Réponse du Front de Gauche à l'interpellation de l'UNEF et l'UGICT

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Madame la Secrétaire générale, Monsieur le Président,

Marie-­‐José KOTLICKI Secrétaire générale de l'UGICT-­‐CGT 263 rue de Paris Case 408 -­‐ Montreuil cedex Sec.general@ugict.cgt.fr Emmanuel ZEMMOUR Président de l'UNEF 112 bd de la Villette 75019 PARIS ezemmour@unef.fr

C’est avec grand plaisir que le Front de Gauche répond aux sollicitations de l’UNEF et de l’UGICT-­‐CGT. Dans cette campagne présidentielle, les jeunes travailleurs et les jeunes en formation de ce pays sont les grands absents de tout débat politique, ils sont pourtant au cœur de toutes les politiques d’austérité, en France comme partout en Europe. Prétendant répondre aux aspirations légitimes des jeunes mobilisés contre le Contrat Première Embauche, qui sont de trouver un emploi stable, correctement rémunéré, et qui corresponde à leurs attentes, le marathon de réformes imposé par le gouvernement Sarkozy, de la loi LRU aux incroyables cadeaux fiscaux offerts aux entreprises, en passant par les mesures pour l’alternance, n’ont fait qu’aggraver les inégalités sociales et territoriales. Pendant 5 ans, les différentes organisations aujourd’hui rassemblées autour de la candidature de Jean-­‐Luc Mélenchon pour les élections présidentielles, et du Front de Gauche pour les législatives ont été à vos côtés pour dénoncer l’illusion selon laquelle c’est la soumission aux exigences du patronat, -­‐un patronat qui n’a jamais eu intérêt au plein-­‐ emploi mais plutôt à l’enracinement de la précarité et au chômage de masse-­‐, qui permet de résoudre la problématique du chômage des jeunes. Force est de constater que depuis que le MEDEF est aux commandes des politiques de formation et d’emploi des jeunes, ceux-­‐ci n’ont jamais été aussi longtemps au chômage puisqu’ils faut attendre l’âge de 27 ans pour obtenir un emploi stable, et le plus souvent dans des conditions de déclassement à l’embauche (pour 29% des jeunes diplômés, contre 21% sur la génération précédente). Avec la casse du système d’aides sociales assuré par le CROUS, qui rend difficile le versement des bourses, aggrave la pénurie de logement étudiants, l’Université est devenu le lieu où l’on apprend à être un salarié précaire, en partageant ses heures de cours avec un job étudiant. Répondant à l’appel des principales organisations syndicales et de jeunesse, les députés communistes et du Front de Gauche ont pour ambition de porter à l’assemblée


dans les mois qui viennent une loi cadre pour la jeunesse. Cette loi cadre peut et doit être enrichie avec tous ceux qui le souhaitent, nous faisons pour cela appel à toutes les intelligences. Il est essentiel de redonner une place centrale aux jeunes travailleurs de ce pays, et pour cela nous voulons agir dès maintenant sur leurs conditions de formation et de travail. C'est pourquoi lorsque l'on parle de « mesures pour les jeunes », nous ne pouvons pas nous contenter d'une ou deux mesures phares pour les sortir de la précarité. C'est bien d'un dispositif global, des mesures qui engagent un changement de société dont nous avons besoin. Le dispositif de nouveaux droits que nous voulons, nos propositions pour les jeunes, comme celles figurant dans le projet de loi visent essentiellement à sortir les jeunes de la précarité en leur permettant d'avoir les moyens de construire leur avenir, de faire propres choix pour leur vie sans subir les contraintes matérielles d'existences. Nous pensons en effet que les revendications portées par les jeunes ne peuvent être comprises comme des aspirations dispersées, sans rapport les unes aux autres. Au contraire, elles font sens uniquement si elles sont prises dans leur globalité. Logement, études, salaires, chômage, tous ces sujets sont intimement liés. Ils doivent être donc abordés conjointement pour être traités convenablement. Aussi, cette proposition de loi prend le parti de replacer les revendications formulées par les jeunes dans le cadre d’une analyse multidimensionnelle de leur situation. Il faut donner aux jeunes les moyens de sortir par eux-­‐mêmes du sas de précarité dans lequel ils ont été enfermés au nom des profits. Tout d’abord, au cœur de la politique pour sécuriser le parcours de vie des jeunes, se situe le projet de création, à terme, d’un statut social pour les jeunes. Cette proposition répond à un vide total. En effet, dans la société française, grâce à notre système de protection sociale, nous sommes rattachés à chaque période de notre vie, à un système de droits et de revenus. Les jeunes de moins de 25 ans qui sont privés d'emploi ou de recours familiaux, sont du point de vue de la redistribution sociale dans un « quasi vide juridique »! Et avec d'un coté la généralisation de la formation initiale longue et de l'autre les difficultés accrues d'entrée dans l'emploi des jeunes, du premier emploi à l'emploi relativement stable, on assiste à un allongement de cette période d'extrême fragilité utilisée par les capitalistes pour contraindre les jeunes à accepter n'importe quel emploi précaire, mettant ainsi en concurrence les générations de salariés et tirant l'ensemble de leurs droits vers le bas. Nous voulons donc créer en lien avec ce statut social, trois types d’allocations : la première, qui concerne la période des études, serait servie par un CROUS revalorisé. Nous considérons que les étudiants sont de jeunes travailleurs en formation, et que les années d’études doivent être prises en compte dans le calcul des annuités ouvrant droit à la retraite. La formation représente un tel gain de productivité pour notre pays qu’elle doit être protégée collectivement à tous les âges de la vie. Les deux autres allocations garantissent un accès sécurisé au premier emploi et au retour à la formation. Ces deux allocations ne doivent pas être inférieures au SMIC, lui-­‐même porté à 1700 euros.


Ensuite, nous voulons mettre fin à cette dynamique de déréglementation de l’emploi des jeunes. La question des qualifications est au cœur de cette problématique : nous publierons un rapport pour revaloriser les diplômes face aux logiques d’individualisation de leur contenu et agirons pour leur reconnaissance réelle dans les conventions collectives. Il s'agit de renforcer la sécurisation des conditions de formation et d'emploi par des mesures visant à supprimer le recours au salariat étudiant. Contre les détournements de l’apprentissage, des stages de leur objet, nous appliquerons des sanctions pénales et financières contre les entreprises, mais nous renforcerons aussi le droit d’alerte des syndicats en la matière. En effet, aujourd’hui, seuls 36% des apprentis sont recrutés en CDI à l’issue de leur apprentissage. Ils servent en réalité, tant dans leur rémunération que sur l’utilisation de leur période d’apprentissage, de main d’œuvre exploitable dans l’immédiat. 50% des contrats d’apprentissages sont rompus avant leur terme, le plus souvent par l’entreprise elle-­‐même. Nous proposons la création d’un cadrage national de la formation des apprentis par branche, impliquant une formation au droit du travail par les syndicats, la création d’une formation de maîtres d’apprentissages, et la suppression des exonérations de cotisations sociales et de l’aide forfaitaire pour les entreprises ne recrutant pas un nombre minimal d’apprenti-­‐e-­‐s. Nous voulons créer un statut commun pour les stagiaires et les apprentis, qui implique pour tous une rémunération à hauteur de 80% du SMIC. Les stages étudiants seront très strictement encadrés d’un point de vue pédagogique, et nous mettrons fin à cette généralisation des stages non-­‐rémunérés à tous les niveaux de la licence. Cette loi propose également de supprimer pour les jeunes les dérogations au code du travail accumulées au fil des années et de créer les conditions d’un meilleur respect des droits des jeunes en renforçant les moyens de l’inspection du travail et l’information des salarié-­‐e-­‐s sur leurs droits. Nous voulons que l’emploi des jeunes cesse d’être utilisé pour siphonner ce qui nous reste d’emploi stable et en particulier dans la fonction publique. Dans les hôpitaux, ou l’éducation nationale par exemple, ce sont les étudiants stagiaires ou internes qui jouent le rôle de petite-­‐main d’œuvre, et ce le plus souvent, de manière quasi-­‐gratuite ! Pour redévelopper l’emploi dans ce pays, il est essentiel de redévelopper les services publics, et de sortir un certains nombre de nos besoins fondamentaux des logiques de marché ! Il s’agit donc de titulariser tous les fonctionnaires précaires, à l’inverse de la dynamique actuelle qui tend à faire du vacatariat une norme. Ce qui doit primer, dans l’embauche de titulaires de la fonction publique, et de remplacement de fonctionnaires après leur départ à la retraite, c’est la réponse à nos besoins sociaux, plutôt que le dogme de la baisse des dépenses publiques. Enfin, nous voulons lutter contre les discriminations à l’embauche en appliquant des sanctions pénales et financières pour les entreprises qui le pratiquent, pour cela, nous renforcerons le pouvoir de l’inspection du travail, et des syndicats. Par ailleurs,


nous considérons que la première et la plus massive des discriminations, est sociale. Nous voulons lutter contre la sélection sociale par l’échec et les inégalités territoriales entre lycées et universités en redéveloppant un vrai service public de l’éducation, de la formation et de l’orientation. Nous espérons que ces quelques éléments de réponse vous satisferont, nous vous invitons à nous recontacter si vous avez besoin de précisions, ou à consulter le programme du Front de Gauche « L’humain d’abord », ainsi que le projet de loi cadre pour la jeunesse « pour permettre aux jeunes de prendre en main leur avenir ». Depuis de nombreuses années, nous sommes à vos côtés pour dénoncer cette politique désastreuse pour notre pays, guidée par le profit de quelques-­‐uns plutôt que par la volonté de répondre à nos besoins sociaux ; et qui joue les générations de salariés les unes contre les autres, faisant des établissements de formation les variables d’ajustement du dogme de la précarité et de la flexibilité des travailleurs de ce pays. Nous vous souhaitons une pleine réussite pour toutes les luttes que nous allons mener ensemble à l’avenir, et souhaitons que l’année 2012 soit celle de toutes les conquêtes sociales. Bien Fraternellement, Pour le Front de Gauche, Marion GUENOT Secrétaire Nationale de l’Union des Etudiants communistes Membre du Conseil National de campagne du Front de Gauche


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