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N°140
M ars 201 8
RAZZIA Film marocain-français de Nabil Ayouch (2018 - 1h59min - VOSTFR - dcp) avec Maryam Touzani, Arieh Worthalter, Abdelilah Rachid...
« Heureux celui qui peut agir selon ses désirs » (Proverbe berbère). Que savons-nous vraiment du Maroc aujourd’hui ? D’accord, il a obtenu son indépendance en 1956. Et puis 150 000 tonnes de dattes y sont consommées tous les ans. Il y a les cornes de gazelle et le Zaalouk. Sans oublier les dunes de Merzouga et les cascades d’Ouzoud. Et la ville de Casablanca immortalisée par Michael Curtiz, Humphrey Bogart et Ingrid Bergman. La carte postale en somme ! Si vous voulez mieux connaître, voir, saisir le Maroc d’aujourd’hui, courez découvrir Razzia, le nouveau film de Nabil Ayouch (Much Loved, 2015), une œuvre remarquable foisonnante d’histoires, de paysages et de sensations. Vous en sortirez
À PARTIR DU 14 MARS
conquis, avec la satisfaction d’avoir exploré ce pays sublime, dans ses dimensions aussi bien sociales que politiques et culturelles. Tourné à Casablanca, Ouarzazate et dans les montagnes de l’Atlas, Razzia rassemble cinq histoires distinctes, certaines se déroulant au début des années 80 et d’autres dans le Casablanca d’aujourd’hui. Cinq destinées qui se croisent sans se rencontrer vraiment, mais toutes reflètent la même soif de liberté, déchirées qu’elles sont entre le passé et le présent, par la perte de repères et les troubles identitaires. Tous les personnages ont pour lien un professeur ayant enseigné dans une petite école d’un village berbère de l’Atlas en 1982. Film puzzle captivant et acte « politique »
Méliès sT-FraNçois
8, rue de la Valse - st-étienne
très fort, Razzia tisse sa toile avec une grande intensité, Nabil Ayouch excellant notamment à faire émerger l’émotion à travers la simple observation d’un visage ou d’une situation (cf. photo de couverture). Et son regard à la fois affectueux et acéré sur le Maroc contemporain et sur le tumulte de Casablanca est autant un appel à l’éveil positif, à la persévérance et à la renaissance qu’une sirène d’alarme déclenchée par les périls nés de failles et de contradictions allant s’accentuant dans la société marocaine. Razzia remet les choses à leur place et nous rappelle ainsi l’essentiel : nous sommes capables du pire, mais surtout du meilleur. « I want to break free » (Freddy Mercury).
Méliès JeaN Jaurès 10, place Jean Jaurès - www.lemelies.com