UET6 « Questions de Recherche » Groupe Ch.Girard/P.Marguc « Les Architectures de l’extrême » 2007-2008 Semestre 2
De la notation chorégraphique à l’espace architectural : vers une architecture en mouvement. Christelle Anihouvi BOKOSSA Danse et architecture sont deux disciplines qui ont comme matière première l’espace. A travers leur corps, les danseurs révèlent l’espace, le paysage et l’architecture. Ils se mettent en mouvement ainsi que l’espace qui les entoure. En effet, une des valeurs fondamentales de la danse est de « faire danser l’espace » Comment doit on procéder pour « faire danser l’espace » ? Qu’est ce qu’un espace qui bouge ? Comment l’architecture (discipline) procèderait t- elle pour mettre en mouvement l’espace architectural? Les données essentielles caractéristiques de la danse serviront-ils à concevoir un espace architectural mouvant ? Dans une approche historique, il s’agira de voir dans un premier temps quand et comment la danse au travers du mouvement a commencé par intéresser l’architecture. Depuis l’influence des scientifiques qui remettent en question la géométrie euclidienne en manipulant le concept de la quatrième dimension, jusqu’à l’invention de la chronophotographie qui fige le mouvement dans un temps suspendu, le passage du XIXe au XXe siècle a vu l’introduction du mouvement et du temps dans la conception spatiale. Cette révolution de notre vision du monde a donné lieu à de nombreuses réflexions telles celle d’Adolphe Appia, scénographe et théoricien suisse en 1912, qui conçoit l’espace scénique comme un espace libre et transformable, un espace rythmique qui se révèle et prend vie au contact des corps en mouvement. Pareillement influencé par ces transformations vers les années 1920, Rudolf Laban d’origine hongroise, chorégraphe et chercheur en danse, place sa recherche dans la relation entre le mouvement et l’espace. Il construit à partir du centre de gravité du corps, une structure architectonique tensionnelle qui soutient le mouvement et définit des relations harmoniques entre le
corps et son architecture spatiale environnante, ce dernier qu’il nomme kinésphère (confère image en dessous).
Gamme dynamosphérique (kinésphère) : séquence de mouvement. « Danse et architecture », Florence Corin, Bruxelles, Contredanse (Nouvelles de danse), 2000.
D’autres manifestations de connexions entre danse et architecture sont visibles dans le théâtre de Loïe Fuller ou dans les scènes construites pour Akarova en 1927 par l’architecte Henry Van de Velde. Ce petit théâtre réalisé dans l’enceinte de l’école de la Cambre offre à Akarova, une danseuse belge, la première scène véritablement adaptée aux recherches plastiques, aux expériences scénographiques, à l’esprit de la danseuse. Ici, c’est dans l’essence même de la danse que l’on va puiser les concepts d’élaboration du projet architectural : quand les volutes de tissus inspirent les lignes fluides de la façade, que les recherches plastiques induisent le