Sacrifiés ? Jeux de dupes

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RESTRUCTURATIONS Renforcer les droits européens

cadre formalisé, sans accord écrit, ce qui est très peu protecteur : cela concerne désormais plus de la moitié des cadres du secteur privé (entreprises de plus de 10 salariés), comme l’a observé une récente étude publiée par l’Insee *. La tendance est confirmée par le baromètre annuel réalisé par le groupe Malakoff Humanis (voir encadré). Cela a notamment un impact sur la charge de travail, le temps de travail ou la prise en compte des frais (internet, électricité, matériel ergonomique…), qui n’est plus garantie. L’étude de l’Ugict-Cgt « Le travail sous épidémie » a montré que plus de 80 % des télétravailleurs en ont été privés pendant le confinement.

« En tant que responsables syndicaux représentant les travailleurs de l’industrie européenne, nous savons combien il est vital d’anticiper les restructurations [...]. Tout comme les dirigeants européens semblent avoir finalement tiré les leçons de 2008-2009, en termes d’approbation des investissements keynésiens, ils doivent maintenant tirer rapidement les leçons de la pandémie sur les restructurations. » Dans une lettre commune envoyée mi-septembre aux autorités européennes, Judith Kirton-Darling et Isabelle Barthès, secrétaires générales adjointes de la fédération syndicale européenne IndustriAll Europe, réclament la reprise rapide d’une proposition législative présentée, en 2013, par le député européen espagnol Alejandro Cercas. Un texte qui réclamait le renforcement des droits à l’information et à la consultation des travailleurs afin de favoriser l’anticipation et la gestion des restructurations. Un million et demi de travailleurs ont déjà perdu leur emploi au sein de l’Union européenne.

CRISE Le monde du travail comme il va

Les principes du volontariat et de la réversibilité

Christine labbe * Insee Référence, novembre 2019. OPTIONS N° 660 / octobre 2020

Sale temps pour les travailleurs. La dernière édition du sondage annuel réalisé par la Confédération syndicale internationale dans seize pays – parmi lesquels l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Argentine, la Belgique, le Brésil, la Bulgarie, le Canada, le Chili, la Chine ou encore la Corée du Sud – vient d’être publiée. Résultat : 76 % des sondés s’accordent sur l’insuffisance du salaire minimum pour vivre ; 33 % ressentent « une perte de contrôle par rapport à leur choix d’un travail décent » ; une proportion similaire ont directement ou indirectement été touchés ces derniers mois par le chômage ou une réduction du temps de travail, plus d’une personne sur quatre indique avoir moins de contrôle sur le nombre d’heures où elle travaille.

ÉTATS-UNIS Inquiétudes syndicales L’Afl-Cio, la Fédération américaine du travail, a fait savoir fin septembre qu’elle « rejette catégoriquement toutes les menaces à la transition pacifique du pouvoir », ainsi que l’a déclaré Richard Trumka, son président. « Le mouvement ouvrier ne permettra tout simplement aucune violation de la Constitution américaine ou tout autre effort visant à nier la volonté du peuple, a précisé le dirigeant syndical. Les travailleurs américains resteront inébranlables dans la défense de notre démocratie face aux singeries du président Trump, et nous sommes prêts à assumer notre part pour assurer sa défaite lors de cette élection. » Ce propos répond aux bruits de plus en plus menaçants selon lesquels Donald Trump aurait décidé de rester au pouvoir quel que soit le résultat des élections du 3 novembre.

KEVIN DIETSCH/maxppp

« L’objectif est donc de sortir du télétravail informel et d’encadrer ses pratiques afin d’obtenir de nouveaux droits relatifs à cette forme d’organisation du travail », explique Jean-Luc Molins. Cela suppose de retenir les enjeux identifiés par l’état des lieux de 2017. Citons : la clarification des règles juridiques justement, avec la nécessité d’un accord écrit de branche ou d’entreprise et un avenant au contrat de travail ; le droit à la déconnexion ; l’organisation du travail (définition de plages d’indisponibilité et décompte du temps de travail) ; la sécurité et la protection des données personnelles ; l’impact sur l’encadrement de proximité ; les questions liées à la mobilité et à la multiplication des lieux de travail (maintien du poste de travail dans l’entreprise) ou l’articulation entre télétravail régulier, occasionnel ou informel. À cet égard, plusieurs principes sont posés : le double volontariat du salarié et de l’employeur, la réversibilité et la limitation du nombre de jours télétravaillés à deux ou trois maximum par semaine. À ces enjeux identifiés dès 2017, la feuille de route adoptée par la Cgt ajoute trois nouveaux points pour prendre en compte la situation des personnes en situation de handicap, les aidants familiaux et les activités de la vie sociale (aménagement des horaires et de la charge de travail) et l’égalité entre les femmes et les hommes, notamment mise à mal pendant le confinement (voir Options septembre 2020). Si le télétravail, réaffirme la Cgt, ne peut se substituer à un mode de garde, il pose aussi la question de la responsabilité de l’employeur pour prévenir les violences sexistes et sexuelles sur le lieu et le temps de travail : en l’occurrence, au domicile.

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