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Une triple ouverture de cœur
Editorial : Père François Michon, Berger de la Communauté du Chemin Neuf
L’office pour l’Unité de ce jeudi 20 mars 2020 a pris une résonnance toute particulière, au moment où toute l’Europe et bien d’autres pays dans chacun de nos continents entraient dans une période de confinement face à la pandémie du Covid-19. Cet office retransmis en direct sur le web nous a réunis très nombreux de tous nos pays. Nous mesurons sans doute davantage aujourd’hui ce que signifie le réseau de prière Net For God, appelé à enserrer la terre, à porter le monde. Je vous transmets dans cet éditorial les quelques mots que j’ai partagés ce soir-là. « Au cœur du confinement que nous sommes appelés à choisir, le Seigneur nous invite à une triple ouverture de cœur. La première, c’est le choix de la communion et de la fraternité. Que ce qui nous confine ne nous sépare pas mais au contraire nous rapproche, en une grande solidarité intérieure de prière et de communion dans laquelle nous sommes appelés à trouver chacun notre appui, là où nous sommes. Ce réseau de prière est aussi ce qui nous édifie en frères. Le deuxième enjeu d’ouverture nous est donné par le texte de la lettre au Hébreux que nous avons lue (Hébreux 11, 1-16) : ce grand « Oui », ce « Oui » de la foi, ce choix de la vie. Quand Abraham partit, c’était un choix de vie fondamental. Quand Noé construisit son Arche, c’était un « Oui » dans la foi, devant les événements, pour choisir de croire que la vie était là, qu’elle se donnait, qu’elle se diffusait et qu’elle était la plus forte. Il s’agit d’une ouverture intérieure à la foi, de choisir au cœur de l’épreuve et des événements, de toutes les turpitudes que nous traversons aujourd’hui, de laisser passer la vie de manière plus fondamentale, de chercher au fond ce qui nous donne véritablement la vie, ce qui irrigue notre vie.
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Une ouverture intérieure à la fraternité, à la communion encore plus large et de manière plus sensible, plus vraie, parce que nous avons besoin de nous faire proches les uns des autres. Une ouverture intérieure à la foi, à la vie qui passe à travers nous parce que le monde, aujourd’hui, a besoin de cette vie, et parce qu’il a surtout besoin d’hommes et de femmes de foi qui croient et qui savent où ils vont puiser cette vie. Et enfin, la troisième ouverture intérieure à laquelle nous sommes appelés, c’est l’écoute, l’écoute de la Parole, l’écoute d’un Dieu qui parle, dans ce confinement que, curieusement, nous, Chrétiens, nous accueillons au cœur de notre chemin de Carême. C’est sans doute nous recentrer. Au-delà de tout ce qui nous fait tenir habituellement : nos relations sociales, notre vie dans le monde, notre travail – et nous sommes appelés à être au monde et présents dans ce monde –, il y a une Parole plus fondamentale qui façonne notre âme. Je ne peux pas m’empêcher de penser à cette parole que nous a laissée Nelson Mandela après toutes ces années où luimême a vécu le confinement en prison : « Ces années m’ont appris à être davantage capitaine de mon âme ». Quand Nelson Mandela est sorti de prison, ce n’était pas un homme replié sur ses blessures, replié sur ses rancœurs, c’était un homme plus ouvert, un homme de communion universelle, un homme de réconciliation. Tout l’enjeu du combat qu’est le Carême, c’est de pouvoir, dans ce temps de confinement qui nous met à l’écart de manière particulière, choisir d’écouter la Parole qui nous fait tenir, qui nous donne notre colonne vertébrale. Plus que jamais, le monde a besoin d’hommes de foi, d’hommes de communion fraternelle, et d’hommes sachant se recevoir d’une Parole qui vient bien au-delà d’eux-mêmes, capable d’éclairer leur existence.
Donc bon temps de Carême, bon temps de confinement, et puis surtout qu’à travers ce que nous traversons, nous puissions initier, renforcer, déployer, ce réseau de prière pour l’unité afin que nous ayons un monde, à la fin de cette épreuve, plus solidaire, plus solide, plus croyant. » F. M.