MAG/BOOK #1 - Portfolio+Thinking

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Charlotte Chebassier

Le Portfolio qui raconte les gens, l'architecture, les villes, la sociologie et la politique.

HIVER 2014





Quand nous bâtissions des maisons, des châteaux et des cathédrales, aujourd’hui nous concevons des métropoles, des métros et des tours. L’humanité quitte le monde rural pour aller vivre massivement en ville. Ce phénomène sans précédent s’accompagne de changements que je pense majeurs : changements d’échelle, de mobilité et de société. Le changement d’échelle. La croissance démographique justifie pleinement le développement des villes où se concentrent emplois, institutions, logements et loisirs. Les métropoles ne sont pourtant pas synonymes d’un renoncement au monde rural. Au contraire, après un siècle d’expériences urbaines ponctuées de déceptions, la ville reste encore à façonner. La relation à la nature, l’espace et le calme doivent aussi faire parti de l'expérience urbaine. Le changement de mobilité. Nos arrières grands-parents se déplaçaient à cheval et à bicyclette. Aujourd’hui, nous nous déplaçons à l’échelle de la voiture, du train, de l’avion et du drone. Le transport est un secteur d’innovations permanentes. Cela nous force à perpétuellement repenser nos modes de déplacements, la distance à parcourir, ainsi que l’espace physique que nous accordons aux transports. Le changement sociétal. Nos cultures s'homogénisent de par la libre circulation des idées. Pourtant les limites de cette globalisation se font sentir au travers du changement climatique ou des crises financières mondiales. La facilité que nous avons à échanger les idées doit nous aider à transmettre des savoir-faire et des connaissances locales. Il est indispensable de comprendre une société et son contexte pour apporter une réponse pertinente. Parce que construire aujourd’hui n’est plus le même exercice que lors les siècles précédents, il me semble tout à fait logique de revisiter nos méthodes de constructions. À ce titre, il devient indispensable d’explorer de nouveaux outils de conceptions. Architecte. Urbaniste. Stratégiste. Analyste. Sociologiste. Au travers de ce portfolio, je prends plaisir à explorer ces domaines d’expertises et à les mettre en cohérence. J’aime observer et comprendre et c’est bien pour cela que je me sens ainsi à ma place.


ARCHITECTURE

L'architecture doit acceuillir l'évolution des gens, de la société, de l'environment et de la technologie.

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ARCHITECTE HMONP Le DPLG c'est fini. Mais la HMONP c'est bien aussi.

10 LE PALAIS DE JUSTICE DE CAEN

Quand l'architecture doit en 'imposer'. Symbolisme pour institution publique.

20 SCIENCES BI-PÔLE Et si le prestige c'était la sobriété maîtrisée ?

24 CUL DE ZAC À DIEPPE

Un projet de bureaux pour temps de crise.

MÉTROPOLIS

La Ville est censée être la manifestation ultime de l’organisation communautaire par sa vocation à offrir le maximum de services au plus grand nombre d’individus. La Métropole du XXe siècle s'est souvent éloignée de ce concept : pourquoi et comment ? Pensons aux prochaines, elles seront tout aussi nombreuses.

30 MEXICO CITY : LES LIMITES DE LA VILLE CONFRONTÉES À L'INFORMEL

Où, quand et comment se développent les constructions informelles : Mexico City en cas d'étude.

38 PARIS INSALUBRE

L'informel à Paris, c'est aussi ton voisin.

40 JEUNES ADULTES À NEW YORK

Vivre à l'étroit. Vivre ensemble. Rester zen.

50 WARNING

Contrastes et concepts durables.

58 FOR A BETTER URBAN FUTURE

Un programme ONU pour régler le problème du logement pour l'humanité : idéalisme ou prospective ?

60 BAMAKO L'URBAINE DU SAHEL

Du village Bambara à la capitale Malienne, imaginons la métropole de demain, exemple de modernité et d'identité. Sachant composer avec l'informel.

90 NANPU BRIDGE ARENA

Quand l'infrastructure et la démesure font urbanité.

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IDENTITÉ

HABITAT

'Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.'

HABITĀRE / est l'environnement dans lequel la plante, l'animal et l'homme normalement vivent and évoluent. Paysage ou logis, une habitation est vouée à favoriser le bien-être et l'équilibre.

96 IDENTITÉ

120 LE HAVRE

Son identité, on la comprend mieux en observant ses différences.

110 FANFARE GODFINGERS

Tradition et cocagne, ça forge aussi l'identité.

Un parking à vivre.

123 BLAGNAC

Typologie en terrasses.

124 MANTES-LA-JOLIE

S'insérer au pavillonnaire.

126 SAINT-DENIS

Lumière traversante.

127 FOURONNES

130 DESIGN BY NATURE

Observer la nature durable.

140 LAGOON PARK Le paysage dans le transport fluvial

142 ENTRE-LAGOS Les marécages : un paysage urbain ?

La ferme contemporaine.

128 PARIS

Potentiel réhabilitation.

144 145 146 147 148 149

vie associative loisir dessin installation sport gagne-pain 7


© C. Hauvette


Pour beaucoup d’entre nous, l’architecture est une confrontation au temps. Une manière, assumée ou non, de nous ancrer dans l’histoire : les bâtiments que nous construisons doivent résister au temps, aux catastrophes, aux effets de mode et idéalement aux usages. Ce sont souvent de longues années de recherche et de travail de la part de l’architecte pour pouvoir livrer un bâtiment à son commanditaire. A la demande des clients et des assureurs, les garanties de constructions sont démultipliées pour tendre vers un idéal qu’il est difficile de satisfaire lorsque chacun des bâtiments est unique. Quand le constructeur automobile garantit un modèle véhicule testés et améliorés plusieurs dizaines de fois ; il appose à la livraison sa ‘marque’ et sa ‘garantie constructeur’ pour 2 ans. L’architecte doit lui garantir 10 ans un bâtiment au caractère unique, répondant à un ensemble de contraintes et d’aléas tant naturels, que techniques, financiers, matériels, programmatiques et politiques. Le travail de l’architecte est donc un métier rigoureux, qui ne permet que peu d’erreurs et oblige à s’adapter au cas par cas. Ce savoir ne peut être acquis que par l’expérience  : le temps est le meilleur allié d’un bon architecte. La recherche de la qualité architecturale : OUI ! Mais avec une recherche de la transmission architecturale : SURTOUT ! Car une fois les bâtiments livrés et occupés, parfois primés, parfois dégradés par le temps et les usages, que reste-t-il de ce savoir acquis patiemment avec le temps ? Ou en résumé : Le ‘nouvô de merde’ est-il encore capable de bâtir après (seulement) 5 ans d’études ? Cette nouvelle génération d’architectes qui ont tous moins de 30 ans, faut-il vraiment leur faire confiance ?!?

Christian Hauvette, Grand Prix de l’Architecture et disciple de Roland Barthes, est décédé après 42 années d’études et de recherches constructives au sein de son atelier d’architecture. Hauvette  & Associés représentait jusqu’en 2010 un chiffre d’affaire de 1,5 millions d’euros : une SARL d’architecture de taille moyenne et prospère. Si l’entreprise a su rester pérenne c’était bien parce que Christian Hauvette avait eu confiance en ses collaborateurs. Ce climat professionel a permis d’assurer simplement la transmission du savoir vers notre jeune génération de chefs de projet, chacun étant capable de traduire la ‘marque’ Hauvette. Cette transmission architecturale s'est faite au travers de simples médiums comme les réunions de travail, la base de donnée composée des chantiers livrés, de l’enseignement et de l’écriture. L’objectif n’étant pas d’accumuler les connaissances en masse, mais plutôt d’en comprendre la teneur et de savoir faire appel aux bonnes compétences. La bonne pratique du métier va au-delà des nouvelles méthodes de travail  : l’usage pointu de l’informatique et de l’internet ne se font pas au détriment du calque et de la recherche. Ce qui démarque un architecte ne sera pas son niveau efficacité ni sa connaissance des logiciels, mais sa capacité à conjuguer les compétences du penseur, du technicien, du négociateur, de l’entrepreneur et du juriste. Cela ne peut être appris en école ou dans les livres, c'est dans le quotidien d'une agence. En l’absence de Christian Hauvette, chacun des chefs de projets a ainsi été en mesure d’assurer la ‘succession’ auprès des interlocuteurs de travail (clients, bureaux d’études, mairies, urbanistes, presse) ■

ARCHITECTE DPLG HMONP

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HAUVETTE CHAMPENOIS & ASSOCIÉS  |  APIJ  |  CAEN  |  CHEF DE PROJET  | PPP  |  2011-12

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LIBERTÉ de conceptualisation, ÉGALITÉ des chances, FRATERNITÉ entre concurrents. Une compétition entre constructeurs rassemble des architectes de renom pour le Nouveau Palais de Justice de Caen. La Justice Française veut entrer dans le XXIe siècle avec modernité et démocratie au travers d’une écriture architecturale renouvelée. Noble ambition de la part d’un Ministère pourtant tributaire des humeurs comme de la politique : quand révisera-t-on ce type de partenariat public-privé ? La qualité du projet doit nécessairement justifier l’envergure de la dépense… La Justice a une mission fondamentale : celle de veiller au respect des lois en garantissant les droits de chacun. Son architecture doit en être l’image. L’entrée dans le XXIe siècle marque la volonté claire du Ministère de la Justice Français d’être en phase avec son temps et d'apprendre des erreurs passées. Le programme fonctionnel du Nouveau Palais de Justice de Caen est explicite, la réflexion architecturale doit s'appuyer sur l’institution, ses valeurs, le processus judiciaire et le respect de la personne. Ces thèmes s'appliquent dans un cadre durable pour concilier le politiquement correct et quotidiennement appréciable. L’usager, le public et le détenu sont au cœur de la réflexion afin de concevoir un bâtiment confortable et conciliant pour chacune des parties. Le nouveau palais de justice de Caen proposé est un monolithe évoquant une institution judiciaire stable et autoritaire, il s’ouvre dans son horizontalité avec un grand plateau public transparent qui accueille toutes les salles d'audiences et une Salle des Pas Perdus panoramique. Cette césure contrebalance la rigidité du monolithe pour être le spectacle vivant de l'institution judiciaire au service de tous et à la vue de tous : elle exprime nos valeurs démocratiques. Le monolithe s'appuie sur un plan d’une grande rigueur structurelle, technique et fonctionnelle. La réflexion avancée autour de la trame et son rythme permet de répondre avec beaucoup de flexibilité à un programme extrêmement complexe et pointu. C’est un objet qui sait s’adapter aux multiples usagers, aux évolutions et au climat. 10


plan du principe structurel et fonctionnel


À L'ECHELLE DE LA CAEN

En s’affranchissant de la géométrie complexe du terrain, le carré monolithique du Palais de Justice s’aligne le long de la grande pelouse, dans l’alignement visuel de l’Abbaye aux Dames et du Cargo, salle de spectacles. Il fait face à la future bibliothèque de l'OMA -BMVRdans un langage partagé sur le thème du plein et du vide.

LE PALAIS DANS SA VILLE Le Nouveau Palais de Justice de Caen s’implante sur la presqu’île de Caen, programme étatique associé à la nouvelle dynamique urbaine impulsée par la Ville. La grande pelouse publique en bordure de parcelle, le canal de Caen et la généreuse dimension de la parcelle permettent de dégager largement les vues pour implanter un objet autonome et imposant. A l'échelle de la presqu'île, le Palais affirme son statut d'équipement public indépendant sans ambiguïté. La Salle des Pas Perdus située en hauteur et sur tout le pourtour du carré regarde la Ville à 360°, son organisation panoramique créé un lien évident et presque obligé avec la ville de Caen, particulièrement avec ses clochers. 12

Cette composante phare du programme propose une relation nouvelle entre les usagers et le paysage de Caen tout en s’offrant à la vue de tous. Les abords extérieurs se veulent sobres afin de mettre en valeur l’institution desservie. Ils se divisent en 2 entités fortes : le parvis et le parc de stationnement. La limite ouest est bordée par un bassin permettant à la fois de mettre à distance le public mais également d’offrir une limite naturelle et végétale en harmonie avec l’environnement local. Le parc de stationnement, dit ‘la saulaie’, est un grand bosquet arboré et entouré par des murs végétalisés, il est réservé aux utilisateurs et au personnel autorisé. Sa fonction première est de préserver la confidentialité et la sûreté du lieu tout en offrant un cadre agréable pour se rendre à son travail.


PLAN DU RDC

En l'absence de sous-sol, le RDC du bâtiment rassemble toutes les fonctions dont l'accès doit être direct et limité pour des raisons de surêté : l'accès du public, des détenus, et de la maintenance

© V. Fillon


L'ENTRÉE DU PUBLIC

Le parvis prend naissance depuis la rue avec une légère déclivité pour placer le palais en hauteur. Depuis l'espace public, on devine l'atrium central intérieur.

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Parce que l’architecture d’aujourd’hui se doit d’être respectueuse de son environnement et de ses utilisateurs, le palais de justice répond à de nombreux objectifs environnementaux. Ces objectifs ne sont pas recherchés pour seulement obtenir les bons points accordés par les labels, ils permettent d’optimiser le bâtiment dans sa globalité et permettent de tendre vers un objet performant et innovant. La compacité est le premier facteur d'économie d'énergie passive dans le bâtiment. Aussi avons-nous dessiné un carré de 45m de côté et haut de 18m. Il est éclairé en son cœur par un grand atrium central sous verrière, constituant un tampon thermique efficace. L'éclairage artificiel constitue généralement la part la plus importante des consommations d'énergie primaire.

Nous avons donc apporté un soin particulier à en limiter les besoins. Les apports de lumière naturelle sont généreusement assurés dans tous les locaux de travail, soit depuis la façade extérieure, soit depuis le patio central. Cette attention portée au confort de chacun, allant du détenu au magistrat, milite pour une architecture raisonnée et centrée vers la question de l’usage.

UN BÂTIMENT N'EST DURABLE QUE S'IL A LA CAPACITÉ DE S'ADAPTER AUX MODIFICATIONS DE SON USAGE.


© V. Fillon

Le mode constructif est pour l'essentiel un assemblage d'éléments préfabriqués qui permet une mise en œuvre rapide, un chantier propre et une diminution des nuisances. La structure du bâtiment se compose d'un noyau de service en béton coulé en place qui assure le contreventement antisismique, les distributions verticales et les gaines techniques. En façade, une résille de poteaux en béton préfabriqué tient un corbeau filant sur la périphérie. Entre les deux, sont posées des dalles en béton alvéolaires préfabriquées de grande portée permettant de faire circuler la ventilation. Ce dispositif structurel libère totalement les plateaux et autorise des aménagements flexibles. L'ensemble du projet est tramé sur un pas de 140cm et un sous-multiple de 70cm.

© V. Fillon

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L’exercice le plus difficile dans ce type de programme est la séparation totale des 3 flux principaux, le public, les utilisateurs et les détenus. Tous convergents en un seul point : les salles d’audiences pénales. A l’image de son architecture, le palais de justice propose une organisation très simple et hiérarchique, catégorisée horizontalement et verticalement.

HIÉRARCHISER L'UTILISATION DU PALAIS Le RDC regroupe et restreint tous les accès au bâtiment : l’accueil et l’orientation du public, l’attente gardée des détenus, les services de maintenance et l’entrée des utilisateurs. Le niveau R+1 regroupe le programme phare du palais : les salles d’audiences. Cette organisation peu commune est la résultante de contraintes techniques (l'inconstructibilité du sous-sol), d’un parti architectural fort (une césure lumineuse), d’une intégration urbaine (le panoramique historique de Caen) et d’une fonctionnalité optimisée. Les niveaux supérieurs sont strictement réservés aux utilisateurs et personnes autorisées, ce sont les espaces tertiaires. Ces plateaux ont une épaisseur utile de 16m avec un aménagement autour de 2 couronnes de circulation. Ce principe permet une grande flexibilité dans l'organisation des services et créé une proximité de tous les services entre eux sur un même étage en évitant tout cul-de-sac. On peut ainsi facilement rendre contigües plusieurs services ou les isoler totalement sans couper la boucle. 16


© V. Fillon


plan du niveau R+1

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© V. Fillon

JUGEMENT & CONFORT À l'inverse du schéma classique de distribution, l'accès public aux salles d'audiences se fait par la périphérie et les circulations des magistrats sont au centre du bâtiment, réduisant ainsi considérablement les distances à parcourir. Les salles sont réparties pour faciliter l'orientation du public : civiles à l'ouest, pénales à l'est, audiences de cabinet au sud. La Salle des Pas Perdus distribue ces salles le long d’une promenade panoramique sur Caen. Le rapport avec le paysage est propice à l’apaisement des esprits et aux longues attentes. Le confort thermique y est garanti par une ventilation naturelle en façade. Les salles d'audiences sont éclairées en second jour au travers d’une double paroi translucide en verre armé qui remplit un grand nombre des fonctionnalités indispensables aux audiences : surêté, intimité, occultation et éclairage naturel. L’aménagement intérieur des salles est en continuité du thème architectural extérieur: des salles sobres, lumineuses et apaisantes. L’autorité judiciare se démarque avec l'usage du bois ■

coupe sur la façade vitrée de la Salle des Pas Perdus 19


HAUVETTE & ASSOCIÉS  |  CODAH  |  LE HAVRE  | COLLABORATRICE  |  ETUDES - CHANTIER  |  2011

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© S.Morel


En grande partie détruite en 1945, la Ville du Havre est reconstruite en s’offrant les plus grands : Auguste Perret, Oscar Niemeyer, Lagneau-WeillDimitrievic. Les constructions d’après-guerre du Havre contredisent l’architecture ‘de variété’ qui se développe dans le même temps en France. Depuis les années 70, la ville industrielle reconvertit cependant ses infrastructures dans le tertiaire avec la construction d’universités, de musées, d’équipements commerciaux. En continuité de cette dynamique, le Havre accueille un nouveau pôle prestigieux d’enseignements supérieurs et de recherches universitaires, Sciences Politiques et SPI-INSA. Le terrain choisit est remarquablement placé devant le bassin de l’Eure, face à la ville du Havre et aux grands vents d'Atlantique.

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© S.Morel


© S.Morel L’esthétique des éléments de programme magistraux met en valeur la rationalisation de la structure, avec l’usage d’éléments pré-usinés et de matériaux bruts.

Ce pôle renferme trois établissements ; le campus 1er cycle de sciences-politiques et le pole SPI ( sciences pour l’ingénieur ) / INSA-génie civil. Pour les accueillir, une seule architecture emblématique d'envergure permet de distinguer deux bâtiments. Question de signe par rapport aux bâtiments publics existants ( les Bains des docks de Nouvel notamment ), d'échelle au site, d'emblème du programme, de performance énergétique et d'efficacité pour un chantier restreint à 18 mois. C’est un parti unitaire où chacune des écoles peut se prévaloir d’occuper un bâtiment noble et d’en tirer parti dans sa politique de communication.

Le bâtiment est constitué d'une ‘halle’ basse de deux niveaux, surmontée d’une ‘barre-auvent’ de trois étages en porte-à-faux. Les salles spécifiques de recherche ou d’enseignement magistral sont implantées dans la halle tandis que les salles de cours banalisées et les bureaux trouvent leur place dans la ‘barre-auvent’. Son surplomb est le signe efficace de la maîtrise technologique... Au bénéfice de l’usage et de la protection contre les intempéries. Véritable effort technique, le porteà-faux de la barre est retenu par des tirants sur la longueur de 47 m de la halle ■

© S.Morel

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HAUVETTE CHAMPENOIS & ASS.  |  SEMAD  |  DIEPPE  |  CHEF DE PROJET  | CONCOURS  |  2011

Plus grand port du royaume sous Louis XIV, 1ere station balnéaire jusqu’en 1914, 1er port bananier durant une grande partie du XXe siècle, Dieppe se verrait bien revêtir ( voir repêcher ) sa splendeur. La ville de Dieppe développe aujourd’hui un grand projet de renouvellement urbain sur les vastes friches industrielles de la ZAC Dieppe SUD. La ‘tête Nord’ du quartier constitue la première opération de la ZAC et devient ainsi la vitrine de l’ambition des élus et des acteurs urbains : elle accueillera un pôle administratif et tertiaire. L’imprécision du programme et l’indécision des investisseurs plaident pour un projet flexible qui saura convaincre chacun des décideurs.

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© Cyrille Thomas


STRATÉGIE

COMPOSITION

PAYSAGE

STRATÉGIE Ce concours s’inscrit dans un contexte incertain, où l'architecte doit prendre en compte des élections municipales proches, un urbaniste attaché à son plan directeur, un investisseur immobilier avec peu de capitaux et une économie locale qui peine à repartir. Afin d’élargir l’offre commerciale et de s’adapter aux évolutions programmatiques, les surfaces ont été découpées en quatre bâtiments de typologie et de gabarit différents. Un phasage de l’opération est ainsi facilement envisageable. L'ensemble de bâtiments sont autonomes et constituent une pièce urbaine à l’échelle du nouveau quartier.

FLEXIBILITÉ

FLEXIBILITÉ

EFFICACITÉ

CONFORT D'USAGE

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Concevoir une architecture forte mais flexible, conventionnelle mais innovante: tels sont les défis du programme. Les bâtiments sont orthogonaux et rationnels, afin d'offrir une architecture compacte et donc économique. Les plus grandes épaisseurs sont traversées par des patios bioclimatiques couverts apportant de la lumière naturelle et du confort thermique. L’ensemble du projet est conçu sur la base d’une trame de bureau de 1,35m, tous les plateaux sont donc cloisonnables selon un module de 6m².

INNOVATION Avec un coût de construction limité à 1200€/m² SHON, l’optimisation des techniques de construction est essentielle dès la conception. La structure des bâtiments se veut très rationnelle avec un noyau de services en béton et une façade de poteaux porteurs. L’utilisation de dalles de béton alvéolaires permet d’optimiser les épaisseurs techniques, les systèmes de ventilation naturelle ainsi que la portée libre des planchers. L’enveloppe est un mur rideaux avec une coursive extérieure permettant de gérer les apports solaires et venteux ■


façade bois sur patio

façade métallique sur extérieur


©  Hug h Fe rr is s - 19 29



ENSAV  |  R. SABATIER & S. NOWEÏR  |  MEXICO  |  MÉMOIRE MASTER  |  2008

© Google Earth 2005

Entre les limites urbanisées de la métropole du XXe siècle et celles de son environnement naturel existe une frange urbaine bâtie de constructions informelles. La ville grandit depuis son centre sans trouver de limites. Les zones urbaines s’étendent sur des territoires éloignés qui relèvent de la gouvernance régionale plus que de l’échelle citadine. On les définit comme banlieue, périphérie, couronne voire grande couronne. 30


LA PROPRIÉTÉ

Considérons les origines de l’établissement humain : chaque individu intégré à un groupe ou une société s’installe sur un site, construit son abri et se nourrit de la nature environnante. Il doit défendre son territoire et son abri du risque naturel, mais aussi des autres individus. Aujourd’hui, toute société contemporaine établit son territoire au travers du Droit de propriété, proclamé par la Déclaration Universelle des Droits de l’homme –Article 17, 1948. Régit par la loi de chaque nation, c’est un principe universel. Ce droit est nécessaire pour que chacun puisse se partager un territoire au sein de la même société. La limite de son propre terrain est là où commence celle de l’autre. De manière presque systématique dans les métropoles d’aujourd’hui, l’expansion urbaine est plus rapide que l’urbanisme. Les limites administratives sont très rapidement gagnées par l’urbanisation, puis franchies par des constructions informelles en périphérie. Ces constructions ne respectent pas les réglementations urbaines et n’ont souvent pas de titre de propriété en règle. Les quartiers ainsi constitués grandissent à l’écart de la ville sans être soumis à l’autorité du gouvernement. Ils raccrochent leurs infrastructures au centre urbain pour bénéficier de son impulsion économique, culturelle et sociale. A partir de ce constat, comprendre la forme des quartiers de l’informel sans chercher à la qualifier est une clé de la bonne gouvernance. Les processus participant au développement de l’informel sont liés à la valeur foncière des sols, à leur environnement, à leur mode de gouvernance et à leur accessibilité.

LA MÉTHODE

M

exico fait partie des plus grandes villes au monde depuis les années 1970 avec presque 19 millions d’habitants. Tour à tour ville cauchemar ou miracle d’urbanité, elle se définit par la concentration d’une population polarisée autour d’un centre ville-région et des risques qui la guettent.

Parce que c’est une métropole constituée de nombreux quartiers informels depuis plus de 40 ans, elle sert de support d’analyse. Dans la mesure où les zones urbaines constituées par l’informel ne sont pas déclarées ni encadrées par l’administration, elles ne sont observables que sur site ou via les images satellitaires. L’outil grand public Google Earth© est aujourd’hui une base de photographies accessibles à tous, bénéficiant d’une actualité que n’offre pas le plan de ville administratif. Le tissu informel y est identifié grâce à des critères de différenciation du tissu formel : le niveau de densité bâtie au sol, la présence de voiries asphaltées et de tracés directeurs ou pas, la structure du parcellaire qui est plus ou moins quadrillée et dense, les matériaux utilisés pour la construction comme la tôle en toiture et la présence ou non d’espaces publics. La tache urbaine de Google Earth© est superposée au plan cartographié afin de comprendre quelles sont les interactions entre la ville administrative et les zones informelles dans le contexte de Mexico. Trois cartes ont été constituées : le contexte naturel, territorial et de communication. 31


© D. Rivera - Gran Tenochtiltan - 1945

LE PRINCIPAL CRITÈRE DE CHOIX POUR UNE POPULATION PAUVRE EST CELUI DE LA SÉCURITÉ DU LOGIS AU PLUS FAIBLE PRIX. L’implantation traditionnelle des villes est liée à la géographie d’un espace naturel. Le site d’une ville est un emplacement en rapport avec des éléments naturels locaux : le climat, l’état des sols, les risques environnants, l’altitude, le relief et les ressources. Le choix d’un site résulte essentiellement d’une équation entre des facteurs naturels et des facteurs politiques. Cela n’exclut pas la présence de risques naturels aux alentours ou dans le site: fragilité des sols, failles sismiques, risque volcanique, sols marécageux, etc. Dans ce contexte, la ville apprend à maîtriser ces aléas et sa morphologie en devient particulière. Les déclinaisons d’habitations dans le monde ne sont pas simplement associées à des cultures et des rites, elles sont avant tout le fruit d’un long apprentissage de l’environnement proche. Chaque ville fait appliquer des règlements urbains pour préserver la sécurité des constructions et de leurs habitants. La faible hauteur des auto-constructions dans les quartiers informels, ainsi que l’absence d’aménagement urbain favorisent l’étalement urbain horizontal, grignotant des territoires naturels non aménagés. En l’absence d’infrastructure, la quantité des constructions et leur densité créés 32

des situations inouïes où la densité humaine engendre un réel risque sanitaire, social et naturel.

LA SOUS-VALUE SÉCURISE Dans une zone naturelle dangereuse, la valeur des terrains est très faible et les spéculations immobilières quasiinexistantes. Les intéressés peuvent occuper le terrain à moindre coût et avec peu de risques d’expulsion. L’aménagement illégal des quartiers ajouté au désintéressement des administrations empêchent de faire appliquer les normes d’urbanisme qui réduiraient ces risques naturels.

CADRE NATUREL & RISQUES MAJEURS Courbe de niveau de référence Colline Volcan Direction des principales failles sismisques Ancien tracé du lac de Tenochtitlan, ville Aztèque Réservoir d'eau Principaux canaux de drainage Emprise bâtie de l'agglomération Emprise bâtie informelle de l'agglomération



Le terme polysémique de « territoire » renvoie à la notion de délimitation, d’appropriation matérielle et symbolique d’un espace par un groupe social. Le territoire délimite la frontière de part et d’autre de son tracé, avec de chaque côté, des règles, des codes, des administrations différentes. C’est une ligne de séparation qui souvent se traduit par un no man’s land -désert, montagne, lac, faille. Autrefois, l’enceinte marquait la limite administrative pour percevoir des impôts sur les marchandises (par exemple l’octroi en France) ou bien contrôler les entrées et sorties des ruraux. Elle était matérialisée par des murs ou bien des enceintes fortifiées avec des douves. Cela permettait de contenir la ville et son activité économique à l’intérieur de l’enceinte. L’absence de limite matérielle, si ce n’est un panneau autoroutier indiquant le département ou l’état dans lequel vous venez d’entrer, facilite l’expansion urbaine. Les seules limites physiques sont celles de l’environnement naturel. L’enceinte physique est aujourd’hui substituée par les autorités administratives et les outils de gestions urbaines. En plus de déterminer des axes de croissance stratégiques (industrie, tertiaire, tourisme, éducation, etc), la structure spatiale d’une ville se construit par l’accès aux zones d’emploi et les trajets quotidiens logement/travail. Pour réguler le marché foncier, la gouvernance urbaine dispose d’outils de structuration : les règlements d’utilisation des sols, les investissements en infrastructure de communication et la taxation foncière.

L’ABANDON DE LA GOUVERNANCE Les enjeux économiques des quartiers situés en périphérie et à fort risque naturel intéressent peu les acteurs du développement urbain. Plutôt qu’un désenclavement urbain des quartiers pauvres, les administrateurs choisissent souvent de délimiter l’espace 34

pratiqué par les riches et les pauvres, des enclaves urbaines se forment en fonction des quartiers informels. Cette ségrégation s’étend du logement aux transports, de l’accessibilité des services à la vie sociale. Les quartiers pauvres deviennent les faces cachées des villes, que des touristes auront peu de chance d’entrevoir. Les habitants des quartiers informels vivent en marge de la société urbaine, avec leurs propres règles et leur vie communautaire : des ’gates community’ pour les pauvres à dire vrai. Il manque aux habitants un sentiment de sécurité suffisant pour s’investir dans l’amélioration du logis et du quartier. Et c’est quand une administration municipale abandonne tout effort pour traiter la question qu’apparaissent les chefs de gangs et caïds des bidonvilles.

Personnes relogées à Mexico par le gouvernement en 1999 Alvaro obregon 127 Cuauhtémoc 1369 Gustavo A. Madero 2015 Iztapalapa 4754 Magdalena Contreras 75 Miguel Hidalgo 817 Xochimilco 2

DÉCOUPAGE TERRITORIAL & FONCTIONNEL Limite District Fédéral et Etat de Mexico Disctrict Fédéral Dénomination des Villes de l'Etat de Mexico LOPEZ Arrondissements (Delegaciones) Dénomination des arrondissements Centre historique (Tenochtitlan) Centres administratifs Zone industrielle Pôles touristiques Emprise bâtie de l'agglomération Emprise bâtie informelle de l'agglomération

MILPA



RIEN NE PRÉCÈDE L’IMPLANTATION DU BIDONVILLE, SI CE N’EST UN NO MAN’S LAND ET UNE ROUTE. Facteurs de développement évidents, les moyens de communications au sein de l’infrastructure d’une ville sont indispensables à son essor. Leur bonne gestion permet d’offrir un réseau adapté aux besoins des usagers, en fonction des polarités, des distances à parcourir, des échelles territoriales et des moyens disponibles. Traditionnellement, on considère que l’urbanisation doit planifier les espaces urbains par fonctionnalité. Dans des villes comme Tokyo ou Los Angeles, c’est le métro et l’autoroute qui précède le développement. Les constructions s’implantent là où les terrains sont accessibles et viabilisés. Les métropoles de l’informel fonctionnent à l’inverse. Elles ne disposent pas d’un réseau adapté car il est souvent trop engorgé, en mauvais état, non adapté aux besoins et moyens financiers des citadins. Des réseaux de circulations adaptés aux quartiers informels se sont développés : transport en autobus, minibus, taxi collectif, triporteur, pousse-pousse, voiture hippomobile, mobylette, vélo,…

QUAND LE RÉSEAU ENCLAVE Paradoxalement à l’interaction entre l’étalement urbain et le réseau routier, les quartiers informels sont enclavés. Les voiries internes ne sont pas asphaltées ni raccordées directe-

ment au réseau de voierie principal. L’enclavement permet de protéger ces quartiers de la spéculation foncière, quasi-inexistante sur des terrains où le site est dangereux, les services publics y sont réduits, et on peut difficilement y accéder. L’économie informelle prend le relais pour développer des modes de transports collectifs plus ou moins clandestins. Ces systèmes de transports sont aujourd’hui indispensables aux quartiers enclavés car générateurs d’emplois, d’économie et de flux. Les habitants du quartier en sont largement tributaires. S’il est envisagé une assimilation du tissu de communication informel aux réseaux formels, les moyens financiers, techniques et écologiques à déployer sont considérables. Ils permettent d’optimiser significativement les distances de parcours ■

INFRASTRUCTURES DE COMMUNICATION Voirie principale Voie rapide et autoroute urbaine Gare routière Voie ferrée Réseau métropolitain Aéroport Emprise bâtie de l'agglomération Emprise bâtie informelle de l'agglomération

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ENSAV  |  SIEMP  |  PARIS  |  ENQUÊTE SOCIALE  |  2005

Est considéré comme impropre à l’habitation, un logement qui constitue une menace pour la santé ou la sécurité de ses occupants. L’insalubrité n’est pas un sujet propre aux quartiers informels et bidonvilles, les statistiques de la Ville de Paris indiquent que plus de 150 000 parisiens vivent en surpeuplement aggravé, soit 7,5 % des parisiens. Saturnisme, insalubrité et périls sont le quotidien de nombreux métropolitains malgré un tissu urbain structuré. La SIEMP, société immobilière d’économie mixte, est missionnée par la Ville de Paris afin d’éradiquer l’habitat insalubre via le relogement des habitants en social ■



Plus vraiment adolescents et pas encore adultes: les jeunes adultes représentent un nouveau cycle de vie qui n’existait pas il y a une décennie. Cette étude s'appuie sur les théories contemporaines de l’âge pour présenter le niveau de ségrégation et la condition résidentielle des jeunes adultes dans la zone métropolitaine de New York City. Dans cette zone urbaine, 57 % d’entre eux vivent sur seulement 5,4 % du territoire. Plusieurs cartes analysent la différentiation résidentielle des jeunes adultes en 2008-2012 grâce à l’usage de données démographiques, économiques, spatiales et urbaines ■ NYU   |  PR.  KLINENBERG PR.  HOUT  |  MÉMOIRE  |    2014


NOTRE HISTOIRE D'AMOUR COLLECTIVE AVEC NEW YORK EST COMMUNÉMENT INVOQUÉE COMME UNE JUSTIFICATION POUR VIVRE DANS UN PLACARD, ÉCRIT TARA BAHRAMPOUR.

Les jeunes adultes sont particulièrement attirés par les zones métropolitaines parce qu’elles y regroupent l’éducation, les emplois et les personnes. Dans la zone métropolitaine de New York, l’American Community Survey indique que presque trois sur cinq adultes entre 18 et 34 ans résident sur seulement 5,4 % du territoire. De part cette structure résidentielle si prononcée, il est possible que les jeunes adultes soient confinés dans des modes de vie stéréotypés avec peu de choix en matière de logement. L’émergence du terme ‘Jeunes Adultes’ définissant un nouvel âge de vie a été largement discutée par les spécialistes de la famille depuis les années 1970. Cette nouvelle définition est justifiée soit comme étant un changement démographique soit comme étant un phénomène générationnel. Différentes disciplines ont introduit des définitions concurrentes à partir de perspectives légales, physiques, développementales et générationnelles. Les jeunes adultes ont la particularité d'être pris dans un entre-deux générationnel : plus vraiment adolescents mais ne se ressentant pas encore adultes. Contrairement à la génération du Babyboom, ils ne suivent pas de parcours identiques et comparables avant atteindre l’âge adulte. Cette étape de la vie est particulière de par l’accumulation d’expériences majeures comme la scolarité, l’emploi, les relations sociales, la famille, le mariage, la procréation et l’indépendance 42

financière. Pour englober le plus de ces expériences, et en considérant que l’âge de 35 ans marque un déclin acceléré de la fertilité féminine, la tranche d'âge choisie pour les jeunes adultes est de 18 à 34 ans. Cela représente presque un individu sur quatre dans la zone métropolitaine de New York City (NYMSA).

SÉGRÉGATION PAR L'ÂGE La sociologie et l’économie urbaine ont démontrés que les parcours résidentiels ne sont pas uniformes ni aléatoires, mais plutôt le résultat de forces économiques, sociales et politiques (Alonso 1960; Glaeser 2007; Park, Burgess, and McKenzie 1925). La ségrégation par l’âge est étudiée depuis les années 70, mais seulement au sujet des personnes âgées. Elle distingue des individus ou des groupes comme étant inclus ou exclus, marquant la différence entre le soi et l’autrui, ‘nous’ et ‘eux’. Dans cette étude, le niveau


As for you: ~15 min in the shower, there is a large dresser/mirror thing directly outside the bathroom for hair/makeup/etc. Please have the awareness to clean up after yourself. We are artist and musician friendly but unfortunately do not have any room for large scale art projects and no music practice is allowed [...]. Extrait d'annonce locative sur Craigslist.com, Decembre 2013.

Greenpoint and Williamsburg are two of the hottest neighborhoods in New York City! [...] There are tons of artists, musicians, designers, bars, boutiques, bookstores and cafes to get to know. Extrait d'annonce locative sur Craigslist.com, Nov. 2013.

de ségrégation des jeunes adultes est mesuré au niveau de sections de recensement au travers de cinq indices multidimensionnels : l’uniformité, l’exposition, la concentration, la centralisation et le regroupement. L’indice d’uniformité décrit la répartition différentielle d’un groupe minoritaire par rapport aux autres groupes. Dans la NYMSA, l’indice de dissimilitude [0,1] est 0,18 pour les jeunes adultes, alors qu’il est de 0,20 pour les personnes âgées de plus de 65 ans. L’indice d’exposition [0,1] indique le potentiel d’interaction entre un groupe minoritaire et un groupe majoritaire. Il est de 0,51 pour les jeunes adultes. L’indice de concentration [-1,1] renseigne sur l’espace physique qu’occupe une minorité par rapport à un groupe majoritaire. La concentration de jeunes adultes excède de 38 % celle des autres groupes d’adultes. L’indice de centralisation [0,1] fourni une mesure sur la proximité géographique du centre

ville. A New York City, une proportion de 71 % de jeunes adultes devraient déménager loin du centre ville pour être répartis de manière homogène dans la zone métropolitaine. Cette proportion est de 62 % pour les personnes âgées. Enfin l’indice de regroupement indique dans quelle mesure un groupe minoritaire est aggloméré sur le territoire. L'indice de Moran I indique une valeur significative de 0,52 pour les jeunes adultes et 0,34 pour les personnes âgées. Ces résultats confirment statistiquement que les jeunes adultes ne sont pas uniformément et aléatoirement répartis dans l’espace métropolitain. Même en étant un groupe plus nombreux, ils ont tendance à être plus isolés que les personnes âgées. Les jeunes adultes sont concentrés sur un territoire plus réduit que les autres adultes. Leur degré de centralisation et de regroupement est encore plus frappant, situés majoritairement dans le centre ville. 43



Les jeunes adultes dans la Métropole de New York

Les données du recensement sont fournies par le ‘20082012 American Community Survey (ACS)’, qui est un sondage transversal basé sur un échantillon aléatoire de la population des États-Unis. L’estimation des cinq dernières années offre la représentation la plus juste et actuelle de la population américaine. Elle est jointe avec le fichier de forme ‘2012 Census Bureau TIGER/Line’. Notre variable principale est l’estimation de la population de jeunes adultes dans chaque secteur de recensement. Dans la zone métropolitaine de New York (New York-Northern New Jersey-Long Island), la proportion de jeunes adultes est de 22 %, valeur relativement proche de la moyenne nationale à 23,3 %. Moins de 22,2% de jeunes adultes (quantile inférieur) Entre 22,2 et 26,09% de jeunes adultes Entre 26,1 et 30,8% de jeunes adultes Plus de 30.8% de jeunes adultes (quantile supérieur) Données non fiables

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Les théories centrales de l’économie urbaine considèrent que le critère de distance du centre exerce un rôle plus influent que les limites administratives. Ainsi, nous avons cartographié thématiquement les dimensions économiques, urbaines, spatiales, sociales et démographiques de manière concentrique autour du centre de New York. Ces cartes permettent de comprendre le caractère multidimensionnel de la différentiation résidentielle des jeunes adultes. Dans les zones métropolitaines, la location est plus fréquente que l’achat en raison des prix élevés. 67 % des jeunes adultes louent leur logement autour de New York. Cette tendance traduit notamment les ressources financières limitées de ce groupe d’âge. Le revenu annuel médian par individu est estimé à $ 15 000 pour un jeune adulte alors qu’il est deux fois plus conséquent pour un adulte d’âge moyen avec $ 30 000 par an. Cependant, les jeunes adultes payent des loyers médians plus élevés que les autres adultes. La valeur médiane est de $ 1 280 alors qu’elle est de $1 100 pour les adultes d’âge moyen et de $ 830 pour les personnes âgées. La centralisation explique partiellement ces différences.

LE COÛT DE LA MOBILITÉ Les jeunes adultes sont également amenés à déménager plus que les populations plus âgées. 19,3 % d’entre eux ne vivait pas à New York l’année précédente contre seulement 6,2  % des adultes de plus de 35 ans. Avec de nombreux changements dans le cours de leur vie, les jeunes adultes 46

sont mobiles parce qu’ils commencent un emploi dans une autre ville, ils changent de colocataire, ils augmentent leurs revenus, ils emménagent en couple ou ils ont besoin d’une pièce en plus pour un enfant. Les nouveaux résidents sont plus affectés par un contexte d’inflation constante du secteur immobilier. A New York City, le loyer médian a augmenté de 8,5 % entre 2007 et 2011, avec des valeurs encore plus élevées pour les quartiers dans Manhattan et Brooklyn. Ainsi, le loyer médian de ménages résidants au même endroit depuis plus de 4 ans est $ 330 plus bas ($ 1 010) que pour des ménages ayant emménagés dans la dernière année ($ 1 340). Le gouvernement a tenté de contrôler certains loyers. Cependant, ces logements sont difficilement accessibles aux jeunes adultes car ils sont occupés au long terme.

JEUNES ADULTES & PRIX DU LOGEMENT Plus de 14,3% individus ont changés de résidence l'année dernière (quantile supérieur) Quantile inférieur du loyer médian (- $1 058) Quantile supérieur du loyer médian (+ $1 402) Moins de 22,2% de jeunes adultes Entre 22,2 et 26,09% de jeunes adultes Entre 26,1 et 30,8% de jeunes adultes Plus de 30,8% de jeunes adultes Données non fiables Espaces libres



LA SÉGRÉGATION CULTURELLE PARTICIPE À L'ORGANISATION SPATIALE DES JEUNES ADULTES, SUGGÉRANT UN CHOIX DE VIE PROACTIF. La génération actuelle de jeunes adultes se caractérise par son besoin de vivre à l’instant présent (Wyn and Woodman 2006). Ce mode de vie met en avant les activités sociales, culturelles, spirituelles et physiques. Les comportements à risque comme la consommation d’alcool connaissent un pic durant cette période. D’ailleurs, la position géographique des commerces servant des boissons alcoolisées a une relation significative avec la proportion de jeunes adultes.

CRITÈRES DISCRIMINANTS L’outil d’analyse de groupement d’ArcGIS permet de trouver des regroupements naturels qui ont des caractéristiques démographiques et spatiales similaires. Il permet d’identifier la structure sous-jacente de la distribution spatiale des jeunes adultes à New York. Le modèle le plus consistant comprend trois variables : la proportion de jeunes adultes par section de recensement avec le loyer médian et la densité de lieux servant des boissons alcoolisées. La répartition optimale indique quatre groupes répartis du centre vers la périphérie. Ces regroupements corroborent avec 48

les recherches passées au sujet de la ségrégation par l’âge, démontrant que la différentiation résidentielle est causée par des facteurs écologiques. Cependant les jeunes adultes sont aussi sensibles à leur environnement social comme le modèle. Des facteurs culturels participent donc également à l’organisation spatiale des jeunes adultes. Au même titre que les préoccupations d’âgisme, nous pouvons questionner un phénomène de ‘jeunisme’ et un isolement marqué des jeunes adultes. ■

JEUNES ADULTES & MODE DE VIE Commerces servant des boissons alcoolisées Fitness et centre de santé Lieu de culte Moins de 22,2% de jeunes adultes Entre 22,2 et 26,09% de jeunes adultes Entre 26,1 et 30,8% de jeunes adultes Plus de 30,8% de jeunes adultes Données non fiables Espaces libres



WARNING Sensibiliser le monde de l’enseignement sur la problématique du développement durable est tout aussi important que de convaincre les décideurs en exercice. La Génération Y (  1982-2002  ) est la première à naître dans un monde qui s’intéresse à l’écologie et à la protection des ressources naturelles. Cette génération saura probablement faire la différence pour mettre en place des dispositifs plus respectueux de l’environnement qu’auparavant. Un film pédagogique à l’attention du public de l’Ecole d’Architecture de Versailles a été commandité par Nicolas Michelin. Grâce au montage de photographies amateur, il met en exergue la dualité des notions qui entourent le concept de développement durable à travers le monde ■ Photographies par Charlotte Chebassier sauf si mentionné.


ENSAV   |   AVEC A.  BONDENET   |   FILM   |   2009


© E. de France


DENSITÉ


CONSOMMATION




IDENTITÉ


for a better urban future

Le Programme des Nations unies pour les établissements humains est une agence spécialisée de l'ONU. Son but est de promouvoir des villes de développement durable pour fournir des abris pour tous.


ONU-HABITAT  |  BUREAU DE L'UNION EUROPEENNE  |  BRUXELLES  | STAGIAIRE  |  2008

La planète est citadine. Plus d’un habitant présente pourtant des stigmates propres sur deux habite désormais dans les villes à son histoire et son peuple. Les cultures et cette tendance n’est pas prête de s’insont souvent gommées par des réponses verser. Le programme ONU-HABITAT standardisées quand au contraire elles se consacre à cette problématique afin devraient être le fondement de l’identité de comprendre ce phénomène urbain, urbaine. de le promouvoir et de l’accompagner. A quoi servirait alors la Ville si elle n’apLa Déclaration du Millénaire marque porte plus aucun bénéfice à ses occupants ? un engagement clair afin d’améliorer les La Ville est censée être la manifestation conditions de vie de plus 100 millions ultime de l’organisation communautaire d’individus vivant dans les ‘bidonvilles’. par sa vocation à offrir le maximum de Un vaste programme quantifié et identiservices au plus grand nombre d’indifié, est-il cependant raisonnable au vu du vidus : infrastructures, hygiène, santé, constat ? éducation, politique, emploi, commerces, La croissance des villes est une probléloisirs. C’est également le lieu du progrès matique qui commence avec l’étalement technique, scientifique, politique et cultuurbain, ce dernier rel. Le rythme de entrainant la surcroissance urbaine Welcome to consommation de que connaissent les territoires souvent Villes ne permet pas the United Nations. non adaptés pour une planification l’habitation. Cette urbaine comme on It's your world. disparition des l’entendait le siècle espaces naturels laisse dernier. Le constat place à des constructions informelles qui posé aujourd’hui par les architectes, les sont coûteuses pour les gouvernements et urbanistes et les administrateurs publics leurs occupants : cela signifie plus de voiest clair : la croissance urbaine ne peut ries (l’isolement), plus de réseaux (l’insaêtre maîtrisée comme on l’entendait les lubrité), plus d’équipements (la marginasiècles passés lorsqu’elle est aussi rapide lisation) et donc plus de consommations. et peu concertée. Le développement anarchique des zones Il s’agit alors plutôt de questionner comurbaines se solde par des clivages urbains ment aujourd’hui il est possible faire et des inégalités sociales marquées. Ville autrement, en cherchant à discerner Chaque classe sociale se replie sur elleculture et développement, modernité et même, réduisant d’autant plus les possioccidentalisme, flexibilité et informel. bilités d’échanges et la sécurité en ville. «  Le véritable espoir de l’urbanisme Les gouvernances archaïques ne sont pas réside dans la réponse aux besoins et aux capables de répondre à l’ensemble des aspirations de toutes les couches de la corollaires du phénomène. La globalisapopulation, de tous les groupes sociaux, tion de l’économie et l’échelle des mégade toutes les classes. » Des hommes et des lopoles poussent à l’individualisation et villes. Chombart de Lauwe. 1970. Paris. la banalisation des réponses. Chaque ville p238 ■ 59


E L E WWEL


E L

ENSAV  |  D. KLOUCHE J. MONFORT G. BOURBOUZE  |  BAMAKO  |  DIPLÔME  |  2009

Bamako, c’est presque 2 millions d’habitants pour 5 à 6   % de croissance urbaine par an.

Hier, c’était un village bambara. Aujourd’hui, la croissance de l’agglomération présage d’une métropole africaine pour demain. La capitale profite depuis plus de 10 ans d’un fort potentiel économique, industriel, humain et touristique. Au même titre que ses consœurs africaines, Dakar, Cotonou ou Lagos, Bamako s’étale sur ses territoires alentours avec démesure. Si la stabilité politique du pays était rétablie depuis la mise en place de la République démocratique en 1992, l’actualité contredit mon propos daté de 2009. En Janvier 2012, la démocratie a été directement menacée par le coup d’état de soldats mécontents du gouvernement face à l’offensive des rebelles touaregs, conséquence directe de la chute de Khadafi en Libye. Les touaregs ont parallèlement été dépassés sur le terrain par les réseaux terroristes islamistes, bénéficiant d’une grosse artillerie. Le Sahel ne doit pourtant pas devenir la nouvelle terre d’accueil des terroristes de l’ACQMI. La jeune République Malienne est en danger. Le contexte politique actuel du pays remet en cause le potentiel de croissance sur lequel était fondée cette recherche, avec des entreprises et investisseurs qui

resteront frileux tant que la situation ne sera pas stabilisée. Pourtant la vie des maliens en dehors des zones de conflit n’est pas en pause et l’expansion urbaine est toujours d’actualité. Bien que les indices de développement soient faibles ( le Mali est classé 175e sur 177 pays selon l’indice 2006 de développement humain du PNUD ) la croissance du pays est continue depuis la mise en place de la Démocratie. En plus d’un fort potentiel économique, industriel ( et touristique ), Bamako connaît une très forte croissance démographique, grâce aux naissances, à l’exode rural et maintenant à l’exode de réfugiés du Nord Mali. L’expérience a démontré que cette rapidité de croissance s’est souvent soldée par des clivages urbains et des inégalités sociales difficiles à gérer par la suite. Pourquoi malgré plus de 40 ans d’urbanisation, les jeunes métropoles reproduisent des schémas éprouvés ? Comment offrir une nouvelle perspective à Bamako en sachant pertinemment qu’il est impossible de maîtriser dès aujourd’hui l’ensemble de sa croissance urbaine ? Les qualités traditionnelles de Bamako et le mode de vie des Bamakois doivent se conjuguer au phénomène de métropolisation et à l’importation de valeurs occidentales pour proposer des méthodes innovantes.

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UN VILLAGE, UN PASSAGE, UNE MÉTROPOLE AFRICAINE

fondation de Bamako - 1640

Plusieurs légendes sont à l’origine de la fondation de la ville. L’une raconte qu’un Ségovien parti en chasse aurait tué un caïman puis construit un gîte à cet endroit, d’où ‘Bama-kô’, ‘la rivière au caïman’. Une autre raconte qu’un colporteur nommé Bamba Sanogo se serait installé, et que ceux qui allait à la rivière disait ‘Bamba ka kô’ : ‘je vais à la rivière de Bamba’.

Le village était bâti en place forte, entouré d’un ‘tata’ en terre battue de 4,50 m de haut et 2 m d’épaisseur, avec quatre portes fermées à la tombée de la nuit. A l’arrivée du Colonel Borgnis Desbordes en 1 883, la cité compte à peine 1 000 habitants. Pour les français colonisateurs, Bamako servait à relier l’intérieur des terres africaines avec le port de Dakar. La ville devient 62

un centre administratif et commercial important. Elle est érigée capitale de la colonie du Soudan Français en 1 904. Hormis Bozola, les quartiers villageois changent de site et sortent de l’enceinte du tata. Les quartiers se reforment selon des critères de races, avec un centre destiné à la ville ‘blanche’. A partir des années 70, le développement urbain n’est pas en mesure de supporter la croissance démographique. Ce problème de logement entraîne l’apparition de quartiers informels, avec des occupants ne disposant d’aucun titre foncier légal pour des terrains non aménagés. Les villages sont progressivement absorbés par la croissance urbaine. A ce jour, la rive nord est saturée, la ville trouve ses limites en venant buter contre les collines. Son extension est principalement localisée sur la rive sud grâce à la construction d’un nouveau pont construit en 1 989.


Bamako Ă la pĂŠriode coloniale - 1883

Bamako aujourd'hui - 2005

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DES PÈRES DE FAMILLE, DES CHEFS DE VILLAGE, DES MAIRES DE COMMUNE

GOUVERNEMENT MALIEN Président Amadou Toumani Touré [ ATT ]

REGION Bamako CERCLE Collectivité territoriale de Bamako

DISTRICT DE BAMAKO Maire et conseil du District En charge de l’executif Propriétaire du territoire de Bamako

COMMUNE Maire avec son conseil communal élu au suffrage universel En charge des services : éducation, santé, équipements, environnement...

QUARTIER Chef de quartier Chef de sous-quartier Chef de famille

Plusieurs systèmes de gouvernance s’entrecroisent à Bamako. A l’intérieur de la ville administrative, six communes fonctionnent sans lien avec le District, elles dépendent directement du cercle puis du gouvernement. Une refonte institutionnelle et politique serait nécessaire pour établir une Mairie unique au District dont dépendraient toutes les communes. En dehors des limites du District, l’expansion continue de Bamako déborde sur les petits villages de brousse. Ils fonctionnent selon une politique traditionnelle, menée par le chef du village et les sages. 64

Il existe un vieux projet de réforme administrative où les limites du District s’agrandiraient ; mais celui-ci n’arrive pas à voir le jour. La propriété s’acquière selon deux systèmes, le droit coutumier et le droit romain. Les attributions coutumières sont pratiquées par les chefs de village, elles reconnaissent le droit d’usage héréditaire de la terre. Ce droit n’est pas officiellement reconnu par l’administration. Le droit romain permet l’acquisition de la propriété d’une parcelle après commercialisation. Les attributions peuvent être faites par plusieurs entités : la Mairie du District avec un titre de propriété réglementaire, la Commune souvent sans titre de propriété, l’Agence de Cession Immobilière (ACI) par voie d’adjucation publique. Depuis la mise en place de l’ACI en 1 992, la situation foncière de la ville s’est empirée avec l’augmentation considérable des prix du foncier, une inégalité dans les attributions des parcelles, du clientélisme et une plus grande complexité des démarches d’accès à la propriété.


PATERNALISTE, PATRILINÉAIRE, POLYGAME, UN FUTUR EN INVENTION

Le chef de famille assume un rôle clé. Doté d’une nature sacrée, il est l’intercesseur auprès des ancêtres et l’intermédiaire entre la famille et l’extérieur. Il répond ainsi traditionnellement des fautes commises par ses cadets. L’État s’adresse à lui pour le paiement des taxes diverses. Avec la progression de l’islam, le rôle du chef de famille tend à s’effriter. Parallèlement, les contraintes spatiales en milieu urbain ainsi que les changements socio-économiques ont pour effet la séparation des diverses entités familiales. Le chef de famille joue un rôle de premier plan dans les échanges matrimoniaux. Le mariage est un lien qui unit deux familles, deux clans (clan : nom commun, ancêtre commun et totem commun). Le mariage et la dot sont convenus entre les chefs de famille. La polygamie est encore très courante avec des répercussions sur le mode ‘d’habiter’. Ainsi, les membres des familles étendues cohabitent généralement sous un même toit ou dans une même concession. Une distinction très

marquée se fait entre l’éducation des jeunes garçons et filles. Tandis que les garçons doivent étudier et apprendre un métier pour nourrir leur famille, les jeunes filles apprennent les taches ménagères et s’occupent des enfants de la famille. Depuis une vingtaine d’années, les traditions sont mises à l’épreuve par la nouvelle génération. Les jeunes balancent entre un passé encore tenace et un futur à inventer. Les phénomènes de consommation et d’urbanisation valorisent l’argent au détriment des traditions, avec une individualisation des ménages au détriment de l’approche communautaire de la famille.

L'arbre à palabres un véhicule puissant de la tradition orale. C’est au pied d’un baobab ou à l’ombre du toguna que le conseil des sages du village se réunit pour prendre une décision.

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CHACUN INVENTE SON MOYEN DE LOCOMOTION, SON TRA JET, SA DISTANCE À PARCOURIR

Limite du District de Bamako Voie goudronnée à chaussée séparée Voie goudronnée en projet Voie goudronnée ou dallée Gare routière Limite de l’aéroport international Voie ferrée Dakar-Niger Gare ferroviaire passagers Gare ferroviaire marchandises Centre historique Fleuve Niger

Le réseau de transport est quasi-exclusivement composé de routes. Il n’existe pas d’alternative pour se déplacer, que ce soit par la voiture individuelle, les minibus collectifs ou les deux-roues. Les routes situées autour du centre ville sont très denses mais de mauvaise qualité, et aujourd’hui inadaptées aux besoins actuels  : trop étroites, trop 66

encombrées. Celles qui sont en périphérie, plus récentes, sont plus larges et sécurisées. Ce sont les voies les plus importantes. Bien que profitant aux petits revendeurs de rue, la congestion automobile est un frein pour la compétitivité des villes africaines à l’échelle nationale et internationale. Les ponts sont congestionnés aux heures de pointe et leur franchissement est un véritable problème. La récente construction par les chinois du pont de Sotuba permet de désengorger les vieux ponts.


Bo uti que Sol en ter re

Vég éta tio np lan tée

Go ud ron

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Ma i so ne np Gr arp in ain g

HABITER LA RUE COMME ON HABITE CHEZ SOI

Les pratiques quotidiennes envahissent la rue, parce qu’après la maison il y a la cour puis la rue.

Les femmes y effectuent beaucoup de tâches ménagères telles que la cuisine, la lessive, la vaisselle,... Les hommes font le grin, une véritable institution au Mali. Le grin désigne à la fois un lieu, des gens, une activité et une temporalité. On se retrouve dehors, autour de la radio ou parfois la télévision, avec les traditionnels trois thés maliens. Pendant ce temps, ce sont les enfants qui animent la rue, c’est leur espace de loisirs et d’échanges. Les moins de 15 ans représentent presque 40 % des Bamakois. Ils investissent la rue pour y jouer, pour se rassembler, pour s’y montrer. La qualité des équipements urbains est très variable selon les quartiers. Les réseaux d’égouts sont le plus fréquemment à ciel ouvert ou inexistants, posant de nombreux problèmes sanitaires (paludisme et épidémies). Ces caniveaux, et bien souvent la rue elle-même, sont encombrés de déchets et notamment de sacs plastiques noirs et de produits plastifiés. Les citadins ne sont pas éduqués au tri des déchets plastiques. 67


ENTREMÊLER LES ÉPOQUES, LES HABITANTS, LES USAGES ET LES MOYENS POUR TISSER UN PLAN

Voie ferrée Voie goudronnée

Les typologies urbaines rencontrées dans la ville sont intimement liées à l’évolution historique de celle-ci. On distingue des typologies anciennes, bien équipées mais parfois mal entretenues et saturées ; des typologies récentes, faiblement équipées et peu viabilisées ; avec enfin des typologies actuellement en formation, qui sont situées sur des territoires agricoles et en périphérie. Peu d’éléments verticaux apparaissent dans le paysage de Bamako, mis à part la tour de la Banque Centrale et l’Hôtel de l’Amitié. La ville est très consommatrice d’espace avec des constructions horizontales.

Marigot Limite d’îlot bâti Equipement de transport Equipement scolaire ou culturel Equipement administratif Equipement sanitaire Cimetière musulman Mosquée Cathédrale Jardin Concession rurale

Le centre historique est aujourd’hui le centre commercial de Bamako. Les constructions actuelles datent de la fin du XIXe siècle. Elles sont pour la majeure partie de type néo-soudanais ou colonial. Le tramé ancien remonte à l’indépendance. Situé en zone centrale, sur la rive Nord, ce type de tracé est composé de lotissements en damier, où les concessions mesurent entre 1 000 et 1 200 m² et les voiries ont une emprise entre 10 et 15 m. Ces quartiers sont bien équipés en terme d’assainissement et de réseaux. Les quartiers tramés récents datent d’après l’indépendance, c’est la 2e génération de quartiers lotis à Bamako. La trame orthogonale est moins rigoureuse que sur l’ancien. Ce sont des quartiers qui ont été souvent aménagés après leur établissement. Les quartiers de villas ressemblent aux quartiers tramés anciens, avec une trame en damier et des voies entre 15 et 20 m de large ; mais ils ont une densité moindre, d’environ 50 hab/ha. Ils sont destinés à des citadins plus 68

aisés et possèdent des marques de confort significatives : voiture, jardin, piscine,... Les équipements ne sont pourtant pas très développés. Les nouvelles zones urbanisées par l’Agence de Cession Immobilière (dite ACI) ont un plan complètement nouveau par rapport au tramé classique, affichant un plan de voirie très complexe et disproportionné. Les parcelles qui en découlent sont trop grandes et plus dures à exploiter, laissant trop d’espaces résiduels. Ce sont les beaux quartiers de Bamako. Les quartiers dits ‘spontanés’, c’està-dire informels, sont caractérisés par leur discontinuité et leur étalement. Le maillage est irrégulier et enclavé, sans hiérarchie apparente entre le bâti et la voirie. Ils se développent en périphérie sur des territoires sans valeur, peu propices à l’aménagement et excentrés. Les concessions sont des terres rurales situées en périphérie de Bamako, avec une trame en damier. Elles constituent un véritable grenier alimentaire pour Bamako et profitent à la spéculation foncière.


centre historique

tramĂŠ ancien

quartier des villas

promotion immobilière

quartier spontanĂŠ

concessions rurales 69


LA DIVERSITÉ ETHNIQUE REMODELÉE PAR L’ÉVOLUTION DE L’HABITAT

La concession familiale rurale • La cour centrale est l’espace de vie principal de la vie commune (cuisine, séchage du linge, toilette, grenier, accueil des invités, thé, jeux, animaux,...). Elle est plantée d’arbres pour créer de l’ombre et un puits dans certains cas. C’est le lieu où les repas sont partagés, où l’on prépare et mange dans le même plat. Les habitations très sommaires et compactes s’agglomèrent autour de cette cour et s’étendent en fonction de l’évolution de la famille. Un magasin vient souvent s’accoler à la chambre pour stocker la nourriture ou les biens. La salle de bain et les toilettes sont en extérieur, seulement protégés des vues par des murs en banco. La concession à Bamako • Les habitations s’organisent de la même manière mais la concession s’insère dans un tissu plus dense et tramé. Une conces-

sion familiale regroupe généralement entre 20 et 60 personnes. Des murs hauts délimitent la parcelle et le bâti tourne le dos à l’espace public. Les ouvertures donnent essentiellement sur la cour intérieure. L’extension se fait parfois verticalement, sur la toiture-terrasse. La maison moderne • Ce sont des villas de style occidental, destinées aux plus riches. Elles sont placées au milieu de la parcelle, avec un muret de délimitation et un jardin arboré. C’est une architecture de façade, contrairement à l’habitat traditionnel refermé sur lui-même. Au sein de la maison, on retrouve une configuration traditionnelle avec un espace central et collectif, en séjour, et des appartements indépendants pour chaque membre de la famille. Ils sont équipés selon les standards de confort occidentaux.

chambre magasin ou chambre salle de bain cuisine traditionnelle appartement indépendant entrée & séjour commun pièces de service ( Chambres personnels + Cuisine) véranda ou terrasse carrelée grenier ou débarras enclos 70


concession familiale à Trougoumbé

concession familiale à Bamako

villa moderne à Bamako 71


maquette de la tache urbaine de Bamako et ses alentours - 25 000e

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Quand nos vieilles villes européennes sont figées dans le temps, presque devenue des musées à ciel ouvert, les pratiques urbaines s’effacent pour mettre en valeur le contexte. A l’inverse, Bamako est résolument une ville moderne. Elle est la rencontre entre des pratiques urbaines et sociales ancestrales, et une ouverture vers le monde extérieur accélérée. L’observation de la ville et de ses habitants permet de proposer un projet tirant parti de ces pratiques traditionnelles. Il s’agit de réutiliser les pratiques : l’appropriation génèrée par la rue, le système D soutenu par l’informel, la composition flexible des familles, l’ouverture de la jeune génération vers l’internet,… Les situations de projet abordent trois échelles différentes : la Métropole, le Quartier, la Rue. Chaque échelle aborde une problématique différente bien qu’en réalité elles interagissent ensemble. Dans chaque situation, le projet est établit en considérant une interaction concertée entre l’institution publique et la promotion privée. Aujourd’hui, l’administration publique et la direction des équipements peine à viabiliser les voiries, offrir un assainissement viable dans chaque quartier et l’eau courante dans chaque maison. Pour combler ces lacunes, les promoteurs privés bénéficient d’une efficience prouvée avec les ‘gated communities’ par exemple. A Bamako, ce sont les zones ACI qui se sont développées grâce au privé. La concertation entre le public et le privé doit permettre le respect de contraintes publiques et de l’informel. Il doit être intégré à la conception comme une marge en faveur de la culture, de l’économie et de la mixité.

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Course à l’étalage

On achètera ses patates douces à l’arrachée, dans l’odeur du gasoil et les pétards de mobylettes.


e-commerce au dĂŠtail

Plus besoin de chevaucher sa Jakarta pour aller chercher son capitaine ou faire retoucher son bazin, internet sera la nouvelle plate forme semi-formelle offrant une panoplie de services au dĂŠtail.

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LA VOIRIE GÉNÈRE LA CROISSANCE, ELLE INDUIT DÉPLACEMENTS, ACTIVITÉS, CONSTRUCTIONS, ET PRATIQUE URBAINES.

MÉTROPOLE • TLe cas de figure métropolitain exploite la voirie afin de créer une polarité en périphérie. Le tissu urbain se développe du centre vers la périphérie en s’éloignant du centre administratif et économique. Le degré de proximité par rapport au centre est aujourd'hui l’expression de clivages sociaux quand auparavant il s’agissait de clivages ethniques ( à la fondation de la ville ) ou raciaux ( durant la colonisation ). La voirie est un vecteur de développement par excellence. Créer des polarités réparties en périphérie permet à la fois de répartir la centralité exclusive du centre commercial (travail et commerce) et de valoriser les terrains en périphérie. Le site de projet est l’échangeur routier de Yirimadio, point de croisement de trois directions. Aujourd’hui situé sur un axe peu utilisé, la zone viendra à se développer rapidement lorsque le pont de Sotuba sera mis en service, permettant ainsi de désengorger les ancien et nouveau ponts. Le bâtiment allie parking et locaux d’activité secondaire et tertiaire, c'est-à-dire artisanat, bureaux, boutiques et services. Le sol reste dégagé pour laisser la place au 76

marché et à l’informel. Pas besoin de planifier, l’informel s’en occupe. C’est à la fois une gare de transports collectifs, un bâtiment d’activité, une place de marché et une place de délestage grâce à la toiture. Le bâtiment peut se dilater pour évoluer avec les besoins : les places de parking / ou des locaux d’activité, le point de vue depuis la toiture / ou le grain à l’ombre des châteaux d’eau, le marché alimentaire / ou l’approvisionnement par la gare de transports. L’entité métropolitaine fonctionne à double sens. Le bâtiment est autonome avec ses locaux d’activité mais il devient plus interactif grâce au marché implanté au sol. Et le marché s’implante sur un sol dégagé là où de l’activité et des flux sont générés ( parkings, gare routière et activité ). L’objet métropolitain devient une image forte et valorisante dans la ville, c’est un repère spatial avec son anneau et ses châteaux d’eau visibles au loin. On imagine de manière prospective que le marché s’étend dans les interstices, que les habitations se densifient autour, et les terrains prennent de la valeur.


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Concessions sur étages

Le théorème de 1909 nous avait bien prédit la résurrection du monde avec le gratte-ciel idéal : une mince structure métallique soutenant quatre-vingt-quatre plans horizontaux de domaines privés.

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Mc Aloko’s

L’empire de Mc Aloko sera bâti grâce à ces ménagères qui veulent augmenter leurs revenus tout en assurant l’intendance et l'éducation. Les menus seront servis depuis le garage, avec une fenêtre et une affiche.


QUARTIER • A l’échelle du quartier, le projet s’est centré sur la problématique de l’étalement urbain au prix de l’absorption des zones rurales. Les constructions en RDC agglomérées autour d’une cour intérieure sont très consommatrices d’espace, et une métropole-capitale ne peut être formée ainsi car cet étalement a un coût : les voiries, l’assainissement, les réseaux. Pour densifier ces constructions tout en respectant le mode de vie des Bamakois, il s’agit de conserver les qualités de la concession, son rapport au sol, l’intériorité de la cour et du bâti, la flexibilité des habitations. Tout en considérant une nouvelle génération en quête d’indépendance. La typologie proposée multiplie la densité par 4, en passant de 0,3 environ à

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1,3 de COS ( 3 à Paris ). Elle superpose trois typologies différentes. La première est en rapport direct avec le sol et divisée en deux blocs, elle permet des dépendances, la location, une boutique sur rue, un garage. Par-dessus celle-ci, se pose une typologie proche de la concession traditionnelle, avec un anneau de chambres s’ouvrant sur la cour. La dernière est moins grande, elle s’apparente à un appartement, organisé autour d’un patio et d’une véranda. Ces 3 types de logements ont des surfaces, des vues et des dispositions différentes pouvant intéresser différent type d’acquéreurs. Mais tous ont une marge de flexibilité permettant au bâti de s’étendre sur la surface de la cour ou bien d’être construits en plusieurs temps.


Cet ensemble de logements est développé par une promotion privée, avec des terrains mis à disposition par la mairie. En contrepartie d’un prix d’achat moindre, un quota d’équipements est imposé au sein de l’opération, de l’ordre de 10 à 20% de l’emprise au sol. Ces équipements ou aménagements bénéficient aux quartiers voisins peu équipés. Ils vont améliorer immédiatement le quotidien, mais également valoriser les terrains et constructions alentours à moyen terme. 2 types d’équipements

interviennent à des échelles de rayonnement différentes, ceux qui sont à l’échelle de la commune et rayonnent sur plusieurs kms ( un centre culturel, une place de marché et un front de commerces dans le cas présent ), et ceux qui profitent aux rues avoisinantes ( une fontaine, un terrain de foot, un lavoir public, une coopérative maraîchère ). A terme, on peut supposer que ces opérations auront valorisé le quartier et que les infrastructures de base, du type eau courante, égouts et réseaux suivront naturellement.

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Ravalement publicitaire

La densification du bâti sera un support de publicité accessible à tous ; et les bamakois choisiront les couleurs de leurs façades selon les publicités à peindre.


Le gigantisme métropolitain est un assemblage de voiries, de bâti, mais aussi d’espaces résiduels qui ne faut pas négliger. Dans le tracé des nouveaux quartiers de promotion immobilière construits sur d’anciennes zones de maraîchage, la voirie laisse place à de nombreux espaces résiduels. Elle est surdimensionnée, à la fois par prospective et par envie de grandeur. RUE • La dernière situation de projet pourrait paraître anodine de part son échelle mais elle est tout aussi stratégique. Les nouveaux quartiers de promotion immobilière sont très peu équipés et disposent de peu d’espaces public, l’ombre y est rare. Avec de belles avenues plantées, des monuments place et du goudron sur les grands axes, c’est l’image standard du beau quartier à Bamako. Pour combler ce manque d’équipements, on propose d’utiliser le surdimensionnement du réseau pour y implanter des équipements et des espaces publics qualifiés. Les terrepleins centraux sont réutilisés pour des activités de maraîchage sur les bandes d’au moins 15m d’épaisseur. Malgré la faible mixité de ces quartiers, le maraîchage est une pratique ancrée qui

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profite aux aides ménagères des villas, aux mères de famille qui cuisinent quotidiennement, ou aux femmes qui vont vendre leurs produits au marché. Ces lieux délaissés redeviennent des espaces partagés et utilisés. Dans le cas de Sotuba, les voies le long des berges du Niger sont un espace public de qualité. Aujourd’hui limitées aux activités de maraîchages et de lessivage, ces berges peuvent accueillir des aménagements tels que des terrains de foots, des jeux d’eau, des lavoirs, des places pour les grins, les mariages ou les concerts. Avec une action urbaine s’inspirant des 3 échelles de projet, la rue, le quartier, la métropole, il faut espérer que ces quartiers nouveaux gagnent en mixité et favorisent les usages traditionnels de l’espace public bamakois ■


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Place au Baobab

Parce qu’il est un génie sacré et magique, on utilisera le baobab pour se repérer dans la ville et donner rendez-vous aux amis du grin.

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Ice Tea

On se demandera comment ‘avant’, on pouvait rester de si longues heures au grin pendant la saison sèche.


VILLE FORT POTENTIEL


CHERCHE INVESTISSEURS



ENSAV | D. KLOUCHE J. MONFORT J. CASTEX | SHANGHAI | AVEC M. MOREAU | 2008

Résolument contemporaine, la Ville de Shanghai émerge d’un paysage urbain confus et gigantesque. Le rythme de la vie n’y faiblit jamais, et l’urbanisme est à l’image de cette cadence : 8 000 gratte-ciels aujourd’hui quand on en comptait 500 en 1 995, la zone métropolitaine s’étend sur 6 300 km² de territoire pour 17 millions d’habitants. L’échelle de la métropole créée des situations urbaines exceptionnelles qui deviennent un riche support de composition et d’inspiration. Au pied du Nanpu Bridge, l’échangeur le plus fascinant de Shanghai déroule une spirale de plus d’1km de route sur 10 voies. Icône malgré lui, ce monument peut-il redistribuer de l’urbanité ?

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‘DRIVE IN' THE MALL Infrastructure de grande envergure, l’échangeur du Nanpu Bridge est un ouvrage d’art dont l’échelle semble l’éloigner de toute notion d’urbanité. Le trafic automobile journalier s’élève jusqu’à 5 millions de véhicules, avec 18 lignes de bus parcourant ses 10 voies. Quand cet objet pourrait apparaître comme un monstre anti-urbain, il s’agit de tirer parti de cette esthétique fascinante et exacerbée par les flux routiers. L’enroulement des voiries créé une arène urbaine où les véhicules sont spectateurs dans l’amphithéâtre ; les embouteillages y deviennent un instant de distraction plutôt que d’ulcération. Le projet prend parti de la rencontre de multiples flux pour créer une polarité forte au bénéfice d’un grand pôle commercial. Le bâtiment

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est à la fois une gare d’autobus, un parking véhicule et 2 roues, une station de métro et un parvis piéton. Les usagers se différencient par leur mode de transport et donc leur mode d’accès au bâtiment. A l’image d’une Shanghai excessive, les véhicules pénètrent au cœur du centre commercial par des artères venant de l’échangeur, l’édifice est ‘Drive IN’ géant. Plutôt que de limiter les flux et leur croisement, on prend parti de les polariser et de les intensifier. Le bâtiment est stratifié par couches où les espaces publics, les réseaux, les commerces et le tertiaire se superposent. La toiture garde son caractère d’amphithéâtre pour offrir une grande place publique donnant sur le fleuve Yangpu et le balai autoroutier.



Quand classiquement les espaces sous les autoroutes sont des délaissés urbains présentant peu d’intérêt, la sous-face de l’échangeur est redéfinie par un grand parvis piéton où toutes les connections de transports en commun convergent. Le piéton retrouve sa place au sein de l’échangeur. Au cœur du bâtiment, un atrium

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central se termine par un lobby où convergent l’ensemble des flux. Les grands plateaux accueillent un centre commercial où les échoppes sont prises entre les voiries, celles de l’échangeur à l’extérieur et celles du ‘drive in’ à l’intérieur. La pointe de la tendance Shanghaienne sera-t-elle le shopping en dépose minute ? ■


PLANS DE NIVEAUX

Une maille structurelle enveloppe l'ensemble des plateaux et unifie l'objet. Les voiries alimentent le bâtiment telles les artères d'un cœur.

LA REQUALIFICATION DU SOL, DES POTEAUX ET DES SOUSFACES DONNE UNE NOUVELLE QUALITÉ À LA VILLE QUI TENTE DE S’APPARENTER À DE L’URBANITÉ.

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Le phénomène de mondialisation en laisse plus d’un penser que nos cultures sont inéluctablement gommées par la globalisation. Il est aujourd'hui aussi facile de trouver un coca dans une épicerie parisienne, que chinoise ou malienne. Pourtant le coca global ne remplacera pas le produit local : le vin du français, le thé noir du chinois et le jus de bissap du malien. Les nations contemporaines gouvernent aussi bien à l'échelle de leur pays que de la planète, mais chaque identité reste ancrée à son territoire. Notre appartenance à des traditions ancestrales ne peut être gommée par l’internet ou la standardisation. 'Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme'. Photographies de charlotte chebassier.


LES OREILLES FERIA DE BÉZIERS  |  AOÛT 2011

La corrida est un spectacle artistique ; elle puise toute son esthétique d’une tradition acquise depuis le XVIIIe siècle. Les rituels de mise à mort et les codes de la tauromachie sont un strict cadre au duel, duel qui oppose la bravoure et la noblesse d’un taureau à celle d’un homme.


AKIAKS BAMAKO | MARS 2009

Adolf Dassler est le fils d'un savetier bavarois qui se spécialise dans les pantoufles, lequel fabrique des chaussures de sport dans les années 1920. Son entreprise portera officiellement le nom de ‘A didas AG’ à partir de 1949. Sa production est délocalisée en Asie dans les années 90 puis Adidas est introduite en Bourse en 1998. Elle est l’une des 10 marques les plus connues au monde.


NEW YORK CITY  |  OCTOBRE 2010

D’o rigine folklorique anglo-saxonne, Halloween est une tradition populaire dans les pays d’o rigine anglaise. Son symbole le plus connu est issu d’un conte irlandais : ayant joué avec le diable, ‘J ack-O’-Lantern’ est condamné à errer sans but dans le noir avec pour seul lumière un charbon ardent posé dans un navet creusé.


ENTRE L'ÎLE D'ELBE ET CAP CORSE  |  SEPTEMBRE 2011

Le mot est une déformation anglophone de ‘venez m’aider !’. Depuis la conférence de Washington de 1927, son usage est prescrit internationalement dans les communications radio-téléphoniques pour signaler un bateau en détresse. De part l’isolement géographique, le secours en mer est une affaire de solidarité entre marins. Tout navire à proximité d’un signal de détresse est en mesure d’aller porter assistance.


PAYS DOGON  |  MARS 2009

Milieu hostile et difficile d’a ccès, les falaises de Bandiagara sont un refuge naturel pour les Dogons ayant su se sédentariser en harmonie avec leur environnement. Ce peuple animiste honore la terre, l’e au, le feu. Au coucher du soleil, ils quittent la brousse pour se protéger des génies.


LONGJI | AVRIL 2008

L’o rigine du peuple Yao remonte à plus de 2000 ans. Les cheveux sont le symbole de la beauté pour les femmes, elles ne les coupent que deux fois dans leur vie et leur consacre un entretien quotidien avec l’a ide de masques d’amidon de riz. Leur coiffure est traditionnellement complétée de mèches héritées de leur mère ou grand-mère.


KYOTO | DÉCEMBRE 2006

Le kimono japonais pris forme durant la période Heian, à partir de 714. C’e st un vêtement formé de rectangles de tissus pliés et cousus, toujours porté côté gauche sur côté droit afin de cacher une arme. Il tient avec une ceinture nouée dans le dos. La symbolique de l’habit transmet des messages sociaux très précis grâce à sa couleur, les motifs, la position de l’habit et les manches.


BAMAKO | MARS 2009

Le pagne est une pièce de tissu rectangulaire, sa dimension permet de recouvrir son corps des hanches jusqu’aux chevilles. Il n’e st pas confectionné, c’e st un des habits les plus simples que l’homme puisse porter. Les motifs symbolisent des récits ou une stylisation de la nature. Ils sont également souvent utilisés et portés pour véhiculer des messages populaires, politiques ou commerciaux.


MOPTI | MARS 2009

Le Niger, dit ‘fleuve des fleuves’, est le plus long fleuve d’A frique Occidentale. Chargé d’histoire et de culture depuis l’A ntiquité, il est le berceau d’une civilisation millénaire qu’il fait vivre : son eau est utilisée dans les villages, de nombreux peuples vivent de la pêche et de ses rives cultivables et inondables. Son peuple vit à son r ythme selon les saisons et les zones géographiques.


BAÑOS | JANVIER 2012

Le volcan Tungurahua alimente les sources thermales de ‘La Virgen’, venue y tremper ses pieds selon la légende. Les vertus des minéraux présents dans ses eaux chaudes sont procurées par l’a ctivité du volcan. A la fois lieu de croyance et lieu de socialisation, on croise facilement dans la ville des bañenos mouillés de la tête au pied.


NEW YORK CITY  |  OCTOBRE 2010

La police montée continue d’e xister dans les villes parmi les nombreux transports modernes et motorisés. Le cheval continu d’impressionner foule et délinquant grâce à sa stature. C’e st également un moyen efficace pour donner une image plus conviviale des forces de police auprès des citoyens : les paroles amicales sont spontanées envers une monture. Et pas envers un représentant de l’o rdre.


YANGSHUO | AVRIL 2008

‘Comme le corps, le cheveu et la peau ont été reçus de nos parents, nous ne devons pas oser leur faire de dommage. C’e st la base de la piété filiale’ disait Confucius dans ses entretiens ( 551-470 av JC ) ■


Quand on choisit d’intégrer une école publique d’architecture française, et à fortiori celle de Versailles, on prend le risque trop sous-estimé d’intégrer un système de traditions forgées dans la nuit et la cocagne. Vierge de toute influence universitaire, le ‘nouvô’ bien intégré finit rapidement par embrasser les traditions Beaux-Arts pour perpétuer cette identité. La Fanfare en est un des maillons essentiels chez les architectes. Certains la honnissent, mais la grande majorité des architectes lui sont familiers, jusqu’à souvent l’adorer. C’est un réseau dont les codes et les pratiques sont bien connus de tous ses adeptes, rodés puis transmis par les anciens. Comme toute communauté, la fanfare peut se montrer fermée, mais à qui saura endosser le costume ou swinguer sur le contre-temps gagnera sa carte de membre actif. Elle se caractérise par une identité bien trempée dans le cuivre et le rythme, exigeant autant de démesure que de rigueur. photographies par charlotte chebassier.

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MONTPELLIER | JUIN 2012

Sans prendre le risque de parler de liquide au sens large, la résistance à l’e au est une condition sine qua non pour le fanfaron. Le maquillage est destiné à supporter les rudes épreuves que sont la sueur sudoripare de la transe, la cer voise qui déborde de son lit ou l’iode du bain de minuit.


PARIS | NOVEMBRE 2011

Nul besoin de remplir un Zénith pour savourer le plaisir de la scène. Nul besoin non plus d’être destiné à la scène pour en redemander. Elle y offre ces transes indescriptibles qui vous possèdent tout entier pour rendre à la salle le merci de sa venue.


PARIS | DÉCEMBRE 2010

Pour les néophytes, le déguisement est une forme de travestissement de soi-même. En fanfare, il s’a git plutôt d’une concrétisation. Sur scène, la fanfare endosse le costume pour se métamorphoser, il est l’o util de son identité et la clé de son abnégation.


MONTPELLIER | JUIN 2012

Le public, on le chérit autant que son cuivre. Parce qu’il aime surtout écouter une musique harmonieuse, une fanfare doit conquérir le public autrement que par la note. Elle est généreuse et criarde, elle n’a pas de complexe pour peu de limites, elle est populaire et on aime s’y identifier.


MONTPELLIER | JUIN 2012

La fin justifie les moyens quand il s’a git de séduire son public. Et les moyens sont libres de toute interprétation.


ORLÉANS | MARS 2012

Le fanfaron se complait avec volupté dans les plaisirs du bon temps et de la franche camaraderie. Quand il oublie qu’il est un architecte en charrette, il prend le temps de savourer festins et aubades.


MONTPELLIER | JUIN 2012

Sous son air d’indomptée, la fanfare s’o rganise en association. Les assemblées générales y sont aussi bouillonnantes que les élections politisées. Le digestif est un médiateur qui sait indéfectiblement accorder les opinions ■



HA BI TAT


HAUVETTE & ASSOCIÉS | ADIM | LE HAVRE | CHEF DE PROJET | ETUDES | 2010

Le programme d’habitation est divisé en 3 plots urbains, permettant de profiter de la situation privilégiée du terrain situé à un angle et devant une vue dégagée vers le bassin. La parcelle n'a pas de vis‐à‐vis ( parking des Bains des Docks de Obras ) et se trouve dans un quartier au patrimoine industriel en renouvellement ( piscine municipale les Bains des Docks de Jean Nouvel, opération Courbet‐Plaza, Docks Vauban ). En évitant la solution classique du bâtiment mono‐orienté en équerre, le choix de plusieurs bâtiments permet d’augmenter le linéaire de façade des logements ; et donc d’offrir des logements de qualité tous bien exposés. Grâce à un subtil arrangement 120

La première contrainte du site, de ne pouvoir enterrer le parking des logements, est devenue le parti du projet : un rez-de-chaussée conçu comme une structure minimale, permettant une réelle transparence visuelle entre la rue, le fond de la parcelle et le voisinage. entre implantation et proportion, chaque logement et loggia échappent vers des vues proches et éloignées malgré les vis-à-vis. Il n'est pas devenu chose facile que de proposer aujourd’hui des logements sachant répondre aux normes handicapés, avec le maximum de pièces en premier jour, des gaines superposées, et une configuration intérieure confortablement aménageable.

Pour tendre vers cette qualité de logements, les plans sont d’une rationalité et adaptabilité extrême, au service d'une architecture cohérente. Les logements sont pensés selon l'usage qu'on en fait, en recherchant une lumière naturelle dans la cuisine, un séjour d'au moins 22  m², des pièces faciles à meubler, etc. Tous les logements disposent d'une loggia de presque 6m².


plan des logements courants

plan d'un niveau courant

Les constructions à rez-dechaussée ont une emprise minimale : réduite aux halls d’entrée, aux locaux collectifs et au local de bureaux sur rue. Le parking est traité comme un support graphique où des éléments standards tels que l’asphalt, la peinture, le poteau peuvent retrouver une nouvelle écriture et surprendre là où l'on ne s'y attend pas. Un jeu de verticales est créé entre les poteaux bétons, les poteaux métalliques, les troncs d'arbres et l'éclairage tous tramés sur la même grille. Le parking est recouvert d'une toiture végétalisée sur bac acier afin de protéger les véhicules mais surtout de préserver la vue des résidents depuis leur logement.

plan du niveau rue

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©Stereograph

On peut distinguer une enveloppe extérieure d’une façade intérieure : comme si l’on avait taillé un bloc lisse et métallique puis écarté ses découpes. L’expression de l’enveloppe extérieure est matérialisée par l’utilisation du métal en bardage. En promotion privée, le choix du métal en façade n'est pas courant, et il implique une mise en oeuvre concertée pour répondre aux contraintes esthétiques, techniques, économiques, thermiques et incendie. La façade dite ‘intérieure’ donnant sur une couverture végétalisée, est traitée de manière à gérer la question du vis-à-vis. Les embrasures des menuiseries sont biseautées dans l’épaisseur de l’isolation, et ce afin d’orienter les vues ■ 122

les façades métalliques et leurs menuiseries - détail technique en coupe


HAUVETTE & ASSOCIÉS | FLOGUI | BLAGNAC | CHEF DE PROJET | FAISABILITÉ | 2011

Les grands collectifs ne pouvant plus être ce qu’ils ont été après-guerre, et l’attente des acquéreurs ayant également évoluée, le collectif doit explorer de nouvelles typologies. L’habitat moderne doit être un compromis entre logement collectif et maison individuelle, cherchant à additionner les vertus : l’économie des moyens, la mutualisation des charges, la sécurité, l’accessibilité, l’intimité du logis, l’appropriation, le rapport avec la nature et la terre. Dans le cas présent, il s’agit d’une parcelle située dans une zone en rénovation urbaine, le long d’un axe routier important dans Blagnac. Elle peut accueillir entre 90 et 100 logements selon les critères de promotion immobilière classique. Les bâtiments s’implantent en forme de Z afin de redonner un alignement sur l’avenue tout en dialoguant avec le tissu urbain existant fragmenté dans la rue. Ils ménagent volontairement des retraits urbains. C’est une masse unitaire desservie par une seule coursive extérieure végétalisée et offrant à chaque logement une entrée individuelle. Au Nord, la façade s’efface derrière un écran végétal et assure ainsi la transition entre les immeubles collectifs sur la

rue et le tissu pavillonnaire sur le fond de parcelle. Au Sud, ce sont de grandes terrasses qui se superposent en escalier pour offrir ombre et soleil à chacun des logements. Les typologies de logements sont innovantes car elles prennent avantage du retrait en escalier de la façade Sud. Une grande variété de logements est proposée ainsi aux acquéreurs : de grands appartements sur jardin à RDC, des grands et petits T3 traversant avec terrasse, de grands duplex tirant parti astucieusement de la réglementation handicapé. Cette solution en coursive prend parti des solutions les plus ‘simples’ à mettre en œuvre pour assurer la sécurité incendie en logement collectif ■

esquisse de T3 traversant

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HAUVETTE & ASSOCIÉS | VINCI IMMOBILIER | MANTES-LA-JOLIE | COLLABORATRICE | ÉTUDES | 2009

Ce programme d’environ 25 000 m² comprend environ 270 logements, 3 600 m² de bureaux, 1 000 m² de commerces en pied d’immeuble et une crèche. Il pose une question urbaine vue et revue, mais difficilement résolue : comment créer de la densité en tissu pavillonnaire ? La parcelle est située en face de la gare de Mantes Station, sur les terrains d’un ancien hôpital et au cœur d’un tissu pavillonnaire typique de la banlieue parisienne. Le projet vient renouveler la forme du quartier pour constituer un ensemble contemporain inscrit dans la ville mais respectueux du contexte. L’usage de la pierre meulière et la hauteur limitée des constructions en son la preuve. Le projet intervient sans dogmatisme en posant trois entités à la fois autonomes et reliées les unes aux autres. 124

Trois bâtiments se découpent autour de deux jardins creusés, protégés des nuisances de la rue et de la voie ferrée par des rideaux de végétaux palissés. Ces jardins sur dalle sont paysagés avec l’étagement de quatre strates de clairières et de lisières, vivaces couvre-sol, arbustes persistants, magnolias caducs et arbres persistants. Des balcons filent tout les longs des façades intérieures. Le linéaire de façade sur rue est travaillé en alternant la masse végétale et celle des pans bâtis. Pour s’harmoniser avec le pay-

sage urbain et ses maisons de ville en meulière, le revêtement de façade est constitué de fragments de meulière. La reconnaissance systématique des figures du logement français a orienté Christian Hauvette à contrecarrer ces habitudes. Le jeu de façade traite de manière homogène logements et bureaux par un rythme strict et répété des ouvertures comme une masse creusée dans la meulière. Les menuiseries simple, doubles, avec ou sans allège, disparaissent en faveur du cadre foncé et de sa géométrie régulière. Une construction doit pouvoir perdurer dans le temps et donc permettre son évolution programmatique. À l’angle du terrain, un bâtiment marque ‘l’entrée de ville’ en incluant sous une enveloppe métallique un ensemble de bureaux, des commerces, une crèche et des logements sociaux ■


© G.Bruneel

© G.Bruneel

© G.Bruneel

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ENSAV | R.  SCOFFIER | AVEC G.  LANSE | PROJET | 2006

Bénéficiant d’une parcelle d’exception située sur les rives du canal de Saint-Denis et face au Stade de France, le projet aligne des barres parallèles et brisées, orientées afin de capter un ensoleillement optimal et des vues dégagées. Elles offrent un rapport plus libre avec le paysage du canal. L’ensemble s’inscrit dans un site à plusieurs niveaux de référence. Le niveau de la 126

rue est traité pour s’intégrer au contexte urbain, avec des espaces publics pour le quartier : des places, des locaux commerciaux et des jardins. Le second niveau de référence est celui du quai, en hauteur par rapport à la rue. Il offre des terrasses et une grande promenade le long du canal. Tous les logements sont traversants avec à l’intérieur des appartements un dispositif de

paroi coulissante permettant de moduler l’espace selon l’ensoleillement et les usages. L’enveloppe des logements se constitue d’une double épaisseur habitée : c’est une façade de panneaux préfabriqués avec de très larges ouvertures doublée d’un voile de panneaux perforés en cuivre. On obtient ainsi des effets de moucharabiehs, des opacités et des ouvertures qui prennent la lumière naturelle et artificielle. L’épaisseur d’1m créée par la double peau est un balcon dans le prolongement des espaces intérieurs. L’uniformité de la peau en cuivre permet d’homogénéiser l’aspect global des immeubles, tout en autorisant l’appropriation de chaque appartement ■


FREELANCE | PRIVÉ | AVEC OGLO | FAISABILITÉ | 2010

La démarche de consulter un architecte en France pour bâtir sa maison n’est pas évidente pour tous et elle est la preuve d’une sensibilité particulière à la construction. Bien que l’image finale de la maison et son aménagement intérieur soient important, il est primordial que la maison colle avant tout à l’usage qui en sera fait et au mode de vie de ses futurs occupants. Dans le cas présent, une jeune famille composée d’un couple et deux enfants déménage en province à la recherche d’un cadre rustique, mais dans l’impossibilité économique de s’offrir une bâtisse traditionnelle. La future maison s’inspire des fermes traditionnelles en façade, avec l’usage de la pierre et du bois, et

Faire construire sa maison est un acte important dans la vie d’une famille. On attend de l’architecte une réponse unique et soignée, quel qu’en soit le budget. de grandes ouvertures irrégulières comme on en trouve dans les étables. A l’intérieur, la maison s’organise en U autour d’un bandeau séparant espaces servants/servis. A l’intérieur du bandeau, se concentrent les blocs sanitaires, la cuisine, la buanderie, le garage mais aussi la chambre parentale pour une meilleure différenciation de l’espace enfant. Le bandeau est une épaisseur habitable et utilisée aussi bien comme table, rangement, cheminée, fauteuil ou bibliothèque. Il définit

l’entrée comme un long corridor d’entrée, s’ouvrant généreusement sur la terrasse et le paysage alentour. Cet espace devient un salon d’extérieur protégé lorsque les beaux jours arrivent : un effort particulier est porté aux menuiseries pour libérer l’espace de montants et de seuil. Le corridor distribue les espaces jours, salon et salle à manger, et les chambres des enfants. En Mezzanine sur le bloc servant se trouve un espace ouvert que chacun peut utiliser à son gré comme bureau, salontélé ou chambre d’amis ■ 127


FREELANCE | PRIVÉ | ÉTUDES - CHANTIER | 2009

A défaut de profiter de terrains disponibles, Paris dispose d’un parc immobilier dense et en perpétuelle rénovation. La difficulté que connaissent les parisiens pour se loger fait de ces appartements l'objet de toutes les attentions. Dans les cas présent, c’est un appartement qui profite d’un balcon filant sur toute sa longueur. Initialement 3 pièces de surfaces équivalentes ainsi qu’une petite salle de bain sanitaire donnaient sur ce balcon. La rénovation du lieu propose

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de mettre en valeur le linéaire de façade de 9 m de longueur, donnant sur une rue calme et son église du XIXe. Ainsi, les cloisons sur la façade sont supprimées, les 3 portes fenêtres éclairent tout l’appartement. La salle de bain et la cuisine sont dévoyées vers

le fond de l’appartement grâce à un astucieux aménagement menuisé : un banc fixe permet de passer tous les conduits vers les évacuations avec les pentes minimales nécessaires. La contrainte technique est mise à profit pour l’usage ■


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La nature permet l’équilibre des écosystèmes grâce à une infinité de mécanismes régulateurs et complémentaires. L’adaptation des espèces à leurs milieux au fil du temps est un modèle à comprendre pour aborder le concept de ‘développement durable’ en architecture et paysage. photographies par charlotte chebassier.

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L’érable japonais se pare d’or et de rouge flamboyant à l’automne pendant ‘Koyo’. La synthèse de la chlorophylle diminuant graduellement avec les températures, les autres pigments des feuilles se révèlent à la place du vert.


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Alors que le haut-plateau de l’île de Fogo est une grande plaine noire parsemée de pics volcaniques, de lave et de plants de vignes, une étonnante forêt se découvre sur les pentes du volcan. Malgré cette nature imprévisible et volcanique, les montagnards du plateau ne franchiraient pour rien au monde cette forêt qui en ferait des pêcheurs aguerris.



Le développement d’une forêt se caractérise par des cycles de vie écologiques. D’abord constituée de petites plantes créant un sol, les arbres s’installent progressivement. A la fin du cycle de maturité, la forêt succombe aux insectes et aux forces naturelles. La pourriture forme un sol très riche en substances nutritives et nécessaire à la génération suivante.


La forêt de pierre de Shilin a remplacé ses arbres par des aiguilles rocheuses calcaires. Leurs formes sont aussi variées que fantasmagoriques formant un paysage dit karstique. L’érosion du vent et la pluie infiltrée dans le sol ont favorisé cette formation géologique depuis 250 millions d’années.

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Les rizières de Longji se traduisent du chinois par ‘l’échine du dragon’. Ce nom est l’évocation de ces cultures en terrasse qui ressemblent aux écailles du dragon, accrochées à sa colonne vertébrale filant sur la cime des sommets.


CONCOURS 2G | LAGUNE DE VENISE | AVEC M.  FOREST & Z.  YABARI | URBANISME | 2007

Ce concours imagine la création d’un parc urbain pour la lagune de Venise réhabilitant le concept de lagune en tant que réseau de communication et de peuplement. Effectivement, les canaux de navigation structurent la lagune depuis le VIe siècle et sont l’image historique du paysage vénitien.

Recoloniser ce territoire implique la décentralisation de programmes qui seraient intégrés à un réseau fluvial. L’île Sacca San Mattia est le point d’entrée du parc de la lagune, abandonnée après une ère industrielle faste, le paysage est à reconquérir sur les

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déchets de l’industrie verrière. L’horizontalité et la temporalité sont les concepts clés du projet, mettant en valeur les vertus du transport fluvial. Sur l'eau on prend le temps de regarder ce qui nous entoure. Afin de restructurer le paysage et de proposer un point d’entrée fort sur le parc,

le sol reproduit le dessin des canaux. Ce sont des courants se propageant depuis l’eau, parallèles ou entrecroisés. Ils dessinent un paysage unique entre la terre et l’eau, un paysage horizontal mixant des traitements de sol entre végétal, aquatique, minéral et sauvage.


Afin de faciliter le nouvel usage du parc pour les visiteurs, des équipements urbains appelés ‘lagoon prototypes’ sont nécessaires afin de faciliter l’appréhension du site et sa découverte. Le projet revisite les concepts de signalétique et d’orientation par l’usage du MUR. Les qualités d’un mur sont multiples et flexibles tout en étant structurantes : le mur cadre des vues, fait façade, sépare les espaces, supporte l’affichage. Profitant de la topographie, il s’implante le long des bandes ; on peut le longer, s’appuyer dessus, le traverser, s’y assoir, le regarder. Sa qualité architecturale se fait l’écho d’une Venise faste, où le façadisme est une pratique courante ■

boutiques

exposition

quai de débarquement

état sauvage

mobilier urbain

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WORKSHOP | A.  RIVKIN & R.  ROUYER | BUENOS AIRES | AVEC S.  DE PALMAS | URBANISME | 2007

Buenos Aires est une ville qui s’est construite en ignorant ses abords : Le Rio de la Plata. Son architecture, son paysage, ses quais et même son port ont le dos tourné au fleuve. Buenos Aires n’est pas construite comme une ville méditerranéenne ; aucun regard entre la ville et l’eau.

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A la place de quais, de promenades, de plages, sont le port industriel, les déchets, les bidonvilles, les containers, la réserve écologique. Pourtant l’eau et l’horizontalité du paysage sont des atouts, il s’agit là de révéler le potentiel de ces rives marécageuses. L’exercice du workshop franco-argentin s’est construit autour de méthodes de travail non-traditionnelles partant de fragments ou de composants territoriaux existants.


Par ajustements et juxtapositions, on RE-constitue une spatialité. L’assiette du sol se travail avec la surface et la ligne : elles se superposent comme des couches, et aucune n’est la limite de l’autre. Sur les rives du Rio de la Plata, les axes de communication sont dans le prolongement de la ville et basés sur l’unité urbaine de Buenos Aires : la quadra, îlot de 100m par 100m. Depuis la ville au Rio, ces axes quadrillent une surface composée de frag-

ments rapportés, naturels ou domestiqués. Cette juxtaposition apporte une richesse et diversité urbaine inattendue qui exploite le paysage marécageux. En utilisant également le fragment comme matériaux d’architecture, l’édifice est travaillé indépendamment du traitement du sol. C’est la pensée des spatialités intérieures qui définit le projet, et non une pensée sur l’objet et sa forme extérieure. Le ‘dehors’ du projet n’est que la

résultante des spatialités intérieures recherchées. La mise en place de situations architecturales concrètes, pragmatiques et sensibles constitue le protocole du travail expérimental. Le projet est un fragment d’architecture empilé. Plutôt que d’être vertical comme une tour, l’emboîtement des fragments se calerait pour former un édifice en ‘porte-àfaux’. Les spatialités intérieures sont qualifiées par cette juxtaposition et ces emboitements ■

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VIE ASSOCIATIVE

© A. Muller

© ENSAV

GRANDE MOUSSE

ENGAGEZ-VOUS

Impossible n'est pas Versaillais

VOTRE école NOTRE raison

Quand la Grande Masse faisait loi au sein des ateliers de l’école des Beaux-Arts, l’école d’Architecture de Versailles n’avait aucune structure pour coordonner ces fanfares singulièrement amies et bonnement festives. Les mythiques orgies d’architectes peinent aujourd’hui à exister dans un contexte national préventionniste et surtout restrictif. Les multiples jurisprudences autour des fêtes étudiantes ne permettent plus d’envisager un évènement sans s’accompagner des garanties nécessaires : accord des administrations, commission de sécurité des pompiers, encadrement par des professionnels de la surveillance, prévention auprès des participants et vigilance de chaque instant. Pour assumer la responsabilité d’un évènement de 2  500 personnes avec plus d’une centaine de 144

bénévoles, c’est moins le besoin d’être au premier rang de la fête que l’envie d’apprendre à gérer un évènement complexe, alliant sécurité, responsabilité, logistique, fournisseurs, négociation, décoration, programmation et sang froid. Cela laisserait presque à penser que c’est une gestion de chantier du bâtiment, réclamant les mêmes compétences et responsabilités. L’association La Grande Mousse fut créée en 2006 afin de donner un cadre reconnu et rassurant à ces activités festives tout en rassemblant les fanfares Versaillaises au sein d’une entité fédératrice. Aujourd’hui très active et renouvelée par élections, elle rassemble 250 membres étudiants et 150 fanfarons.

Au sein de l’école d’Architecture de Versailles, le Conseil d’Administration délibère sur le règlement intérieur, le programme d’enseignement préparé par la Commission de la Pédagogie et de la Recherche ainsi que le budget et les comptes financiers. Il examine le rapport d’activité établi chaque année par le Directeur. Dans le système éducatif public français, les étudiants y sont représentés par des membres élus. Jonglant entre intérêts privés, pédagogiques, ministériels et politiques, le collège étudiant dispose d’outils réglementés pour participer aux choix d’orientation de l’école. Ce collège ne peut être efficace et influent que s’il est uni et coordonné : on y apprend les rudiments d’une politique efficace et démagogue au prix d’une scolarité un peu plus mouvementée.


LOISIR

© M. Sagui

PHOTO MATONS

TROMBONE

HOT COUTURE

Cheese au wistiti

La virtuosité ne se trouvera pas dans le solfège

La mode c’est juste une question de flair.

La photographie est un métier. Mais la photo est une pratique populaire. L’utilisation extensive de l’image et la diversification des outils la rend accessible à tous. On l’utilise avant tout pour figer des instants, mémoriser ce que l’on voit ou encore le partager. Certains en oublient presque de regarder ce qu’il y a derrière leur écran de visualisation. Pourtant ce qu’il y a de plus divertissant dans la photo, c’est bien l’instant que l’on partage avec son sujet ou le paysage. Quand certains n’y verront qu’un sourire naïf, un enfant attendrissant, un costume traditionnel, il s’y trouve un échange voire une histoire autour de l’instant.

La fanfare est une de ces traditions grivoise et oxydée dans laquelle s’adonnent de nombreux architectes. Le trombone fait parti de ces cuivres que peu d’autodidactes savent apprivoiser. Quand la trompette reprend les mélodies connues de tous, que les tubas tiennent le rythme à bout de souffle et que la rythmique hoche de la tête dans sa transe, le trombone cale les contre-chants voire les solos. Le solfège n’est qu’accessoire car l’harmonie n’est pas indispensable, seules la puissance et l'originalité seront gratifiées.

Quand nos grands-mères apprenaient l’art de la couture et de la broderie à l’école c’était pour devenir de parfaites ménagères et femmes au foyer. Aujourd’hui, on s’improvise couturière pour s’affranchir du prêt-à-porter à petit ou indécent budget. La couture est accessible aux autodidactes et la qualité se fera au détail. Le style fait identité et on s’en sert pour une société, une femme, une fanfare. Alors on observe les tendances, on anticipe les copies, on choque ses fans et on séduit le public. La mode peut nous stéréotyper comme nous libérer : en fanfare, c’est le déguisement qui absout de tous les péchés.

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DESSIN

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INSTALLATION

SUPER EROS

INKPLOSION

WODA TANGO

Perdu dans les spasmes.

Quand le graff devient légal et le saccage primordial.

Faire couler l'encre.

Le Château de Versailles était le cadre de magnifiques fêtes, autant grâce au décor fastueux que par les ‘plaisirs’ proposés. ‘La Cour est tenue d’éblouir la Ville’. Les Écuries du Roy de Versailles sont elles aussi le cadre de magnifiques fêtes, celles des Architectes. Elles respectent cette tradition d’apparats et de plaisirs, avec toute la dérision nécessaire et le faible budget disponible. Alors on bricole et on rigole. On détourne et on sécurise. On sèche les cours de matériaux pour aller tester la résistance du papier maché. On prend son pinceau pour dessiner du beau un peu graveleux. On prépare le jour-J pour éblouir la foule.

Imaginer une jolie maison de ville démolie par les promoteurs, c'est la ville qui change. Imaginer un concept artistique total, repeindre entièrement les murs d’une maison de 3 étages. Imaginer des graphistes, des peintres, des grapheurs et des architectes réunis le temps d’un soir. Imaginer la liberté d’expression au bout de son posca ou de son rouleau de colle. Imaginer un projet X qui se termine bien. Une marque de fabrique © chebassier.

L’encre est un produit noble, contrasté et indélébile. Elle s’utilise liquide, en poudre ou en bâton. Sa composition n’a pas de définition exacte, mais elle se compose traditionnellement de noix de galle, de sulfates d’indigo, de couperose verte, de gomme et d’eau.

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SPORT

© web

ALICE ÇA GLISSE

1 KM À PIED

MON PETIT PONEY

‘Laisse moi juste une vague’ disait Bodhi

La marche ne requiert aucune qualité physique particulière.

En Europe, le cheval est le troisième animal favori après le chien et le chat.

Glisser c’est grisant. Que l’on soit sur une poudreuse bien fraiche ou sur le roulis de la vague, rien de plus enivrant que cette sensation de glisse. Ski, Snow, Surf, Body, c’est toujours la même poussée d’adrénaline. La recherche de cette sensation se fait au prix d’une sorte d’inconfort que sont le froid et l’équipement. Quand on aime la glisse, on fait de l’extrême, on fait du freestyle et on pose son 3-6. Quitter la piste ou franchir le mur de vagues me sont amplement suffisant pour être gratifiée de cette sensation ultime, l’envol.

Accessible et bon prétexte pour passer un moment sportif dans la nature, la randonnée ( voire le trekking pour les plus intrépides ) est le sport privilégié du voyageur baroudeur. Les plus beaux ‘spots’ à voir ne sont généralement atteignables qu’à pied. L’effort à fournir pour rejoindre LE point de vue, LE sommet, LE monument valorisent d’autant plus l’instant de découverte. Quand on n’aimait pas marcher ou que l’on pouvait se contenter de l’automobile, on finit par se délecter de cette activité si simple à pratiquer.

Le dauphin aura été hors d’eau il aurait pu lui voler cette 3e place, mais finalement, le cheval c’est mieux, on peut se promener avec lui, on peut le caresser et ou encore lui donner des carottes. Le cheval est une affaire de passionnés, on aime ou on n’aime pas. Au-delà du caractère réconfortant de l’animal de compagnie (  les fonctions militaires ou industrielles sont définitivement révolues dans les sociétés armées lourdement ) et des légendes colportées par les médecins, la pratique de l’équitation est pleine de vertus. Le corps aguerrit une faculté d’adaptation à l’équilibre par une musculation profonde et tonique. Maîtriser un animal de 500 kg nécessite confiance en soi, concentration et sens de l’observation. Chaque animal diffère dans ses capacités, son caractère et son dressage.

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GAGNE-PAIN

© Mac Arthur

© sophie la girafe

RELOOKING

GARDE PARTAGÉE

À VOTRE SERVICE

Ou comment bien choisir ses lunettes ?

Recherche jeune fille douce et dynamique.

La première gorgée de bière, c'est la seule qui compte.

Quand on s’improvise vendeuse de lunettes en job d’été, on devient du jour au lendemain ‘expert ès morphopsychologia’, all inclusive. Bien choisir ses lunettes c’est d’abord regarder la forme de ses sourcils, elles doivent suivre cette ligne plus ou moins débroussaillée et surtout ne pas les recouvrir complètement. La monture doit être proportionnelle à la longueur du nez et en harmonie avec la teinte de peau. La forme du visage peut être adoucie ou corrigée selon le choix de la monture également. On peut même aider à cacher quelques rides aux dames. Mais finalement, on aura beau savoir tout ça, ce qui compte c’est la mode. Et tant pis si on est moche.

On hésite à dire si le babysitting relève de la fibre maternelle ou de la compétence professionnelle, quoiqu’il en soit il permet d’arrondir les fins de mois de beaucoup de jeunes filles. Tout parent qui recherche la ‘perle rare’ attend qu’elle soit en mesure d’être attentive, pédagogue, douce, ferme, véhiculée, bonne cuisinière, ménagère, ordonnée, patiente, alerte et discrète. Les enfants doivent l’adorer sans pour autant la préférer. Autant dire que c’est beaucoup demander à des ados encore en maturation. D’ailleurs ado ou pas, faut se les ‘farcir’ ces petits, eux qui comprennent trop vite comment se jouer de leur nounou. Avec une jeune fille honnête, responsable et maternelle, on peut déjà sortir tranquille. Et ca n’a pas de prix ( à partir de 8€ de l’heure ).

Les autres, de plus en plus longues, de plus en plus anodines, ne donnent qu'un empâtement tiédasse, une abondance gâcheuse. La dernière, peut-être, retrouve avec la désillusion de finir un semblant de pouvoir... Mais la première gorgée! Gorgée ? Ça commence bien avant la gorge. Sur les lèvres déjà cet or mousseux, fraîcheur amplifiée par l'écume, puis lentement sur le palais bonheur tamisé d'amertume. Comme elle semble longue, la première gorgée! Philippe Delerm, l'Arpenteur 1997. Assurer le service, c'est apporter sur un plateau la première gorgée de bière, les amuse-bouches qui viennent remplir le creux de la paume, les lèvres qui vont s’humecter dans la fraicheur du sorbet. Un vrai art quoiqu’on en pense ! ■

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Merci Daniel, Thibault, Capucine, Zineb et Jean-Pierre


charlottechebassier.com charlotte.chebassier@gmail.com


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