QUOTIDIEN DU 16e CONGRÈS DE L’UGICT-CGT Numéro 2 31 MARS 2011
ORIENTATION
Un salut fraternel Michel Beaune Secrétaire général de l’UD-Cgt de l’Allier Dans son allocution de bienvenue, Michel Beaune après avoir visité la ville de Vichy et sa région, invite à un détour salutaire par l’histoire : « Etre désappointé parce que Vichy est souvent associé au régime de Vichy est une chose que l’on peut peut-être comprendre. Vouloir atténuer le rôle du système politique pétainiste dans la répression contre les patriotes, dans l’extermination des Juifs et des Tsiganes, dans la déportation des jeunes Français au Sto, et j’en passe, serait une tout autre démarche. » Il souligne que l’enjeu est très actuel : « Nous sommes d’ailleurs préoccupés par le fait que le Front national fait ses meilleurs scores dans l’Allier, dans le bassin de Vichy, et qu’aux récentes élections cantonales il a pu maintenir deux de ses candidats au deuxième tour, ce qui ne s’est produit nulle part ailleurs dans le département. » Evoquant ensuite la désindustriali sation qui a frappé le département, il rappelle que « le citoyen Nicolas Sarkozy est venu en 2004 à Vichy entouré de bataillons de gardes mobiles, alors qu’il n’était qu’un simple ministre de l’Economie, mais déjà en précampagne présidentielle. Il venait “s’immerger” dans un bassin en grande souffrance sociale. Il allait soi-disant prendre les problèmes à bras-le corps, et il y aurait des résultats. Ce qui est sûr, c’est qu’il a fait de nombreuses promesses. Mais tout ce que l’on a eu, c’est l’implan tation d’un centre d’appels, ce qui ne peut remplacer mille emplois industriels. » S’agissant de la Cgt, il informe les délégués de « la construction d’un projet départemental de syndicalisation qui comporte des cibles bien particulières pour Vichy avec l’ambition d’implanter la Cgt dans un secteur pour l’instant totalement vierge : l’hôtellerie ». C’est enfin comme secrétaire d’union départementale, mais aussi en tant qu’adhérent à l’Ugict depuis 1980, qu’il souhaite à toutes et à tous un très bon 16e Congrès de l’Ugict.
Ça se discute… Après le rapport introductif présenté par Marie-José Kotlicki, la parole est aux délégués qui, au fil des interventions, évoquent expériences et priorités, partagent réflexions et analyses. Stéphane Jouteux, Cgt d’Amadeus, métallurgie, expose les termes d’un conflit de masse mené dans l’entreprise avec notamment des jeunes diplômés issus de grandes écoles. Il a abouti a la signature d’un protocole d’accord sur les salaires, avec des augmentations de plus 4 % et plus de deux cent cinquante embauches de personnels sous-traitants. Il souligne que son syndicat est parti de rien et que, si la loi sur la représentativité avait été mise en œuvre à l’époque, il ne serait pas au congrès pour en parler. Il met en garde contre le fait que cette loi permet de signer des accords en l’absence de délégués syndicaux. Daniel Susini, marine marchande, secrétaire du Syndicat des officiers de Marseille, intervient sur la thématique du harcèlement, dont il donne de nombreux exemples en les liant à la pression d’un management perverti par le jeu des actionnaires. Il souligne qu’un équipage est formé de personnels d’exécution et d’officiers, lesquels sont des cadres un peu particuliers qui travaillent dans un milieu mouvant et hostile et sont suspendus à la crainte de la perte de leur brevet. Jean Kirster, du Sntrs-Cgt, expose les bouleversements portés par la loi Lru, le pacte sur la recherche et le grand emprunt : « On assiste à une mise en concurrence de tous les personnels, qu’il s’agisse ou non de chercheurs. Cela entraîne une véritable chasse aux labos, très déstructurante, sur un fond de non-débat, de non-consultation. Dans ce cadre, avec la prétendue excellence et le retour sur investissement, avec la gouvernance et la demande des industriels pour peser sur les objectifs, on risque d’accoucher de quelques pôles dits “excellents” entourés de grands déserts, avec ce que cela signifie de mobilité forcée, de concentration et de valorisation à court terme sur un petit nombre de bassins d’emploi. » Il met en garde contre le fait que l’organisation syndicale elle-même soit prise dans ces logiques :
option s S P É C I A L 1 6 e CO N G R È S • N ° 2 • 3 1 MARS 2011
« S’organiser site par site, oui, mais attention à la mise en concurrence entre syndicats ! » Bernard Hugueteau, Pont-de-Claix, industries chimiques, fait état de son accord de fond avec le rapport mais tient à souligner qu’il ne s’agit pas de « reconstruire l’industrie » : « Elle est à dégager de la financiarisation de l’économie. Les employeurs n’ont pas encore trouvé les moyens de gagner de l’argent sans nous exploiter ; attention aux raccourcis. »
La convergence est possible, elle est gagnante Jean-Pierre Adami, enseignant-chercheur, retraité, souligne les convergences qui existent entre le discours pétainiste des années 1940 et les débats actuels sur la laïcité, le multiculturalisme ; il évoque le pacte de l’Europe et les rapports de forces autour de cet enjeu. « La Cgt devrait être plus explicite sur les causes, avoir une analyse plus politique. La Cgt devrait se donner davantage de moyens dans le domaine de l’éducation populaire. » Il conclut son intervention en annonçant son départ de la Cgt. Corinne Normand, de l’Ufict-Services publics, intervient sur le mouvement revendicatif mené le 16 mars par les travailleurs sociaux autour des enjeux de reconnaissance 1