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SOLIDARITÉ UKRAINE

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ÉVÈNEMENT

ÉVÈNEMENT

Depuis début avril, Olha et Alexandre Fetisov et leurs enfants Roman et Yiuliia sont hébergés temporairement au camping de Champigny. Ici dans un parc en Ukraine.

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Le 9 mai dernier, le maire Laurent JEANNE remet des pochettes scolaires aux enfants ukrainiens accueillis à l’école Jacques-Decour.

De Chernivtsi à Champ

«Merci à tous pour votre soutien!»Avec Olha, leurs deux enfants et leur grand-mère, Alexandre a été accueilli à cœurs ouverts à Champigny. Le récit émouvant de la famille FETISOV qui a trouvé solidarité et havre de paix.

PAR SANDRINE BECKER PHOTOS X.CAMBERVEL ET PHOTOS PERSONNELLES

«R oman, Roman!» Ce lundi 9 mai, jour de reprise, un jeune Campinois retrouve avec joie son ami Ukrainien, à l’élémentaire Jacques-Decour. Roman, 6 ans, a rejoint les rangs de l’école avant les vacances. Ce matin, le garçon est accueilli avec sa sœur, Yuliia, 8 ans, et 14 autres nouveaux petits arrivants et leurs familles, par le maire Laurent JEANNE et la communauté éducative. «Je suis présent ce matin, car il est important de bien accueillir les enfants, témoigne le maire. Ils ont été malmenés et nous devons leur offrir une chance de retrouver un semblant de vie normale.» Depuis avril dernier, 130 Ukrainiens, majo d’un hébergement d’urgence temporaire à Champigny. Parmi eux, la famille FETISOV. Avec leurs parents Ohla et Alexandre, 35 ans, et leur grand-mère Liudmyla, 57 ans, Roman et Yuliia ont reçu un bel élan de solidarité de la part des Campinois et de la ville1 .

«On a laissé derrière nous toute notre vie»

Il y a encore quatre mois, ils avaient une «belle vie» à Chernivtsi, le «petit Paris» de l’Ukraine, située au sud-ouest du pays, à 350km de Kiev. Olha et Alexandre, cadres commerciaux, partageaient avec leurs enfants des moments heureuxà la mer ou à la montagne, au foot ou lors de fêtes locales… Liudmyla, dentiste, vivait avec son mari et ses chiens, dans une jolie maison entourée d’un jardin de roses. Le 24 février, tandis que le couple est en escapade amoureuse à Paris, les premières bombes russes tombent sur l’Ukraine. Ils demandent alors à Liudmyla de fuir avec les enfants. «On a laissé derrière nous toute notre vie et on a marché 30 km pour passer la frontière roumaine, se souvient la grand-mère. Il neigeait, j’avais peur pour

igny

Durant leur périple, Roman et Yiuliia ont dormi avec d’autres petits réfugiés dans une école en Roumanie.

Zoom sur…

Hébergement, scolarisation : le rôle de la ville

Depuis le début du conflit russo-ukrainien, la ville s’est portée volontaire pour accueillir et soutenir les réfugiés. D’avril à fin juin, 157Ukrainiens (chiffre en date du 19 mai) bénéficient d’un hébergement d’urgence temporaire au Camping international de Champigny. «Nous avons orienté les services de l’État vers le camping après avoir contacté sa direction début mars, souligne le maire, Laurent JEANNE. Les familles profitent d’un bungalow tout équipé de 30 m2 et d’espaces extérieurs, permettant un accueil plus décent qu’une simple chambre d’hôtel». Les 9 et 16 mai derniers, une trentaine de petits Ukrainiens ont fait leur rentrée au sein des groupes scolaires Jacques-Decour, Irène-Joliot-Curie, Georges-Politzer et Marcel-Cachin. Répartis selon leur niveau, les enfants ont intégré le dispositif UPE2A* pour favoriser l’apprentissage du français. «Un ramassage scolaire a également été mis en place», précise le maire.

*Unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants.

mes petits-enfants. Mais les Roumains ont été très accueillants.» Olha part les chercher à et enfants entament un voyage de 2000 km en bus pendant deux jours, jusqu’à Paris. Depuis, la famille s’informe de la situation tant bien que mal via les réseaux sociaux. «Mon père, qui est resté sur place, accueille à la maison des réfugiés qui fuient les zones de combat. Toutes les nuits, les sirènes retentissent et les habitants se réfugient dans les abris.»

«Ma famille est enfin en sécurité»

Réunie, la famille emménage chez l’oncle Valeriy à Champigny. Ils dorment à cinq dans la salle à manger. Mais pour Alexandre, c’est un soulagement: sécurité.» Dans un premier temps, les enfants suivent des cours en ligne mais «c’était dif ». Ils font la connaissance d’Evelyne, une voisine jeune retraitée qui propose son aide. «J’ai rencontré cette charmante famille et je les ai adoptés. Aujourd’hui, je suis leur «baboussia2 ».» Pendant des semaines, la Campinoise lutte sans relâche, avec l’aide de la ville, pour faire valoir leurs droits de «déplacés», obtenir un hébergement d’urgence temporaire et faire scolariser les enfants. Le 4 avril, après des négociations avec la préfecture, la ville obtient une place. En parallèle, Roman et Yiuliia font leur rentrée à l’école Decour. «L’accueil des petits Campinois a été extraordinaire, et l’équipe éducative a tout mis en œuvre pour faciliter leur intégration», salue la volontaire. Roman a visité la Maison des arts plastiques, puis il a été à la patinoire… Des grands moments.» Aujourd’hui, Olha et Alexandre ont soif d’apprendre le français. «Il va falloir des années pour que l’Ukraine se reconstruise. Nous voulons nous intégrer, il faut penser à l’avenir de nos enfants, défend le papa. Nous n’oublierons jamais ce que Champigny a fait pour nous.»

« L’Ukraine pleure » dessinée par Yiuliia lors de son premier jour d’école à Champigny.

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