2012 - André Torre, comment nourrir Paris ?

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Comment nourrir Paris? Sources, flux et limites de l’alimentation de la métropole André TORRE Markéta BRAINE - SUPKOVA INRA - Agroparistech Nourrir les villes… et développer les campagnes : pour une alimentation durable et responsable Paris, 13 décembre 2012


Ile-de-France •  Première région industrielle de France •  Largement première en matière de RD et d’innovation •  12 Millions d’habitants (1ère agglomération France et deuxième Europe) •  19% de la population nationale •  2,2% du territoire national •  Paris Ville Capitale •  Concentration d’administrations et d’institutions


Une région agricole 51% de la surface pour l’agriculture (60% céréales)

Diagnostic du PRAD, 2011


Une région agricole •  L’agriculture francilienne: un demi-million d’hectares (48,1% de la superficie régionale), dont 58% pour la Seine-et-Marne •  24% d’espaces forestiers •  51% d’espaces agricoles, qui couvrent environ 2% de la surface agricole utile (SAU) nationale (569 000 ha en culture en 2010) •  Artificialisation forte, réalisée avant tout aux dépends des espaces cultivés ou en herbe : baisse de 2,4% de la SAU entre 2000 et 2010 (soit 1 300 hectares/an).


Spécificités de la population •  Majoritairement urbaine: temps de transport relativement longs •  Plus jeune et plus instruite que la moyenne nationale •  Plus active et plus mobile à l’intérieur comme à l’extérieur du territoire (professionnel et loisirs) •  Hétérogène, cosmopolite, multiculturelle •  Plus de personnes seules •  Disparités importantes de pouvoir d’achat


Spécificités de la population •  Ces facteurs génèrent des comportements très diversifiés en matière de consommation alimentaire obligations d’approvisionnement diversifié pour répondre à cette demande •  Poids de l’alimentation plus faible dans les budgets des ménages franciliens: 15,8% contre 17,6% (France) GMS GMS

Magasin Bio Banques alimentaires

AMAP AMAP


Une grande rĂŠgion agricole et alimentaire


Le système alimentaire francilien •  Agriculture + IAA + distribution •  + 83 000 établissements, •  447 000 emplois •  10% PIB régional •  Principal centre français de consommation alimentaire •  Première région agroalimentaire en termes de valeur ajoutée (3,5 milliards en 2008, soit 11% de la VA nationale)

Plus de 80% des établissements et emplois commerce de détail (boulangers, pâtissiers, charcutiers...), GMS, activités de restauration et traiteurs = grande variété des circuits de commercialisation et lieux de consommation finale

Agriculteurs et industrie agro-alimentaire sous représentés (moins de 9000 emplois)


Un potentiel de production locale sous – exploité ? L’Ile-de-France importe plus qu'elle n'exporte • Echanges déficitaires pour les produits agricoles (- 1309 M Euros) et les industries agroalimentaires (- 3 797 M Euros) (Min. budget, 2008) • Grandes cultures: dominantes, 93% de la Surface Agricole Utile (SAU) • Maraichage, arboriculture et horticulture : seulement 1% de la SAU MAIS 15% du Produit Brut Standard (PBS) : poids Economique fort • Bio: loin des objectifs du Grenelle = 172 exploitants (0,8 % des 20 604 agriculteurs bio de métropole)

Source : DRIAAF d’Ile-de-France / Premiers résultats du recensement agricole 2010


Les circuits de distribution •  Grande distribution : circuit de commercialisation majeur –  7 M. m2 de GMS (<300m2 surface de vente), dont 36,6% magasins alimentaires (LSA, 2010) –  GMS distribuent 62% des fruits et légumes (reste fourni par détaillants 21%, restauration hors foyer 13%, directement par les producteurs 4%) –  Rapport difficile entre grande distribution et petits producteurs (volumes, prix, logistique de livraison)

•  700 marchés de plein air (commerce non sédentaire) (Rapport Toulallan, 2012)

•  Circuits courts :15% des exploitations (21% au niveau national) –  Vente à la ferme (49%) –  Vente sur marché (27%) –  Points de vente collective ou en panier (AMAP) restent marginaux (5%)


L’importance du MIN de Rungis Rôle essentiel dans le ravitaillement de l'IDF • premier marché de produits frais au monde (1204 entreprises sur le Marché en 2010) • CA 2010 = 7,8 milliards d'euros • Population desservie = 18 millions de consommateurs • 1 429 740 tonnes de produits alimentaires transitant par le MIN en 2009 • 56% = fruits et légumes/ 21% = produits carnés/ 12% = produits de la mer et d'eau douce/ 11% = produits laitiers avicoles, traiteurs et l'alimentation générale

Les produits qui transitent par le MIN alimentent Ile-de-France (65%); Reste de la France (25%); Export (10%) Sources : Rungis, 2010

Les produits du MIN sont destinés: Commerce de détail (50%); Restauration hors foyer (35%); GMS (15%) Carreau des producteurs – 70 agriculteurs IDF - pour marché local et international (UK notamment)



Développer le potentiel régional La production alimentaire d'IDF ne peut suffire à nourrir les franciliens, ni en quantité ni en diversité de produits Mais multiples avantages à la relocalisation du système alimentaire et à la préservation des territoires agricoles à proximité de Paris : • Traçabilité/ diversification/ paysage/ multifonctionnalité du territoire / savoir-faire / variétés locales / emplois locaux / réponse aux attentes des consommateurs • Réduction des gaz à effet de serre / création des modes de production et des circuits de distribution plus durables Maintenir et développer le potentiel régional de productions agricoles est indispensable pour répondre au défi alimentaire en IDF



Mais quid de la localisation des activitĂŠs de production agricole?


Contexte: La perte d’influence de l’agriculture (France) •  3,4 % de la population active totale (8 % en 1980) •  3,5 % du PIB •  Diminution rapide du nombre d’exploitations •  Agriculture = 58% du territoire métropolitain (forêts: 28%) •  Rapide artificialisation des sols –  54 000 ha/an (1982–1992) et 86 000 ha/an actuellement (2010) –  1 Département tous les 7 ans –  Les espaces artificialisés occupent 9,4 % du territoire national (5,1 millions ha) en 2012


Contexte: La diminution de la part des sols agricoles (France)


Conflits d’usage du foncier agricole (IDF) Lutte contre l'extension de la ville Une forte partie des situations conflictuelles concerne la lutte contre l’extension de la ville et de ses infrastructures au détriment de l’agriculture ou des terres agricoles Luttes contre la disparition du foncier agricole : 49 % du contentieux

Urbanisa(on

Contestations de la protection des terres agricoles Mais un mouvement contraire se développe significativement en parallèle: résistance contre la protection du foncier agricole Luttes contre la protection règlementaire du foncier agricole : 34 % du contentieux


Les acteurs en opposition (Ile-de-France) Etat (Préfet, DDE…)

15%*

Région, Dépt., Interco

Acteurs contestés

2% 10%

Acteurs protestataires

11%

22%

Communes (maires)

41%

Asso. généralistes, dép.

3% 11%

Asso. locales

3% 11%

Acteurs productifs (entreprises, exploitants) Résidents

33% 16% 13%

8%

Nombre d’acteurs recensés

Les pourcentages sont rela(fs à la propor(on de chaque type d’acteurs parmi l’ensemble des acteurs à l’origine de la requête ou visé par la requête


Conflits d’usage du foncier agricole Les schémas d’opposition à l’échelle locale AP : Autorités Publiques

Profils des requérants (contestataires) AP Nationales

Profils des défendeurs

AP Nationales AP locales

4

AP locales

Associations

4

7

6

11

1

15

9

48

1

Associations Entreprises Particuliers

Entreprises Particuliers

Luttes contre la perte de foncier agricole

1 Luttes contre la protection 1 du foncier agricole


La montée du périurbain Les acteurs locaux qui s’engagent pour contester certains développements urbains, ne s’appuient pas sur la réhabilita(on du modèle de la densité urbaine (hyperdensité centrale de l’aggloméra(on parisienne) mais affirment au contraire leur adhésion à une iden(té territoriale « périurbaine » originale Ex. du Plateau Briard : Conflit d’aménagement rou(er dans les années 1980

Ex. de Vernouillet : Mul(plica(on des conflits fonciers contre le mitage des espaces agricoles


Un soutien ambigu à la préservation des terres agricoles Le rejet de l’étalement urbain ne nourrit pas une dynamique locale de sou(en à l’ac(vité agricole : il s’agit avant tout de sauvegarder des paysages ou des milieux écologiques…


Conclusions Â


Conclusions •  La production alimentaire d'IDF ne peut suffire à nourrir les franciliens: ni en quantité ni en diversité de produits •  Augmenter la part de la production locale pour satisfaire la demande alimentaire des franciliens a tout son sens aujourd'hui •  Traçabilité/ diversification/ paysage/ multifonctionnalité du territoire / savoir-faire / variétés locales / emplois locaux / réponse aux attentes des consommateurs •  Mais quelle disponibilité des terres? •  Attention: dimensions paysagères et environnementales de l’agriculture très en avant dans les attentes des populations •  Réduction des gaz à effet de serre /résilience des territoires/biodiversité/cadre de vie....


Merci de votre aUen(on!


L’ac(vité agricole est également contestée Les ac(vités et construc(ons agricoles et agro-­‐alimentaires font aussi parfois l’objet de vives opposi(ons


Les grandes catégories 60% de conflits préven2fs 72% des conflits liés l’émission de pollu2ons ou à la consomma2on de foncier par la ville, qui nuit à la qualité de vie des résidents et entrave le développement des exploita(ons agricoles. 27% des conflits liés à la dégrada2on des paysages ruraux par l’implanta(on de nouvelles structures urbaines au cœur de zones agricoles. 16% des conflits liés à l’émission de nuisances agricoles.


Source: CERVIA, 2012


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