Adapter le bassin-versant des Gardons
FACE À L’AMPLIFICATION DES PHÉNOMÈNES SAISONNIERS, INITIER, EXPÉRIMENTER ET ÉVALUER UNE NOUVELLE GESTION DES EAUX Projet de paysage de fin d’étude - 2021/2022 Tome 2 Chloé Giraldi
MEMBRES DU JURY LORS DE LA SOUTENANCE
PRÉSIDENT DE JURY Grégory Morisseau Président de jury Docteur en géographie, ingénieur paysagiste, co-gérant de Chorème Enseignant en géographie à l’École de Nature et du Paysage de Blois
DIRECTRICE D’ÉTUDE Catherine Farelle Directrice d’étude Paysagiste et urbaniste Paysagiste-conseil de l’État, région Occitanie Enseigne le projet de paysage à l’École de la Nature et du Paysage de Blois PROFESSEUR ENCADRANT
Bruno Ricard Encadrant de TFE
Ingénieur et docteur en aménagement et techniques urbaines Enseignant en hydrologie à l’École de la Nature et du Paysage de Blois
PROFESSEUR ENCADRANT Éric Dessoliers Représentant de la maîtrise d’ouvrage
Chargé de mission urbanisme et paysage au Parc National des Cévennes PROFESSEUR ENCADRANT
Léa Mosconi
Personnalité extérieure, reconnue pour ses compétences professionnelles Docteur en architecture, architecte MCF Paris Val de Seine PROFESSEUR ENCADRANT
Sylvain Huot Ancien diplômé de l’ENP Concepteur paysagiste
PROFESSEUR ENCADRANT
Sources et crédits
Ceci est un travail étudiant. Sauf mention des sources, les cartographies, illustrations ou photographies sont des documents personnels. Toute reproduction totale ou partielle de l’un de ces documents est soumise à l’accord de son auteur, propriétaire des droits.
2
Le bassin-versant des Gar dons est délimité au nord par le Massif-Central, à l’est par le couloir Rhodanien et au sud par la mer mé diterranée. De par sa localisation, il fait partie d’un grand amphithéâ tre tourné vers la méditerranée par un système de relief étagé progres sivement, qui lui confère des pay sages singuliers et un cadre de vie agréable et atypique. Il comprend plusieurs territoires emblématiques : les Cévennes, le Piémont, la plaine de la Gardonnenque, les Gorges du Gardon et le Gardon Rhodanien. Ain si, il est un vaste territoire qui unifie et connecte la haute montagne à la plaine.
Le Gardon est un cours d’eau méditerranéen au régime torrentiel avec un réseau hydrographique très complexe et contrasté du fait de ses 7 rivières : les Gardons.
Ils prennent leurs sources en Lozère, dans les Cévennes entre 900 et 500m d’altitudes, sur les contre forts du mont Aigoual, de la Corniche des Cévennes ou du col Jalcrest. Ils dévalent sur les roches schisteuses. Ils alternent entre calmes, rapides et chutes d’eau.
Plus au sud, piémont cévenol, après Anduze et Alès, les Gardons se rejoignent pour ne former qu’une seule rivière. Celle-ci s’étale, s’allonge et coule plus lentement, en volume, dans la plaine calcaire pour rejoindre le Rhône.
Maquette d’impressions 3D >
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Adapter le bassin-versant des Gardons
FACE À L’AMPLIFICATION DES PHÉNOMÈNES SAISONNIERS, INITIER, EXPÉRIMENTER ET ÉVALUER UNE NOUVELLE GESTION DES EAUX
Le climat méditerranéen est varié et capricieux. Ce sont des hivers doux et des étés très chauds et secs, là où le printemps et l’automne an noncent de fortes précipita tions dénommées ÉPISODE
CÉVENOL. Ces variations de précipitations, importantes et extrêmes, fréquentes et vio lentes, interviennent alors que ces territoires manquent régu lièrement d’eau qui s’intensifie avec le dérèglement du climat.
Ces TENSIONS entre trop d’eau et manque d’eau sont problématiques. Les fortes pluies ruissellent, dévalent et érodent les pentes cévenoles et arrivent directement dans la plaine déversoir.
CÉVENOLE
Complémentarité territoriale pour lutter contre l ’augmentationdu risque et ses impacts
RÉDUIRE
St Croix Vallée Française LOZÈRE St Jean du Gard Anduze Nîmes Alès Le Gardon Le Rhône GARD St Genies de Malgories 0 10 km 1 2 1 RÉDUIRE L ‘ALÉA EN VALLÉE
UN ARRIÈRE-PAYS SOLIDAIRE
LA VULNÉRABILITÉ EN PLAINE L’EAU RECOMPOSE LA PLAINE 2
+ 1,25 °C
en 2020, par rapport à l’ère industrielle
Augmentation des températures
x 2,7
entre 1961 et 2015
Fréquences des épisodes cévenols
Dans un contexte de réchauffe ment climatique, les tempéra tures n’ont cessé, depuis l’ère in dustrielle, d’augmenter +1,25°C, de ce fait, l'air est de plus en plus chargé en vapeur d'eau, ce qui confère aux nuages un potentiel précipitable de plus en plus important et a pour conséquence l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes cévenols, comme nous avons pu l’observer ces dernières décennies.
Quelles solutions pouvons-nous envisager pour tendre vers une résilience de ces territoires alors que se greffe l’incertitude du chan gement climatique ?
+22%
entre 1961 et 2015
Intensification des précipitations
Ces frictions reflètent un chaos désorganisé des versants céve nols soumis aux pluies et à l’éro sion. Tandis que dans la plaine du Gard, le Gardon façonne le paysage et s’étale de tout son long avec sa ripisylve dense et infranchissable. Cette plaine, habitée et agricole, exerce une pression sur les zones d’expan sion des rivières. Ces tensions vont s’accentuer avec le dérè glement climatique.
Pour questionner la complé mentarité territoriale (vallée cévenole/plaine), j’ai choisi de spatialiser le projet de ter ritoire sur deux secteurs ; le premier dans les vallées céve noles, de versant à versant, au niveau de Sainte-Croix-Val lée-Française et le deuxième dans la plaine de la Gar donnenque réunissant cours d’eau du Gardon, plaine viti cole et colline de garrigue. Le choix de ces deux sites me permet d’exprimer et de faire valoir la complémentarité territoriale face aux risques de sécheresse, d’inondation, de ruissellement et d’érosion face au défi du changement climatique.
ALÉA CLIMATIQUE
AUGMENTE
FRAGILISATION/ABANDON DES MOYENSANTHROPIQUES PERMETTANT DELIMITER LES RISQUES
AUGMENTATION DE L’ALÉA
AUGMENTATION DE
DÉGRADENT
VULNÉRABILITÉ
ACCÉLÉRATION DES EAUX DE RUISSELLEMENT
GORGE
5
LA
0 Sources des Gardons 20 km 40 km 60 km 70 km CAUSSE MÉJEAN (1200m) ANDUZE (120m)
DES GARDONS (120m) ALÈS (140m)COL JALCRESTE (830m) MONT LOZÈRE (1600m)
-Petit patrimoine hydraulique bâti -Terre exploitable (terre végétale et végétation) -MONTÉE DES EAUX -PROBLÈME DE SOUTIEN D’ÉTIAGE DÉGÂTS À L’AVALAugmentation du risque Ruissellement Glissement de terrain Érosion Éboulement EMPORTENT
Ripisylve dense, peu entretenue Diminution des étendues humides Plaine intensive (viticulture) Développement de l’urbanisme
Une réflexion sur l’épaisseur du bassin-versant permet de répondre aux enjeux actuels que posent les Gardons et ainsi d’établir des orientations et actions à expérimenter pour tendre vers la pérennisation du territoire face à l’incertitude climatique. C’est pourquoi pour mieux comprendre les enjeux, je me suis intéressé aux dynamiques d’évolution de ce territoire :
Tendance actuelle :
Aujourd’hui, le climat confère des épi sodes cévenols d’intensité moyenne de 200mm/24h. Les versants cévenols sont fragiles, désorganisés, abandonnés et l’économie est basée en fond de val lée ; ce qui augmente l’aléa du risque d’inondation, de ruissellement et d’éro sion. Plus au sud, la plaine est sous tension, désorganisée face à un trop d’eau et manque d’eau ; ce qui aug mente l’impact du risque par pression anthropique.
Intensité Temps 500mm/24h 200mm/24h
RUISSELLEMENT
ÉROSION +
PRESSION ANTHROPIQUE SUR LE COURS D ’EAU
fonctionnels (ex : bassin colinéaire) pour limiter les risques. Ce scénario ne tient pas compte des singularités de ce territoire.
500mm/24h Intensité Temps
RUISSELLEMENT
ÉROSION +
Si l ’on suit la tendance :
Les épisodes cévenols seraient de plus en plus intenses dépassant 500mm/24h. Le cadre de vie se verrait se dégrader suite à une banalisation et une fermeture des paysages, entraî nées par un mécanisme de pression foncière. Il y a une perte progressive d’un paysage identitaire au profit de l’aménagement d’ouvrages mono
POLARISATION
Et si l ‘on anticipait :
C’est le projet de territoire, il apporte un raisonnement sur la problématique de maintien des versants cévenols et sur l’organisation foncière
et territoriale de la plaine au profit d’une densification et répartition des terres exploitables intelligentes. Et grâce à des relations multilatérales des acteurs, de nouvelles exploitations et de nouvelles formes d’agriculture qui serai initiées, expérimentées, optimisées, elles permettraient de maîtriser la tendance climatique. Sans quoi au-delà d’un épisode de 500mm/24h de précipitation le projet de territoire n’est plus viable. Ainsi, l’atout de ce projet est d’entreprendre une gestion adaptée grâce à une nouvelle politique du territoire dans le but d’infléchir ou maîtriser, à son niveau, le processus climatique dès l’horizon 2050.
SCÉNARIO MAÎTRISÉ
RUISSELLEMENT ÉROSION +
LE COURS D’EAU RETROUVEDE L’ESPACE DE LIBERTÉ
Gardon
Le
Le choix d’un site en vallée cévenole et d’un autre dans la plaine du Gard, me permet d’exprimer et de faire va loir la complémentarité territoriale face aux risques de sécheresse, d’inondation, de ruissellement et d’érosion face au défi du changement climatique.
TEMPS 0
AMENER LA RÉFLEXION
Planification
Traduction opérationnelle Compétences associées
CLE
Concertation / participation habitants et usagers
Organisation d’échange proactif Interdisciplinarité
TEMPS 1
+ 5 ans
...
...
PLAN PAYSAGE
SE DONNER LES OUTILS ET INTERVENIR INTERVENTION DE LA SAFER
... Tout d’abord, celui-ci s’inscrit au travers du temps long et d’une gestion adaptative. Désormais, à l’intérieur de cette entité qui est le bassin-versant des Gardons, une planification et une gestion concertée et intégrée de l’eau remplace le cadre traditionnel de la gestion sectorielle actuelle. Cette transition se dessine grâce à la CLE qui est le reflet d’un levier dynamique opéra tionnel. Cette nouvelle approche par le territoire est une orientation vers une gouvernance territoriale plus «durable» et «locale» réinterrogeant notre relation au grand territoire et à nos manières d’y habiter.
Pour s’inscrire dans cette gestion adaptative, il faut rentrer par le volet de l’expérimentation pour infléchir ou maîtriser la tendance climatique. Nous pouvons imaginer s’appuyer sur une nouvelle politique foncière à l’aide de la SAFER. La gestion de parcelles, pourrait être expérimentée par de nouvelles démarches agri coles innovantes où les projets seraient réfléchis au cœur d’une concertation réunissant les acteurs de dif férents horizons, où les principaux acteurs seraient les agriculteurs, pour tendre vers une approche agro-écologique et multifonctionnelle du territoire.
En définitive, les objectifs sont multiples : accompa gner et amplifier le renouveau agricole du territoire, accueillir les projets de jeunes installés, favoriser une agriculture durable. Ce raisonnement interagit avec le paysagiste grâce à sa vision transversale et multiscalaire, où il met au centre le paysage comme outil d’évolution agricole dans le temps long au travers d’un plan paysage.
Dans un deuxième temps, il s’agit de mutualiser les expérimentations, capitaliser et AJUSTER en permanence les actions menées. En troisième temps, affirmer l’identité du territoire pour tendre vers sa pérenni sation toujours dans l’évaluation des actions menées.
- Acquisition de parcelles en rétention foncière - Aide à l’installation -Assistance d’un établissement public foncier local dédié
TEMPS 2
+ 10 ans
INITIER, EXPÉRIMENTER, ÉVALUER, CORRIGER
NOUVEAUX ARRIVANTS AGRICULTEURS ET HABITANTS
...
IMPLICATION HABITANTE
MULTIPLIER LES EXPÉRIMENTATIONS, CAPITALISER
Concrétisation de nouvelles formes d’agricultures expérimentales Une gestion solidaire des terres par groupements pastoraux
TEMPS 3
+ 30 ans
TENDRE VERS LA PÉRÉNISATION DU TERRITOIRE
AFFIRMER L’IDENTITÉ DU TERRITOIRE
...
APPLIQUER UNE SYNERGIE ENTRE PLUSIEURS THÉMATIQUES : agricultures, milieux, habitats, habitants Création d’un comité d’agrément de labélisation
ÉTENDRE ET GÉNÉRALISER
SAGE
PAPI PLUi
UNE MÉTHODE POUR AGIR, face à l’incertitude du changement climatique
... ! ...
Réduire l ’aléa en vallée cévenole
Sainte-Croix-Vallée-Française est un ha meau représentatif des vallées cévenoles soumis aux fortes précipitations du fait de sa localisation. Il s’agit d’un village atypique de fond de vallée au niveau du Gardon de Sainte-Croix. C’est un lieu exemplaire pour imaginer la métamorphose d’un paysage fragilisé par le déclin agricole et l’isolement.
Au fur et à mesure des siècles, ce village s’est adapté sans cesse, châtaigniers en pé rils, essor du mûrier, un paysage hérité.
Cette situation singulière lui confère une re connaissance locale, une « carte-postale ». Village de fond de vallée étroite, il tisse ses contre-ford au pied du gardon, sur sa roche de schiste, au dessus de la rivière, toujours légèrement à distance. Le village prend vie sur son pont piéton qui reflète l’armature de Sainte-Croix. Dans le village, chaque per
cée en direction des versants est prétexte à des rigoles, des fossés d’écoulement reliant ainsi cette vie aux versants.
En remontant les pentes, on peut observer des terrasses en schiste seules, abandonnées, témoins d’un paysage vernaculaire fort. L’habitant, le pro meneur, l’agriculteur, souvent sont absents.
Les versants sont largement boisés, denses diffi cile de trouver une trouée sur la vallée, le reflet d’une immensité enfermée. Des hameaux de pentes isolés sont présents et créent du vide dans cette toile dense.
Face à cette activité et vie en fond de vallée, le projet de territoire ouvre à ses habitants, ses promeneurs, ses touristes, ses agriculteurs, ses bergers la vallée étroite au versant tout en dé ployant des principes, des utilisations, des ouvrages pour limiter le ruissellement et l’érosion des versants.
SAINTE-CROIX-VALLÉE-FRANÇAISE UN ARRIÈRE-PAYS SOLIDAIRE
1
8
9
EXPLOITER LES PENTES POUR MAÎTRISER LE RUISSELLEMENT
UN PRINCIPE D’AMÉNAGEMENT FONDÉ SUR LA TOPOGRAPHIE
Pente
Dans un premier temps, en déployant un principe d’amé nagement en pente, à l’échelle de versant à versant, celui-ci per met l’utilisation des terres sans augmenter le ruissellement.
L’étude des pentes est un outil clé pour comprendre le circuit, la vitesse de l’eau.
-Sur les pentes faibles, infé rieures à 5%, on pourra retrou ver des cultures et du pâturage.
-Sur les pentes moyennes 5%20% à forte 20%-40%, on pour ra retrouver des cultures, des vergers, des parcours de pâtu rage en réinventant le système de terrasse (bancels) hydrau lique-agricole.
-Sur les pentes très fortes su périeures à 40%, l’enjeu est de conforter le boisement existant.
Tout ce qui constitue de la culture du sol se déploiera en priorité sur les versants les
Pente 15%
Pente 30%
mieux exposés, adret et le pâtu rage en priorité en ubac.
10 L’utilisation de ce principe en pente doit prendre en compte le territoire existant et se défi nit avec l’occupation actuelle pour en faire paysage. Paysage dense, paysage ouvert, paysage dégagé, paysage construit, … au profit d’une succession d’am biance et de rythme.
Sud-ouest
Nord-est Levé
PENTE TRÈS FORTE
CONFORTER LE BOISEMENT EXISTANT
PENTE FAIBLE < 5% CULTURE VERGER ÉLEVAGE
PENTE MOYENNE (5%-20%) ET FORTE (20%-40%) CULTURE VERGER PARCOURS
ÉLEVAGE PARCOURS FORÊT PÂTURÉE
Couché
> 40% Pente45%
1 Traiter les versants en fonction des propensions à l’érosion
5%
LE CONTEXTE GUIDE L’ORGANISATION DES PENTES
J’ai appliqué et ajusté ce système d’organisation en pente au niveau de Sainte-Croix. En fonction des singularités du site, de l’occupation actuelle du sol. Il me permet égale ment de répondre à des questions paysagères et sociales. Faciliter la lecture du paysage à tra vers la hiérarchisation de la diversi té des exploitations des terres, leurs
propriétés, ainsi que leurs places dans le fonctionnement global de la vallée. Et ainsi, la mise en valeur des points de vue stratégiques et la valorisation des itinéraires vélos et pédestres à la découverte du patrimoine, culturel et paysager.
On y retrouve :
-Des sommets de versants ouvert pour les estives, des parcours de
châtaignier et chêne vert, forêt semi-ouverte avec pression pas torale (enfrichement limité) qui oriente la vue par des percées ponctuelles.
-Des ouvertures au profit d’un pay sage construit de terrasses
Une synergie agricole-hydraulique du territoire 2 -Un fond de vallée ceinturé par des pentes fortes de boisement dense
Légende :
Boisement existant conforté
Forêt dense pâturée
Forêt peu dense pâturée
Parcours de châtaigniers
Parcours de chênes verts
Zone d’estive Terrasse exploitée
La Bruguière
Le Rivet
Ruisseau d’Aire Ventouse
La Borie
St Croix-ValléeFrançaise
La Salette
La Fabrègue
La Borie
Gardon de St-Croix
0 100m A A’ Bassin-versant au niveaude Sainte-Croix-Vallée-Française
Sous-bassin-versant de 21,5ha
DES VERSANTS EXPLOITÉS
Des nouvelles dynamiques locales multifonctionnelles
Si l’on se plonge dans ce paysage de versant à versant, on a un paysage aéré, ouvert à ses habitants sur le fond de vallée, un paysage vivant et géré au fur et à mesure des saisons.
Des cheminements d’accès aux ver sants sont défrichés ou créés grâce à l’exploitation des versants au pro fit des randonneurs, promeneurs admirateurs des points de vue. Des couleurs saisonnières fortes entre les parcours de châtaigniers au feuillage vert pomme au printemps
pour changer progressivement en orange-marron en automne avant de tomber ses feuilles, les parcours de chênes-verts aux feuillages per sistants toute l’année habillent ces versants d’une couleur vert-gris et les conifères verts-bleutés. Un pay sage rempli de contraste.
Ce paysage de terrasse offre des vues dégagées sur le village et in versement - un paysage construit et façonné qui rythme la pente.
TOURISME
Création et entretien des sentiers Valorisation des points de vues
Pente 17%
ESTIVE
PASTORALISME
VALORISATION CULTURELLE / GESTIONNAIRE
Création de synergies pastorales agricoles
Ouverture de nouvelles terres nourricièresEntretien des paysages Diversification des milieux Transhumance
Pente 37%
FORÊT PEU DENSE PÂTURÉE
Pente 38%
VERGERS / CULTURES
50m0 A
AGRICULTURE
NOUVELLES OPPORTUNITÉS
Accueil de nouveaux porteur de projet
DYNAMISME LOCAL SYLVICULTURE
IMPLICATION, EXPÉRIMENTATION ET ADAPTATION
Valorisation des productions dans le village ENTRAIDE / SOLIDARITÉ Face aux aléas climatiques Diversification des pratiques
VALORISATION CULTURELLE / GESTIONNAIRE
Maintien du couvert forestier Nouvelle gestion adaptée
Pente
PARCOURS DE CHÊNE VERT
Pente
CULTURES
Pente
VILLAGE
St-Croix-Vallée-Française
LE GARDON
Sainte-Croix
Pente
BOISEMENT EXISTANT CONFORTÉ
Pente
FORÊT À PÂTURER
32%
25%
57%
de
13%
de
25% A’
LES BANCELS AGRICOLES-HYDRAULIQUES
Une structuration d’ouvrage par sous-bassin-versant
Le tracé des anciennes terrasses (bancels) mit en parallèle avec le principe en pente constitue l’os sature des nouvelles. Même si celles-ci s’affran chissent de certains tracés pour prendre une nou velle forme adaptée au territoire, notamment en termes d’accès, de dimensionnement et de chemi nements, dans des buts de fonctionnalité hydrau lique et agricole.
La mise en place des terrasses joue un rôle impor tant sur le ruissellement et l’écoulement de l’eau pluviale. Si les gradins successifs que sont les ter rasses d’un versant brisent le ruissellement des eaux pluviales et favorisent leur infiltration dans la terre, il n'en demeure pas moins qu'un réseau d’écoulement est nécessaire pour évacuer les eaux qui ne sont plus absorbées par le terrain lors de grosses précipitations.
VALAT
SBV 21,5ha
100m
vation des eaux est certainement l’opération la plus importante et aussi la moins indissociable des autres. Importantes au moins à deux titres : il ne sert pas à grand à chose de découper une col line par une succession de pierre-sèche, au prix de déplacements de volumes de terres importants, si les eaux superficielles ne sont pas maîtrisées.
Le terrain naturel est la clé, en mettant en place un système de bancels qui fonctionne en sous-bassin-versant (SBV) d’écoulement permet de justifier et de démontrer l’écoulement de l’eau.
Prenons l’exemple de ce SBV de 21,5ha, l’eau s’écoule naturellement par ce talweg naturel (va lat). Il reste encore nécessaire de guider l’eau des terrasses vers celui-ci pour éviter que l’eau ruisselle en cascade par dessus les terrasses et d’assurer le maintient de celle-ci (trencat). D’après les calculs hydrauliques déterminés par la superficie du SBV et des précipitations, pour maîtriser les eaux de ruissellement d’un épisode pluvieux l’ouvrage doit évacuer 172l/s pour un retour de 10ans et 201l/s pour 20ans.
Pour maitriser les eaux deruissellement d’un épisodepluvieux l’ouvrage doit évacuer172l/s pour un retour de 10ans et201l/s pour 20ans !
BANCELS CULTIVÉES
Une gestion de l’eau au profit des cultures
Des terrasses larges pour augmenter les parcelles sub-horizontales
Pour les pentes les plus faibles : des ouvrages de terrasses moindres pour valoriser les sur faces sub-horizontales exploitables et favori ser l’infiltration par un système large de noue permettant à la fois de guider l’eau, de favo riser l’infiltration dans le sol avec une rugosi té d’ouvrage de 30 grâce à l’enherbent de la noue. Cet ouvrage permet de contenir un évé nement pluvieux pour un retour de 10 ans et 20 ans ,car il a une débitante de 212l/s.
LA PENTE DÉTERMINE LA SCULPTURE DES BANCELS/ TERRASSES
3
TN 12.00m 9.00m 3.00m 5.50m 1.50m 2.50m 2.50m Pente 21% 1 NOUE ENHERBÉE (rugosité 30) 0.50m 1.00m 4.00mQJ 10ans QJ 20ans > D’après la formule de Manning Section mouillée = 1.250m2 Débitance 212 l/s FAVORISE L’INFILTRATION 1
0
14 Gardon de St-Croix
Des terrasses étroites pour augmenter la RUGOSITÉ
Pour les pentes les plus fortes : multiplier les ou vrages pour assurer la résistance par rugosité successive, et évacuer au plus vite l’eau par un système de rigole en pierre qui favorise l’écoule ment vers le valat. Cet ouvrage hydraulique fait 30 cm sur 50 cm (pente 2 %) avec un coefficient de rugosité 70, c’est-à-dire qui favorise l’écoule ment de l’eau dans l’ouvrage vers le valat. Cet ouvrage permet de contenir un événement plu vieux pour un retour de 10 ans et 20 ans, car il a une débitante de 211l/s.
15 2.70m 2.70m 2.3m 1.90m 1.40m 1.70m 1.10m6.50m 3.50m TN 3.00m 2.80m3.00m 4.00m 4.40m3.00m Pente38%
2
UN ENSEMBLE DRAINANT FONCTIONNEL
Favoriser l’infiltration
Si l’on change d’échelle et qu’on passe à l’échelle d’une ter rasse :
Elle est vue comme un ouvrage drainant et fonctionnel, le remplissage en cailloutis et l’utilisation de la pierre favorise le drainage des eaux pluviales. Le fruit et la largeur du mur s’accordent en fonction de la pente, plus la pente sera forte plus le fuit sera important et le mur fin et plus la pente sera faible plus les murs seront larges et le fruit moins important. En accord avec l’esprit des lieux, chaque mètre carré est opti misé. Nous cherchons à développer une agriculture vivrière, comme par exemple par la plantation d’essences fruitières diversifiées qui serait placée en fonction de facteurs éda
CAILLOUTIS EMPATTEMENT
PROFIL EN CUVETTE
L’absence de mortierentre les moellons et leremplissage en cailloutisfavorise le drainage deseaux pluviales !
phiques, climatiques et topogra phiques, puisque ce paysage de bancel a évidemment à voir avec l’agriculture. En cultivant les ter rasses, l’ambition est de recourir aux qualités de ce territoire spé cifique, afin d’améliorer l’offre ali mentaire du bassin de vie et de retisser des liens humains. Cette démarche ouvre aussi la porte à une nouvelle activité vivrière qui ne se réduit pas uniquement à l’activité touristique.
Cependant, la nuance impor tante de ce projet est celle-ci : il faut remarquer pourtant que ces paysages de versant sont trom peurs : ce jeu de rigoles, de fos sés, de petits barrages est invi sible lorsqu’il ne fonctionne pas, c’est du micro paysage, c’està-dire en période sèche. Qu’un épisode cévenol survienne et le paysage change ! Ces fossés qui coulaient « à sec » quelques heures auparavant supportent un débit tel qu’ils donnent un éclairage fort différent à la fonc tion de ces champs sub-horizon taux, drainer et filtrer les eaux boueuses. Un paysage de main tien des versants et non un pay sage agricole.
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Un projet au temps long et d’une gestion adaptative
VALLÉES CÉVENOLES
REGARDER VERS LES VERSANTS
Une nouvelle dynamique habitante
Le projet de paysage doit également apporter un raisonnement sur l’aménagement des bords du cours d’eau. Dans le but de mutualiser des fonc tionnalités agricoles, de loisirs, écologiques, mais surtout avoir un regard sur le temps long quant à l’érosion et la perte progressive des berges du cours d’eau. Ce raisonnement, que je n’ai pu développer lors de mon année de diplôme, mérite attention, car il a fort à jouer dans la dynamique du centre-bour de Sainte-Croix-Vallée-Française, mais aussi, dans la vulnérabilité habitante liée aux risques de ruissellement, d’érosion et d’inondation.
Gestion pastorale
ORGANISER LA GESTION DES PARCELLES DÉLAISSÉES
Mise en place de conventions de gestion avec les agriculteurs et forestiers
ACCOMPAGNER LA CONSTRUCTION DES TERRASSES DE MANIÈRE PROGRESSIVE
Expérimentation du système des terrasses agricoles-hydrauliques à l’échelle d’un sous-bassin-versant
Commencer par les terrasses les plus hautes pour finir vers les plus basses pour prendre en compte la force croissante que prend l’eau en dévalant la pente
Aujourd ‘hui
Commencer par les parcelles les plus accessibles et nécessitant peu de travaux
À partir de ces parcelles initiales, gagner du terrain sur les terrasses limitrophes en adaptant les dimensions des ouvrages
+ 5 ans + 10 ans
Investir les lieux reculés qui nécessitent plus de travail et d’énergie
2 3
OBSERVER ET S’ADAPTER
REFAIRE ET ADAPTER LES SOUTÈNEMENTS EMPORTÉS PAS ASSEZ RÉSISTANTS
AJUSTER LES TRACÉS DES RIGOLES
AUGMENTER/DIMINUER LES PARCELLES SUB-HORIZONTAUX
Développer de nouvelles filières en fonction des opportunités et des projets des nouveaux exploitants
CONFORTER ET DÉVELOPPER, La filière du AOP Pélardon, la filière châtaignes des Cévennes IGP Miel des Cévennes
Parcelle délaissée Ouverture des milieux Diversification de l’agriculture
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0 100m 0 100m 0 100m
Réduire la vulnérabilité en plaine
L’EAU RECOMPOSE LA PLAINE
La plaine a une tout autre ambiance, un tout autre paysage, un paysage plat encerclé par des reliefs que ce soit l’arrière-pays cévenol toujours présent qui révèlent l’enjeu de complémenta rité territoriale ou les collines de garrigues. Le gardon s’étale en volume, il est la définition même de la plaine et est grandement soumis aux tensions que procure le climat méditerra néen, entre pas assez d’eau ou trop d’eau. Nous pouvons voir la large surface qu’occupe le cours d’eau quand il est en crue et à l’inverse comme en l’occurrence ici asséché. Cet assèchement est également accentué par les pertes et les résur gences liées au système karstique de la plaine. Sa ripisylve est dense et est garnie par une végé tation luxuriante. L’arrière-pays cévenol est tou
jours présent au loin et est le reflet de la com plémentarité territoriale entre les deux entités. Anciennement cultivé sous un régime de poly culture méditerranéenne, le territoire s’est tour né vers la monoculture viticole depuis les an nées 1950, exerçant une pression sur le cours d’eau, comme par exemple ici où elle encercle un affluent du gardon. Aujourd’hui, la vigne est ancrée dans la plaine et en fait un paysage at tractif.
La plaine est également structurée par de fortes modifications des cours-d’eau des années pétroles. Certains affluents du gardon sont ca nalisés ce qui accentue les risques ou encore le manque d’entretien des cours-d’eau enfrichés et
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2
donc laisse peu d’accès à la rivière et empêche les écoulements par endroit.
L’amnésie des pratiques culturales anciennes, la mo noculture viticole, et l’arrivé de nouveaux habitants entraînent de nouvelles dynamiques sociales. Elles sont responsables de la mise en tension de la plaine
face à son propre cours d’eau dont les risques sont multiples face au dérèglement climatique.
C’est pourquoi, ce projet de paysage interroge la force et l’occupation qu’à besoin les cours-d’eau pour repenser l’interface foncière de la plaine.
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AFFIRMER LA PLAINE COMME DÉVERSOIR
L’EAU, UN FIL DIRECTEUR
la plaine en fonction
l’eau
L’eau est le fil directeur, comprendre l’écou lement de l’eau, sa direction, sa vitesse, sa quantité pour lui rendre son espace et adap ter les pratiques anthropiques, sont le partie pris de ce zoom en plaine.
UN TERRITOIRE RESSOURCE
L’objectif de ce projet est de trouver des in terfaces communes et des moyens d’habiter durablement, là où l’eau est source d’enjeu. Ces interfaces communes questionnent la co-existence entre les espaces, les prati quants des lieux et l’organisation de com plémentarité. Elles désignent des espaces de rencontre, d’échange, de partage des professions sur l’espace agricole. Le projet cherche donc à comprendre et organiser les liens entre les milieux dans le but d’apporter une approche systémique des lieux et des territoires vécus. Il s’agit de composer avec la morphologie du sol, le climat, l’écologie du paysage, les caprices du Gardon et les acti vités humaines.
Utiliser la multifonctionnalité des terres afin d’améliorer les services rendus au territoire et à l’habitant de manière réciproque. Le paysage est alors un outil de médiation entre environnement et habitants.
AGRICULTEURS/ÉLEVEURS
20
Exploiter
de
St-Geniès-deMalgoirès La Rouvière La Calmette Moussac Sauzet QJ 10 ans QJ 20 ans 0 1.5 km 1
Une approche systémique pour un paysage partagé FORÊTS ALLUVIALES PRAIRIES HUMIDES PARCELLES AGRICOLES ÉLEVAGES GARRIGUES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES RENDUS 2 UN PROJET COMMUN De l’implication à l’entraide
HABITANTS Partage de matériel Partage de savoir-faireSolidarité agricole Chantier participatif Chantier pédagogique MUTUALISATION Convention de gestion des terres Randonneurs Touristes Cueilleurs Résidents Bergers Viticulteurs Arboriculteurs Apiculteurs Maraîchers 3
L’EAU COMPOSE UN JARDIN EXPÉRIMENTAL
Le territoire est transformé, les cours d’eau retrouvent leurs espaces de libertés au profit d’une agriculture diversifiée.
La plaine viticole est réorgani sée et s’ouvre progressivement aux habitants. La plaine est vue et vécue comme un grand jardin ! Les berges du Gardon sont accessibles, des prairies humides retrouvent leurs rôles de rétention et autres services écosystémiques. Un réseau de pâturage accompagne les parcelles cultivées sur les gar
rigues et prairies humides en fond de vallon et abord du Gardon.
Le territoire est vivant, les habi tants s’investissent sur leur lieu de vie et cette énergie nouvelle permet de nouvelles ententes pour continuer à faire vivre le paysage.
La plaine est un jardin expé rimental, des relevés, des ob servations sont effectués, no tamment par l’observatoire NOE, pour toujours être dans l’adaptation des pratiques au
territoire.
Pour raconter le récit de ce projet, un transect est effec tué des collines de garrigue jusqu’au cours d’eau des Gar dons. Le premier zoom est dé limité par un sous-bassin-ver sant définit par les collines de garrigues. Le deuxième se si tue au niveau du cours d’eau de l’Esquielle, affluent du Gar don, en amont du village de Saint-Geniès-de-Malgoriès. Et le troisième au niveau des berges du Gardons.
L’Esquielle
St-Geniès-deMalgoirès Montignargues La Rouvière La Calmette Dions St-Chaptes Moussac Le Gardon Des nouvelles relations habitantes et environnementales
L’Auriol Le Rouvegade Ruisseau de Braune Ruisseau de la Tourancelle
1 2 3
UNE AGRICULTURE ADAPTÉE POUR RETENIR ET PRÉSERVER L’EAU
Retrouver un équilibre cultivé, partagé et vécu
Les sous-bassins-ver sants créés par les collines de garrigue sont des lieux clés pour retenir l’eau, lors des épi sodes cévenols. Il s’agit à la fois d’adapter l’agriculture aux inondations, mais aussi à la sé cheresse. Dans les fossés natu rels, l’ingénierie écologique est un bon moyen pour limiter le ruissellement. Le génie végétal est utilisé pour contrôler l’éro sion et la sédimentation et les haies brise-crue sont installées pour intercepter les ruisselle ments et les coulées de boue. Grâce à ces aménagements multiples aux forts enjeux éco systémique, l’idée est de conti nuer dans ce sens en adaptant l’agriculture à la sécheresse et aux inondations.
La recomposition du tissu agri
cole est un élément clé. Les vignes actuelles en monocul ture seront implantées perpen diculairement à la pente en suivant les courbes topogra phiques. Les écarts entre les vignes seront agrandis et on y laissera pousser de l’herbe, sur certaines parcelles on tes tera la culture de légumineuse. Ceci permettrait à la fois de réduire les intrants, de limiter l’érosion et de lutter contre la sécheresse.
Les vignes seront accompa gnées de fruitiers ; oliviers, amandiers, figuiers, abrico tiers, ... Ces essences pourront s’adapter à un climat chaud et sont déjà présentes sur place
Genie végétal pour le contrôle de l’érosion et de la sédimentation
de manières résiduelles. Cette diversification permet de valo riser l’agriculture, les revenus et surtout de s’adapter en cas de crise.
De plus, mutualiser les usages et les cohabitations permet au territoire de trouver un nouveau souffle adapté face aux événe ments et au changement cli matique. Effectivement, le ber ger trouve de l’herbe pour son troupeau, le viticulture n’utilise plus d’intrant et limite le ruissel lement des terres, l’agriculture se diversifie et augmente les ressources locales.
Elles interceptent les ruissellements et les coulées de boue, fixent la terre grâce à leurs racines, facilitent l'absorption de l'eau par les sols.
Haies-brise crue
Aquifère sédimentaire karstique
PRAIRIE HERBACÉE
GARRIGUE SEMI-OUVERTE GARRIGUE HAUTE SEMI-OUVERTE PLAINE DÉVERSOIR
Aquifère peu karstique
0 20 m DIVERSIFICATION DES CULTURES ET DES PRATIQUES MISE EN RELATION DES DIFFÉRENTS HABITATS ÉCOLOGIQUESADAPTER L’AGRICULTURE
1
UNE GESTION SOLIDAIRE PAR GROUPEMENTS PASTORAUX FACE AUX RISQUES
Garrigues denses
ELLES DÉVELOPPENT
Vignes
Vergers :
DIVERSIFIER
PROFIT D’UN PAYSAGE RÉSILIENT
Le pâturage de la gar rigue va suivre une gestion particulière adaptée à chaque secteur et selon une tempora lité précise en fonction des sai sons à l’année. Au printemps, le troupeau pourra pâturer les pe louses des garrigues, le genêt, le genévrier, les ronces, les filaires, ... En été, du fait des fortes cha leurs le cheptel ne peut pâturer sur les collines de garrigue cal caire. L’idée est d’instaurer une pratique de gestion solidaire par groupements pastoraux. Ainsi, les cheptels iront pâturer en période estivale les estives des vallées cévenoles et en au tomne/hiver, lors de la période d’agnelage, le troupeau redes cend dans la plaine à proximité des bergeries où il pâturera les vignes, les vergers et les berges du Gardon. Un réseau de chemi nement de transhumance sera alors entretenu sur les chemins existants et d’autres à créer. Ces chemins sont multifonctionnels et sont une invitation aux ha bitants à parcourir et éprouver leur territoire.
23 L’objectif de ce réseau de pâ turage est le maintien des pay sages, une diversité de milieux et d’activités, mais aussi de la belliser la filière agneau des gar rigues pour la rendre pérenne dans le territoire au profit de circuit-court et le maintient de l’abattoir d’Alès, actuellement en difficulté.
COLLINE
GARRIGUE
VALLÉE CÉVENOLE
BERGE DU GARDON ET PLAINE VITICOLE
PÂTURAGE D’ÉTÉPÂTURAGE
PÂTURAGE D’AUTOMNE ET D’HIVER
Mutualiser la gestion des terres à l’échelle des vallées et de la plaine
DE
DE PRINTEMPS
Prairie Garrigues calcicoles basses et moyennes semi-ouvertes
couvert herbacé
: couvert herbacé Vignes + légumineuses + + + + Expérimenter les légumineuses pour lutter contre la sécheresse ELLES FIXENT L’AZOTE DE L’AIR Les médics, la Medicago rigidulata, la Medicago truncatula, la Medicago polymorpha
LA FAUNE BACTÉRIENNE DU SOL ADAPTÉES AUX ZONES CALCAIRES SUR SOLS PAUVRES ET PENTUS ELLES SONT PEU CONCURRENTIELLES EN EAU ELLES LIMITENT L’ÉVAPOTRANSPIRATION DU SOL N
LES USAGES DES PARCELLES AU
UN COURS D’EAU LIBÉRÉ
Agir en amont des villages pour prévenir des risques
Le deuxième zoom intervient sur l’épaisseur du cours-d’eau de l’Esquielle, affluent du Gardon, en amont du vil lage de Saint-Geniès-de-Malgoriès. Ce cours-d’eau secondaire peut se transformer lors d’un épisode cévenol en torrent et voir son débit multiplié par 10. En 2002, l’Equielle est rentrée en crue et à causée de nombreux dégâts humains et matériels. Suite à cet événement, un aménagement monofonctionnel a été créé (cf mémoire p 100/1001) L’enjeu ici est de montrer que nous pouvons intervenir de façon douce et multiple, de préférence en amont des villages pour prévenir des risques, en s’appuyant sur les fonctionnalités de cet hydrosystème.
1-Agir sur le profil hydraulique de l’Esquielle
Situation actuelle
Sur certaines sections, le cours-d’eau est enfriché et coloni sé notamment par la canne de Provence. Cet enfrichement empêche ou réduit l’écoulement de l’eau et entraîne la mise à distance du cours-d’eau face à ses habitants. Les plantes forment une structure buissonnante qui entre en concur rence avec les espèces locales. De plus, les tiges ligneuses arrachées lors des crues peuvent accentuer le débordement de la rivière en créant des embâcles. Le projet de paysage intervient, le profil hydrométrique est redimensionné pour contenir une crue de retour de 10 ans et 20 ans (d’après la formule de Manning) comme nous pouvons le voir sur les coupes ci-dessous. Les parcelles viticoles sont re localisées sur les coteaux des garrigues pour laisser la place à la rivière de s’étendre en créant des zones tampon pour ses nombreux services écosystémiques rendus.
2-Agir au cœur des villages
Situation projetée
Désimperméabiliser Récupérer l’eau pluviale Guider l’eau
DES VILLAGES
RÉDUIRE LA VULNÉRABILITÉ
LIMITER LE RISQUE AU CŒUR DU VILLAGEADAPTER L’AGRICULTURE 0 20 m Aquifère sédimentaire peu karstique Aquifère alluvial
1.00m 1.50m
10.00m 1.00m 1.50m PRAIRIE PÂTURÉE zone tampon LIT DE L’ESQUIELLE ET SA RIPISYLVE PRAIRIE PÂTURÉE zone tampon
QJ 10ans QJ 20ans
2
3-Agir sur le méandrage de l’Esquielle
Le tracé de la rivière de l’Es quielle est rectiligne. Agir sur le reméandrage de ce cours d’eau permet d’être en adé quation avec son style fluvial, c’est-à-dire de ralentir son dé bit, de stocker l’eau en cas de crue, de créer un véritable ré servoir pour la biodiversité, et de participer à la qualité de nos paysages. Les calculs hy drauliques on été établie grâce aux formules de Carson, Yalin, Leopold&Wolman et Petit qui m’ont permis de définir l’ampli tude (A) et la longueur d’onde ( ).
PRAIRIES HUMIDES AUX ABORDS DE L’ESQUIELLE : ESPACE TAMPON
Le cours d’eau est libéré. L’hy drosystème rentre en sym biose avec les pratiques hu maines.
De plus, par les différentes ac tions, les motifs paysagers se diversifient et structurent la lecture du paysage.
Le cours d’eau est de nouveau accessible par les habitants qui peuvent désormais aller à sa rencontre.
La sinuosité de la section restaurée, correspondant au style fluvial du cours d’eau
25
0 50 m 7m 10m 7m 12m 10m 12m 30m20m 38m22m 38m30m St-Geniès-deMalgoirès 7m<A<19m 18m< <38m > D’après la formule de Carson, Yalin, Leopold et Wolman et Petit
LE GARDON S’ÉTALE
Un paysage dessiné à chaque crue
Un chenal de reméandrage d’environ 200 m est rendu au Gardon (D’après la formule de Carson, Yalin, Leopold&Wolman et Petit). L’idée n’est pas d’avoir la prétention de le reméandrer, mais de lui laisser de l’espace de liberté pour qu’il puisse au fur et à mesure des crues s’étaler et se reméandrer tout seul. Pour cela, la ripisylve dense et in franchissable et réouverte pro gressivement pour retrouver une complémentarité avec les prairies humides et leurs nom breux services écosystémiques rendus, détaillé sur le schéma ci-dessous Les prairies humides seront fauchées une fois par an, en période estivale. Elles serviront de fourrage pour les exploi tations qui ont du mal à être autonome, comme certaines
Valoriser les prairies humides Des services écosystémiques rendus
ELLES FAVORISENT LA DIVERSITÉ D’ESPÈCES
ELLES SOUTIENNENT L’ÉTIAGE QUAND L’EAU MANQUE
ELLES AMÉLIORENT LA QUALITÉ DE L’EAU, En absorbant l’azote
Prairie de fauche
exploitations cévenoles.
Ce système sera établi selon un principe de rotation afin de composer un espace tampon aux abords de la rivière permettant d’améliorer la portance des terres humides, de filtrer les intrants et de ralentir
le ruissellement lors des périodes de crues.
Culture d’asperge
Aquifère sédimentaire peu karstique
CHENAL FORÊT ALLUVIALEAGRICULTURE ADAPTÉE AUX ZONES INONDABLES
EXPLOITER DE MANIÈRE ADAPTÉE LES ZONES D’EXPENSIONS DES CRUES
26 Les parcelles agricoles voisines inondables pourront accueillir des cultures qui s’adaptent sur des surfaces sèches et saturées en eau lorsqu’un épisode cévenol survient. La
MILIEUX
ELLES ABSORBENT L’EAU ET ATTÉNUENT LES CRUES
ELLES FAVORISENT L’INFILTRATION VERS LES NAPPES SOUTERRAINES
i è g e à carbone
CO2 O2
P
GÉRER LES
3
Elles sont des espaces naturellement riche pour l’agriculture : pâturage, fauche des prés, bois de construction et de chauffage !
Un projet au temps long et d’une gestion adaptative
PLAINE DU GARD
RELOCALISER ET REPRENDRE L’ENTRETIEN Engager une politique foncière pour relocaliser les parcelles viticoles aux abords des collines de garrigues
Défricher les cours-d’eau
culture d’asperge est le parfait exemple. Elles poussent sur les terres sableuses, car elles se ré chauffent plus vite, comme ici au abord du Gardon. Pendant l’automne, elles sont au repos hivernal, de ce fait, elles peuvent supporter d’être submergées par
un épisode pluvieux intense, car nous sommes sous un climat mé diterranéen où le soleil reprend vite sa place. D’autres cultures peuvent être testées, notamment tous les légumes racines, car le sol sableux leur apporte un bon drainage.
De plus, ces espaces outre leurs fonctionnalités de production et leurs bienfaits environnemen taux, ils participent à l’amélio ration du cadre de vie des habi tants. Les résidents retrouvent, découvrent leur cours-d’eau, le Gardon, au profit d’un paysage naturel/agricole géré.
DONNER DE L’ESPACE AU COURS D’EAU
RESTAURER, MÉNAGER PAR DES TECHNIQUES DOUCES
Engager les travaux de reméandrage des cours d’eau
Plantation des haies brise-crue Tester des cultures associées (vignes/légumineuses)
Instaurer la gestion pastorale pour garder les milieux ouverts et valoriser les prairies humides
OBSERVER ET S’ADAPTER
AJUSTER LE CHENAL DE REMÉANDRAGE
LE PROFIL HYDRAULIQUE ET ÉPAISSIR L’ESPACE DE REMÉANDRAGE DES AFFLUENTS
LES PRAIRIES À PROXIMITÉ DES COURS D’EAU GÉNÉRALISER L’UTILISATION DU GÉNIE VÉGÉTALE
Développer de nouvelles filières grâce à la diversification des cultures
CONFORTER ET DÉVELOPPER IGP Vin des Cévennes
Création AOP agneau des garrigues Création AOP Asperges des Gardons
LIT MINEUR DU GARDON
Prairie humide
Aquifère alluviaux
LES
RETROUVENT
27 DE 200mMÉANDRAGE
MILIEUX HUMIDES POUR ÉVITER L’ENFRICHEMENT
120m
0 20 m
HABITANTS
LES BERGES DE LEUR COURS D’EAU
1 2 2* 3 4 1 2 3 4 0 1 km
RE-TRAVAILLER
ÉTENDRE
CONCLUSION
Ce projet de paysage montre comment travailler avec une approche agro-écologique multifonctionnelle des territoires et ainsi jouer sur les forces que présente ce territoire diffi cile.
C’est pourquoi ce projet répond à différentes approches pour penser le territoire de manière transversale et durable. À savoir :
-Les enjeux écologiques pour bénéficier des services éco-systémiques
-Les enjeux que sont les co-bénéfices, notam ment économiques liés à l’activité agricole, à l’éco-tourisme ou à la réduction des catastrophes naturelles
-Les enjeux sociaux que sont les partenariats entre les différents organismes, acteurs et l’implication de la population locale, en s’en gageant dans une action commune.
Cette approche représente une alternative économiquement viable et durable, souvent moins coûteuse à long terme que des inves tissements technologiques ou la construction et l’entretien d’infrastructures monofonctionnelles.
La mise en place de cette gestion adaptée au territoire permet également de réduire les impacts sur les milieux naturels liés aux infrastructures d’ingénierie classique et d’in tervenir en adaptant les actions menées aux incertitudes climatiques.
Dans mon mémoire, j’avais sous-entendue que la limite de cette approche agro-écolo gique des paysages est l’échelle spatiale de temps. Effectivement, elle implique de repenser le cadre d’intervention en le généralisant au territoire, et le cadre conceptuel et donc un laps de temps pour que ces actions soient visibles. Mais n’est ce pas une opportunité d’adaptation du territoire ?
Le climat méditerranéen est varié et capricieux. Entre massif central et couloir rhodanien, la rencontre entre air chaud et air froid induit sur le plan climatique des alternances entre période sèche et humide.
La pluviométrie est faible aux périodes printanières et estivales, mais extrêmement importantes à l’automne en raison d’un phénomène dénommé ÉPISODES CÉVENOLS, très souvent à l’origine de crue si gnificatives.
Ces frictions reflètent un chaos désorganisé des versants cévenols soumis aux pluies et à l’érosion. Tandis que dans la plaine du Gard, les hommes, au fur et à mesure, ont empiété sur les zones d’extension des rivières, oubliant leur vulnérabilité face aux risques d’inondations.
Quelles solutions pouvons-nous envisager pour tendre vers la rési lience de ces territoires ?
Ce projet de territoire et la suite d’une réflexion menée dans un tome 1. Il démontre l’enjeu que peut constituer un arrière-pays sur une plaine vulnérable. Cette réflexion sur l’épaisseur du bassin-versant permet d’établir des solutions et actions à expérimenter, à travers le projet de paysage, pour tendre vers la pérennisation du territoire.
Ce projet apporte, au travers de ces orientations, une gestion adap tée au territoire, dans le but d’infléchir ou de maîtriser le processus climatique dès l’horizon 2050. Le projet de paysage joue un rôle dans l’atténuation des risques, mais aussi contribue à son niveau, à maîtriser le changement climatique.