tel qu’il est impossible de rester dans le même scenario. Ces composants nous aident à déplacer l’analyse de la résilience vers les camps, car les réfugiés font preuve d’une prédisposition à l’adaptation et la transformation, leur comportement est, d’une certaine façon, déjà résilient. Cependant, la résilience peut se manifester par des actions quelquefois opposées, par exemple dans le cas ou le SES se trouve dans une situation de stabilité, être résilient voudrait dire maintenir les conditions ou s’éloigner des seuils pour assurer sa survie ; tandis que s’il se retrouve dans l’instabilité, un comportement résilient cherchera à pousser le système vers un seuil et changer de scenario. En sachant qu’un comportement résilient peut beaucoup varier, il faut faire attention aux objectifs


et scenarios possibles vers lesquels veut s’orienter le SES, ce sujet a été développé par K. Fabbricatti, qui a déplacé l’analyse de la résilience vers des systèmes socio-urbaines. D’ailleurs, le scenario actuel montre que la plupart de la population est urbaine et que les conflits et catastrophes se déplacent aussi vers ces espaces, ce qui nous amène à analyser la résilience non seulement dans les SES mais aussi dans les systèmes socio-urbains. Pour la ‘Résilience Alliance’23 « la question la plus importante est comment réorienter la transformation de la ville de manière à la rendre moteur d’innovation au même temps qu’elle répond aux objectifs du millénaire » (Fabbricatti, 2013). Elle propose de faire face aux changements actuels à partir d’une approche résiliente en milieu urbain, car elle pourrait aider nos villes à affronter des problématiques contemporaines comme la migration, l’approvisionnement ou le changement climatique. Pour ce faire, elle présente une méthodologie qui cherche à analyser des ‘résiliences spécifiques’ dans le but de donner des scenarios possibles pour chaque composant requis par les villes. Dans cette méthodologie nous avons trois étapes de l’étude: (1) Analyse, étape où s’identifient les acteurs et leurs rôles (système perturbateur et système perturbé) ; (2) Diagnostique, identification des agents de changement du système ; (3) Evaluation, mesure de la résilience spécifique et des possibles scenarios. Au moment de conduire l’analyse, on trouvera des caractéristiques qui donnent l’identité au système – à la ville- comme son organisation car elle est maintenue 23 Resilience Alliance. http://www.resalliance.org/

malgré les multiples transformations. Dans le diagnostic certains éléments nous aideront à déterminer la résilience dans le système et comment elle opère, Fabbricatti parle de la matérialité c’est-à-dire des matériaux et techniques constructives présentes dans la ville, de la morphologie qui est représentée par la densité, l’aperture, les vides urbains, et la perception qui apporte la mémoire du lieu et sa charge psychologique. Enfin, l’évaluation de la résilience spécifique donne des scénarios possibles dont on pourra, ensuite, mesurer les incidences sur l’espace urbain. Tandis que la situation est particulièrement sensible dans les camps à cause de dynamiques urbaines qu’y se génèrent, une telle approche pourrait envisager le renforcement des capacités d’adaptabilité des occupations temporaires, d’une disposition vers des changements radicaux dans leur comportement et d’être en constante syntonie avec les réactions de l’écosystème. Tout d’abord, il faut identifier quel est l’espace d’action du système socio-écologique, repérer les phénomènes perturbateurs et les systèmes perturbés, de cette manière on pourra lister les agents présents et établir le niveau de résilience de chacun d’entre eux. Dans n’importe quel espace urbain la deuxième phase est celle de l’analyse systémique des relations présentes, relations entre la ville et les groupes sociaux, relation avec l’espace physique (qualité de cet espace), relations entre les demandes de la population et l’offre existante. Cela détermine les niveaux de satisfaction et les secteurs où le système devrait chercher une adaptation ou, si les variables ne le permettent pas, une transformation. Ce processus dessine les « seuils »

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où se joue la vie des SES, l’identification des seuils du système est le plus difficile à répertorier car les limites sont toujours changeantes et peuvent être confondues avec le passage à un autre système (transformation), pourtant il indique la direction vers laquelle se développe le système, un constant aller-retour dans la construction et reconstruction de la stabilité. Etant donné que le processus est cyclique, on peut reconnaitre quatre étapes : croissance, conservation, décontraction et réorganisation. Une telle vision semble plus pertinente que la vision classique de l’évolution des camps avec ces étapes d’urgence, transition et développement. Le camp n’est pas un fait stable et finit, il est en constant changement et réorganisation, soit pour les flux de réfugiés qui y arrivent, soit pour les liens établis avec les autres communautés et le territoire. Cette tension permanente entre le camp et l’extérieur est similaire au concept de ville qu’énonce K. Fabbricatti « un système qui s’adapte spontanément au milieu externe » (Fabbricatti, 2013)24.

24 (Fabbricatti, 2013), Op. Cit., p. 25

Figure 12 Espace d’estabilité d’un systeme qui montre les caractéristiques de la résilience (latitud, résistance et precarité) et comment elles s’adaptent aux changements. Source: Walker, 2004. 50


2.3. Une organisation avec des priorités: demandes écologiques, humaines (besoins) et culturelles

Dans le contexte de camps, les SES sont encore dans un état de formation et il n’y a pas une connaissance approfondie du milieu qui les héberge, nonobstant, dès cette phase il est possible d’établir les comportements résilients qui permettent une évolution responsable des camps. Pour cela il est important de déterminer clairement les caractéristiques de l’écosystème et les acteurs présents ; c’est-à-dire établir dans quel contexte physique se trouve le camp, ses ressources et faiblesses, et les différents acteurs sur le terrain comme les agences humanitaires, les autorités avec pouvoir de décision, les réfugiés, la communauté d’accueil, etc. Il faut toujours garder une vision pratique qui a comme objectif la construction d’espaces qui favorisent le bien-être de ces occupants et permettent le maintien su système écologique. De plus, l’objectif étant la mise en place d’une conduite résiliente des camps, il est donc nécessaire d’analyser les territoires susceptibles d’héberger des réfugiés, c’est-à-dire des espaces avec des risques de conflit. La sélection des espaces écologiques répond donc aux endroits où se repèrent la plupart des crises humaines et catastrophes, causées par le changement climatique et la forte pression exercée par la population sur les ressources. Cependant, l’analyse pourrait s’élargir à tous les territoires, en élaborant des cartographies par région ou pays qui répertorient les composantes physiques et

sociales. C’est un travail qui a été initié par l’Ennead Lab, l’UNHCR et l’université de Standford, ils ont élaboré un modèle de planning qui précède une intervention humanitaire, dont la première étape est la collecte d’information du site, ici sont présentées les variables proposées par l’Ennead Lab25: • Etude du terrain : des bâtiments existants, voies, services publiques, centre régionaux, cartes de contours, etc. • Ressources régionales • Collecte de données du site : climat, sol, couverture végétale, etc. • Climat : humidité, précipitations, température, trajets solaires, études d’angle solaire, etc. • Data GIS • Modèles architecturaux existants : local/cultural, systèmes d’organisation ville/village) Dans le cas d’une entrée par des zones vulnérables à l’échelle globale, la définition des écosystèmes est la première étape dans la recherche de solutions durables. Quatre grandes régions écologiques sont ici détaillées, elles représentent différentes zones de la planète qui, en raison de leurs caractéristiques physiques, pourraient être sources de conflit et/ou offrir des avantages pour le placement des camps si elles sont analysées et utilisées de 25 Source: http://enneadlab.org/wp-content/ uploads/2014/04/2013-09-19_Work-Plan-Muganza-Camp.jpg

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Figure 13 Méthodologie pour l’analyse de la résilience spécifique. Source: K. Fabbricatti, 2013 52


manière correcte. Le désert aride Cette région reçoit moins de 250 mm de pluie par an et a d’importantes différences de température entre le jour (30 ° -40 °) et la nuit (0 ° -10 °). La végétation est rare et ce que l’on trouve est principalement graminacée. En revanche, le vent et le rayonnement du soleil sont très élevés. Dans une situation de réfugiés, cela signifie que, en raison des températures élevées, la collecte de cette source est une option. Dans le cas des sources d’eau, ils sont en général rapidement saturés en raison de la consommation humaine, alors penser à d’autres façons de recueillir l’eau est essentielle. Une option qui surgit lorsque l’on analyse la différence de température entre le jour et la nuit, qui crée de la condensation et de la présence de brouillard (spécialement dans les zones côtières), est la collecte de l’eau du brouillard, cette collecte peut être une source importante pour le maintien du camp. D’ailleurs, l’aridité/ sécheresse du sol, rend difficile l’approvisionnement du bois pour la construction de refuges, les matériaux doivent alors inclure la terre et des éléments externes (aide humanitaire). Steppa C’est une zone de désert froid, présent principalement dans le nord de l’Afrique, le MoyenOrient et la Grande Plaine de l’Amérique du Nord, entre autres. Elle reçoit moins de 500 mm de pluie par an et a un climat semi-aride avec des niveaux élevés d’humidité dans l’air, en particulier quand on se trouve à proximité de

barrières montagneuses. Il y a aussi une grande différence de température entre les saisons (l’été et l’hiver), qui demandent aux refuges de s’adapter pour fonctionner dans les deux conditions. Le sol est pauvre, il y a peu d’herbes, des arbustes et de la végétation du désert, du sol très minérale et non organique. Cela a conduit à des zones sans arbres et logiquement pas de bois pour les refuges, des matériaux alternatifs doivent donc être proposés pour cette région. Le fait d’être un espace ouvert génère des vents de forte intensité qui peuvent être utilisés dans la production d’énergies éoliennes pour alimenter des infrastructures et des services. Savane La région présente deux périodes différentes: la première est la saison aride avec des températures allant de 20° à 30° C et une saison des pluies où des marais apparaissent. La fertilité des sols est faible (encyclopédie britannique, 2014), mais cela pourrait être géré avec la plantation de végétation (arbres et autres). Dans les deux cas, l’utilisation du bois doit être supervisée. De plus, les incendies se produisent souvent dans ce type d’écosystème car ils permettent la reproduction de nouvelles plantes (en particulier à la fin de la saison sèche). Nous y trouvons même des plantes avec leur propre protection contre les incendies. D’autre part, ces zones ont de la végétation de haute qualité, comme ce le cas des buissons, des arbres, etc. La forêt tropicale Les climats tropical et subtropical correspondent à

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cette région, elle est caractérisée par des températures très élevées, la présence d’humidité et de fortes précipitations (plus de 1800mm par an). Cela pourrait devenir une source d’eau à prendre en compte afin d’atténuer la saturation des autres sources (rivières). Il est habituel que dans les zones côtières de ces régions, des ouragans, des cyclones et des typhons se produisent (encyclopédie britannique, 2014) il est donc important de concevoir des refuges et d’autres bâtiments de manière à ce que sa structure puisse résister à ces types de phénomènes. En outre, le sol n’est pas aussi fertile que l’on pourrait penser, principalement parce que les minéraux et autres composants sont capturés par les plantes avant d’atteindre le sol. La lutte pour la lumière (synonyme de vie) est une autre caractéristique de cette région, où la végétation comprend des arbres, des plantes grimpantes, entre autres. Etant donné que c’est un écosystème très vulnérable et exposé aux catastrophes, les occupations humaines doivent être attentives de leur impact sur le territoire, une agriculture extensive est exclue des options, elle devrait prendre la forme d’une agriculture verticale en cherchant à occuper le minimum de surface. Cette division par grands écosystèmes est une première sélection, au sein de chaque écosystème on trouve toute une série de sous-systèmes avec des caractéristiques spécifiques qui ne reproduisissent pas nécessairement celles du système conteneur, ces variables doivent être également analysées avant la sélection du terrain et de l’ouverture des camps. D’autre part, si on revient sur le travail fait par l’Université de Standford, on verra que l’étape suivante dans la collecte d’information se focalise

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sur l’aspect humain et les caractéristiques sociales de la population. Il n’est pas correct de déterminer les besoins en eau, en nourriture ou les mètres carrés qu’assure la survie, il faut plutôt analyser ce qui construit la vie des réfugiés, comme les types d’emplois plus courants, la constitution des familles, l’existence d’une diaspora, entre autres. Parmi les considérations on trouve: • La démographie : culture, données de recensement et statistiques, modèle de croissance • Les limites politiques et sociales • Les conditions politiques et historiques : raison de l’arrivé des réfugiés • La compréhension de la croissance urbaine dans les pays d’accueil • L’emploi (hôtes et réfugiés), statut de travail légal • L’économie, le marché, les emplois : détermination des savoir-faire des réfugiés Cette analyse pourrait être complétée par les formes architecturales (type de logement, bâtiments publics), la forme et pratiques de l’espace public, la valeur de la vie privé dans la pratique de l’espace, et même la détermination des zones demandeuses de main d’œuvre dans les pays d’accueil ; ces considérations aideront à conduire une analyse plus complète des situations de crise et proposer des comportements résilients adaptés à chaque situation – la résilience spécifique-. Pour ce faire, il faut définir les espaces de travail.


WAY STATION

CAMP

COMMUNAUTE LOCALE

CENTRE DE TRANSIT CENTRE DE RECEPTION

HUB -asanté / marché / administration / déchets

Bien que l’on ait déjà ébauché quelques comportements à prendre en compte dans des écosystèmes spécifiques, il est nécessaire de cibler les organismes sur lesquels on agira. On se concentrera en particulier sur les camps dessinés et les centres de transit parce qu’ils sont des éléments très récurrents dans une crise et qu’ils demandent le plus d’effort aux organismes humanitaires. Ils sont également l’exemple le plus concret de matérialisation de l’exception tout en mettent en évidence une prédisposition à la construction d’une vie sociale et une reconquête de leur condition de citoyens. On construit une sorte de parcours de crise sur lequel se positionnent ces organismes, et à partir de cela on présente des tactiques de planification. Dans le cas des camps ceci pourra se traduire par la proposition des formes d’implantation, l’élection de sources d’énergie ou

HUB -bsanté / commerce / emploi

la localisation de services, tandis que pour les centres de transit ou les centres de réception le travail se concentre sur la diminution des impacts sur le territoire et la recherche d’autonomie et transportabilité de ces infrastructures. De plus, la relation ‘camp – communauté d’accueil’ fait aussi partie de l’analyse. Etant donné que ces deux espaces partagent les mêmes ressources, les possibilités de conflits s’incrémentent car la pression sur le système écologique se multiplie, dans ce sens, il est pertinent de penser l’utilisation de l’espace de sorte qu’il y ait des bénéfices partagés. En agissant ainsi il est aussi possible de dynamiser les relations entre ces deux populations et d’envisager un scénario de formalisation des camps.

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I II. phas e d ’im p lém en ta ti o n

3.1. La recherche d’autonomie dans l’organisation spatiale

Comme déjà vue, l’enfermement des camps contribue à sa mise à l’écart et son contrôle politique. Dans le but de changer ce comportement et d’impulser les différentes dynamiques que l’on trouve à leur intérieur, on ne propose pas de construire un camp modèle, mais des éléments qui, quand échangés, peuvent générer des configurations qui protègent le camp et permettent une ouverture vers l’extérieur (communautés d’accueil). Ce sont des éléments qui peuvent s’organiser de différentes manières mais qui sont conditionnés aux règles des espaces écologiques où ils se localisent. Par exemple, la disposition spatiale des systèmes de traitement de déchets dans les limites du camp peut être favorable pour la construction d’un bord vert mais elle marche seulement quand c’est construit sur un sol peu perméable et qui n’est pas, au même temps, la principale source d’eau du camp. D’autre part, avant une proposition sur la forme il faut considérer certaines règles par rapport au fonctionnement légal des camps (statut des réfugiés) et leur proximité aux sources de danger, soit humaines (guerres, révolutions) ou naturelles (inondations, incendies forestiers, etc.). On revient alors sur le parcours de crise et les espaces qui s’y trouvent, le premier des espaces étant les centres de transit et de réception, ils ne peuvent pas avoir la même réponse que celle des camps, sa durée de vie est plus courte, le nombre de réfugiés plus important et son exposition aux

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dangers plus haute, ce qui établit des paramètres pour le travail. Le deuxième espace, le camp, est un système plus complexe car il accueille plusieurs types de population, il présente des restrictions par rapport au permis de travail de ces occupants, des difficultés pour donner des services (éducation, santé, commerce) et d’autres restrictions imposées par le pays d’accueil (possibilité ou pas de travailler la terre ou de sortir), mais c’est leur durée de vie qui pause le plus d’obstacles et de possibilités. Enfin, la communauté d’accueil, est elle aussi considérée dans ce parcours parce qu’elle est une source indispensable d’énergie, services, emplois, etc. qui font fonctionner le camp, mais qui peuvent entrer en conflit très facilement avec le camp à cause de ces mêmes sources. Les deux espaces où les diverses considérations seront essayées sont les centres de transit/réception et les camps. Toutes les structures (infrastructures, refuges, espaces publics) ici proposés doivent respecter les caractéristiques suivantes : être mutables (transformables), être multifonctionnelles, avoir une capacité de collecter de l’énergie, contribuer à la réduction des émissions de CO2, et avoir une durée de vie extensible. En plus, en ce qui concerne sa construction, il faut qu’elles soient, dans la mesure du possible, faciles à reproduire par la population, de cette manière le savoirfaire des réfugiés se verra complété par les manuels


(instructions d’assemblage) de diverses techniques alternatives choisies pour le camp, au même temps cela permettra une reproduction dans d’autres bâtiments une fois les organismes humanitaires partis. De plus, elles doivent se construire très rapidement pour réduire les risques externes auxquels sont exposés ces occupants et dans les cas de guerres fonctionner comme refuges. Avoir une haute résistance aux risques locaux est aussi essentiel car ces structures devront faire face à une utilisation longue et intense. Dû au constant manque de ressources financières il est indispensable de proposer des solutions low-cost qui, en revanche, aient une haute performance climatique. En outre, l’auto-construction est une pratique souhaitable non seulement car elle réduit les besoins en main d’ouvre sur place mais aussi parce qu’elle contribue à la reconstruction physique et sociale du lieu après la crise, le fait de décider quoi construire, de le dessiner et de l’édifier en commun donne l’opportunité aux réfugiés de reconstruire leur communauté et l’imaginaire urbain associé. Des considérations sur la temporalité des occupations sont aussi prises en compte, à chaque étape du développement des opérations humanitaires correspondent à des actions spécifiques, dans le cadre de cette étude on propose qu’à chacune des étapes un type de service majeur soit développé. Si dans un premier

moment les infrastructures sont approvisionnées de manière externe, après la période d’urgence (estimée en six moins) il faut initier l’autonomisation des services avec la construction des réseaux d’eau et assainissement, l’étape de transition doit donc donner à l’espace les outils et matériaux pour un développement durable. Plus précisément, on imagine que les structures de tentes ou les items d’aide humanitaire (bâche en plastique, jerrycans, etc.) peuvent être aussi les éléments qui construisent les futures maisons ou les mobiliers urbains, en réduisant les déchets générés à l’intérieur des camps et les coûts de transport de ces éléments. Mais cela ne sera pas faisable dans tous les cas, dans l’impossibilité de le faire, on répond avec des techniques locales qui ont un faible impact sur l’environnement et qui peuvent en même temps servir de régénérateurs des écosystèmes (ex. captation de l’humidité et récupération des sols). Les deux considérations peuvent aussi être appliquées dans un même espace quand les conditions le méritent et les ressources sur place et externes sont disponibles. a)

Centres de transit / réception

Ces sont des espaces filtre qui ont besoin d’un important niveau d’autonomie par rapport au territoire sur lequel ils se positionnent. Comme le conflit peut arriver à n’importe quel endroit, on ne peut pas choisir

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Figure 14 La “Dymaxion House”, Buckminster Fuller. Source: Arch Daily.

Figure 15 Dessin pour la “Green Machine”. Source: Malka Architecture.

leur emplacement, ni dessiner en amont les routes de sortie ou l’endroit d’arrivée des réfugiés. Les espaces de transit et de réception doivent parfois se déplacer d’un lieu à l’autre à cause de déplacements des conflits et sa durée ne dépasse pas l’année. Ils ont alors besoin d’être détachés du territoire, de cette manière au moment de leur disparition ils n’auront pas causé des dégâts significatifs sur le système écologique.

autre projet qui peut illustrer ce propos est celui de ‘The Green Machine’26, présenté dans la Biennale de Vénice, il propose un mégastructure pour récupérer les sols perdus dû à la désertification, la ville-machine capte sa propre énergie solaire, eau de brouillard, produit de la culture hydroponique et héberge des logements, écoles et jardins, son objectif est de récupérer l’écosystème du désert du Sahara. Parmi les considérations à inclure dans les espaces de transit et réception on trouve :

Dans ce sens, la proposition pour ces espaces est une sorte de machine de production d’énergie, de recyclage et de consommation permanente. A l’image de la ‘Walking City’ d’Archigram ou les tests de Buckminister Fuller et sa ‘Dymaxion house’, les espaces proposés gardent leur autonomie de fonctionnement, peuvent être déconstruits et replacés dans un autre endroit et le temps de régénération du territoire reste court. Un

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• Autonomie énergétique: récupération des eaux de pluies, traitement des eaux grises avec le système de ‘filtres plantés de roseaux’, utilisation des panneaux solaires, des capteurs production de biogaz pour

26 Source : Malka Architecture, http://www. stephanemalka.com/en/2014/02/the-green-machine/


Collecte d’énergie solaire

Zone de stockage comme isolement Collecte d’eau du brouillard / eolique

Collecte d’eau de pluie

Tout le camp comme machine de production d’énergie et autoconsommation

Tritement des eaux grises / stockage d’eau

la cuisine en commun, des surfaces de capture du brouillard dans des climats que le méritent, • Espace de logement unique mais divisible avec des panneaux qui ont une deuxième fonction, mobilière pour les familles, • Espaces de stockage utilisés comme isolement thermique des zones de logement. Au niveau de sa forme spatiale on propose trois distributions que gardent la performance de la structure mais qui peuvent s’adapter selon les dimensions du terrain ou le niveau d’exposition au conflit. Possibles dispositions des espaces de transit par rapport au sense du conflit et l’espace disponible

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Configuration du camp avec des sercives centralisés

b) Camps et transitions entre le camp et la communauté d’accueil Dans le cas des camps on propose des considérations à l’échelle urbaine: un traitement du bord perméable où se positionnent les services de traitement des ordures qui créeront, avec l’expansion du camp, un maillage vert. Aussi la distribution de points énergétiques dans l’ensemble du camp, ces points pourraient être hébergés par les services hygiéniques et de blanchisserie de façon à alimenter les refuges et l’espace public autour d’eux. De la même manière, une utilisation multiple des espaces en commun est proposée, cela veut dire que par exemple l’espace de l’école peut être aussi un centre de culture (production agricole communale) grâce à sa production de compost à partir des toilettes en commun et la récolte d’eaux de pluie. La division intérieure par secteurs, zones et groupes que propose le ‘Handbook for Emergencies’ est dissocié des réalités actuelles et des pratiques d’occupation des populations, une organisation qui mélange dans un même secteur, par exemple, des densités diverses et des zones plus urbaines avec d’autres plutôt rurales sera plus bénéfique car elle ne concentrera pas les logements d’un seul secteur et pourra continuer à croître si des flux de réfugiés continuent à arriver. En ce qui concerne l’espace public, les espaces conçus comme productifs au début de la formation du camp pourront devenir, dans un deuxième temps, des espaces publics; cela aide à contrôler l’occupation initiale du camp et à assurer que la densité soit soutenue, même si le camp initie le processus de fermeture. 62

Configuration du camp avec des sercives conectés vers les communautés d’accueil

La relation entre le camp et les communautés d’accueil se construisent à partir du positionnement de certains services dans les interstices entre les deux systèmes. On cherche à multiplier les dynamiques entre les deux pour assurer que des équipements ne soient pas doubles, mais aussi pour faire parvenir aux populations locales certaines améliorations qui en d’autres temps n’arriveraient pas. Ces services pourraient aussi constituer les aménagements publics qui connectent le camp au pays d’accueil, en développant des zones qui offrent des bénéfices au pays qui les reçoit. Dans cette direction, on peut imaginer que les zones commerciales soient partagées par le camp et la ville avec le dessin de corridors éphémères de commerce ou des espaces publics permanents qui accueillent temporellement cette double fonction.


Module de production d’énergie , capture d’eau, traitement de déchets et des eaux grises

Des configurations et densités différentes pour chaque zone du camp

Traitement du bord comme un élément permeable qui héberge des structures de production d’énérgie pour le camp et pour les communautés autour de lui.

A l’intérieur du camp, les structures de production d’énérgie sont conectées par des espaces d’ussage mixte (commerce, espace public), qui lient des zones a densité variable. 63


Figure 16 Fonctionnement du toilette sèche. Source: Tamera, 2014

3.2. Techniques et matériaux a) Construction en terre, en paille, etc. Plusieurs techniques sont présentées pour illustrer la flexibilité dans la construction de refuges et autres infrastructures. Son utilisation dépendra de sa capacité d’adaptation à chaque système socio-écologique et de la disponibilité de ressources sur place. On commencera par nommer quelques techniques de production d’énergie, pour ensuite passer aux techniques constructives alternatives et finir par la présentation de quelques applications dans des refuges et services. ENERGIES

L’ONG Tamera27 (Portugal) travaille sur la production de gaz à partir de la décomposition des matières organiques. Le système peut être fabriqué avec des matériaux très simples et de différentes tailles, en fonction de la production de déchets organiques. Il est composé d’un réservoir qui contient les déchets organiques, une série de tubes (dont il faut avoir autant de surfaces que possible) où la colonie de bactéries peut grandir, un second réservoir stocke le gaz et est raccordé via un tube à la cuisine ou au point d’utilisation finale. La capacité de production est de 3’000 litres de gaz par 40 ou 60 l de biomasse par jour, ce qui peut être obtenue en environ 24h. Alors que les températures extérieures peuvent modifier le comportement du système, le climat doit être

Digesteur de biogaz 27 Organisation Tamera, source : http://www.tamera. org/index.html

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Figure 17 Digesteur de biogaz. Source: Tamera, 2014

Figure 18 Exemple du toilette sèche. Source: Tamera, 2014

pris en compte dans la conception du système, mais le digesteur reste très souple à des variations de scenario. Pourtant, il reste une option facile et à faible coût pour produire du gaz pour la cuisson. En raison de la capacité de production et les besoins du système il est préférable de le proposer pour une communauté plutôt que pour un seule ménage, car de cette manière la collecte des déchets et la production de gaz biologique est centralisée. Compte tenu de cela, son utilisation est destinée aux centres de transit et d’attente dont les services sont communaux et la difficulté de fournir de l’énergie est déterminant.

réseau car elles fonctionnent mieux avec de nombreux utilisateurs, ce qui augmente la production de compost. Pour assurer un bon fonctionnement le système exige que la quantité de lumière et l’air qui entrent dans la latrine soient contrôlés. En outre, l’utilisation des décharges de paille aide à parvenir à un bon compost. Les exigences techniques comprennent la construction d’au moins deux cabines car le processus de décomposition dure entre cinq et six mois, temps pendant lequel la cabine rempliée doit attendre le processus de décomposition tandis que l’autre se met en marche. Un module de toilette sèche peut servir à dix ou quinze personnes et a besoin d’un espace de 1,45 x 1,49 m pour les boites de collecte du compost. Dans chaque «boîte» il faut prévoir un tube de ventilation et une porte d’accès, de sorte que le matériau final puisse être collecté. A nouveau ce système fonctionne mieux quand il

Toilettes sèches Les toilettes sèches sont souvent utilisées dans les situations d’urgence et de reconstruction, principalement parce qu’elles n’ont pas besoin d’être connecté à un

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Figure 19 Système de collecte d’eau de brouillard. Source: Warka Water.

a une utilisation collective ce qui marche mieux dans les centres de transit et réception, néanmoins il est possible de l’utiliser par des groupes de familles à l’intérieur des camps. Warka Water. Ethiopia Architecture and Vision28 est un studio qui a travaillé sur le problème du manque d’eau en Ethiopie. L’idée est de créer une structure qui capture l’eau du brouillard. Cette structure a une charpente en bambou qui supporte un tissu à l’intérieur, c’est ce dernier qui collecte l’eau. Les autres matériaux utilisés sont des cordes, des câbles et du tissue PE (polyéthylène film). La forme de la structure 28 Source : http://www.architectureandvision.com/ projects/chronological/84-projects/art/492-073-warkawater2012?showall=&start=1

66

est inspirée des arbres warka, un genre de végétation très important dans la culture Ethiopienne car elle est associée à des espaces d’enseignement et rencontre. Ces types de projets cherchent de créer des liens entre l’imaginaire de la population et les infrastructures dont ils ont besoin. TECNIQUES ALTERNATIVES L’école en pneus & le Centre ‘Terra dei bambini’ La guerre et le blocage israélien rendent presque impossible la construction des infrastructures dans les Territoires Palestiniens, dans ce contexte le studio d’architecture Arcò29 a été appelé à donner une solution pratique et responsable pour la construction d’une école 29 Arcò – Architettura & Cooperazione. Source : http:// www.ar-co.org/it/


Figure 20 L’école en pneus. Source: Arcò

Figure 21 Technique des sacs en terre pour le centre ‘Terra dei bambini’. Source: Arcò

à Jahalin di Al Khan Al Ahmar. L’élection des pneus remplis de terre comme matériel répond à la rapidité de construction, à sa disponibilité sur le site et à son faible coût. Une structure en acier est considérée à l’intérieur pour donner rigidité aux murs, enfin ils sont recouverts d’argile pour protéger les pneus. La technique ne nécessite pas une main d’œuvre spécialisé et peut être pratiquée par la population locale, elle répond bien au climat désertique de la zone en isolant le bâtiment des hautes températures intérieures, cela est complété par un toit surélevé qui permet ainsi une ventilation transversale. Les performances climatiques et de sécurité du bâtiment ont été testées pendant des bombardements survenus à proximité de l’école.

village Um al Nasser, dans la Bande de Gaza. Dans ce cas la technique choisie était celle des ‘sacs de sable’, encore une fois la praticité et la disponibilité des matériaux ont influencé l’élection de ce type de architecture. Pour des considérations écologiques et climatiques, le projet est alimenté par énergie solaire et dispose de son propre système de collecte des eaux de pluie et du recyclage des eaux grises. Le toit est aussi surélevé pour produire une bonne ventilation intérieure et une cour au centre du bâtiment aide à créer un microclimat pour l’espace commun de l’école.

Dans le projet ‘Terra dei bambini’ l’objectif était de construire un espace sécurisé pour les enfants du

Maison réalisé en bouteilles en plastique. Sabon Yelwa, Nigeria Un projet mené par l’ONG DARE30, une ONG 30 DARE - Développement et assainissement pour les

67


Figure 22 Maison construite avec des bouteilles en plastique. Source: DARE ONG

britannique et l’African Community Trust. Il vise à construire vingt-cinq maisons en bouteilles au Nigeria. Le prototype de 58 m2 est fait de bouteilles en plastique remplis de sable (trois kg par bouteille), pour cette surface il est nécessaire de rassembler près de 14’000 bouteilles. Le système constructif est décrit comme suit : « Les bouteilles sont empilées en couches et liées entre elles par de la boue et du ciment, avec un réseau complexe de chaînes qui retiennent chaque bouteille par son col, ce qui fournit un soutien supplémentaire à la structure » (Abubakar, 2011). L’énergie solaire et de biogaz sont également utilisés pour alimenter la maison. Le coût total est estimé à $ 12’700. Un deuxième projet de construction des salles de classe a été envisagé pour 2012. Cet exemple semble très pertinent si on regarde la réalité du Nigeria énergies renouvelables.

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dont, selon un article de la BBC, l’eau est commercialisée dans des sacs en plastique et le marché de bouteilles se développe de plus en plus. Cependant, l’application de cette technique augmentera la demande de sable ce qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur les prix et sur la dégradation des sols. Eco-Toilet. Nigeria Le ‘Centre pour le Développement de l’Eau et l’Environnement’31 a produit un autre exemple de toilette sèche. Dans cette expérience elles ont combiné une technique de production d’énergie et une de recyclage 31 CEWED – Centre for Water and Environment Development. Source: http://www.cwedng.org/ Articles sur le projet : http://developmentdiaries.com/eco-toilet-built-innigeria/


Figure 23 Modèle de bouteilles et système d’assamblage du Polli-Brick. Source: HYmini

de matériaux (compost et bouteilles en plastique). La technique a été appliquée dans les toilettes d’une école, un espace où son application est possible grâce à l’usage communal. Ecotechnologie. Amérique du Sud

Andreas

Forese,

Afrique

et

Andreas Forese gère un bureau sur l’environnement, son entreprise travaille dans le développement de la “technique de bouteilles” comme un système de construction innovateur d’application dans des pays en développement. Ils ont travaillé sur des projets en Amérique du Sud et en Afrique en construisant des maisons, des toilettes, des centres communaux, des réservoirs d’eau et même des espaces publics. En outre, ils ont produit des manuels expliquant le fonctionnement de la

technique et ils ont mené une analyse des caractéristiques mécaniques du matériau. Il s’agit d’une étape dans la formalisation des techniques de construction alternatives qui peuvent ensuite être incluses dans les programmes de construction humanitaire. Polli-Brick Des bouteilles appelées Polli-Brick faites à partir du PET recyclé. Dessinées par HYmini32, elles sont conçues pour s’empiler et ériger une paroi qui n’a pas besoin d’une structure de support et qui peut résister à des forces similaires de celles d’un ouragan. MiniWiz est la société qui gère et commercialise le produit, ils conduisent également quelques programmes de recherche 32 Polli-Brick, source: http://www.miniwiz.com/ miniwiz/en/products/living/polli-brick

69


Figure 24 Prototypes de refuge faites de bouteilles. Source: United Bottled Org.

avec l’Université de Cornwell et Harvard dans le but d’améliorer la performance de ce matériau. La bouteille vient en 3 tailles différentes, de 400ml à 6000ml, cette dernière à une épaisseur de 38 cm. Des essais pourraient être faits pour adapter les conteneurs d’eau distribués par les organismes humanitaires afin qu’ils puissent ensuite être utilisés dans la construction de refuges et de services. United Bottled Organisation33 Le groupe est formé par: Dirk Hebel (ETH), Tobias Klauser (ETH), Hanspeter Logo (Logo Plastic) et Jorg Stollmann (TU Berlin). C’est un programme similaire à celui de Polli-Brick mais clairement orienté à la construction de refuges, le but est de donner un conteneur 33 United Bottled Organization, source: http://www. united-bottle.org/concept.html

70

d’eau qui pendant toute sa durée de vie ait aussi une double fonction, alors en même temps qu’il construit un mur il est aussi utilisé comme réservoir d’eau, il est également pensé pour sa transportabilité donc un paquet de neuf bouteilles peut être transporté par une seule personne et constitue un module de construction. Le matériau choisi pour sa fabrication nous permet de le penser comme un élément de construction durable car il peut être rempli de sable ou d’autres matériaux locaux. Le programme donne des solutions d’édification à partir du savoir-faire local, de la capacité d’innovation des occupants de camps et des éléments disponibles sur le terrain.


Figure 25 Différents matériaux créés par le studio Humanitarian design, qui constrit des matelas et bricks à partir du recyclage.

Humanitarian Design34 Différents produits ont été mis au point par ce bureau d’études basé à Paris. L’un d’entre eux est le « Parpaing », qui est une brique faite de boîtes en carton et qui parvient déjà pré-coupé et prêt à être assemblé pour construire un mur, le matériau a été présenté dans l’exposition « La Troisième voie » organisé par le bureau lors des « Designer’s Days » en 2012 à Paris. Ils ont également développé un emballage en plastique qui peut être rempli avec des déchets des enveloppes de petites-barres énergétiques pour créer un matelas adapté pour dormir. Une plate-forme pour le partage d’informations sur les différents produits issus de

34 Source: http://www.humanitariandesignbureau. com/en/ourproducts/concept-parpaing.html

l’intervention humanitaire a également été mise en place. Le projet en est à ses débuts, mais il vise à rassembler des chercheurs et des concepteurs de partager des solutions sur les produits, les profils culturels, le financement et l’exécution des projets. From cardboard boxes to furniture UNICEF Le dessinateur industriel Martin Jorgensen35 a travaillé main dans la main avec Unicef dans l’amélioration des emballages humanitaires. En raison de la qualité du matériel d’emballage utilisé par UNICEF, il propose l’impression d’un motif dans le dos des boîtes afin qu’elles puissent être converties en meubles après avoir achevé leur but principal, le transport. Il utilise la 35 Source: unicef#!__content1

http://createdk.wix.com/createdk_

71


Figure 26 Pavillon et mobilière faits de bidons. Source: Studio Ghigos.

boîte ‘s9018210’ (codification d’Unicef) qui contient le kit de lavage pour les réfugiés (WASH kit) et imprime une dorme qui peut être convertie en mobilier, l’idée est d’élargir cette pratique à d’autres items distribués par Unicef. Le projet est similaire à celui conduit par Humanitarian Design mais il a avancé en créant des liens avec un des organismes humanitaires les plus importants des contextes de l’urgence. Fast Architecture Le Studio Ghigos36 a construit un pavillon fait à partir de bidons en plastique dans le cadre du Naba Fuorisalone, à Milan, Italie, en 2006. L’idée était de reproduire un espace dynamique et attractif où partager la culture du 36 Source : http://europaconcorsi.com/projects/9749ghigos-ideas-Fast-Architecture-Studio%20Ghigos

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recyclage, avec des bidons ils ont construit un espace d’exposition, des jeux pour enfants, du mobilier urbain, etc. A part la versatilité et les coloris de l’installation, une réflexion est faite sur les limites de l’architecture et de sa permanence, est-il possible qu’une architecture soit si éphémère et si parlante ? C’est la question qui se pose le studio Ghigos, la réponse est positive car pour ce collectif l’utilisateur doit avoir la possibilité d’agir directement sur l’architecture, pour ce faire des manuels de montage accompagnent les propositions. Paper Bricks Pour aller plus loin dans la recherche de matériaux alternatifs, le Visvesvaraya National Institute of Technology en Inde, vise à créer des briques en papier à partir de déchets, « Les briques sont fabriquées à partir


créé un cinéma recyclable fait à partir de 1271 boîtes de carton. Ces boîtes présentent une forme hexagonale de sorte que la structure puisse être facilement modelée et avoir un assemblage facile. A l’intérieur des colonnes tubulaires et piquets de tente. L’espace a été présenté dans l’exposition Ecobuild, dans le cadre de la ‘Construction d’un Environnement Durable - Film Festival’ réalisé à Londres en 2014.

Figure 27 Section du ‘Cardboard Cinéma’. Source: Make Architects.

de 90% des déchets recyclés de papier, elles ont déjà été utilisées avec succès dans des faux plafonds et des murs de séparation »37. Ces briques sont plus légères que les versions normales du matériau et pourraient être utilisées dans les divisions intérieures. Cet exemple fait partie des cas d’analyse structural des matériaux qui, de la même manière que les bouteilles en plastique, pourrait devenir la norme dans les prochains ans. Cardboard Cinéma & le projet Dream Ball Des services sont aussi envisageables avec des matériaux alternatifs, le collectif ‘Make Architects’38 a

Le ‘Unplug design – Dream ball project’ est un projet réalisé par Débranchez Design Studio à Séoul, en Corée. L’équipe de conception a été composé par Kyung Chan, Hwang, Song Kyou, JIN Hak Su, Lee Min Hyun et Han Jin Jun. Du même genre de celui du ‘Cardboard Cinéma’, dans ce projet des ballons sont faits à partir des boîtes ou tubes d’aide humanitaire, ils sont recyclés et utilisés pour fournir des jeux aux enfants dans les camps. Cependant, le projet reste une proposition car il n’a pas encore été construit. REFUGE Danish Refugee Council Le DRC a un programme appelé ‘Logement et infrastructures à petite échelle’. Ils soutiennent le développement des unités de logement faites à partir de bâches en plastique dans des contextes de reconstruction. Le but est de promouvoir l’utilisation de matériaux locaux, l’auto-construction et de concevoir les « camps de réfugiés

37 Source: http://inhabitat.com/researchers-in-indiacreate-low-cost-bricks-from-recycled-paper-mill-waste/vnitrecycled-paper-bricks-2/ 38 Source: http://www.makearchitects.com/projects/

ecobuild-cinema/

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en tant que structures urbaines vitales »39. La planification de la mise en œuvre des camps, selon les opérations humanitaires aujourd’hui, part de la plus petite unité (refuge) à l’organisation globale de l’espace (camp), ce qui donne normalement une forme orthogonale. Pour le DRC les camps évoluent déjà dans des «villes accidentelles», pour cette raison une approximation plus complexe sur l’organisation urbaine est nécessaire, mais aussi un travail au niveau de matériaux locaux ou alternatifs dans la construction physique du camp, comme le bambou, les sacs de sable, les gabions, le polyester, les toits verts (construction vernaculaire pour l’Ethiopie), etc. Dans ce sens, des questions sont posées : « Quels matériaux sont disponibles à l’échelle régionale? Comment peuvent-ils être combinés à des constructions simples à assembler dans une courte période de temps? Doitil exister l’assistance pour promouvoir la participation des personnes non qualifiées? Comment la conception de ces petites infrastructures peut être acceptée dans un contexte très particulier au niveau socioculturel? ». Ce sont des réflexions essentielles lorsqu’il s’agit de dessiner un plan urbain ou de choisir une architecture précise dans des contextes sensibles. EiABC L’Institut

éthiopien

de

l’architecture40

à Addis-Abeba travaille sur la conception de refuges, particulièrement dans le passage entre l’étape de

transition vers des structures permanentes. Ils ont testé plusieurs techniques en Afrique, parmi elles les refuges de sacs de sable, de bambou et un refuge en gabions. Ils développent, au-delà de la construction des refuges avec des matériaux locaux, des prototypes de logement, des typologies différentes de logement, et ils sont à la tête d’un laboratoire de proposition urbaine. SpeedKits Le ‘SpeedKits’41 est un projet de quatre ans organisé par l’Union Européenne qui a commencé en 2012. L’objectif est d’améliorer la performance générale des opérations d’aide humanitaire conduites par cet organisme. Parmi les produits qui doivent être développés dans le cadre du projet on trouve : une toiture intelligente (16 m2), une unité multifonctionnelle (50 m2), une maison en étapes (32 m2), une unité de stockage mobile (150 m2) et une latrine pliable. Il Politecnico di Milano conduit l’ensemble des travaux sur l’emballage et le design de nouvelles tentes (nommées WP1). Les départements BEST (Technologie de Construction) et INDACO (Conception et Développement de Produits), qui font partis de l’université, sont impliqués directement dans le projet. « SpeedKits présentera des dessins pour quatre différents types de refuge, y compris la méthodologie pour sa construction ainsi que leur mode d’emballage, compte tenu des considérations sur l’emballage du GT1 » (EU, 2014).

39 Source: http://drc.dk/relief-work/what-we-do/ housing-and-small-scale-infrastructure/ 40 Source: http://www.eiabc.edu.et/

74

41 Source: http://www.speedkits.eu/projectinfo /


Liina Transitional Shelter L’Aalto University Wood Program a développé un refuge qui peut être assemblé par deux adultes en six heures avec seulement des outils communs et un diagramme qui ressemble à une bande dessinée. Il est préparé pour accueillir une famille de cinq personnes pour presque cinq ans au cours d’une période de reconstruction et peut aussi être amélioré, déplacé, revendu ou recyclé. La dimension intérieure est de 18 m², le refuge est conçu pour être conforme à la norme de 3,5 m² par habitant établie par les organisations internationales. L’intérieur contient deux chambres semi-privées, une cuisine américaine et un espace polyvalent (salle à manger, salon, espace de travail).

b) Identification des matériaux locaux et réutilisation des éléments provenant de l’aide humanitaire dans la construction des camps.

caractéristiques de confort climatique qui les rendent plus adaptés aux écosystèmes en question. Après avoir passé en revue les techniques alternatives de construction on peut approfondir sur la capacité et pertinence des matériaux dans chaque système socio-écologique. Une première analyse montre les possibles éléments à recycler parmi les items humanitaires pour après évaluer leur pertinence dans chaque climat et situation. L’aide humanitaire arrive dans différents types d’emballage, beaucoup d’entre eux ont besoin de jusqu’à trois distincts conteneurs pour leur déplacement. Chaque organisation a son propre système d’emballage mais toutes respectent des standards internationaux établis par les Nations Unies. Voici quelques-uns des emballages et matériaux les plus utilisés en cas d’une intervention humanitaire, pris d’UNHRDs42, d’UNICEF43, d’UNDP44 et OXFAM45, les listes sur lesquelles on trouve ces informations sont présentées ci-dessous, et les matériaux sont classifiés par produit. Les détails de la composition ont également été inclus afin de déterminer le type de réutilisation possible et le niveau de pollution qui pourraient être générés dans les camps. 42 UNHRD – United nations Humanitarian Response Depot. Source: http://www.unhrd.org/?page_id=5774

L’importance de l’utilisation des matériaux locaux est décisif dans la construction des camps, pas seulement parce qu’ils amènent le savoir-faire des habitants et le fait d’être disponibles dans la zone en question, mais aussi parce que ce sont des matériaux avec certaines

43 UNICEF – Source: https://supply.unicef. org/unicef_b2c/app/displayApp/(layout=7.012_1_66_67_115&carea=%24ROOT)/.do?rf=y 44 UNDP – United Nations Development Programme. Source: (UNDP, 2009) 45 OXFAM – equipment/catalogue

Source:

http://www.oxfam.org.uk/

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Documents de référence sur les emballages :

alu

1

3

6

PET

PVC

PS

I P P C

Fe

alu

4

• UNHRD – Catalogue de matériaux LDPE

1

• UNICEF – Catalogue d’approvisionnement

3 6 4 5PET • UNDP PVC PS de secours LDPE Vol 1 - Matériel

PP

I P P C

Fe

5

Standards pour la collecte et la distribution de l’eau: PP u

1 PET

u

alu

alu 3 90cm

u

PVC

I P P C

Fe

u

u

u

6

4

PS

LDPE

5

Fe alu

u

27cm u

u

u

Fe

1 • Conteneur 3 6 (pliable): 4 avec une capacité de d’eau

PET PVC PS LDPE 1’500 l, les conteneurs sont fabriqués en PVC et renforcés en aluminium, ils peuvent servir à 300 personnes. Ils sont livrés avec leur propre système de distribution et il existe 5 1 3 6 4 aussi une version de 10’000 l. PP I P P C

PET

PP

alu

u u

u

• OXFAM – Catalogue d’équipement

1

Fe 3

PET

PVC

I P P C

u

21cm

PVC

PS

LDPE

• Réservoir d’eau: avec une capacité de 1000 l, en polyéthylène avec une cage métallique qui protège le6réservoir.4 Il est prêt5à être assemblé dans un groupe PP de 10 réservoirs de sorte qu’il puisse fournir 10’000 l. PS LDPE Ce matériau peut être réutilisé dans la construction des structures des refuges et utilisé plus tard dans le support 5 toits. des I P P C

PP

alu u

alu 1

u

PET

Fe

Fe I P P C

1 3

PET PVC I P P C

• Réservoir d’eau en forme d’oignon: 30’000 l de capacité, est6fait de PVC 3 4 et il est emballé dans une caisse 6 4 enPVC bois. LesPS élémentsLDPE réutilisables sont ici le plastique du PS LDPE conteneur qui est un matériel approprié dans l’isolement des murs et toits. De même, la caisse en bois sert de matériau de5revêtement à divers usages.

5

PP

PP

• Réservoir d’eau (pliable): 10 l de capacité, vient également dans une version de 20 l. Il est fait de PVC et

76


u

u

u

u

alu

1

3

PET

PVC

I P P C

Fe

1

u

PET

u

u

u

u u

u

u

u

I P P C

Fe

u

• Jerrycans (non pliable): en LDPE, 10 l de capacité. Un3poids de60,5 kg et un 4 volume de 0,3 m3. En raison de PVCtaille etPS LDPE leur matériau, elles peuvent être utilisées comme éléments de maçonnerie dans la construction de refuges et d’autres infrastructures.

5

PP • Jerrycans (demi pliable): en LDPE, 10 l de capacité. Taille 210 x 210 x 80 cm (vide) et 210 x210 x 10 (rempli). Cars elles sont demi-pliables elles servent dans l’isolement des murs et sols. u

90cm

90cm

u

90cmu

u

• Sachets d’eau potable en plastique: sacs de 500 ml peuvent être utilisés comme des éléments à remplir pour l’isolation thermique des refuges.

u

u

alu

3

6

4

PET

PVC

PS

LDPE

I P P C

Fe

Standards en sacs et plastique:

1

5 PP

alu

1 PET

u

u

u

u

u

I P P C

u

Fe

PVC

PS

LDPE

• Sacs en jute (différentes tailles) : il est possible de les remplir en terre pour des constructions en superadobe. 5 u

u

u

u u

u

• Sacs: Sacs GRVS (conteneur en vrac intermédiaire flexible) sont fabriqués en polypropylène et viennent dans des dimensions de 90x90x90 avec un fond plat. Grace à sa haute résistance il peut être utilisé comme coffrage dans de4 toits. 3 la construction 6

PP u

90cm

u

u

PS

PP

alu

u u

6

5

u

90cm

u

u

emballé dans une boîte en carton qui contient 150 pièces qui est à la fois mis dans une caisse en bois (970 x 680 x 645 mm). Pour la version de 20 l la capacité de la caisse 4 est de 50 unités. La durée de vie du réservoir est d’environ LDPE six mois mais les emballages en carton et en bois peuvent être réutilisés comme isolement et revêtement.

77


alu alu Fe Fe

alu

u

u

u

u

u

u

u

u

u

u

Fe

3

6

4

PVC 3

PS 6

LDPE 4

PET

PVC

PS

LDPE

I P P C

5 feuille de 4 x 5 m (20 m2) en • Bâche en plastique: PP polyéthylène tissé noir.5Il pèse 4,8 kg, est emballé dans PP pèsent 22 kg. Ils existent trois des balles de 5 unités qui types: des bâches en plastique multi-usage, des bâches pour les fenêtres et des bâches des poids lourds. Ces éléments servent comme isolement climatique pour les 1 ou sols. 3 6 4 murs I P P C

PET

PVC

PS

LDPE

• Des bâches en plastique: Rolls de 16x16 m, 4x6mt (27 kg), 3.65x91.5mt, 4x55mt (53 kg), 4x60mt (55 kg). Le 5 en plastique mais grâce à ses même usage que les bâches PP dimensions servent dans la construction de bâtiments plus grands (écoles, centres de santé, etc.). I P P C

Tentes:

u

u

1 PET 1

u

• Les tentes viennent en différents modèles parmi lesquels la tente de 24m2 en polyester de UN est la plus utilisée, elle pèse 240 kg (0.68 m3) et occupe deux boîtes en carton. La structure de la tente peut être réutilisée dans la construction d’un refuge plus solide ainsi que dans des structures de couverture.

u

u

u

u

u

alu

1 PET

Fe

u

u

14.4cm

I P P C

3

6

4

• Entrepôt : est une grande tente, faite à partir de PS LDPE murs préfabriqués de 10 x 32 m, vient dans deux boîtes en bois de 0.74 x 1.20 x 5 m et 4.43 m3, poids 2977 kg. 5 déjà une structure lourde mais ce qui nous L’entrepôt est PP intéresse sont les conteneurs qui peuvent fournir du bois pour les toitures. PVC

Combustibles et matériel de cuisine: 120cm

78

80cm

• Boites métalliques de 200 à 500 gr emballés dans un conteneur de 10 kg. Elles ont été utilisées comme


cloisons mais le matériel peut mieux servir comme protection contre l’humidité afin de recevoir une couche de finition. • Tourbe: matière organique produite par la décomposition incomplète de la végétation, particulière des zones humides. Dans le cas de camps elle est produite à partir des déchets ménagers, elle sert non seulement à la production agricole mais aussi pour la production d’énergie, pour ce faire il est nécessaire de regrouper les déchets de plusieurs familles afin que la production soit plus importante et puisse alimenter une cuisine communautaire. • Cuisinières: à pétrole à partir de 1 kg, chaudières en kérosène et diesel de 10 kg (50 x 50 x 100 cm). Et cuisinières en bois et charbon de 30 l avec des pots de 45 x 50 cm et des emballages de 8 kg. Ces types de cuisines utilisent des combustibles fossiles ce qui met en danger les ressources en bois autour des camps et génèrent une charge sur le budget des camps. L’idée est de remplacer dans certains cas (centres de transit et réception) son utilisation pour une production de biogaz, plus responsable avec l’environnement. • Cuisinières à boue - faites de boue, argile, sable et paille ; elles existent également en terre ou céramique. Ces types de cuisines sont les plus utilisées et les plus dangereuses car elles demandent une haute consommation de bois.

les communautés et doivent être considérées comme complémentaires à la cuisine de carburant. Son utilisation a déjà été testée dans certains camps et elles fonctionnent très bien dans les cas de cuisines communautaires. D’autres matériaux: • Système d’énergie solaire: 200 watts, 171 kg et 0,77 m3, livré dans une boîte en carton, il existe aussi une version de 100 watts. Ces kits sont de plus en plus utilisés, ils ne supposent pas un recyclage de l’emballage, mais sont une alternative dans les cas où la radiation solaire est importante. • Générateurs: générateur diesel livré dans une boîte en bois 1.78 x 2.38 x 1.82 m et 600 kg. Très utilisé pour alimenter les infrastructures critiques dans un camp, ce qui nous intéresse est la réutilisation de son emballage pour la construction des structures démontables en bois. • Palettes: en bois standardisés par l’Union Européenne, 80 x 120 x 14.4 cm, 1,2 kg. La versatilité du matériel nous donne plusieurs possibilités d’utilisation comme dans la construction de clôtures vertes ou même la production de mobilier urbain. • Matelas et tapis: 200 x 80 x 10 cm, en mousse de polyuréthane. Ils sont emballés dans des blocs d’entre 10 à 12 pièces et conditionnées sous vide en polyéthylène solide. Tous les deux servent comme de matériaux d’isolation thermique.

• Cuisines solaires: (pas adaptées pour la cuisson matinale), elles ne sont pas très connues par

79


concl u s ion Ce document se base sur l’exploration des dynamiques de construction de ville dans les camps de réfugiés, et les possibilités d’appliquer des analyses de résilience et des comportements durables dans ces contextes. A travers cette étude on a cherché à montrer que l’espace du camp, généralement conçu comme un espace d’exception avec une temporalité définie, est générateur des comportements urbains et peut fonctionner comme incubateur des embryons des villes. Etant donné qu’il fait partis d’un système socio-écologique on a proposé le développement des comportements résilients avec son environnement à travers la mise en place de pratiques durables comme la valorisation du savoir-faire local, l’amélioration de l’aide humanitaire et l’application d’une architecture du recyclage/récupération et de l’autonomisation. Les opportunités pour améliorer les conditions et la performance des camps sont nombreuses, mais on a choisi le développement des comportements résilients avec l’objectif de positionner le camp dans le contexte global et réduire son isolement, d’améliorer la conduction des opérations humanitaires en utilisant ses efforts pour la construction de solutions durables, et de faire évoluer les relations déjà établies avec les systèmes environnants grâce à l’utilisation des éléments architecturaux. Les multiples guerres, les bombardements quotidiens sur des villes, les révoltes internes, ou les catastrophes naturelles qui forcent la population à laisser son lieu d’origine et à fuir à la recherche d’un lieu sécurisant, nous montrent une réalité évidente de l’espace du camp qui est plus proche de l’idée de la ville que l’on pourrait penser. Cependant, la réponse humanitaire est

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restée fixé sur l’application des standards minimums, d’un coté à cause du manque de ressources pour donner plus de choses mais aussi parce que c’est un moyen de contrôle de la population et de validation d’un pouvoir supérieur. La lente évolution de la forme des camps, depuis le début du vingtième siècle n’a fait que mettre en évidence l’écart entre ce qu’on pressent comme comportement humain et les vraies pratiques de l’espace. Les camps sont alors des espaces d’exception, mais qui, grâce aux dynamiques internes, montrent l’existence d’une vie citoyenne et la précoce formation d’une ville. On a aussi présenté les caractéristiques réductionnistes des pratiques humanitaires et la standardisation globale des réponses qui se voit reproduite dans les nombreux manuels. Réalité qui est contrastée par les comportements à l’intérieur du camp où les pratiques humaines font preuve d’une capacité exceptionnelle de construction du social dans des contextes de fort stress. Ces comportements ont promue la conduite des recherches académiques avec un regard différent sur le système des camps, plusieurs universités et laboratoires travaillent sur des aspects tels que la modélisation numérique des occupations, l’élaboration de cartographies des risques, le développement socioéconomique interne, ou les connections entre les camps et l’extérieur. Ces éléments nous montrent les possibilités d’évolution des camps. Le camp est un système comprenant des comportements résilients (adaptation et transformation) dont une planification qui prend en compte des possibles considérations environnementales, mais pour le faire

il faut changer et élargir les variables à considérer. Alors, comment l’aborder? L’analyse par résiliences spécifiques est une proposition qui nous aide à déterminer les possibles scenarios et cibler la direction du développement. Les considérations de planifications présentées pour les espaces des camps et des centres de transit cherchent à illustrer trois concepts majeurs sur lesquels se base le développement durable des camps : la résilience, l’autonomisation/recyclage et les connexions. D’ailleurs, pour répondre à la question du rôle de l’architecte/urbaniste dans ces espaces, on doit tout d’abord être conscient que les dynamiques et organisations à l’intérieur des camps sont déjà un fait complexe et en constant changement. Alors les professionnels ne peuvent pas vouloir résoudre les problèmes des camps avec une approche vertical, le rôle des architectes et urbanistes reste donc celui de l’analyse des comportements et capacités du système pour, ensuite, offrir aux occupants des scenarios possibles, ainsi que comme support technique à la construction de ces scenarios. A cette étape d’autres questions émergent. Au niveau social, comment suivre les pratiques urbaines ou comment introduire les nouvelles tendances en amélioration des villes dans les camps. Tandis qu’au niveau environnemental, dû aux conséquences du changement climatique, il faudrait considérer ces analyses dans le contexte des comportements écologiques globaux, un changement d’échelle qui pose des problèmes car ses fluctuations sont plus importantes, et les variables à considérer plus nombreuses.

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Figure 11

Figure 12

Figure 13 Figure 14 Figure 15 Figure 16 Figure 17 Figure 18 Figure 19 Figure 20 Figure 21 Figure 22

Dairas. Source: M. Herz, 2012 46 Espace d’estabilité d’un systeme qui montre les caractéristiques de la résilience (latitud, résistance et precarité) et comment elles s’adaptent aux changements. Source: Walker, 2004. 50 Méthodologie pour l’analyse de la résilience spécifique. Source: K. Fabbricatti, 2013 52 La “Dymaxion House”, Buckminster Fuller. Source: Arch Daily. 60 Dessin pour la “Green Machine”. Source: Malka Architecture. 60 Fonctionnement du toilette sèche. Source: Tamera, 2014 64 Digesteur de biogaz. Source: Tamera, 2014 65 Exemple du toilette sèche. Source: Tamera, 2014 65 Système de collecte d’eau de brouillard. Source: Warka Water. 66 L’école en pneus. Source: Arcò 67 Technique des sacs en terre pour le centre ‘Terra dei bambini’. Source: Arcò 67 Maison construite avec des bouteilles en plastique. Source: DARE ONG 68 Modèle de bouteilles et système d’assamblage du Polli-Brick. Source: HYmini 69


Figure 23 Prototypes de refuge faites de bouteilles. Source: United Bottled Org. Figure 24 Différents matériaux créés par le studio Humanitarian design, qui constrit des matelas et bricks à partir du recyclage. Figure 25 Pavillon et mobilière faits de bidons. Source: Studio Ghigos. Figure 26 Section du ‘Cardboard Cinéma’. Source: Make Architects. Figure 27 Section du ‘Cardboard Cinéma’. Source: Make Architects.

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Grenoble, septembre 2014


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