DISCOURS Colloque « Récifs coralliens et changement climatique » Mardi 1er décembre 2015 – Salle Victor Hugo
Mesdames et Monsieur les ministres, Mesdames et Messieurs les parlementaires, Monsieur le représentant de l’Ambassadeur du Japon, Monsieur le préfet, Mesdames et Messieurs, Chers amis, Le 24 avril dernier devant les membres du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, j’avais annoncé la tenue de ce colloque sur les récifs coralliens et le changement climatique que m’avait alors proposé le député Philippe Gomes. Ce colloque, nous le tenons dans le contexte de la COP21 et à l’occasion du 15ème anniversaire de l’Initiative française pour la protection et la gestion durable des récifs coralliens et de leurs écosystèmes dans les collectivités françaises d'outre-mer. Au-delà des épreuves que Paris, Saint-Denis, et derrière ces deux villes, toute la France a vécues le 13 novembre dernier, j’ai souhaité, comme la maire de Paris l’a fait avec le sommet des élus locaux, que nous maintenions ce colloque dans le contexte de la conférence climat. Nous avons plus que jamais le devoir de porter l’espoir, l’espoir de réponses à toutes les crises, qu’elles soient économique, sociale comme environnementale.
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Nous avons plus que jamais le devoir d’accompagner notre jeunesse pour qu’elle relève les défis auxquels notre monde est confronté. L’enjeu écologique n’est pas devenu aujourd’hui un enjeu secondaire quand on sait que des dizaines, des centaines de millions de personnes seront victimes des conséquences du changement climatique. L’enjeu écologique est l’affaire de tous. Voilà deux ans que j’ai souhaité que ce débat essentiel soit présent, ici-même à l’Assemblée nationale, dans le cadre des Mardis de l’Avenir, dont le cycle vient de s’achever, le 3 novembre dernier. Nous avons souhaité montrer tout au long de ces riches et libres échanges que l’écologie n’est pas un domaine à part et qu’elle doit irriguer l’ensemble de nos politiques publiques. Les engagements pris au cours de la COP 21 reflèteront la prise de conscience de tous face au changement de comportement individuel et collectif indispensable pour préserver la planète et l’espèce humaine. *** Ce premier mardi du mois de décembre est une passerelle entre les Mardis de l’Avenir et les journées organisées à partir de demain jusqu’au 6 décembre dans le cadre de la COP 21 par la Plateforme Océan-Climat. Alors que nous débutons cette grande conférence internationale sur le climat, je veux redire le lien étroit qui existe entre l’océan et le climat. Nos océans sont des puits de carbone naturels qui permettent d’absorber une grande partie des émissions de CO2 provenant des activités humaines. Mais la dégradation des écosystèmes sous-marins diminue ces capacités d’absorption. Préserver les écosystèmes subaquatiques aide donc à réguler le climat ! 2
L'océan est notre avenir ! Les Outre-mer, qui permettent à la France d’être présente dans les cinq océans de la planète et d’avoir le deuxième domaine maritime mondial derrière les Etats-Unis, doivent nous faire changer notre regard sur la mer. C’est bien grâce à l’outre-mer, qui renferme 95% de la biodiversité marine française et 10% des récifs coralliens et lagons de la planète, que nous pouvons réfléchir ensemble aujourd’hui sur les récifs coralliens. Ils n’existent pas en métropole ou bien sous forme fossiles, reflet d’une période d’un tout autre climat. Si pour beaucoup d’entre nous, les récifs coralliens évoquent d’abord la douceur des tropiques, ils sont aussi au cœur de la tourmente climatique. Ce n’est pas une vue de l’esprit. Tous les ultra-marins peuvent déjà en témoigner. Le sujet des récifs coralliens et du changement climatique concerne près de 850 millions de personnes dans le monde dont les dix collectivités d'outre-mer sur les douze que compte notre pays. Depuis 15 ans, la France s’est engagée en faveur d’une gestion durable des récifs coralliens et des écosystèmes associés en créant l’Initiative française pour les récifs coralliens, l’IFRECOR. Marc Vizy, conseiller pour l’outre-mer du Président de la République, qui nous fait l’amitié d’être parmi nous, rappellera l’origine de cette belle initiative d’intelligence et de collégialité. ***
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J’ai accueilli avec enthousiasme la proposition de Philippe GOMES, car il est de notre rôle de parlementaire de permettre les échanges entre les scientifiques et nos concitoyens. L’effort de recherche français sur cet écosystème typiquement tropical a, depuis la seconde moitié du 20eme siècle, été toujours vigoureux, soutenu ou stimulé1. La France a ainsi occupé une place de premier rang dans les instances ou manifestations internationales liées aux récifs coralliens. Mais il semble que la communauté française récifale, et nos jeunes scientifiques en particulier, soient un peu en retrait dans un monde essentiellement anglo-saxon alors qu’ils n’ont pas à rougir de leurs travaux. Je souhaiterais donc encourager la recherche française en proposant la création d’une médaille Lamarck, qui serait attribuée par l’Académie des sciences. Cette distinction permettrait de récompenser tous les quatre ans les travaux d’un chercheur français de moins de 40 ans sur les récifs coralliens. J’invite mes collègues d’outre-mer à se saisir de cette proposition pour qu’elle se concrétise et à se rapprocher de Michel Pichon, dont je regrette que ses obligations ne lui aient pas permis de venir d’Australie et de Pascale Joannot qui sont à l’origine de cette initiative, soutenue par le Professeur Taquet alors qu’il était président de l’Académie des Sciences. Cette médaille apporterait une reconnaissance officielle à la qualité des recherches dans ce domaine réalisées par des chercheurs français. Mais pourquoi Lamarck? 1
soit pour des raisons de politique nationale (Centre d’Expérimentation Nucléaires du Pacifique) soit dans le cadre de programmes de recherche nationaux (Programme National Récifs Coralliens).
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Jean Baptiste Pierre Antoine de Monet, Chevalier de Lamarck (1744-1829) fut membre de l’Académie des Sciences et contribua à la transformation du «Jardin du Roi» en «Muséum d’Histoire Naturelle». Il fut l’un des tout premiers à utiliser le terme «Biologie» et à avoir proposé une théorie de l’évolution des êtres vivants. Il fut également le premier à proposer une classification des coraux, ces organismes incroyables qui sont le sujet de notre colloque. La mer renferme d’incroyables richesses en termes d’énergies marines, de molécules ayant des applications majeures en pharmaceutique par exemple…Il nous faut améliorer nos connaissances. Mieux connaître pour mieux protéger. *** Préserver la biodiversité et lutter contre le changement climatique vont de pair. Les négociations qui se déroulent depuis hier au Bourget concernent donc aussi la préservation de la biodiversité. Je l’ai souvent dit lors des Mardis de l’Avenir : cassons le travail en silo, créons les ponts entre les disciplines, adoptons une approche holistique aux enjeux du XXIe siècle. Ce n’est que de cette manière que les sujets complexes de l’écologie seront traités de manière efficace. Enfin, je me réjouis qu’à travers ce colloque nous continuons à donner une place importante aux Outre-mer dans le débat. Car s’ils hébergent l’essentiel de notre biodiversité et s’ils présentent des potentialités formidables pour le développement des énergies renouvelables, les territoires ultramarins affrontent en commun une dépendance à l’énergie fossile importée très forte et une production électrique très intensive en émissions 5
carbone, beaucoup plus qu’en métropole, une biodiversité en danger et des impacts du changement climatique plus rapides et plus forts qu'en métropole. Quand on met en face les richesses et les atouts des territoires d'outre-mer et la réalité des défis économiques, environnementaux et sociaux, nous saisissons que ces derniers doivent être à l’avant-garde de la transition écologique en France et en Europe. La COP21 est une négociation internationale, mais la transition écologique et énergétique se réalise concrètement, sur le terrain, dans tous les territoires mais aussi, à l’image du sujet d’aujourd’hui, dans les océans. Je laisse maintenant toute sa place aux débats. Je souhaite un plein succès à l’IFRECOR, dans toutes ses initiatives, pour les 15 prochaines années, et les suivantes. Puissent les récifs coralliens continuer non seulement à enchanter notre regard comme celui des générations futures mais ainsi témoigner de la bonne santé de la planète que nous avons reçue en héritage. Je donne la parole à Amandine Bégot, que je remercie une fois de plus de sa participation et vous remercie tous de votre présence.
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