Les alimentations particulières Mohamed Merdji 29 janvier 2016
Particularismes français 1. Attachement à la commensalité : - Le modèle du repas partagé est encore très prégnant aujourd’hui - Le phénomène d’individualisation alimentaire est très minoritaire
- Cause : pression normative de la culture de la commensalité - Illustration : - alimentation des allergiques - le souci majeur : manger avec les autres
Particularismes français 2. Rejet de la médicalisation alimentaire : - Préférence très marquée pour les aliments Vs les nutriments - Ce qui importe : origine et le MdP des aliments Vs qualité nutritionnelle - Y compris quand on doit faire un arbitrage en faveur de la santé - Illustration: un protocole d’économie expérimentale : - test de 3 menus servis en collectivité - menus : “santé” , “environnement”, “filière” - choix et prix à payer
Manoe : allergie et commensalité - Croyances & alimentation des allergiques - Un échantillon de plus de 300 personnes - entretiens individuels : “faux allergiques” - entretiens : parents d’enfants polyallergiques
- questionnaire ( 200 familles d’enfants polyallergiques)
Le problème : il (elle) ne peut pas manger… 1. Avec
2. Comme
3. Alim. Trad.
1. Manger avec les autres 2. Manger comme les autres 3. Manger les aliments « traditionnels » : le pain et le fromage
Source : M. Merdji & G. Debucquet, enquête réalisée en 2012 dans le cadre du projet MANOE et en association avec l’AFPRAL auprès d’un échantillon de 204 parents d’enfants allergiques.
Risque médical & risque social « C’est pas possible de pas pouvoir manger comme les autres ! Je peux pas comprendre qu’on soit allergique à une bonne baguette de tradition française ; à la baguette industrielle oui mais pas celle-là… » « je me suis fâchée avec ma belle-mère qui ne comprend pas pourquoi K. ne peut pas manger de gâteau au chocolat (anniversaire). Je lui ai expliqué dix fois ! Elle ne comprend toujours pas …. ». « On fait le Mac Do de temps en temps, mais je fais le hamburger de mon fils à la maison et je l’emmène là bas. Comme ça il peut le manger avec ses copains et il a l’impression de manger au Mac Do. On essaye vraiment de faire en sorte qu’il ait une vie normale »
Source : M. Merdji & G. Debucquet, enquête réalisée en 2012 dans le cadre du projet MANOE et en association avec l’AFPRAL auprès d’un échantillon de 204 parents d’enfants allergiques.
Risque médical & risque social Risque médical Classe 1 (36%)
• Danger (40), Urticaire (20), oedeme (26), eczema (20), asthme (14), choc anaphylactique (17), arachide (8), risque (13), Quincke (9), urgent (10), traitement (7), hopital (6), trousse (5), vomir (4)
Risque social Classe 2 (49%)
• Différence (16), exlusion (15), handicap (9), incomprehension (13), privation (16), souffrance (12), angoisse (18), stress (7), restriction (19), frustration (12), manque (8), contrainte (28)
Information Classe 3 (15%)
• Galère (19), étiquette (9), attentif (7), vigilant (13), information (4), compliqué (4),
Source : M. Merdji & G. Debucquet, enquête réalisée en 2012 dans le cadre du projet MANOE et en association avec l’AFPRAL auprès d’un échantillon de 204 parents d’enfants allergiques.
Causes des allergies 4,30
Produits industriels
4,10
Substances chimiques
4,00
Pollution / Stress
2,80
Gluten
2,70
Viande
2,60
Lait de vache
Source : M. Merdji & G. Debucquet, enquête réalisée en 2012 dans le cadre du projet MANOE et en association avec l’AFPRAL auprès d’un échantillon de 204 parents d’enfants allergiques.
ANR-ALID : Volet consommateurs Expérimentation : test de trois menus-types - Chaque menu : entrée, plat et dessert - Servis dans un restaurant d’entreprise
- En même temps que l’offre habituelle - Durée : deux semaines - Panel diversifié de 200 convives
- Collecte exhaustive des données plateaux (avant et pendant)
Menu « bon pour la santé » Chaque jour de cette semaine, votre restaurant vous propose un menu élaboré selon les recommandations du
Ce menu vous apporte 40 % des apports nutritionnels conseillés par jour (calories, protéines, lipides, glucides, vitamines et minéraux)
Menu « bon pour la santé» - Le discours nutritionnel est très mal compris parce qu’il est trop abstrait et trop normatif
- Cette normativité génère de la culpabilité et du rejet
Le menu « santé » : fadeur, stress et culpabilité « Un repas équilibré, c’est aussi un repas qui doit avoir du goût, c’est un repas qui doit être bon, celui là pour moi il est plus fade » « J’aime pas parce que c’est moralisateur, on sait tous ce qu’on doit manger pour être bien.… »
« Les 40%, ça fait presque peur […] Tu sais que si à midi, t’es déjà à 40%, alors il te reste plus que 60%... Et après il y a encore le goûter, le dîner … » « On se sent coupable, c’est stressant … et quand on est stressé, on mange plus, on assimile moins bien les aliments alors que quand on se fait des plaisirs de temps en temps, ça se régule tout seul »
ANR – ALID Mohamed Merdji
Le menu « santé » : fadeur, stress et culpabilité « C’est un menu bien équilibré, qui apporte tout ce qu’il faut à l’organisme. Mais pour la santé on sait finalement pas trop, c’est pas forcément des aliments de qualité [….] on ne sait pas d’où ils viennent, c’est peut être des produits importés de l’ étranger, dans lesquels il y a
des conservateurs ou des produits chimiques »
ANR – ALID Mohamed Merdji
Menu « produits de nos régions » Chaque jour de cette semaine, votre restaurant vous propose Un menu élaboré à partir de produits de nos régions
Des produits (viande, œufs, lait..) issus d’animaux nourris avec une alimentation traditionnelle : fourrages, graines de lin et de lupin naturellement riches en omégas.
Mr. Hunault éleveur, 44
Le menu « régions » : autre caractéristique - Chacune des ses composantes a été proposée en même temps que son équivalent « français standard» - Avec un surcoût de 10 % - Pour évaluer l’impact du label « régions » sur le prix à payer
L’image du producteur : solidarité, patrimoine « Pour moi payer un peu plus cher c’est pas un problème, si on veut manger des bons produits, il faut aider les producteurs, c’est de la solidarité de proximité » « Y a un sens citoyen, il faut défendre les emplois et soutenir les gens qui font les produits de chez nous, les produits qu’on aime bien »
ANR – ALID Mohamed Merdji
L’image du producteur : goût, santé, écologie « Quand je vois le producteur, je fais des déductions. Je me dis c’est une petite exploitation, […] il a un petit cheptel, il
prend bien soin de sa terre et de ses animaux. Les animaux sont bien nourris, leur viande est meilleure au goût, elle est meilleure aussi pour la santé »
ANR – ALID Mohamed Merdji
L’image du producteur : goût, santé, écologie « Moi je pense que le c’est le produit de la région qui est bon pour la planète plus que le truc du bilan [carbone] » « Moi je veux bien faire du bien pour la planète mais avec quel sens?… je préfère le « produit régional » plutôt que l’indice carbone. On met la
photo du gars, ça a plus de sens, c’est pas que l’environnement, c’est pas que l’économie, c’est pas que le social : c’est les trois » ANR – ALID Mohamed Merdji