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BELGIQUE - BELGIË

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DÉCEMBRE 2012

L’austérité, ça suffit !

photo : I. Marchal

68e année - n°11 - décembre 2012 (mensuel) dépôt CHARLEROI X | P402047 | retour : CGSP place Fontainas, 9/11 1000 Bruxelles

Admi ALR - PARA - BRU

ÉDITO P.2 DOSSIER SPÉCIAL P. 3 à 7

DOSSIER Dette publique Non à l’austérité P. 3

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ANALYSE Traité budgétaire Une grave menace P.5

Admi Accord soins de santé 2013 : la CGSP a dit non ! P. 9

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ITO D É

L’austérité, ça suffit !

Le 14 novembre 2012 restera certainement dans l’histoire sociale européenne comme une date marquante. Pour la première fois, des actions de grèves ont été coordonnées dans un nombre important de pays de l’Union européenne. Chez nous, non seulement il y a eu à Bruxelles une manifestation de la Confédération européenne mais aussi beaucoup d’actions, parfois transfrontalières dans de nombreuses villes. Certaines centrales FGTB ou certaines régionales interprofessionnelles, dont la CGSP wallonne, ont décrété une grève de 24 heures. Jamais une journée d’action européenne n’avait mobilisé autant de travailleurs. Au moment où nous écrivons ces lignes, personne ne connaît encore les mesures d’austérité que le gouvernement belge prendra pour respecter les impératifs européens mais les mesures seront prises. À défaut d’un impôt sur les fortunes, plébiscité par les Belges, ou de la fin de cadeaux fiscaux aux entreprises (intérêts notionnels), ce sont encore les travailleurs qui paieront la dégradation des finances publiques. Cela suffit ! D’autant que les travailleurs n’y sont pour rien, pas plus que les fonctionnaires. Les mesures de rigueur sont une constante des politiques publiques, une génération de citoyens ne connaît d’ailleurs pas d’autre politique. Cette nouvelle dégradation des finances publiques est uniquement le résultat des dérives du capitalisme financier et les pouvoirs publics (et donc les citoyens) paient pour sauver ce système financier mondial sans pour autant que nos responsables politiques lui imposent des réformes profondes et indispensables. Les responsables de l’Union européenne, la commission mais aussi les chefs de gouvernements nationaux des 27 États membres, continuent et s’obstinent à vouloir appliquer une politique néfaste non seulement pour les travailleurs mais également pour la santé économique de l’Europe. La zone euro connaît, pour le deuxième trimestre consécutif, une diminution de son PIB (Produit intérieur brut) et le pire est certainement à venir. Le Fonds monétaire international (FMI) et d’autres organismes, qui ne peuvent être suspects d’être proches des thèses des travailleurs, crient au danger de poursuivre l’assainissement des finances publiques à ce rythme. Nos camarades grecs, italiens, espagnols, portugais ou encore irlandais connaissent des plans sociaux véritablement catastrophiques, nous nous devons de continuer le combat avec eux et pour eux. Nous, travailleurs belges, devons également faire entendre notre voix. N’en doutons pas : dans cette période de restrictions, les écarts sociaux grandissent. C’est bien la preuve que, si jamais nous sommes sur le même bateau, les travailleurs sont de plus en plus relégués sous le niveau de flottaison alors que d’autres sont bien à l’aise sur le pont supérieur. Décidément, la lutte ne fait que commencer…

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dette publique : non à l'austérité Briser le cercle vicieux de la dette et de l’austérité La parole à… olivier Bonfond1

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es gouvernements de l’Union européenne votent, les uns après les autres, des plans d’austérité qui attaquent de manière très brutale l’ensemble des services publics et des droits sociaux. Si l’on veut rompre avec cette logique absurde, tant du point de vue social qu’économique, il est indispensable que les citoyens belges s’emparent de la question de la dette, car c’est en son nom que l’austérité s’applique.

sans compter et les Belges auraient profité de manière inconsidérée de soins de santé, de pensions et d’autres avantages sociaux. Cette affirmation, constituant l’argument principal, voire unique, pour justifier que les Belges doivent se serrer la ceinture, est fausse. Il suffit d’analyser l’évolution des dépenses publiques belges par rapport au PIB pour constater très clairement qu’elles sont restées stables au cours des trente dernières années (autour de 43 % du PIB2).

La dette constitue la première dépense de l’État belge Pour une dette passant de 48,5 milliards d’euros en 1980 à 362,3 milliards d’euros en 2011, les pouvoirs publics belges ont payé 470,5 milliards d’euros, uniquement en intérêts de la dette. Si l’on tient compte du remboursement du capital, la dette devient alors la principale dépense des pouvoirs publics : chaque année, c’est environ 45 milliards d’euros que l’État belge rembourse aux créanciers au titre du service de la dette (intérêts plus capital). C’est six fois plus que les dépenses consacrées au chômage (environ 7 milliards d’euros annuels) et presque deux fois plus que celles liées aux dépenses de santé (environ 24 milliards d’euros). La dette constitue donc un puissant mécanisme de transfert de richesses créées par les travailleurs vers les capitalistes car, contrairement à ce que l’on croit souvent, les créanciers de la dette publique ne sont pas les petits épargnants mais très majoritairement (plus de 95 %) les grandes institutions financières privées (banques, assurances, fonds de pension…).

Mais alors, d’où vient la dette ? Si la dette belge n’est pas due à un excès de dépenses publiques, il faut trouver d’autres explications à son augmentation. En réalité, la crise de la dette publique belge provient essentiellement de 5 facteurs.

Les Belges n’ont pas vécu au-dessus de leurs moyens ! D’après les dirigeants politiques et les grands médias, si la Belgique est « trop » endettée aujourd’hui, c’est parce que les Belges auraient vécu au-dessus de leurs moyens ces dernières décennies. Les pouvoirs publics auraient dépensé

2. L’explosion des taux d’intérêt au cours des années 1980 Suite à une décision unilatérale des États-Unis d’augmenter ses taux directeurs. La Belgique a alors emprunté à des taux allant jusqu’à 14 %. Les remboursements annuels des intérêts de la dette ont atteint au cours des années

1. Les sauvetages bancaires de 2008 et 2011 Ceux-ci ont provoqué une augmentation de la dette publique de 32,5 milliards d’euros. À ce montant, il faut maintenant rajouter 2,9 milliards d’euros pour le troisième sauvetage de Dexia. Tandis que le secteur financier continue de spéculer à sa guise, de nouvelles recapitalisations sont à prévoir. Sans parler des garanties publiques attribuées aux banques belges qui constituent une menace très grave pour les finances publiques belges.

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1980 des montants proches de 20 milliards d’euros (aujourd’hui, ils s’élèvent à environ 13 milliards). 3. Une politique fiscale socialement injuste L’accroissement de la dette de l’État ces trente dernières années est également dû à un choix politique qui a consisté à mettre en place des mesures fiscales qui ont favorisé les grosses fortunes et les grandes entreprises privées : intérêts notionnels, réduction de la progressivité de l’impôt, précompte mobilier libératoire, amnisties fiscales… Ces dispositifs ont signifié concrètement un manque à gagner annuel de plusieurs dizaines de milliards d’euros pour les caisses de l’État.

4. Une politique monétaire socialement injuste Depuis 1992 et le Traité de Maastricht, les pays de l’Union européenne ont renoncé à la possibilité d’emprunter 1. Olivier Bonfond est économiste, conseiller au Cepag (www.cepag.be), membre du CADTM Belgique et auteur du livre « Et si on arrêtait de payer ? 10 questions/10 réponses sur la dette publique belge et les alternatives à l’austérité » Éditions Aden, juin 2012. 2. Source : BNB, 2012.

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dossier auprès de leur propre banque centrale à des taux très bas et sont obligés de s’adresser aux grandes banques privées. Ce choix a coûté très cher à la Belgique. Sur la période 19922011, l’État belge a remboursé en intérêts de la dette un montant équivalent à 313 milliards d’euros. Si l’État belge avait pu emprunter les mêmes montants auprès de sa banque centrale, mais à un taux de 1 %, il aurait alors économisé 250 milliards d’euros… 5. La crise économique La crise financière a provoqué un fort ralentissement de l’activité économique qui a aggravé les déficits publics, via une diminution des recettes fiscales et une augmentation des dépenses sociales. C’est ainsi que, de 2007 à 2012 la dette publique belge a augmenté de 100 milliards d’euros (et 20 % du PIB), passant de 282,1 milliards en 2007 (84,1 % du PIB) à 383 milliards d’euros (100 % du PIB) fin juin 2012, soit largement plus que les 32,5 milliards d’euros liés aux sauvetages financiers. La Belgique peut-elle arrêter de rembourser ? Après avoir identifié les grandes causes de l’endettement public belge, il apparaît assez clairement que la crise de la dette souveraine belge est avant tout liée, non pas à des Belges qui auraient vécu au-dessus de leurs moyens, mais bien à la nationalisation massive de dettes privées, via les sauvetages bancaires, et à la crise économique, toutes deux le fruit des comportements aberrants et criminels de grandes institutions financières. Cette dette a-t-elle servi l’intérêt général ou les intérêts du monde de la finance ? A-t-elle profité aux 1 % ou aux 99 % ? En d’autres termes, cette dette est-elle totalement légitime ou y a-t-il une partie de la dette publique belge qui pourrait être considérée comme illégale ou illégitime ? Pour répondre à ces questions cruciales, il est nécessaire de réaliser un audit citoyen de la dette, c’est-à-dire analyser de manière critique

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la politique d’endettement de l’État belge. Par ailleurs, est-il normal de faire plonger des dizaines de milliers de personnes dans la précarité et l’exclusion sociale en s’attaquant de manière frontale au système de chômage (7 milliards d’euros annuels) alors que dans le même temps, il est complètement tabou de remettre en cause le remboursement de la dette aux créanciers (45 milliards d’euros annuels), qui sont, rappelons-le, les principaux responsables du désastre économique et social en cours ? Le droit international répond à cette question de manière très claire en affirmant dans de nombreux textes que la Belgique a ratifiés, dont la charte des Nations Unies, il est confirmé que les droits humains sont supérieurs aux droits des créanciers ! Ce point est clé car il démontre qu’il est illégitime de rembourser une dette, y compris si celle-ci est légale et légitime, si ce remboursement se fait au détriment du bien-être de la population. « On ne peut attendre d’un État qu’il ferme ses écoles et ses universités et ses tribunaux, qu’il abandonne les services publics de telle sorte qu’il livre sa communauté au chaos et à l’anarchie simplement pour ainsi disposer de l’argent pour rembourser ses créanciers étrangers ou nationaux. Il y a des limites à ce qu’on peut attendre d’un État, de la même façon que pour un individu. » (Commission de droit international de l’ONU, 1980). Un arrêt des remboursements provoquerait-il une catastrophe ? Au contraire, c’est le fait de vouloir rembourser à tout prix les créanciers qui est en train de plonger tous les peuples d’Europe dans la précarité et l’exclusion sociale. Par ailleurs, cette politique de rigueur est économiquement insensée. Plus on l’applique, plus la situation s’aggrave. La Grèce, le Portugal, l’Espagne nous le confirment tous les

jours. Acceptons-nous que la Belgique suive cette voie ? De nombreux exemples ont prouvé que, loin de provoquer une catastrophe, la fermeté à l’égard des créanciers peut donner des résultats positifs. L’Islande, l’Argentine ou encore l’Équateur ont montré qu’il est possible de ne pas se soumettre docilement aux diktats de la finance. Si ces expériences ne sont pas transposables telles quelles, elles doivent néanmoins constituer une source d’inspiration pour tous les gouvernements de l’Union européenne, y compris la Belgique. Si l’on veut stopper la régression sociale et maintenir les droits sociaux conquis par les combats des travailleurs, mettre fin aux mesures d’austérité et remettre en cause le paiement de la dette constituent donc deux priorités pour le mouvement social belge et européen. Par un audit citoyen de la dette, par la mobilisation dans la rue et par la grève, il faut forcer les gouvernements à changer radicalement d’orientation et à comprendre que pour mettre en place des alternatives sérieuses à l’austérité, une seule voie est possible : s’attaquer aux intérêts de la finance et du grand capital.  Pour en savoir plus : Aden : http://www.aden.be/index. php?aden=et-si-on-arretait-de-payer, CADTM : http://cadtm.org/Et-si-onarretait-de-payer-10.

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dossier ratifier le Traité budgétaire : une grave menace pour la Belgique Dans les prochaines semaines, tous les Parlements belges seront amenés à se prononcer sur la transposition du Traité budgétaire européen (TSCG). Ce « passeport pour l’austérité » représente une menace grave pour la Belgique tant à cause de son inefficacité économique que par la casse sociale qu’il engendre. Thierry Bodson, Secrétaire général de la FGTB wallonne, s’est exprimé à ce sujet. Une « Carte blanche » publiée dans le journal l’Echo le 13 octobre. Malgré la vague de protestations qui se répand partout en Europe, les gouvernements européens ratifient les uns après les autres le fameux TSCG (Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance), également appelé Traité budgétaire. Il entrera bientôt en vigueur puisque la France vient d’apporter le quota décisif en devenant le 12e État membre de l’Union à l’avoir ratifié. Cependant, contrairement à ce que laisse penser le discours dominant, ce Traité ne s’appliquera pas à ceux qui refusent de le ratifier. La Belgique peut donc encore décider, de manière souveraine, et au nom de l’intérêt général de sa population, de ne pas se soumettre à sa logique mortifère. Et c’est ce qu’il convient de faire, car ce Traité représente une grande menace, tant sur le plan socio-économique que démocratique. La règle d’or va produire exactement l’inverse de l’effet escompté Un des éléments les plus importants de ce Traité est qu’il durcit les critères de Maastricht, notamment en abaissant le seuil maximum de déficit budgétaire de 3 % à 0,5 % du PIB. Aujourd’hui, alors que la récession s’installe dans l’UE et que les États ont déjà toutes les peines du monde à atteindre 3 % de déficit, fixer un plafond de 0,5 % est tout simplement absurde. Un État doit pouvoir s’endetter sous certaines conditions, surtout en période de récession où la dépense publique peut s’avérer cruciale pour relancer l’activité économique. Avec ce Traité, les budgets nationaux seront déterminés et contrôlés par la Commission et la Cour de Justice européennes, ce qui constitue un hold-up démocratique sur les prérogatives des parlements belges ! Cette politique de rigueur budgétaire débouchera sur des résultats inverses de ceux escomptés. Les réductions

drastiques de dépenses publiques provoquent une contraction de l’activité économique, qui elle-même provoque à la fois une baisse des rentrées fiscales et une augmentation du chômage et donc des dépenses sociales d’indemnisation. L’État ayant appliqué l’austérité pour diminuer son déficit budgétaire se retrouve au final avec un déficit en augmentation et un approfondissement de la récession… Tous les pays qui ont déjà expérimenté cette voie, comme la Grèce, l’Italie, l’Espagne ou le Portugal peuvent attester du désastre. La Grèce, qui a déjà appliqué 9 plans d’austérité depuis 2010, a vu sa dette doubler en 3 ans tandis que son produit intérieur brut (PIB) connaîtra sa cinquième année consécutive de récession (-6,5 % en 2012). Pourquoi en serait-il autrement pour la Belgique ? Malgré cela, tous les gouvernements de l’Union européenne sans exception continuent de faire le choix de l’austérité.

de 134 % du PIB en 1993 à 84 % en 2007. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation radicalement différente. Si la croissance avoisine le zéro en Belgique au cours des prochaines années, ce qui est malheureusement probable – vu les choix politiques et budgétaires actuellement posés en Europe – la Belgique n’aura d’autre choix que de faire diminuer sa dette en valeur absolue. Concrètement, dans cette hypothèse de croissance nulle, cela signifie que, pour passer de 100 % à 60 % du PIB en 20 ans, il faudrait que les finances publiques se retrouvent en excédent d’un peu plus de 7 milliards d’euros chaque année pendant 20 ans. Or, cette situation ne s’est pas présentée une seule fois ces trente dernières années. Et par ailleurs, aucun niveau d’austérité ne permettra d’atteindre un tel objectif, vu les effets pervers de cette même austérité sur l’activité économique et les finances publiques.

Pire que la règle d’or : l’article 4 Derrière la fameuse « Règle d’or » (article 3), l’article 4 du Traité stipule que lorsque la dette publique d’un pays est supérieure à 60 % du PIB, ce dernier doit la réduire à un rythme moyen d’un vingtième par an. Cela signifie concrètement que la Belgique doit faire passer sa dette publique de 100 % du PIB à 60 % du PIB sur une période de 20 ans. Est-ce possible ? Oui, c’est envisageable. Mais uniquement dans une situation de forte croissance économique. En effet, lorsqu’il y a un bon taux de croissance économique, il « suffit » que le déficit budgétaire soit inférieur à la croissance économique pour que le ratio dette/PIB diminue. C’est d’ailleurs comme cela que, tout en étant systématiquement en situation de déficit budgétaire, et donc en ayant une dette qui augmente en valeur absolue d’année en année, la Belgique a réussi à faire passer sa dette

La Belgique peut encore y échapper… Si la Belgique décidait de ratifier ce Traité, c’est l’ensemble des pouvoirs publics et administrations locales qui le subiraient (Régions, Communautés, Provinces, Communes, CPAS…). Les conséquences se feront donc sentir dans tous les aspects de la vie quotidienne des citoyens. Si l’austérité ne fonctionne pas, il faut la refuser. À l’heure où l’UE plonge dans la récession du fait même de cette politique, et à l’heure où la Wallonie a un besoin urgent d’investissements publics orientés vers la relance et le redéploiement de l’activité socio-économique, la FGTB wallonne exhorte les représentants politiques à ouvrir les yeux sur les conséquences globales et locales de cette ratification et à s’y opposer fermement. L’histoire leur donnera certainement raison. 

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Motion de solidarité Ça suffit ! Réunie en Bureau ce 30 octobre, la CGSP wallonne marque sa plus fraternelle solidarité aux travailleurs et travailleuses frappés par l’aveuglement cynique d’un capitalisme qui n’en finit pas d’agoniser. La crise économique vire au cauchemar social ! Ford Genk, Duferco-NLMK, ArcelorMittal, Dow Chemical, souvent premiers employeurs de leur région, ne sont aujourd’hui pas seulement emblématiques de la désindustrialisation du pays, ils démontrent une fois encore la violence des comportements à l’égard des travailleurs. Une fois encore, ce sont les travailleurs qui payent le prix fort de stratégies cupides qui n’ont aucune justification économique outre celle, insupportable, de conserver des marges de profit nécessaires à la rétribution des actionnaires. La CGSP wallonne dénonce avec force cette violence. Elle constate que toutes ces entreprises n’ont pas tenu les promesses faites à leurs travailleurs. Elles ont pourtant largement bénéficié de réductions de cotisations sociales, de subsides publics, d’aménagements particuliers, sans oublier une fiscalité avantageuse portée par des intérêts notionnels. Comment imaginer une seule seconde dans ces circonstances que la faute incomberait à un prix du travail jugé trop élevé alors que la productivité exigée des travailleurs est une des plus fortes au monde ? Ca suffit ! La CGSP wallonne exige que les questions du remboursement des aides publiques, de la responsabilité sociale des entreprises et de la réaffectation industrielle soient mises au premier plan dans les prochaines négociations professionnelles. Elle soutient inconditionnellement une régulation de l’activité économique qui permette à l’initiative publique – centrée sur la satisfaction des besoins collectifs et non sur la recherche inconsidérée du profit – d’endiguer les catastrophes sociales que nous connaissons aujourd’hui. 

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Le 14 novembre, la CGsP wallonne était en grève ! La CGSP wallonne avait décidé de suivre le mot d’ordre lancé par la Confédération européenne des syndicats (CES) en décrétant une journée de grève. Le succès de cette action est historique puisque pour la première fois la mobilisation autour d’une même cause commune s’inscrit en même temps dans plusieurs pays européens. Ce succès ne s’explique pas uniquement par la bien nécessaire solidarité aux populations grecques, espagnoles, portugaises ou italiennes touchées de plein fouet par des mesures aveugles d’austérité. Le mouvement de fond qui s’est engagé ce 14 novembre marque un jalon indispensable dans la résistance à la récession sans fin que nous promettent nos gouvernements. Des travailleurs grecs à ceux de Ford Genk, une même logique de crise est à l’œuvre et met en cause les droits de tous. Pire, elle accroît fortement les inégalités entre les travailleurs européens et l’Europe n’a pour tous qu’une seule et même réponse : l’austérité. La poursuite obstinée de l’équilibre budgétaire à tout prix n’est pas la panacée, c’est le remède pire que le mal qui exerce une pression à la baisse sur les salaires, les services publics, la sécurité sociale, les pensions et les conditions de travail et de vie ! Cet entêtement n’a d’ailleurs aucune justification économique autre que celle de briser nos conquêtes sociales. Nos gouvernements n’avancent même plus à pas feutrés. Chaque jour apporte son lot de menaces. Les salaires, l’indexation, le remplacement de fonctionnaires, l’offre de services publics sont clairement dans le collimateur ! Nous ne pourrons jamais l’accepter ! Les défis sociaux sont immenses. Il est urgent de changer de cap pour sortir de la crise par le haut. Pour s’en donner les moyens, il faut briser l’étau des marchés financiers et non leur donner des gages. 

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Les femmes frappées par l'austérité

Huitième résolution du congrès de la CGsP wallonne Entérinée par le Bureau de novembre de l'Interrégionale wallonne, la huitième résolution du congrès de la CGSP wallonnne émane du Bureau wallon des Femmes

« Les femmes se sont attachées à débus-

quer les causes et les implications de la crise actuelle sur leurs conditions de travail. Il ne s’agit nullement pour elles de savoir qui des hommes ou des femmes ont le plus souffert de la récession économique, cette vision duale est précisément un des stéréotypes contre lequel elles ne cessent de lutter. Il s’agit bien de défendre l’accès à une vie digne et à un travail décent pour tous. En pointant les discriminations liées au sexe, les femmes revendiquent, non pas une diminution des droits des travailleurs masculins mais un meilleur niveau de vie pour tous. Faut-il rappeler que les femmes constituent près de la moitié de la population active, mais plus de la moitié des chômeurs ? Qu’elles forment le gros du bataillon des travailleurs pauvres et des précaires ? Qu’elles représentent la majorité des travailleurs salariés à temps partiel ? Malgré une progression continue, leur taux d’emploi reste inférieur à celui des hommes, sans autre raison que la persistance des stéréotypes sexistes. Leur salaire moyen reste inférieur à celui des hommes. (Au niveau européen, cet écart est de 21 %.) L’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas seulement un objectif de justice sociale, ce qui serait en soi suffisant pour la placer au rang des priorités, c’est aussi un moyen de relancer l’emploi et l’activité économique. Pour ne prendre qu’un exemple, avoir un objectif de taux d’emploi des femmes égal à celui des hommes implique de créer des emplois visant à satisfaire les besoins sociaux, en termes de modes de garde pour les jeunes enfants et de services auprès des personnes dépendantes. C’est en effet le manque de disponibilité de ces services accessibles à tous qui constitue l’obstacle

principal à l’emploi des femmes, ou qui les contraint à opter pour un emploi à temps partiel. C’est pourquoi les femmes de l’IRW-CGSP revendiquent un accueil public, suffisant et de qualité. De bonnes conditions de travail dans des métiers fortement féminisés ne sont pas un luxe. Et puis nul n’ignore que rien n’est jamais acquis : sans une pression continuelle des syndicats, nous risquerions de perdre des droits si chèrement conquis par nos parents et grandsparents. Ce principe s’applique aussi aux droits conquis par nos mères et grands-mères. Faute de vigilance, ils risquent de nous être retirés : les dernières mesures gouvernementales pénalisant fortement les femmes en sont des exemples éloquents. Tout le monde le reconnaît mais personne ne réagit ! En effet, trop souvent encore, les femmes ont des pensions en moyenne très inférieures à celles des hommes et la réforme gouvernementale 2011-2012 va également les pénaliser à travers différentes mesures : •  l’allongement de la durée de la carrière ; •  la limitation de la prise en compte des interruptions de carrière en termes de durée de carrière et assimilation dans le calcul de la pension ; •  la limitation dans le temps des allocations d’insertion ; •  l’accélération de la diminution des allocations de chômage ;

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•  la notion du « statut cohabitant » qui concerne surtout les femmes qui ne percevront plus que des allocations diminuées, bien qu’elles aient cotisé aux taux plein.

«La qualité de l’emploi est le meilleur rempart contre la pauvreté et l’exclusion sociale». Cela implique le lancement urgent de politiques pour réaliser concrètement l’égalité femmes-hommes. Il paraît alors logique aux membres du Bureau des femmes que la CGSP : •  mette tout en œuvre pour éviter que les mentalités patriarcales ne refassent surface ; •  veille à faire respecter le principe de solidarité et marque son soutien aux femmes en leur apportant toute la crédibilité qu’elles méritent dans leurs revendications ; soit attentive et réagisse face à tout agissement (en acte ou parole) sexiste et discriminatoire envers les femmes. 

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interrégionale de Bruxelles Un pas de géant pour le secteur Culture Après six longues années de gestation, la première convention collective de travail pour les artistes et techniciens du spectacle de la Fédération Wallonie-Bruxelles a été conclue le 23 octobre dernier. Ce progrès considérable pour le statut social des travailleurs du secteur Culturel est l’aboutissement d’un combat obstiné de la CGSP au côté des artistes. Dans notre pays, le dialogue social organisé permet aux représentants des employeurs et des travailleurs de convenir des conventions collectives de travail (CCT) qui fixent les relations individuelles et collectives et règlent les droits et les devoirs des parties contractantes. Les CCT peuvent être conclues à différents niveaux (national, sectoriel, entreprise…) et s’imposent à tous les travailleurs et employeurs qu’elles concernent car, elles ont force de loi1. Depuis mars dernier, et le renouvellement des membres de la CP 304 (Commission paritaire du spectacle), la FGTB-CGSP-secteur Culture s’est engagée corps et âme pour aboutir à la

conclusion de cette CCT dont l’inexistence laissait les artistes et techniciens dans un flou juridique qui leur portait depuis trop longtemps préjudice. Fini les contrats précaires, le régime des petites indemnités ou « l’intérim artistique ». À côté de son combat pour le statut social de l’artiste (voir encadré cidessous), la CGSP considère en effet qu’il est indispensable de garantir aux travailleurs de la culture : de vrais contrats ; des salaires décents ; des horaires régulés ; des conditions de travail dignes. La CCT précise ces aspects et définit les règles qui seront d’application dans ce secteur. Désormais, il y aura des barêmes pour chaque métier ; des contrats de travail normaux (à durée indéterminée ou à durée déterminée ; le recours au contrat pour un travail nettement défini ne sera permis que pour du travail d’auteur artistique) ; une organisation du temps de travail avec, notamment, des règles concernant les heures supplémentaires et leur récupération. La CCT entrera en vigueur en juillet 2013 pour prendre pleinement effet

en juillet 2014, à l’issue d’une période transitoire. Elle s’appliquera alors aux entreprises subventionnées ou non qui produisent et/ou diffusent des spectacles d’art dramatique d’expression scénique francophone ou germanophone en Région wallonne ou en Région de Bruxelles-Capitale. Et d’ici décembre 2014, une nouvelle classification de fonctions et de nouvelles échelles salariales seront à établir. Mais des engagements forts ont été pris, gage d’une saine reprise du dialogue social dans le secteur, faisant fi des querelles partisanes du passé. La CGSPsecteur Culture continuera à tout faire pour soutenir les artistes et techniciens du spectacle et conserver leur confiance. Jean-Pierre Knaepenbergh Secrétaire général de l’IRB Depuis la loi du 5 décembre 1968 relative aux conventions collectives de travail et aux commissions paritaires.

statut social de l’artiste  les lignes bougent… Suite à l’interprétation trop restrictive de leur statut par l’ONEM depuis le 6 octobre 2011, de nombreux artistes se sont vus refuser l’accès au chômage alors qu’il ne faisait aucun doute qu’ils entraient dans les conditions prévues par le législateur. En réaction, de nombreux recours ont été introduits par la CGSP pour les artistes affiliés. Nous avons appris que la ministre de l’emploi vient d’adresser à l’ONEM de nouvelles directives plus favorables aux travailleurs du secteur artistique.

La FGTB-CGSP acte les déclarations d’intention et observe que : Un pas dans la bonne direction a été fait : le lobbying intense et le travail en coulisses a porté ses fruits ! La ministre souhaite poursuivre la réforme vers un véritable statut d’artiste, s’engageant à suivre intégralement l’avis du Conseil national du travail dont la FGTBCGSP a été un des maîtres d’œuvre. La réinterprétation actuelle ne semble prendre en compte ni le statut des artistes créateurs qui exercent leur activité en dehors du cadre de spectacles,

ni celui des techniciens intermittents actifs dans le secteur artistique. Cette nouvelle interprétation sera appliquée à toutes les demandes d’allocations effectuées à partir du 17 juillet 2012, ce qui est injuste pour toutes celles et ceux qui ont été victimes des décisions de l’ONEM depuis octobre 2011. La FGTB-CGSP continue donc de plaider pour un réexamen de leur dossier à la lumière de la nouvelle interprétation.

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Accord soins de santé 2013 : la CGSP a dit non ! La CGSP a décidé de rester cohérente avec ses priorités dont celle de la défense de la nomination (voir article ci-après). Actuellement, le mécanisme favorisant la nomination mis en place dans l’accord 2011 est sous-financé et il nous paraissait essentiel de confirmer cette volonté de la soutenir notamment en assurant un financement de cette mesure. Vous l’aurez compris, au-delà des moyens financiers en jeu, ce qui nous paraît important c’est le signal envoyé aux employeurs publics du secteur. Deux organisations syndicales ont dit non (la CGSP et le SLFP), nous n’avons pas le même point de vue que la CSC, quoi de plus normal, sinon quel intérêt y aurait-il à avoir plusieurs organisations ? Chacun a ses raisons et comme à mon habitude, je considère qu’il ne m’appartient pas de commenter celles des autres (même si eux ne s’en privent pas). En marge des discussions, la ministre a annoncé avec fracas que des moyens importants allaient être dégagés pour financer l’augmentation de la cotisation pension de base des agents statutaires, voire même la « responsabilisation des employeurs » et c’est bien, mais si ce n’est assorti d’aucune obligation de nommer du personnel, cela aura pour effet de déresponsabiliser les employeurs. C’est-à-dire, l’effet inverse de celui recherché par la nouvelle législation concernant le financement des pensions du personnel des pouvoirs provinciaux et locaux. Belle cohérence politique ! Faut-il rappeler, une fois de plus, que la nomination est la règle dans la fonction publique, les politiques n’arrêtent pas de le répéter, mais ils font l’inverse quand ils sont aux affaires. La pension publique est l’avantage principal du statut, elle garantit un meilleur taux de remplacement du salaire lors du départ à la pension, et non, cela n’est pas indécent, c’est normal après une carrière de travail. Par ailleurs, il y a aussi beaucoup de « petites pensions » publiques parce qu’il y a aussi beaucoup de petits barèmes. Quant aux vertus d’un deuxième pilier, les récents déboires des compagnies d’assurance qui ne respectent pas leurs engagements de rendements garantis en sont la confirmation ; c’est de l’arnaque, et bientôt, comme on a dû le faire pour les banques pour le bien « des petits épargnants », je vous fiche mon billet, que l’argent public garantira au « petit 2e pilier » le rendement légal prévu par les assurances devenues « défaillantes ». On se demande bien pourquoi elles s’en priveraient puisque c’est si facile, et c’est toujours cela que l’on ne donnera pas aux services publics. On le voit, les moyens financiers qu’il faudrait investir pour garantir dans 20, 30 ou 40 ans un revenu « correct » via une pension complémentaire sont énormes et le système absolument incertain. À l’heure où tant de moyens financiers sont nécessaires sur le terrain, pour les services à rendre à la population et pour améliorer les conditions de travail du personnel, pourquoi devrions-nous confier des millions d’euros à des banquiers/assureurs responsables, faut-il le rappeler, de la crise actuelle ? Comment peut-on encore leur donner des moyens supplémentaires pour jouer au casino ? Liliane Lemauvais Secrétaire générale

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Négociation accord social soins de santé 2013 La CGSP a dit non ! Depuis le début de l’année, des négociations ont lieu entre les interlocuteurs sociaux (organisations syndicales et organisations patronales) et la ministre des Affaires sociales, Madame Laurette Onkelinx et de l’Emploi, Madame De Coninck. Ces négociations ont pour but de prévoir un accord social en faveur de l’ensemble du personnel des institutions de soins de santé tant privées que publiques donc des hôpitaux, des maisons de repos, des maisons de repos et de soins, des services d’aides à domicile, hôpitaux, psychiatriques… bref des dizaines de milliers de travailleurs. Sur la table il y 40 millions d’euros + 10 millions supplémentaires obtenus par la ministre lors des discussions budgétaires en mai 2012. Avec de tels moyens, inutile de rêver, ce serait au mieux un « mini-accord ». Il fallait déterminer des priorités, pour la CGSP elles s’imposaient, l’emploi d’une part, le prolongement et le renforcement des mesures soutenant la nomination prévue dans l’accord 2011, d’autre part. Longtemps, le cabinet nous donnait l’impression de partager nos priorités mais depuis septembre, rien ne va plus ! Fort heureusement, les mesures concernant l’emploi sont confirmées dans la proposition finale : + 250 emplois (principalement d’aidessoignants). Mais deux mesures ne nous convenaient absolument pas : • une mesure, pourtant d’apparence positive : un meilleur financement des aides-soignants tourne court pour nous. Bien sûr, la condition est que ce personnel bénéficie du

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bon barème, oui mais lequel ? Le barème de référence prévu par l’autorité est un barème fédéral alors que depuis la régionalisation de la tutelle sur les pouvoirs locaux et provinciaux (les services publics de soins sont dans leur grande majorité des intercommunales, CPAS ou encore des « chapitre XII » et donc chaque région a ses barèmes propres) pour nous, il fallait que ces barèmes soient réellement appliqués sur le terrain ; • 1 427 000 € (solde de l’accord et en mesure spécifique au secteur public) sont consacrés au 2e pilier alors que le fonds du secteur privé ne se voit pas refinancé. C’est un détail piquant puisque ce n’était d’ailleurs pas à l’ordre du jour des revendications syndicales de nos collègues du privé ; peut-être ontils compris combien ce fameux (fumeux) dossier était en fait un leurre ? Conclusions des négociations Le 24 octobre 2012 avait lieu la dernière réunion. La CGSP n’a pas signé ce projet, le SLFP non plus et les représentants des employeurs ne sont pas non plus signataires de l’accord au niveau des services publics. Seule la CSC est signataire de l’accord. Cet accord doit à présent être négocié au Comité C fédéral pour le secteur public et en commission paritaire pour le secteur privé, suite au prochain numéro. Pour autant, bien sûr qu’il passe au travers des fourches caudines de l’élaboration du budget 2013 qui est en cours de discussion à l’heure d’écrire ces lignes.

FÉDÉRAL

Que doit-on retenir de cet accord ? Définitivement et même lorsqu’il s’agit de « mini-accord », mini tant par la durée (1 an) que par les moyens engagés : 50 millions d’euros pour l’ensemble des établissements de soins en Belgique, nous devons exiger une discussion avec les autorités exclusivement pour le secteur public, on évitera ainsi le genre « auberge espagnole » et plus personne ne s’y retrouve vraiment. En ce qui concerne le secteur public, les représentants des associations patronales flamandes ont clairement exprimé leur volonté de ne plus nommer les membres du personnel des établissements de soins. Ils souhaitaient par ailleurs que l’ensemble des moyens supplémentaires soient affectés au 2e pilier, soit dit en passant toujours pas organisé à l’heure actuelle, c’est pour cette raison qu’ils refusent de signer. Nous avons aussi constaté que les patrons francophones ont plusieurs fois snobé les réunions dont la dernière. Aujourd’hui, nous avons encore discuté en tripartite pour l’ensemble des établissements et services dispensant des soins, mais demain toute la politique destinée aux personnes âgées va être complètement régionalisée et à ce sujet c’est encore « la bouteille à encre » la plus obscure. 

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Communiqué de presse FGTB-CGSP Accord social 2013 Secteur public soins de santé Chaque euro compte ! Les ministres de l’Emploi et de la Santé ont déposé sur la table une « proposition d’accord social 2013 » qui n’a d’accord que le nom et de social que l’adjectif… Notre analyse est objective, et repose sur plus de 10 années d’expérience d’accords sectoriels. Il faut que chaque euro investi soit un euro utilisé à bon escient ! • En ce qui concerne le volet « création d’emplois » : la FGTB-CGSP se réjouit de la volonté de créer des emplois dans le secteur des soins de santé. Mais sur la forme, il y a beaucoup à faire pour garantir la création effective des emplois.  Il existe des moyens bien plus simples que ceux proposés dans « l’accord » pour atteindre les objectifs proposés. Utilisons les canaux bien connus et qui ont fait leur preuve : versons les enveloppes « création d’emplois » au Fonds Maribel social qui s’occupera de tout le reste ! • En ce qui concerne l’octroi de meilleurs salaires aux aides soignantes : la FGTB-CGSP se réjouit également des objectifs visés… mais la proposition ministérielle, ici encore, ne propose pas de mécanismes concrets de contrôle de la mesure.  L’INAMI doit exiger un protocole d’accord local visé par les organisations syndicales, accord par lequel l’institution s’engage à respecter des barèmes fixés au travers des Comités C régionaux qui sont tous supérieurs à l’échelle 1,35 du secteur privé.

 De surcroît toutes les estimations budgétaires sont de très larges approximations reposant sur des données non actualisées. Il faut donc prévoir pour le secteur public, outre l’exigence d’un protocole d’accord local visé par les organisations syndicales : - une évaluation chiffrée de l’application effective de cette mesure ; - l’affectation d’un solde éventuel. • Nous voici arrivés au plus « imbuvable » de la proposition : l’affectation intégrale du solde des mesures listées à un second pilier de pension ! La représentante de la ministre de l’emploi nous a déclaré que c’était la position de « sa ministre ». Triste ministre de l’Emploi, celle qui va confisquer aux travailleurs le peu d’argent qu’on peut leur octroyer pour le placer dans de très hypothétiques plans de pension…

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 Le deuxième pilier est un leurre pour le personnel, ce qui n’est pas le cas d’une pension publique ! Il faudrait investir des sommes colossales dans ce type de mesure pour garantir au personnel un complément de pension digne de ce nom…  Notre position : utiliser le solde disponible pour renforcer et élargir le soutien à la « statutarisation » via le Maribel social dans le respect des engagements pris par le passé ! Pour toutes ces raisons, sans amendements majeurs apportés à la proposition d’accord, la CGSP ne signera pas ce non-accord non-social ! Personnes de contact : Rudy Janssens – 0478 418 523 (fr) Yves Derycke – 0486 513 385 (nl)

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L’augmentation de la capacité policière se fera en partie sur la rémunération des aspirants inspecteurs de police Maintenir l’effectif du personnel de la police reste un défi. En effet, nombre de collègues vont partir ou sont partis à la retraite, la logique élémentaire commande de former de jeunes collègues au fur et à mesure des départs des aînés. Longtemps, ce simple constat, que la CGSP a répété à de nombreuses reprises, restait sans écho. À présent, rattrapé par la réalité de terrain, le gouvernement actuel admet qu’il est indispensable d’organiser plusieurs sessions de formation de cadre de base par an. Fort bien, mais ceci appelle néanmoins deux commentaires. Premièrement, pendant plusieurs années (de 2006 à 2011), un déficit s’est creusé et l’augmentation prévue du recrutement en 2012 ne corrige pas ce retard, elle vise tout au plus à éviter d’aggraver la situation. Ensuite, afin de passer de 1 100 à 1 400 recrutements en 2012, l’autorité politique a décidé,

malgré l’avis négatif et unanime de l’ensemble des organisations syndicales représentatives, de diminuer le traitement de l’aspirant inspecteur en le plaçant pendant l’année de formation dans l’échelle barémique HAU1 en lieu et place de l’échelle B1 prévue dans le PJPol.

Nous considérons qu’il est tout à fait inadmissible que l’augmentation nécessaire de la capacité se fasse en partie sur le dos des plus petits salaires ; la CGSP avait proposé d’autres pistes mais l’autorité n’a rien voulu entendre et a appliqué la mesure dès le 1er octobre 2012…

Ainsi, ce sont les futurs inspecteurs qui vont financer le coût de l’augmentation du nombre d’agents formés sur une année ! Cela a pour conséquence de voir le traitement de l’aspirant inspecteur de police diminué d’environ 75 euros nets chaque mois… La CGSP a néanmoins réussi à obtenir que l’année de formation soit assimilée en ancienneté comme si elle avait été effectuée dans l’échelle B1. Ceci permettra à l’aspirant de passer après son année de formation dans l’échelon 2 de l’échelle B1 et de n’y rester que 5 ans (au lieu de 6) pour accéder à l’échelle supérieure B2.

Nous ne pouvons nous empêcher de constater que les arrêtés royaux sont d’ailleurs bien vite rédigés et mis en œuvre lorsqu’il s’agit de toucher aux acquis sociaux ! Nous resterons comme d’habitude très attentifs à l’évolution de notre statut, il est depuis sa mise en œuvre, sans cesse attaqué et remis en question, d’autant plus à la lumière de la crise budgétaire que nous subissons de plein fouet. Nicolas Antoine Délégué permanent police

Congé pour l’assistance médicale à un enfant hospitalisé L’AR du 10/08/1998 instaurant un droit à l’interruption de carrière (IC) pour l’assistance médicale ou l’octroi de soins à un membre du ménage ou de la famille gravement malade est modifié par l’AR du 10/10/2012 qui instaure la possibilité d’obtenir un congé pour l’assistance ou l’octroi de soins à un enfant hospitalisé.

prolongement pour une semaine supplémentaire – afin d’assister ou octroyer des soins à un enfant mineur, pendant ou juste après son hospitalisation en raison d’une maladie grave.

Il ne s’agit donc pas d’une nouvelle interruption de carrière mais bien d’une adaptation de l’IC pour assistance médicale ou l’octroi de soins à un membre du ménage ou de la famille gravement malade. Adaptation qui permet d’écourter la période minimale de congé. À partir du 1er novembre 2012, les travailleurs concernés pourront suspendre complètement leurs prestations pour une durée d’une semaine – renouvelable dans le

• L’hospitalisation est confirmée par une attestation de l’hôpital prouvant l’hospitalisation de l’enfant.

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• Il faut entendre par « maladie grave » toute maladie ou intervention médicale considérée comme grave par le médecin traitant de l’enfant.

Champ d’application • Les travailleurs du secteur privé, y compris les sociétés de logement social. • Les membres du personnel statutaire et contractuel des administrations

communales et provinciales ainsi que les services qui en dépendent. Qui peut obtenir ce congé ? Cette possibilité d’obtenir un congé pour l’assistance ou l’octroi de soins à un enfant hospitalisé est ouverte : • au travailleur qui est parent au premier degré de l’enfant gravement malade et qui cohabite avec lui ; • au travailleur qui cohabite avec l’enfant gravement malade et est chargé de son éducation quotidienne. Lorsque les deux catégories de travailleurs précitées ne peuvent faire usage du congé pour l’assistance ou l’octroi de soins à un enfant hospitalisé, cette possibilité est étendue : • au travailleur qui est parent au premier degré de l’enfant gravement

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enfant mineur hospitalisé en raison d’une maladie grave, la prise de cours peut avoir lieu plus tôt que le délai de 7 jours suivant l’avertissement de l’employeur normalement prévu lorsque l’hospitalisation est imprévue.

Les travailleurs concernés pourront demander un congé pour l’assistance ou l’octroi de soins à un enfant hospitalisé à partir du 1er novembre 2012.

Par ailleurs, en cas de congé pour assistance médicale à un enfant mineur hospitalisé, l’employeur ne peut pas reporter la date de prise de cours du congé pour des motifs liés au fonctionnement de l’entreprise.

Prise de cours Normalement le congé prend cours à la date fixée par le travailleur et au plus tôt 7 jours après la notification écrite à l’employeur, mais en cas de congé pour assistance médicale à un

Allocations d’interruption de carrière :

par l’AR 2/01/1991 relatif à l’octroi d’allocation d’interruption de carrière.

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malade et qui ne cohabite pas avec lui ; • OU lorsque ce dernier se trouve dans l’impossibilité de prendre ce congé, un membre de la famille de l’enfant jusqu’au deuxième degré.

Le personnel des autres services publics (ministères OIP, POLICE…) ne bénéficie pas encore des nouvelles dispositions concernant l’assistance médicale à un enfant mineur hospitalisé, elles doivent encore être négociées au sein des comités de négociation ad hoc (comité A, comité de négociation du personnel de police, secteur XVI…). 

Les travailleurs concernés bénéficient des allocations de carrières prévues

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Au revoir Camarade… et merci

Michel Résier nous a quittés ce 26 octobre après deux mois d’un calvaire insupportable et qu’il a affronté les yeux grands ouverts. Si le corps ne suivait plus, la tête était à du 200 %. Le mal s’était déclaré deux mois plus tôt et la grande faucheuse s’est montrée particulièrement rapide. Michel pour qui le terme Camarade faisait partie intégrante de sa personne nous a donnés une véritable leçon de courage. Chaque fois que nous allions le voir, c’est lui qui nous demandait de bien vouloir l’excuser pour les tracas qu’il nous occasionnait. Un grand Camarade ! Michel avait eu la responsabilité de la coordination d’un projet de notre Secteur qui devrait sortir ses effets prochainement. Le thème en était « La formation outil public indispensable ». Il s’est réellement investi dans ce projet, ses analyses étant toujours d’une remarquable clarté. Grand merci à tous ceux qui de près ou de loin l’ont accompagné vers la Camarde et plus particulièrement Anne-Marie Robert, Christine Mainguet, Jacques Derochette, Fabio Pasqualino, Martine Mas, Marc Henry, Jean-Pierre God, Joelle Tyssaen, Liliane Lemauvais, André Gilles et bien d’autres encore… Adieu Camarade, adieu l’Ami. Toutes nos pensées vont à Monica, ton épouse, Sarah ta fille et son compagnon Chris. Dany Vassart

Michel avait participé au colloque sur l’accueil, nous vous en livrons un extrait : Michel Résier : L’accueil, une question de choix politique Michel Résier au micro, lors du colloque Bienvenue en mars 2001. (Extrait de Bienvenue, Les sens de l’accueil-Bilan FRB 2002, pages 87 et 89) http://www.kbs-frb.be/uploadedFiles/KBS-FRB/Files/FR/ PUB_1310_Bienvenue_aide_soc.pdf « S’attaquer à l’amélioration de l’accueil ne peut se faire dans l’économie de réflexions plus politiques sur les causes de l’exclusion et la place réservée, au sein de notre société, à ceux que les fruits de la croissance et du développement ont laissé en plan au bord du chemin ». Ce constat, largement illustré par le programme « Bienvenue », Michel Résier le rejoint pleinement.

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« Mais je suis assez dubitatif devant le peu d’investissement que les institutions, notamment publiques, consacrent à la question de l’accueil : cet aspect du service rendu semble être frappé d’une certaine indifférence. Très peu de réflexions sont réservées à cette question de l’interface entre les services et leur public. Or on sait combien, même pour des personnes instruites, le contact avec toute une série d’institutions relève souvent du parcours du combattant, voire de l’expérience surréaliste. Que dire alors d’un public défavorisé, qui, tout au long de son existence, a fait l’expérience des échecs et d’exclusions en chaîne ? Ce premier contact augurera très certainement la manière dont les interactions futures avec le service consulté s’établiront par la suite. » Être en position de demandeur, devoir mettre à plat son existence pour espérer bénéficier d’une aide et ne pas savoir sur base de quels critères cette demande sera finalement évaluée : c’est sans doute ce qui choque le plus Michel Résier quand il envisage l’accueil réservé à l’usager. « Or la mise en route d’une relation d’aide qui laisse une réelle place à l’usager est essentielle. Pour atteindre cet objectif, il est indispensable de se soucier du cadre dans lequel le public est accueilli. Il faut prévoir du temps et de l’espace et faire preuve de savoir-faire. Autant de critères d’intervention qui me semblent faire défaut aujourd’hui dans de nombreux services d’aide sociale, faute de moyens ou de volonté. » L’individualisme idéologique : une fiction Mais Michel Résier ne semble pas étonné du peu d’intérêt soulevé, d’après lui, par l’importance de l’accueil, plus particulièrement encore, à l’égard des populations défavorisées. « Nous vivons dans une société qui présuppose que chacun d’entre nous pose des actes en faisant des choix rationnels, afin de maximiser les bénéfices et minimiser les peines : le système fonctionne sur le postulat de l’individualisme idéologique. Ce postulat, que je considère comme une fiction, mène nécessairement à des aberrations intellectuelles, telles que le fait de considérer par exemple qu’un chômeur de longue durée se trouve dans cette situation parce qu’il a délibérément effectué un arbitrage entre les avantages et les inconvénients de cette situation et qu’il a choisi en connaissance de cause de rester chômeur. Ce que ce type de présupposé oublie, c’est que tout choix implique d’avoir les moyens de les poser. Or, dans un certain nombre de cas, le fait de disposer de ces moyens suppose des choix de société, une réponse collective. Prenons le cas de la mobilité : nous avons tous la liberté de nous déplacer, mais si aucun choix de société n’est posé, on se retrouve tous bloqués. Finalement, le seul moment vraiment démocratique résiderait dans l’embouteillage. Les questions fondamentales du choix de la société dans laquelle nous souhaitons vivre et des moyens à y consacrer ne sont pas réellement abordées. Peut-on dès lors espérer que l’accueil soit davantage investi ? J’en doute. » À cet individualisme idéologique, Michel Résier accole également l’idée d’efficacité, en invoquant Alain Minc, selon lequel tout système créateur de richesses produit nécessairement des déchets matériels, mais également humains. « Là encore un distinguo fictionnel me semble introduit lorsque l’on

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considère que l’efficacité relève de l’économie et que la prise en charge des moins favorisés relève de la responsabilité de l’État. Or l’économie est politique et la politique influe sur l’économie. On tolère l’exclusion au nom de l’efficacité. Or j’estime pour ma part qu’il n’y a pas d’efficacité dans l’exclusion. » Des enseignements sur l’état du social Le fait de s’inscrire dans la démarche proposée par le programme Bienvenue revêtait donc toute son importance pour Michel Résier, bien qu’il ait éprouvé de grandes difficultés à départager les différents projets avec les autres membres du jury. « J’ai été marqué par la quantité importante de projets déposés et par le nombre tout aussi impressionnant de dossiers qui ne répondaient pas aux critères de l’appel à projets «Bienvenue». Sans doute le réflexe de survie pour bien des institutions consiste-t-il à postuler tous azimuts, avec l’espoir d’être retenu ça ou là. Mais cet état de fait me semble très révélateur d’un mal-être institutionnel profond. Par ailleurs cette inadéquation entre les objectifs de l’appel à projets et les dossiers remis par les services postulants tenterait également à prouver qu’un certain nombre d’institutions ne s’étaient peut-être jamais posé la question de l’accueil auparavant, sans quoi les projets de qualité auraient sans doute été plus nombreux. » Autre enseignement tiré par Michel Résier : le fait de travailler concrètement la question de l’accueil a permis de toucher toutes les dimensions de l’action sociale et a obligé les promoteurs de projets à se situer et dans leur environnement et dans le cadre de leurs objectifs, souvent à réinterroger. « Cette question de l’accueil est un levier-déclencheur formidable dans le chef des institutions qui s’y sont intéressées car elle permet de se positionner dans une dynamique plus large vis-à-vis des usagers, de l’environnement et des autres institutions. Le travail effectué est porteur de sens à long terme car les réalisations sur le terrain s’insèrent dans une dynamique et ne constituent pas une fin en soi. » Peut-être aurait-il fallu insister sur la nécessité d’impliquer davantage les usagers dans cette démarche, même si certains services le font déjà. « Sans doute est-ce d’ailleurs une piste à exploiter plus largement dans les institutions car se poser la question de la satisfaction du public, c’est déjà avoir parcouru une bonne part du chemin. » Cela dit, pour Michel Résier, l’amélioration de l’accueil n’est jamais qu’une des facettes de cette volonté politique, à son sens, manquante, quant aux objectifs que l’on souhaite assigner à l’action sociale. « À partir du moment où des individus s’érigent en groupe, il y a forcément le dehors et le dedans et c’est précisément la frontière qui doit être interrogée. Accueillir, c’est décider d’empêcher l’exclusion et mettre tout en œuvre pour repêcher ceux qui trébuchent. Mais cela nécessite des choix de société et la volonté de s’interroger sur les valeurs à promouvoir. Certains frémissements en témoignent. »

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C’est CAPITAL À voir…

la nouvelle idéologie, » affirme-t-il. Comme dans le roman, des spéculateurs sans scrupule peuplent le nouveau film.

À lire…

Ils « prennent aux pauvres pour donner aux riches ». Au travers du scénario et des personnages, on découvre la vie d’un établissement financier où la soif d’argent et de pouvoir d’individus ambitieux se cache derrière des discours invoquant rationalité et bonne gestion. Lu pour vous

Le Capital. Sous diverses formes. Un film, un livre. Et puis le célèbre « ancêtre », à l’origine de toutes les réflexions « Le Capital » de Karl Marx. Chez les militants, on s’en inspire, on croit le connaître… Quelle en étaient les thèses fondamentales, encore ? Rappel, résumé… Tribune vous rafraîchit la mémoire. Vu pour vous À la mi-novembre sort le film « Le Capital » de Costa Gavras, avec Gad Elmaleh, Natacha Régnier… Le célèbre réalisateur engagé – « Z », « L’Aveu » « Le couperet » – s’attaque au monde de la finance, en pleine crise économique. Il décortique sans concessions, comme à son habitude, ce milieu arrogant qui maintenant règne sur le monde. Aujourd’hui, tout le monde parle des marchés et personne ne sait qui ils sont. Ils sont devenus

« Le Capital » de Stéphane Osmont, référence au célèbre ouvrage de Karl Marx, (Éd. Julien Quéré, 2009) est un roman à forte connotation militante Le sujet central est le capitalisme moderne dans ses dérives les plus abjectes. Il raconte la phénoménale ascension d’un jeune polytechnicien dans le monde amoral de la finance et de la spéculation. C’est une description sans pitié de la course folle aux profits par une minorité, mais qui laisse la majorité des pays et des individus sur la paille. Ce roman est une satire du monde capitaliste actuel, à la fois féroce et drôle, donc très efficace ! Mais aussi très angoissante : et si c’était vrai ? Et puis, l’œuvre à l’origine de tout cela… « Le Capital », du titre original allemand Das Kapital, publié en 1867, est l’ouvrage majeur, bien qu’inachevé, du philosophe et théoricien de l’économie politique allemand Karl Marx. Cet ouvrage phénoménal, que certains nomment la plus grande œuvre révolutionnaire du XIXe siècle, et qui a servi de référence à des géné-

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LU POUR VOUS

rations, analyse le processus de production capitaliste. C’est en observant l’industrie britannique de l’époque et ses conditions de travail, que Marx entend démontrer la nature réelle du capitalisme, et mettre l’accent sur les contradictions internes de ce système. L’analyse du capitalisme par Marx fournit la base théorique de ses conclusions – c’est-à-dire que le capitalisme ne peut pas être fondamentalement réformé mais qu’il doit être renversé par une révolution menée par la classe ouvrière. Il doit être remplacé par une société socialiste dans laquelle la production sera gérée démocratiquement pour pourvoir aux besoins de l‘humanité et non pas pour le bénéfice de quelques-uns. Le capitalisme produit « misère, oppression, esclavage, dégradation et exploitation » mais il crée aussi une classe ouvrière disciplinée dont les intérêts sont de plus en plus en conflit avec ceux qui contrôlent le système. On peut ainsi dire que c’est le début de la « lutte des classes »… Ce texte de Marx révèle la dynamique de la production capitaliste et fournit aux socialistes révolutionnaires les concepts indispensables à la compréhension du développement de la société capitaliste. Mais à mesure que le capitalisme se développe, il prend de nouvelles formes, et chaque nouvelle génération de marxistes doit faire face au challenge de développer et d’étendre la théorie de Marx pour comprendre ces changements. 

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À LIRE

Homo Economicus Sous l’égide d’une nouvelle civilisation, dominée par un capitalisme exubérant, la société devient beaucoup plus compétitive. Les firmes organisent une concurrence nouvelle entre leurs salariés, sous-traitant les tâches inutiles, licenciant ceux qui ne peuvent pas suivre. Un monde néodarwinien, où les plus faibles sont éliminés et soumis au mépris des vainqueurs, est en train de s’imposer. Adossé aux promesses ambigües de la révolution numérique en cours, un scénario crépusculaire se lit entre les lignes de ce monde en devenir. En y ajoutant les bouleversements rendus possibles par la génétique le défi est immense. Rien n’est pourtant inéluctable dans ces évolutions. À l’heure où des milliards d’humains se pressent aux portes du modèle occidental, l’urgence est de repenser de fond en comble le rapport entre la quête d’un bonheur individuel et la marche efficace de nos sociétés modernes. Daniel Cohen est un économiste français. Il est directeur du Département d’Économie de l’École Normale, fondateur de l’École de Paris et consultant auprès du FMI. Daniel Cohen, Homo Economicus, prophète (égaré) des temps nouveaux, Éd. Albin Michel, Paris, septembre 2012, 280 p., 18 €.

SOMMAIRE

TRIBUNE

Infos GÉNÉRALES

Infos Admi

2 / Édito • L’austérité, ça suffit !

9 / Édito • Accord soins de santé 2013 : la CGSP a dit non ! Fédéral 10 / Négociation accord social soins de santé 2013 11 / Communiqué de presse FGTB-CGSP • Accord social 2013 Secteur public soins de santé 12 / L'augmentation de la capacité policière se fera en partie sur la rémunération des aspirants inspecteurs de police / Congé pour l'assistance médicale à un enfant hospitalisé Wallon 13 / Michel Résier • Au revoir Camarade... et merci

Dossier - Dette publique : non à l’austérité 3 / Briser le cercle vicieux de la dette et de l’austérité – La parole à… Olivier Bonfond 5 / Ratifier le Traité budgétaire : une grave menace pour la Belgique 6 / Motion de solidarité - Ça suffit ! / Le 14 novembre, la CGSP wallonne était en grève ! 7 / Les femmes frappées par l'austérité • Huitième résolution du congrès de la CGSP wallonne 8 / IRB • Un pas de géant pour le secteur Culture

15 / Lu pour vous • C'est CAPITAL - À voir... À lire... 16 / À lire

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Membre de l'Union des Éditeurs de la Presse Périodique Mensuel de la Centrale générale des services publics (CGSP) de la FGTB

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