pour une planète vivante*
Position du WWF-France sur le « Schéma éolien de la Loire »
« Il est besoin que le peuple ignore beaucoup de choses vraies et croie beaucoup de choses fausses »
* for a living planet
Montaigne
AVRIL 2010
Position du WWF-France sur le « Schéma éolien de la Loire »
« D’ici à 2010, nous allons investir 3 milliards d’euros dans l’énergie éolienne, soit autant que pour construire notre prochaine centrale nucléaire EPR. C’est un symbole fort. » Pierre Gadonneix Président d’EDF - 9 juillet 2006
Quelques observations préliminaires. L’Etat a engagé une démarche de création d’une « Zone de Développement Eolien » dans le département de la Loire1, entre le 7 janvier et le 15 mars 2010. Celle-ci illustre la volonté, bienvenue pour le WWF, de construire quelques parcs éoliens dans le département et de le faire en associant le plus étroitement possible les divers acteurs : collectivités, services de l’Etat, ONG, entreprises, populations et en suscitant les conditions d’un échange de qualité. Cette méthode, qui est celle du Grenelle de l’Environnement, celle que le WWF s’efforce de mettre en place dans ses programmes de conservation de la biodiversité, nous paraît être la seule apte à sortir la question du développement de l’éolien de la grande conflictualité qui l’accompagne depuis quelques années, du fait d’un manque abyssal d’information et de partage des connaissances. Le WWF est une ONG de conservation généraliste, dont une partie du travail est concentrée sur la question des changements climatiques, donc sur elle de l’énergie. Dans sa « Vision énergétique pour 2050 », le WWF-international estime que « 39 % des besoins de 2050 pourraient être fournis sans consommation supplémentaire d’énergie, grâce aux efforts de d’efficacité énergétique, 44 % pourraient être assurés par les renouvelables (éolien, biomasse, solaire, énergies marines, géothermie…). Les 17 % restant continueraient à être assurés par les énergies fossiles conventionnelles »2. Le WWF-France s’est intéressé depuis longtemps à la question du développement du grand éolien en France, notamment dans le cadre de la campagne pour l’effacement des 3 grands barrages obsolètes de Poutès sur l’Allier, Vézins, La Roche qui Boit sur la Sélune. Pour l’effacement de Poutès, dans le département de la Haute-Loire, le WWF, en accord avec sa culture de « recherche de solutions » a souhaité substituer l’intégralité des GWh produit par l’ouvrage à effacer par d’autres GWh renouvelables. Il a proposé, parmi les diverses options, de recourir au grand éolien, suite à une étude réalisée par le bureau « Energie demain3 ». Il a à ce titre soutenu, concrètement, la création de divers parc dans le département voisin de la Haute-Loire : celui d’Ally Mercoeur, celui de Saint Jean Lachalm, sur les plateaux bordant l’Allier et celui de Freycenet Latour, sur les contreforts du massif du Mézenc, en apportant auprès des divers acteurs intéressés des éléments de compréhension des enjeux globaux, en particulier sur les dommages écologiques sans commune mesure de l’éolien et ceux de la plupart des grands barrages en fonctionnement. 1
n avril 2008, 89 ZDE étaient recensées en France, pour une puissance totale de 4900 MW. E 60 autre zones étaient en instruction pour une puissance supplémentaire de 3400 MW. (SER, L’énergie du vent 2009).
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Position du WWF France sur les éoliennes. Juin 2008.
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Energie demain, 99 rue de Stalingrad 93 100 Montreuil sous Bois Tél. 01 42 87 23 27
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Position du WWF-France sur le « Schéma éolien de la Loire »
Quelques généralités sur le plan national. 1. Pour faire face aux défis énergétiques du futur et afin de baisser l’intensité carbone de notre économie, pour aller vers la « durabilité », le développement des différentes énergies renouvelables doit être amplifié considérablement. Ce développement doit aller de pair avec la mise en œuvre de politiques publiques ambitieuses dans le domaine de la sobriété, en particulier pour le logement et les transports (les usages de l’électricité ne constituent qu’une part minoritaire, 22 %, des usages finaux de l’énergie dans notre pays) et de l’efficacité énergétique, avec le gisement considérable des « négawatts ». L’objectif donné par les parlementaires pour le développement de l’éolien, dans le cadre du vote des lois du « Grenelle de l’Environnement » est d’aller vers 23 % de production d’énergies renouvelables totales d’ici 2020, soit l’équivalent d’une production supplémentaire de 20 millions de tonnes d’équivalent pétrole (Mtep) en chaleur et électricité par rapport à la production actuelle, estimée à 17 Mtep sur un total consommé en France estimé à 157 Mtep. La part prévue pour l’éolien est de 5 Mtep environ4, un quart de l’effort, ce qui est considérable. La France dispose avec l’éolien - qui ne représente qu’une part du développement de l’électricité renouvelable, avec le solaire, l’hydraulique, la biomasse, les énergies marines, la géothermie - du deuxième gisement d’Europe après l’Angleterre. Notre pays prévoit d’avoir installé 25 000 MW en 2020. Ces 25 000 MW se décomposent en 19 000 MW pour l’éolien terrestre et 6 000 pour l’éolien offshore.5 Réparti sur le territoire pour l’éolien terrestre, cela représente environ une centaine d’éoliennes de 2 MW par département, soit un minimum de 5 parcs de 20 machines. Rappelons ici que l’énergie éolienne est en pleine croissance, avec 27 000 MW installés dans le monde en 2008. Il constitue aujourd’hui la deuxième filière de production électrique européenne en terme de nouvelle puissance installée chaque année. L’Union dispose aujourd’hui d’une capacité de 65 000 MW et la croissance du marché européen est de 30 % par an depuis 1997. A l’horizon 2020, l’éolien pourrait fournir entre 11,6 % et 14,3 % de l’électricité de l’UE6 : nous pouvons considérer que la filière industrielle est mûre, fiable et que, sa croissance continue montre que l’exploitation des divers centres de production, couplé aux autres moyens (bouquets énergétiques) pose des problèmes aujourd’hui maîtrisés par les Etats, les distributeurs et les utilisateurs finaux. Une éolienne de 2 MW, une taille aujourd’hui courante7, permet d’alimenter en électricité spécifique (hors chauffage) 2000 foyers. Elle évite annuellement la production de 2000 tonnes de CO2, une éolienne émettant moins de gaz à effet de serre (20 g/kWh) que l’hydraulique (33 g/kWh) ou le nucléaire (35 g/kWh), selon une étude de l’Ökoinstitut, en Allemagne, l’empreinte écologique de l’éolien étant 175 fois plus faible que celle des énergies fossiles. Les 25 000 MW installés à l’horizon 2020 devraient permettre d’éviter l’émission de 16 millions de tonnes de CO2, sachant que notre pays avait produit en 2006 36 millions de tonnes de CO2 pour sa seule production électrique8. En 2008, la France a produit 5 TWh éoliens et 7,8 TWh en 2009, évitant l’émission de 1,65 M tonnes CO2, sur total français d’émission de 500 millions de tonnes environ.
Notre pays, même s’il est en deuxième position, derrière l’Allemagne, pour l’ensemble des énergies renouvelables (chaleur et électricité) a pris dans les années 90 et 2000 un important retard pour le développement de la production d’électricité renouvelable d’origine solaire et éolienne, l’électricité renouvelable ayant été majoritairement cantonnée à la seule hydroélectricité. Le WWF n’est pas opposé à un certain développement de l’hydroélectricité9, en priorité sur des portions de rivières déjà aménagées et si possible sur des ouvrages déjà construits. L’installation de nouveaux ouvrages sur les rares portions de rivières intactes est à priori exclue, elle doit être exceptionnelle, parfaitement justifiée et soumise à un large débat. De fait, la France compte déjà, selon un inventaire encore provisoire de l’Onema10, plus de 60 000 ouvrages sur ses cours d’eau, dont une partie va devoir être effacée dans le cadre de la mise en œuvre de la Directive Cadre sur l’Eau et du Grenelle de l’Environnement (Trame Verte et Bleue). Le potentiel de développement de l’hydroélectricité, évalué à 3 TWh dans la dernière PPI11, ne peut satisfaire qu’une partie de l’augmentation prévue de la production d’électricité renouvelable12 pour atteindre les objectifs en 2020 : la France ne peut en conséquence se passer du développement de l’éolien pour répondre à ses obligations nationales et européennes. 4 Soit 3,5 Mtep et 1,4 Mtep. 5
En 2007, 2500 MW éoliens étaient installés en France, contre près de 20 000 en Allemagne.
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L’énergie du vent Syndicat des Energies Renouvelables / France Energie Eolienne 2009
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a plupart des éoliennes d’aujourd’hui sortent avec des puissances entre 2.3 et 3 MW, des éoliennes de 7 MW étant en déveL loppement.
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es 3400 MW installés fin 2008 ont permis d’éviter l’émission de 2 millions de tonnes de CO2. La production totale a été de 5 L TWh, soit 1 % de la consommation totale d’électricité.
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ans le cadre du Grenelle de l’Environnement, le WWF participe activement, aux côtés d’autres ONG, depuis septembre 2008, D aux travaux pour l’élaboration d’une « Convention pour le développement d’une hydroélectricité durable ». 10
Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques, créé par la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques de décembre 2006. 11
rogrammation Pluriannuelle des Investissement, une procédure issue de la Loi d’Orientation sur l’Energie du 13 juillet P 2005 (loi POPE). 12
renelle de l’Environnement : réussir la transition énergétique. 50 mesures pour un développement des énergies G renouvelables à haute qualité environnementale.
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Position du WWF-France sur le « Schéma éolien de la Loire »
Quel éolien dans la Loire ? 2. Le gisement global de vent dans la Loire, tel qu’il est présenté dans le schéma soumis à consultation, est majoritairement de 4 mètres par seconde, selon l’Atlas réalisé par l’Ademe en 2001. C’est une vitesse suffisante pour les machines d’aujourd’hui, qui correspond aux critères définis dans la circulaire du 19 juin 2006 pour l’éligibilité des territoires13. Il n’y a donc pas de problème majeur d’absence de vent qui ne justifierait pas les investissements importants à effectuer, (un minimum de 100 millions d’euros, pour une centaine de MW à installer). D’autre part, l’ossature du réseau électrique du département est, selon le document, suffisante pour installer des parcs sans coûts de raccordements excessifs. 3. L’inventaire des sites paysagers remarquables, dans lesquels il est exclu d’installer un parc, montre qu’il reste de nombreux secteurs de paysages « ordinaires » dans lesquels il est possible d’implanter des parcs éoliens. Il s’agit d’éviter des atteintes supplémentaires dans un département qui a connu un très fort étalement urbain, qui a fait l’objet d’atteintes paysagères majeures pendant des décennies, comme en a par exemple témoigné le dernier film d’Eric Rohmer autour du roman d’Honoré d’Urfé, film qu’il n’avait pu tourner dans la plaine du Forez suite à 50 années de politique paysagère inexistante de la part des différents pouvoirs publics. Il est instructif dans ce domaine de remarquer que, dans un pays comme l’Allemagne, dans des zones industrielles, artisanales d’une qualité paysagère faible, des éoliennes de moyenne puissance (750 kW) sont installées depuis longtemps, sans générer de problèmes esthétiques majeurs. Il pourrait être intéressant, sur des secteurs de ce type dans la Loire (agglomération stéphanoise, par exemple) de lancer une réflexion sur de telles implantations. 4. De même, l’inventaire des sites d’un grand intérêt naturel, qu’il faut impérativement, dans le cadre des politiques publiques pour la protection de la biodiversité préserver de toute atteinte supplémentaire montre qu’il reste de nombreux espaces dans lesquels une implantation est possible. Les principales atteintes sont liées à l’agriculture industrielle – remembrements, drainages, usages des pesticides et engrais minéraux, perte de savoirs agronomiques -, la fragmentation du territoire par l’urbanisation, l’étalement urbain et les axes de transport, les aménagements des cours d’eau pour l’hydroélectricité, le soutien d’étiage, la « lutte » contre les inondations, l’extraction de matériaux alluvionnaires. Les espaces naturels en très bon état de conservation, aujourd’hui bien cartographiés et inventoriés (ZNIEFF) voire protégés (réserves naturelles ou autres dispositifs, zones Natura 2000) les zones humides, tourbières, landes, les espaces où les enjeux oiseaux, chiroptères, botaniques sont forts doivent être exclus des sites potentiels d’implantation, comme le propose le schéma. 5. Naturellement, pour des questions de protection contre le bruit (au pied d’une éolienne moderne, le bruit est de 55 décibels, soit un niveau de bruit équivalent à celui d’une fenêtre donnant sur une rue), de « confort visuel », les parcs doivent être implantés à des distances raisonnables des zones habitées, à déterminer avec les riverains après une large concertation. La distance prescrite aujourd’hui (sans contraintes législatives) est de 500 mètres, mais il est intéressant de noter que, au Danemark ou aux Pays Bas, il n’y a pas de contraintes sur ce plan.
Comment aller plus loin ? 6. Ces constats étant faits, il nous paraît nécessaire d’aller plus loin que le Schéma Eolien de la Loire actuellement proposé. Tout d’abord, nous suggérons à l’Etat et ses services de lancer un important travail d’information et de communication. La position des ONG sur cette question n’est pas unanime. Cette absence d’accord est logique, liée à leur différentes identités, cultures et objectifs, à la complexité du sujet. Leurs réserves, dans différents domaines, doivent permettre de bien hiérarchiser les enjeux, d’éviter de construire, comme cela a pu se faire dans le passé, en France ou ailleurs, des parcs dont la justification n’est pas complètement fondée. Cette opposition reflète également une inquiétude réelle, légitime chez certaines d’entre elles, devant une incohérence des politiques publiques. Les divers pouvoirs publics envisagent toujours de construire l’A 45, avec des conséquences graves sur la consommation d’énergie et les émissions de CO2, des atteintes nouvelles au tissu et productions agricoles, aux paysages, à la biodiversité quand, dans le même temps, ils veulent construire des parcs éoliens pour augmenter le recours aux énergies renouvelables et éviter des émissions supplémentaires de CO2… Il y a là une incohérence majeure que le WWF ne peut, à son tour, manquer de dénoncer.
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vec l’augmentation de la surface balayée par les pâles, les éoliennes peuvent auA jourd’hui fonctionner avec des vents de moins de 3 m/s.
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7. Il manque une étude globale sur les usages et les productions de l’énergie dans le département : nombre de centrales hydrauliques, production des grands barrages, production de la centrale installée à Roche La Molière sur l’immense centre d’enfouissements technique (CET) du Pateux / Bioval, avec une production de 50 GWh par an en 2005. Quel autre potentiel d’exploitation du biogaz, des solaires thermique et photovoltaïque, production en chaleur, en particulier à partir des chaudières bois, quelles importations d’électricité, exportations ? Dans le même registre, il est important de mettre à disposition du public une idée des consommations des ligériens, avec une approche sur les gisements en matière d’économies d’énergie dans les divers usages. Il serait utile d’intégrer les Plans Climats en cours de réalisation ou réalisés et d’avoir une liste des projets éoliens en cours, à leurs différents stades, ainsi que de connaître les communes qui ont engagé des démarches et les différents opérateurs intéressés. Enfin, il serait intéressant de faire un recensement des entreprises de la Loire qui pourraient créer des emplois, durables et non délocalisables, à partir de l’éolien. Dans le contexte de crise actuelle, ces perspectives (ainsi que celles dans les autres EnR) peuvent donner des indications intéressantes. L’Ademe estime qu’un programme de 100 MW éoliens, associant les PME du territoire peut générer jusqu’à 30 millions d’euros pour l’économie locale. 8. Une des critiques récurrentes de l’éolien est son intérêt industriel limité, sa non compétitivité économique et son coût pour les finances publiques et donc des particuliers. Il est important que, dans le débat en cours, l’Etat donne des éléments d’appréciation à la population pour sortir des représentations erronées sur une industrie « fragile, non compétitive, largement subventionnée ou confisquée par les seuls intérêts privés ». L’éolien est une filière industrielle de production d’énergie mature, en plein développement dans le monde entier. En France, il bénéficie de trois gisements de vents distincts, (océanique, continental et méditerranéen) ce qui, selon RTE14, lui donne une productivité largement supérieure à la moyenne européenne. Selon, RTE, l’éolien se révèle particulièrement adapté à notre consommation, les éoliennes produisant plus en hiver qu’en été, soit dans les périodes où la demande d’électricité est plus importante. Toujours selon RTE, même s’il y a des modulations saisonnières marquées, la production se substitue à la production des moyens de base, (en particulier les centrales thermiques à flamme) dont la puissance installée peut être réduite en conséquence. L’éolien employait 400 000 emplois dans le Monde en 2008, dont plus de 100 000 en Europe : 20 000 en Espagne, 40 000 en Allemagne (soit plus que le nucléaire), 23 000 au Danemark, pays qui, comme le déclarait Michèle Papalardo, directrice de l’Ademe en 2007, ne « feraient pas d’éolien si c’était un choix stupide15 ». En France, selon l’Ademe, l’éolien représente 7000 emplois directs, pour un chiffre d’affaire global de 1,7 milliards d’euros. Il pourrait employer 60 000 personnes dans notre pays en 2020. La même étude de l’Ademe, en juillet 2008, déclarait que « le marché de l’efficacité énergétique et du développement des énergies renouvelables constitue un secteur de l’économie à part entière : le nombre d’emplois directs est de 220 000 en équivalent temps plein, soit un niveau supérieur à celui de l’industrie automobile ». Il faut par ailleurs, pour éviter de donner l’impression trompeuse que « nos impôts enrichissent les compagnies privées », mieux expliquer les mécanismes de la CSPE, (Contribution au Service Public de l’Electricité), peu connus et appropriés. Aucune filière énergétique n’a pu se développer sans un soutien massif des Etats. L’éolien n’échappe pas à cette constante. On estime actuellement que le soutien à l’éolien, via la CSPE, est de 4 % du montant global de la CSPE, l’équivalent de 4,5 euros par MWh éolien, soit une charge de 0,018 centimes d’euros par kWh par habitant, 90 centimes d’euros annuels par foyer, chauffage inclus, sachant que ce ne sont pas les contribuables, mais les consommateurs qui paient la CSPE. Rappelons que la CSPE en 2009, sur un total de 1791 millions d’euros, a consacré 75 millions à l’éolien, l’essentiel allant à la cogénération et à la péréquation tarifaire, qui permet à des sites isolés de bénéficier d’une électricité au prix du marché, et qui profite pour une bonne part aux Territoires d’Outre Mer. De plus, l’écart de prix entre le MWh éolien (82 euros) et celui du marché (69 euros) tend à se réduire progressivement, et, dans quelques années, le prix du MWh éolien pourrait être inférieur au prix du marché16. Enfin, le tarif est adapté à chaque année en fonction d’indices de conjoncture économique. Ce tarif pour 2010 est ainsi fixé à 81 euros par MWheures. 14 15 16
Réseau de Transport de l’Electricité, une filiale à 100 % d’EDF. Des bâtons dans les pâles Libération 20 janvier 2007 Etude Ademe In Numeri 2009. Sur le marché libre Powernext, durant le mois d’octobre 2008, EDF a revendu des MWh éolien achetés 84 euros au prix de 91 euros, à un époque ou le baril de pétrole était au plus haut.
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Position du WWF-France sur le « Schéma éolien de la Loire »
Dernier élément, qui intéresse le WWF, convaincu que l’écologie ne peut se construire qu’avec les communautés locales et qu’il est important d’assurer des ressources nouvelles pour les communes rurales : les projets éoliens permettent d’assurer des ressources nouvelles et pérennes pour les communes rurales, pour des territoires ruraux quelquefois en difficulté. A titre d’exemple, le parc éolien d’Ally, en Haute-Loire, génère plus de 700 000 euros de taxe professionnelle pour les communes d’Ally et de Mercoeur et les collectivités territoriales, dont 40 % pour le département de la Haute-Loire, 200 000 euros pour la commune d’Ally. Chaque éolienne rapporte annuellement 2000 euros au propriétaire du terrain d’implantation, des revenus intéressants au final pour des territoires à l’économie fragile. A Ally, la mairie a essayé de répartir équitablement les machines, donc les revenus entre les habitants. En terme de création d’emplois, 6 postes ont été créés, au minimum, par l’entreprise Boralex pour la maintenance de ses 3 parcs en Haute-Loire et en Ardèche.
Aller vers l’éolien participatif : la Loire pionnière ? 9. Pour mieux avancer dans le domaine d’une répartition plus équitable des ressources générées par l’éolien et dans la continuité du travail de recherche lancée par l’Ademe, il faudrait réfléchir à faire de la Loire un département pilote dans la création de projets éoliens participatifs. Une des raisons des oppositions locales à l’éolien est le fait que les bénéfices financiers semblent aller, pour l’essentiel, aux investisseurs privés qui profitent des tarifs d’achat intéressants. Si ce mécanisme de tarif d’achat est indispensable pour le développement de la filière, à forte intensité capitalistique, il est par ailleurs essentiel que les riverains de parcs éoliens, et pas uniquement les collectivités, puissent bénéficier des retombées économiques. Ces retombées, partagées plus équitablement sur un territoire, sont un moyen d’assurer de la cohésion sociale locale, de concrétiser un mode de « développement durable », basé sur l’appropriation de l’enjeu énergétique, enjeu essentiel, par les populations et acteurs des communautés d’implantation. En France, pour diverses raisons, la création d’un dispositif éolien participatif est particulièrement compliquée, alors que, par exemple, au Danemark, cette pratique est usuelle, 100 000 Danois étant très étroitement associés au développement de cette source d’électricité, via des systèmes coopératifs. Dans une récent débat public organisé à Avermes, à l’initiative du Conseil Général de l’Allier, la représentante de l’Ademe, animatrice du secteur éolien dans l’Agence, Mme Mila Galiano a indiqué que l’Agence réfléchissait, avec la SCIC Enercoop, fournisseur de l’électricité la plus écologique du marché pour faciliter la mise en place d’éolien participatif dans le pays. La Loire pourrait, via l’Ademe Rhône-Alpes, s’investir dans ce projet.
En conclusion, le WWF est favorable à la mise en œuvre du « Schéma éolien de la Loire » qui va contribuer à renforcer une culture de l’énergie qui est, ici comme ailleurs, déficiente. Il faut cependant compléter ce schéma. Qui consomme quoi ? Comment ? Quelles sont les sources d’électricité renouvelables dans la Loire ? Quelle sera la place de l’éolien dans le « mix énergétique » global du territoire : autant de questions qui méritent d’être explicitées. Le département, grâce au travail pionnier de multiples acteurs privés ou publics, (Héliose, Latere, le SIEL, d’autres) a commencé depuis quelques années à explorer ces voies d’un avenir énergétique durable. Il faut aller plus loin et l’éolien en offre la possiblité. Saisissons, ensemble, l’opportunité de la mise en œuvre de ce schéma éolien dans la Loire, au moment où doit se mettre en place un débat public autour de la vidange du barrage de Grangent, pour améliorer la culture collective et ainsi aider à transformer positivement la culture énergétique du département de la Loire. 17
oir étude Energie demain : Montdidier Ville pilote en maîtrise de l’énergie Bilan et perspectives Sept 2009. V Régie communale de Montdidier ZI La Roseraie BP 90 041 80 500 Montdidier - Tél. 02 22 78 74 70 - accueil@regiecommunaledemontdidier.fr
Sources Grenelle de l’Environnement : réussir la transition énergétique. 50 mesures pour un développement des énergies renouvelables à haute qualité environnementale. MEEDDM 17 novembre 2008 L’énergie du Vent. Syndicat des Energies Renouvelables - France Energie Eolienne 2009 Position du WWF France sur les éoliennes. Juin 2008
WWF France 1, carrefour de Longchamps 75016 PARIS - tel.01 55 25 84 84 - www.wwf.fr
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WWF Programme rivières vivantes 4, rue Bodin 69004 LYON - tel.04 78 27 39 95 26, rue Brossard 42000 SAINT ÉTIENNE Martin Arnould - tel.04 77 21 58 24 - marnould@wwf.fr
Document éco-conçu à imprimer si possible sur papier recyclé.
Pour donner une illustration de cette direction innovante, la ville de Mondidier en Picardie, dans le cadre de l’opération « Mondidier Ville Pilote MDE » a lancé un projet pilote pour exploiter en régie directe un parc éolien de 4 machines de 2,5 MW sur son territoire, pour une production annuelle de 19 GWh par an. Les bénéfices de l’exploitation permettront de réinvestir dans la sécurisation du réseau de la ville, dans des projets de maîtrise de l’énergie et de développement d’autres énergies renouvelables. Ils contribueront à réduire la précarité énergétique des habitants les plus défavorisés de la commune17, à renforcer la politique locale de développement durable : une expérience pilote en France.