Exposition nationale suisse Lausanne 1964

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Gérard Ifert

Exposition

Rudi Meyer

nationale suisse Lausanne 1964

50 ans après Souvenirs de l’Expo ’64 Travaux de l’équipe du secteur 5 Les échanges



3 Avant-propos

J’ai souhaité revenir sur cet événement national que constitua l’Expo’64 de Lausanne car il fut certainement le plus important de ma carrière. D’excellents souvenirs me reviennent en mémoire, tant professionnels qu’humains. Plusieurs intervenants nous ont déjà quittés et ma pensée va naturellement vers eux. Florian Vischer, l’architecte en chef, qui m’a fait confiance tout au long de notre collaboration et qui devint un ami pour toujours. Rolf Gutmann que je connaissais depuis les années cinquante par son ami Lanfranco Bombelli, tous deux diplômés de l’ETH Zürich. Puis Numa Rick, graphiste du secteur, qui avait été mon professeur d’art graphique à l’AGS Bâle en 1946 et qui avait su nous intéresser à l’avantgarde de cette discipline. Pour l’Expo’64 c’est Armin Hofmann, dont l’enseignement avait beaucoup compté pour moi et qui demeure encore d’un excellent conseil, qui me recommanda mon premier assistant Georg Staehelin. Celui-ci souhaitait travailler avec son ami Rudi Meyer, ce que je concrétisais en toute confiance. Ils ont été tous deux mes principaux collaborateurs. Georg Staehelin a réalisé, en plus des travaux graphiques, un important travail de relations avec les services du gouvernement à Berne et avec plusieurs ambassades afin d’obtenir la documentation indispensable à l’élaboration du projet. Rudi Meyer lui aussi a dépassé largement son rôle de graphiste et manifesté ses talents polyvalents, notamment dans la scénographie du spectacle Globovision. Cinquante ans après, j’ai tenté, avec Rudi Meyer, de fixer nos archives et nos souvenirs sur ces quelques pages.

Gérard Ifert Paris, le 25 juin 2014


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Un événement national

Feuille d’Avis de Lausanne, 1er avril 1960

Tribune de Lausanne, 13 février 1958


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L’organisation par secteurs

La raison première de toute exposition nationale est de montrer la situation du pays, économique et culturelle, au moment présent. Les expositions nationales suisses ont lieu tous les 25 ans, du printemps à l’automne. On y retrouve les thèmes classiques, liés à l’histoire de la Suisse, traités de façon récurrente. Par contre, l’actualité donne lieu à des réalisations thématiques qui peuvent traiter de l’imaginaire et du futur. Chaque exposition, par nature temporaire, doit être un investissement dans l’avenir, un moteur pour favoriser des projets. Dans cette optique la voie de la création et de l’innovation s’ouvre aux concepteurs, architectes, ingénieurs et graphistes. Le site choisi est le parc et les berges de Vidy à Lausanne qui va s’étendre sur 550 000 m2 dont près de la moitié gagnée sur l’eau. Une nouvelle gare ferroviaire est construite, non seulement pour créer un accès par chemin de fer mais aussi pour accueillir un monorail qui traverse l’ensemble du parc. L’aménagement d’un port est également effectué pour permettre l’accostage du Mésoscaphe de Jacques Piccard, sousmarin touristique qui réalisa plus de 1 000 plongées dans le Léman. Il rejoindra la Méditerranée, une fois l’exposition terminée, pour des explorations scientifiques. La Nouvelle revue de Lausanne, numéro spécial, 20 décembre 1963 : couverture et extrait.

L’exposition fut organisée en huit secteurs : 1 2 3 4 5 6 7 8

La voie Suisse L'art de vivre Communication et transports Industrie et artisanat Les échanges Terre et la forêt Le port La Suisse vigilante Le sigle de l’exposition dessiné par Armin Hofmann.


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Le secteur 5 Le concours d’architecture

Le cahier des charges du concours lancé pour recruter les différents chefs de secteur et élaboré par Max Bill demande, sur le thème « Mesure du temps », de faire des propositions tant pour l’architecture et les thématiques que pour la scénographie. Florian Vischer architecte né à Bâle en 1919, est l’un des lauréats. Il est nommé architecte en chef du secteur 5 « Les échanges », chargé de sa conception mais aussi de la formation d’une équipe composée d’un ingénieur, d’architectes et de graphistes qui se verront attribuer des sections. Son rôle sera double, il devra à la fois concevoir et coordonner. Placidus Maissen né à Zürich en 1900, avait été nommé dès 1960 administrateur afin d’élaborer les programmes des secteurs thématiques. Il devient ensuite le chef du secteur 5. Florian Vischer est le catalyseur de son équipe, il sait être à la fois le guide et le promoteur d’idées avec beaucoup de persévérance. Le but est de concevoir un ensemble plastique, thématique et communicatif à la fois, mais également de parvenir à fédérer des corporations d’exposants ayant des domaines d’activité très différents et souvent difficiles à concilier. Il doit parfois être soutenu par la direction de l’exposition face aux protestations d’exposants qui ne retrouvent pas leur stratégie commerciale habituelle dans les scénographies proposées. L’un de ses premiers contacts est établi avec Markus Kutter et Karl Gerstner qui venaient de créer leur agence de publicité (GK). Il confie à Marcus Kutter la rédaction d’un concept thématique et ce sont eux qui lui suggèrent le graphiste Gérard Ifert pour les concepts scénographiques. Cette collaboration va se concrétiser en 1962 lors d’une visite de Placidus Maissen chez lui à Paris. Il est alors intégré à l’équipe pour les sections « Entreprises suisses dans le monde », « Foires » et « Échanges internationaux ».

Florian Vischer et Placidus Maissen


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Les concepteurs responsables

Dr Paul Maissen

chef du secteur

Heinz Hossdorf

ingénieur du secteur

Florian Vischer

architecte du secteur et architecte des sections Échanges internationaux Foires Entreprises suisses dans le monde (avec la Globovision) Numa Rick graphiste du secteur et graphiste des sections Commerce Expédition, entrepôts, douane Emballage Publicité Martin Burckhardt architecte de la section Banque et monnaie Rolf Gutmann architecte des sections Partie générale Assurance Prévention des accidents et des incendies Organisation de bureau Walter Wurster architecte des sections Commerce Expédition, entrepôts, douane Emballage Publicité Walter Ballmer graphiste des sections Partie générale Banque et monnaie Assurance Prévention des accidents et des incendies Organisation de bureau Gérard Ifert graphiste des sections Échanges internationaux Foires Entreprises suisses dans le monde (avec la Globovision)

Rolf Liebermann Hans Erni Robert Lienhard

compositeur, chef d'orchestre peintre sculpteur


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Le toit

La conception architecturale du bâtiment s’inspire de son contenu thématique et s’impose alors comme une œuvre pionnière dans le domaine de la construction. La symbolique se veut en effet multiple. C’est un abri couvert mais aussi ouvert pour donner un libre accès faisant ainsi allusion aux structures des marchés traditionnels. Cette liberté de circulation offre une vision dégagée sur les objets d’exposition et permet d’évoquer l’interaction des diverses branches d’activité. La couverture est une conception de l’ingénieur Heinz Hossdorf. C’est une structure en polyester armé de fibres de verre de 3 mm d’épaisseur qui atteint pour la première fois une portée de 18 mètres de côté par module. Chaque module – champignon – est composé de pièces moulées et standardisées, en conformité avec les gabarits routiers. L’acheminement des modules se fait depuis l’usine Metallwerk AG à Buchs. Cette matière translucide permet un éclairage par des projecteurs placés au-dessus des modules. La lumière douce et diffuse met en valeur les installations d’exposition. Et de nuit, ce système lumineux donne au pavillon une allure encore plus exceptionnelle.

Maquette d’étude de la toiture en polyester armé de fibre de verre

Comme la fameuse voilure en béton armée de Le Corbusier à l’exposition nationale de 1939 à Zurich cette construction à fait la Une des journaux et la couverture de l’ouvrage sur les constructions de l’Expo 64.


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L’alphabet, élément d’unité

Le secteur 5, sous l’impulsion de Walter Ballmer, a souhaité se doter d’un caractère typographique identitaire spécifique. C’est la graphiste Gret Mengelt-Mergenthaler qui est chargée de dessiner spécialement le caractère «Texpo ». L’alphabet existe en capitales uniquement et a été conçu pour une utilisation au pochoir sur les matériaux divers des pavillons du secteur.

Rudi Meyer et Georg Staehelin lors des essais de couleurs sur le chantier.


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Deux sections du secteur 5 : Échanges internationaux Entreprises suisses dans le monde Les travaux de l’équipe Florian Vischer - Gérard Ifert

«Les Invisibles » deviennent visibles – Le marché devient audible Le journaliste Hans Fehr couvre l’inauguration officielle du secteur et publie son article dans le journal « Basler Nachrichten » des 23 et 24 mai 1964. Il met en avant dans le titre la présentation de la balance des paiements – « les invisibles » –, et « l’orchestre des machines » de Rolf Liebermann.


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Chiffres et statistiques

Le développement du contenu thématique prend de l’ampleur et les équipes sont bientôt confrontées à une réalité dangereuse. La quantité de statistiques et de chiffres approche de la saturation et le secteur menace d’être le plus ennuyeux de tous. Pour l’éviter, la solution est trouvée dans une autre formulation du message, différente des représentations traditionnelles de graphes, courbes ou histogrammes. Les chiffres sont alors montrés comme des objets, à travers divers moyens tels que la devinette, l’objet-jouet, l’objet animé, l’image etc.

Balance des paiements « Les invisibles »

Principaux clients

Chaque troisième Franc…

Volume commercial

Entreprises et implantations dans le monde

Employés

Investissements


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Les « invisibles »

Les graphistes chargés de cette section, doivent appliquer ce principe du détournement de message pour traiter le thème de la balance des paiements du pays. La balance est en équilibre par des gains « invisibles » (terme employé dans le jargon professionnel). Il s’agit en réalité de rentrées d’argent non enregistrées par les services des douanes : taxes d’atterrissage du trafic aérien international, exportation d’énergie électrique, exploitation de licences et brevets, et bien d’autres. Il faut donc présenter cela au public par des moyens de communication simples et attractifs et rendre visible ce qui ne l’est pas. L’idée est d’appliquer à la lettre le concept invisible-visible en utilisant l’encre sympathique, mais dans sa version moderne, avec l’aide d’un laboratoire de chimie. Cette encre ne laissant aucune trace sur le papier est réactive aux rayons ultraviolets. Les feuilles sont imprimées en quatre langues sur une machine typo ordinaire, non sans difficultés. L’imprimeur doit entourer sa machine d’une tente opaque et l’éclairer avec des lampes UV pour parvenir à voir ce qu’il imprime ! Le visiteur, tout d’abord étonné et intrigué de n’avoir entre les mains qu’une page blanche, pénètre dans un tunnel sombre où il découvre un théâtre d’ombres illustrant les différentes catégories d’« invisibles ». Ces projections animées sont conçues par Kurt Hauert. Le visiteur poursuit son chemin et l’éclairage UV s’intensifie peu à peu. Les chiffres, bien visibles, apparaissent sur les feuilles de papier, les montants des gains « invisibles », en millions de francs, équilibrant la balance des paiements. Et ensuite, au sortir du tunnel, cette magie typographique disparaît totalement. Le but est atteint : non seulement les chiffres sont lus mais parfois relus, car le tunnel est parcouru une seconde fois par curiosité. Quant aux feuilles, elles sont souvent gardées en souvenir !

Visiteurs à l’entrée du tunnel des « invisibles »

Maquette en bois de Hans Scheurer: le tunnel des « invisibles » avec les deux ouvertures « entrée » et « sortie ».

Le texte imprimé, ici représenté en clair. La typographie en gros chiffres a été conçue par Georg Staehelin afin de faciliter la lecture dans l’obscurité.


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Les principaux clients

En conservant ce principe de communication, nous devons présenter les principaux clients de la Suisse en ayant, comme matière à traiter, des éléments chiffrés et des statistiques. Il faut tout d’abord éviter l’évidence : un drapeau par client. Ce seront donc des chapeaux à la place des drapeaux. La mise en scène de ces chapeaux permet un jeu graphique et apporte une certaine légèreté à la thématique.

République fédérale d’Allemagne, USA, Italie, France

Les visiteurs sont intrigués, incités au jeu de découvrir quel pays derrière quel chapeau. Et sous le chapeau se révèle un chiffre, le montant des achats du pays concerné pendant l’exercice 1962. L’ordre d’importance est également précisé ; l’Allemagne fédérale en premier, puis les États-Unis, l’Italie et la France.

Grande Bretagne, Pays-Bas, Autriche, Belgique-Luxembourg, Suède, Espagne, Japon, Danemark, Canada, Hongkong

Australie, Inde, Argentine, Brésil, Mexique, Norvège, Finlande, Afrique du Sud


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Le troisième Franc

Des chiffres, issus des techniques comptables bancaires, se présentent à nous comme un autre défi. Dans la colonne des gains de la balance des paiements, chaque 3e Franc provient des échanges internationaux. Il s’agit de proposer un accès simple et attractif à cette notion de 3e Franc. Il faut à nouveau aiguiser la curiosité. Finalement nous installons des objets insolites, sortes de prismes complexes, qui ne laissent rien deviner de ce qu’ils cachent. Il faut s’approcher et regarder à travers l’œilleton placé au-dessus pour découvrir le fameux 3e Franc dans un effet kaléidoscopique !

Le volume commercial

Par le biais de quelques calculs mathématiques, les données bancaires, commerciales et autres statistiques peuvent être aussi présentées sous forme de volumes. Cette simple approche va nous permettre d’organiser une nouvelle scénographie. Le volume commercial suisse par rapport à celui du commerce mondial se traduit par une sphère légèrement plus grande qu’une balle de tennis face à une sphère de 2 m de diamètre. De même, en convertissant en volume la superficie de la Suisse, on obtient la taille d’une noix face à cette même sphère. Les sphères transparentes, réalisées en plexiglas sont placées devant un fond photographique représentant la courbure de la terre vue de l’espace – première photo prise par une fusée lancée par la NASA – image encore surprenante en 1962.


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Entreprises suisses dans le monde

Un signal doit, dès l’entrée de cette section, orienter le visiteur et l’informer de son contenu. L’idée d’un élément fédérateur s’impose, c’est un totem portant les sigles des entreprises exposantes. Il est réalisé en tôle peinte, sur le principe du polyèdre. Chaque triangle porte la marque d’une entreprise : Alusuisse Bally Brown Boveri Ciba Elektro-Watt Gardy Geigy Hero Holderbank Landis & Gyr

Nestlé Oursina Roche Sandoz Schindler Sika Suchard Sulzer Wander

Ces entreprises emploient 94 000 personnes en Suisse et 264 000 à l’étranger. Des dépliants de poche étaient à la disposition du public, reprenant les principales données chiffrées, mais sans faire référence aux présentations graphiques et scénographiques. Ils étaient publiés par les services officiels de l’Exposition.


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Les employés

Pour donner une image réelle du nombre d'employés des 20 firmes réunies, la présentation montre la véritable quantité sous forme de figurines de jeu de société. Ces pions sont placés sur des plateaux de verre d’1 m de diamètre, superposés pour former des cylindres. La totalité est répartie en trois cylindres : 94 000 employés pour la Suisse 83 000 employés pour l’Outre-mer 181 000 employés pour l’Europe

Gérard Ifert et Kurt Hauert, professeur de dessin à l’École de Bâle, préparant les pions.


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Les investissements

Ce thème occupe l’espace d’accès au bâtiment circulaire du spectacle audiovisuel Globovision. Il doit donc servir d’introduction en présentant le montant global des investissements des firmes exposantes par habitant, comparé à celui de quatre pays partenaires majeurs. Ce montant considérable montre l’enjeu de la présence suisse dans le monde, ses liens avec ses partenaires internationaux mais aussi les risques. Chacune de ces sommes est représentée en véritables pièces de 1 Franc suisse, en inclusion dans des blocs de plexiglas éclairés. Elles sont comptées en proportion, ce qui met en évidence des différences importantes d’un pays à l’autre.

Essai d’inclusion dans du plexiglas d’une pièce neuve de 1 Franc.


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La Globovision

La section « Entreprises suisses dans le monde » occupe un bâtiment construit sur le lac ainsi que le bâtiment circulaire qui accueille le spectacle audiovisuel Globovision. On y trouve aussi un restaurant avec vue sur le large et la flottille des nations à proximité. Ce spectacle Globovision est réalisé en collaboration avec le service « Son & Lumière » de la société Philips à Paris qui dispose d’un équipement unique. Elle possède déjà une expérience dans le domaine du spectacle audiovisuel par la réalisation de « murs lumière » avec le sculpteur Nicolas Schöffer et par l’emploi des techniques de projections mises au point par le cinéaste Henri Gruel. La demande des exposants – les vingt plus importantes entreprises suisses – est multiple. Il s’agit de mettre en avant le fait que leurs activités commerciales sont plus importantes hors des frontières qu’à l’intérieur du pays (ce qui était peu connu dans les années soixante), mais qu’elles sont aussi confrontées à des obstacles permanents tels que des barrières douanières, des restrictions à l’importation édictées par certains pays ou des frais de transports trop élevés pour être compétitives sur le marché mondial. Mais il est tout aussi important de parler de l’approvisionnement en matières premières qui ne peut être obtenu qu’à l’étranger en quantités suffisantes, des services à la clientèle qui nécessitent obligatoirement la présence de spécialistes sur place et enfin, de la pénurie de maind’œuvre en Suisse qui pousse l’industrie suisse à installer des sites de production en dehors de ses frontières. Le scénario est élaboré par l’écrivain Charles-François Landry, la conception visuelle par Gérard Ifert avec son assistant Rudi Meyer. Le dispositif technique est un prototype. Le bâtiment circulaire de 25 m de diamètre et de 10 m de hauteur peut contenir 300 spectateurs en son centre.

L’ensemble des bâtiments du secteur 5: - à l’arrière, le toit en polyester - sur le lac, les bâtiments situés autour d’une lagune: le bâtiment circulaire de la Globovision et celui qui accueille la section «entreprises suisses dans le monde» ainsi que le restaurant.


19 La section « Entreprises suisses dans le monde » occupe un bâtiment construit sur le lac ainsi que le bâtiment circulaire qui accueille le spectacle audiovisuel Globovision. On y trouve aussi un restaurant avec vue sur le large et la flottille des nations à proximité. Ce spectacle Globovision est réalisé en collaboration avec le service « Son & Lumière » de la société Philips à Paris qui dispose d’un équipement unique. Elle possède déjà une expérience dans le domaine du spectacle audiovisuel par la réalisation de « murs lumière » avec le sculpteur Nicolas Schöffer et par l’emploi des techniques de projections mises au point par le cinéaste Henri Gruel. La demande des exposants – les vingt plus importantes entreprises suisses – est multiple. Il s’agit de mettre en avant le fait que leurs activités commerciales sont plus importantes hors des frontières qu’à l’intérieur du pays (ce qui était peu connu dans les années soixante), mais qu’elles sont aussi confrontées à des obstacles permanents tels que des barrières douanières, des restrictions à l’importation édictées par certains pays ou des frais de transports trop élevés pour être compétitives sur le marché mondial. Mais il est tout aussi important de parler de l’approvisionnement en matières premières qui ne peut être obtenu qu’à l’étranger en quantités suffisantes, des services à la clientèle qui nécessitent obligatoirement la présence de spécialistes sur place et enfin, de la pénurie de maind’œuvre en Suisse qui pousse l’industrie suisse à installer des sites de production en dehors de ses frontières.

Les photos de la partie introductive, évocatrices de la vie avec des germes, pousses, bourgeons et fleurs ont été conçues par Rudi Meyer

Le scénario est élaboré par l’écrivain Charles-François Landry, la conception visuelle par Gérard Ifert avec son assistant Rudi Meyer. Le dispositif technique est un prototype. Le bâtiment circulaire de 25 m de diamètre et de 10 m de hauteur peut contenir 300 spectateurs en son centre.

Format Todd-AO, 70 mm


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La flottille des Nations

Le lac Léman est le fond de scène de l’exposition et participe au spectacle. Il permet de concevoir une scénographie naturelle et évidente, des voiles, marquées aux couleurs des trente pays avec lesquels les entreprises suisses maintiennent les plus importantes relations commerciales. Cette flottille changeante au gré du vent et des vagues, formera un spectacle permanent, toujours renouvelé selon les heures, le temps et la lumière.

Dessin d’une unité flottante : « flottille des Nations », sur une idée de Gérard Ifert, réalisation technique : Heinz Hossdorf, ingénieur.


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Cinquante ans après Trois faits marquants gravés dans la mémoire

Le toit Reconnaissable de loin, ce toit s’inspire d’un marché ouvert avec sa libre circulation. Heinz Hossdorf a marqué les esprits avec cette construction, par l’élégance et mais aussi par l’audace des éléments en polyester translucides employés sur de grandes portées. (page 6) Le toit du secteur 5 de Heinz Hossdorf, ingénieur

La symphonie Quelques mesures de la fameuse « symphonie des échanges » de Rolf Liebermann retentissent encore de temps en temps à la radio ou à la télévision. Cette musique résiste bien alors qu’elle faillit ne jamais voir le jour ! Chaque pavillon devait accueillir dans sa partie centrale un condensé du thème traité par le secteur. Les entreprises exposantes dans le secteur 5 ne présentaient pas d’objets manufacturés, considérés comme banals et non spectaculaires. L’idée originale de Rolf Gutmann a consisté à faire entendre le son de ces outils du quotidien, caisses enregistreuses, téléscripteurs etc., sous une forme musicale. Il choisit Rolf Liebermann, compositeur et chef d’orchestre de renommée mondiale pour écrire cette partition improbable. Ce fut dans un premier temps jugé ridicule, coûteux et rejeté par l’ensemble des exposants. Néanmoins les directeurs de l’exposition sont intervenus et ont défendu avec autorité ce projet musical. La « symphonie des échanges », composition pour 156 machines, était née ! La Globovision C’était un spectacle prototype et expérimental mis en scène par une succession dynamique d’écrans modifiant l’espace. Le spectateur se trouvait au centre d’une arène, entouré de projections passant du symbolique et métaphorique au « mur lumière » du sculpteur Nicolas Schöffer et aux images montrant les enjeux de l’industrie suisse. Les photographies qui avaient été prises pendant ce spectacle de 11 minutes sont un faible témoignage de ce qu’il était vraiment et ne peuvent restituer l’émotion produite par les variations d’espace, le rythme des images projetées, le son, les paroles et les effets de lumière. (pages 18-19)

La couverture du disque 45 tours « Symphonie des Échanges »

La Globovision


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Collection de photos


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64 Table des matières

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Avant-propos Un événement national L’organisation par secteurs Le secteur 5, le concours d’architecture Le secteur 5, les concepteurs responsables Le toit L’alphabet, élément d’unité Secteur 5, les travaux de l’équipe Florian Vischer - Gérard Ifert Chiffres et statistiques Les « invisibles » Les principaux clients Le troisième Franc, le volume commercial Le volume commercial Entreprises suisses dans le monde Les employés Les investissements La Globovision suite La flottille des nations Cinquante ans après…

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Collection de photos L’atelier à la « Alte Gewerbeschule » à Bâle Panneau de chantier et plan général Maquette et plan du secteur 5 Maquettes du toit et aménagements Ambiances du secteur 5, jour et nuit Ambiance du secteur 5, la nuit avec reflet dans le lac L’alphabet Rudi Meyer et Georg Staehelin examinent des échantillons de couleurs Photos du chantier et maquettes en bois de Hans Scheurer suite Feuillet « Les invisibles » imprimé en clair. Florian Vischer avec son père « Les invisibles », architecture du tunnel et visiteurs Les principaux clients, le mur des chapeaux

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Le troisième Franc, prismes kaléidoscopiques Le volume commercial, une vue de la terre (NASA) en fond suite Entreprises suisses, stèle avec les logos Les employés. Cylindres de verre faits de plateaux qui portent des pions Les investissements. Stèles avec des pièces de 1 Franc suite La Globovision, maquette, vue aérienne et plan-masse La Globovision, document Philips et principe de déroulé du spectacle La Globovision, story-board La Globovision, dessin synthétique des écrans et vues du « mur lumière » de Nicolas Schöffer La Globovision, germes, fleurs… diapositives ayant servi pour la partie introductive La Globovision, projections de la partie introductive suite suite La Globovision, produits des entreprises : vitamines, confitures La Globovision, produits des entreprises : turbines, aluminium… La flottille des nations, plan-masse, maquette et vue du ciel La flottille des nations, maquette au 1/20 pour les tests et plan de construction La flottille des nations, vue du rivage suite La Globovision et la flottille des nations, vue générale La flottille des nations, vue du rivage La flottille des nations, vue du rivage suite La flottille des nations, au fond les abords d’Évian Table des matières Crédits


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Gérard Ifert Rudi Meyer H. P. Bänninger Peter Heman Moeschlin+ Baur P. et E. Merkle 24 Heures Yves Debraine



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