Du 7 janvier au 29 AVRIL 2015
17 films importants, pafois maudits ou ignorés en leur temps, dont beaucoup de chefs-d’œuvre, certains portés par une célébrité légendaire... Présentés en numérique dans tout l’éclat de leur jeunesse !
L’HOMME QUI AIMAIT LES FEMMES De François Truffaut. France/1976/1h58. Avec Kris Kristofferson, Isabelle Huppert ...
SEMAINE DU 7 janvier Une multitude de femmes assistent à l’enterrement de Bertrand Morane. L’une d’elles entreprend le récit de la vie du « cavaleur », obsédé par les femmes au point de consacrer sa vie à leur conquête et leur fréquentation. François Truffaut a nourri une véritable passion pour la littérature. Outre le fait que près de la moitié de ses films sont des adaptations littéraires, l’écriture, la lecture, les livres, la correspondance amoureuse occupent une place névralgique dans son oeuvre. C’est l’engouement pour Balzac du jeune Antoine Doinel (Les Quatre Cents Coups, Baisés volés). C’est le livre écrit par le héros de L’Homme qui aimait les femmes. Pour les personnage de Truffaut, l’écrit est un jardin secret qui recoupe souvent des questions d’identité. C’est par l’écriture que l’on commence véritablement à exister. Mais l’écrit c’est surtout dans les films de Truffaut le réceptacle et le porteur de tout ce qui est débordement et dont il faut se délivrer pour pouvoir continuer à vivre ou à aimer.
Truffaut en trois films.
L’HISTOIRE D’ADELE H
De François Truffaut. France/1975/1h49. D’après «Le Journal d’Adèle Hugo» de Frances Vernor Guille. Avec Isabelle Adjani, Bruce Robinson, Sylvia Marriott...
SEMAINE DU 14 janvier Adèle, fille de Victor Hugo, s’installe à Halifax. Elle veut retrouver et épouser le lieutenant anglais dont elle est amoureuse. Mais l’amour n’est pas réciproque. Adèle multiplie harcèlements et mensonges et sombre dans une folie obsessionnelle. « L’Histoire d’Adèle H. est le récit d’un amour unique et solitaire. En racontant cette histoire vraie dont les péripéties sont plus romanesques que bien des fictions, nous avons fait la description d’une idée fixe. Le film s’attache donc à montrer tous les efforts et les ruses déployés par cette jeune fille amoureuse et déterminée. (…) J’avais tourné jusqu’ici des films d’enfants ou des histoires d’amour. Histoires d’amour à deux personnages, quelquefois trois, comme Jules et Jim et Les Deux Anglaises et le continent. Ce qui m’a plu, cette fois, c’est la possibilité de conter une histoire d’amour à un seul personnage, dévoré par une passion à sens unique. Il ne s’agit pas du tout d’une reconstitution historique, bien plutôt d’une aventure intérieure. J’avais l’impression de tenter une expérience passionnante. » François Truffaut
Truffaut en trois films.
L’ENFANT SAUVAGE
de François Truffaut. France/1970/1h30. Avec Jean-Pierre Cargol, François Truffaut, Françoise Seigner.
SEMAINE DU 21 JANVIER Eté 1797, des paysans capturent, dans une forêt de l’Aveyron, un enfant sourd et muet, hirsute et nu, marchant à quatre pattes, et qui se nourrit de glands et de racines. Cet « enfant sauvage » est emmené à Paris, à l’Institut des sourds-muets où il devient un objet de curiosité. Le professeur Pinel, le considérant comme un idiot irrécupérable, veut l’envoyer à l’asile de fous de Bicêtre. Un jeune médecin de l’institut des sourds-muets obtient la garde de l’enfant entreprend de tirer « Victor de l’Aveyron » de sa nuit, de le faire accéder à l’humanité. L’enfance de François Truffaut fut marquée par un sentiment d’abandon et une grande solitude. Pour fuir une réalité dans laquelle il ne trouvait pas de place, c’est par le biais de la fiction que le jeune Truffaut se construisit un refuge. Le cinéma et la littérature, découverts en cachette et aimés avec passion, devinrent ainsi pour lui de véritables raisons de vivre. Les Quatre Cent Coups, L’Argent de poche ou bien encore L’Enfant sauvage révèlent cette part de secret vécue dans l’enfance, à l’écart des adultes mais riche de rencontres et d’émotions clandestines. Ils témoignent aussi du souci constant qui anima Truffaut de donner à voir l’enfance avec ses désirs propres, ses grâces, ses refus et ses fragilités, loin du regard mièvre et attendri que posait sur elle une certaine tendance du cinéma français de l’époque et, bien plus largement, le monde des adultes. Truffaut en trois films.
FRANKENSTEIN
De James Whale. E.U/1931/1h11. Avec Colin Clive, Mae Clarke, John Boles ...
SEMAINE DU 28 JANVIER Le Dr Frankenstein est un scientifique brillant animé par le désir ultime de créer la vie. Aidé de son assistant Fritz, il fabrique une créature à partir de morceaux de cadavres, jusqu’à ce que celle-ci échappe à leur contrôle… Adapté du célèbre roman de Mary Shelley (1818), le mythe de Frankenstein n’a de cesse de nous fasciner. Nous vous proposons ici de le découvrir dans sa version restaurée à travers l’œuvre de James Whale réalisée en 1931. Inspiré du mouvement expressionniste allemand, Frankenstein marqua l’Histoire du cinéma en faisant naître un genre nouveau : l’épouvante. Dans un magnifique noir et blanc tissé d’ombres et de lumières, ce film sonde les entrailles des Hommes pour en révéler la dualité. A une époque où la technique semble offrir tous les possibles, James Whale vient questionner le rapport des Hommes à la science, devenue nouvel objet de croyance populaire. Tel un signal d’alarme adressé au monde, Frankenstein repousse les limites de la vie, de la condition humaine et de son inéluctable mortalité, jusqu’à créer le chaos.
CINÉ RÉTRO
BONJOUR
De Yasujiro Ozu. Japon/1959/1h34 Avec Koji Shidara, Yoshiko Kuga, Keiji Sada
SEMAINE DU 4 FEVRIER Dans une ville de la banlieue de Tokyo, la vie suit tranquillement son cours : les mères de famille s’occupent de leur intérieur tout en jalousant celui des autres, les pères se croisent au café du coin et s’inquiètent de leur retraite à venir, tandis que les fils passent leur temps à regarder la télévision chez un voisin jugé trop excentrique. Un soir, les jeunes Minaru et Isamu pressent leurs parents pour avoir leur propre poste de télévision, en vain : l’aîné se met alors en colère face à l’hypocrisie des adultes et décide de faire une « grève de la parole », aussitôt suivi par son jeune frère… Deuxième film en couleurs de Yasujiro Ozu, à la trame narrative proche de celle de Gosses de Tokyo (1932), Bonjour prolonge les réflexions chères au cinéaste – les conflits de générations, l’occidentalisation progressive du Japon, notamment à travers l’essor de la société de consommation – grâce à une mise en scène magnifiquement épurée. Ozu s’amuse ici à décortiquer le quotidien d’un quartier de banlieue, avec son lot de commérages et de malêtre inavoué, pour finalement aller à rebours du discours dénoncé par les enfants : loin d’être anodins, les paroles et les gestes de tous les jours sont essentiels pour la communication. Ozu parsème son oeuvre de personnages théâtraux et de situations cocasses, parfois à la limite du burlesque. Bonjour est l’un des films les plus joyeux du cinéaste, atteignant l’équilibre parfait entre minimalisme, humour et observation minutieuse du quotidien. Ozu en trois films.
SEULS SONT LES INDOMPTES De David Miller. E.U/1962/1h47 Avec Kirk Douglas, Gena Rowlands, Walter Matthau
SEMAINE DU 11 FEVRIER Au début des années 60 au Nouveau Mexique, Jack Burns, un cow-boy romantique vit en marge de son temps. Mal à l’aise dans l’Amérique du progrès, il refuse la technologie moderne. Il a pour seule compagnie sa jument, baptisée Whisky. Jadis amoureux de la belle Jerry, il n’a cependant jamais voulu lui sacrifier sa liberté. De passage dans la ville où ils se sont rencontrés, le cow-boy décide de lui rendre visite. Il apprend alors que Jerry a épousé Paul Bondi, un ami d’enfance, et que ce dernier est en prison. Jack veut à tout prix l’aider à s’évader mais une bagarre éclate et il rejoint Paul dans sa cellule. Avec audace, le cow-boy parvient néanmoins à s’enfuir peu après et se dirige sans tarder vers la frontière mexicaine où il va être pouchassé par le shérif Bondi et ses hommes en hélicoptère...
Précédé d’un avant-programme de présentation du film par Jean-Jacques Bernard, journaliste et critique de cinéma (en partenariat avec l’AFCAE)
CINÉ RÉTRO
FLEURS D’EQUINOXE
D’Yasujiro Ozu. Japon/1958/1h55 Avec Avec Teiji Takahashi, Fujiko Yamamoto, Fumio Watanabe
SEMAINE DU 18 FEVRIER Wataru Hirayama prend très mal l’affront que lui fait sa fille Setsuko en refusant le mariage qu’il a arrangé pour elle. Il finit néanmoins par accepter le mariage d’amour que fait sa fille avec le jeune Masahiko Taniguchi et, sous la pression de vieux amis, va rendre visite aux nouveaux époux. Premier film en couleurs de Yasujiro Ozu, Fleurs d’équinoxe brosse un émouvant portrait de père de famille tiraillé entre conservatisme et progressisme. Le réalisateur du Goût du saké renoue avec les thèmes qui lui sont chers – la famille et la question de la filiation, l’abandon des traditions – en se plaçant ici du point de vue des parents. Le personnage d’Hirayama observe avec nostalgie la transformation de son quotidien, sans qu’il n’ait d’autre choix que d’évoluer lui aussi. Fidèle à sa mise en scène minimaliste, le cinéaste nippon opte cette fois-ci pour un ton plus léger, humoristique par endroits, loin des mélodrames qui ont pu faire sa renommée (Il était un père, Crépuscule à Tokyo). Fleurs d’équinoxe prouve une nouvelle fois le génie du maître japonais, annonçant ses chefs-d’oeuvre en couleurs à venir ! Ozu en trois films.
FIN D’AUTOMNE D’Yasujiro Ozu. Japon/1960/2h08 Avec Setsuko Hara, Yoko Tsukasa, Chishu Ryu
SEMAINE DU 25 FEVRIER Trois vieux amis, se réunissent lors d’une cérémonie en mémoire à leur ami Miwa, décédé il y a quelques années. Ils y retrouvent Akiko, la veuve du défunt dont ils étaient tous amoureux dans leur jeunesse, et sa fille, la jolie Ayako, en âge de se marier. Mamiya tente d’organiser une rencontre entre celle-ci et l’un de ses employés. Mais Ayako n’est pas pressée de trouver un mari, craignant de laisser sa mère toute seule. Les trois amis aidés de Yukiko, amie et collègue de la jeune fille, vont tenter de la convaincre… Avec ce film datant de 1960, Yasujiro Ozu poursuit son travail sur la couleur et livre une nouvelle étude des moeurs nippones, à la fois délicate et sensible. L’intrigue n’est pas sans rappeler celle de Printemps tardif (1949), l’un des plus gros succès du cinéaste, dans lequel une jeune fille – jouée par l’actrice Setsuko Hara qui interprète ici la mère, Akiko – refuse de se marier pour ne pas abandonner son père veuf. Ozu opte ici pour un ton plus léger, comique par endroits, notamment à travers les personnages des trois compères et celui de la jeune Yukiko, incarnation de la nouvelle génération de Japonaises, modernes et occidentalisées. Avec ce splendide Fin d’automne, Ozu n’en finit pas de prouver ses talents d’humaniste, alliant toujours aussi subtilement tendresse et moquerie bienveillante à l’égard de ses personnages, dans un pays en pleine mutation.
Séance du 3 mars à 18h30, présentée Audio-Visuel du Lycée du Garros.
par les élèves de première de l’option Cinéma et
Ozu en trois films.
VIDEODROME
de David Cronenberg. Canada/ 1984 / 1h27 Avec James Woods, Sonja Smits, Deborah Harry Interdit au moins de 12 ans
SEMAINE DU 4 MARS Le patron d’une petite chaîne érotique sur le câble capte par hasard un mystérieux programmepirate dénommé Vidéodrome, qui met en scène tortures et sévices sexuels. Son visionnage provoque peu à peu des hallucinations et autres altérations physiques. La frontière entre réalité et univers télévisuel devient bien mince, et la folie guette... Videodrome construit, à travers la charge politique virulente qui l’irrigue, un discours contestataire et puissamment subversif. Un grand Cronenberg dont la ressortie sur les écrans souligne, près de trente ans après sa réalisation, la dimension visionnaire et annonciatrice de la décadence télévisuelle contemporaine. (...) En questionnant le rapport entretenu par le téléspectateur avec la violence extrême et la pornographie, Cronenberg met à jour la déréalisation intrinsèque que le petit écran produit sur le public. Les hallucinations de Max font ainsi écho aux déformations du réel induites par une soumission trop forte à la télévision. Du vieux discours qui fait porter la responsabilité de la violence sociale (ou du moins une forme d’anesthésie à la brutalité du réel) à la représentation de celle-ci par les médias télévisuels, Cronenberg tire un film allégorique où l’appétit grandissant pour des mises en scène insoutenables conduit à une profonde métamorphose humaine, au sens propre. - Critikat
CINÉ RÉTRO
CHANTAGE (BLACKMAIL)
de Alfred Hitchcock. Grande-Bretagne/1929/1h30 Avec Anny Ondra, John Longden, Charles Paton
SEMAINE DU 11 MARS Alice White est la fille d’un commerçant londonien. Son petit ami, Frank Weber, est policier. Alice s’ennuie avec Frank et rencontre secrètement un autre homme, Tracy, qui tente de la violer. En se défendant, elle le tue. Quand le corps est découvert, Frank est sur l’affaire et se rend compte qu’Alice a commis le crime. Et quelqu’un essaie de la faire chanter... Chantage était à l’origine un film muet, que le cinéaste commença en tant que tel. Mais le sonore pointait son nez. «C’est pourquoi tout en le tournant dans sa version muette, j’imaginais que Blackmail était un film parlant.» a raconté Hitch à Truffaut. L’avenir lui donna raison, il livrera deux versions, une muette et une parlante. (...) « Hitchcock envisagea Chantage comme un splendide prétexte pour explorer les rapports inextricables de la sexualité et de la violence, territoires qu’il avait déjà fait siens dans The Ring et d’autres films » écrit Patrick McGilligan dans le définitif «Alfred Hitchcock, une vie d’ombres et de lumière» . Hitchcock, avec l’aide méconnue de Michael Powell à l’écriture, s’affirme déjà comme le « maître du suspens » qu’il deviendra pour le XXe siècle. Il nous entraîne dans la logique insidieuse d’une construction exemplaire, qui joue de nos peurs avec virtuosité et que fondent des rapports équivoques entre des personnages, tour à tour victime ou bourreau. - Festival Lumière de Lyon. Séance du 17 mars à 18h30 présentée par les élèves de première de l’option Cinéma et Audio-
Visuel du Lycée du Garros.
CINÉ RÉTRO
LES AILES
De William A. Wellman. E.U/1927/2H24 Avec Clara Bow, Charles Rogers, Richard Arlen, Gary Cooper. Oscar du Meilleur film en 1929.
SEMAINE DU 18 MARS Jack Powell est un jeune Américain qui ne rêve que d’une chose : s’envoler dans les airs. Sa voisine Mary est follement amoureuse de lui, mais lui préfère la jolie Sylvia… laquelle n’a d’yeux que pour le séduisant David Armstrong. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, les deux garçons décident de s’enrôler dans l’Air Force. De son côté, Mary rejoint la Women’s Motor Corps, espérant retrouver son grand amour parti combattre sur le sol français. D’abord méfiants l’un envers l’autre, Jack et David deviennent bientôt inséparables, unis pour le meilleur comme pour le pire face aux atrocités de la guerre… William A. Wellman signe ici sa réalisation la plus célèbre. C’est parce qu’il avait servi pendant la Première Guerre mondiale comme pilote que le studio de la Paramount fit appel à ses services. Le scénario, plutôt conventionnel, est délaissé au profit de scènes d’action conçues comme de véritables attractions. Pratiquement ignorée au début de la guerre, l’aviation a joué un rôle croissant entre 1915 et 1918. Le film, avec des cascades incroyables, montre un aspect encore jamais vu des combats aériens des as. Le point culminant étant atteint avec la mise en scène de la bataille de Saint-Mihiel (1918) où des milliers de figurants et de chars Renault sont survolés et bombardés par une nuée d’avions. On retrouve dans le film la même thématique antigermanique que celle utilisée par la propagande alliée en temps de guerre. Le succès du film à l’époque tient aussi à la présence de Clara Bow, alors l’une des stars préférées des Américains. Laurent Veray. CINÉ RÉTRO
CHAINES CONJUGALES
De Joseph L. Mankiewicz. E.U / 1949/1h43 Avec Jeanne Crain, Linda Darnell, Ann Sothern
Oscar du Meilleur réalisateur, 1950.
SEMAINE DU 25 MARS Deborah Bishop, Rita Phipps et Laura May Hollingsway partent en croisière laissant leurs maris respectifs. Mais avant de partir, elles reçoivent une lettre d’une de leur amie commune, Addie Ross, dans laquelle elle prévient qu’elle part avec le mari de l’une d’entre elles. Mais lequel ? Modèle de comédie de mœurs. Une construction habile introduit la notion de suspenses dans un domaine où elle est en général absente. Ce suspense n’est pas seulement une habileté dramatique ; il va au cœur des problèmes vécus par les trois héroïnes, victimes d’une insécurité psychologiques permanente et d’une certaine anxiété quant à la solitdité des liens conjugaux. Les cibles principales de cette satire sociale où la verve de Mankiewicz paraît pour la première fois dans toute son acidité et son brillant sont : le snobisme, l’inculture, le rôle prédominant de l’argent dans tous les rouages de la vie sociale et même conjugale. Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma.
CINÉ RÉTRO
ROME VILLE OUVERTE
De Roberto Rossellini. Italie/1945/1h45 Avec Marcello Pagliero, Aldo Fabrizi, Anna Magnani
Grand Prix, Festival de Cannes 1946
SEMAINE DU 1er AVRIL Rome, hiver 1944. Un ingénieur communiste, Giorgio Manfredi, tente d’échapper aux Allemands qui occupent la ville. Il se réfugie chez un ami dont la fiancée, Pina, le met en contact avec le curé de la paroisse Don Pietro. Mais la maîtresse de Manfredi va tous les dénoncer aux Allemands. Ce récit de la résistance quotidienne, dont le tournage est pratiquement contemporains des faits relatés, exprime clairement la nécessité de renouer avec son temps en témoignant du passé proche et en s’emparant du présent. (...) Osant un syncrétisme entre catholicisme et marxisme dans la double figure de résistant du prêtre Don Pietro et du communiste Manfredi, mêlant mélodrame, comédie et détachement documentaire, Rome ville ouverte est une œuvre réparatrice (...). De l’effervescence et de l’urgence politiques qui ont présidé à la création de Rome ville ouverte et qui le colore profondément, se dégage en même temps la part d’universel et d’intemporel qui fait le cinéma de Rossellini. Précise mais sans effet, cadrant directement l’essentiel mais capable de modulations infinies, à la fois sensible et impassible, sa caméra saisit la vie à travers ses phénomènes. Son pouvoir de révélation extirpe du corps de Pina, la femme du peuple, à la fois la fibre de la résistante et l’aura de la pietà. (...) - M-PL, Dictionnaire du cinéma italien - Ses créateurs de 1943 à nos jours CINÉ RÉTRO
LA GRANDE VILLE
de Satyajit Ray. Inde / 1963/2h16 Avec Anil Chatterjee, Madhabi Mukherjee, Jaya Bhaduri
Ours d’argent - Berlin 1964
SEMAINE DU 8 AVRIL Subrata Mazumdar, modeste employé de banque à Calcutta, a du mal à subvenir aux besoins de sa famille. Enfreignant les traditions, sa femme Arati se décide à chercher du travail et devient représentante en porte à porte. Son mari accepte mal cette situation mais suite à un krach, il est licencié et le travail de sa femme devient d’autant plus nécessaire. C’est alors qu’une collègue anglaise d’Arati est victime d’une injustice de leur patron. Par solidarité pour elle mais au risque de perdre son propre emploi, Arati décide de prendre sa défense... « Considéré par Satyajit Ray comme son premier film contemporain, La Grande Ville est le film charnière de son œuvre, le premier entièrement consacré à sa ville (Calcutta), et le premier où il montre le monde du travail à partir d’un personnage de femme également confronté à sa vie de famille. » Charles Tesson
S.Ray en deux films.
CHARULATA
de Satyajit Ray. Inde / 1964/1h57 Avec Madhabi Mukherjee, Soumitra Chatterjee, Dilip Bose
SEMAINE DU 15 AVRIL A Calcutta, en 1880, alors que son mari la délaisse à cause de son implication dans un journal politique, Charulata se réfugie dans les arts. Se rendant compte de la solitude de la jeune femme, son mari invite son cousin Amal à l'aider dans ses aspirations littéraires. Charulata va devoir faire face à l'irruption de nouveaux sentiments face au dit cousin. Dixième long-métrage du maître indien Satyajit Ray, dont la filmographie en compte presque quarante, Charulata est tiré de la nouvelle Le Nid brisé de Rabindranath Tagore. Magnifique portrait de femme, ce sommet de l’œuvre de Ray (qui le considérait lui-même comme son film « avec le moins de défauts ») noue le désir naissant dans un huis clos. Il saisit avec une grâce infinie la subtilité des jeux de Madhabi Mukherjee (Charu) et d’un de ses acteurs fétiches, Soumitra Chatterjee (Amal), tous deux stupéfiants de sensualité. Si leur union n’est jamais véritablement consommée, c’est que le cinéaste lui préfère une étude des corps et des sentiments, qu’il rehausse à l’envi de la poésie transcendante de sa lumière et de la littérature « vivante » qu’il anime sous nos yeux (jeux de la plume sanscrite).
S.Ray en deux films.
PANDORA
d’Albert Lewin. E.U/1951/2h02 Avec James Mason, Ava Gardner, Nigel Patrick
SEMAINE DU 22 AVRIL A Esperanza, un village de la côte espagnole, Pandora, une jeune Américaine, est indifférente aux riches prétendants qui la courtisent. Après avoir finalement accepté d’épouser un coureur automobile, elle rencontre le propriétaire d’un yacht, Hendrick Van der Zee, qui n’est autre que le Hollandais Volant de la légende, condamné à errer sur les mers et à ne redevenir humain que six mois tous les sept ans. Or, sa malédiction ne sera levée que s’il rencontre une femme qui, par amour, acceptera de mourir pour lui… Quatrième film de l’esthète Albert Lewin qui avait réalisé jusque-là une vie de Gauguin inspiré de Somerset Maugham et deux adaptations littéraires, trois films originaux, singuliers, austyle soigné dont l’application va kusqu’à l’académisme. Il se dépasse ici dans une oeuvre plastiquement raffinée ou l’emploi du Technicolor, le sujet, et la présence d’Ava Gardner galvanisent son talent. Une influence discrète mais constante du surréalisme se manifeste dans cet œuvre. (...) Pandora a aussi le mérite d’être le premier des trois films ou Ava garner se révèle, au sens littéral, irremplaçable, comme elle le sera dans La Comtesse au pieds nus et Bhowani Junction. - Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma.
CINÉ RÉTRO
MADEMOISELLE JULIE
De Alf Sjoberg. Suède / 1951 / 1h30 Avec Avec Anita Björk, Ulf Palme, Märta Dorff
Palme d’Or - Festival de Cannes 1951
SEMAINE DU 29 AVRIL En l’absence de son père le Comte, Mademoiselle Julie passe le soir de la Saint-Jean à faire une petite fête en compagnie de ses valets Kristine et Jean. Prise de désir par ce dernier, elle se donne à lui durant la nuit. Mais à l’aube, Mademoiselle Julie est prise de profonds remords qui deviendront tragiques… En 1888, quand Strindberg écrit Mademoiselle Julie, il note que « ce sujet va faire du bruit ». En effet, en Suède, aucun directeur de théâtre ne montera la pièce avant 1906. Au cinéma, la première adaptation paraît en 1912 signée d’August Falck, suivie en 1921 de celle de Félix Basch avec Asta Nielsen et Wilhem Dieterle. En 1947, l’Argentin Mario Soffi ci en fait une version sonorisée. Admirateur passionné du texte de Strindberg, Alf Sjöberg le met en scène au Théâtre Royal de Stockholm en 1949 et le porte à l’écran un an plus tard. Le fi Ici comme dans ses autres films, Alf Sjöberg montre l’attirance d’êtres de classes sociales opposées qui se cherchent, se prennent et se repoussent. Le présent de l’amour brutal et éphémère déclenche en eux la remontée des souvenirs d’enfance dont l’interférence, voire la fusion, exprime leur désarroi existentiel et la complexité de leur désir et de leur peur. L’élégance et l’invention de la mise en scène et de l’utilisation de l’espace donnent au drame de cette comtesse – non pas aux pieds nus, mais aux bottines étincelantes – une grande émotion. La modernité du discontinu narratif justifie que les flash-back de Mademoiselle Julie soient des morceaux d’anthologie du langage cinématographique. CINÉ RÉTRO
Allée des Ar ts - 32000 AUCH 05 62 60 61 11 / www.cine32.com CycleFrançois Truffaut Sem du 7 janvier L'Homme qui aimait les femmes Sem du 14 janvier L'Histoire D'Adèle H Sem du 21 janvier L'Enfant sauvage (Ciné Débat) James Whale Sem du 28 janvier Frankenstein Cycle Ozu 1/3 Sem du 4 février Bonjour David miller Sem du 11 février Seuls sont les indomptés (+ avant programme) Cycle Ozu (suite) Sem du 18 février Fleurs d'equinoxe Sem du 25 février Fin d'automne (Séance présentée) David Cronenberg Sem du 4 mars Videodrome Alfred Hitchcock Sem du 11 mars Chantage (Blackmail) (Séance présentée) William Augustus Wellman Sem du 18 mars Les Ailes Joseph Leo Mankiewicz Sem du 25 mars Chaînes conjugales Roberto Rossellini Sem du 1er avril Rome ville ouverte Satyajit Ray Sem du 8 avril La grande ville Sem du 15 avril Charulata Albert Lewin Sem du 22 avril Pandora Alf Sjöberg Sem du 29 avril Mademoiselle Julie