ec(h)o

Page 1

ec(h)o environnement | conscience | humanité | ouverture

L’exposition Mise au point p. 14 Copenhague, quand le changement fait peur p.8

Département de Communication du Cégep André-Laurendeau JANVIER 2010

9

echo | janvier 2010

Ère nouvelle en matière d’automobiles p.10


ec(h)o environnement | conscience | humanité | ouverture DE L’ECHO À L’ACTION Une pensée, un murmure, une parole, un écho qui grandit, qui s’élève, qui veut se faire entendre, qui veut rejoindre l’horizon pour toucher l’oreille d’un récepteur lointain. Un écho qui s’infiltre dans tout l’espace, dans tout espace. Un écho sincère d’un groupe d’étudiants motivés, de jeunes impliqués et conscientisés. L’environnement a fait résonner leur plume, a fait vibrer leur clavier et a coloré les pages d’un magazine qui leur est propre. Issu d’une démarche pédagogique, Éc(h)o veut faire retentir les prises de position des étudiants de l’option Journalisme du Cégep André-Laurendeau face à un sujet présent dans l’actualité locale et globale pour longtemps encore. Et longtemps encore je leur souhaite de demeurer alertes, critiques et engagés dans leur communauté. Réfléchir et prendre position est déjà un acte important : l’action y prend son essor. Je vous souhaite de profiter de cette lecture pour découvrir les préoccupations des étudiants et de donner réponse à cet écho par votre propre prise de parole. Sonia Blouin Enseignante au Département de Communication Cégep André-Laurendeau Photo de couverture par Daniel Zoellner

ÉDITRICE Sonia Blouin COMITÉ RÉDACTIONNEL Samuel Bérubé David Bigonnesse Vincent Brunet Raphaëlle Mercier Guillaume Morin Alain Lessard Maude Prévost Myriam Tougas-Dumesnil Laurie Van Hoorne Ariane Vincent Andrea Zoellner DIRECTION ARTISTIQUE Andrea Zoellner CARICATURE Cassandre Allard 2

echo | janvier 2010


Ariane Vincent

Du gaspillage, vous dites? Et comment! C’est sans compter que toute cette eau, après avoir servi, est salie et doit être conservée dans des bassins qui ne cessent de s’étendre, jour après jour.

En général, le Canada a toujours eu bonne réputation auprès des pays étrangers. Peut-être vous êtes-vous déjà fait dire, lors d’un voyage outre-mer, comme vous étiez chanceux d’y vivre. Les gens s’exclament : « Ah, le Canada, quel pays formidable! » C’est à peine si on ne vous félicite pas d’être Canadien! Et le pays a toujours été en bons termes avec les autres contrées.

La production de pétrole en Alberta rapporte beaucoup. Ce n’est donc pas étonnant qu’Harper n’agisse pas pour améliorer la situation. Mais j’ai l’impression que nous avons atteint une ère où la soif de profit doit laisser place à la conscience environnementale. Une attitude de « jem’en-foutisme », de nos jours, est déplacée. Il est temps pour le premier ministre qu’il se réveille et qu’il mette le nez dehors. Il verrait que la planète est en danger, que le Canada n’est pas à l’abri, et que lui non plus ne l’est pas. Le bonhomme est tout aussi vulnérable que nous.

ÉVOLUONS, CHERS CANADIENS

Il y a pourtant un aspect de notre nation qui commence à énerver certains chefs d’État : notre tendance, ou plutôt celle de Stephen Harper, à ignorer les problèmes environnementaux. « Le Canada ne respecte pas le protocole de Kyoto », scandent-ils haut et fort en pointant du doigt nos mines de sables bitumineux, situées en Alberta. Quand vient le temps de critiquer notre comportement envers l’environnement, Greenpeace est le premier à manifester. Récemment, l’organisation a rendu public un rapport dans lequel elle accuse l’exploitation des sables bitumineux d’accélérer les changements climatiques. Elle décrit même le Canada comme étant un « délinquant du carbone » sur la scène internationale. L’appellation est peu flatteuse, mais elle reste hautement justifiée. À Fort McMurray, en Alberta, on produit 155 000 barils de pétroles par jour, et il faut entre deux et cinq barils d’eau pour produire un seul de ces milliers de tonneaux.

Quand on constate toutes les conséquences de l’exploitation des sables bitumineux, on se demande : « Mais comment en sommes-nous arrivés là? » Dire qu’il y a à peine quelques siècles, la terre canadienne était entre les mains de peuples amérindiens, chouchoutée au maximum. Proches d’elle, ils la comprenaient. Jamais ils n’auraient commis de tels actes de destruction envers elle. Quand on y réfléchit, un sentiment de malaise s’installe peu à peu dans notre poitrine. On se sent coupable de s’être laissé emporter par des valeurs matérialistes, par la soif du gain monétaire. Nos sables bitumineux et notre inaction face aux graves conséquences qu’ils engendrent ternissent notre réputation ailleurs dans le monde. Il est grandement temps d’agir et de trouver des solutions pour réduire les effets néfastes, afin de pouvoir continuer la production de pétrole, qui est une ressource économique essentielle. Il est maintenant trop tard pour être rebelle, le Canada doit se responsabiliser et sortir de sa délinquance.

echo | janvier 2010

3


L’OPIUM VERT Laurie Van Hoorne

Karl Marx a dit un jour que la religion était l’opium du peuple. Dans une société laïque – ou qui en tout cas se targue de l’être – forcément, les gens se tourneront vers une autre drogue. Troquez votre bible pour un guide de pratiques écologiques et priez Greenpeace car si les missionnaires des temps modernes que sont les médias ne vous ont pas déjà convaincu, ils ne sauraient tarder. À l’orée du vingt-et-unième siècle, nombre de quotidiens accordent une place de choix à l’environnement. Dans un cahier du journal La Presse, ce sont la politique verte, le climat et la pollution qui sont en vedette. Depuis les années 1990, la production de documentaires en matière de protection de nos écosystèmes ne fait que croître. Un festival international de films sur l’environnement est même né en 1999 au Brésil. Autant le dire : on est submergé par une véritable vague de promotion de l’environnement à laquelle souscrit le paysage médiatique. C’est même indéniablement grâce aux médias que le groupe Greenpeace a acquis la renommée internationale qu’on lui connaît aujourd’hui. Et c’est toujours le même discours que l’on entend. On diabolise l’activité humaine en accusant les pays industrialisés d’être à la source du réchauffement planétaire qui nous entraînera à coup sûr en enfer. On invite les usines à aller confesser leurs entraves au Protocole de Kyoto. Oui, franchement, l’écologisme prend de plus en plus les allures 4 echo | janvier 2010

malsaines d’une pratique religieuse étouffante dont les fondements ne sont pas plus prouvés que l’existence de Dieu. Que les choses soient claires : je ne crache pas du tout sur la protection de l’environnement, sur le développement durable ou encore le recyclage. C’est même tout le contraire. Je fais moi-même attention à ma consommation en général et je trouve parfaitement honorable, parfaitement louable d’avoir à cœur la cause environnementale. Ce que je ne supporte pas, c’est qu’on se fasse constamment taper sur les doigts, qu’on se fasse continuellement dire qu’on devrait faire ci, qu’on ne devrait pas faire ça. On veut nous faire peur en nous réitérant sans arrêt l’imminence d’une apocalypse purement hypothétique et on veut nous faire croire que nous en serions la cause. Ce qu’il faut savoir, c’est que l’écologisme représente plus que des valeurs et des pratiques destinées à protéger notre belle planète. L’écologisme, c’est aussi un marché. Imaginez le nombre d’emplois qui, sans la préoccupation environnementale, n’auraient aucune raison d’être. Dans cette perspective, il est certain que les écologistes doivent être en tout temps alarmistes. Si des groupes comme Greenpeace et la World Wildlife Fundation, pour ne nommer qu’eux, n’ont que des bilans positifs à faire, ils ne servent honnêtement pas à grand chose. Malheureusement, les médias participent de plus en plus à cette promotion propagandiste de la protection de l’environnement et contribuent à la tendance de l’écologisme à devenir non plus une vocation mais un semblant de religion qui compte déjà de nombreux intégristes. Et comme l’a déjà dit Alain Remi, « Si la religion est l'opium des peuples, l'intégrisme est le crac des imbéciles ! ».


Les débats de société à la télévision UNE ESPÈCE EN VOIE D’EXTINCTION Myriam Tougas-Dumesnil

La télé des générations futures, ça vous dit quelque chose? Non, on ne parle pas d’un gadget ultra perfectionné dont les ados de demain ne pourront se passer. Oubliez l’idée d’une télévision rétractable qui se glisse dans un porte-monnaie ou dans la poche arrière du jean trop grand de votre neveu. Ici, on parle de Te r r e . t v , l a p r e m i è r e w e b t é l é s u r l’environnement et le développement durable. Regroupant Aleas.tv et Arvalis, Terre.tv est devenue, en février 2007, la première webtélé francophone dédiée au développement durable et à l’environnement. Que doit-on conclure de l’apparition d’une telle chaîne de télévision? Doit-elle être vue comme une réponse au manque de place accordée à l’environnement dans les médias? Je vous annonce que oui. Selon Marie-Laure Augry, médiatrice des rédactions de France 3, une des quatre chaînes nationales métropolitaines du groupe France Télévisions, « les téléspectateurs estiment que la télévision doit faire sienne la défense de la planète ». Mme Augry semble avoir bien saisi le rôle des médias : informer, éduquer, investiguer et conscientiser. Par contre, tous n’ont visiblement pas compris que la force d’influence du quatrième pouvoir puisse servir un objectif sain comme la préservation de l’environnement. Libérer une petite heure de la grille horaire d’une chaîne de télévision d’ici pour y insérer un débat juteux sur les énergies renouvelables, ça vous dirait?

4 echo | janvier 2010

Si vous avez répondu oui, résignez-vous. Sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, vous êtes ce qu’on appelle un mouton noir de la société québécoise. Parlez à votre voisin de votre plan de remplacement du Banquier pour une émission constructive et intelligente sur le réchauffement climatique. Je vous parie vingt dollars qu’il vous lancera un regard suspicieux. Il fait de plus en plus chaud sur Terre, et alors? Tant que Julie Snyder continuera de sortir ses robes courtes à paillettes qui lui donnent l’air d’un sapin synthétique, le Québec ira bien. Malgré tout et par chance, certains ont réalisé l’urgence de parler environnement. La question que je vous pose : aviez-vous entendu parler de Terre.tv avant aujourd’hui? Moi non plus. Un coin reculé, sombre et poussiéreux de la Toile. Voilà la place que l’on octroie à l’environnement dans nos médias. Voilà la place que l’on octroie à la grande majorité des sujets pertinents. Si vous êtes sceptiques et continuez de croire que les sujets chauds sont importants pour la majorité des Québécois, amusez-vous avec l’exercice qui suit… Le vendredi, à vingt heures, camouflez-vous de vêtements noirs et allez vous promener tout près de chez vous. Arrêtez-vous devant chaque fenêtre de salon de chaque maison que vous croiserez. Comptabilisez le nombre de familles qui regardent La Joute, à TéléQuébec, et celles qui suivent Du talent à revendre. Vous m’en redonnerez des nouvelles. Et si jamais, en zappant, vous tombez sur une émission sérieuse dédiée à l’environnement, enregistrez-la. Vous êtes devant une espèce en voie d’extinction.

echo | janvier 2010

5


VACANCIERS VORACES Selon l’ONU, le « tourisme est la somme des phénomènes et

Andrea Zoellner

des relations résultants de l’interaction des touristes, des

Voyager offre une multiplicité d’expériences pour

entreprises s’occupant du tourisme, des États et des communautés d’accueil au plan de la motivation et de l’accueil

l’estivant avide de découvertes, de changement ou de repos. Ce désir de changer de paysage stimule le secteur touristique, un facteur économique important dans plusieurs pays en développement. Toutefois, les répercussions négatives du tourisme sur l’environnement sont dans l’ombre des grands hôtels de luxe et le bien-être des populations locales est tais par l’apport monétaire du portefeuille blanc. À cause de leur climat, les pays du sud sont les principales destinations des touristes. Malheureusement, plusieurs de ces

des touristes et autres visiteurs ». La priorité donnée aux voyageurs dans ces relations et interactions mobilise le secteur pour répondre aux besoins et aux attentes des étrangers. L’arrivée des touristes met énormément de pression sur les localités urbaines et rurales. Déjà que les ressources comme l’eau potable peuvent être rares, les habitants locaux doivent partager ce qu’ils ont avec des gens aisés qui proviennent de pays où abondent de telles commodités. Par exemple, 15 000 m3 d’eau peuvent subvenir aux besoins de 100 familles rurales pendant trois ans, 100 familles urbaines pendant deux ans, ou 100 touristes dans un hôtel pendant 55 jours. Touristes ou pilleurs d’eau?

pays sont considérés en développement et l’afflux de voyageurs aisés chamboule drastiquement le milieu de vie. La conception

Pourtant, voyager vers ces régions ensoleillées grâce à des avions polluants pour y rester dans des stations balnéaires

populaire affirme que le tourisme permet aux résidents de

aménagées paraît intrinsèque au bonheur de certains. L’Organisation mondiale du tourisme estime qu’en 2010, le

bénéficier d’une hausse du taux d’embauche et de profiter de la présence de visiteurs pour leurs commerces. Or, les villages

nombre de touristes internationaux aura atteint les 937 millions

touristiques viennent détruire le paysage naturel et compromettre l’équilibre d’écosystèmes fragiles. De plus, ces

avec une croissance annuelle de 3,8 %. À la place de diminuer l’impact de l’humain sur l’environnement, on ne fait que le

aménagements luxueux qui recueillent la plus grande somme

déplacer dans un autre pays. S’il n’y a pas un développement responsable de ce secteur, les abus inconsidérés

d’argent des voyageurs sont possédés par des compagnies touristiques étrangères qui ne nourrissent pas l’économie locale. Les hôtels et les clubs de vacances tout inclut font concurrence aux petits aubergistes et restaurateurs qui ne parviennent à survivre.

4 echo | janvier 2010

compromettront la beauté des ressources naturelles et la diversité des ressources culturelles, qui sont d’ailleurs, les attractions principales des touristes.


CHANGER NOS HABITUDES AVANT TOUT

Autre problème majeur. Le tourisme amène une consommation excessive de ressources naturelles, comme une utilisation

Samuel Bérubé

excessive d'eau douce pour les piscines d'hôtels. Les chiffres

Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme, en 2020, 21%

sont de 440 litres d'eau par jour en moyenne pour un touriste. Plus près de nous maintenant, qu'en est-il des gens qui arrosent

de la population mondiale sera en visite. Ce pourcentage

leur asphalte?

représente 1,5 milliards de touristes répandus dans le monde. Quelles sont les conséquences environnementales de cet engouement pour le voyage? Consommation démesurée des ressources naturelles, pollutions multiples et impacts physiques. Plusieurs évoquent le tourisme durable comme étant la solution au problème. Pas si vite… Communément appelé responsable ou solidaire, le tourisme durable vise à favoriser le tourisme tout en protégeant l'environnement. En théorie, très simple. En pratique, il faut douter. Premier impact noté du tourisme « irresponsable »: la pollution. Le tourisme, comme toute bonne industrie, pollue l'air et l'eau, produit des déchets solides comme liquides ainsi que des résidus chimiques et pétroliers. Ce que l'on demande aux

Pourquoi tenter d'améliorer les entreprises de tourisme privé quand la loi n'impose pas une amende aux laveurs d'asphalte abusifs? Trop souvent, l'apparence et l'esthétique prennent toute la place au détriment du bien-être environnemental. Le transport, indispensable au globe-trotter, suscite aussi le débat. Celui-ci est utilisé par 60% des touristes. Il devient donc un émetteur important de gaz à effet de serre (GES). Un trajet États-Unis - France produit la moitié de ce que produit en CO2 un de leurs habitants sur une année complète (éclairage, transports quotidiens, chauffage). Comment se fait-il qu'avec tous ces chiffres, la population ne semble pas comprendre? La problématique de l'environnement

visiteurs est d'adopter un comportement de préservation de

réside dans ces petites choses, dans ces changements à apporter au quotidien, d’abord et avant tout. Après coup, le

l'environnement.

tourisme durable pourra être entendu convenablement. Et une

Prenons un touriste à Montréal comme exemple. Celui-ci gambade sur la rue Sainte-Catherine un beau dimanche ensoleillé en sirotant un jus dans un carton recyclable. Une fois sa consommation terminée, le voyageur, malgré sa bonne intention, doit se départir de son gobelet dans une poubelle au coin de la rue. Où sont les bacs de recyclage? C'est inconcevable de penser que plusieurs employés municipaux sont chargés de vider ces poubelles quand les instances municipales n'ont même pas le culot de mettre en place des bacs de recyclage à l'extérieur.

4 echo | janvier 2010

fois les problèmes individuels corrigés, peut-être que les gens seront inspirés et allumés sur la condition du tourisme et de l’environnement. Pensons qu'un trajet de 60 km est dix fois moins dispendieux en transport en commun qu'en automobile à Montréal. Pensons aussi que l'autobus émet neuf fois moins de GES qu'une voiture et que le métro fonctionne à l'énergie électrique. Un autobus bondé représente 40 à 50 voitures de moins. Au total, 70 000 litres de carburant sont épargnés et 175 tonnes d'émissions de GES sont évitées par année.


COPENHAGUE : QUAND LE CHANGEMENT FAIT PEUR Raphaëlle Mercier

Le traité de Kyoto, ça vous dit quelque chose? Pour ceux qui auraient déjà oublié, c’était le premier accord international de lutte contre les changements climatiques. En 2005, 175 pays, à l’exception des États-Unis (Oh! Surprise...), s’étaient engagés à réduire leur quantité de gaz à effet de serre d’au moins 5.2% d’ici 2012. Le hic, c’est que le traité arrive à terme à la fin de cette année, laquelle est aussi, pour certains, synonyme de fin du monde. Pour d’autres, plus sceptiques, il est impératif de faire suite au traité de Kyoto afin de sauver notre planète. L’ONU fait partie de ce dernier groupe. C’est pourquoi, dès décembre 2009, le Danemark accueillera 192 pays qui devront élaborer un accord global sur le sujet (chaud) du climat. Cette entente, appelée accord de Copenhague, devrait éventuellement remplacer le traité de Kyoto.

répondre aux crises humanitaires, etc. La liste est longue sur le site Internet de l’accord de Copenhague. C’est beau, on ne peut dire le contraire. Cependant, pour ce qui est du réalisme de la chose... De plus, comme si ce n’était pas déjà assez pour eux, les Occidentaux, en ratifiant l’accord de Copenhague, se verraient dans l’obligation d’adopter des objectifs contraignants de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020. Déjà, en vues des négociations à Copenhague, certains pays s’affolent. Le Canada, par exemple, a déclaré qu’il ne préparerait pas de plan canadien en matière de changements. Selon le ministre de l’Environnement, Jim Prentice, il faut attendre un accord international avant de faire quoi que ce soit. Merci M. Prentice. Grâce à vous, le Canada ressemble drôlement à un enfant incapable de prendre ses responsabilités. L’Afrique, elle, a menacé de se retirer des discussions sur l’aprèsKyoto tant que les pays industrialisés n’auront pas annoncé au moins 40% de réduction de leur matière polluante. Le Kenya, l’Algérie, la Gambie et le Lesotho sont quelques-uns des pays qui ont contribué à prendre cette décision.

C’est tout un projet pour l’Organisation des Nations Unies. Le but principal est en fait de réussir à contenir l’augmentation moyenne des températures sous les 2°C. Pour y arriver, il faut que les pays du monde entier travaillent en équipe. Et c’est précisément ici que ça se complique. C’est que les pays industrialisés (riches) doivent donner aux pays en développement (pauvres). Chose que l’humain ne fait pas du tout naturellement.

Imaginez ce que ce sera une semaine avant le sommet de l’ONU, en décembre. Les pays, en peur, mettront sur l’autre la faute et la raison de leur absence à l’accord de Copenhague.

Plus précisément, l’ONU demande aux pays nantis de débloquer plus de 100 milliards de dollars par an d’ici 10 ans. Cet argent aiderait les pays en développement à construire un modèle énergétique, à s’adapter aux impacts climatiques, à mieux

Mature et responsable. Une chance que maman ONU est là…

4 echo | janvier 2010

Ce à quoi nous assisterons ? Une réelle guerre de «S’il ne le fait pas avant moi, je ne le fais pas non plus. Gnagnagna…».


COPENHAGUE: LA SUITE DE KYOTO Vincent Brunet

La conférence mondiale sur l’environnement et les changements climatiques se tiendra au mois de décembre cette année, à Copenhague. Contrairement à Kyoto, tous les dirigeants des pays du monde seront présents, y compris les États-Unis. Ces dirigeants du monde devront mettre leur orgueil et leurs intérêts personnels de côté un instant pour se rassembler, analyser, comprendre et résoudre. Le Canada sera présent, mais pas en règles. Le gouvernement Harper a confirmé, quelques semaines seulement avant le sommet de Copenhague, que le Canada ne respectera pas son cadre réglementaire pour la réduction des gaz à effet de serre. C’est la troisième fois en trois ans que le gouvernement conservateur repousse son bilan environnemental. C’était pourtant une promesse du premier ministre de déposer son compte-rendu avant la conférence au Danemark. Que fait le gouvernement conservateur? Nous sommes en crise planétaire environnementale, ce n’est sûrement pas la solution que de reporter ce bilan à la veille d’un congrès mondial sur le sujet. Lors d’une conférence de presse la semaine dernière à Ottawa, de retour d’une rencontre à Bangkok, le ministre de l’Environnement du Canada, Jim Prentice a affirmé «qu’il n’y aurait pas d’entente conclue à Copenhague, en raison du manque de temps pour s’entendre». Paroles vivement critiquées par les pays en émergence, qui affirment que les pays industrialisés devraient donner l’exemple en ayant des engagements plus importants. «C’est très troublant de voir le ministre dire que ce n’est pas possible d’avoir un accord fort à Copenhague. Il a le pouvoir de changer les choses, estime Clare Demerse, de l’institut Pembina.

4 echo | janvier 2010

Jusqu’à maintenant, le Canada fait partie du problème et non de la solution». Le Canada arrivera alors les mains vides, comme les États-Unis, sauf si Jack Layton, chef du Nouveau Parti Démocratique, réussit à faire adopter le projet de loi C-311. Cette loi exige des cibles de réduction des GES beaucoup plus dures que celles que propose le gouvernement actuel. Une motion a été déposée le 4 novembre à la chambre des communes d’Ottawa par le NPD pour accélérer le processus d’adoption de la loi. Cette motion a aussi pour but de tordre le bras de Stephen Harper et le pousser à adopter des lois environnementales avant la table ronde de Copenhague. Kyoto a été adopté en 1998. Le Canada a signé en 2005, à son entrée en vigueur. Rappelons que ce «contrat» stipulait que les 37 pays les plus industrialisés doivent collectivement réduire leurs émissions de GES. Aujourd’hui, le protocole compte plus de 141 pays adhérents qui, pour la majorité d’entre eux, ont réussi à réduire leurs émissions polluantes. Le problème, c’est qu’entre 1999 et 2001, les 15 pays membres de l’Union européenne ont réduit leurs émissions annuelles de GES par rapport au niveau de 1990 tandis que le Canada lui, depuis 1990, a augmenté de 20% ses émissions polluantes. C’est quand même assez aberrant de voir que le gouvernement Harper est au courant de ces chiffres désastreux et ne compte toujours pas agir. L’image du Canada est en jeu à Copenhague, nous allons passer pour le pays qui pollue le plus, qui n’a pas réussi à respecter l’engagement de Kyoto et qui ne compte pas y remédier. Copenhague est la chance que le Canada a de besoin pour rehausser son image, mais il y a du travail à faire. Cette conférence est considérée par plusieurs scientifiques comme la dernière chance du monde. C’est la chance pour des pays industrialisés de conclure des accords environnementaux importants qui auront des impacts concrets sur la population mondiale. La race humaine ne pourra que se porter mieux avec ces pourparlers. Généralement, on essaie de saisir une dernière opportunité, n’est-ce pas M. Harper?


ÈRE NOUVELLE EN MATIÈRE D’AUTOMOBILES Guillaume Morin Depuis le bogue de l’an 2000, les avancements technologiques sont sur une pente ascendante et sont loin d’arrêter de continuer leur progrès. Comme bien d’autres secteurs, le domaine de l’automobile séduit un bon nombre d’acheteurs avec tous les nouveaux gadgets révolutionnaires intégrés à leur voiture de l’année. Nous avons connu l’époque où «le beau et gros char», représentatif du compte en banque, permettait aux gars virils d’impressionner leur dulcinée. Mais aujourd’hui, l’automobile sportive ou luxueuse, selon votre goût personnel, se voit en constante bataille face à tous les environnementalistes de ce monde, au prix du pétrole souvent en hausse et aux nouvelles voitures. Époque révolue Véritables objets de consommation et de pollution très populaires, les «chars» sports ont percuté leur premier mur. J’oubliais ce bon vieux Hummer qui autrefois était perçu comme la voiture de l’année. Désolé pour vous chers consommateurs, mais le jour est bel et bien révolu où on voyait tous ces Hummers défiler dans les rues avec aux volants ces riches pollueurs qui appuyaient à fond sur l’accélérateur. À chaque coup, une petite dose de pollution, quelle générosité ! Toutes les campagnes de sensibilisation ont du moins servi à éliminer un gros joueur. Les statistiques le prouvent. Chez General Motors, les ventes de Hummer ont chuté de 59, 3 % ! Oui, chers consommateurs, vos voitures massives et sportives polluent et ont raison d’être laissées dans la cour des concessionnaires. J’entends 4 echo | janvier 2010

déjà les maniaques de vitesse et les fervents de sports automobiles qui s’exclament que c’est pour l’adrénaline ! Mon œil ! Le sport automobile est peut-être spectaculaire mais est ô combien dangereux et ô combien

polluant. Et pour vous maniaques de vitesse qui se prennent pour Schumacher sur les rues, achetez vous une console de jeux ou un simulateur! Hausse de prix comme ennemi Au fil des dernières années, le prix de pétrole fut l’ennemi juré des utilitaires sport. Avec le coût du baril de pétrole constamment en hausse, «un gars pogne plus avec du gaz dans son char qu’avec, juste, son gros bazou» comme dirait l’autre. Les hausses durant la crise financière influençait les gens à prendre l’autobus ou du moins à se procurer la voiture économique de l’année. Mais maintenant que le coût du baril connaît ses premières baisses, environnementalistes de ce monde priez pour que les «gros bazous» restent dans la cour des concessionnaires. Les voitures hybrides n’ont pas la cote Quand les premières voitures hybrides sont arrivées tout le monde croyait que l’industrie automobile était révolutionnée grâce à ses n o u v e l l e s v o i t u re s é c o l o g i q u e s . O u i , l’ingéniosité des modèles qui sont uniquement rechargeables à l’électricité ne polluent pas, mais reste qu’au Québec la voiture hybride est encore plus chère pour les consommateurs qu’une voiture qui consomme du pétrole. Entre une voiture hybride et à essence, la différence peut se chiffrer à 8000 dollars et plus. Le prix commence à être cher payé pour des gens de classe moyenne. La solution, qui, à l’époque paraissait comme l’idée du siècle, coûte de plus en plus chère. Malheureusement, nous vivons dans un monde dans lequel la qualité est onéreuse. Triste réalité pour une conscience en vogue.


LE BON GROS SENS Raphaëlle Mercier

J’ai pris mon auto ce matin pour venir à l’école. Au moment de mettre les clés dans le contact, la voix du gros bon sens, bien que je ne conduise pas une Nissan, m’a interpellée : «Raphaëlle… Pourquoi ne prends-tu pas l’autobus? Pense à l’effet de serre, au réchauffement de la planète, aux nids de poule…». Il faut dire que le dernier argument du gros bon sens a bien failli me faire changer d’idée, mais je n’ai pas pu résister. En plus, en tant que citoyenne responsable, je ne pouvais renier mon devoir matinal : remplir le trafic. L’ayant accompli, prise entre un 18 roues et une camionnette qui me collait au cul, je m’occupais les pensées pour faire passer le temps. C’est alors que l’incident du matin me revint à l’esprit. J’essayais encore de me trouver des excuses. En fait, elles n’étaient pas difficiles à trouver. Tout d’abord, puisque j’habite en banlieue, il faut, pour me rendre au Cégep, prendre une liste de transports en commun qui ne finit plus. Un autobus St-Jean/Montréal (45 min.), le métro de la station de Bonaventure jusqu’à Angrignon (25 min.) et un autre autobus qui mène au Cégep (10 min.). Perdre son temps et son argent pour sauver la planète? Ça n’a pas de prix… Si seulement c’était vrai. En effet, vu que le terminus de StJean est indépendant de la Société des Transports de Montréal (STM), il faut payer plus. Heureusement que je suis étudiante, la carte mensuelle me revient à seulement 68,20$.

Ce n’est pas tout. Il faut ajouter le prix de la passe de métro. Et c’est ici que ça se corse. L’année dernière, je prenais l’autobus chaque jour avec entrain. Comme j’étais heureuse de contribuer au bien-être de mon environnement. C’est aussi que, puisque j’avais 17 ans, j’étais admissible au tarif réduit de la STM : 37$ par mois. Maintenant que je suis majeure, je dois habiter Montréal pour avoir ce «privilège» (la STM se plaît à répéter ce mot plusieurs fois sur son site Internet afin que tous en soient conscients). La logique là-dedans? Aucune. Certaines personnes (que je ne nommerai pas) tentent alors de déjouer le système en empruntant l’adresse d’un ami ou d’un parent qui réside à Montréal. Astucieux, non? Mais les travailleurs ô combien compétents de la STM ne sont pas dupes. L’aura du 450 nous suit quoi que nous fassions. Et les 514iens sont là pour nous remettre à notre place, banlieusards que nous sommes. Plusieurs réussissent à se glisser entre les mailles du filet. D’autres, non. À ceux-là, il en coûte alors plus de 140$ par mois en transports en commun pour se rendre à leur Cégep. L’alternative de l’auto devient donc alléchante. C’est le gros bon sens, quoi! Et Paf! L’environnement en prend plein la gueule. C’est la faute de la STM, au fond. L’effet de serre, le réchauffement de la planète et les nids de poule… Plus chers sont les tarifs, plus de personnes fuient les transports en commun et plus d’autos se retrouvent sur la route. Il est temps que la STM prennent ses responsabilités! Tout comme moi, qui remplit chaque matin le trafic. Ça, c’est le gros bon sens! echo | janvier 2010

11


CRITIQUES La bataille de Rabaska EN RONDE FINALE Andrea Zoellner

Qu’arrive-t-il lorsque s’affrontent un énorme projet de développement économique et de simples citoyens d’une petite région du Québec? Une lutte virulente au nom de la nature et du bien-être - voilà à quoi nous pouvons nous attendre et ce dont fait le portrait La bataille de Rabaska, un documentaire sensible et touchant réalisé en 2008. Il y a quatre ans, des développeurs économiques incluant Gaz Métro proposèrent un projet de port méthanier dans la région de Lévis-Beaumont au grand dam des habitants des environs. Le nom qu’on lui avait donné était le projet Rabaska et ce dernier liait plusieurs gazoducs de la Rive-Sud du Saint-Laurent à un port afin d’exporter la ressources naturelle aux États-Unis. Le sujet intéressa les réalisateurs Magnus Isacsson et Martin Duckworth qui documentèrent le projet. L’enjeu présenté dans La bataille de Rabaska est malheureusement très courant. Les projets de développement économique, surtout en ce qui concerne les énergies renouvelables et les ressources naturelles du Québec sont souvent élaborés sans conscience sociale et environnementale. En l’occurrence, les citoyens subissent la profanation de leur paysage et doivent vivre les risques liés aux ports méthanier à leur insu. La communauté de Beaumont livra un combat valeureux contre cette invasion de développeurs lucratifs, des efforts dont fait l’éloge le documentaire.

Dès le début du film, nous suivons Yves SaintLaurent, un père de famille qui s’est improvisé leader des opposants au projet Rabaska. «Rabat-joie» dit-il du projet estimé à 840 M$, aux retombées économiques notables. À travers les étapes d'autorisation et de recherche de financement du projet méthanier, Yves et les autres citoyens de la région travaillent fort pour faire entendre leurs voix. On nous présente les référendums et les manifestations tenues pour contrer le processus de 2004 à 2008. De toute évidence, les habitants de Beaumont ont du cran, mais le documentaire ne parvient pas à égaler cette passion. Il semble vide de tout engagement dans son traitement formel. Ce que Marcus Isacsson et Martin Duckworth ont réalisé est un très long reportage à travers lequel ont perd le fil. Le film tente tant bien que mal de nous mener à travers le parcours chronologique des moyens entrepris par les gens de Beaumont pour défendre leur environnement. Le film est un peu chaotique par moment, et interminable à d’autres instants. Malgré ces lacunes au niveau technique, le sujet reste interpellant à cause de sa proximité et de sa valeur verte. La recherche est approfondie et l’insertion des documents d’archive est pertinent. L’attachement et la solidarité ressentie envers les gens de Beaumont qui se battent pour leur famille et l’environnement est touchant. L’engouement pour les documentaires à tendance environnementale est assez nouveau, surtout depuis Une vérité qui dérange d’Al Gore. La bataille de Rabaska est un de ces documentaires de L’ONF qui nous rappelle l’importance des subventions du gouvernement pour les réalisateurs qui veulent raconter les histoires de chez nous, de Québécois courageux qui se battent pour leurs causes. D i s p o n i b l e a u c o m p t o i r d e s p r ê t s d e lecho a | janvier 2010 cinérobothèque de l’ONF.

11


La grande soif QUAND L’EAU ÉCLABOUSSE L’ÉCRAN David Bigonnesse

L’eau. Cette eau que l’on dit à outrance si précieuse, c’est le point central de La grande soif. Cette grande soif s’exprime à travers dix épisodes qui traitent, entre autres, de l’avenir et de la marchandisation de l’eau. Et il faut dire que cette série documentaire ne nous laisse pas sur notre soif. Cette série est-elle potable? Partiellement, car l’eau s’infiltre entre les parois visuelles de notre petit écran. Les questionnements au sujet de l’eau ne se démodent pas et ne démordent surtout pas. La preuve est irréfutable, dix épisodes consacrés à un même thème, c’est-à-dire l’eau, prouvent à quel point son avenir est plus que précaire. En s’attaquant à un sujet aussi imposant que cette ressource naturelle, l’équipe de La grande soif se devait d’expliciter de façon concise et en peu de temps tous les sujets qui touchent l’eau. Mais ce qui était d’autant plus difficile à manier, c’était de jumeler un contenu imposant à une esthétique visuelle intéressante. Et dans ce cas-ci, on peut affirmer que le fond et la forme se marient difficilement, puisque La grande soif oscille entre l’information et la démonstration. En réalité, ce qui manque grandement à cette série, c’est une goutte de recherche sur la façon de présenter l’eau et les caractéristiques propres qui en découlent. Mettre à l’avant-plan des spécialistes de l’eau qui réapparaissent et disparaissent sur un fond d’une rivière, c’est vaguement dérangeant. Que l’on qualifie de boiteuse ou de maladroite, cette façon de styliser, elle n’est pas du tout appropriée.

épisodes. L’équipe de réalisation a sans doute eu une brillante idée en filmant un verre d’eau se remplir afin de couper entre les scènes de la série. Le hic, c’est que cette idée, peut-être géniale sur papier, est décevante en réalité. Au lieu d’utiliser à bon escient cette présentation visuelle, elle est insérée à redondance dans chaque émission, faute de réelle originalité. Sans faire de comparaison malhabile, le documentaire Home, qui touche sensiblement les mêmes thèmes que La grande soif, a su se démarquer en se concentrant plutôt sur le contenant que sur le contenu. Il faut dire que les moyens financiers et techniques ne sont pas comparables dans ce casci, mais tout de même, un choix a été fait. Un jet d’information saisissant Malgré des choix de réalisation laissant parfois à désirer, la source d’information offerte aux téléspectateurs est inépuisable. Véritable geyser de faits, de statistiques et de preuves, on nous amène, au fil du courant, à réaliser la valeur de l’eau. La véritable pierre angulaire de cette série se puise donc dans ses informations troublantes et impressionnantes. On ne peut rester dupe lorsqu’on nous révèle que 7% des ressources en eau potable se trouve ici même, au Canada, et que notre propre pays refuse toujours de reconnaître l’eau comme un droit de l’Homme. Le public s’attendait à un réel tsunami de l’esthétisme, mais La grande soif ne l’a pas provoqué. Cette série ne nous laisse peut-être pas sur notre soif, mais elle nous fait avouer que nous avions finalement, qu’une petite soif. La grande soif est présentée sur les ondes de RDI, le samedi à 19h30. Pour les heures de rediffusion ou d’autres informations complémentaires, consultez le http://www.lagrandesoif.tv/

Et lorsqu’on parle de recherche visuelle, on sous-entend aussi l’originalité. Celle-ci est d’ailleurs quelque peu déficiente dans les

echo | janvier 2010

13


Exposition Mise au point L’ENVIRONNEMENT DANS SON INTIMITÉ Myriam Tougas-Dumesnil

« Si ta photographie n’est pas bonne, c’est que tu n’étais pas assez près. » Cette citation du célèbre photographe de guerre Robert Capa n’est manifestement pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Avec son exposition Mise au point, Roger Théberge prouve à tous les artistes de ce monde que la proximité peut être une incroyable alliée. Présentée à la galerie de la coopérative Art [o] de SaintJean-sur-Richelieu, l’exposition apparaît comme une réelle opportunité d’approcher l’inatteignable. Proposant des photographies abstraites illustrant diverses textures, Roger Théberge explore l’environnement sous son angle le plus intime. C’est à travers plus d’une trentaine de ses photographies que l’artiste nous offre l’accès à un monde inexploré. Cet homme de Mont-Saint-Grégoire nous prend littéralement la main et nous transporte dans un univers infiniment petit. Par chaque photographie, il nous présente la nature telle qu’elle serait vue sous un microscope. Ses sujets de | janvier 2010 13 prédilection? L’eau, les pierres echo et toute forme de texture

naturelle qui échappe habituellement à l’œil humain.


Une drôle d’ambiance Dès que l’on met le pied dans la salle d’exposition, une étrange impression s’empare de nous. Bien que l’éclairage soit ingénieusement arrangé pour

d’un de ses collègues photographes est même affichée. On y dit que la photographie, au lieu d’imposer une image nette, précise, se doit « d’inspirer une idée ».

attirer l’œil du visiteur sur les photographies, ces

Dans cette optique, l’exposant ne fournit aucun

dernières semblent se trouver dans un lieu qui ne

titre ni explication pour accompagner ses photos.

leur convient pas.

Si cela peut parfois nous plonger dans une

Le fait que la pièce ressemble à un petit café place les créations de Roger Théberge dans une position décorative qui ne les avantage pas du tout. C’est comme si on nous disait de simplement jeter un

incompréhension totale de l’œuvre, l’anonymat complet des photographies et leur aspect mystérieux offrent l’avantage aux visiteurs de se créer leur propre idée de celles-ci.

rapide coup d’œil aux photographies. Étrange

De plus, plusieurs de ses œuvres ne représentent

message dans une salle d’exposition, non?

qu’une texture vue de très près, ce qui permet une

Quoi qu’il en soit, il faut admettre que l’artiste a su tirer profit de cette drôle d’ambiance. En demandant que ses photographies soient disposées de façon parfaitement aléatoire, Roger Théberge réussit, paradoxalement, à créer un ordre qui vient effacer l’impression d’anormalité qui s’était emparée du visiteur. Comment inspirer une idée Si, à la sortie, on se sent envahi par un sentiment de perplexité et d’incompréhension, c’est que l’artiste a atteint son but. Sans se cacher, Roger Théberge recherche l’abstraction. À l’entrée de l’exposition, une citation

liberté d’interprétation très grande. C’est donc mission accomplie pour Roger Théberge! Une prochaine fois? À l’heure actuelle, l’exposition Mise au point est terminée. Il ne sera donc plus possible d’admirer les photographies de l’artiste à Saint-Jean-surRichelieu. Par contre, il semblerait que le photographe ait plusieurs autres projets en tête et que ceux-ci soient surprenants… Voilà une excellente raison de vous emparer d’une feuille et d’un crayon et d’y noter ces deux mots : Roger Théberge. echo | janvier 2010

13


LA VIE EN VERT Une émission qui gagne à être connue Vincent Brunet Une émission peu connue, mais avec beaucoup de contenu. La vie en vert ne nous ramène pas le même discours moralisateur que GreenPeace, mais nous amène à réfléchir sur les petits gestes que nous posons chaque jour. Critique d’une émission qui en vaut la peine. Pascale Tremblay et son équipe nous donnent rendez-vous chaque semaine le mercredi à 19 heures pour des conseils terre à terre! La vie en vert traite de plusieurs sujets par émission. Des sujets fort intéressants, qui n’ont pas un impact moralisateur sur l’auditoire. Nous nous attendons à une émission qui nous sert la fameuse sauce du «recycler c’est bon pour l’environnement», mais à notre grand étonnement, des sujets variés sur notre consommation, sur le recyclage alternatif et les festivals, le tout en relation directe ou non avec l’environnement. Déjà à sa quatrième saison, La vie en vert n’a pas encore franchi la barre des 100 émissions, mais le jeu en vaut la chandelle. Nous sentons que la recherche est approfondie, que les sujets n’ont pas été choisis au hasard et à la dernière minute. C’est dommage que l’émission dure 30 minutes seulement pour compacter trois sujets et une question de la semaine. L’animatrice se base beaucoup sur l’argumentation et l’avis d’experts pour renforcer ses chroniques, mais aussi pour convaincre l’auditoire, ce qui n’est pas mauvais en soi. C’est avec une animation dynamique et enjouée que l’émission nous est présentée. Les graphismes et animations visuels sont très modernes. C’est aussi le 20 septembre 2009 que La vie en vert a remporté le prix du meilleur magazine de service à la 24e soirée de remise des prix Gémaux. Contenant très intéressant, mais parlons plus du contenu spécifique de l’émission. Dans l’épisode du 28 octobre 2009, Pascale Tremblay nous proposait une chronique portant sur les vins biologiques. Chronique très bien documentée qui donne tout simplement le goût d’aller faire un tour à la S.A.Q. Par la suite, l’animatrice a opté pour une rubrique portant sur les sacs «Bagnole», fait par Isabelle Bérubé qui s’inspire de l’intérieur de voitures comme sacs gonflables, cuir de banquettes et ceintures de sécurité. Preuve qu’on peut faire du neuf avec du vieux. Ensuite, on passe au festival October Fest, qui se vante de récupérer plus de 50 pour cent de ses poubelles, ce qui est une réussite en soi. Voilà preuve que chaque aspect de l'environnement est abordé dans l’émission, et d’une manière assez originale. En gros, c’est un concept qui promet, qui sort des sentiers battus et qui gagne à être connût par son originalité, ses sujets variés et sa façon innovatrice de présenter ses sujets à l’auditoire. Les panellistes ne nous font pas la morale sur le fait de recycler, mais nous conscientisent à l’environnement en nous proposant de petits gestes simples. Voilà l’émission pour le débutant en environnement.

echo | janvier 2010 17


HOME : UN FILM DÉPASSÉ Ariane Vincent

La planèteInfo souffre, on le sait. (0) Le film Home, réalisé cette Comments Keywords année par Yann Arthus-Bertrand, vient confirmer cette réalité désolante. Respirant la détresse, l’œuvre dresse une liste des nombreux problèmes environnementaux dont nous sommes RL: http://mrg.bz/hP53CL les premiers responsables. Un film à voir? Seulement si vous êtes friands de films spectaculaires au message dépassé. RL: http://mrg.bz/xTOFfX

carence de contenu en montrant ici et là des plans dont la pertinence est difficilement justifiable, comme ce plan où l’on voit une baleine s’amuser dans l’eau pendant deux minutes.

Pour concorder avec le manque de vitalité du film, la musique est elle aussi inappropriée par rapport au thème Report captivantas de inapp l’environnement. Langoureuse et empreinte de désespoir, elle tente de dramatiser le sujet, mais ne parvient qu’à le rendre plus grotesque. Certains passages musicaux sont toutefois pertinents, car ils réussissent à dynamiser le film un tant soit peu en créant un effet de suspense intéressant, par exemple lorsque les images nous montrent des troupeaux de bovidés entassés dans de petits enclos, autour desquels circulent sans cesse des dizaines de camions.

Le gros du film se situe dans le contenu : le sujet, en Crop andhic post. l’occurrence l’ensemble de la planète Terre, est beaucoup trop vague. N’exploitant aucun angle d’approche précis, le film nous entraîne dans un immense ramassis de problèmes Un point positif mérite cependant d’être souligné : la capacité environnementaux énoncés l’un à la suite de l’autre, sans du film à nous émouvoir face à la beauté du monde. Celle-ci aucun ordre logique. Fonte des glaciers, sables bitumineux, magnifiquement exprimée grâce au sens poétique qui se You are allowed copy,Ledistribute, transmit theà workest and déforestation : toutto y passe. film est constitué du début dégage des images. Images qui, il faut l’avouer, sont la fin d’un de plans captés à You vol are to adapt the enchaînement work. Attribution is larges not required. grandioses. Paraissant presque irréels, les plans de Dubaï d’oiseau, from qui sont majoritairement prohibited using this work des in a plans standstatiques alone manner. sont époustouflants. aucunement liés entre eux. Par-dessus ces plans, une voix au License summary ton un peu trop dramatique nous inonde de statistiques et de En général, le film n’est pas mauvais. Mais en 2009, il nous phrases choquantes, sans donner d’explications donne une étrange impression de déjà vu. Donner une vue véritablement utiles. Aucune entrevue avec des spécialistes, d’ensemble des maladies de la planète a déjà été maintes fois aucune solution concrète en réponse aux dizaines de réalisé par le passé. Trop porté sur la sensibilisation, une problèmes abordés. technique qui commence à s’essouffler, Yann Arthus-Bertrand n’a pas su créer un film actuel, qui tend plutôt vers l’action. Il À cause de son contenu blasant, le film capte avec peine s’est laissé emporter sur une lancée à tendance trop fataliste, notre attention, d’autant plus que son rythme est beaucoup trop pessimiste. Peut-être s’est-il attaqué à un sujet si large trop lent. Vingt minutes sur la création et l’histoire de la Terre qu’il en devient extrêmement difficile à couvrir. Quoiqu’il en passent avant qu’on puisse enfin entendre parler d’enjeux Gonzalez Vargas soit, il en résulte un film au discours moralisateur qui importants, le premier étant la fabrication du pétrole. En plus décourage plus qu’il n’encourage. de manquer de dynamisme, le film semble vouloir combler la

morgueFile free photo

echo | janvier 2010 17


CARICATURE Cassandre Allard

LA CARICATURE JEU : Pouvez-vous trouver les provinces vertes? À l’aube du sommet à Copenhague, le Canada paraît très mal, mais le pays en entier est-il à blâmer? Loin d’atteindre les objectifs de Kyoto, le Canada profitera de Copenhague pour renégocier ses objectifs. Jusqu’à maintenant, le portrait semble montrer un redoublement d’effort de la part de toutes les provinces sauf l’Alberta. En effet, à cause de sa production de sable bitumineux lucrative, cette province de l’ouest tue toutes les chances d’atteindre un minimum d’intégrité écologique. « À Fort McMurray, en Alberta, on produit 155 000 barils de pétroles par jour, et il faut entre deux et cinq barils d’eau pour produire un seul de ces milliers de tonneaux», écrivait notre éditorialiste Ariane Vincent. Maintenant, ce sera à tous de retrousser les manches pour permettre à l’Alberta de continuer sa production de pétrole, sans risque de trop mal paraître dans les statistiques regroupant toutes les provinces et toutes les territoires. D’ailleurs, certaines provinces ont annoncé des cibles beaucoup plus ambitieuses que le Canada. Entre autres, le Québec propose la cible la plus élevée avec une réduction des émissions de 20% par rapport aux chiffres de 1990.

Bravo, quelle solidarité chers Canadiens!

18 echo | janvier 2010


DSC00145_p.JPG

CRÉDITS PHOTO Free photos

PAGE COUVERTURE Daniel Zoellner

Portfolios

Organize

Classroom

Community

DSC00145_p.JPG By: pablogv2004

PAGE TROIS Photographers choice PAGE QUATRE Robert Kent PAGE CINQ Martin Barraud Liz Couldwell & Susan Doyle Flashfilm PAGE SIX & SEPT Daniel Zoellner PAGE HUIT & NEUF Daniel Zoellner PAGE DIX Daniel Zoellner PAGE ONZE Natalie Racloppa PAGE DOUZE Daniel Zoellner

Info Comments (0) Keywords

Page URL: http://mrg.bz/hP53CL

PAGE TREIZE Hiroshi Watanabe Zenshui/Sigrid Olsson Image Source PAGE QUATORZE & QUINZE Daniel Zoellner

Image URL: http://mrg.bz/xTOFfX Crop and post.

morgueFile free photo You are allowed to copy, distribute, transmit the work and to adapt the work. Attribution is not required. You are prohibited from using this work in a stand alone manner. License summary

PAGE SEIZE Daniel Zoellner PAGE DIX-SEPT Pablo Gonzalez Vargas

Pablo Gonzalez Vargas

Morguefile, where photo reference lives. This morgue file contains free high resolution digital stock photographs and reference images for either corporate or p of this site is to provide free image reference material for illustrators, comic book artist, designers, teachers and a

About morgueFile

Contacts

Advertise

Terms

© 2009 -2010 MORGUEFILE. All Rights Reserved.

Privacy

echo | janvier 2010 19



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.