Mesurer et expérimenter pour orienter et évaluer l'action
Nicolas Bricas1, Nicole Darmon2 et Olivier Lepiller1
1 Cirad, Montpellier
2 Inrae, Montpellier
Interdisciplinary center on Sustainable Agri food systems (MoISA)
Interdisciplinary center on Sustainable Agri-food systems (MoISA)
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Contributions concernées
• Objectiver le risque de précarité alimentaire à l’échelle communale et outiller les acteurs locaux : un diagnostic en Île-de-France : Marianne Bléhaut (Crédoc)
• Un indice basé sur des données en libre accès pour évaluer la vulnérabilité alimentaire à l'échelle communale : Justine Labarre et al. (Inst. Agro MPL - Chaire Unesco AdM ; Inrae - UMR Innovation ; Cirad – MoISA)
• La résilience alimentaire des outre-mer, réduire les inégalités et promouvoir la solidarité : état des lieux, comparaison et perspectives : Adèle Brial et al. (Univ. de La Réunion ; Univ. de Bordeaux ; Bordeaux-INP)
• Enjeux et limites d’une approche territoriale de lutte contre la précarité alimentaire en milieu rural : le cas de Saint-Flour Communauté : Mathilde Ferrand et al. (Université Lumière Lyon 2 LER ; Isara LER)
• Développement, mise en œuvre et évaluation d’une intervention de santé publique destinée à améliorer les pratiques alimentaires, les modes de vie et la croissance des enfants de 0 à 2 ans issus de familles en situation de vulnérabilité sociale : Sandrine Lioret et al. (Univ. Paris Cité, CRESS, Inserm, INRAE ; Programme MALIN ; CHU de Lille ; CH de Valenciennes ; Association Française de Pédiatrie Ambulatoire ; Société Française de Pédiatrie)
• Projet Passerelle : Contribuer à la réduction de la précarité par un dispositif pilote de transfert monétaire couplé à un accompagnement social relais : Action contre la Faim (ACF) ; Armée du Salut ; Inrae - MoISA
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Mesurer les facteurs de risque à défaut de mesurer la précarité alimentaire en elle-même
• Tentatives de dépasser la mesure de la précarité alimentaire par le seul comptage des bénéficiaires de l’aide alimentaire.
• Les statistiques disponibles permettent plus de mesurer des facteurs de risque de précarité alimentaire que la précarité elle-même.
• Ces facteurs sont alors approchés par une multitude d’indicateurs des caractéristiques des ménages et de l’offre en aide alimentaire.
• Or il existe des moyens d’une telle mesure plus directe mise en œuvre dans le cadre de projets circonscrits
• Fort enjeu de doter les appareils statistiques d’indicateurs plus directs de la précarité alimentaire
Contributions
Objectiver le risque de précarité alimentaire à l’échelle communale et outiller les acteurs locaux : un diagnostic en Île de France : Marianne Bléhaut (Crédoc)
Un indice basé sur des données en libre accès pour évaluer la vulnérabilité alimentaire à l'échelle communale : Justine Labarre et al. (Inst. Agro MPL Chaire Unesco AdM ; Inrae UMR Innovation ; Cirad – MoISA)
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Une batterie d’indicateurs de la résilience alimentaire des territoires ultra marins a été testée et permet de comparer ces territoires entre eux et avec la métropole.
• Des indicateurs portant sur la résilience des systèmes alimentaires dans les DROM (= leur capacité à encaisser les chocs sans mettre en péril leur capacité à assurer leurs objectifs de sécurité alimentaire et nutritionnelle)
• Un outil pensé au service de l’action publique (nationale et territoriale)
• Des situations diverses dans les DROM, mais des points communs: dépendance aux importations, héritage coloniaux (monocultures), taux de pauvreté très élevée (>50% de la population), triple fardeau nutritionnel...
• Une batterie d’indicateurs économiques, sociaux, de santé et environnementaux, standards (ex.: part du bio dans la SAU) ou spécifiques aux DROM (ex.: taux d’octroi de mer)
• Deux défis majeurs pour la résilience alimentaire dans les DROM:
• Réduire la pauvreté et les inégalités sociales face à l’alimentation, en actionnant de levier de la santé publique et de l’éducation nutritionnelle
• Réduire la dépendance aux importations
Contribution : La résilience alimentaire des outre mer, réduire les inégalités et promouvoir la solidarité : état des lieux, comparaison et perspectives : Adèle Brial et al. (Univ. de La Réunion ; Univ. de Bordeaux ; Bordeaux INP)
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Les difficultés de la prise en charge de la précarité alimentaire en milieu rural et sa prise en charge territorial innovante
• La précarité alimentaire en milieu rural et agricole est peu questionnée (difficulté de la penser dans un environnementproducteur)
• Une proximité à double tranchant: filet de sécurité, mais aussi frein à se déclarer vulnérable et à demander de l’aide
• Territoire de Saint-Flour Communauté (Cantal): population relativement âgée et aux revenus relativement bas, problèmesd’isolement, de mobilité et d’accès à une alimentation choisie (préférence les commerce de proximité et magasins spécialisés,mais un recours contraint à la GMS discount)
• La précarité alimentaire comme problème intersectoriel au sein du territoire: action sociale, cohésion sociale, aide alimentaire,santé, mobilité...
• Rôle des élus locaux et des secrétaires de mairie dans l’identification des besoins d’aide face à la précarité alimentaire
• Un Projet Alimentaire Territorial depuis 2019: un nouvel acteur dans l’articulation des enjeux et acteurs de précarité alimentaire?
• Volet social (accès à une alimentation de qualité pour tou.te.s, innover en matière d’aide alimentaire, créer du lien via l’alimentation et l’agriculture...)
• Volet santé (en lien avec l’ARS et acteurs de la santé) pour un environnement favorable à la santé incluant l’accès à l’alimentation
• Action de mise en réseau trans-sectoriel
• Au delà du prisme de la précarité alimentaire, quel traitement de la pauvreté et de la précarité dans des territoires ruraux auxcontraintes spatiales spécifiques?
Contribution : Enjeux et limites d’une approche territoriale de lutte contre la précarité alimentaire en milieu rural : le cas de Saint Flour Communauté : Mathilde Ferrand et al. (Université Lumière Lyon 2 LER ; Isara LER)
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Un programme de soutien nutri-économique ciblant les 1000 premiers jours de vie permet de progresser sur la question du non-recours aux actions de prévention
MALIN, démarche de prévention, basée sur l’universalisme proportionné (Croix-Rouge française)
* Accompagnement dès la grossesse jusqu’aux 2 ans de l’enfant, sur alimentation (allaitement, diversification), écrans, act. physique, sommeil
* Bons de réduction pour produits dédiés à l’alimentation infantile et familiale. Vente petit électroménager à coût réduit (3 fois/an)
* Niveau territorial, depuis 2012 : 150 structures (action sociale, santé, petite enfance), 4 territoires
* Niveau national, depuis 2021 : volet accompagnement pour tous les allocataires CAF, volet budgétaire selon Quotien Familial
Depuis 2012, plus de 100 000 enfants inscrits à MALIN
Evaluation de l’efficacité du programme (Inserm, deux sites d’investigation)
* Essai contrôlé randomisé, démarré en 2017. Groupe-intervention = programme MALIN (objectif n=350) ; Groupe-contrôle =soins courants (objectif n=350).
Contribution
Développement, mise en œuvre et évaluation d’une intervention de santé publique destinée à améliorer les pratiques alimentaires, les modes de vie et la croissance des enfants de 0 à 2 ans issus de familles en situation de vulnérabilité sociale :
Sandrine Lioret et al. (Univ. Paris Cité, CRESS, Inserm,
INRAE ; Programme MALIN ; CHU de Lille ; CH de Valenciennes ; Association
Française de Pédiatrie Ambulatoire ; Société Française de Pédiatrie)
* Evaluation : pratiques alimentaires (allaitement maternel et diversification alimentaire), la qualité globale de l’alimentation et les profils multi comportementaux de l’enfant à 12 et 24 mois, la croissance précoce, et le risque de surpoids à 24 mois.
* Participation. Sur 31,4% de femmes éligibles, 1 sur 4 a accepté de participer à l’étude. Elles sont plus en difficulté que celles qui ont refusé
* Analyse des raisons du refus de participer : au fil de l’eau, permet aux diététiciennes d’adapter ou de renforcer les éléments de langage au moment de l’information sur l’étude.
Conclusion
« L’expérience acquise permet de progresser sur les questions du repérage, de l’inclusion et du suivi de familles en situation de vulnérabilité sociale, ce qui est utile pour améliorer l’efficacité de toute action de santé publique visant les populations les plus à risque »
Une étude pilote d’évaluation d’un dispositif de transfert monétaire couplé à un accompagnement social suggère un impact favorable mais transitoire sur la sécurité alimentaire
PASSERELLE (Action Contre la Faim et Fondation de l’Armée du Salut)
* Transfert monétaire pas ou peu restreint : 63€/pers./mois pendant 4 mois
• Accompagnement social ciblant l’accès aux droits
Première évaluation du dispositif (convention de recherche avec INRAE)
* 200 ménages dans plusieurs quartiers prioritaires de Montreuil
* Suivi dans le temps : baseline (inclusion), midline (après la réception du 3e TM), enline (2 mois après la réception du 4e TM)
* Méthodes mixtes : quanti / quali
Résultats
* Impact positif - mais transitoire - sur la sécurité alimentaire et sur le bien-être
* Utilisation principale pour les dépenses alimentaires
* Transfert monétaire ne rime pas avec dépersonnalisation de l’aide
Perspectives
Mise en place d’une étude de plus grande ampleur multi sites avec un protocole permettant d’évaluer la causalité de l’impact
Contribution
Projet Passerelle : Contribuer à la réduction de la précarité par un dispositif pilote de transfert monétaire couplé à un accompagnement social relais : Action contre la Faim (ACF) ; Armée du Salut ; Inrae MoISA
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Points-clé de la synthèse
• Mesurer les facteurs de risque à défaut de mesurer la précarité alimentaire en elle-même
• Un programme de soutien nutri-économique ciblant les 1000 premiers jours de vie (programme Malin) permet de progresser sur la question du non-recours aux actions de prévention
• Une étude pilote d’évaluation d’un dispositif de transfert monétaire couplé à un accompagnement social (dispositif Passerelle) suggère un impact favorable mais transitoire sur la sécurité alimentaire des ménages
• Une batterie d’indicateurs de la résilience alimentaire des territoires ultra marins a été testé et permet de comparer ces territoires entre eux et avec la métropole. Ces indicateurs portent plus sur la résilience d’un territoire que de sa population.
• Les difficultés de la prise en charge de la précarité alimentaire en milieu rural
• Présupposé de l’absence de précarité en milieu rural et agricole
• Non recours à l’aide alimentaire du fait du manque d’anonymat
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• Quels enseignements pour l’action publique et associative?
Points-clé de la synthèse
• Des indicateurs qui permettent de spatialiser les efforts de l’action publique et associative dans la lutte contre la précarité/vulnérabilité alimentaire
• Des éléments tangibles sur la faisabilité et l’impact de différentes formes de transfert monétaire
• La recherche interventionnelle comme nouvelle forme de production de connaissance
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