Travailler à changer le futur
Face à l’urgence sociale et environnementale, le travail reste un terrain privilégié pour agir dans l’intérêt général, en particulier pour les cadres. Quelles pistes, quels outils pour peser sur les choix ? Défrichage.
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No future ? Le fatalisme grandit face aux urgences sanitaire, économique, sociale, environnementale. Le sentiment d’impuissance peut même se renforcer au constat que ni l’État, ni les entreprises ne semblent prendre la mesure des changements radicaux qui s’imposent. En témoigne le plan de relance gouvernemental annoncé en septembre : aucune remise en cause des logiques responsables de ces crises, et seulement quelques mesures marginales, insuffisantes pour orienter notre modèle de production, de consommation, de démocratie, vers un avenir plus viable. En partie démunis quand ils agissent à l’échelle individuelle, de nombreux citoyens se mobilisent néanmoins et finissent par créer des dynamiques collectives. Ils ne veulent plus dissocier leur façon de vivre et de penser de ce qu’ils font au travail. Ils estiment au contraire que leur activité professionnelle doit être l’occasion d’exprimer leurs préoccupations et de concrétiser une vision plus juste du point de vue éthique, social, environnemental. C’est dans cet esprit que se sont tenues les Rencontres d’Options 1, le 18 septembre, en partenariat avec le journal L’Humanité : réaffirmer la centralité du travail, au cœur des activités humaines, et explorer les pistes pour en faire un vecteur des changements qui s’imposent. La table
ronde d’ouverture a ainsi dressé les premières leçons de la crise actuelle, réaffirmant pourquoi il s’avère urgent de changer de modèle, avec notamment des interventions d’Hervé Le Treut pour l’Académie des sciences et le Giec, ou Aurélie Trouvé pour Attac. Un deuxième temps a exploré des pistes macroéconomiques pour « réorienter la production et redonner du sens au travail ». Marie-Claire Cailletaud, présidente du groupe Cgt au Conseil économique, social et environnemental (Cese), a rappelé qu’il est nécessaire et possible de mettre en place des stratégies de relocalisations industrielles. Anne de Béthencourt, représentant la Fondation Nicolas Hulot, a explicité les solutions offertes par l’éco nomie circulaire.
Stratégie, pratiques, greenwashing : les jeunes testent les entreprises Le temps est révolu où la défense de l’emploi justifiait l’oubli des dégâts qu’une activité causait à la santé des travailleurs et à l’environnement. La crise sanitaire a même eu des effets amplificateurs : travailler en négligeant sa santé, ses conditions de travail, ses droits sociaux et l’environ1. La liste des participants et le contenu des interventions sont disponibles sur www.ugict.cgt.fr 2. Voir aussi « Greenwashing, les étudiants voient rouge », Options, février 2020. OPTIONS N° 660 / octobre 2020
PHOTOS : Nicolas Marquès/KR IMAGES PRESSE
RENCONTRES D’OPTIONS