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mation par la formation, les investissements productifs possibles, les procédés qui seront porteurs, la localisation des approvisionnements, la possibilité de s’intégrer à des projets et à des partenariats d’économie circulaire. Tout doit être décortiqué : les éléments qui permettent de développer des champs d’action, de préparer les activités de demain à partir de celles d’aujourd’hui, de trouver des solutions partagées et portées par tous. C’est une démarche longue et complexe, qui implique de croiser les regards interprofessionnels, mais cela peut déboucher sur des projets portés par tous les salariés, comme dans le cas de la voiture électrique bon marché chez Renault ou de l’imagerie médicale chez Thalès. »
Manifeste pour la responsabilité environnementale L’Ugict pose les bases de cet engagement au sein des entreprises.
Leurs responsabilités offrent aux cadres ressources et leviers d’action
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« Cadres et professions intermédiaires, nous refusons de limiter notre engagement environnemental à nos gestes quotidiens ou à nos choix de consommation, [comme] d’être instrumentalisés au service de politiques de greenwashing permettant de repeindre en vert des pratiques catastrophiques pour notre planète. Nos responsabilités professionnelles, notre place dans le processus de production nous permettent de jouer un rôle déterminant [...] Nous voulons regagner du pouvoir d’agir, et la maîtrise du sens et du contenu de notre travail [en exerçant] de nouveaux droits sur les questions environnementales. » Ainsi, la responsabilité professionnelle ne doit pas se limiter à « un devoir de loyauté envers les directives financières » mais être élargie à une « responsabilité sociale et environnementale » adossée à l’intérêt général, intégrant non seulement « un droit de refus, d’alerte et de proposition alternative, pour faire primer l’éthique et la déontologie professionnelle », mais aussi, pour les ingénieurs notamment, « un droit d’alerte technologique ». Il est également nécessaire de donner davantage de pouvoir aux instances représentatives du personnel, pour peser sur les orientations stratégiques, en particulier contre « le dumping social, environnemental et fiscal », pour les relocalisations et le développement de circuits courts ; pour encourager le développement d’une économie circulaire, soucieuse d’« approvisionnement durable, d’écoconception, qui privilégie l’usage à la possession », ou encore la limitation et le recyclage des déchets. Le manifeste défend également la maîtrise de la consommation d’énergie, le développement des services publics, et « un nouveau modèle de croissance, fondé sur le développement humain et écologique », non sur de stricts référents économiques et financiers. Qui intègre « les richesses immatérielles liées par exemple au bien-être, à l’accès au savoir, à la culture, à la santé », la réduction des inégalités ou le développement des coopérations, la création d’emplois de qualité, la satisfaction des besoins : « Le fait de redéfinir ce qu’est la richesse et ce qu’est la croissance est un levier pour donner du sens à notre travail et nous permettre d’inscrire notre activité quotidienne dans une dynamique de progrès humain. » V. G.
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Sophie Binet, cosecrétaire générale de l’Ugict, insiste sur le fait que la complexité de la tâche ne la rend pas moins vitale : « Les cadres et professions intermédiaires ne se satisfont pas de voir leur entreprise se contenter de supprimer les gobelets en plastique. Ils veulent exercer leurs responsabilités, agir sur les leviers dont ils disposent pour transformer leur entreprise, en particulier sur ses impacts environnementaux. » Pour transformer l’entreprise tout en redonnant tout son sens à leur travail, l’Ugict diffuse également un manifeste (lire encadré) encore à enrichir, qui « vise à interpeller et à interroger les cadres sur leurs pratiques, à les inciter à se réapproprier leur pouvoir d’agir, en particulier sur les enjeux sociaux et environnementaux. Notre syndicalisme a des pratiques et des expériences qui peuvent servir d’appui, d’autres à inventer, en multipliant les coopérations ». Redéfinir les besoins et les moyens dont nous disposons, tout en amorçant une transformation du rapport au travail et de son contenu, la tâche est ambitieuse mais relève indéniablement des compétences du syndicalisme. Les questions sont innombrables. Se déplacer, mais comment et à quel coût environnemental ? Produire sans polluer ici ni ailleurs. Donner à chacun un travail et une place dans la société. Loger tout le monde dans des logements décents et non énergivores. S’habiller, mais à quel coût social si c’est au meilleur prix ? Se nourrir en restant en bonne santé. Consommer sans gâcher, sans obsolescence programmée. Réparer plutôt que jeter. Il n’y a pas d’autre choix que de travailler aux réponses. Valérie GÉRAUD 48
Le Manifeste pour la responsabilité environnementale est disponible sur le site de l’Ugict. OPTIONS N° 660 / octobre 2020