14 septembre 2015 - Allocution Rome

Intervention du Président de l’Assemblée nationale M. Claude Bartolone Conférence de Rome 14 septembre 2015 Madame la Présidente, Messieurs les Présidents, Chers Amis, Lorsque tu m’as proposé, Cher Laura, de réunir les Présidents des Parlements des Etats membres fondateurs de l’Union, nos institutions peinaient à surmonter la crise de la dette grecque. Nous nous sommes divisés, mais avons surmonté cette épreuve. Puisse l’accord trouvé apporter une solution durable !

Aujourd’hui, c’est une autre crise qui secoue l’Europe: celle des réfugiés et, en filigrane, la difficulté que nous éprouvons à peser sur les conflits qui déchirent notre voisinage. Là encore, cette crise agit comme un électrochoc et laisse entrevoir la possibilité de renforcer encore l’Union.

Mais chacun de ces atermoiement laisse d’importantes séquelles. En même temps qu’ils fragilisent la confiance de nos partenaires extérieurs, ils découragent aussi les plus euro-sceptiques d’entre nos concitoyens. Dans ce contexte, notre réunion est particulièrement bienvenue.

Nous ne sommes pas seulement réunis pour rendre hommage aux Pères fondateurs. Nous voulons rappeler l’esprit qui a été le leur, car il est d’actualité.

Que nous disaient-ils ? Ils nous disaient que l’Europe ne se ferait pas dans une construction d’ensemble ; qu’elle avancerait pas à pas, par des réalisations 1! /3

concrètes ; qu’elle créerait ainsi des solidarités de fait, susceptibles d’être réajustées ou approfondies. Ils nous prévenaient que notre communauté ne survivrait qu’en restant fidèle à cet esprit de solidarité. Il faut aujourd’hui réajuster et approfondir l’Europe et réanimer l’esprit de solidarité.

La solidarité, c’est la conviction de notre interdépendance, conjuguée à la volonté de nous doter d’instruments solides, pour en tirer le meilleur, individuellement et collectivement.

La solidarité, c’est donc aussi le respect de certaines règles ; mais des règles établies en conscience des difficultés de chacun, et des contraintes du moment.

Car l’interdépendance implique que l’effondrement de l’un puisse conduire à celui de tous.

Mes Chers collègues, notre réunion est également bienvenue parce qu’il y a urgence.

Nous sommes la génération du rêve européen, encore imprégnée des succès de l’Europe. C'est en revanche dans le crise qu'émergent les nouvelles générations ; une jeunesse qui voit parfois dans l'Europe un monstre froid, lointain, technocratique, et qui ne peut se voir offrir comme seul horizon le chômage.

Alors que les sirènes du nationalisme résonnent de nouveau, nous ne sommes pas à l’abri d’un processus de déconstruction.

A ceux qui veulent convaincre que la prospérité et le bien-être ne s’épanouissent qu’au sein de frontières rigides, nous devons opposer un discours de vérité.

Quand bien même les modèles et les frontières du passé auraient eu quelque bienfait, ils ne protègent plus des nouvelles menaces, ne permettent pas de profiter des nouvelles opportunités.

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Pour leur répondre avec force, nous devons être attentifs à ce qui fait leur audience. Pour préserver l’Europe, il faut en améliorer le fonctionnement et en démocratiser les pratiques.

Comme nous l’écrivons dans la déclaration commune que nous signerons tout à l’heure, le transfert – incontournable – de nouvelles prérogatives à l’UE doit s’accompagner d’un renforcement des Parlements nationaux dans la prise de décision communautaire. Ces deux exigences ne sont pas antinomiques, au contraire : elles rééquilibrent les pouvoirs européens, et rendent l’Union plus acceptable.

Madame la Présidente, Messieurs les Présidents, En tant que citoyens des pays fondateurs, en tant que Présidents de Parlements nationaux, nous avons la légitimité pour rappeler à l’Europe son devoir de solidarité et de démocratie, et l’encourager, à cet effet, à retrouver l’imagination et la créativité des Pères fondateurs.

Je vous remercie.

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