Bamako l'urbaine du Sahel - Part 1

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E L E W E L WE ako l’urbaine Bam


REMERCIEMENTS

› Djamel Klouche [ ENSAV ] › Julien Monfort [ ENSAV ] › Gricha Bourbouze [ ENSAV ] › Iba › S.E. M. & Mme Konaré › Mariam › Atou › Abdul › Christiane › Jean-pierre › Boubacar Draba [ DG-Relex ] › Daniel Lubeth [ AFD ] › Ousmane Traoré [ AFD ] › Edouard Malbois [ Enivrance ] › Reluire › Stéphane › Adrien › Pierre › Alex › Zineb › Adeline Terrasson › Charlotte › Marco


E L E W E L WE ako l’urbaine Bam

Charlotte Chebassier

Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles PFE Processus expérimentaux et ‘métropolisation’ Suivi par D. Klouche, J. Monfort & G. Bourbouze Juillet 2009



Je ne suis pas malienne, je ne suis pas noire, ce n’est pas ma culture. Mais je suis architecte et observatrice, et c’est bien pour cela que je me sens à ma place. Je sais déambuler dans la rue, causer au grin, marchander mon pagne, suivre les enfants, boire mon thé, m’arrêter dans les cours. Voilà comment je suis devenue Salimata Sangaré.



MALI POPULATION CLIMAT BAMAKO GOUVERNANCE TRANSPORT URBAIN RUE COMMERCE AGRICULTURE URBAINE URBANISME HABITAT FAMILLE RELIGION CULTURE ... SOURCES

8 14 20 26 36 44 52 60 68 72 92 104 110 114 120 124



MALI Au coeur, Un berceau, Un avenir en invention


MAROC

ALGERIE

SAHARA OCCIDENTAL

MAURITANIE

MALI

Tombouctou

NIGER

Gao

SENEGAL Kayes

GAMBIE

Mopti Ségou Bamako

GUINE-BISSAU GUINEE

BURKINA FASO

Sikasso

BENIN SIERRA LEONE

CÔTE D’IVOIRE

GHANA

NIGERIA

TOGO

LIBERIA

CAMEROUN

GUINEE EQUATORIALE GABON

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CONGO


GEOGRAPHIE

Situé en Afrique de l’Ouest, le Mali est un pays enclavé partageant ses frontières avec sept autres Etats. Il est parcouru par le fleuve Niger qui inonde tout le coeur du Mali, ainsi que le fleuve Sénégal. Le Mali est le pays d’Afrique Noire le plus proche de l’Afrique Maghrébine, avec plus d’un tiers du pays désertique. Plus au sud, Bamako est une des rares capitale de l’Afrique de l’Ouest n’ayant pas accès à la mer.

UN PEUPLE. UN BUT. UNE FOI

Le Mali est donc économiquement dépendant de ses voisins et de leurs ports. Les principaux ports pour les exportations et les importations sont ceux du Sénégal ( Dakar ), de la Côte d’Ivoire ( Abidjan ), du Togo ( Lomé ) et de la Guinée ( Conakry ), auxquels on accède par voie routière, ou parfois ferrée.

C’est une région qui est le berceau des empires les plus prestigieux d’Afrique, avec un patrimoine culturel considérable. Le Mali est connu pour l’hospitalité légendaire de son peuple : la diatiguiya ( dite Teranga au Sénégal ). La culture est encore très authentique parce que peu touchée par l’occidentalisation et le phénomène de mondialisation.

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L’intérieur des terres africaines est le berceau des plus grands empires, que ce soit l’empire Mandingue, celui des Songhaïs ou le royaume Bamanan. De nombreuses légendes nourrissent cet univers mystérieux mélant caravaniers et guerriers. Tombouctou est une cité interdite qui a su fasciner un grand nombre d’explorateurs tels Ibn Battûta, JeanLéon l’Africain et René Caillié. Caravaniers à Tombouctou © collection A.O.F.

Comptoirs européens à Kayes © collection A.O.F.

A la fin du XIXe siècle, le Soudan nigérien devient une colonie Française ( 18981960 ) malgré la résistance des Africains. En l’espace de deux décennies, l’Afrique est totalement colonisée du Sénégal au Congo. Les français implantent une administration centralisée principalement tournée vers l’agriculture, l’industrie et le commerce. La domination coloniale bouleverse la société traditionnelle en faveur des colons.

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La cicatrice de la colonisation au regard des africains, c’est aujourd’hui celle de l’esclavage ( la traite de noirs durera jusqu’au début du XIXe ) et des clivages raciaux. Malgré une réforme du système colonial en 1946, la marche vers l’indépendance est déjà engagée, puis proclamée le 22 septembre 1960. Modibo Keita devient le Président, proclamant une République héritière d’une histoire multiséculaire.


HISTOIRE

Malgré une politique ambitieuse, les premiers pas de la République sont hésitants, devant affronter une économie difficile et la révolte du peuple Touareg. Le régime socialiste se radicalise pour finalement aboutir à une dictature militaire. Moussa Traoré met en place un régime à parti unique ( 1968-1991 ), et aggrave la situation économique du pays.

UNE DEMOCRATIE QUI SE CHERCHE

La dictature est finalement renversée pour laisser place à la 3e République du Mali avec l’élection d’ Alpha Oumar Konaré ( 19922002 ). Malgré de nombreux mouvements sociaux et la guerre civile dans le Nord, l’image du Mali se restaure progressivement sur la scène internationale et intérieure. Amadou Toumani Touré, dit ATT, est élu en 2002 après 30 ans de carrière militaire.

Bien que limitrophe avec des pays sous tensions ( Côte d’Ivoire, Guinée, GuinéeBissau ), le Mali est un pays très stable depuis 1992, hormis les conflits dans le Nord avec la révolte des Touaregs. Le pays se développe lentement et parce qu’il est sûr, il attire aujourd’hui les investisseurs et les entreprises de la région. ATT © Koulouba

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POPULATION Identités ethniques respectées, Perméabilité des civilisations


Le Mali est un carrefour des civilisations, à la fois pris entre le désert et les zones forestières, entre sable et savane, entre Afrique maghrébine et noire. Les ethnies sont nombreuses et se distinguent avant tout par leur langue et leur héritage culturel,mais aussi la morphologie de leur peuple, leurs croyances, leurs secteurs de production. La force de ces ethnies est de savoir vivre ensemble et en cohabitation. Touareg Maures Songhaï Peul Dogon Bozo Bobo Sénofou et Minianka Bamanan [ Bambara ]

PLURICULTURALISME EN COHESION

Malinké Kassonké Sarakolé ou Soninké Toucouleur

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ETHNIES

1 Carte réalisée à partir du schéma Ethnies issu du Petit futé Mali, 2009, p.69

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La population malienne est estimée à 12,7 millions d’individus en 2008, dont 32 % vivant en milieu urbain. Les Nations Unies prévoient une croissance de 3 % pour atteindre 34 millions d’individus en 2050; et une croissance urbaine de 4,8 % jusqu’en 2010 2. La population est très jeune, avec à Bamako plus de 51% d’individus ayant moins de 20 ans, et un grand nombre de jeunes filles de 10 à 19 ans venant de la campagne, en quête de trousseau de mariage. Chaque femme a en moyenne 6,46 enfants ; soit la base d’une très forte croissance démographique, malgré un taux de mortalité infantile encore élevé 3.

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2 Données extraites de « The State of the World Population 2008 », UNFPA, § Demographic, Social and Economic Indicators 3 Source RGPH 1998, extraite du Schéma Directeur d’Urbanisme de Bamako, 2005


DEMOGRAPHIE

Bamako est la ville la plus attractive car elle est synonyme de promotion sociale et d’opportunités. Face à la désertification des terres arables et l’absence de travail dans les campagnes, beaucoup de jeunes migrent en ville pour assurer un revenu complémentaire à leur famille restée là-bas. Les migrations se font par étape, en passant d’abord par des villes secondaires comme Kayes, Mopti, Sikasso, puis jusqu’à Bamako.

EXODE RURAL

A Bamako, on perçoit cet exode des campagnes avec les constructions de type rural situées dans les zones périphériques. Les pratiques rurales persistent et s’urbanisent : ce sont les volailles dans la cour, les transports à dos d’âne, les greniers à grains, les toilettes à fosse,... D’où l’importance de ne pas confondre bidonville et habitat rural.

Viennent aussi de la campagne tous les jeunes «boys» et «bonnes» au service des grandes familles. Ce sont des gardiens ou femmes de ménage à plein temps, en charge d’une tache précise à accomplir en échange du logis et des repas, pour un salaire moyen de 8 000 Frs CFA ( 1€ = 655 Frs CFA, soit environ  12 € ). La richesse de la famille s’évalue au nombre d’employés de maison.

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CLIMAT Le Niger nourrit la terre, Le soleil pose ses limites


b Saison pluvieuse ou Hivernage • (Juin à Octobre) La pluviométrie normale est de 1081 mm 4. Les averses sont de forte intensité à tendance orageuse avec un pic en août. Le paysage se transforme pour laisser place à une végétation luxuriante et un ciel pur, sans poussière. L’eau des pluies est récupérée des toitures pour l’usage courant : douche, ménage,...

Le District de Bamako est situé dans une zone de climat de type soudanien. Saison sèche • (Novembre­ à Mai) La moyenne thermique est de 33°C, avec un pic en avril. Le paysage se devient désertique et subit la sécheresse. Le rayonnement étant très important, les constructions adoptent des formes compactes pour limiter la surface exposée au soleil.

i

Les vents africains transportent beaucoup de poussières, pour s’en protéger les ouvertures s’opposent directement au vent. On en distinguent deux types : L’harmattan • Vent sec qui souffle du N-E au S-O pendant la saison sèche. A l’origine de tempête de sable en provenance du Sahel ou de tourbillons. La Mousson • Vent humide qui souffle du S-O au N-E pendant le saison des pluies.

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4 Source Météo Bamako, extraite du Schéma Directeur d’Urbanisme de Bamako, 2005


CARACTERISTIQUES

zone saharienne

zone sahélien ne zone souda nienn e zone soudan o-gu iné BAMAKO enn e

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Le Niger, dit «fleuve des fleuves», est le plus long fleuve d’Afrique Occidentale. Chargé d’histoire et de culture depuis l’Antiquité, c’est tout à la fois le berceau d’une civilisation millénaire et le résumé du présent. C’est un fleuve qui fait vivre sa population : son eau est utilisée dans les villages, de nombreux peuples vivent de la pêche, d’autres de ses rives cultivables et inondables. Fleuve Niger traversant Bamako

La moitié méridionale du Mali vit au rythme de ses fleuves et rivières selon la saison. Le niveau du Niger peut varier de 5m avec une crue à son maximum en Septembre à Bamako. Le fleuve arrose abondamment le pays et constitue la principale voie de communication maritime avec une largeur moyenne de 2km. Entre Bamako et Koulikoro, les rapides de Sotuba empêchent la navigation.

Rapides de Sotuba asséchés dès Mars

Vie au bord du fleuve

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SAISONS

Orage durant l’hivernage

METAMORPHOSE

Voile de poussière et de chaleur au dessus de la ville

Végétation en période sèche

Tempête de sable provenant du Sahel © Panoramio

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BAMAKO Un village, Un passage, Une mĂŠtropole africaine


Campement des caravanes Twatila

Twatila

Dravé

Bois Sacré

Niaréla

Dofala

Dravéla Bozola

Arbre sacré du village Bozo

Zone construite [ cases ]

Mur de protetion en banco [ djin ]

Résidence du chef [ Munià ]

Enceinte fortifiée [ tata ]

Place publique ou du marché

Porte

Mosquée

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5 Plan schématique réalisé à partir d’un reconstition de Claude Meillassoux,

1963, extrait de «Bamako», collection Pays Enclavés, n°6, 1993, p8


FONDATION \ 1640

Bien que la date de fondation de la ville soit incertaine, de nombreux vestiges témoignent d’une archéologiques occupation ancienne. Située sur un axe de commerce, la ville s’est formée grâce au passage plus ou moins prolongé des caravaniers, des chasseurs et des agriculteurs, vers la fin du XVIIe ou le début du XVIIIe siècle. Plusieurs légendes sont à l’origine de la fondation de la ville. L’une raconte qu’un Ségovien parti en chasse aurait tué un caïman puis construit un gîte à cet endroit, d’où Bama- kô, la rivière au caïman. Une autre raconte qu’un colporteur nommé Bamba Sanogo se serait installé, et que ceux qui allait à la rivière disait « Bamba ka kô » : « je vais à la rivière de Bamba ».

LA RIVIERE AU CAÏMAN

La Vieille ville constitue la première zone d’occupation de Bamako, avec les quartiers du nom des grandes familles Niaréla, Bozola, Bagadadji et Dravéla, situés autour du Centre Commercial. Le village était bâti en place forte, entouré d’un « tata » en terre battue de 4,50 m de haut et 2 m d’épaisseur, et de quatres portes fermées à la tombée de la nuit. La ville était séparée du Niger situé à 800 m par une zone marécageuse.

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PERIODE COLONIALE \ 1883

A l’arrivée du Colonel Borgnis Desbordes en 1883, la cité compte à peine 1 000 habitants. La population passe rapidement à 6 000 dès que le Fort français est construit. Pour les français, Bamako servait à relier l’intérieur des terres africaines avec le port de Dakar. Ainsi est entreprise la construction du chemin de fer Dakar-Niger, arrivé en 1904 ; la position de Bamako en carrefour commercial est alors renforcée.

Gare ferroviaire de Bamako

La ville devient un centre administratif et commercial important. Elle est érigée capitale de la colonie du Soudan Français en 1904 ( et comprend alors le Sénégal ). Les Français entreprennent la réalisation de nombreuses infrastructures à partir de 1927 avec la Cathédrale, le port fluvial, le grand marché, les bâtiments de l’administration française et de l’éducation. Elle compte 22 000 habitants en 1936. A part Bozola, les quartiers villageois changent de site et sortent de l’enceinte du tata ( Tawatila devient Bagadadji ). Les quartiers se reforment selon des critères de races, avec un centre destiné à la ville « blanche ». De nouveaux quartiers voient le jour, avec des opérations de lotissements dessinées par les Français, sur une trame orthogonale classique ( Médina-Coura, Quinzambougou, N’Tomikorobougou, Hamdallaye, Missira ).

LA VILLE COQUETTE

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INDEPENDANCE \ 1960

Une fois l’indépendance déclarée en 1960, le ville se développe d’autant plus vite avec une croissance démographique de 7 %. Cela entraîne une densification des quartiers anciens avec une extension significative en périphérie, notamment grâce à la construction du pont des Martyrs franchissant le Niger. Les villages avoisinants sont aussi progressivement aborbés par la croissance urbaine. De nouveaux quartiers sont également créés, chacun plus ou moins bien lotis, avec différents degrés de viabilisation, de densité et d’équipements : Hippodrome, Liafiabougou, Djikoroni Para, Quartier Mali, Badalabougou, Torokorobougou,...

Tramé récent à Torokorobougou

Pont des Martyrs avec 2 voies

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CONTEMPORAIN \ 1973

A partir des années 70, le développement urbain n’est pas en mesure de supporter la croissance démographique. Ce problème de logement entraîne l’apparition de quartiers informels, avec des occupants ne disposant d’aucun titre foncier légal pour des terrains non aménagés. Cette croissance non maîtrisée entraîne l’extension de la ville sur les zones de concessions rurales en périphérie, avec une

NO STOP CITY

faible densité bâtie sur de vastes territoires. A ce jour, la rive nord est saturée, la ville trouve ses limites en venant buter contre les collines. Son extension est principalement localisée sur la rive sud grâce à la construction d’un nouveau pont construit en 1989. De nombreuses zones rurales se trouvent annexée à la ville capitale. Celle-ci s’étend également le long du Niger à l’est et à l’ouest vers les villes secondaires.

Habitat de type rural en périphérie

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GOUVERNANCE Des pères de famille, Des chefs de village, Des maires de commune


I-1

I-2

I-3

I-4 III-1

Commune I

III-3 II-1

III-4 III-2

IV-2

I-5

III-5

III-8 IV-1

III-7 III-9 III-6 III-10III-11Commune III III-12 III-13 IV-3 III-14 III-15 III-16 III-17 III-18

Commune IV

I-7 I-6

II-3

Commune II II-2

II-6

II-4

II-7

I-9

I-8

II-5

II-8

II-9 VI-4

III-19

IV-4

IV-5

VI-1

V-1

IV-6 V-2

V-3

VI-2

VI-3

VI-6

VI-5

VI-8

Commune V IV-7

V-4

V-5

V-6

Commune VI VI-9

IV-8

VI-7

VI-10

VI-11

VI-12

VI-13

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6 Carte réalisée à partir de la carte routière du District de Bamako, Décembre 2007, Institut Géographique du Mali


DECOUPAGE ADMINISTRATIF

I-1 I-2 I-3 I-4 I-5 I-6 I-7 I-8 I-9

Nafadji Banconi Djoumanzana Sikoroni Korofina Nord Djélibougou Boulkassoumbougou Babouillabougou Ferme de Sotuba

II-1 II-2 II-3 II-4 II-5 II-6 II-7 II-8 II-9

Hippodrome Médina-Coura Missira Bagadadji Bakaribougou Zone industrielle Bozola Niaréla Cité du Niger

III-1 III-2 III-3 III-4 III-5

Sogonafing Koulouba Point G Samè N’Tominkorobougou

Limite du District de Bamako Limite administrative de Commune Limite administrative de Quartier Zone de l’aéroport international Mairie du District Mairie de Commune Zone de continuité urbaine Centre historique

III-6 Dar Salam III-7 Centre commercial III-8-12 Badalian III-13 Ouolofobougou III-14 Dravéla III-15 Bamako-Coura III-16 Base A III-17 Quartier du fleuve III-18 ACI 2000 III-19 Base B IV-1 IV-2 IV-3 IV-4 IV-5 IV-6 IV-7 IV-8

Lassa Lafiabougou Hamadallaye / ACI 2000 Taliko Woyo wayanko Djicoroni-Para Sébéninkoro Kalabambougou

V-1 V-2 V-3 V-4 V-5 V-6

Badalabougou Torokorobougou Quartier Mali Baco Djicoroni Sabalibougou Daoudabougou / Kalabancoura

VI-1 VI-2 VI-3 VI-4 VI-5 VI-6 VI-7 VI-8 VI-9 VI-10 VI-11 VI-12 VI-13

Magnambougou Dianèguèla Concessions rurales de Magnambougou Missabougou Sogoninko Sokorodji Banankabougou Yirimadjo Niamakoro (TF 1621) Faladiè Niamakoro Aéroport international Bamako-Sénou Sénou

Fleuve Niger

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GOUVERNEMENT MALIEN

Président Amadou Toumani Touré [ ATT ]

REGION Bamako

CERCLE

Collectivité territoriale de Bamako

COMMUNE

Maire avec son conseil communal élu au suffrage universel En charge des services : éducation, santé, équipements, environnement,...

QUARTIER

Chef de quartier Chef de sous-quartier Chef de famille

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DISTRICT DE BAMAKO Maire et conseil du District

En charge de l’executif Propriétaire du territoire de Bamako


GESTION URBAINE

Les six communes n’ont pas de lien actuellement avec le District, elles dépendent directement du cercle puis du gouvernement. Une refonte institutionnelle et politique serait nécessaire pour établir une Mairie unique au District, autonome dans ses décisions, dont dépenderaient toutes les communes. Par ailleurs, l’expansion urbaine de Bamako déborde des limites administratives du

District. Des petits villages de brousse se retrouvent aujourd’hui aux portes de la ville. Ils ont fonctionnent encore selon une politique traditionnelle, menée par le chef du village et les sages. Il existe un vieux projet de réforme administrative où les limites du District s’agrandiraient ; mais celui-ci n’arrive pas à voir le jour depuis plusieurs années en raison des conflits d’intérêts de chacune des parties.

Limite du District

UNE GOUVERNANCE DEPASSEE

Limite

du Dis

trict

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VIEUX CENTRE

Centre économique

PROPRIETE

Concessions appartenant à de vieilles familles Bamakoises

LOCATION

Jeunes travailleurs Bamakois ou émigrés travaillant dans le centre

Foncier saturé en centre ville Densification des parcelles : verticalisation du bâti, segmentation du parcellaire, disparition des cours Dégradation du cadre de vie et des constructions

PERIPHERIE

Extension urbaine

PROPRIETE COUTUMIERE Attribution des terres par les chef de village en périphérie

PROPRIETE ROMAINE

Achat des terres auprès des autorités administratives

Rachat des terres agricoles pour l’urbanisation Viabilisation des terrains par les agences immobilières Economie du foncier : réduction des parcelles et de la voirie

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SYSTEME FONCIER

Droit coutumier • Attributions coutumières qui sont pratiquées par les chefs de village, notamment en périphérie, elles reconnaissent le droit d’usage héréditaire de la terre. Ce droit n’est pas officiellement reconnu par l’administration. Droit romain • Ce droit permet l’acquisition de la propriété d’une parcelle après commercialisation. Les attributions posent problème car elles peuvent êtes faites par : · La Mairie du Disctrict avec un titre de propriété réglementaire · La Commune souvent sans titre de propriété, établi au préalable au nom de la Commune. · L’Agence de Cession Immobilière (ACI) par voie d’adjucation publique. Les terrains sont distribués par vente aux enchères de parcelles loties puis est délivré un titre foncier définitif. Depuis la mise en place de l’Agence de Cession Immobilière ( ACI ) en 1992, la situation foncière de la ville s’est empirée : · Augmentation considérable des prix du foncier · Inégalité dans l’attribution des parcelles, clientélisme. · Complexité des démarches d’accès à la propriété

Nouveaux quartiers aménagés et délivrés par l’ACI

SUPERPOSITION DES ACTEURS

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TRANSPORT URBAIN Chacun invente son moyen de locomotion, son trajet, sa distance Ă parcourir


Sotrama ou Dourouni • Le transport collectif est assuré par des sociétés privées, avec des pick-up bachés ou bien des minibus. C’est un transport très bon marché avec ​une course variant de 125 à 250 FCFA ( 0,19 à 0,38€ ). Les sotramas s’organisent par lignes autour d’un syndicat. Très nombreux dans la ville et en quête de rendement, ils provoquent une circulation assez chaotique et dangereuse.

Taxi • Egalement très nombreux, il sont destinés à une clientèle plus aisée, la course varie entre 1 000 et 2 500 FCFA ( 1,50 à 3,80 € ) en moyenne. Camion et Tracteur • Interdits de circulation en centre ville durant la journée, on en retrouve en périphérie de Bamako, dans les zones agricoles et industrielles. Les camions assurent la majeur partie du transport de marchandises en provenance des ports voisins ( Dakar, Abidjian et Lomé ), parce que plus rapide que le train. Néanmoins les voiries soumises au fort trafic de camions se dégradent. Elles ne sont pas entretenues.

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MODES DE TRANSPORT

Voiture • Le transport individuel est destiné aux particuliers, avec un flux important en direction du centre ville le matin entre 7h et 9h, et à l’inverse le soir entre 17h et 19h. Le parc automobile est composé de vieilles voitures européennes ou de 4X4 neufs. L’étalement urbain ne permettant plus les déplacements à pied comme auparavant, le parc auto ne cesse d’augmenter. Moto et Mobylette • Avec les importations d’Indonésie et de Chine, le nombre de motos a ‘explosé’ à Bamako depuis environ 5 ans. Très accessibles pour un salarié type, elles coûtent environ 300 000 FCFA ( 460 € )mais sont de moindre qualité qu’auparavant. Faciles à conduire, leurs propriétaires ne respectent guère le code de la route, et les accidents ont considérablement augmentés ces dernières années. Vélo et charette • Ce sont, hormis la marche à pied, les modes de déplacement les moins chers. Employés pour le transport individuel, les deux roues sont également utilisés dans le commerce et les services, pour transporter les biens et ordures ou aller vendre au marché. A la campagne, c’est l’âne qui tracte la charette ou les personnes.

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Flux Piéton ine ba ur ires ra a int ad re om iai ebd v ro h fer ns ie rai Vo 2 t

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La voie ferroviaire fut construite en 1904 lors de la colonisation française, afin d’acheminer les marchandises vers le port de Dakar. Elle traverse Bamako d’ouest en est. Aujourd’hui très dégradée, pas entretenue, cette voie n’est utilisée que deux fois par semaine, par des trains de marchandise et de voyageurs. Peu rentable et très lent, les transporteurs et voyageurs préfèrent la route ou l’avion au train.

DELAISSES

Voie ferroviaire entre Bamako et Koulikoro

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PRATIQUES URBAINES

Bus Transport collectif privé ou scolaire Automobiles Piéton

Chau

ssée

Sotrama Voiture

Moto

Vélo

Piéton

Mobylettes & Motos

routiè

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SUREXPLOITATION SUPERPOSITION

x au ue inte q i o un e p d ns Se ures e h

Sotrama Transport collectif privé

Piéton Taxi

Mobylettes

Ch limiteaussée rou avec le tière goudro n Mendiant

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Ka

ti Koulikoro

Ségou

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Sénou - Sikasso

Gu

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6 Carte réalisée à partir de la carte routière du District de Bamako, Décembre 2007, Institut Géographique du Mali


RESEAU DE TRANSPORT

Le réseau de transport est quasiexclusivement composé de routes. Il n’existe pas d’alternative pour se déplacer, que ce soit par la voiture individuelle ou les minibus collectifs. Les routes situées autour du centre ville sont très denses mais de mauvaise qualité, et aujourd’hui inadaptées aux besoins du réseaux actuel : rues trop étroites, trop encombrées. Celles qui sont en

Limite du District de Bamako Voie goudronnée à chaussée séparée Voie goudronnée en projet Voie goudronnée ou dallée Gare routière Limite de l’aéroport international Voie ferrée Dakar-Niger Gare ferroviaire passagers Gare ferroviaire marchandises

périphérie, plus récentes, sont plus larges et sécurisées. Ce sont les voies les plus importantes. Bien que bénéficiant aux petits revendeurs de rue, la congestion automobile est un frein pour la compétitivité des villes africaines à l’échelle nationale et internationale. Le franchissement du pont est un véritable problème, avec seulement deux ponts à l’heure actuelle ( 6 voies au total ) et une chaussée submersible de juillet à septembre, le Babili kôrôni. Le réseau ferré n’est que très peu utilisé parce qu’en mauvais état. Le réseau fluvial permet de naviguer à partir de Koulikoro jusqu’à Gao. Il est bloqué à Bamako par les rapides de Sotuba en aval de la ville.

Centre historique Fleuve Niger

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RUE La rue c’est la prolongation de la maison, le salon où l’on cause, l’endroit où l’on échange...


Préparation des repas

Lessive & Détente

HABITER LA RUE COMME ON HABITE CHEZ SOI

Coiffure & Beauté

Les pratiques quotidiennes envahissent la rue, parce qu’après la maison il y a la cour puis la rue. Les femmes y effectuent beaucoup de tâches ménagères telles que la cuisine, la lessive, la vaisselle,... Il est courant de voir des femmes en plein tressage ou en train d’allaiter un enfant, la rue n’est pas pudique. Vue sur la cour intérieure

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PRATIQUES SOCIALES

La détente au grin

Les hommes font le grin, une véritable institution au mali. Le grin désigne à la fois un lieu, des gens, une activité et une temporalité. On se retrouve dehors, autour de la radio ou parfois la télévision, avec les tradionnels trois thés maliens. Chacun retrouve quotidiennement son grin. Les Bamakois disent y «refaire le monde» toute la nuit : football, femmes et nouvelles. Discussions entre femmes

Pendant ce temps, ce sont les enfants qui animent la rue, c’est leur espace de loisirs et d’échanges. Les moins de 15 ans représentent presque 40% des Bamakois 7. Ils investissent la rue pour y jouer, pour se rassembler, pour s’y montrer.

Jeux d’enfants

7 Source RGPH 1998, extraite du Schéma Directeur d’Urbanisme de Bamako, 2005

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Voie artérielle en goudron et trottoirs en goudrons Végétation plantée

Route nationale en goudron (Bamako vers Koulikoro)

LE GOUDRON COMME LIMITE URBAINE Voie collectrice en goudron et trottoirs en terre Végétation plantée

Voie secondaire dallée en pierre et trottoirs dallés Végétation plantée

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TYPOLOGIES

Voie secondaire aménagée en terre, végétation plantée

Voie secondaire non aménagée en terre

La rue devient un espace résiduel entre les habitations

On distingue 3 matériaux utilisés pour la rue : la terre, la pierre, le goudron. Selon leur mise en oeuvre, les rues seront plus ou moins équipées, avec des réseaux de drainage, des réseaux d’éclairage, des trottoirs, des stationnements et de la végétation pour l’ombre.

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La qualité des équipements urbains est très variable selon les quartiers. Les réseaux d’égouts sont le plus fréquemment à ciel ouvert ou inexistants, posant de nombreux problèmes sanitaires ( paludisme et épidémies ). Ces caniveaux, et bien souvent la rue ellemême, sont encombrés de déchets et notamment de sacs plastiques noirs et de produits plastifiés. Les citadins ne sont

Poubelle

Déchets Caniveau fermé par des dalles béton

pas éduqués au tri des déchets plastiques. Auparavant tous les déchets étaient recyclés dans la récupération et le système D. Le système de drainage des eaux étant insuffisant ou encombré, cela pose de gros problèmes lors de la saison des pluies qui dure 4 mois. L’eau de pluie déborde ou stagne, les caniveaux sont infestés de moustiques et les rues sont difficilement praticables parce que boueuses.

Caniveau à ciel ouvert

Déchets

Drainage naturel Déchets

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EQUIPEMENTS

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COMMERCE Du recyclage à l’ingéniosité, tout est prétexte au commerce, aux marchés, à la liberté de vendre et d’acheter


Vente de fruits, légumes, céréales • Les espaces maraîchers et champs de cultures sont exploités en partie pour des besoins commerciaux. Ce sont les femmes qui vont vendre leurs produits au marché. La biodiversité sub-saharienne est très riche avec de nombreux produits plus ou moins nobles. Alimentation générale • De nombreuses mères de famille vendent aux travailleurs et vendeurs de repas traditionnels préparés. Elles s’installent devant leur concession, entre les étals du marché ou près de la route. Elevage • La production est essentiellement traditionnelle, avec des bovins, des ovins, des caprins et de la volaille. Il existe de nombreux marchés à bétail à l’intérieur de Bamako. Les sous-produits comme le lait, les oeufs, la peau et le cuir servent à la consommation locale ou l’artisanat.

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Vente de poisson • La pêche est pratiquée de façon artisanale dans le Niger, par l’ethnie des Bozos. Les poissons les plus courants sont le capitaine et les carpes. La production de Bamako n’est pas suffisante pour alimenter la ville.


MARCHANDISES

Textile • Les tailleurs et tisserands sont très nombreux dans la ville car le prêt-à-porter n’y est pas encore très implanté. Les vêtements confectionnés sont très variés, ce sont des boubous, des bazins, des tenues traditionnelles, des ensembles pour les femmes, et toujours avec une grande variété de tissus et de motifs.

Automobile • Parce que d’une part le parc automobile Africain est souvent en mauvais état, composé de voitures provenant d’Europe, et d’autre part l’état de routes est mauvais. Les réparateurs auto sont très nombreux dans la ville. Ils connaissent extrêmment bien la mécanique et font usage d’un système D très développé.

Produits manufacturés • Ces produits sont le plus souvent importés d’Asie et plus particulièrement de Chine. Ils sont de mauvaise qualité mais bon marché. Edition • Ce secteur est assez important à Bamako, il englobe aussi bien édition, imprimerie, fabrication de papier et de matériel de papeterie. Il fournit à la fois les milieux de l’enseignement, de l’administration et de la littérature.

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64

8 Carte réalisée à partir de la carte routière du District de Bamako, Décembre 2007, Institut Géographique du Mali et des données du Schéma Directeur d’Urbanisme de Bamako, 1995


MARCHES

Les marchés sont nombreux en ville et d’une grande variété d’échelle, de lieu et de produits. La plupart se situe en centre ville sur la rive Nord. Au sein des marchés, se distinguent les entreprises déclarées possédant un local commercial, les boutiquiers louant également un emplacement, les vendeurs ne disposant que d’un étal sommaire, et les vendeurs mobiles se déplaçant avec la foule.

Alimentation Bestiaux Artisanat Mécanique Textile Halle

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SERVICES RECYCLAGE INGENIOSITE OMNIPRESENCE

Le secteur informel est la base de l’économie africaine. Son fonctionnement reste un mystère pour les occidentaux parce que l’informel génère des valeurs qui nous échappent. C’est un système qui ne peut pas être maîtrisé, il échappe au contrôle de l’état mais permet à un bien plus grand nombre d’en vivre. Le contrôle par les pouvoirs publics est très limité voire inexistant. Le secteur se compose essentiellement de commerces de détail, avec des revendeurs de produits manufacturés ou de produits locaux. On les retrouve à vendre au stop, à faire des étals auto-construits au marché ou dans des boutiques installées sur les trottoirs. Travaillent dans ce secteur aussi bien les chefs de famille, les mères de famille que les enfants.

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SYSTEME D

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AGRICULTURE URBAINE Le maraîchage otage de l’expansion urbaine


Maraîchage le long des marigots, saison sèche

Localisation sectorielle • Le maraîchage et la céréaliculture sont implantés dans les secteurs riverains du fleuve Niger ; le long de la voie ferrée vers Koulikoro car l’eau provient d’une nappe phéatique peu profonde ; le long des marigots débouchant sur le fleuve et enfin sur les terrains vagues ou délaissés. Ces espaces représentent au moins 300 ha de la superficie du District 9.

Plantation de manguiers en périphérie

Maraîchage sur les rives du Niger, saison sèche

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9 Source Chambre régionale de l’Agriculture du District de Bamako,

CRAD, extraite du Schéma Directeur d’Urbanisme de Bamako, 2005


PRATIQUE URBAINE

Le maraîchage répond à des besoins familiaux ou commerciaux. Autrefois pratiqué uniquement en saison sèche en activité secondaire, c’est devenu une activité permanente, avec une main d’oeuvre de jeunes migrants venant des zones rurales. Les exploitants maraîchers sont organisés en coopérative.

Production maraîchère • Légumes avec feuilles (laitues, choux, niébé), légumes à fruits (gombo, tomates, fraises, aubergines) et légumes racines (carottes, manioc, patates, betteraves). Production céréalière • Maïs, arachide, sorgho, gombo, mil, riz, fonio. Production fruitière • Manguiers, orangers, citronniers, goyaviers.

HABITER OU MANGER ?

Maraîchage dans les espaces résiduels

Bien que ces pratiques agricoles soient très répandues dans Bamako, et face à une demande croissante des citadins, elles sont confrontées à l’expansion urbaine. Les territoires bâtis entraînent une réduction considérable des terres agricoles. La surexploitation des terres disponibles et l’exiguïté des plantations diminuent le rendement des cultures. Ancienne zone de maraîchage absorbée par l’extension

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URBANISME EntremĂŞler les ĂŠpoques, les habitants, les usages et les moyens pour tisser un plan


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TYPOLOGIES URBAINES

Les typologies urbaines rencontrées dans la ville sont intimement liées à l’évolution historique de celle-ci. En synthétisant, on distingue des typologies anciennes, bien équipées mais parfois mal entretenues et saturées ; des typologies récentes, faiblement équipées et peu viabilisées ; avec enfin des typologies actuellement en formation, qui sont situées sur des territoires agricoles et en périphérie.

Centre historique Equipement public

Peu d’élements verticaux apparaîssent dans le paysage de Bamako, mis à part la tour de la Banque Centrale et l’Hotel de l’Amitié. La ville est très consommatrice d’espace avec un étalement urbain horizontal.

Cimetière Equipement sportif Tramé ancien Tramé récent Villas Industrie Promotion immobilière Spontané Rurbain Concessions rurales

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Le centre historique est aujourd’hui le centre commercial de Bamako. Les constructions actuelles datent de la fin du XIXe siècle, alors que c’était le quartier «blanc». Elles sont pour la majeur partie de type néo-soudanais ou colonial. La zone est mixte, composée des principaux bâtiments administratifs, des commerces et marchés, d’équipements culturels et scolaires, d’hôtels et de logements.

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CENTRE HISTORIQUE

200 m

Limite d’îlot bâti

Equipement de transport

Equipement scolaire ou culturel

Jardin

Mosquée

Equipement administratif

Voie ferrée

Cathédrale

Voie goudronnée

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Le tramé ancien remonte à avant 1960, date de l’indépendance. Situé en zone centrale, sur la rive Nord, ce type de tracé est composé de lotissements en damier, où les concessions mesurent entre 1000 et 1200 m2 ( îlots de 60x60 ou 60x130m ) et les voiries ont une emprise entre 10 et 15 m. Ces quartiers sont bien équipés en terme d’assainissement et de réseaux. Les constructions sont traditionnelles, avec des bâtiments encerclant la parcelle et tournés vers la cour centrale. Les parcelles sont densifiées au maximum pour être louées, ce qui favorise la vetustée et le délabrement. La densité est comprise entre 300 et 380 hab/ha. Le taux d’accroissement du quartier reste pourtant faible parce que saturé.

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TRAME ANCIEN

200 m

Limite d’îlot bâti

Voie goudronnée

Equipement scolaire ou culturel

Marigot

Cimetière musulman

Mosquée

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Les quartiers tramés récents datent d’après l’indépendance, c’est le 2e génération de quartiers lotis à Bamako. La trame orthogonale est moins rigoureuse que sur l’ancien. Ce sont des quartiers qui ont été souvent aménagés après leur établissement. Certains vides urbains sont utilisés comme place publique ou reste des réserves foncières. Gare construite durant la colonisation

L’assainissement et les réseaux sont présents mais encore insuffisants, posant plus particulièrement problème lors de l’hivernage. Les équipements sont assez bien implantés comme dans les quartiers anciens. Les constructions sont également traditionnelles, avec une typologie à cour centrale.

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TRAME RECENT

200 m

Limite d’îlot bâti

Equipement sanitaire

Equipement scolaire ou culturel

Voie goudronnée

Equipement administratif

Mosquée

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Les quartiers de villas ressemblent aux quartiers tramés anciens, avec une trame en damier et des voies entre 15 et 20 m de large ; mais ils ont une densité moindre, d’environ 50 hab/ha. Ils sont destinés à des citadins plus aisés et possèdent des marques de confort significatives : voiture, jardin, piscine,... Les équipements ne sont pourtant pas très développés, probablement en raison d’une sorte de ghettoïsation et d’enclavement du quartier. Les constructions sont plus en hauteur que dans le type traditionnel, et de nombreuses habitations sont de type occidental.

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QUARTIER DES VILLAS

200 m

Limite d’îlot bâti

Voie goudronnée

Equipement scolaire ou culturel

Mosquée

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Les nouvelles zones urbanisées par l’Agence de Cession Immobilière ( dite ACI ) ont un plan complètement nouveau par rapport au tramé classique, affichant un plan de voirie très complexe et disproportionné. Les parcelles qui en découlent sont trop grandes et plus dures à exploiter, laissant trop d’espaces résiduels. Les parcelles vendues par l’ACI sont aménagées et disposent de tous les raccordements aux réseaux. Elles attirent ainsi essentiellement des ambassades, des sièges sociaux et la population aisée. Ce sont les beaux quartiers de Bamako. Les constructions sont des batiments isolés, construits en ciment et béton, selon un type occidental. La densité est de 50 hab/ha. Pour l’ACI 2000, toutes les parcelles sont vendues à un prix très élevé, mais il reste encore 25% de terrains non construits.

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PROMOTION IMMOBILIERE

200 m

Limite d’îlot bâti Voie goudronnée

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La principale zone industrielle est rattrapée par l’extension de Bamako, il est prévu de la délocaliser en périphérie. Les industries présentes sont essentiellement celles de l’agriculture et de l’élevage, des chaînes de montage et d’assemblage, du recyclage et de la valorisation manufacturière. Dans ce quartier, on retrouve également des habitations informelles et du maraîchage.

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ZONE INDUSTRIELLE

200 m

Limite d’îlot bâti

Voie goudronnée

Equipement scolaire ou culturel

Marigot

Voie ferrée

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Les quartiers dit «spontanés», c’est-àdire informels, sont caractérisés par leur discontinuité et leur étalement. Le maillage est irrégulier et enclavé, sans hiérarchie entre le bâti et la voirie. Ils se développent en périphérie sur des territoires sans valeur, peu propices à l’aménagement et excentrés. Avec la construction d’habitations, le foncier prend de la valeur pour les occupants. Le quartier est essentiellement composé de paysans qui émigrent en ville, l’habitat y est de type rural avec des maisons en banco sans aucun aissainissement ni réseaux. L’évolution de ces quartiers est rapide parce que les communes n’ont souvent pas d’autre choix que d’autoriser les constructions et d’aménager ces quartiers. On y trouve donc des maisons en durs, avec plus tard le tracé de voiries et de réseaux d’assainissement.

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Les quartiers spontanés peuvent être facilement confondus avec le tissu rural, que l’on pourrait qualifier de ‘rurbain’. Ces deux tissus sont très proches car composés de constructions rurales, en banco ou ciment. Leur distinction majeure réside dans leur densité bâtie, qui est beaucoup plus lache pour le tissu ‘rurbain’.


QUARTIER SPONTANE

200 m

Limite d’îlot bâti

Marigot

Voie goudronnée

Mosquée

Piste

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Les concessions sont des terres rurales situées en périphérie de Bamako, avec une trame en damier. Il existe deux types de concessions rurales, celles réservées à l’exploitation agricole, l’élevage et l’aviculture, et qui constituent un véritable grenier alimentaire pour Bamako. Celles qui sont uniquement réservées à la spéculation foncière, et transformées en titre foncier par les villageois.

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CONCESSION RURALE

200 m

Concession rurale Marigot

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HABITAT La diversité ethnique remodelée par l’évolution de l’habitat


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Chambre

Cuisine intérieure

Magasin [ Stockage ] ou chambre selon besoins

Grenier [ Céréales + Biens ]

Salle de bain [ Sanitaires + Douche ]

Enclos [ Anes + Volaille + Brebis ]

10 Document réalisé à partir du relevé du patrimoine architectural traditionnel à Troungoumbé

par les étudiants de l’ENSA-PVS sous la direction de M. Roué et M. Cottinet (2007)


HABITAT RURAL

DOUGOUCOLO

Concession familliale à Trougoumbé • La cour centrale est l’espace de vie principal de la vie commune ( cuisine, séchage du linge, toilette, grenier, accueil des invités, thé, jeux, animaux,... ). Elle possède des arbres pour l’ombre et un puits dans certains cas. C’est le lieu où les repas sont partagés, où l’on prépare et mange dans le même plat. Les habitations très sommaires et compactes s’agglomèrent autour de cette cour et s’étendent en fonction de l’évolution de la famille. Elle possèdent souvent une véranda ou un auvent en paille pour ombrager la façade. Un magasin vient souvent s’accoler à la chambre pour stocker la nourriture ou les biens. Il peut devenir chambre quand la famille s’agrandit ou reçoit un hôte. La salle de bain et les toilettes sont en extérieur, seulement protégés de la vue par des murs en banco.

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RUE

RUE

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Chambre

Cuisine intérieure

Magasin [ Stockage ] ou chambre selon besoins

Débarras

Point d’eau & Salle de bain [ Sanitaires + Douche ]

Véranda carrelée


HABITAT TRADITIONNEL URBAIN

Habitat traditionnel à Bamako • La trame parcellaire est dans ce cas de figure en damier. Les habitations s’organisent au sein de la concession familiale, avec généralement entre 20 et 60 personnes. Elles sont autour d’une cour collective centrale entourée de murs hauts délimitant la parcelle. Le bâti tourne le dos à l’espace public et les ouvertures donnent essentiellement sur la cour intérieure. Chaque membre de la famille dispose d’une habitation ( chef de famille, parents, épouses, oncles, frères, cousins,... ). Avec parfois des pièces occupées par des locataires. Ces pièces ne communiquent entre elles que par la cour, lieu de la vie quotidienne et collective, comme en milieu rural. Elles sont souvent précédées d’une véranda, et possèdent parfois un niveau supplémentaire avec une toiture-terrasse.

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Appartement indépendant type occidental

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Entrée & Séjour commun

Cuisine traditionnelle

Pièces de service [ Chambres personnels + Cuisine occidentale ]

Terrasse-Véranda carrelée


HABITAT MODERNE URBAIN

©Panoramio.com

Habitat moderne à Bamako • Ce sont des villas de style occidental, destinées aux plus riches. Elles sont placées au milieu de la parcelle, avec un muret de délimitation et un jardin arboré. C’est une architecture de façade, contrairement à l’habitat traditionnel refermé sur lui-même. Au sein de la maison, on retrouve une configuration traditionnelle avec un espace central et collectif, en séjour, et des

appartements indépendants pour chaque membre de la famille, équipés avec le confort de type occidental. L’éclatement des fonctions et la persistance des traditions obligent souvent la construction de bâtiments annexes, notamment afin de cuisiner et faire les tâches ménagères en extérieur.

UN STYLE OCCIDENTAL POUR UNE CONFIGURATION TRADITIONNELLE

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LOCAL + ECONOMIQUE

Parpaings bruts dégradés

La technique traditionnelle de construction fait usage de la terre crue, dite «banco», séchée au soleil en blocs, puis recouverte d’enduits de terre et de fumier. Elle doit faire l’objet d’un entretien annuel après la saison des pluies. Aujourd’hui, l’usage du parpaing est un signe extérieur de richesse, c’est un matériau onéreux. Les parements en façade sont rares : peinture, pierre, carrelage.

Parpaings bruts

La tôle n’est pas utilisée dans les habitations, sauf en toiture, car ce n’est pas un matériau fait pour vivre avec la chaleur. Elle est essentiellement utilisée par les industries et les boutiquiers.

Parpaings enduits peints

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MATERIAUX

Carreaux de pierre des collines de Bamako

Carreaux de pierre locale

Tôle peinte

Pierre locale brute

Banco avec enduit ( terre+fumier )

Banco avec enduit ( terre )

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METHODES DE CONSTRUCTION

TRADITIONNEL

MODERNES / SEMI-MODERNE

Fondations

· Pierres jointes au banco · Absence de fondations

· Pierres jointes au mortier de ciment · Béton ( armé ou non )

Murs / Cloisons

· Briques de terre crue · Enduits en terre crue, parfois stabilisés à la paille

· Parpaing creux · Enduits en mortierde ciment

Couverture

· Terrasse de terre battue sur chapente en bois · Toit en chaume sur charpente en bois ou en bambou · Faux-plafond en nattes de Mopti

· Toiture en tôles ondulées galvanisées sur charpente métallique · Terrasse en dalle de béton armé · Faux-plafond en contre-plaqué

Portes / Fenêtres

· Panneau en planches de bois · Tôle ondulée sur ossature bois

· Persiennes en bois · Persiennes métalliques · Tôle ondulée sur ossature bois · Vitrages · Grillages de sécurité

Installations sanitaires

· WC à fosse fixe · Même espace pour la douche

· WC à fosse fixe · WC avec évacuation · Douche à eau courante

Eclairage

· Lampe à pétrole · Installation électrique sommaire

· Lampe à pétrole · Installation électrique plus élaborée

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FAMILLE Paternaliste, PatrilinĂŠaire, Polygame, Un futur en invention


Le chef de famille • Dans tous les cas, le chef de famille assume un rôle clé. Doté d’une nature sacrée, il est l’intercesseur auprès des ancêtres et l’intermédiaire entre la famille et l’extérieur. Il répond ainsi traditionnellement des fautes commises par ses cadets. De la même manière, l’État s’adresse à lui pour le paiement des taxes diverses. Le chef de famille joue enfin un rôle de premier plan dans les échanges matrimoniaux.

En général, la filiation est patrilinéaire et la succession se fait d’abord au niveau de la première génération, puis dans l’ordre de la primo-géniture. Avec la progression de l’islam, le rôle du chef de famille tend à s’effriter. Parallèlement, les contraintes spatiales en milieu urbain ainsi que les changements socio-économiques ont pour effet la séparation des diverses entités familiales.

TRADITION & HIERARCHIE

Chef de famille

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RAPPORTS FAMILIAUX

Le mariage • Au-delà de l’union sacrée entre deux personnes, c’est un lien qui unit deux familles, deux clans (clan : nom commun, ancêtre commun et totem commun). Le mariage et la dot sont convenus entre les chefs de famille. Dans la société traditionnelle, on ne se mariait pas dans son propre clan car le mariage devait être l’occasion d’unir plusieurs familles et d’établir entre elles une chaîne de solidarité.

Repas en famille autour du même plat © Petit Futé

La polygamie • Cette organisation encore très courante a des répercussions sur le mode «d’habiter» de la population. Ainsi, les membres des familles étendues cohabitent généralement sous un même toit ou dans une même concession. Dans les familles polygames, les hommes mariés forment des pôles autour desquels gravitent une ou plusieurs épouses, qui constituent ellesmêmes d’autres pôles avec leurs enfants.

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Les hommes rassemblés sous le togina

L’ancien

L’arbre à palabres • C’est un véhicule puissant de la tradition orale. De moins en moins présent dans les grandes villes, il reste néanmoins une réalité quotidienne dans les villages. C’est au pied d’un baobab ou à l’ombre d’un caïlcédrat qu’on se retrouve pour discuter ou que le conseil des sages du village se réunit pour prendre une décision (punir un coupable,…). Il peut se traduire en ville par la constitution de grins. Le respect des anciens et le droit d’aînesse • Le terme « anciens » désigne les vieux, les sages, les détenteurs de la connaissance et du savoir. Le lien le plus fort est celui du respect dû à l’âge. Véritable phénomène social, l’organisation quotidienne de la cité repose sur le droit d’aînesse, qui est lui-même le reflet direct du respect des anciens.

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GENERATIONS

L’éducation • Une distinction très marquée se fait entre l’éducation des jeunes garçons et filles. Tandis que les garçons doivent étudier et apprendre un métier pour nourrir leur famille, les jeunes filles apprennent les taches ménagères et s’occupent des enfants de la famille.

INDIVIDUALISATION D’UNE COMMUNAUTE

Depuis une vingtaine d’années, les traditions sont mises à l’epreuve par la nouvelle génération de jeunes. Les jeunes balancent entre un passé encore tenace et un futur à inventer. Les phénomènes de consommation et d’urbanisation valorisent l’argent au détriment des traditions, avec une individualisation des ménages au détriment de l’approche communautaire de la famille.

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RELIGION Un islam modéré noué sur des racines animistes


ISLAM SYNCRETISTE

Les jeunes à l’école corannique

90% de la population est musulmane, avec une pratique modérée et pacifique d’un islam sunnite. Il existe une réelle ferveure croyante avec un respect des pratiques islamiques : pas de consommation de porc ni d’alcool, de nombreux croyants s’acquittent de leur cinq prières quotidiennes, au bureau, à la maison ou dans la rue, et se rendent à la Mosquée le vendredi, jour de la grande prière. Mais la prolifération de

Mosquée en terre crue de Djenné

maquis ( bars populaires ) dans la ville, la consommation d’alcool, la négligence des temps de prières sont sources d’hypocrisie pour un nombre croissant de pratiquants. L’architecture religieuse a une place très importante dans la ville urbaine et rurale notamment parce que c’est un point de repère pour tous. Le style est une synthèse entre celui des indigènes soudanais et des musulmans d’Afrique du Nord.

Mosquée du vendredi à Mopti © Sebastian Schutyser 11

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11 Dessin extrait de Banco, Mosquées en terre du delta intérieur du fleuve Niger, Sebastian Schutyser, Editions 5 Continents, 2003, p.26


Féticheur prédisant l’avenir avec des cauris

Les croyances animistes sont encore très présentes dans les moeurs et se pratiquent parallèlement à l’islam. Une même personne peut aller à la mosquée tout en consultant un féticheur pour invoquer esprits et génies et assurer protection ou maléfice. La religion musulmane a su faire preuve de syncrétisme envers les origines animistes des maliens. Malgré les interdits du Coran, les objets porte-bonheur, les gris-gris, les

FETICHISME PRATICANT

totems, les masques, les sacrifices d’objets ou d’animaux ont toujours leur place dans les pratiques religieuses. La brousse reste un lieu parsemé d’interdits, opposant les mondes du visible et de l’invisible ( des esprits ).

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CULTURE L’histoire est la parole et les mots sont la musique


L’art du tissu Bogolan

Artisan à Bamako

Le Mali possède un patrimoine culturel riche et varié, avec son artisanat ( tissage, teinture, métal, masques, scultpures, cordonnerie,... ), sa littérature, sa musique, son cinéma et son théâtre. Chaque région et ethnie possède un patrimoine propre et authentique. La tradition orale est associée à la littérature. Elle est transmise de génération en génération pour témoigner de l’histoire, au sein d’une famille, d’un village, d’une ethnie. Bamako est une capitale culturelle dynamique Le Musée National du Mali est aujourd’hui le 2e plus grand musée du continent sur 1700 m². D’autres musées sont en développement ou en rénovation comme celui de la Femme, ou celui du District de Bamako. Des marchés sont également entièrement dédiés à l’artisanat local, avec de nombreux produits en cuir, des tissus traditionnels, des bijous touaregs, des sculptures Dogons,...

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PATRIMOINE

Le Mali est réputé pour être un pays de tradition orale, véhicule de la culture et des traditions. Amadou Hampaté Bâ se dit lui-même « diplomé de la grande école de la Parole enseignée à l’ombre des baobabs » Il n’en reste pas moins un pays riche en écrivains, avec une littérature écrite plus directe. Que ce soit avant ou après l’indépendance, les écrivains se font témoins de récits coloniaux, de conflits générationnels,

« EN AFRIQUE, UN VEILLARD QUI MEURT EST UNE BIBLIOTHEQUE QUI BRULE »

de combats politiques et sociaux-culturels au travers de discours engagés. Depuis 1983 avec la création de la revue culturelle Jamana, « La Patrie » en Bambara, la presse jouit d’un rôle important dans l’univers politique, social et économique. La presse libre et indépendante compte plus de 30 journaux privés, mensuels, hebdomadaires et quotidiens.

©Jamana

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Le rayonnement de la musique malienne est inégalé à l’étranger. La musique a toujours rythmé la vie quotidienne et sa richesse provient de la diversité des peuples maliens: Toumani Diabaté, Ali Farka Touré, Boubacar Traoré, Rokia Traoré, Salif Keita, Mamou Sidibé, Amadou & Mariam,... Les instruments de musique traditionnelle sont la kora, le n’goni, le balafon, le njarka, le kamalé-n’goni, le ljurkélé et le djembé.

Ali Farka Touré

Festival

La musique a une part importante lors des cérémonies religieuses et sociales La mémoire de la musique est transmise par les griots. Leurs statuts et activités sont très particuliers : ce sont des colporteurs de traditions et de mémoires, chantant des louanges et appartenant à une caste particulière, en étant affiliés à une seule famille.

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INTERACTION

La musique au Mali a d’autres déclinaisons. La vie nocture de Bamako se développe depuis quelques années au titre de capitale jeune. Après le grin, les jeunes gens vont se retrouver dans les bars et boîtes de nuits pour danser, draguer et se montrer. Les rythmes proviennent des pays voisins, tels que le coupé-décalé ivoirien ou le makossa zaïrois, mais ils sont également importés des pays occidentaux tels que les R&B, le hip-hop, le rap français, la pop,.. De plus en plus de restaurants proposant une cuisine internationale ( du hamburger à la pizza ) fleurissent dans les quartiers centraux, et notamment sur la route de Koulikoro et la rue Princesse.

BLING   BLING

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...


Bamako va devenir une métropole africaine, au même titre que ses consœurs Dakar ou Cotonou. C’est la capitale du Mali, elle regroupe les fonctions administratives, politiques, économiques, culturelles, et sanitaires. Contrairement à de nombreux pays africains, la stabilité politique du pays est rétablie depuis la mise en place de la République démocratique en 1992 et n’a pas été directement menacée depuis, sauf dans le Nord du pays, en zone saharienne. Ailleurs, pour ne citer que quelques exemples voisins, le dernier coup d’état de la Guinée date de fin 2008, celui de la Guinée-Bissau date à peine de mars dernier, la Côte d’Ivoire n’est en paix que depuis 2007, et pendant ce temps la RDC est toujours occupée par les rebelles,…

richesse culturelle (Djenné, Tombouctou, le Pays Dogon, le fleuve Niger). Bamako, en plus d’avoir un fort potentiel économique, industriel et touristique, connaît une très forte croissance démographique, grâce aux naissances naturelles et à l’exode rural. Les nouvelles technologies ajoutées au phénomène de désertification que subit l’agriculture obligent de nombreux paysans à venir en ville pour rechercher une nouvelle source de revenus. En ne citant que ces quelques éléments, il paraît évident que Bamako va connaître une croissance urbaine démesurée, avec un taux atteignant déjà 5 à 6 % par an. D’autres jeunes métropoles ont aussi connu cette rapidité de croissance dans les années passées, mais qui s’est souvent soldée par des clivages urbains et des inégalités sociales difficiles à gérer par la suite. Le constat posé aujourd’hui par les architectes, les urbanistes et les administrateurs publics est clair : la croissance urbaine ne peut être maîtrisée lorsqu’elle est aussi rapide et peu concertée. Toutes les tentatives de programmation urbaine sont restées inefficaces.

Le Mali est un pays qui n’effraie économiquement, parce que stable et démocratique depuis plus de 17 ans. Bien que les indices de développement soient faibles (le Mali est classé 175e sur 177 pays selon l’indice 2006 de développement humain du PNUD), la croissance du pays est continue depuis la mise en place de la Démocratie. Bamako, sa capitale, attire aujourd’hui les investisseurs et les entreprises, elle a un potentiel de croissance énorme. Cette stabilité n’attire d’ailleurs pas que le secteur Par ailleurs, un des problèmes majeurs économique, c’est aussi une opportunité pour de ces métropoles est celui de l’étalement le tourisme, car le Mali est doté d’une grande urbain, engendré par des constructions

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informelles trop consommatrices d’espaces, souvent de type rural et construites de plein pied. En dépit d’une urbanisation inévitable, l’extension urbaine a un coût bien trop élevé pour les aménageurs de la ville : elle signifie plus de voiries, plus de réseaux, plus d’équipements. A quoi servirait alors la Ville si elle n’apporte plus aucun bénéfice à ses occupants ? La Ville est censée être la manifestation ultime de l’organisation communautaire par sa vocation à offrir le maximum de services à un plus grand nombre d’individus : infrastructures, hygiène, santé, éducation, politique, emploi, commerces, loisirs. C’est également le lieu du progrès technique, scientifique, politique et culturel.

Comment offrir cette perspective à Bamako en sachant pertinemment qu’il est impossible de maîtriser dès aujourd’hui l’ensemble de sa croissance urbaine ? Idéalement, les qualités traditionnelles de Bamako et le mode de vie des Bamakois pourraient se conjuguer au phénomène de mégalopolisation et à l’importation de ses valeurs. Reste aux acteurs de la ville de savoir faire le discernement entre culture et développement, modernité et occidentalisme, flexibilité et informel, projet d’aménagement et projet humanitaire.

«Le véritable espoir de l’urbanisme réside dans la réponse aux besoins et aux aspirations de toutes les couches de la population, de tous les groupes sociaux, de toutes les classes.» Des hommes et des villes. Chombart de Lauwe. 1970. Paris. p238.

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SOURCES Un vrai voyage...


PUBLICATION

DOCUMENT ADMINISTRATIF

Bamako Ecole Normale Supérieure de Bamako / Département d’Etudes et de Recherches d’Histoire et de Géographie / Collection Pays Enclavés N°6 / 1993

Schéma Directeur d’urbanisme du District de Bamako et environs Rapport Définitif 2005, non validé à ce jour Ministère du Logement, des affaires foncières et de l’urbanisme Bureau d’étude : La Soudanaise, Siguiyorodia

L’insertion urbaine à Bamako Sous la direction de Dieudonné Ouedraogo et Schéma Directeur d’urbanisme des Victor Piché / Editions Kartala / 1994 villes de Moribabougou, N’Gabacorodroit et environs Histoire et institutions du kafo de Rapport final octobre 2007, validé Bamako d’après la tradition des Niaré Ministère du Logement, des affaires foncières Claude Meillassoux / Cahiers d’Etudes et de l’urbanisme Africaines / Volume 4 numéro 14 / 1963 Bureau d’étude : Atelier 21 The State of the World Population 2008 Projets d’équipements et UNFPA Report / United Nations Population d’infrastructures pour la Fund mairie du District de Bamako Mairie du District / 2006 Banco, Mosquées en terre du delta intérieur du fleuve Niger Sebastian Schutyser / Editions 5 Continents 2003

Des hommes et des villes Chombart de Lauwe / Editions Payot / 1970

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GUIDE TOURISTIQUE

CARTOGRAPHIE

Le Mali des Talents Editions Cauris / 2e édition / 2004

District de Bamako Carte routière / 25 000e / Institut Géographique du Mali / Décembre 2007

Mali, magie d’un fleuve aux confins du Bamako Est désert Guides Olizane / 2007 Carte topographique / 200 000e / Institut Géographique National France / 1986 Mali Petit Futé / 2009 Bamako Ouest Carte topographique / 200 000e / Institut Géographique National France / 1986

MEMOIRE ETUDIANT Recycler Bakaribougou, Requalification d’un quartier spontané, Bamako, Mali. TPFE 2007 ENSAPVS Adeline Terrasson & Aurore Jongbloet / Sous la direction de Didier Cottinet

Google Earth 2009

INTERNET

http://mairiebamako.africa-web.org/index. Rail bi-extension, Appropriation de htm l’espace ferroviaire de Dakar Plateau. TPFE 2007 ENSAPVS Valérie Cousturier & http://www.annalesdelarechercheurbaine.fr/ Valentin Loureiro / Sous la direction de Didier http://www.mpl.ird.fr/suds-en-ligne/fr/ Cottinet metropol/bamako/bamako1.htm# Architecture vernaculaire au Mali et www.wikipedia.fr évolution Mémoire de Geoffroy Magnan, procuré par l’ENSAPVS

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Charlotte Chebassier

ENSAV · PFE 2009


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