Journées parlementaires RRDP

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Chers amis, Merci pour votre accueil. Un changement est intervenu depuis le 6 mai 2012. Un changement pourtant passé inaperçu. Un changement, une rupture, presque. Ce changement, cette rupture, c’est le retour du parlement. Après 5 ans d’une pratique du pouvoir autocentrée, autocratique, autosatisfaite, ne laissant aucune place au pouvoir législatif, le parlement est de retour. Le parlement débat. Le parlement agit. Et ce, en dépit d’institutions qui l’entravent. Et c’est par-là que je souhaite débuter mon propos : les institutions de la 5e République et le rapport « d’amour vache » que nous entretenons avec elles. Chers amis, nous ne venons pas de nulle part. Nous sommes les fils et filles, les neveux et les nièces du coup d’Etat permanent, où François Mitterrand dénonçait les risques de dérives autoritaires contenus dans les institutions de la 5e, et singulièrement le peu de cas qu’elles font du parlement. Nous sommes les enfants d’une culture politique qui s’est toujours trouvée du côté du parlement. Parce que le parlement, c’est le lieu du débat politique. Le parlement, c’est le refus de la personnification du pouvoir, au bénéfice des idées et de l’énergie collective. Le parlement, c’est le théâtre de l’action publique, la fiction en moins. Oui, mes amis, la culture parlementaire, elle fait partie de l’ADN de la gauche, et ce serait une faute de notre part de ne pas mettre à profit cette législature pour la réhabiliter. Nous ne venons pas de nulle part, disais-je. Il y a selon moi trois temps qui ont façonné notre 5e République telle que nous la connaissons aujourd’hui. Premier temps, la genèse. La France sortait des 3e et 4e Républiques lessivée par Page 1 sur 8


l’instabilité gouvernementale. Il fallait pour De Gaulle à la fois stabiliser le régime et régler la question de la décolonisation. De Gaulle a alors demandé une chose très simple à Debré : « Préparez-moi des institutions dans lesquelles le parlement nous foutra une paix royale ! » Et le fait est que tout a été fait en ce sens. Deuxième temps, le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral. L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on parfois. En voilà une illustration grandeur nature. Naïvement, nous nous sommes faits, par volonté de « moderniser » la vie politique, encore plus Gaulliens que De gaulle ! Comme quoi, il faut toujours se méfier des fausses bonnes idées qui prétendent moderniser la vie politique… Bref, nous avons subordonné la majorité parlementaire au sacre du président de la République. Au final, pourquoi ne pas le dire, la 5e République est aujourd’hui un régime boiteux, dans lequel le véritable pouvoir se trouve dans les mains d’un président de la République qui n’est pas responsable devant le parlement. Alors, que faire ? J’en viens justement au troisième temps. Le troisième temps, mes amis, c’est maintenant ! C’est depuis un an. C’est les quatre qui viennent. C’est ce que nous ferons ou non de ces institutions. La solution de facilité serait de proposer un big bang constitutionnel. Je ne le ferai pas. La droite, par principe, ne participera jamais à nos côtés à une majorité des 3/5e, et je ne crois pas que l’organisation d’un grand référendum sur les institutions passionne les Français, au moment où ils attendent du concret sur l’emploi, le pouvoir d’achat, la santé et l’école. Je crois en une autre voie : notre pratique des institutions. Pratiquons la 5e République autrement et ancrons la République parlementaire dans les faits. Commençons par le Page 2 sur 8


commencement. D’abord, dans une République parlementaire, le parlement doit parler. Je propose de lever, d’un côté, les timidités et, de l’autre, les susceptibilités. Je le dis aux parlementaires : non, quand on est un élu du Peuple, parler ce n’est pas être un renégat vis-à-vis de l’Exécutif ! Je le dis à l’Exécutif : non, lorsqu’un parlementaire parle, ce n’est pas pour vous enquiquiner ! Il faut en finir avec ce mot couac lorsqu’un député prend la parole. L’Assemblée nationale, ce n’est pas une association de pom-pom girls. La solidarité majoritaire, ce n’est pas le silence. Moi, je me suis fait la promesse, un dimanche soir, que je ne me tairais plus jamais. C’était un certain 21 avril, vers 20h. Une bonne parole vaut toujours mieux qu’un mauvais silence. Ensuite, dans une République parlementaire, le parlement doit être respecté. Ces derniers mois, nous en avons entendues des vertes et des pas mûres au sujet des élus. Nul besoin de paniquer, mais nul besoin non plus de minorer. L’antiparlementarisme, c’est aussi vieux que le parlement. Pour ses promoteurs, il n’y aura jamais de fin. Un bon parlementaire est un parlementaire humilié, et un bon parlement un parlement diminué. Lorsque l’un d’entre nous a fauté, il faut qu’il soit durement châtié. Pour l’exemple. Parce qu’il souille l’image de tous. Mais on n’a pas à jeter le bébé avec l’eau du bain. Alors, ne cédons jamais à la facilité. La facilité, c’est le tous pourris. La facilité, c’est de jeter les élus du Peuple en pâture à une opinion publique que la crise pousse à rechercher un bouc émissaire. La facilité, c’est de hurler avec les loups. Laissons cette facilité-là aux démagogues, aux populistes, aux droites. Page 3 sur 7


A la parole facile, je préfère la réforme tranquille. Depuis un an, l’Assemblée nationale s’est réformée comme jamais auparavant. Ce travail se poursuivra. Dans une République parlementaire, le parlement doit rassembler. Je ne parle pas de rassemblement entre la gauche et la droite, évidemment. Nous n’avons rien à attendre de ces gens-là qui, faute de leadership, de propositions et de stratégie, s’enfoncent dans le plus Lepéniste que moi tu meurs. Non, je parle du rassemblement de la gauche. C’est la condition pour réussir et pour durer. Je le dis fermement, être incompatible avec nos partenaires de gauche, c’est être incompatible avec l’exercice des responsabilités. C’est un aller simple pour l’échec et pour la défaite. Et les Français n’ont pas le luxe de voir revenir la droite au pouvoir. Enfin, et j’en termine, dans une démocratie parlementaire, le parlement doit peser. Peser dans le débat politique, peser dans le vote de la loi, peser dans le contrôle du gouvernement, peser dans l’évaluation des politiques publiques. Le parlement devra être garant des quatre points cardinaux qui doivent être ceux de ce quinquennat : L’emploi : la réussite du quinquennat est indexée sur la courbe du chômage. Tout doit être entrepris en ce sens. J’ai demandé un coup d’accélérateur sur les politiques actives. La reconstruction de l’appareil productif : la France n’est pas condamnée à devenir le musée des émergeants. Notre obsession doit être la reconstitution des marges de nos entreprises pour investir et embaucher.

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La jeunesse : en France, on n’a pas de pétrole, mais on a des enfants ! L’Europe vieillit et nous, nous rajeunissons. C’est notre atout maître pour les années qui viennent. A condition d’être au rendez-vous de la société éducative. L’ordre républicain : c’est-à-dire à la fois la sécurité (parce que c’est la liberté des humbles) et la laïcité (parce que c’est l’égalité de « ceux qui croyaient au ciel et de ceux qui n’y croyaient pas »). Voilà, chers Amis, les quelques idées que je souhaitais partager avec vous. D’abord, ma conviction que la démocratie parlementaire, ça ne s’use que si on ne s’en sert pas. Ensuite, ma volonté que l’on se donne tous les moyens pour entretenir ce rassemblement exigeant de la gauche, des écologistes, des radicaux, des républicains et des citoyens. Enfin, ma détermination à ce que le parlement ait son mot à dire sur les grands sujets de la rentrée qui, à coup sûr, donneront le ton de l’année entière. Je vous remercie.

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