Institut d’Histoire Sociale de l’UGICT-CGT ET LA FONCTION TECHNICIENNE

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Institut d’Histoire Sociale de l’UGICT-CGT

LA FONCTION TECHNICIENNE

Notre histoire c’est notre image dans la société Parce qu’elle croit en son avenir, l’UGICT-CGT conserve les traces de son histoire dans la société

Qu’est-ce que l’histoire pour toi génération de l’accélération ? Accélération des sciences et des techniques, de nos capacités de comprendre, d’intégrer, d’être et d’agir... nos ados nés après Internet ont déjà une vision multidimensionnelle de la réalité, ils jouent avec la complexité... mais aujourd’hui le monde du travail est organisé entre délais, planning, deadline, les distances se comptent en temps (Paris-Pékin 12 heures quand la route de la soie mettait 12 mois...). Quel temps reste-t-il pour vivre autrement et pour penser notre réalité de manière complexe ? L’histoire nous permet de sortir de l’immédiat, de l’immédiateté obligatoire. Elle sert à cette mise en distance indispensable pour agir plus juste aujourd’hui et pour être à l’offensive autrement pour notre avenir. Pour changer de regard sur la place de notre action dite « sociale » dans la grande Histoire, pour permettre à d’autres d’élargir leur réflexion sur la place et le rôle de l’action syndicale dans l’évolution de la société et de la vie de chacun, l’histoire est un point d’appui précieux. Une réflexion historique ça s’organise et c’est ce que propose l’IHS de l’UGICT-CGT en agissant sur plusieurs axes, en lien avec l’UGICT et ses organisations : c des archives à conserver, à classer... c des études à réaliser par thème... c des débats. colloques, expos... Et toi Femme et Homme de l’accélération, nous te proposons de perdre un peu de temps pour en gagner en t’arrêtant un instant sur ton histoire de technicien, technicienne... pour permettre à un maximum de tes collègues d’avoir un regard différent sur les acquis de ce syndicalisme spécifique, ses avancées, ses erreurs. C’est un bon moyen aussi pour donner à toucher un peu la force de l’action collective et le recul des fatalités qu’elle engendre par la mise en œuvre d’énergies plurielles réunies dans les luttes passées mais aussi dans celles d’aujourd’hui et à venir. Le Bureau de l’IHS de l’UGICT-CGT


En 1969, à son 3eme congrès, l’UGIC décide d’intégrer le T de technicien Lors de ce 3eme congrès s’est posée avec force la question de la situation des techniciens et de sa prise en compte dans notre organisation : ainsi l’UGIC est-elle devenue l’UGIC-T après l’année 1968 qui avait connu une explosion de grèves et manifestations et dans lesquelles les catégories techniciennes avaient surgi, déjà massivement dans certains secteurs d’activité. La préparation du congrès a donné lieu à une étude aussi détaillée que possible de l’état des lieux. Tout d’abord c’est l’augmentation du nombre de techniciens qui est soulignée, soit de 1962 à 1968 : + 55,2 % (Ensemble des salariés : + 12 %). L’étude relève que ce mouvement accompagne « le rapide développement des sciences et des techniques » avec élévation des qualifications et diversification des fonctions des salariés. Le nombre de jeunes diplômés BTS et DUTqui arrivent sur le marché du travail à cette période en témoigne. La préoccupation des camarades de l’UGIC va au-delà du constat sur le nombre, pour affiner notre connaissance des problèmes spécifiques aux techniciens : en vue du renforcement de la CGT ; pour une participation plus active de ces salariés aux luttes d’ensemble pour des revendications plus générales ; et de souhaiter que le congrès élabore une « plate-forme revendicative précise pour ces catégories ». On reconnaît bien là l’organisation spécifique de la CGT dont la vocation est de prendre en compte les problèmes particuliers des ICTAM et de travailler au rassemblement de tous les salariés. Ce document de préparation du 3eme congrès de l’UGIC, en marquant la préoccupation de l’organisation à prendre en compte une situation nouvelle avec l’émergence de la catégorie des techniciens et de leurs préoccupations, légi-

time déjà largement l’UGICT comme lieu d’affiliation de ces catégories. Quelques extraits de l’étude « …on peut affirmer que l’activité de l’UGICT aura un impact bien particulier chez ceux des techniciens qui, par leurs préoccupations, se rapprochent des ingénieurs et des cadres administratifs… ». « Vouloir cerner la question au plus près pour une meilleure activité syndicale nous conduit surtout à constater une continuité entre le travail de l’ingénieur et celui du technicien, les deux s’apportant mutuellement leurs connaissances et leurs expériences ». [...] Depuis, la profession s’est élargie et avec cette évolution de nouveaux problèmes ont surgi avec force comme celui de la reconnaissance de la qualification. L’UGICT a promu l’idée de la création d’un statut propre à ces catégories que d’aucuns nommaient « les ni ouvriers ni cadres ». La question de leur reconnaissance professionnelle et sociale reste posée. Elle le restera tant que l’organisation du travail restera inchangée et tant qu’une forte convergence de leurs aspirations n’aura pu se réaliser. Le syndicalisme ICT n’est pas un syndicalisme catégoriel. A l’inverse, il évite la coupure entre les catégories OE et ICT. Il tend à ouvrir des perspectives de carrière aux techniciens dans la proximité avec les ingénieurs et cadres. Il propose d’agir en commun dans les choix de gestion et d’avenir de la société : un chantier largement ouvert à poursuivre. A l’époque, d’âpres débats ont lieu sur ce rattachement syndical de la catégorie à celles des I et C. Aujourd’hui les techniciens sont 5 millions de salariés. Un important travail doit de poursuivre. Julien GUERIN Extraits d’intervention en AG constitutive de l’IHS UGICT le 2/10/2008

1974 : après une action forte, la Fédération CGT des Employés et Cadres de la Sécurité sociale signe des accords qui revalorisent la classification des salariés. Ces reclassements, concernant les coefficients et les salaires, n’oublient qu’une catégorie de salariés : « les interpros ». Ce sont tous les techniciens para médicaux, informaticiens et juridiques des organismes sociaux qui sont en plein développement dans ces secteurs. « Calés » dans la grille générale, sans tenir compte de leurs qualifications ni de leurs diplômes, sans équivalence reconnue avec certains emplois de cadres malgré les responsabilités assumées, ils n’ont pas suivi les

filières de cours internes à la sécu pour être recrutés ou promus et sont quasiment méconnus des employés et des cadres, mais aussi des directions. Ce n’est pas de l’ostracisme, mais leur activité plus technique qu’administrative, dans des Caisses de Sécu, en fait presque un monde à part… Cet épisode mémorable conduira à la création d’un syndicat spécifique UGICT à la CRAMA, impulsé dans les années 80 par tous ces « oubliés » mécontents qui voulaient que la CGT s’occupe d’eux. Anny GLEYROUX, Technicienne de labo. CRAMA Bordeaux

… Les occupations d’usines de 1968 avaient été marquées par trois grandes préoccupations : les salaires et notamment les plus bas ; la prise en compte des diplômes et qualifications ; les conditions et organisations sur travail. Les augmentations de salaires et du Smig avaient été substantielles. Les organisations du travail avaient été critiquées de manières constructives, les cahiers de revendications élaborés au long des deux mois d’occupation pour en dégager de multiples évolutions, efficaces de leur point de vue. Restait la question des carrières et des qualificationsdiplômes qui feront l’objet des négociations ouvertes en 1969. Là se trouvent engagées les réflexions qui conduiront notre Fédération à

intensifier son activité, envers les ETDA (les mensuels) [...], puis par la création de l’UFICT, intégrant le SNCIM, au début des années 1970, mouvement qui aura confirmé en grand l’urgence d’une telle mutation pour la CGT. Et l’UFICT aura tout de suite joué un rôle décisif dans l’activité de la Fédération au lendemain de 68 : les négociations à l’UIMM sur les grilles de classifications à partir de deux conflits majeurs : Merlin Gérin à Grenoble en 1966 et les « mensuels » de Saint-Nazaire en 1967.

Affectée dans une équipe pluridisciplinaire de psychiatrie infanto-juvénile, ma première lutte, en 1979, portait sur la reconnaissance du contenu professionnel des paramédicaux (orthophoniste, psychomotricien), sociaux (assistante sociale, éducateur spécialisé), psychologue, composant les équipes face à la toute-puissance d’un petit nom-

bre de médecins psychiatres. Le syndicat, sollicité pour soutenir ce mouvement, nous faisait « confiance » mais n’avait pas d’apport dans la réflexion collective. Martine PEYRE SARCOS, Assistante sociale, Toulouse

C’est ainsi qu’un jour, nous nous sommes rendus à l’UGICT, rue Lafayette, en délégation d’assistantes sociales et nous avons réussi à imposer notre point de vue à René Le Guen, secondé de Guy Juquel, pour « éclater » ce syndicat national, pour rejoindre les Ufict dans les fédérations. Notre détermination était grande, soutenue par

Henri Sauvinet, Secrétaire aux revendications. Désormais, les assistantes sociales partagent dans leurs branches respectives les revendications de leurs collègues. Jocelyne GUIHEUX, Assistante sociale

L’ensemble de ces collègues ont leur place dans la CGT qui regroupe tous les travailleurs. Notre intention n’est point de marquer une séparation ou une coupure avec la classe ouvrière ou les autres catégories de travailleurs, mais de tenir compte de situations objectives qui se dégagent de la formation, du niveau des connaissances, du niveau des responsabilités, de la place dans l’entreprise capitaliste quant à la notion d’encadrement et qui, de ce fait, anime des préoccupations

spécifiques, tant de l’aspect revendicatif que dans l’exercice de leurs fonctions. Préoccupations dont la particularité est qu’elles convergent avec celles, peut-être à plus long terme, des autres catégories de travailleurs.

v

Michel DAUBA, Fédération de la métallurgie

André JAEGLE, Secrétaire de l’UGICT. Extrait de l’éditorial d’Options, juillet-aout 1969


3eme congrès de l’UGIC (21 et 22 juin 1969) n se démarquant de l’hégémonie du syndicalisme catégoriel incarné par la CGC, la CGT et son UGIC, dès 1963, vont analyser de manière cohérente, les modifications ayant trait à l’organisation du travail, les préoccupations des différentes catégories, leurs positions sociales, leur rôle et place dans l’organisation du travail, en plein bouleversement avec l’essor des sciences et techniques. Cela fait ainsi apparaître « le cas des techniciens », leur nombre croissant et ceci dans l’ensemble des secteurs professionnels.

E Synthèse et extraits du document sur les techniciens

À paraître prochainement

Un numéro des Cahiers d’Histoire de l’IHS consacré aux Technicien-nes, à leurs histoire dans celle de l’Ugict-CGT : a témoignages ; a analyses ; a documents ; a articles de presse...

Ce mouvement :

a exige l’élévation des qualifications du fait de la formation

professionnelle ; a voit l’augmentation du nombre d’ingénieurs ; a voit des diversités de fonctions, et ceci dans les domaines de la production et dans les autres domaines : services médicaux et sociaux, etc… C’est ce dernier aspect qui explique le développement plus rapide des techniciens. Le document note l’évolution des techniques et des fonctions avec une faible proportion de diplômés chez les techniciens (13,4 %), alors que 67,5 % des ingénieurs le sont. De techniciens issus du rang, on passe ainsi à l’apparition de techniciens diplômés, avec la montée en charge de formations comme les bacs techniques et de techniciens, les CAP, BEP, BTS, DUT etc… De même, on note la part importante prise par les techniciens dans les luttes de mai et juin 1968, revendiquant une réelle reconnaissance. Cette combativité se traduit par une importante influence électorale dans le deuxième collège et par un nombre important d’adhésions à la CGT. Le travail syndical parmi ces catégories était cependant dilué : mensuels, ETDA, ETAM… Or, il apparait que l’activité de l’UGIC est de nature à impulser la CGT parmi les techniciens. Déjà, « le problème de la définition de ce qu’est un technicien » est évoqué, problème qu’on ne pourra éluder longtemps sans courir le risque de retarder les mesures d’organisation indispensables à une action efficace ! Les techniciens, de par leurs préoccupations, se rapprochent des ingénieurs et cadres avec le développement du travail d’équipe. Le congrès va ainsi analyser les conditions de travail, de rémunération et de qualification des techniciens, affiner la reconnaissance des problèmes spécifiques à ceux-ci, en cohérence avec les autres catégories de salariés, leurs rapports dans l’organisation du travail. On peut ainsi lire : « la définition par les fonctions nous conduit à la constatation que le technicien échappe en grande partie à la sphère de la production matérielle, son travail s’étendant de la recherche à la fabrication, en passant par la conception, l’étude, les essais et contrôles, le traitement de l’information ». D’une part est analysée la continuité de la carrière professionnelle des techniciens vers le niveau cadre, à laquelle le patronat s’oppose ; d’autre part leur tendance à la spécialisation pour « … en faire un simple intermédiaire d’applications dans un domaine réduit », alors que l’analyse même conduit à la diversité et à la multiplication des fonctions couvertes sous ce même vocable de techniciens. Au vu des différents éléments, il s’agit bien d’un congrès des plus novateurs, posant à travers la question des techniciens, celle de toute l’évolution du travail, l’impact des sciences et techniques, les convergences d’intérêt entre catégories, en particulier, parmi les ingénieurs, cadres et techniciens. Cela va donner naissance à l’UGICT telle que nous la connaissons aujourd’hui, avec l’idée d’être l’organisation de toutes et tous dans un salariat en plein bouleversement. Gérard SALKOWSKY

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La conservation des archives Les archives, matériau de base précieux de l’histoire, sont le domaine qui doit particulièrement et prioritairement attirer l’attention de tous, y compris celle des producteurs d’archives d’aujourd’hui, toi, nous, puisque l’histoire s’écrit à chaque minute qui passe. A ce jour il est encore recommandé par tous les spécialistes que tout courrier, tract, info, intervention, compte rendu ou écrit de toute nature, soit non seulement conservé sur informatique et sur disque séparé mais soit aussi tiré sur papier car c’est encore ce support qui se conserve le mieux en l’état de la technologie.

u Garder ses archives : c’est indispensable u Faire un pré tri et organiser le stockage : c’est bien u Contacter l’IHS UGICT et/ou celui de sa fédé et celui de sa région/département pour la suite : c’est mieux u Se former (un peu) pour la conservation des archives : c’est parfait u Donner un coup de main à l’activité de l’IHS UGICT : ce ne serait pas du luxe et quand on aime c’est passionnant !

Trajectoires militantes

Sur la suggestion des historiens membres du Conseil scientifique de l’IHS de l’UGICT, nous entreprenons de fixer sur le papier ce patrimoine irremplaçable que constitue la mémoire des parcours syndicaux et sociaux accomplis par les militants de l’UGICT. Depuis la date de votre adhésion jusqu’à ce jour en passant par le regard sur l’organisation spécifique porté par les militants, par vos collègues, vos propres motivations, les événements auxquels vous avez été associé, etc. Et, pourquoi pas, si vous le jugez utile, l’environnement familial ou social qui vous a conduit vers l’UGICT. Enfin, tout ce qui fait que l’UGICT-CGT tient une place importante dans l’histoire sociale française.

Prenez contact avec les animateurs de l’IHS-UGICT qui vous attendent à leur stand Rejoignez l’IHS-UGICT… adhérez… rejoignez l’IHS-UGICT… adhérez u Adhésion individuelle

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v Adhésion collective

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comprenant l’abonnement aux « Cahiers d’histoire de l’UGICT-CGT » (4 numéros par an - port compris) 20 euros. comprenant l’abonnement aux « Cahiers d’histoire de l’UGICT-CGT » (4 numéros par an - port compris) 80 euros.

w Membre fondateur et bienfaiteur £ 80 euros ou plus Cocher la case correspondant à la formule choisie

Nom, prénom : ............................................................................................................................................................................... Ou nom de l’organisation collective : ......................................................................................................................................... ......................................................................................................................................................................................................... Adresse : ........................................................................................................................................................................................ ......................................................................................................................................................................................................... Téléphone : ................................................................................E-mail :...................................................................................... Pour tout renseignement ou pour envoyer le bulletin ci-dessus, accompagné du règlement correspondant par chèque, s’adresser à :

Institut d’Histoire Sociale UGICT-CGT Case 408 93516 Montreuil Cedex Ihs-ugict.cgt@laposte.net Tel. : 01 48 18 81 25 - Fax : 01 48 51 64 57

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