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Œcuménisme : De la peur à la responsabilité, comment entrer en hospitalité ?

Frédéric de Coninck, sociologue. Membre d’une Église mennonite, il est attaché à construire un dialogue entre les sciences sociales et les enjeux de la foi.

C’est une question assez complexe qui est posée. C’est le genre de question où je trouve intéressant de nous laisser déplacer par le texte biblique. Je suis sociologue. Cela m’aide à lire la société. Cela me donne aussi une manière particulière de lire le texte biblique. Et je trouve que le texte biblique dénoue souvent des questions complexes pour nous les faire voir autrement.

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Cette année les églises de Malte nous ont proposé de revenir sur l’épisode du naufrage de Paul et de ses compagnons, suite à une tempête majuscule essuyée sur la mer Méditerranée, raconté dans le livre des Actes, et, notamment, sur ce verset, qui se situe au moment où le bateau vient d’échouer sur l’île : « Les autochtones nous ont témoigné une humanité peu ordinaire. Allumant en ef fet un grand feu, ils nous en ont tous fait approcher, car la pluie s’était mise à tomber, et il faisait froid » (Ac 28.2). Donc je vais commencer par suivre cette histoire et, progressivement, je vais revenir sur la question qu’on m’a posée. On reconnaît le style scientifique de Luc. Il nous donne des détails. Au large de la Crète, il y a un vent qui se lève dont il nous donne le nom. Il donne des détails techniques sur les ressources que les marins mettent en œuvre pour faire face à la tempête. Je connais quelqu’un qui fait de la voile et qui m’a dit, une fois, qu’il reconnaissait parfaitement les manœuvres dont parlait Luc.

Mais il y a aussi un sens symbolique à cette histoire et c’est sans doute pourquoi Luc en parle aussi longuement. Pour des Juifs et, plus largement, pour des personnes originaires d’Asie Mineure, une tempête n’était pas un événement anodin. La mer représente une puissance hostile et, quand elle se déchaîne, on y voit les forces du chaos qui pourraient détruire le monde. Je vous donne juste un détail. Un moment, la tempête fait rage et voilà ce qu’on lit : « Ni le soleil ni les étoiles ne se montraient depuis plusieurs jours ; la tempête, d’une violence peu commune, demeurait dangereuse : tout espoir d’être sauvés nous échappait désormais » (Ac 27.20). Il y a quelque chose de cosmique : la disparition du soleil et de la lune sont des signes eschatologiques, le déchaînement de la mer aussi. D’ailleurs si on se reporte quelques secondes à l’évangile de Luc, on trouve un discours eschatologique de Jésus dans lequel on trouve ce signe de la fin des temps : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et sur la terre les nations seront dans l’angoisse, épouvantées par le fracas de la mer et son agitation, 26 tandis que les hommes défailliront de frayeur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde ; car les puissances des cieux seront ébranlées » (Lc 21.25-26).

C’est la force de Luc : il nous raconte un événement empirique, en même temps c’est un événement qui a un sens particulier. Cela nous fournit une première piste d’actualisation. On voit bien, aujourd’hui, que les événements qui surviennent : les déplacements de population, les guerres qui provoquent des exodes, les menaces climatiques, sont autre chose que des péripéties. Ils montrent que quelque chose est en train de se déliter, qu’un monde est en train de disparaître. Ce sont à la fois des événements empiriques et des événements dont le sens est plus large. Et, d’ailleurs, il y a un sous texte dans le texte des Actes, qui en constitue comme l’antithèse. C’est l’histoire de Jonas. Il ne faut pas que je fasse trop long donc je vais me contenter d’allusions. Mais c’est frappant. Jonas refuse d’aller parler à Ninive et s’embarque sur un bateau (qui d’ailleurs, va vers l’ouest, lui aussi : Tarsis devait se situer quelque part près de Gibraltar). Et du fait qu’il se tait, la tempête se déchaîne. C’est lui qui est le problème. On le jette à la mer et la mer se calme. Paul, lui, prévient les marins qu’ils ne devraient pas partir, que la saison est dangereuse. Ils ne l’écoutent pas et, du coup, la tempête se déchaîne. Mais cette fois-ci, c’est Paul qui est la solution. Grâce à sa présence à bord, les personnes arrivent saines et sauves. Quand Paul débarque, un serpent le mord et ce n’est pas sans écho avec le grand poisson qui avale Jonas. Un serpent ou un grand poisson sont des créatures monstrueuses. Mais Paul domine le serpent tandis que Jonas est englouti.

Si on parle de peur, pour les gens partis sur le bateau il y a des raisons objectives d’avoir peur. Et l’enjeu est de parvenir à voir au-delà des raisons à court terme d’avoir peur. De viser un autre horizon.

Donc la mer, la tempête, les puissances des cieux qui sont ébranlées, les créatures monstrueuses, tout cela est une manière de dire que le monde est ébranlé sur ses bases. Et, revenons, de nouveau, aujourd’hui, cela nous pose une question : est-ce que c’est nous le problème, ou est-ce que c’est nous la solution ? Est-ce que, par notre silence et notre lâcheté, nous contribuons au délitement de la société, ou est-ce que, par notre hardiesse, par notre vision plus large, par notre foi, nous avertissons une société qui ne nous écoute pas, mais qui est prête à se tourner vers nous si les événements tournent mal ? C’est une grande question. Si on parle de peur, pour les gens partis sur le bateau il y a des raisons objectives d’avoir peur. Et l’enjeu est de parvenir à voir au-delà des raisons à court terme d’avoir peur. De viser un autre horizon. Dépasser la peur ça ne se fait pas comme cela. Cela suppose de voir autre chose, une autre option, une autre espérance. Voilà comment la sociologie, déchiffrant les symboles sociaux des temps passés, et regardant le monde d’aujourd’hui, est pertinente autant pour lire les textes d’autrefois que pour lire la société d’aujourd’hui. Maintenant, parlons de l’accueil, dans ce texte. Au début la navigation (au départ de la Judée) est assez lente et ils perdent pas mal de temps jusqu’à atteindre le sud de la Crète. « Un certain temps s’était écoulé, et il devenait désormais dangereux de naviguer, puisque le Jeûne était déjà passé. Paul a voulu donner son avis : Mes amis, leur a-t-il dit, j’estime que la navigation va entraîner des dommages et des pertes notables non seulement pour la cargaison et le bateau, mais aussi pour nos personnes. Le centurion néanmoins se fiait davantage au capitaine et au propriétaire du bateau qu’aux avertissements de Paul » (Ac 27.9-11). Donc le centurion accueille de manière plus favorable l’avis des experts. Après tout, ce n’est pas complètement hors sujet. Les avis techniques ont du poids. Et il faut que les événements tournent mal pour que l’on remette en question les expertises.

Puis, la tempête survient et tout le monde perd pied. On jette la cargaison par-dessus bord pour alléger le bateau, etc. « On n’avait plus rien mangé depuis longtemps quand Paul, debout au milieu d’eux, leur a dit : Vous voyez, mes amis, il aurait fallu suivre mon conseil, ne pas quitter la Crète et faire ainsi l’économie de ces dommages et de ces pertes. Mais, à présent, je vous invite à garder courage : car aucun d’entre vous n’y laissera la vie ; seul le bateau sera perdu. Cette nuit même, en ef fet, un ange du Dieu auquel j’appartiens et que je sers s’est présenté à moi et m’a dit : “Sois sans crainte, Paul ; il faut que tu comparaisses devant l’empereur et Dieu t’accorde aussi la vie de tous tes compagnons de traversée !” Courage donc, mes amis ! Je fais confiance à Dieu : il en sera comme il m’a dit. Nous devons échouer sur une île » (Ac 27.21-26). Il y a un geste d’accueil de la part de Paul qui accueille l’inquiétude de ses compagnons d’infortune. Et il y a aussi un geste d’accueil de la part de Dieu qui associe à Paul tous ceux qui sont avec lui, qui sont dans le même bateau. Le grec dit même : « Dieu t’accorde par grâce tous ceux qui naviguent avec toi ». C’est très fort comme formule. Et il s’agit d’une grâce très concrète. On ne parle pas du salut éternel. Mais cela veut bien dire qu’à court terme nous sommes solidaires de ceux qui sont proches de nous, que nous le voulions ou non. Nous sommes tous dans le même bateau. Si nous voyons clair, si nous suivons la route que Dieu nous indique, nous entraînerons dans notre sillage tous ceux qui sont autour de nous. Mais si nous faisons naufrage, nous entraînerons dans notre naufrage tous ceux qui sont autour de nous. Nous retrouvons les questions posées, en sous-main, par le livre de Jonas : est-ce que c’est nous le problème ou est-ce que c’est nous la solution ?

Et l’accueil ici est sans exclusive : tous ceux qui naviguent avec toi. Dans le lot, il y avait le capitaine du navire, les marins dont la suite du texte dit qu’ils voulaient sauver leur peau plus que celle des passagers, des prisonniers politiques, des prisonniers de droit commun, des marchands peut-être qui avaient perdu leur cargaison qu’on avait jetée à la mer. C’est cette population hétéroclite et loin d’être moralement impeccable qui est embarquée dans le sauvetage provoqué par la présence de Paul.

A court terme nous sommes solidaires de ceux qui sont proches de nous, que nous le voulions ou non. Nous sommes tous dans le même bateau.

Et l’histoire continue. Alors que l’on touche au but, un incident survient : « Comme les marins, sous prétexte de s’embosser sur les ancres de l’avant, cherchaient à s’enfuir du bateau et mettaient le canot à la mer, Paul a dit au centurion et aux soldats : Si ces hommes ne restent pas à bord, vous, vous ne pourrez pas être sauvés. Les soldats ont alors coupé les filins du canot et l’ont laissé partir » (Ac 27.30-32). Le centurion accueille les paroles de Paul et Paul impose la solidarité au moment où certains suivent un projet égoïste. La problématique de l’accueil se poursuit : « En attendant le jour, Paul a engagé tout le monde à prendre de la nourriture : C’est aujourd’hui le quatorzième jour que vous passez dans l’expectative sans manger, et vous ne prenez toujours rien. Je vous engage donc à reprendre de la nourriture, car il y va de votre salut. Encore une fois, aucun d’entre vous ne perdra un cheveu de sa tête. Sur ces mots, il a pris du pain, a rendu grâce à Dieu en présence de tous, l’a rompu et s’est mis à manger. Tous alors, reprenant courage, se sont alimentés à leur tour. Au total, nous étions deux cent soixante-seize personnes à bord. Une fois rassasiés, on a allégé le bateau en jetant le blé à la mer » (Ac 27.33-36).

On peut lire, ici, une évocation de l’accueil eucharistique. Mais j’aimerais retourner la lecture : il s’agit d’abord d’un accueil très concret qui permet à chacun de reprendre courage, de reprendre des forces. Il s’agit d’un geste d’accueil à destination de cette population mêlée et hétéroclite où il n’y avait pas beaucoup d’adorateurs de Dieu. Est-ce que c’est ainsi que nous concevons l’accueil eucharistique ? Certes la participation à l’eucharistie est un acte de foi qui ne se fait pas à la légère. Mais dans l’église ancienne, l’eucharistie s’accompagnait d’agapes ouvertes à tous ceux qui avaient faim. Et si Dieu nous accueille par sa grâce, à la table eucharistique, est-ce que nous ne devons pas, nous aussi, accueillir dans la grâce, tous ceux qui naviguent avec nous ? On le voit, ici, il ne s’agit pas seulement de nourriture matérielle, il y a, également une nourriture morale. Je reviens aux mots forts de la question qui m’a été posée : de la peur à la responsabilité, comment entrer en hospitalité ?

C’est Paul et le centurion qui se comportent de manière responsable en voyant au-delà de leur propre personne. Et c’est lié à une confiance mutuelle qui se construit peu à peu (entrer en hospitalité c’est aussi construire progressivement une confiance mutuelle). Plus loin dans le récit c’est à nouveau visible : « Ils ont touché un banc de sable et y ont échoué le vaisseau ; la proue, enfoncée, est restée prise, tandis que la poupe se disloquait sous les coups de mer. Les soldats ont eu alors l’idée de tuer les prisonniers, de peur qu’il ne s’en échappe à la nage. Mais le centurion, décidé à sauver Paul, les a empêchés d’exécuter leur projet ; il a ordonné à ceux qui savaient nager de sauter à l’eau les premiers et de gagner la terre. Les autres le feraient soit sur des planches soit sur des épaves du bateau. Et c’est ainsi que tous se sont retrouvés à terre, sains et saufs » (Ac 27.41-44). Il y a bien là un comportement responsable. La peur, elle était là. Et comment est-ce que Paul a réussi à surnager, si je puis dire, au milieu de cette situation ? En voyant au-delà de sa propre personne, au-delà de son intérêt à court terme et en restant connecté à Dieu, ce qui lui a donné une vision plus large, au-delà de l’événement du moment.

Il était prêt à être accueilli, avec reconnaissance et enthousiasme.

Et puis, donc, il y a cette arrivée sur l’île. Et là, ce sont les autochtones qui accueillent. J’aime beaucoup cette mention de Luc : « Les autochtones nous ont témoigné une humanité peu ordinaire » (Ac 28.2). Cela veut dire qu’il était prêt à être accueilli, avec reconnaissance et enthousiasme. Et, à vrai dire, seul celui qui est prêt à être accueilli peut accueillir. Et même : seul celui qui se rend compte qu’il a déjà été accueilli peut accueillir. Là aussi cela fait écho à ce que Luc raconte dans son évangile, au travers de la parabole du bon Samaritain : si je me rends compte que j’ai été blessé, sur le bord de la route et ramassé par quelqu’un qui passait par là, pris en charge de manière gratuite et emmené à l’auberge où j’ai été soigné gratis, alors je vois qui est mon prochain et je suis prêt à entendre la parole de Jésus : « Va et toi fais de même » (Lc 10.37). Donc, l’hospitalité procède de la réciprocité. Si je me rends compte que j’ai été au bénéfice de l’accueil de personnes et d’institutions diverses, je suis prêt à accueillir à mon tour d’autres personnes. Pas forcément celles qui m’ont accueillies ; d’autres personnes. Mais si je pense que j’ai tout acquis par mon travail, à la force du poignet, que je ne dois rien aux autres, alors je considérerai l’accueil comme une corvée.

Et puis il y a une considération finale : « Il y avait, dans les environs, des terres qui appartenaient au premier magistrat de l’île, nommé Publius. Il nous a accueillis et hébergés amicalement pendant trois jours. Son père se trouvait alors alité, en proie aux fièvres et à la dysenterie. Paul s’est rendu à son chevet et, par la prière et l’imposition des mains, il l’a guéri. Par la suite, tous les autres habitants de l’île qui étaient malades venaient le trouver, et ils étaient guéris à leur tour. Ils nous ont donné de multiples marques d’honneur et, quand nous avons pris la mer, ils avaient pourvu à nos besoins » (Ac 28.7-10). Ce qui me frappe, dans cette conclusion, est que chacun donne en fonction de ce qu’il a. Paul donne des guérisons, car c’est un don qui lui a été fait. Le magistrat prête ses terres. Les habitants de l’île donnent des marques d’honneur et des vivres. Il ne s’agit pas de donner ce que nous n’avons pas. Et si on regrette d’avoir donné, c’est que l’on a donné trop. Il s’agit simplement de donner ce que nous avons, ce qui est à notre portée. Il s’agit, comme je l’ai dit précédemment, de donner à notre tour ce qui nous a été donné.

Alors, arrivé en ce point vous vous rendez compte que j’ai changé l’ordre des questions. La première question est : qu’est-ce qui m’a été donné ? Beaucoup de choses, au fil de mon histoire. Et quelque fois, ce sont des gestes anodins qui ont eu le plus d’effet symbolique sur moi. Il y a un peu moins de trois ans, quand je suis parti à la retraite, je suis allé marcher sur un des chemins de Saint-Jacques, en Espagne, un chemin peu fréquenté, qui part de Séville et qui remonte, le long du Portugal, jusqu’à Santiago. Le fait que le chemin soit peu fréquenté implique qu’il n’y a pas toujours tout ce dont les pèlerins ont besoin. On se retrouve vite en difficulté.

Un jour, pensant qu’un hébergement allait être fermé, j’ai fait un détour pour loger dans une ville à proximité. Au moment où j’allais entamer le détour, je pensais faire provision d’eau dans un village. Mais il n’y avait ni café, ni fontaine dans ce village. Cela tournait mal. Mais quelqu’un dans un jardin, est allé chercher une bouteille au frais qu’il m’a offerte « de corrazon » (du fond cœur). Ensuite l’hébergeuse où j’allais m’a informé sur un raccourci et une voie qui sert l’hiver et qui m’évitait, le lendemain, un long crochet. Ensuite, dans une pâtisserie-salon de thé, le personnel s’est montré attentionné et m’a laissé récupérer tranquillement. Enfin, dans le petit restaurant où je suis allé le soir, quelqu’un a vu que je ne connaissais pas les codes du lieu, s’est occupé de moi et a mobilisé les serveurs. J’étais vulnérable et étranger et des gens se sont occupés de moi. Rien d’extraordinaire dans cette journée. Mais c’est dans les gestes ordinaires que nous pouvons faire des choses extraordinaires.

Aujourd’hui nous vivons dans une société dure et impitoyable et nos concitoyens ont du mal à entendre qu’ils ont bénéficié de gestes immérités. Mais c’est à nous, comme Paul sur le bateau, de lever les yeux, de regarder plus loin, et de prendre la mesure des gestes de grâce dont nous avons bénéficié. La grâce que Dieu nous a faite et la grâce que d’autres nous ont faite. J’ai envie de dire, si Dieu nous ouvre les yeux, alors nous accueillerons comme nous avons été accueillis. On peut dire réciprocité ou aussi reconnaissance. Si Dieu nous ouvre les yeux, alors nous pourrons re-connaître tous les moments de notre vie où nous avons été accueillis.

Revenons une dernière fois sur le couple peur / responsable. C’est normal d’avoir peur. Lever les yeux n’a rien d’évident. Et il nous faut faire tout un travail pour nous donner des buts, des projets, des horizons qui vont au-delà de la situation présente qui est inquiétante. Cela, nous pouvons le faire collectivement et devant Dieu. C’est là le rôle des Eglises. Et la responsabilité, j’ai envie de la connecter au verbe « répondre ». C’est prendre notre place dans un dialogue et ne pas nous mettre aux abonnés absents. Quand Dieu nous parle, dire « me voici ». Quand quelqu’un nous interpelle, prendre le temps de lui répondre. C’est là ce que Dieu nous ordonne ; c’est là aussi ce qu’il nous donne. F. C.

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