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Trente-deux heures

trEntE-dEux hEurEs La cgt veut une Loi

E ss E s P r a GE M i Nicolas Marquès/K r

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«Travailler moins pour travailler mieux et tous, c’est possible et urgent.» La Cgt l’affirme et a lancé, le 14 octobre, une campagne pour un passage de la durée légale du temps de travail de trente-cinq à trente-deux heures. La bataille va être rude. Le patronat a toujours combattu l’idée d’une réduction générale du temps de travail. Et, du côté du pouvoir, l’idée que « les Français ne travaillent pas assez » est répétée à satiété. Emmanuel Macron l’a encore affirmé lors de la présentation du plan d’investissement « France 2030 ». Qui plus est, une autre difficulté existe : les lois Aubry n’ont pas toujours laissé un bon souvenir aux salariés, à l’hôpital tout particulièrement. La confédération le sait, mais n’a pas l’intention d’en rester là. La France compte aujourd’hui plus de 6 millions de chômeurs et de précaires. Et les effets à rebours de la fin du dispositif de chômage partiel risquent d’en accroître encore le nombre. Mais quel modèle de sortie de crise ? Dès les premiers jours du confinement, le ministère du Travail avait profité de l’état de sidération dans le pays pour donner la possibilité aux entreprises de certains secteurs de déroger aux durées maximales de durée du travail. Est-ce sur la base d’un système déréglementé que se construira « le monde de demain » ? «La Rtt n’est pas une obsession française», rappelle la confédération. «En mars 2021, l’Espagne a décidé d’expérimenter la semaine de quatre jours, à trente-deux heures sans baisse de salaire. Ig Metall ainsi que la Confédération européenne des syndicats (Ces) militent en ce sens, en même temps qu’en Nouvelle-Zélande, Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Irlande le mouvement 4dayweek mobilise.» Et d’ajouter que «les pays où le temps de travail est le plus faible sont ceux qui affichent aussi le taux de chômage le plus faible » . Reste à savoir vers quelle réduction du temps de travail avancer : vers une prime accordée au temps partiel ou vers une réduction générale et coordonnée ? «Il faut une loi, a défendu Philippe Martinez le 14 octobre, un“cadre collectif”ouvrant droit à négociation dans les branches ou en entreprise avec obligation pour les entreprises de créer des emplois en proportion du passage aux trente-deux heures.» Et le calcul a été fait : deux millions de postes de travail pourraient être ainsi créés. M. H.

cEntralE-supÉlEc encore La cuLture du vioL ?

Après la déferlante de révélations dans les instituts d’études politiques au printemps, c’est au tour de la prestigieuse école Centrale-Supélec de publier une enquête interne sur les violences sexistes et sexuelles pendant l’année universitaire 2020-2021, menée en juin et juillet auprès des 2 400 élèves de première et de deuxième années : sur 659 réponses, 51 des 196 femmes déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel et 110 de propos sexistes ; 46 femmes et 25 hommes d’agressions sexuelles; 20 femmes et 8 hommes de viols… Ces actes ont été commis par d’autres étudiants, au cours de la vie associative ou au sein de la résidence universitaire. Ces déclarations s’avèrent d’autant plus choquantes qu’aucune de ces agressions n’a fait l’objet d’un dépôt de plainte, d’une dénonciation sur les réseaux sociaux fut-elle anonyme, ni auprès de la cellule de veille créée par l’école pour lutter contre ces comportements. Ainsi, non seulement la culture du viol et du harcèlement continue d’être tolérée, mais cela reste tabou de les dénoncer, la honte pesant toujours sur les victimes et non sur les agresseurs. L’école d’ingénieurs, dont les récentes promotions comptent environ 20% de filles a chargé la justice d’enquêter et entend intensifier ses actions de prévention et de soutien pour aider les victimes à en parler. V. G.

rÉformE unÉdIc devant Le conseiL d’État

E ss E r P s a GE M i r Nicolas Marquès/K

Le 14 octobre à nouveau, toutes les confédérations se sont retrouvées devant le Conseil d’État pour demander une suspension du nouveau mode de calcul des allocations prévu par la réforme de l’assurance chômage. L’argument à l’appui de leur requête était simple. Il a été défendu par Me Antoine LyonCaen, le conseil de la Cgt: «Le gouvernement n’a pas le droit de publier un nouveau décret tant que la décision du Conseil d’État prise en juin est en vigueur.» Il doit demander au préalable à cette institution de «revoir son ordonnance […] en lui démontrant que la situation a totalement changé ». En juin en effet, s’appuyant sur «l’incertitude économique», les sages avaient accédé à une action intersyndicale similaire, jugeant bien prématurée la logique présidant à la réforme, à savoir une diminution des droits sous prétexte de favoriser un retour à l’emploi. Ils s’étonnaient notamment que cette demande ne s’applique qu’aux salariés et non également aux employeurs, pour qui la mise en œuvre du système de bonus-malus est reportée au mois de septembre 2022. Que décideront-ils cette fois? À suivre… M. H.

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