Le projet AgroEcoPôle du domaine de Mirabeau : un laboratoire multi-acteurs de la transition agroécologique FLORA PELISSIER
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Vidéo de présentation
MOTS-CLÉS : TRANSITION AGROÉCOLOGIQUE, BIODIVERSITÉ, POLITIQUE ALIMENTAIRE, GOUVERNANCE, COLLECTIF
xtinction des espèces animales et végétales, changement climatique, pandémies… autant de menaces et de fléaux qui pèsent aujourd’hui sur nos écosystèmes. Selon la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), l’usage des terres pratiqué par l’agriculture conventionnelle est l’un des principaux moteurs de l’érosion de la biodiversité (IPBES, 2019). L’artificialisation des sols joue également un rôle important dans la perturbation des écosystèmes. En parallèle, on assiste à une perte de souveraineté alimentaire, une distanciation entre les consommateurs et les lieux de production agricole. Comment reconnecter l’agriculture à la biodiversité ? Comment permettre de créer des systèmes alimentaires résilients ? Confrontées à l’ensemble de ces enjeux, les collectivités territoriales se réapproprient la question agricole et alimentaire. Depuis une dizaine d’années, l’agroécologie est devenue un nouveau levier d’action politique à l’échelle des territoires. C’est en faisant le pari de reconquérir la biodiversité au moyen de l’agroécologie que le projet AgroEcoPôle du domaine de Mirabeau, situé sur la commune de Fabrègues au sudouest de Montpellier, a vu le jour. Que prévoit exactement ce projet ? En quoi est-il innovant ? Comment s’organise sa gouvernance et en particulier celle des actifs agricoles du domaine ? Comment ce projet peut-il permettre d’amorcer une dynamique de transition agroécologique ?
PRÉSENTATION DU PROJET Historique et contexte
Situé dans la plaine ouest de Montpellier, entre le massif de la Gardiole et les collines de la Moure, deux réservoirs de biodiversité, le domaine de Mirabeau (Figure 1) était traditionnellement exploité en polyculture-élevage au XIXe siècle. Au moment de l’industrialisation de l’agriculture après la seconde guerre mondiale, le domaine a été investi par une exploitation intensive en viticulture qui a fini par être abandonnée. Dans les années 2000, un projet d’enfouissement des déchets proposé par l’Agglomération de Montpellier a été stoppé grâce à la mobilisation d’un collectif de citoyens, « les Gardiens de la Gardiole », et de la commune de Fabrègues qui souhaitaient préserver le site dans son environnement naturel. Après l’acquisition du domaine de Mirabeau (Figure 2) par la commune en 2014, cette dernière s’est alliée au conservatoire des espaces naturels (CEN), avec lequel elle avait tissé un partenariat privilégié pour la mise en place de mesures compensatoires. En 2017, le projet AgroEcoPôle a été lauréat d’un appel à projets de « sites pilotes pour la reconquête de la biodiversité » prévu par le programme d’investissements d’avenir de l’Agence de la transition écologique (ADEME). L’obtention d’un financement à hauteur de trois millions d’euros a permis de poser les premiers jalons du projet en sécurisant sa réalisation sur le plan financier. Le projet a en outre bénéficié du soutien financier de la Région Occitanie, du conseil départemental de l’Hérault et de la Métropole
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