Gazette Méliès #94 - Mai 2014

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7 mai > 3 juin

N°094

mai 2014

sélection officielle

compétition festival de cannes

deux jours, une nuit Film franco-belge de Jean-Pierre et Luc Dardenne (2014 - 1h35min - dcp) avec Marion Cotillard, Fabrizio Rongione, Olivier Gourmet...

Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail. On croit tout savoir du cinéma des frères Dardenne. Leur manière de commencer leurs films cash au milieu d’une scène, de déployer un récit au suspense crescendo, de ne pas faire incarner un personnage mais de simplement être celui-ci, de parler de ce qui nous touche et nous concerne dans notre quotidien et notre intimité pour enfin livrer 1h30 d’une histoire indispensable et émouvante. Du coup, devant cette évidence, on leur donne des Palmes d’Or. Dans Deux jours, une nuit c’est kif kif : le film est très clairement au-dessus de tout ce qu’on a

vu cette année au cinéma. Pas la peine de dérouler le tapis rouge, d’aller faire les zozos sur la Croisette, c’est plié les frangins ont gagné. Sandra a 48 heures pour convaincre 14 collègues. Elle va les voir les uns après les autres en leur répétant inlassablement la même phrase neutre, sans aucune forme de misérabilisme. Une phrase qui met chacun face à un miroir qui est bien sûr aussi le nôtre. Miroir qui tout d’abord jugera de notre courage de dire non ou oui. Juste le dire dans les yeux, pas dans l’interphone. Miroir de notre notion du collectif : continuer à être ce groupe de travail c’est-à-dire considérer que chaque personne qui travaille avec moi est mon égal et mérite autant de rester

à partir du 21 mai que moi. Miroir de nos solidarités face à ce monde qui nous abaisse. Miroir enfin de nos valeurs humaines en perdition et de notre capacité à résister. Le film est hautement politique et dit une évidence : la chose politique est désormais entre nos mains. Dans notre petit quotidien et notre attention portée à l’autre (souvent celui juste à côté de nous) et dans notre dignité à garder quelques valeurs. Dans son chemin de croix, Sandra, déjà fragile, se shoote au Xanax pour encaisser les refus des uns mais surtout pour supporter la violence de la générosité des autres. Une prime de 1 000€ qu’on refuse pour voir sa collègue rester, rien de plus (sur)naturel. (Danke Stephane Libs !)

Horaires des films en pages centrales


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