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PROCESSUS METHODOLOGIQUE
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I. L’ETAT DE L’ART: LA COQUILLE DE L’HOMME VA DE SON HABIT A LA VILLE HABITEE
Durant l’histoire de l’humanité, le rapport entretenu entre corps et ses multiples architectures, n’est point resté figé. Habit comme habitat sont une sorte d’architecture du corps, plus ou moins prolongée selon l’intégration de celui-ci dans l’espace. A mesure qu’ils conquièrent de l’espace sous forme de vêtements et de bâtiments, les deux disciplines évoluent en tandem. La manière dont l’architecture et la couture se servent du corps explique comment ce dernier est en fait, le centre de tout objet conçu. Ainsi, l’extension de la “pièce” créée, révèle son degré d’intégration spatiale.
Couturiers et architectes se doivent de créer des formes, des volumes adaptés à l’Homme, où celui-ci pourra alors se sentir libre de tout mouvement. Toutes les normes sont conçues et établies à partir du corps humain, de la hauteur d’une porte, d’une poignée dessinée, ou encore de manches cousues, ou de la longueur d’une robe…Tout est pensé pour correspondre aux mensurations physiques et psychologiques du corps humain.
Le corps est en effet le symbole dont une culture use pour dévoiler ses fantasmes. Il n’est donc pas forcément nôtre, mais est d’abord vitrine de l’image sociale. Il occupe une place prépondérante comme matrice des formes architecturales et vestimentaires. Il est au centre de tous les questionnements des architectes et des couturiers. Sa mesure physique, psychologique et sociale se retrouve bien dans les deux univers.
L’habit, manifestation de la mode vestimentaire, l’habitat, manifestation de l’architecture, sont deux formes habitées par le corps, présentant chacune un rapport particulier avec ce dernier. Le corps est l’objet commun central de l’architecture et la couture. Le vêtement est le premier intermédiaire entre le corps et son environnement. Il a donc des liens très étroits avec l’architecture, surtout l’habitation. Vêtement comme bâtiment, enveloppe, protège, abrite et pare le corps. Ces disciplines n’existent que pour lui. Ce dernier donne sens et vie à l’habit, à l’habitat dans lequel il évolue. Il les consomme.
I.1. LE CORPS... LA REFERENCE DE BASE:
L’architecture telle qu’elle soit, sous forme de bâtiment ou de vêtement, est la projection de mon corps.” 1
I.1.1 LE CORPS COMME OUTIL DE MESURE, REFERENCE DE BASE ET OBJET TECHNIQUE:
L’architecture semblable aux principes de couture, positionne le corps dans l’épicentre de sa conception. En bâtissant l’échelle humaine, nos ancêtres aménageaient l’espace architectural pour que le corps s’y reconnaisse. Les Hommes ont depuis toujours formalisé leurs édifices et leurs costumes selon l’image de leur corps et pour leur corps. Ce dernier est en effet la première architecture avec laquelle l’Homme est entré en relation. Sa symétrie, ses proportions, ses mesures et son langage ont été transposé à l’architecture des vêtements et des bâtiments. Plus loin encore, les hommes ont même organisé leurs villes et leurs sociétés selon le fonctionnement de leur organisme.
Comme beaucoup de peuples, les Egyptiens conçurent leurs unités de mesures à partir du corps humain. Ils remarquèrent d’ailleurs que le rapport entre les différentes longueurs était presque invariable et donc proportionnel. Ils ont donc déterminé un canon définissant ces proportions entre les parties du corps. Dans les années 1920, où la machine se retrouve injectée dans toutes les étendues du quotidien, le corps devient véritablement un objet technique.
“Fabbri”2 énonce que le vêtement construit un certain “appareillage extérieur”2, visible, qui ne fait que souligner l’appareillage ordinaire du corps. Il est donc un accompagnateur du corps organique dans son mécanisme vivant. “Forty”3 considère le processus créatif d’un objet, ici vêtement, bâtiment ou ville, comme seule traduction de la mécanique corporelle et donc naturelle, en un produit mécanique artificiel, ce qui soutient la notion d’ergonomie. En effet, ce concept tient fortement compte des données mathématiques mais aussi esthétiques et psychologiques. Ce sont les “facteurs humains.”3 Ce phénomène ne prend pas seulement en compte “les mesures de l’homme prises avec le mètre du tailleur” 3 mais étend ses facteurs bien au-delà des paramètres mathématiques.
L’importance de la référence du corps humain dans son intégralité et son utilité pour l’architecture et la couture est présente depuis la nuit des temps. On construit pour ce dernier, et par toutes ses mesures, en imitant et utilisant toutes ses proportions et ses mécanismes comme outils indispensables pour la conception. On se rend compte ainsi de plus en plus, que le corps est le vrai centre des pensées architecturales et du design vestimentaire. Cette affirmation témoigne sur l’échelle et l’importance de la fonction humaine, garante selon l’auteur d’une sauvegarde des besoins et proportions de l’individu.
“Le corps est mon outil principal, la base, la structure à partir de laquelle je travaille à la manière d’un architecte.” 4
Notes: 2 Paroles de Fabbri (Jacques Fabbri, acteur et réalisateur français, 1925 - 1997) dans Autour du pyjama de Le CorbusierLe vêtement comme modèle de pensée fondateur C. Félix-Fromentin Lacth, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille - 2015 3 Adrian Forty , professeur émérite d’histoire de l’ architecture (né en 1948) dans Autour du pyjama de Le CorbusierLe vêtement comme modèle de pensée fondateur C. Félix-Fromentin Lacth, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille - 2015 4 Paroles de Jean-Paul Gautier , Mémoire Alexandra Egretier Partie 3 - Acadamia.edu 5 Overblog, Le nombre d’or... Avril 2011 , Rédigé par _Gg
I.1.1.1 LA PIGE
Au Moyen Age, les bâtisseurs des cathédrales utilisaient une pige constituée de cinq tiges articulées, renvoyant chacune à une unité de “mesure de l’époque, relative au corps humain : la paume, la palme, l’empan, le pied et la coudée.” 5 2
3 La Grèce antique a inventé les ordres, ce qui leur a donné un vrai sens des proportions du corps humain. Ceci conduit Vitruve à sa définition de l’homme vitruvien (corps: structuré selon des paramètres géométriques, et de symétrie bilatérale).
Au début du XVIIème, les révélations sur la circulation sanguine et le système respiratoire métamorphosèrent l’espace urbain: la ville à l’image du corps sain et vivant, qui respire de la même manière que les habitudes vestimentaires ayant changer laissant la peau respirer.
I.1.1.4 L’HOMME DE VITRUVE
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I.1.1.2 LE NOMBRE D’OR
Les artistes de la Renaissance avaient appelé le rapport entre ses dimensions: le Nombre d’Or (valeur : 1,618). Il existe d’ailleurs de manière très fréquente dans la nature. 4
I.1.1.5 CIRCULATION SANGUINE & SYSTEME RESPIRATOIRE
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I.1.1.3 LE MODULOR
Le Corbusier a élaboré son “Modulor” selon ce nombre d’or. Il le conçoit comme “la mesure harmonique à l’échelle humaine applicable, universellement à l’architecture (...)” Le Modulor suit la progression de Fubonacci. 5
I.1.1.6 LE PATRON
En couture, les patrons constituent une représentation à plat du corps humain. Ils sont le support des transformations nécéssaires à la réalisation d’un vêtement. Ils reprennent les mesures du corps. Le patronnage fait office de plan pour le vêtement.
Notes: Figure2: La pige - Le nombre d’Or - LE BLOG DE LAZARE Figure3: La pige - Site et TPE réalisés par Clara MAHIET, Maël GALLIOT & Maxime HODIER, du lycée polyvalent Geneviève De Gaulle Anthonioz de Milhaud (30). Figure4: La suite de Fibonacci - “Suite de Fibonacci : est-elle utile ou seulement mystique ?” - https://www.gaiamamart.com/ Figure5: Le Modulor de Le Corbusier - Pinterest Figure6: L’Homme de Vitruve “L’idéal de « l’homme de Vitruve » de Léonard n’est pas loin des mesures modernes” Par Marie Desange -14 juin 2020 Figure7: Le système respiratoire 9 10
Figure8: La circulation sanguine http://physiosciences.unblog.fr/ Figure9: Le patronnage des vêtements - Pinterest Figure10: Le patronnage des vêtements - Pinterest