Association ADERFF De Défense des Eaux Rivières et Fleuves de FRANCE
28 février 2012
Monsieur Jean Paul MATRAY Commissaire enquêteur Préfecture de la Loire 2 rue Charles de Gaulle 42022 Saint Etienne CEDEX 1 Objet : Enquête publique de reconstruction du barrage des PLATS sur la Semène commune de St Genest Malifaux, dans la Loire AVIS sur le projet de reconstruction
Monsieur le Commissaire, En 2005, une vidange de ce barrage avait généré en aval une pollution de la rivière la Semène – 1 ère catégorie - qui se jette dans la Loire en aval de Firminy. Selon les informations réunies, il s’agissait d’un important largage de boues contenant des substances toxiques accumulées dans la retenue. De plus cet ouvrage n’aurait pas été vidangé depuis près d’un demi-siècle, alors que ces opérations doivent avoir lieu tous les dix ans, pour contrôler l’ouvrage et empêcher une accumulation de sédiments. Il faut rappeler qu’une procédure d’autorisation doit être respectée. Elle prévoit notamment une évaluation des risques sur le milieu aquatique et des mesures techniques pour éviter un désastre écologique qui peut, sur des dizaines de kilomètres anéantir la faune et la microfaune, détruire des zones de frayères, ruiner un travail de gestion piscicole qui a demandé des années d’efforts et d’investissements en personnels salariés et bénévoles, menacer certaines activités et mettre en danger autrui. Le lit de la rivière, compte tenu du délai sans vidange en amont du barrage, était utilisé comme une décharge non contrôlée. Cette rivière qui serpente dans les départements de la Loire et de la Haute-Loire est la seule du bassin stéphanois à quasiment couler « librement » depuis sa source, dans le PNR du Pilat, jusqu’à sa confluence dans le fleuve Loire. De ce fait, la qualité des eaux et la richesse biologique se sont beaucoup améliorées. La Semène est donc en voie de devenir sur le bassin de la Loire, un modèle de cours d’eau retrouvent un « bon état écologique », prévu depuis 2000 par la Directive Cadre sur l’Eau de l’Union Européenne. Le barrage des Plats, construit en 1958, avait pour but de fournir de l’eau potable pour la croissance de Firminy et de son aire métropolitaine. L’ouvrage avait été fortement surdimensionné car les urbanistes prévoyaient à l’époque 100 000 habitants en 2000. Or Firminy compte aujourd’hui 25 000 habitants. De plus les 6 années pendant lesquelles le barrage n’avait pas fonctionné ont permis de démontrer que l’approvisionnement en eau potable pouvait être assuré différemment, à partir d’autres réseaux. Pourtant le Syndicat des barrages regroupant seulement quatre communes du territoire a décidé, sans débat public et sans études sérieuses d’alternatives, de dépenser en cette période de crise 6 millions d’euros d’argent public pour a reconstruction. Les ONG du Collectif Loire Amont Vivante qui regroupe une quinzaine d’associations régionales, départementales et nationales sont convaincues que cet argent pourrait être mieux utilisé que dans la reconstruction de ce barrage. Il va falloir relever les défis des changements et des bouleversements climatiques, ainsi que ceux de la conservation de la biodiversité, de la gestion de l’eau et du devenir des territoires ruraux. Il est donc temps de lancer notamment à l’échelle du département de la Loire, qui tourne depuis 15 ans le dos au « Plan Loire Grandeur Nature », l’étude sur d’autres pistes qui permettraient de garantir un approvisionnement en eau plus solidaire, plus écologique, moins coûteux et respectueux de cette ressource eau vitale et indispensable.
Enquête publique de reconstruction du barrage des PLATS sur la Semène
p. 2
Les rivières de la Loire amont et leurs bassins versants ont payé un très lourd tribut à un développement économique qui n’est pas durable. Il faut donc aujourd’hui les épargner, les restaurer et les sauvegarder. La Semène mérite de figurer dans la Trame Verte et Bleue du Grenelle de l’environnement, et ne pas être dégradée à nouveau par la présence d’un ouvrage. .
Parmi les dégâts occasionnés par la vidange de 2005, suite à toute absence de précaution, il y a eu une pisciculture détruite, des captages d’eau de deux communes au moins ont été atteints par la pollution, ainsi que des usagers riverains et des utilisateurs de la ressource. Une mortalité de poissons importante a nécessité des interventions du Conseil supérieur de la pêche et d’autres corps des services de l’État qui interviennent en renfort pour éviter une aggravation de la pollution due à la putréfaction des poissons morts. Les pouvoirs publics – État, communes, collectivités départementales et régionales - ont obligation de protéger la qualité de l’eau, des milieux aquatiques, et de la biodiversité. Un avis défavorable à la reconstruction de ce barrage nous paraît répondre à une demande d’associations, de consommateurs, d’usagers, mais aussi d’élus. Veuillez agréer, Monsieur le Commissaire, l’assurance de notre considération. Pour l’ADERFF Jacques Blanquet Chargé de mission
ADERFF 15 rue Marcel Bourdarias 94140 Alfortville