Revue de Presse 2012-2015
CARNET DESSINATEUR VISIONNAIRE, FRED DEUX TIRE SA RÉVÉRENCE P.5
LUNDI 14 SE P TE M BR E 2 015 JEAN-MARC BUSTAMANTE DÉVOILE SA STRATÉGIE POUR LES BEAUX-ARTS DE PARIS
ENTRETIEN
UN PARCOURS DES MONDES SOLIDE ET PLUS VARIÉ
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LA FOIRE DE JOHANNESBURG ATTIRE DES GALERIES TRÈS ENGAGÉES DANS LE SOUTIEN À LA CRÉATION EN AFRIQUE
ART CONTEMPORAIN
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LE PALAIS BULLES DE PIERRE CARDIN EST À VENDRE Lire page 5
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LE QUOTIDIEN DE L’ART | LUNDI 14 SEPT. 2015 NUMÉRO 898
PARCOURS DES MONDES – Quartier de Saint-Germaindes-Prés, Paris – Du 8 au 13 septembre
Débuts encourageants pour la première mouture du Salon international des arts asiatiques intégré au Parcours des mondes, qui maintient un niveau élevé et a démontré à nouveau son attractivité._Par Alexandre Crochet La pluie du week-end à Paris n’a pas facilité les affaires au Parcours des Mondes qui a fermé ses portes hier soir. Heureusement, pour une partie des exposants les transactions avaient démarré dès les premiers jours, ensoleillés. En fin de semaine, l’exposition du Bruxellois Adrian Schlag dédiée aux sculptures suintantes, un must aux yeux des collectionneurs, affichait de nombreux points rouges. Le tarif de ces pièces du Congo, du Nigeria, de Côte d’Ivoire ou du Mali – dont certaines rares sous cette forme – s’échelonnait d’environ 10 000 euros à plus de 200 000 euros. Beaucoup de marchands se disaient satisfaits, saluant le succès d’une manifestation qui fait toujours venir représentants des grands musées « LES BEAUX OBJETS européens ou américains et collectionneurs pointus. SE RARÉFIENT DE FAÇON Mais il était parfois ardu d’évaluer le nombre de pièces TROUBLANTE. IL EST exceptionnelles. « Les beaux objets se raréfient de façon DEVENU BIEN PLUS troublante. Il est devenu bien plus difficile qu’avant de DIFFICILE QU’AVANT trouver un grand objet qu’un client. Les gens qui en détiennent ne DE TROUVER UN GRAND OBJET QU’UN CLIENT ». veulent pas les vendre », déplorait le marchand Jacques Germain (JACQUES GERMAIN) (Montréal). Il faut aussi signaler l’absence remarquée d’Ana et Antonio Casanovas, de la galerie madrilène de Arte y Ritual. Bien des pièces exceptionnelles se vendent de toute façon en catimini avant même l’ouverture officielle du salon. « Les plus gros acheteurs n’ont pas envie que tout le monde ait vu l’objet de leur convoitise », résume un habitué. Enfin, certaines pépites exposées étaient-elles vraiment à vendre, ou juste « pour le show » ? Ainsi, la statue Luba suintante du maître de Warua trônant chez Bernard Dulon était d’après lui « vendue » et « restait en France ». Il avait acquis en mai dernier à New York chez Sotheby’s cette pièce qui ornait la couverture du catalogue de la vente, pour 3,6 millions de dollars. À ce niveau de prix, il l’a sans doute achetée pour un collectionneur qui a accepté de la prêter pour faire le buzz, pas encore nettoyée – à dessein ? – de l’épaisse couche de poussière qui a adhéré à la patine. Du côté des arts asiatiques, Christophe Hioco (Paris) se réjouit Fragments d’une de ventes « tout à fait correctes peinture sur coton pour une première édition, avec représentant un roi et des transactions en attente pour de des dignitaires, Asie centrale, grosses pièces ». « Si le Parcours des Ier-IIIe siècle avant Mondes est bien connu, ce lancement J.-C., 140 x 97 cm. Galerie Mehmet du parcours asiatique allait-il faire Hassan Asian Art, venir des visiteurs de qualité ? », Bangkok. © D. R.
Vue de l’exposition « Suintante » à la galerie Adrian Schlag-Tribal Art Classics (Bruxelles), où de nombreuses pièces ont été vendues. Photo : D. R.
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LE QUOTIDIEN DE L’ART | LUNDI 14 SEPT. 2015 NUMÉRO 898
s’interrogeait le marchand, ravi d’avoir vu les conservateurs d’un grand musée privé de Chicago, un autre de San Francisco, et le représentant d’un établissement de Singapour, « qui passait par Paris avant d’aller à l’Asian Week de New York ». Mehmet Hassan (Bangkok) a cédé une paire de fragments d’habits chinois pour plus de 200 000 euros et a reçu beaucoup d’intérêt pour des éléments d’une peinture indienne sur coton qui représenterait une scène du culte de Zoroastre, dont il demandait 1,2 million d’euros. Avec plusieurs ventes, dont une à un nouveau client américain, Marcel Nies (Anvers) confiait être ravi des débuts encourageants du parcours asiatique, idéal pour capter des amateurs « qui ne vont ni à Anvers où se trouve ma galerie, ni à Tefaf Maastricht où j’expose ». L’une des pièces les plus saisissantes parmi un ensemble de statues du L’ABSENCE PRÉVISIBLE Tibet et d’Inde était un bouddha ascétique DES CHINOIS tardif mais spectaculaire, en bronze doré. A CERTAINEMENT L’absence prévisible des Chinois – qui étaient INFLUENCÉ nombreux à Paris en juin pour les sessions LA SÉLECTION de ventes aux enchères – a certainement DE MARCHANDS influencé la sélection de marchands DÉFENDANT défendant surtout l’Inde, le Tibet ou le Japon, SURTOUT L’INDE, LE TIBET OU LE JAPON plutôt que l’Empire du Milieu. Pour Christian Deydier, éminent spécialiste des bronzes chinois qui a « refusé de faire ce qui est pour [lui] un salon d’arts premiers », il manque toutefois des poids lourds de Londres ou de New York, accaparés par l’Asian Week qui débute aujourd’hui à Manhattan. SUITE DE LA PAGE 12
UN PARC O U R S DES MO N D E S SOLI D E ET PLUS VA R I É
http://www.parcours-des-mondes.com Mahavira Jina, Inde, XIIe siècle, sculpture jaïn en alliage de cuivre doré, H. 49,5 cm. Galerie Marcel Nies, Anvers.
POINT DE VUE
POUR CHARLES-WESLEY HOURDÉ, « LE PARCOURS DES MONDES EST DEVENU UN BLOCKBUSTER »
Le spécialiste en art tribal Charles-Wesley Hourdé. Photo : Alexandre Crochet.
Le spécialiste en arts premiers Charles-Wesley Hourdé a quitté Christie’s cet été après plusieurs années formatrices au sein de la maison de ventes parisienne (Christie’s l’a remplacé par un consultant, Stanislas Gokelaere). Il se tourne désormais vers le conseil et le courtage. Lors de cette édition du Parcours des mondes, il a constaté que « beaucoup d’enchérisseurs qui ne faisaient pas le déplacement en salle des ventes [chez Christie’s] sont venus voir le Parcours, parfois de loin, comme ce grand collectionneur australien, restant à Paris parfois plusieurs jours ». Les expositions thématiques [35 !] contribuent à attirer ces gros collectionneurs, mais « comme le but des marchands est de figurer sur la liste des expositions, du coup, tout le monde ou presque en présente une, quitte à réunir artificiellement des objets sous un intitulé passe-partout ». Toutefois, « nombre de propositions étaient de grande qualité, à l’instar des pièces de Bernard Dulon, même en dehors du Luba, ou des ivoires esquimaux chez Donald Ellis [New York]. Par ailleurs, Bruce Frank [New York] a fait preuve d’originalité en montrant des terres cuites de Nouvelle-Guinée issues de la célèbre collection John Friede, un domaine méconnu et peu commercial, tout comme David Serra (Barcelone) qui présentait des bronzes Lhoro, un sujet inhabituel ». Rançon du succès, observe Charles-Wesley Hourdé, « avec le temps, le Parcours est devenu un blockbuster. Pour louer une galerie bien située, les prix ont grimpé, une pression accrue avec l’arrivée des exposants asiatiques ».
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LES ARTS PREMIERS PRENNENT LE LARGE AUX ENCHÈRES
PARIS
JEFF KOONS AU CENTRE POMPIDOU VU PAR XAVIER VEILHAN
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DES MILLIERS D’OBJETS D’ARTS ASIATIQUES À L’ENCAN À PARIS
VENTES PUBLIQUES
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ART TRIBAL — Paris — 10-11 décembre
Les arts premiers prennent le large De l’île de Pâques au Cameroun, les ventes d’art tribal misent à Paris sur des pièces rares, insolites ou spectaculaires_Par Alexandre Crochet
SOTHEBY’S : COLLECTION ALEXIS BONEW : 34 LOTS ESTIMATION : 1,2 À 1,7 MILLION D’EUROS VENTE GÉNÉRALE : 71 LOTS ESTIMATION : 2,5 À 3,5 MILLIONS D’EUROS
Deux collections très différentes se partagent la vedette cette semaine lors des ventes parisiennes d’art tribal. Sotheby’s, mercredi, disperse celle d’Alexis Bonew (1940-2013), centrée sur les arts du Congo. Né à Bruxelles d’un père russe et d’une mère allemande, cet homme discret qui a conseillé le comte Jean-Jacques de Launoit dans ses acquisitions majeures, a réuni ces pièces dans les années 1970 et « les a gardées dans le secret depuis », commente Marguerite de Sabran, directrice du département chez Sotheby’s. Plusieurs œuvres ont participé à « Kongo-Kunst », « exposition révolutionnaire organisée par Frans Olbrechts à Anvers en 1937-1938, où il a commencé à parler de styles et de mains de maîtres pour l’art africain », précise Marguerite de Sabran. En tête vient une statue nkonde, Kongo (est. 600 000-800 000 euros), acquise par le père du taxidermiste anversois Jos Walscharts avant la Première Guerre mondiale. À noter également une statue nkisi Songye (est. 180 000-250 000 euros) aux attributs encore conservés, collectée au début du XXe siècle, et enfin un mortier à chanvre Luluwa (est. 60 000-80 000 euros). Parmi les pièces Lega ouvrant la vente figure un masque muminia en bois, trouvé avant 1927, et « dont on ne connaît que deux autres exemplaires, l’un au musée de Tervuren à Bruxelles, l’autre dans une collection belge », selon la spécialiste. Dans la vente générale qui suit, l’art africain classique est à l’honneur à travers notamment un masque d’épaule nimba, Baga, de Guinée, au nez proéminent (est. 300 000-400 000 euros), un type de pièce qui a inspiré Picasso. Deux œuvres provenant de l’île de Pâques sortent toutefois du lot. Il s’agit d’un Rapa (est. 300 000-400 000 euros), « palette de danse » sculptée rarissime sur le marché, « d’une qualité prodigieuse » selon Marguerite de Sabran, et d’un pectoral en bois sculpté de deux visages (est. 200 000300 000 euros). Le même jour que Sotheby’s, Artcurial propose une petite vente comprenant un ensemble de cuillers sculptées d’Afrique noire, acquises avant 1964 et issues de la collection Liuba et Ernesto Wolf. Sortie de cette collection, la
100 000 à 150 000 euros Masque Gouro, Maître de Bouaflé, Côte d’Ivoire, H. 40 cm. Artcurial, le 10 décembre. Photo : Hughes Dubois.
600 000 à 800 000 euros Fétiche à clous nkonde, Kongo, République Démocratique du Congo, bois, pigments, fers, miroirs, terre, H. 76 cm. Sotheby’s, le 10 décembre. © Sotheby’s.
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VENTES PUBLIQUES
vacation comprend une pipe à eau royale Luba du Congo (est. 100 000-120 000 euros) et un masque Gouro de Côte d’Ivoire par le maître de Bouaflé (est. 100 000-150 000 euros). Jeudi, Christie’s mise surtout sur une collection anonyme dont se sépare « un amateur français âgé d’une quarantaine d’années, qui a rassemblé cet ensemble sur un temps assez court, environ dix ans », confie Charles-Wesley Hourdé, directeur des ventes. « Malgré un marché où les très belles pièces se font rares, il a pu acquérir des œuvres de haut niveau du Cameroun, du Congo, des objets miniature... », commente le spécialiste. Cet ensemble compte aussi une statuette Bembe du Congo (est. 100 000-150 000 euros) qui a appartenu aux Stanoff, « couple de collectionneurs américains connus pour leur œil pour les « monumental miniatures », ces objets de petite tailles mais grandes en qualité », précise Charles-Wesley Hourdé. Au menu également une imposante statue Songye du Congo de plus d’un mètre de haut (est. 300 000500 000 euros) ou encore un masque kanak de Nouvelle-Calédonie à l’effrayant nez crochu (est. 100 000-150 000 euros). Très expressives, bien des pièces justifient le libellé - « force et présence » - donné à la collection par Christie’s. Reste à savoir quel sera l’accueil du public devant des objets pas forcément frais sur le marché, mais proposés à « des estimations en dessous des prix d’acquisition ». Moins impressionnante, la vente générale de l’auctioneer se distingue par un ensemble d’objets en ivoire magnifiquement sculptés, dont un oliphant (cor de chasse) comportant un écu (est. 100 000-150 000 euros) et un pulvérin (poire à poudre) (est. 2 000-30 000 euros). Ces deux pièces de Sierra Leone, faites sur commande par les Africains pour les Portugais, remontent à la Renaissance. Ce type d’objets était fort prisé des Médicis. Ceux proposés par Christie’s ne sont visiblement jamais passés aux enchères.
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SOT HEB Y’ S ART CU R I A L CHRIS TI E ’ S
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Sotheby’s, le 10 décembre à 16 h, www.sothebys.com Artcurial, le 10 décembre à 16 h, www.artcurial.com Christie’s, le 11 décembre à 16 h, www.christies.com
300 000 à 500 000 euros
ARTCURIAL : 239 LOTS DONT LA COLLECTION WOLF ESTIMATION : 812 900 À 1,1 MILLION D’EUROS
CHRISTIE’S : COLLECTION « FORCE ET PRÉSENCE », 67 LOTS ESTIMATION : 2,5 À 4 MILLIONS D’EUROS VENTE GÉNÉRALE : 77 LOTS ESTIMATION : 1,4 À 2 MILLION D’EUROS
Statue Songye, République démocratique du Congo, H. 112 cm. Christie’s, le 11 décembre. © Christie’s.
Le Quotidien de l’Art
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« Tout n’est pas de l’art, mais tout relève du design »
LES VENTES DU JOUR LE CAMEROUN, VEDETTE DES VENTES D’ART TRIBAL
ENTRETIEN AVEC RODMAN PRIMACK, DIRECTEUR EXÉCUTIF DE DESIGN MIAMI/ P. R. Vous êtes tout juste arrivé à la tête de la foire Design Miami/.UIF!BSU!EBJMZ!!!!!OFXT Quelles sont vos priorités pour la manifestation ? R. P. Je n’occupe ce poste que depuis quelques mois, alors évidemment c’est en devenir. Je ne suis réellement arrivé qu’en février et j’ai travaillé un mois avec Marianne Goebl [l’ancienne directrice de la foire] avant de vraiment prendre la direction en mars. Je connais très bien le marché du design et la foire, parce que j’y ai été exposant. J’ai déjà des idées concernant son avenir. Elle doit grandir, mais pas nécessairement au niveau de sa taille. Je ne pense pas que le marché soit si important et fort dans le domaine du design. On peut grandir de manières très différentes. J’aimerais voir à la foire certaines galeries bien précises parce que je voudrais qu’elle couvre l’ensemble du XXe siècle et bien sûr aussi le XXIe siècle. La présence de l’Art déco pourrait être renforcée. Je voudrais convaincre certains marchands de venir y exposer, que le public puisse avoir l’impression d’être dans un musée, avec un ensemble représentatif du XXe siècle et de découvrir aussi des pièces du XIXe siècle, pour montrer les parallèles. Il est important que Design Miami/ soit présent tout au long de l’année, et pas seulement en juin et en décembre, pour Bâle et Miami. L’événement lui-même nécessite tellement d’énergie pour fonctionner que le moteur devrait continuer grâce à l’énergie emmagasinée. Nous devrions trouver des débouchées pour que nos galeries soient mises en contact avec des collectionneurs en dehors de la foire. Notre challenge est de faire venir des gens qui ne savent même pas que Design Miami/ existe. P. R. Les deux foires, à Miami et Bâle, sont très différentes. R. P. Nous nous adressons à des marchés très différents mais nous avons des collectionneurs en commun. Il y a très peu de collectionneurs spécifiques de Design Miami qui achètent aussi à Bâle. Mais, 80 % SUITE PAGE 2
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SOMMAIRE EXCLUSIF_ page 4 UN TÉMOIGNAGE MAJEUR DE L’ORFÈVRERIE FRANÇAISE ENTRE AU LOUVRE GRÂCE À UNE VENTE PRIVÉE DE SOTHEBY’S * LIVRE_ page 12
L’ART EST-IL UN BON INVESTISSEMENT ?
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LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 624 / LUNDI 16 JUIN 2014
VENTES D’ART TRIBAL -- DU MARDI 17 AU JEUDI 19 JUIN
Le Cameroun, vedette des ventes d’art tribal PAR ALEXANDRE CROCHET Mercredi dernier à Drouot, sous pour évoquer la tension entre l’humain le feu d’au moins cinq enchérisseurs, et l’animal. un masque de danse Gouro (Côte Chez Christie’s, jeudi, la vente d’Ivoire) a décuplé son estimation (de comprend 112 lots (est. 2,3 à 3,4 millions 100 000 à 150 000 euros) pour atteindre d’euros). C’est à nouveau le Cameroun 1,4 million d’euros. Ce gros résultat de la qui est à l’honneur puisque la pièce maison Tajan en laisse augurer d’autres maîtresse de la session est un singe Fang cette semaine. Un acteur assoupi dans Bulu d’aspect naturaliste (est. 80 000cette spécialité revient dans l’arène : 120 000 euros). Seule une dizaine Artcurial. L’arrivée du jeune marchand d’exemplaires est connue à ce jour. « Peu Lucas Ratton comme consultant a relancé de singes Fang en circulation sont anciens. cette spécialité au sein de la maison. Pour celui-ci, le pedigree remonte aux Une vente est programmée demain, années 1920 », précise Charles-Wesley estimée 601 600 euros pour 181 lots. Hourdé, directeur des ventes d’art tribal Elle inclut une statue Fang de Guinée chez Christie’s Paris. Cette même vente Équatoriale (est. 60 000-80 000 euros), inclut, une fois n’est pas coutume, un un masque Punu du Gabon (est. 40 000ensemble de pièces d’Amérique du Nord 55 000 euros) et une maternité Gouro de de la collection Faith-dorian Wright, Côte d’Ivoire (est. 25 000-30 000 euros). dont une spectaculaire sculpture frontale Mercredi, la vente de Sotheby’s peinte Tlingit (est. 50 000-80 000 euros) s’annonce importante (77 lots, est. de u t i l i s é e c o m m e é l é m e n t d e c o i f fe 5 à 7 millions d’euros). « Nous avons été Statue Bamiléké, royaume des Bangwa cérémonielle. Un catalogue spécifique est orientaux ou de Batoufam, Cameroun, très exigeants pour bien entourer le clou de réservé à la collection Rudolf et Léonore H. 81 cm. Estimée 350 000la vacation », indique la responsable du Blum, Suisses épris d’art dont Christie’s 500 000 euros. © Sotheby’s. département d’art tribal, Marguerite de vend par ailleurs ce mois-ci à Londres Sabran. Celui-ci est une statue Fang Mabea des toiles de Kandinsky, Nicolas de Staël e du début du XIX siècle, qui bénéficie d’une estimation ou Piet Mondrian. Cet ensemble de 63 lots estimé de 1,9 qui peut paraître élevée, de 2,5 à 3,5 millions d’euros. à 2,9 millions d’euros comprend une maternité Senoufo Provenant d’une collection américaine, la famille de Robert (Côte d’Ivoire) estimée 200 000-300 000 euros et un T. Wall, cette sculpture du Cameroun est importée. Elle a appui-tête Luba Shankadi (Congo), réalisé par le maître dit choisi de la présenter à Paris pour son rôle capital dans « de la coiffure en cascade » (même estimation). Charlesla reconnaissance des arts premiers. « Aujourd’hui, on n’a Weslay Hourdé en a recensé douze de ce type, « dont plus peur d’afficher l’estimation pour les plus grosses pièces, cinq se trouvent en mains privées ». L’un d’eux s’est vendu ici elle se justifie par l’importance de l’œuvre dans l’histoire de 1,3 million d’euros chez Sotheby’s Paris en 2005. l’art », précise la spécialiste. Pour elle, la pièce s’inscrit dans « Les ventes de Sotheby’s et Christie’s reflètent deux la lignée des chefs-d’œuvre du genre tel le siège Luba du goûts différents et un nombre d’objets réduit, commente le « maître de Buli » vendu 5,5 millions d’euros par Sotheby’s marchand bruxellois Didier Claes. Sotheby’s se maintient à à Paris en 2010. Ici, le pedigree est prestigieux : la pièce a un niveau élevé en présentant la statue Fang Mabea, une œuvre appartenu à Félix Fénéon, l’un des principaux acteurs de majeure. Christie’s a repris du poil de la bête depuis deux ans l’art tribal à Paris, puis à Jacques Kerchache, le marchand et a fait un gros travail sur les provenances et la fraîcheur des à l’origine du musée du quai Branly. L’autre star de la pièces ». vente est une statue Bamiléké, également du Cameroun ARTCURIAL, le 17 juin, à 19 h, 7, rond-point des Champs-Élysées, (est. 350 000-500 000 euros), aux traits expressionnistes 75008 Paris, tél. 01 42 99 20 20, www.artcurial.com ; marqués. Direction la Côte d’Ivoire avec un masque Yauré : SOTHEBY’S, le 18 juin, à 16 h, 76, rue du Faubourg Saint Honoré, estimé 350 000-450 000 euros, il est, selon Marguerite de 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com ; Sabran, « plus singulier que la plupart des modèles que l’on voit CHRISTIE’S, le 19 juin, à 15 h 30, 9, avenue Matignon 75008 Paris, sur le marché », avec ses trois griffes retombant sur le front tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com
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LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 624 / LUNDI 16 JUIN 2014
Notre sélection parmi les ventes d’art tribal PAR ALEXANDRE CROCHET
Masque Yauré, Côte d’Ivoire, H. 32 cm. Estimé 350 000-450 000 euros. © Sotheby’s.
Figure de reliquaire, Sangu, Gabon, H. 48 cm. Estimée 130 000-160 000 euros. © Sotheby’s.
Éventail Punu, Gabon, H. 34.5 cm. Estimé 7 000-10 000 euros. © Christie’s.
Appui-tête Luba Shankadi par le « Maître de la coiffure en cascade », République Démocratique du Congo, H. 17 cm. Estimé 200 000-300 000 euros. © Christie’s.
Singe Fang, bulu, région d’Ebolowa, Sud Cameroun, H. 43 cm. Estimé 80 000-120 000 euros. © Christie’s.
Statue Fang, Afrique Equatoriale Atlantique, Guinée Equatoriale, Province du Rio Muni, H. 60 cm. Estimée 60 000-80 000 euros. © Artcurial.
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KANAK
L'art est une parole
Alors que la Nouvelle-Calédonie s'apprête progressivement à obtenir son indépendance à partir de 2014, le Qiai Branly organise la plus riche exposition sur la culnm: kanake depuis vingt ans avec 300 œuvrcs et clocuments rares sur 2000 m2• Issues des collections des plus grands. musées d'E_urope {Autriche, Swssc, Italie, France, Allemagne), les pièces, des masques, statuettes, bijoux ou coutea1L-<, sont pour la plupart des classiques de l'art kanak. Dé tem1iné à dresser un inventaire des ceuvres éparpillées dans le monde, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a permis aux deux commissaires d'exposition, Roger Boulay et Emmanuel Kasarhérou, d'inclure des pièces inédites dans leur sélection. En s'appuyant sur la parole des Kanaks tout 1111 long du parcours, le Qiai Branly offre au ,�siteur la rare opportunité de découvrir de l'intérieur la culture d'un peuple.
Nouméa (œuvres figuratives
posées sLJr le sommet des toits) ou de célèbres objets
tels les masques du mLJsée de La Rochelle. J'aime l'idée de montrer cet art vu par les Kanaks mais aussi par les Occidentaux, missionnaires, scientifiques. philosophes des Lumiêres, grtice a de nombreux dialogues qui entourent les œuvres, De la • découverte " de la Nouvelle-Calédonie pa.r Cook à l'interpréta.fion colonialiste de !'Exposition unive,se//e, Je Quai Branly s'intéresse aux trad,pons
2013 VUE PAR ... CHARLES-WESLEY HOURDÉ Spécialiste, département Art africain et océanien cheziChristiels Paris
J'étais impatient de décowtir l'exposition • Kana/<. L'Att est une pat0k!: � au muste du Ouai Bian/y, surto.ut que fa précédente remonte à une vingtaine d'années. Celle-ci est organisée par les dsux plus grands experts de l'art kanak, qui sont à la fois ethnologues et chercheu1S, Emmanuel Kasarhérou et Roger Boulay. Pout la première /ois, un grand nombre d'oqets (masques, chambranles, bijoux), au total 300 œuvres sur 2000m1 ost préssnté. JI est le résultat d'une rechetche : le référencement,
el accorde ausi,i .sa place
en collaboration avec la population locale, de toutes les œuvres d'art kanak qui existent dans les colleclions publiques de Nouvelle-Calédonie, de métropols et de toute l'Europe. Cette exposition me plaît car elle monlfe des choses rates et inédites, difficiles à voir autrement, comme des Hèches faitières en provenance du musée de
a la scène contemporaine, N'oublions pas que les plus grandes collections lra.nçnises possèdent de l'art kanak. JI faut savoir qu'au début du XX' siècle, ces objets étaient perçus comme des horreurs. Aujourd !hui, ils sont acceptés comme partie intégrante d'une grande tradition artistique d'Océanie. Tout amateur de celte culture intrinsèquement liée à l'histoire de la France attendait cette exposition. " -
NUMÉRO 502 / LUNDI 9 DÉCEMBRE 2013 / WWW.LEQUOTIDIENDELART.COM / 2 euros
Le LaM rend hommage à DanielHenry Kahnweiler à Villeneuve-d’Ascq
L’EXPOSITION DU JOUR LES FRÈRES CHAPMAN : UN ENFER À LONDRES
PAR CHARLOTTE DELAFOND Pour ses trente ans, le LaM rend hommage UIF!BSU!EBJMZ!!!!!OFXT aux collectionneurs qui ont contribué à sa création. L’exposition « Picasso, Léger, Masson : Daniel-Henry Kahnweiler et ses peintres » revient ainsi sur le parcours du plus fervent défenseur des cubistes. Si le nom de Daniel-Henr y Kahnweiler (1884-1979) n’est pas directement associé au musée, ceux de Roger Dutilleul (1873-1956) et surtout de son neveu Jean Masurel (19081991) raisonnent encore dans les salles des collections permanentes. Amateur éclairé et ami fidèle de DanielHenry Kahnweiler, Roger Dutilleul débute sa collection d’art moderne au moment même où Kahnweiler ouvre la première galerie qui porte son nom rue Vignon, à Paris. Sa collection, qu’il lègue à son neveu, reste sans aucun doute le meilleur reflet de la sensibilité de Kahnweiler, à une exception près, le peintre Juan Gris que le galeriste ne réussira jamais à lui imposer. En 1979, Jean Masurel décide de faire don de la majeure partie de sa collection à la Communauté urbaine de Lille : le musée d’art moderne de Villeneuve-d’Ascq est né. JEANNE-BATHILDE LACOURT, CONSERVATRICE EN CHARGE DE L’ART MODERNE AU LAM, a choisi de suivre la chronologie des grandes étapes de la galerie dont les changements de noms – Kahnweiler (19071914), Simon (1920-1941) et Louise Leiris (de 1941 à nos jours) - reflètent les soubresauts de l’histoire. Accrochés sur les cimaises du musée, se succèdent les grandes figures du cubisme : Pablo Picasso, Juan Gris, Fernand Léger, ou le sculpteur Henri Laurens. Georges Braque est malheureusement absent, prêté pour la rétrospective présentée actuellement au Grand Palais. On redécouvre également quelques peintres moins connus - André Beaudin et Eugène de Kermadec - mais aussi Paul Klee, qui font partie de cette deuxième génération SUITE PAGE 2
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SOMMAIRE PHOTOGRAPHIE_ page 5 DÉCÈS DU COLLECTIONNEUR ET HISTORIEN DE L’ART CHRISTIAN BOUQUERET *
VENTES PUBLIQUES_ page 9 ART TRIBAL : RETOUR AUX FONDAMENTAUX
VENTES PUBLIQUES PAGE 09
LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 502 / LUNDI 9 DÉCEMBRE 2013
VENTES D’ARTS D’AFRIQUE ET D’OCÉANIE -- DU MARDI 10 AU MERCREDI 11 DÉCEMBRE
Art tribal : retour aux fondamentaux PAR ALEXANDRE CROCHET (1,70 mètre), datée au carbone 14 Moins impressionnantes d u X Ve s i è c l e ( e s t . 3 0 0 0 0 0 que celles de juin dernier, les prochaines ventes d’arts d’Afrique, 500 000 euros). d’Océanie (et d’Amér ique du Mercredi, Sotheby’s espère Nord pour Christie’s) n’en récolter de 2,9 à 4,2 millions offrent pas moins quelques pièces d’euros, soit la même estimation remarquables cette semaine à Paris. que Christie’s, pour 99 lots. « Nous Et, dans cette spécialité, on n’est avons travaillé sur l’ancrage historique jamais à l’abri des surprises. La des pièces - estimées raisonnablement vente de Christie’s mardi est « un qui retracent notamment l’histoire du peu moins forte qu’en juin, où nous marché et des grands défenseurs de avions obtenu notre meilleur total l’art africain, confie la directrice depuis la création du département du département chez Sotheby’s, à Paris », précise Charles-Wesley Marguerite de Sabran. Nous voulions Hourdé, son responsable. Cette nous démarquer de la vente de la dernière comportait des chefscollection Allan Stone à New York chez d’oeuvre, dont un serpent Baga Sotheby’s à trois semaines seulement qui avait décroché 2,3 millions d’écart, en novembre [qui a totalisé d’euros. « Ici, ajoute le spécialiste, 11 millions de dollars, ndlr], à nous avons une vente plus abordable, l’esthétique singulière ». En vedette avec des objets attractifs, notamment et en couverture, une figure de des massues d’Océanie collectées reliquaire Fang de grande beauté qui très tôt, et un groupe de pièces plus a appartenu à Georges de Miré dans importantes ». Christie’s attend, les années 1920, dont la collection pour 114 lots, de 2,8 à 4,2 millions d’art africain et océanien fut la d’euros. En art océanien, figure première du genre à être vendue à un bouchon de flûte Biwat Paris en 1931, par Charles Ratton (Papouasie-Nouvelle-Guinée) et Louis Carré à Drouot. Elle ornait Figure de reliquaire, XIXe siècle, Fang, Gabon, 57 cm (avec le tenon). estimé 200 000-250 000 euros, qui déjà en juin 2004 la couverture du Estimée 500 000-700 000 euros. © Sotheby’s. devrait bénéficier du prix record catalogue d’une vente de Christie’s (1,4 million d’euros) enregistré à Paris, où elle avait été acquise par par Sotheby’s en décembre 2012 avec un modèle plus le vendeur actuel, un collectionneur américain, pour la ancien et pourvu d’un pedigree plus prestigieux. Ici, l’un somme de 371 250 euros. L’estimation ici est de 500 000 des lots phares est une sculpture de temple des îles Fidji à 700 000 euros. Le lot suivant est une autre figure de (est. 200 000-300 000 euros), représentation d’un dieu reliquaire, Sangu, plus minimaliste, conservée avec son guerrier d’un aspect brut qui évoque un peu le travail d’un panier à talismans (est. 180 000-230 000 euros). La Georg Baselitz. « Les statues figuratives des Fidji sont très vacation de Sotheby’s, signale Marguerite de Sabran, rares, relève Charles-Wesley Hourdé. Une étude publiée dans comprend au début une curiosité : des objets de l’art kongo les années 1960 en recensait 19 exemplaires, presque tous à l’iconographie chrétienne, en ivoire, du XVIII e siècle, dans des musées ». Sa provenance est limpide grâce aux telle une statuette-pendentif représentant Saint-Antoine carnets de celui qui l’a collecté, le révérend Thomas Baker (est. 30 000-40 000 euros), témoignage d’un culte voué (1832-1867), célèbre pour avoir été le dernier missionnaire à la clandestinité. cannibalisé. Outre une tête Fang, classique de l’art africain CHRISTIE’S, mardi 10 décembre, à 16 h, 9, avenue Matignon, qui a appartenu à Arman (est. 200 000-300 000 euros), le 75008 Paris, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com lot le plus attendu, reproduit en couverture du catalogue, SOTHEBY’S, mercredi 11 décembre, à 16 h, 76, rue du Faubourg Saint est une statue dogon aux bras levés d’une taille inhabituelle Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com
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NUMÉRO 494 / MERCREDI 27 NOVEMBRE 2013 / WWW.LEQUOTIDIENDELART.COM / 2 euros
L’art des Lega illumine le musée du quai Branly
LA VENTE DU JOUR DOMINIQUE DE VILLEPIN, UNE CARRIÈRE AU FIL DES PAGES À DROUOT
PAR ROXANA AZIMI C’est un bijou d’exposition que propose le Quai UIF!BSU!EBJMZ!!!!!OFXT Branly, à Paris, avec « Secret d’ivoire, l’art des Lega », du nom de ce peuple d’Afrique centrale établi majoritairement dans l’actuelle République démocratique du Congo. Il s’agit aussi d’une exposition clé en main, puisqu’elle repose sur l’ensemble époustouflant rassemblé par le physicien Jay T. Last - l’un des fondateurs de la Silicon Valley -, et offert au Fowler Museum de l’Université de Californie. Ce collectionneur a commencé à acheter de l’art primitif au début des années 1960. En 1964, il emporte son premier chef-d’œuvre Lega, une figure en bois avec un bras levé sortant du cou : un étalon de qualité pour la suite de ses achats. « Il a toujours pensé qu’il fallait avoir un standard sur quoi se fixer », confie Elisabeth Cameron, commissaire de l’exposition. Jay T. Last n’est pas seulement sous le charme de l’esthétique. Comme il le confie dans le catalogue, il est aussi fasciné par la structure sociale des Lega, communauté autonormée structurée autour du Bwami. Cette confrérie secrète vise à l’harmonie sociale à travers un rituel d’initiation renforçant la tempérance, l’autodiscipline, la morale et l’esthétique. Les objets réunis au Quai Branly reflètent les différentes étapes de l’initiation (mpala). D’entrée de jeu, les couvre-chefs révèlent le rang social de l’initié. La queue en poil d’éléphant sur une coiffe chargée en boutons et cauris est l’apanage du dignitaire, tandis que celle avec des écailles de pangolin témoigne d’un rang intermédiaire. Visiblement, les Lega n’ont rien de belliqueux. Serpes et couteaux en ivoire utilisés dans le cadre des performances sont plus métaphoriques que guerriers. Les pièces zoomorphes, comme un sublime serpent ou des tortues, font leur apparition à l’échelon médian. La plupart des objets ne prennent sens que dans une combinatoire. Tout est signifiant, notamment la suite de figures anthropomorphes aux bras levés, SUITE PAGE 2
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SOMMAIRE DÉCODAGE_ page 3 OBJETS LEGA : LE PRIX DE LA RARETÉ *
LIVRE_ page 7 JEAN-MICHEL LENIAUD PROPOSE D’ÉTENDRE LA DÉFINITION DU PATRIMOINE *
BIBLIOPHILIE_ page 5 LES « MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE » REJOIGNENT LES COLLECTIONS DE LA BNF
ACTUALITÉ ART LEGA
L’art des Lega illumine le musée du quai Branly symbolisant l’arbitre qui résout les problèmes de la communauté. Une communauté dont le liant se mesure dans les figures anthropomorphes à deux ou quatre têtes. Comprenez : il est impossible d’agir seul, sans époux ou épouse, parrain ou maître. L’ a c c r o c h a g e e s t dominé par les objets en ivoire, marques du grade supérieur, enduits d’huile pendant les cérémonies au point que leur patine est devenue miel, ambrée ou rougeâtre. Tout aussi saisissantes sont les pièces conservées dans les dernières vitrines de l’exposition. Elles reconstituent l’étape ultime de l’initiation, lorsque le maître emmène l’initié dans un lieu où les objets sont alignés sans Figurine anthropomorphe, Lega, RDC, ivoire, 14 x 4,9 x 4 cm. explication. À l’impétrant © Fowler Museum at UCLA ; d’en comprendre le sens en Private Collection, Los Angeles.
LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 494 / MERCREDI 27 NOVEMBRE 2013
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SUITE DU TEXTE DE UNE
Vue de l’exposition « Secrets d’ivoire. L’art des Lega d’Afrique centrale ». © Musée du quai Branly. Photo : Gautier Deblonde.
ne se basant que sur la contemplation. Que signifie donc ce masque recouvert de kaolin et privé d’yeux ? « Les vieux ne voient pas avec leurs yeux mais avec leurs cœurs. C’est un signe qu’il faut respecter les plus âgés dans la communauté », explique Elisabeth Cameron. Il ne serait pas étonnant qu’au terme de la visite, le visiteur soit pris d’une furieuse tendresse pour ce peuple aussi sage que talentueux. SECRET D’IVOIRE, L’ART DES LEGA, jusqu’au 26 janvier 2014, musée du Quai Branly, 37, quai Branly, 75007 Paris, tél. 01 56 61 70 00, www.quaibranly.fr
DÉCODAGE ART LEGA PAGE 03
LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 494 / MERCREDI 27 NOVEMBRE 2013
Objets Lega : le prix de la rareté PAR ALEXANDRE CROCHET
Le record en date pour une pièce Lega concerne une figure en bois à quatre têtes haute de 32,7 cm. Estimée de 30 000 à 50 000 dollars, elle s’était vendue 2,2 millions de dollars (1,7 million d’euros) en mai 2010 à New York chez Sotheby’s. Cinq enchérisseurs s’étaient battus au-dessus du million pour emporter cette pièce insolite. Hors ces masques, les statuettes en ivoire qui passent en ventes publiques brillent plutôt par leur modestie : 12,5 cm pour un modèle vendu 960 750 euros (Sotheby’s, Paris, juin 2011), la même taille pour une autre figure provenant de la collection Saul et Marsha Stanoff, partie à 312 000 dollars cinq ans plus tôt (Sotheby’s, New York, mai 2007). Ces deux pièces, il est vrai, se distinguaient par une étonnante silhouette similaire en zigzag. Aujourd’hui, les amateurs sont friands de ces « petits bonshommes en pain d’épice », comme les appelait le marchand et expert Charles Ratton, l’un des premiers à s’y intéresser. Leurs formes épurées - « un ovale et deux traits », résume le spécialiste de Christie’s Charles-Wesley Hourdé - plaisent aux collectionneurs d’art moderne, qui viennent s’ajouter au noyau dur des Belges, historiquement les plus connaisseurs et les plus amateurs. « Les Français ne comprennent pas toujours l’art Lega », confie Charles-Wesley Hourdé. Le Bruxellois Bernard de Grunne avait obtenu un vif succès à Tefaf Maastricht en Il y a régulièrement mars cette année en mettant sous cloche une myriade des records en art de figures miniatures. En Lega. Il fait partie des œuvres les plus juin, on pouvait découvrir à Bruxelles pendant Bruneaf célébrées par les collectionneurs d’art la collection de l’ingénieur Benoît Rousseau, considérée africain par le marchand belge de renom Didier Claes comme « la plus belle en qualité après celle de Last », exposée actuellement au quai Branly. En France, la galeriste Hélène Leloup leur avait consacré une exposition en 1994 à Paris. « Il y a régulièrement des records en art Lega, souligne la spécialiste de Sotheby’s Marguerite de Sabran. Il fait partie des œuvres les plus célébrées par les collectionneurs d’art africain ». Dans le catalogue de l’exposition historique
Statuette, Lega, République démocratique du Congo, H. 12,5 cm. Vendue 960 750 euros. Sotheby’s, mercredi 15 juin 2011. © Sotheby’s.
« African Negro Art » au MoMA de New York en 1935, un chapitre est consacré aux Lega. « Pour cette exposition, en valeur d’assurance, les ivoires Lega étaient dans la lignée des grandes pièces du Bénin ou du Gabon », note la spécialiste. Plusieurs grandes dispersions ont assis le marché, telles la collection Henry Pareyn à Anvers en 1928 ou trois ans plus tard, cette fois à Paris, celle de Georges de Miré, « le plus grand collectionneur d’art africain et océanien de l’entre-deuxguerres », selon Marguerite de Sabran, où « une tête Lega en ivoire avait fait l’un des plus gros prix de la vente ». Aussi célèbres soient-elles, les belles pièces Lega, utilisées par la société secrète Bwami, sont plutôt rares sur le marché, contrairement aux grands classiques de l’art africain. Pour le marchand Didier Claes, il s’agit « d’un marché confidentiel, difficile de lecture. Il y a longtemps eu peu d’ouvrages sur le sujet ». « Un beau masque Lega valait, il y a vingt ans, le cinquième d’un masque Dan de même qualité. Aujourd’hui, la tendance s’est nettement inversée », poursuitil. Il reste encore possible de s’offrir des pièces en dessous de 10 000 euros en ivoire, « liés aux cultes, ou des cuillers », précise Charles-Wesley Hourdé. Attention néanmoins aux pièces aux estimations ou aux prix trop attractifs, des faux circulent pour ces pièces minimalistes faciles à imiter.
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The de Young Museum's collections of textiles and of art from Africa, Oceania, and the Americas have been city treasures for many years. With the 2005 opening of the new de Young, these collections were celebrated with large, state-of-the-art galleries that will preserve them for generations to come. The Opening Preview Gala of the San Francisco Tribal & Textile Arts Show benefits these arts, their galleries, and their preservation at the de Young. The evening features the culinary offerings of McCalls catering, live entertainment, and the very best national and international art dealers and their treasures. Photos by Heather Wiley for Drew Altizer Photography.
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Du 7 au 20 juin 2013
14 JUIN 13 Quotidien Paris OJD : 323303
14 BOULEVARD HAUSSMANN 75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00
Surface approx. (cm²) : 185 N° de page : 2
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À Saint-Germain-des-Près, ils vendaient de fausses antiquités La police a démantelé lundi un réseau d'escrocs qui auraient écoulé des objets d'art africains volontairement vieillis, notamment avec de l'urine. BAPTISTINEPHILIPPON
FAITS DIVERS Les victimes ont dû faire une drôle de tête lorsqu'elles ont réalisé qu'elles venaient d'acheter des babioles africaines pour des centaines de milliers d'euros. Les enquêteurs du VIe arrondissement ont démantelé lundi dernier un réseau de rabatteurs et d'escrocs qui auraient revendu des objets d'art africain faussement vieillis, certains pour plus de 400000 euros. Vingt-deux personnes ont été interpellées rue Guénégaud (VIe). Quatre étaient en garde à vue mercredi pour escroquerie, travail dissimulé, fraude fiscale ou abus de faiblesse. Le trafic était bien ficelé. Les rabatteurs attendaient les clients à la sortie des galeries d'art du quartier SaintGermain-des-Prés et leur proposaient des articles soi-disant d'art primitif authentiques à des prix battant toute concurrence. « Mais les pièces étaient tout à fait contemporaines, explique une
CHRISTIE'S 7237566300524/GLB/ACR/1
source policière. Soit il s'agissait d'objets fabriqués dans des ateliers à Paris, soit ramenés d'Afrique mais qui n'avaient rien d'ancien. » C'est au sein de ces ateliers que les pièces étaient faussement vieillies grâce à des techniques un peu particulières. « Soit ils les polissaient à l'aide de matières naturelles soit avec de l'urine », indique la même source. Rien de bien étonnant pour Charles-Wesley Hourdé, responsable de département d'art africain et d'Océanie de Christie's : « R s'agit de techniques très courantes, qu'un expert voit au premier coup d'œil. »
Un an d'investigation Une fois les victimes harponnées par les faussaires, celles-ci donnaient leur numéro de téléphone pour prendre rendez-vous avec les acheteurs et procéder à la vente. Les sommes étaient systématiquement payées en liquide. Un vrai problème pour les enquêteurs qui ne pouvaient pas prouver qu'il y avait eu une vente. Un an d'investiga-
tion a été nécessaire pour démanteler le réseau. « Nous avons procédé à des surveillances et des filatures. Le but était de découvrir comment ils étaient organisés », révèle la police. Pour les galeristes du quartier, le problème n'est pas récent. « Cela fait depuis que je suis installée ici, soit plus de dix ans, que je les vois attendre les gens à la sortie de nos galeries», témoigne l'une d'entre elles basée rue Guénégaud. « J'ai déposé plainte plusieurs fois au commissariat, mais lepolicierm'a répondu qu'il ne pouvait rien faire s'il ne pouvait pas prouver la vente », raconte encore le galeriste Alain Lecomte. C'est un autre galeriste qui intéresse pour le moment les enquêteurs. Au cours de leurs investigations, ils sont remontés jusqu'à un marchand bien connu du milieu des musées. Il aurait acheté aux rabatteurs pour plus de 400 000 euros d'œuvres. « Nous ne savons pas encore s'il est complice ou si lui aussi est une victime comme les autres », déclare-t-on à la police. •
Eléments de recherche : CHRISTIE'S : société de ventes aux enchères, toutes citations
07 JUIN 13 Quotidien Paris OJD : 122744 Surface approx. (cm²) : 395 N° de page : 37
16 RUE DU QUATRE SEPTEMBRE 75112 PARIS CEDEX 02 - 01 49 53 65 65
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Une série importante de ventes a lieu à Paris dans le contexte d'un resserrement du marché des arts primitifs.
Paris capitale de l'art africain oins d'œuvres offertes mais une demande accrue pour les pièces exceptionnelles. La chose est assez rare pour être soulignée : à l'approche des prochaines ventes importantes d'art primitif chez Sotheby's et Christie's, les experts n'hésitent pas à le dire. Ils refusent désormais certaines catégories d'objets, les plus courants et les moins aboutis dans leurs catégories. De ce fait, depuis environ trois ans, les catalogues des ventes ont sensiblement diminué de volume, le nombre de lots étant divisé jusqu'à trois fois.
Estimations individuelles jusqu'à I million d'euros Cependant, les 18 et 19 juin prochains, les deux maisons proposeront aux enchères pas moins de 250 lots en tout, dont les estimations individuelles se chiffrent jusqu'à I million d'euros. Les pièces sont en provenance des Etatsunis et d'Europe, ce qui fait de Paris, avec son réseau de marchands, principalement installés dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, et son grand musée consacré au sujet, le
CHRISTIE'S 4551756300501/XCB/ANR/1
musée du Quai Branly, la capitale incontestable dans le domaine. « Les acheteurs ne sont pas moins nombreux, mais ils se concentrent sur les pièces rares », explique chez Sotheby's la responsable du département, Marguerite de Sabran. Le 19 juin, elle propose la collection d'un couple de collectionneurs français discrets, Françoise et Jean Corlay. Ce dernier a travaillé chez Unilever dans un pays qui s'appelait alors le Zaïre, aujourd'hui Congo, à la fin des années 1970. « Surplace Hy avait encore des objets remarquables, d'ethnies méconnues. » Le catalogue des 50 lots proposés est estimé en tout à 1,7 million d'euros. Le cœur de la collection correspond à des pièces Songye, cette ethnie présente en République démocratique du Congo. Le lot phare est une étonnante statue mi-femme mi-homme (qui regarde la lune et le soleil) recouverte - cela lui donne plus de prix - d'un onguent d'huile de palme, marque de son utilisation rituelle. De grand format (58 cm de haut) elle était destinée à la protection de la communauté.
Elle est estimée 350.000 euros. La collection Corlay comprend aussi de petits objets remarquables estimés à moins de 10.000 euros. Mais la star de la vente Sotheby's est une coupe royale Yoruba du Nigeria qui a appartenu à un couple de marchands d'art primitif de Bruxelles, Mina et Samir Borro, estimée I million d'euros. Les tests au Carbone 14 ont révélé que son ancienneté, selon Marguerite de Sabran, remonte au XVIIIe ou même au XVIIe siècle, ce qui est rare dans l'art africain. Haute de 30 centimètres, son pied est sculpte de quatre personnages encadrant un cinquième à cheval. « On touche là à la grande histoire de l'art africain », commente l'expert de Sotheby's. Chez Christie's, les ventes sont conçues sur le même modèle avec un catalogue consacré à une collection, celle des Jolika vendue par les Fine Arts Muséums de San Francisco, auxquels ils avaient donné une série d'objets. Les Jolika avaient constitué un ensemble consacré à des ethnies de l'actuelle Nouvelle-Guinée. Au total 15 objets, estimés 1,3 million d'euros. En vedette, une statue orl-
Eléments de recherche : CHRISTIE'S : société de ventes aux enchères, passages significatifs
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NUMÉRO 400 / LUNDI 17 JUIN 2013 / WWW.LEQUOTIDIENDELART.COM / 2 euros
La Fondation Herbert ouvre ses portes à Gand
L’EXPOSITION DU JOUR LE MIDI DES PEINTRES EN PLEINE LUMIÈRE À AIX ET MARSEILLE
PAR BERNARD MARCELIS Ils y pensaient depuis des années, ont pris le temps UIF!BSU!EBJMZ!!!!!OFXT d’y réfléchir, de se renseigner, d’examiner ce qui se faisait ailleurs, pour finalement se donner les moyens de concrétiser l’œuvre d’une vie : pérenniser leur exceptionnelle collection d’art contemporain en une fondation et en garantir son indépendance à tous les niveaux. Le 20 juin prochain, Annick et Anton Herbert ouvrent les portes de leur fondation au public, dans leur ville de Gand. Ceci n’est pas anecdotique et on ne peut que se réjouir que cet ensemble d’envergure muséale, contrairement à d’autres, ait pu rester en Europe, en Belgique. LA COLLECTION EST AMENÉE À ÊTRE MONTRÉE SELON UN CYCLE DE DEUX EXPOSITIONS PAR AN, sur les deux plateaux d’une véritable cathédrale d’architecture industrielle de toute beauté qui jouxte l’ancienne usine qui abrite leurs œuvres. Sous un titre emprunté à l’artiste Lawrence Weiner, « As if it Could », cette exposition constitue seulement la quatrième présentation de leur collection en près de trente ans. Sous-titrée comme il se doit « ouverture », elle succède conceptuellement à « Répertoire » (au Van Abbemuseum à Eindhoven, en 1985), à « Programme » (au Casino à Luxembourg, en 2000) et à « Inventaire » (au Macba à Barcelone, et à la Kunsthaus de Graz, en 2006). Elle s’inscrit donc dans l’histoire publique de la collection, dont chacune de ses précédentes monstrations constituait une étape dans la réflexion du couple de collectionneurs sur son développement et une phase supplémentaire dans le processus qui a abouti à cette ouverture. Toutes les présentations précédentes les auront conduits à un statut qu’ils ne soupçonnaient sans doute pas au départ, à savoir se révéler les meilleurs conservateurs qui puissent être de cet ensemble, bâti sur quarante ans. SUITE PAGE 2
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SOMMAIRE EXPOSITION_ page 7
PAR ICI LA BONNE SOUPE DE JORDI COLOMER *
PHOTOGRAPHIE_ page 5
L’EXPOSITION D’AHLAM SHIBLI CRÉE LA POLÉMIQUE AU JEU DE PAUME *
VENTES PUBLIQUES_ page 10
ART TRIBAL : UNE SEMAINE ROYALE *
ENCHÈRES_ page 11
LA VITALITÉ DU MARCHÉ ASIATIQUE RESTE INTACTE
VENTES PUBLIQUES PAGE 10
LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 400 / LUNDI 17 JUIN 2013
VENTES D’ART TRIBAL -- DU MARDI 18 AU MERCREDI 19 JUIN
Art tribal : une semaine royale PAR ALEXANDRE CROCHET Le Congo, et particulièrement la production des Songye, tiendra la vedette de la prochaine vente d’arts africain et océanien proposée demain, mardi, à Paris par Sotheby’s. L’auctioneer disperse un ensemble de 48 lots provenant de la collection de Françoise et Jean Corlay, couple qui vécut dans ce pays dans les années 1970 et 1980. « Si les œuvres ont été souvent publiées, cette collection et leurs auteurs sont restés jusqu’ici très confidentiels », confie Marguerite de Sabran, directrice du département chez Sotheby’s à Paris. La pièce la plus emblématique de cette collection, qui orne la couverture du catalogue spécifique qui lui est consacré, est une statue divinatoire de style archaïque qui a appartenu à la collection Ernst et Ruth Anspach (est. 350 000-500 000 euros). « Avec sa double tête, elle se rattache au corpus connu de Janus, mais ici, en plus, elle offre un corps androgyne », note Marguerite de Sabran. Selon la spécialiste, c’est l’une des plus grandes figures Songye connues, dont la monumentalité tranche avec le lot suivant, une minuscule statuette de la même ethnie mesurant 6 cm de haut (est. 6 000-9 000 euros). D’après Marguerite de Sabran, un tel ensemble Songye n’a jamais été vu sur le marché. À la suite de la collection Corlay, Sotheby’s propose une solide vente classique comprenant plusieurs pièces remarquables. Parmi elles figure une coupe royale Agere Ifa des Yoruba (Nigeria). Estimée environ 1 million d’euros, cette sculpture est selon Marguerite de Sabran « au cœur de l’histoire de l’art et du continent africains ». Cette coupe de divination qui accueillait seize noix de palme est supportée par les coiffes de personnages sculptés en rondebosse : au centre, un cavalier, le Figure de faîtage cerémonielle Biwat, Moyen-Yuat, Bas-Sépik, roi, entouré de ses épouses et Papouasie Nouvelle-Guinée, de leurs enfants. La datation au 1600-1890, H. 106 cm. Estimée 750 000-1 million d’euros. carbone 14 a révélé une grande © Christie’s. ancienneté, le XVIII e siècle, peut-être avant. Pour cette importante vacation incluant la collection Corlay, Sotheby’s espère récolter de 5,5 à 7,5 millions d’euros en 120 lots. Le lendemain, Christie’s, qui attend de 5 à 7,7 millions d’euros pour 132 lots, mise sur une autre collection pour rivaliser, baptisée Jolika d’après les initiales des trois enfants de John Friede et de son épouse. Ces quinze lots ont pour origine les Papous de Nouvelle Guinée. La vente se fait au profit
Coupe royale, Agere Ifa, Yoruba, Nigeria, H. 29 cm, diam. 23,5 cm. Estimée autour de 1 million d’euros. © Sotheby’s.
des Fine Arts Museums de San Francisco, qui chapeautent le M. H. De Young Museum. La collection Jolika y était exposée depuis 2005, « en partie donnée et en partie vendue au musée », explique Charles-Wesley Hourdé, spécialiste chez Christie’s. Estimée de 750 000 à 1 million d’euros, une figure cérémonielle de faîtage Biwat, polychrome, domine la vente. Sur la dizaine de ce type recensées, trois sont de cette qualité, selon le spécialiste de Christie’s. Celui-ci est le seul en mains privées : les autres se trouvent au musée Barbier-Mueller et au musée de l’Université de Cambridge. « L’estimation est sérieuse, mais la pièce s’adresse autant aux amateurs d’arts primitifs qu’aux gens en quête de pièces d’exception dans tous les domaines », note Charles-Wesley Hourdé. C’est par ailleurs un serpent de bois Baga (Guinée) qui vole la vedette aux autres œuvres maîtresses de la vacation principale (est. 800 000 à 1,2 million d’euros). Il appartient à la collection de l’architecte new-yorkais Armand Bartos et son épouse Celeste, dont Christie’s disperse une dizaine de pièces, après avoir vendu à New York en mai dernier leurs tableaux. Ce serpent se distingue des autres modèles connus et conservés dans des musées, tels que le Metropolitan Museum of Art de New York ou le Louvre, par la présence de cavités probablement destinées à des charges magiques. Sa danse devrait envoûter les amateurs. SOTHEBY’S, mardi 18 juin, à 16 h, 76, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com ; CHRISTIE’S, mercredi 19 juin, à 16 h, 9, avenue Matignon, 75008 Paris, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com
DĂŠcembre 2012
NUMÉRO 277 / LUNDI 10 DÉCEMBRE 2012 / WWW.LEQUOTIDIENDELART.COM / 2 EUROS
Duchamp et ses célibataires se retrouvent à Philadelphie PAR EMMANUELLE LEQUEUX La mariée est riche et belle ; UIF!BSU!EBJMZ!!!!!OFXT un peu énigmatique, elle envoûte de ses arômes de chocolat. Et tous veulent danser avec elle… C’est ce conte de fée qu’évoque superbement le Museum of Art de Philadelphie : le dialogue entre Marcel Duchamp, en guise d’étoile du berger, et Jasper Johns, Merce Cunningham, John Cage et Robert Rauschenberg. Mis à nu, la Mariée et autre Nu descendant l’escalier (de 1912 toutes deux) de Duchamp, par quatre de leurs plus grands admirateurs (célibataires même ?) ? L’exposition s’intitule « Dancing around the Bride » (Danser autour de la mariée) : il est bel et bien ici question de célébration, de tous ces gestes qui pouvaient paraître anodins, voire simplement scandaleux, et fondent l’art de notre temps. Nul musée au monde ne pouvait prétendre davantage à remémorer ces noces : Philadelphie possède la plus belle collection de Duchamp au monde, les deux toiles de 1912 déjà évoquées et une centaine d’autres pièces. Léguée par le couple Arensberg, fidèle soutien de l’artiste, elle laisse pantois. Surtout quand l’œil s’approche de cette porte de bois bancal qui cache le Dahlia noir de l’art contemporain : corps nu d’une femme offerte, et
Vue de l’exposition « Dancing Around the Bride », pendant son vernissage au Philadelphia Museum of Art. Photo : Constance Mensh. Au premier plan, Fountain, 1950 (replique de l’original de 1917), Marcel Duchamp. © Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris / Estate of Marcel Duchamp. 1998-74-1. 125th Anniversary Acquisition. Gift (by exchange) of Mrs. Herbert Cameron Morris, 1998.
abandonnée, d’Étant donnés... C’est autour de cette œuvre que s’articule une des deux parties de l’exposition, la plus savante. Bien représenté dans ces superbes collections, un cinquième compère ouvre en fait le bal : Joseph Cornell, le plus délicieux des surréalistes SUITE DU TEXTE P. 2
* p.6 JACQUES RIGAUD S’EST ÉTEINT * p.7 À MIAMI, LES COLLECTIONNEURS ONT PRIS LEUR TEMPS * p.9 PARIS ACCUEILLE LES VENTES D’ARTS PREMIERS
VENTES PUBLIQUES
LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 277 / LUNDI 10 DÉCEMBRE 2012
Les provenances, atouts des ventes d’arts premiers
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PAR ALEXANDRE CROCHET Belle semaine pour les arts extra-européens à Paris. Demain mardi, Christie’s mise sur des provenances prestigieuses au sein d’une vacation de 91 lots (est. 4,3 à 6,6 millions d’euros en tout). Non seulement la tête de reliquaire Fang Nlo Byeri (Gabon) qu’elle propose (est. 300 000-500 000 euros) fait partie des pièces les plus recherchées des amateurs, mais elle a appartenu tour à tour au grand marchand Charles Ratton, au collectionneur Félix Fénéon et au libraire Pierre Berès, dont Christie’s disperse les 12 et 13 décembre les derniers souvenirs. Outre cette pièce, « atypique par son style géométrique abstrait alors que les pièces Fang sont plus en rondeur », selon le spécialiste Charles-Wesley Hourdé, l’auctioneer met sur le marché un exceptionnel reliquaire Nkundu (Congo) vendu par l’artiste belge Jean Willy Mestach (est. 2-3 millions d’euros). Le lendemain, Sotheby’s espère récolter 450 000 à 550 000 euros avec un bouchon de flûte
Biwat (Papouasie-Nouvelle-Guinée) à l’aspect spectaculaire. Un gros prix en vue ? « Depuis deux à trois ans, le marché de l’art océanien s’élargit, avec l’arrivée de nouveaux amateurs venus d’autres spécialités, qui se concentrent sur les pièces les plus importantes », constate Marguerite de Sabran chez Sotheby’s, qui attend 4 à 5 millions d’euros pour 118 lots. Avec des estimations souvent attractives et une grande variété, l’ensemble de masques Hopi d’Amérique présentés à Drouot par la société Eve (le 16 décembre) devrait attirer des amateurs à plus petits budgets. LE 11 DÉCEMBRE, À 16 H, CHRISTIE’S, 9, avenue Matignon, 75008 Paris, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com ; LE 12 DÉCEMBRE, À 16 H, SOTHEBY’S, 76, rue du Faubourg SaintHonoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com ; LE 16 DÉCEMBRE, À 14 H 30, EVE, DROUOT, 9, rue Drouot, 75009 Paris, tél. 01 53 34 04 04, www.auctioneve.com
Bouchon de flûte, Aire Biwat, Cours moyen de la Rivière Yuat, Bas-Sepik, bois, H. 59 cm. Estimé 450 000–550 000 euros. Sotheby’s, le 12 décembre. © Sotheby’s.
Masque de Kachina HO-O-TE ou Ahote Hopi Arizona, USA, 18901900, 22,5 cm x 41 cm. Estimé 12 000-15 000 euros. Eve, le 16 décembre. © Eve.
Tête de reliquaire Fang, Nlo Byery, Nord Gabon, H. 26 cm. Estimé 300 000-500 000 euros. Christie’s, le 11 décembre. © Christie’s.
Reliquaire Nkundu, République Démocratique du Congo, H. 254 cm. Estimé 2-3 millions d’euros. Christie’s, le 11 décembre. © Christie’s.
LOT 17
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Selon Marguerite de Sabran, cette œuvre emblématique de l’esthétique Biwat, utilisée à la fin d’un rite initiatique, est bien connue des collectionneurs car elle orne la couverture de l’ouvrage de référence sur l’art océanien d’Anthony Meyer.
Pr isés d’André Breton, les masques Hopi des Indiens du sud-ouest américain sont plutôt rares sur le marché français. Cette dispersion par la société Eve à Drouot d’une vingtaine de ces pièces colorées issues de deux collections devrait attirer les amateurs.
Cette tête de reliquaire a appartenu à Pierre Berès. Outre cette prestigieuse provenance, elle a fait partie de l’exposition mythique « A f r i c a n Ne g r o A r t » au MoMA de New York en 1935, jalon dans la reconnaissance de l’ar t africain aux États-Unis. Elle fut très tôt, dès 1929, l’objet d’une publication.
C’est, d’après le spécialiste Charles-Wesley Hourdé, la première fois que passe aux enchères une pièce de la collection d’arts premiers du peintre Jean Willy Mestach, « une des plus belles au monde dans sa catégorie ». Ce reliquaire en est le clou.
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NUMÉRO 198 / MERCREDI 25 JUILLET 2012 / WWW.LEQUOTIDIENDELART.COM / 2 EUROS
L’exil, un nouveau départ PAR ALEXANDRE CROCHET Ils posent en rang d’oignons, immortalisés par l’objectif de George Platt Lynes. Parmi eux, côte à côte, réunis par leur statut de réfugiés plus que par l’amitié, figurent Marc Chagall et Fernand Léger. Un rang auUIF!BSU!EBJMZ!!!!!OFXT dessus voisinent Piet Mondrian et André Masson. Cette photographie de groupe prise à l’occasion de l’exposition « Artists in exile » à New York en mars 1942, à la galerie Pierre Matisse, ouvre chacun des deux volets de l’exposition « Exils », qui, à Nice comme à Biot, 70 ans plus tard, aborde à nouveau cette foisonnante problématique. Prenant appui sur les trois figures majeures du XXe siècle que sont Marc Chagall, Pablo Picasso et Fernand Léger (lire page 3 l’entretien avec Maurice Fréchuret), l’exposition des musées nationaux des Alpes-Maritimes ne vise pas l’exhaustivité, préférant un accrochage choisi à un parcours fleuve qui noierait le propos. Loin d’épuiser le sujet, elle pose des jalons, zoome sur des momentsclés, ouvre finalement la voie à la réflexion. Au musée Chagall de Nice, c’est le volet rétrospectif et nostalgique qui est abordé. Après la fermeture du Bauhaus, Wassily Kandinsky quitte l’Allemagne pour Paris. Entassement réglé, huile de 1938, témoigne indéniablement d’un regard en arrière. « Au milieu de formes biomorphiques, le peintre introduit boules, oiseaux et autres éléments décoratifs russes pour composer une sorte de bilan. C’est pour lui un moment de solitude, il est alors mal connu à Paris », commente Élisabeth Pacoud-Rème, chargée des collections au musée. Pablo Picasso fait montre de davantage de liberté quand il s’inspire du Greco pour composer Évocation ou Enterrement de Casagemas, en 1901. Si cette toile de la période bleue reprend au niveau inférieur un schéma
Marc Chagall, Entre chien et loup, 1938-1943, huile sur papier marouflé sur toile, 100 x 73 cm. Collection particulière. © Archives Marc et Ida Chagall. © Adagp, Paris 2012.
classique de déploration, au niveau supérieur, l’artiste n’hésite pas à représenter en guise d’anges sa vision du paradis qui attend son ami terrassé SUITE DU TEXTE P. 2
* p.3 UN ENTRETIEN AVEC MAURICE FRÉCHURET * p.6 DE LA VENTE PRIVÉE À LA VENTE PUBLIQUE ET INVERSEMENT * p.7 UNE TRIBUNE DES ENSEIGNANTS DE L’ÉCOLE D’ART D’AVIGNON
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LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 198 / MERCREDI 25 JUILLET 2012
De la vente privée à la vente publique et inversement PAR ROXANA AZIMI
Après avoir exercé un certain temps comme spécialistes dans les salles de ventes, les meilleurs éléments tendent à voler de leurs propres ailes. Mais étrangement, depuis quelques années, un mouvement inédit se dessine : le passage de la sphère privée à la vente publique. Après avoir été associé pendant 10 ans à la Galerie Baronian Francey à Bruxelles, Edmond Francey a ainsi rejoint le département art contemporain de Christie’s en juin. Ce choix peut sembler d’autant plus étrange que les marchands tendent à pester contre les ventes publiques, accusées de leur saper l’activité. Il semble aussi surprenant de quitter une liberté d’action pour la bride sur le collet. « On peut être libre dans un cadre. Il y a vingt ans, il y avait une barrière manichéenne, une sorte de mur de Berlin. À partir du développement des départements art contemporain dans les maisons de ventes vers 1998, il y a eu des intérêts croisés entre galeries et salles des ventes, confie Edmond Francey, qui organisera sa première vente en décembre prochain. Quand j’ai annoncé à mes collègues galeristes que je partais pour Christie’s, j’ai pensé que tout le monde allait me tomber dessus, mais pas du tout. » « Je ne pense plus qu’on soit à une époque où on commençait dans la vente publique et on finissait dans la vente privée. Dans les années 1980, il y avait une échelle du succès, et des gens comme Marc Blondeau ont montré la voie. Aujourd’hui, cela demande des tempéraments et profils bien différents. Certains sont bien meilleurs vendeurs dans le cadre des enchères, d’autres dans le privé », ajoute Thomas Seydoux, qui a quitté Christie’s pour exercer en privé. Pour les transfuges du privé, la vente publique offre un accès inespéré à des œuvres de qualité. Ainsi Charles Wesley Hourdé, qui a officié pendant cinq ans comme galeriste d’art primitif à Paris, confie voir bien plus d’objets comme spécialiste chez Christie’s. « Le marché des galeries est plutôt morose, surtout dans les niveaux moyens ou bas. Comme j’étais jeune marchand, l’activité n’était pas la plus grande, admet-il. Je me suis dit que travailler dans une maison de ventes me permettrait de rencontrer des collectionneurs, visiter leurs collections, auxquelles je n’avais pas accès en tant que jeune marchand. On vend chez Christie’s des objets de première importance, ce qui est plus difficile en tant que marchand privé. » Pour Thomas Seydoux, bien que les marchés s’entrecoupent, ils requièrent des méthodologies différentes. « En ventes aux enchères, on se positionne sur le service, en vente privée, on ne vend pas du marketing, mais le fait qu’on a le meilleur client pour cette œuvre. On est dans des mentalités différentes, déclare-t-il. Si on m’avait dit il y a trois ans que je ferai des ventes privées, je n’y aurais pas cru, cela me semblait incompatible avec mon répertoire. J’ai appris en m’occupant des ventes privées chez Christie’s. Le plus dur, c’est de faire l’opposé. En ventes publiques,
Edmond Francey. Photo : D. R.
il y a une date fixe, une commission écrite, un contrat. En ventes privées, on travaille d’abord, et après il y a un contrat, pas de limite de temps. » Edmond Francey mesure bien le hiatus entre les deux activités. « Tout le monde a les mêmes contacts, mais ils sont approchés différemment, estime-t-il. Dans une maison de ventes, on parle de façon plus patrimoniale, c’est de l’ordre du conseil. En galerie, on parle plus de l’artiste et de l’œuvre. La galerie est une petite structure. Chez Christie’s, il faut travailler avec les autres équipes, avoir des avis croisés. » Mais la proximité avec les artistes, cœur du métier de galeriste, ne va-t-il pas lui manquer ? « J’avais envie de retrouver l’intimité de l’œuvre d’art, que ce ne soit pas que de la production, indique-t-il. On est enrichi par les artistes, mais aussi par les œuvres. Je ne conduirai pas de projets avec les artistes, mais je continuerai à avoir les liens que j’avais avec Lionel Estève, Wang Du ou Gilbert & George. » Mais surtout, les barrières sont poreuses et les rôles volatils, puisque les marchands privés peuvent collaborer avec des ventes publiques, comme Philippe Ségalot avec Phillips de Pury & Company, tandis que les salles de ventes orchestrent des expositions. Les allers-retours sont aussi plus fréquents. Ainsi Hugues Joffre, qui avait quitté Christie’s en 2002 pour officier en privé, a rejoint à nouveau l’écurie de François Pinault en 2010 à Londres.