l'etang de lavalduc

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L’étang de Lavalduc

Entre mer Méditerranée et étang de Berre, à cheval sur les communes de Saint-Mitre-les-Remparts, Istres et Fos-sur-Mer dans le Bouches-du-Rhône, se trouve un étang un peu particulier. La neige et le mistral à la fin du riss, l'avant-dernière période de glaciation, ont creusé une vaste cuvette dans laquelle s’est installé cet étang à la couleur bleu irisé si singulière. La très forte salinité de ses eaux et la présence d’un petit crustacé, l’artémia salina, n’y sont pas étrangères. Au gré des saisons, les lumières et les nuages se reflètent sur la surface de l’eau comme dans un miroir et peignent chaque jour des ambiances féériques. Cet étang est en réalité un stockage de saumure appartenant à la société des Salins du Midi. La saumure, un mélange d’eau douce et de sel fortement dosé, est déversée régulièrement depuis Manosque où la société Géosel creuse et exploite des cavités de stockage d’hydrocarbure dans des roches salines. Une canalisation souterraine et une station de pompage se chargent de transporter la saumure industrielle depuis le site d’exploitation des Alpes de Haute Provence jusqu’au plan d’eau de Lavalduc.










Les rives de l'étang de Lavalduc furent occupées depuis la Préhistoire. Au sud-est de l'étang se trouve l'Oppidum de Saint-Blaise. Des vestiges de salines laissent penser que l’exploitation du sel a toujours existé à Lavalduc, pourtant le plan d’eau est alimenté naturellement par un cours d’eau douce. L’explication la plus probable est qu’à l’époque, le sel provenait d’entrées d'eau de mer lors de fortes marées ou de tempêtes






Géosel - Manosque

La société Géosel, implantée à Manosque, exploite un complexe de stockage d’hydrocarbure souterrain d'une capacité utile de 8,5 millions de m3 depuis 1969. La zone d'exploitation est reliée à trois raffineries du sud de la France, Total, Shell et Ineos ainsi qu’au port pétrolier de Lavera (Bouches-du-Rhône) et au réseau de pipelines de la SPSE et SPMR. Un autre pipeline d'un diamètre de 20" (env. 500mm) achemine la saumure depuis Manosque jusqu'à l'étang de Lavalduc. Le site de Géosel à Manosque est un des premiers sites européens de stockage d'hydrocarbures liquides par sa taille. Il est constitué de 28 cavités salines hautes comme la Tour Eiffel et larges comme l'Arc de Triomphe, le volume utile de ces capacités est réparti en deux parts à peu près égales : 50% de pétrole brut et 50% de produits raffinés. Elément clé de la logistique pétrolière du Sud Est de la France, le stockage de Géosel a aussi une vocation stratégique nationale en cas de crise d'approvisionnement pétrolier.










La salinité de l'étang de Lavalduc est aujourd'hui artificielle, puisque provenant de la saumure injectée par des conduites souterraines depuis les stockages d’hydrocarbures de Géosel-Manosque. La concentration en sel peut atteindre 360g/l proche des 100% de saturation. C’est très élevé. L’eau de mer contient dix fois moins de sel, même la mer morte n’est pas aussi salée. Cette saumure non propre à la consommation est destinée au salage des routes par la société des Salins du Midi. 3 millions de m3 sont emmagasinés dans les étangs d'Engrenier et de Lavalduc. La démocratisation des techniques de salage routier au détriment des produits abrasifs sans action fondante a entrainé des réflexions écologiques. L’épandage de sel mais aussi son stockage doivent être bien maitrisés pour préserver l’environnement.






L'étang aux eaux saumâtres renferme l'été des petits crustacés nommés artémia salina. Ces invertébrés vivent dans les étendues d’eaux salées, les lagunes ou les marais salant, dans le grand et célèbre lac salé situé dans le nord de l’Utah aux Etats Unis par exemple. De nombreux oiseaux comme le flamant rose se délectent de ce petit crustacé. Bien que présent dans le sud de la France toute l’année, Il est facile d’en apercevoir pendant la période de reproduction au printemps. Les rives de l’étang de Lavalduc sont classées en zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO). On y rencontre également des grenouilles, cigales, papillons ou libellules. On peut aussi apercevoir des hiboux grand-duc dans la forêt de Castillon qui surplombe l'étang.





La construction d'une cavité de stockage

La construction des cavités passe, schématiquement, par les étapes suivantes : • forage d'un puits, pénétrant de quelques dizaines de mètres dans la formation salifère, • cimentation d'un tubage sur toute la hauteur, • forage en diamètre moindre jusqu'à la base de la zone à lessiver, • descente de deux tubes concentriques dont l'extrémité inférieure est située au fond de la cavité à développer. De l'eau douce injectée dans la colonne centrale dissout le sel en remontant le long des parois et ressort par l'espace annulaire sous forme de saumure. La forme de la cavité ainsi créée peut être ajustée par remontée progressive des tubes conformément au programme de lessivage établi par modélisation et contrôlée à l'aide d'un appareil de type SONAR. La stabilité de ces réservoirs est doublement garantie tant par leur forme que par les conditions d'exploitation (présence continue d'un fluide à l'intérieur : saumure ou/et hydrocarbure). Leur étanchéité est rigoureusement vérifiée sous le contrôle de la DREAL. source : www.geosel.fr







A L’horizon 2013, deux nouvelles capacités de 500 000 M3 sont en construction. De l’eau douce est injectée dans les couches de sel pour former les réservoirs souterrains. La saumure récupérée en surface doit être évacuée mais les débouchés pour le sel se font de plus en plus rares. Un nouveau chantier de construction de pipeline fut réalisé en 2009 dans la zone portuaire de Lavera (Martigues) afin de rejeter la saumure en provenance de Manosque directement dans le golfe de Fos en mer Méditerranée. Afin d’éviter les atteintes au milieu naturel, la collectivité a imposé à Géosel le traitement de la saumure dans une station d’épuration spécifique. Les installations immergées rejetant la mixture à plus de 900m des côtes ont nécessité la mise en place de protection pour éviter d’endommager les filets des pécheurs.






Le 16 novembre 1943, à 13 h 50, le B-17 du 97th Bomb Group serial 42-3147 surnommé Homesick Angel, piloté par le Lt Richard Packard est abattu par la Flak au cours d'un bombardement et tombe avec son équipage, soit en tout 10 personnes dans l'étang. Ils furent tous tués. L'avion a été enlevé par les Américains vers 1980.





Photographies : Christophe MARCHI © 2 0 1 2 - 2 0 1 3 w w w . v i a- studi o . fr | to us dr o i ts r éser v és



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