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Opération transmission

les grilles de s’établir aussi parfois sur la base de l’usine. On met à plat toutes les organisations, ce qui rend aussi visible le travail et les qualifications des femmes, en particulier dans le textile.» Maryse Dumas, membre de la direction de l’Ihs et du bureau confédéral de la Cgt de 1995 à 2009, revient sur les dernières décennies. Elle a notamment vécu un moment d’intense activité pour le syndicalisme, pendant la mise en place des trente-cinq heures autour des années 1998-2000 : « La Cgt a été très sollicitée, de nombreux syndicats se sont créés dans les entreprises pour mener ces négociations et ont pérennisé l’outil syndical pour défendre leur travail.» Elle intervient également pour évoquer la réflexion de la Cgt sur les mutations du monde du travail et la genèse de la revendication d’un «nouveau statut du travail salarié», qui n’adosserait plus les droits des travailleurs aux conditions faites par leur employeur, mais les rendrait transférables – à l’image du droit à la formation. «Cela permettrait de prendre en compte le fait qu’aujourd’hui, mobilité, flexibilité, précarité voire exclusion du salariat ou chômage fragilisent les salaires ou les déroulements de carrière. Il s’agit d’élargir notre regard à toutes les personnes exclues du travail et d’être offensif pour construire du commun. Cela reste la vocation de la Cgt.» C’est au secrétaire général de la Cgt, Philippe Martinez, qu’il revient d’ouvrir les échanges avec la salle en intervenant sur la question « comment représenter les salariés aujourd’hui ? » : « La délégation n’est pas la solution idéale, il faut que les travailleurs, quelle que soit leur situation ou leur qualification, s’organisent et se défendent à partir de leur vécu, avec notre soutien mais en se saisissant euxmêmes des outils syndicaux. Ubérisés, contractuels, travailleurs du dimanche, les meilleurs experts du travail resteront les travailleurs eux-mêmes. C’est ce que nous avons réussi à faire en créant une dizaine de syndicats parmi les livreurs à vélo, où en organisant les travailleurs sans papiers. Nous devons sans relâche élargir et affiner notre regard pour avoir une représentation plus fidèle du monde du travail. La responsabilité de la Cgt est de prendre en compte toute cette diversité pour construire du commun, autour des enjeux collectifs de demain : tout le monde est concerné par le réchauffement climatique ou le dumping social en France ou ailleurs ». Le travail semble parfois perdre son sens face aux enjeux, sauf à le réinventer ? ▼

La doCumentation aRChivée paR La Cgt au fiL des ans ouvRe un Champ infini de ReCheRChes.

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Depuis 1982 et la création de son Institut d’histoire sociale, la Cgt s’attache à sauvegarder, classer, valoriser des archives – écrits, photos, vidéos, matériel numérique, objets – qui témoignent de son histoire, comme de celle du travail et des mouvements sociaux. L’objectif est de transmettre la connaissance de sa propre histoire (en particulier auprès des militants) mais aussi de contribuer à l’historiographie, de la fin du xixe siècle à nos jours, période durant laquelle elle a été et reste un acteur majeur. C’est dans cet esprit que des militants aguerris siègent avec des universitaires spécialistes du mouvement social au sein de son conseil scientifique, et que l’Ihs organise de nombreux séminaires et événements et publie un trimestriel, de même qu’il ouvre ses archives à la consultation des étudiants, doctorants, chercheurs, journalistes, documentaristes venus du monde entier. Cette masse documentaire est versée au patrimoine commun et continue d’être nourrie du temps présent, afin de documenter les futurs travaux. Les sujets ne manquent pas: mutations technologiques, travail en temps de Covid, numérique et télétravail, droits des femmes, racisme et discriminations en tous genres au travail, émergence de nouvelles revendications (droits, de refus, droit d’alerte). Là encore, de quoi travailler pendant longtemps! V. G.

* Prochains événements au siège confédéral, à Montreuil : le 16 novembre, conférence sur « Sortir de la crise, le syndicalisme à l’épreuve de la seconde guerre mondiale » ; le 23 novembre, 4e Salon du livre d’histoire sociale. À retrouver sur www.ihs.cgt.fr

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