02.10 au 29.10 2019

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PAPICHA

Un film de Mounia Meddour Algérie – 2019 – 1h46

N°382 — octobre 2019

cinémas Studio — 2 rue des Ursulines — 37000 Tours — www.studiocine.com


S OM M A IRE

02 ÉDITO Parasite 04 CNP Soirées-débats du CNP 0 6 É VÉNEMENTS Année Balzac 21e Rencontres de Danses Urbaines Bimestriel du Cinéma Africain de Tours Sans Canal Fixe Fête du cinéma d’animation Marathon international du court métrage 48 HFP 09 LES FILMS Les films de A à Z 16 AUTOUR DES FILMS Diego Maradona Never Grow Old Perdrix Rêves de jeunesse Roubaix une lumière So Long, My Son Wild Rose Yesterday 36 JEUNE PUBLIC 38 EN BREF Nouvelles d’ici et d’ailleurs 39 INFOS PRATIQUES 40 FILM DU MOIS Papicha

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS 2 RUE DES URSULINES, 37000 TOURS MENSUEL / PRIX DU NUMÉRO 2 € ISSN 0299 - 0342 / CPPAP N° 0224 K 84305 ÉQUIPE DE RÉDACTION : SYLVIE BORDET, ISABELLE GODEAU, JEAN-FRANÇOIS PELLE, DOMINIQUE PLUMECOCQ, ÉRIC RAMBEAU, ROSELYNE SAVARD, MARCELLE SCHOTTE, ANDRÉ WEILL, AVEC LA PARTICIPATION DE DE LA COMMISSION JEUNE PUBLIC. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ÉRIC RAMBEAU CONCEPTION GRAPHIQUE : EFIL / WWW.EFIL.FR (TOURS). ÉQUIPE DE RÉALISATION : ÉRIC BESNIER, ROSELYNE GUÉRINEAU – DIRECTEUR : PHILIPPE LECOCQ. IMPRIMÉ PAR PRÉSENCE GRAPHIQUE, MONTS (37).

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Les Carnets du Studio

La dictature du présent immédiat

U

n jeune indien marche, la nuit, dans une forêt tropicale. Le rythme est lent, l’image difficilement lisible, mystérieuse. Il suit la voix de son père, disparu depuis une année, qui le guide jusqu’à un lac pour lui demander d’organiser la fête qui doit marquer la fin de son deuil. Pour qu’il puisse enfin quitter le monde et que les vivants l’oublient. Le jeune homme jette un bâton dans l’eau et la surface du lac s’embrase… Avec cette lenteur inhabituelle, sans effets spéciaux, le film des Brésiliens Joao Salaviza et Renée Nader Messora, Le Chant de la forêt, nous fait pénétrer dans un ailleurs radical : la magie du cinéma répond à la magie de cette autre vision du monde… Dans un article intitulé Le Spectateur impatient, le cinéaste et romancier Gérard Mordillat notait : « Le cinéma est un art contemplatif. » et il regrettait : « le spectateur contemporain est un homme ou une femme pressé. Il faut que l’action s’engage dès la première image du film, que les séquences s’enchaînent à la vitesse d’une mitrailleuse lourde (…) Il s’agit d’en mettre plein les yeux au spectateur pour qu’il n’y voie plus rien ; de lui en mettre plein les oreilles pour qu’il n’y entende plus rien. » Pour lui, il y a une concordance entre cette accélération du rythme des images et la situation politique : Le spectateur impatient est « un citoyen prisonnier de l’image et un consommateur gavé au sucre de la nouveauté. Un citoyen qui ne réclame plus de voir ni de comprendre (l’idéologie, les programmes), mais d’être ébloui par l’image projetée par le politique. » Économiquement, il y voit « l’emprise du management contemporain.


© AD VITAM

ÉDITO

Le Chant de la forêt, un film de João Salaviza & Renée Nader Messora

Fini les pauses, les temps morts, la réflexion sur et au travail. (…) Le salarié, le citoyen et le spectateur sont dressés à l’urgence. » Ces propos entraient en résonance avec la 15e édition des Promenades photographiques de Vendôme qui avait choisi comme intitulé Éloge de la lenteur avec en exergue une citation du romancier Milan Kundera : « Notre époque est obsédée par le désir d’oubli et c’est afin de combler ce désir qu’elle s’adonne au démon de la vitesse ; elle accélère le pas parce qu’elle veut nous faire comprendre qu’elle ne souhaite plus qu’on se souvienne d’elle. » En tant que cinémas, les Studio se trouvent au cœur de ce processus d’accélération : de plus en plus de films et donc, mathématiquement, de moins en moins de place pour que les œuvres projetées puissent rencontrer le public. Des films à forte exposition médiatique qui attirent les foules (et permettent aussi aux salles de vivre) et qui font que des films fragiles, plus difficiles, ont ten-

dance à disparaître, entraînés par le flux incessant d’images déversées chaque mercredi… Comment résister ? Comme continuer à proposer à nos spectateurs pas moins de 500 films annuellement, des films du monde entier comme ce Chant de la forêt, tourné avec des pellicules et d’anciennes caméras car les caméras numériques ne supportaient pas les conditions météorologiques et l’éloignement du tournage ? Depuis l’origine, les cinémas Studio sont restés fidèles à une programmation mensuelle (une véritable exception culturelle) afin que son public ait le temps d’être curieux et que les films choisis par son équipe de programmation aient le temps… d’être vus. Comme le disait notre parrain Bertrand Tavernier, lors du 50e anniversaire des Studio, il est primordial « que les salles ne soient pas seulement des usines à dévider des images… » et qu’il faut continuer « la bataille cruciale de ne pas céder à la dictature du présent qui est l’une des gangrènes de la vie démocratique. » — DP N°382 — octobre 2019

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SOIRÉ ES- D É BATS D U CNP

UNE DÉMARCHE D’ÉDUCATION POPULAIRE, UN PARTENARIAT ASSOCIATIF LOCAL DES DOCUMENTAIRES ENGAGÉS, DES DÉBATS CITOYENS

Jeudi 3 octobre • 20h00

ENTRE LUTTES COLLECTIVES ET ÉVOLUTIONS PERSONNELLES : L'EXEMPLE DU COMBAT POUR LE DROIT À L'AVORTEMENT À TOURS Le CNP présente :

Le film documentaire relate l'activité de l'ATLAC (Association Tourangelle pour la Liberté de l'Avortement et de la Contraception), qui a consisté dans les années de 1972 à 1975 à pratiquer des avortements illégaux, d'abord clandestins

l'accès à l'université et aux études supérieures aujourd'hui ? En 2018 en France, 7 étudiant.es sur 10 se voient obligés de recourir au salariat, qui est la 1ère cause d'abandon des études. La sélection à l'université est alors à considérer dans la multiplicité de ses facettes, la dimension économique étant omniprésente. Avec une population étudiante toujours grandissante, quels sont les enjeux de l'accès aux études ? — FILM : Étudiants, l'avenir à crédit de Jean-Robert Viallet (CFRT, Arte, France - 2016 - 45'). Rencontre avec Jean Fabbri, enseignant-chercheur et syndicaliste à l'université de Tours et un.e responsable d'organisation de jeunesse.

Jeudi 17 octobre • 20h00

« LE DROIT À LA VILLE » POUR TOUS ?

puis publiquement revendiqués. Il a été réalisé, en 2018, à partir d'interviews d'une douzaine de personnes qui ont milité pour le droit des femmes à avorter. Il témoigne aussi de la manière dont on peut mener un combat. — FILM : Nous aurons ce que nous prendrons de Joël Cogneau & Jean Riant (France - 2018 - 46’) Débat en présence des réalisateurs.

Jeudi 10 octobre - 20h00

SELECTION À L’UNIVERSITÉ, QUE CACHE PARCOURSUP ? Convergence Services Publics 37, le collectif Féminisme et Révolution et le CNP présentent :

La plateforme Parcoursup, sur laquelle les lycéen. nes ont saisi leurs voeux ces deux dernières années, a beaucoup fait parler d'elle depuis sa mise en place. Quelles sont les conditions de

04 Les Carnets du Studio

Convergence services publics 37, le CAUE (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) et le CNP présentent :

Au lendemain de la 2e guerre mondiale, la crise du logement est majeure : la lutte contre l'insalubrité et la nécessité de construire des logements dignes sont prioritaires et conduisent à la construction de nouveaux quartiers. Ces quartiers d'habitat social s’inscrivaient dans le projet de nature politique de droit à la ville pour tous. Ce droit à la ville n'est-il pas aujourd’hui exposé à un processus d'exclusion au profit de promoteurs immobiliers ? — FILM : Quartier de mémoires de Yvan Petit. Coproduction Sans Canal Fixe et Centre dramatique Régional de Tours avec des témoignages sur l’histoire du Sanitas (France - 2001 - 51’). Débat animé par Eddy Jacquemart, président de la CNL (Confédération Nationale du Logement) et Hugo Massire, historien de l’art, spécialiste d’architecture.


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Gouvernements, citoyens et manipulation de l’opinion publique : du cinéma à la réalité Des films ou séries, documentaires ou de fiction, actuels ou anciens (comme Des hommes d’influence, Propaganda, Brexit : The Uncivil War, Jeux d’influence) le montrent : la manipulation de l’opinion publique est une constante des gouvernants. Visant à museler l'expression publique et critique des opposants, citoyens ou associations, et pour tenter de censurer les lanceurs d'alerte, ces gouvernants ont instauré divers mécanismes pour discréditer leur parole : • Juridiques, en renforçant et étendant les notions et champs d'application d'atteinte aux secrets d'État, secret défense, secret des affaires… • Médiatiques, en menant des campagnes pour dénoncer « des théories du complot » et autres prétendues fausses nouvelles, qui certes existent parfois, mais sont aussi un vocable fourre-tout permettant de tourner en dérision, voire d'interdire la publication des révélations de journalistes d'investigation, d'associations ou de citoyens avertis ; celles-ci sont pourtant souvent vérifiées a posteriori lorsque des documents « déclassifiés » tombent dans le domaine public, des dizaines d'années après. Si les gouvernants restreignent l'expression critique du public en la qualifiant de désinformation, symétriquement ils font propager dans les médias des fausses nouvelles, ou des nouvelles tronquées ou biaisées pour désinformer leurs administrés et manipuler l'opinion publique. Quelques exemples anciens ou récents de telles méthodes employées : Colin Powell et le tube de farine présenté comme une arme chimique, prétexte au déclenchement de la guerre en Irak ;

les services de renseignements de l’OTAN et les rumeurs dénonçant les Serbes qui auraient prétendument arraché les embryons du ventre des mères musulmanes, prétexte à l'intervention militaire internationale contre les serbes au Kosovo ; l'état-major américain et son projet, par la suite abandonné, de faire perpétrer des attentats aux États-Unis destinés à justifier une nouvelle intervention à Cuba après l'échec de la Baie des Cochons ; au Brésil, la dénonciation, taxée de « complotisme », de la partialité de l'enquête trop parcellaire pour rendre compte des faits retenus contre Lula ; le gouvernement français et le montant exorbitant du coût des dégradations des radars imputées aux « gilets jaunes » ; et tous les exemples décrits dans « Fabriquer un consentement, la gestion politique des médias de masse », d’Edward Herman et Noam Chomsky. Comment et jusqu'où sommes-nous manipulés et entravés dans l'expression de nos critiques ? Par quels moyens et jusqu'où nos gouvernants sont-ils capables d'aller pour nous manipuler ? Comment les citoyens peuvent-ils rester critiques sans être accusés de « complotisme » pour discréditer leur parole, dans un contexte d'extension du secret des affaires, du secret d'État et de toutes autres mesures visant à restreindre leur liberté d'expression ? C’est donc, entre autres, le rôle des différents médias, cinéma inclus, qui sera l’objet de notre réflexion lors d’un prochain débat. — Le CNP N°382 — octobre 2019

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É V É NE ME N TS

C’est un grand bond dans le temps et dans la culture hip hop que vous proposent les Studio dans le cadre des 21ème Rencontres de Danses Urbaines, avec la projection d’une websérie d’Arte sur l’émission culte que fut H.I.P. H.O.P. et  en présence de son animateur Sidney !

La Vraie histoire de H.I.P. H.O.P. France - 2019 - 1h15, websérie Arte de J.O.E. l’extraterrestre En 1984 débarque sur TF1 la première émission au monde consacrée à la culture hip hop ! Présenté par le légendaire Sidney, ce programme a donné à toute une génération banlieusarde et métissée une place à la télévision. En quelques mois, l’émission a accueilli toutes les plus grandes stars de ce mouvement naissant (même Madonna !). Sur dix petits épisodes savamment orchestrés et pleins d’humour, ce mélange d’archives et de témoignages actuels mêlés d’animations très colorées nous présente l’histoire à la fois drôle et chaotique de sa création. Des

© ARTE

Samedi 5 octobre • 13h45 21e Rencontres de Danses Urbaines

témoignages d’artistes d’hier et d’aujourd’hui (Mathieu Kassovitz, Oxmo Puccino, entre autres…) célèbrent cette émission qui a changé leur vie et déterminé la carrière de beaucoup… Séance gratuite Plus d’infos sur rdu37.info

BIO EXPRESS Patrick Duteil, dit Sydney est un musicien, compositeur, animateur radio et télévision, à qui Marie-France Brière confia en 1984 l’émission H.I.P. H.O.P. qui durera un an et permettra à la culture hip hop de se répandre partout en France.

Dimanche 6 octobre • 10h30 / Séance du dimanche matin L'association Henri Langlois, créée à Tours en 1991, déploie ses activités. Elle propose cette année quelques projections le dimanche matin, à 10h30, aux Studios. Des grands films, plus ou moins anciens, à découvrir ou à redécouvrir.

Le Grand amour France - 1969 - 1h27 - de Pierre Étaix avec Pierre Étaix, Annie Fratellini, Nicole Calfan… Pierre est marié à Florence. Il est appelé à reprendre la direction de l'usine de tannerie de son beaupère. Tout va bien, jusqu'au jour où une nouvelle secrétaire, Agnès, est affectée à son service… Pierre Étaix, dans une veine burlesque et poétique, interroge les liens conjugaux. Le Grand amour a été entièrement tourné à Tours voilà cinquante ans.

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Les Carnets du Studio


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Dimanche 6 octobre • 11h Bimestriel du Cinéma Africain de Tours

de bronze au FESPACO 2019.  Nous terminerons la matinée avec le traditionnel brunch qui sera aussi l’occasion d’un voyage à la découverte de nouvelles saveurs africaines.

Un air de kora

Chers amis cinéphiles, grâce à votre soutien, notre RDV bimestriel s’est étoffé au fil des ans et prend désormais de l’ampleur. Ainsi, pour l’ouverture de cette 4e saison du BCAT, nous avons l’immense plaisir de vous présenter Atlantique, Grand Prix du Festival de Cannes 2019.  La réalisatrice Mati Diop qui ne peut être présente physiquement, le sera par vidéo.  La séance s’ouvrira avec le court métrage Un air de Kora, qui a obtenu le Poulain

Sénégal/France - 2018 - 23' - de Angèle Diabang Poulain de Bronze FESPACO 2019 Salma, jeune musulmane, rêve d’être joueuse de kora, activité traditionnellement interdite à la femme. Un concours de circonstances lui offre un jour l’opportunité de prendre secrètement des cours dans un monastère avec frère Manuel, un moine virtuose de cet instrument.

Atlantique

© LES FILMS DU BA

Sénégal/France/Belgique - 2019 - de Mati Diop - 1h45 Grand Prix Cannes 2019 Dans une banlieue populaire de Dakar, les ouvriers du chantier d’une tour futuriste, sans salaire depuis des mois, décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur. Parmi eux se trouve Souleiman, l’amant d’Ada, promise à un autre. Quelques jours après le départ des garçons, un incendie dévaste la fête de mariage de la jeune femme et de mystérieuses fièvres s’emparent des filles du quartier. Ada est loin de se douter que Souleiman est revenu…

Le Cœur du conflit

© © INTER BAY FILMS

Dimanche 13 octobre • 11h Ouverture de la saison 2019-2020 de Sans Canal Fixe « Fukushima mon amour » SÉANCE UNIQUE EN SALLE

France/Japon - 2017 - 1h18 - de Judith Cahen & Masayasu Eguchi Comment vivre avec les menaces environnementales qui pèsent sur nous ? Et comment faire un film malgré la catastrophe annoncée ? Le Coeur du conflit, tourné entre Paris, la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux, Hiroshima et la zone interdite de Fukushima, propose une réponse originale et décomplexée aux problématiques

actuelles, en mêlant avec jubilation documentaire, science-fiction, romance et surtout comédie.  En présence de Judith Cahen et Masayasu Eguchi.  Projection organisée avec le soutien de Documentaire sur grand écran. Séance gratuite ouverte à tous dans la limite des places disponibles. La séance se clôturera par un pot. N°382 — octobre 2019

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É V É NE ME N TS

Mercredi 16 octobre • 19h45 Les Studio et CICLIC présentent dans le cadre de la Fête du cinéma d’animation un programme de huit courts métrages Riviera – 2018 - 15’, de Jonas Schloesing Moutons, loups et tasse de thé – 2019 - 12’, de Marion Lacourt Dimanche matin – 2018 - 4’, de Vinnie-Ann Bose L’Heure de l’ours – 2019 - 14’, d’Agnès Patron Les Lèvres gercées – 2018 - 5’, de Fabien Corre et Kelsi Phung Animal behaviour – 2018 - 14’, de David Finne et Alison Snowden Per tutta la vita – 2018 - 5’, de Roberto Catani Je sors acheter des cigarettes – 2018 - 14’, de Osman Cerfon.  Rencontre-débat avec le réalisateur.  © MIYU PRODUCTIONS

Fêter le cinéma d’animation c’est partir à la découverte de courts métrages émouvants, étonnants, drôles. C’est aussi rencontrer des imaginaires singuliers avec des techniques variées, pour tous les publics, et pas seulement pour les enfants ! Pendant une heure et demie, découvrez dans votre salle de cinéma, 8 films récents sélectionnés dans les festivals du monde entier. Quatre d’entre eux ont reçu un soutien de Ciclic et de la Région Centre-Val de Loire et cela représente plusieurs mois de tournage pour chacun de ces films, réalisés en résidence à Vendôme. À l’issue de la séance, pour en savoir plus sur le cinéma d’animation et ses secrets de fabrication, rencontrez et échangez avec le réalisateur Osman Cerfon.

Vendredi 25 octobre • à partir de 19h30 Soirée de clôture du Marathon international du court métrage 48 HFP - 6e édition La Touraine accueillera pour sa 6e année le concours international de courts métrages : 48 Hour Film Project (Faire un film en 48 heures). La société de production les Films du Loup Blanc souhaite donner à tous les amoureux du cinéma la chance de relever un défi, avec un principe simple : réaliser un film en 48 heures chrono ! La compétition posera à nouveau ses valises en Touraine du 4 au 6 octobre 2019 ! Pour Alex Guéry (producteur), ce week-end est avant tout l’occasion pour chaque équipe de se révéler en 48h seulement. « Un événement cinématographique unique qu’il semblait évident de partager avec notre partenaire depuis toujours, les cinémas Studio ».

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Les Carnets du Studio

Créativité, talent et passion sont les maîtresmots de cette compétition internationale. Tous les films seront projetés le 25 octobre aux Studio et les meilleurs seront éligibles à la finale France pour peut-être partir ensuite à la finale internationale Filmapalooza. Une soirée pleine de rebondissements, d’animations et d’échanges. Un rendez-vous devenu incontournable à ne surtout pas manquer ! Les Films du Loup blanc 48hourfilm.com/tours • filmsloupblanc.com


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Avant les films au mois d'octobre : Comfort Zone de Hugo Lippi, dans toutes les salles.

Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.

Les films de A à Z Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

—— Séance Ciné-ma différence : Shaun le mouton, le film : la ferme contre-attaque de Will Becher & Richard Phelan - samedi 19 octobre à 14h

Alice et le maire

codes et une description très juste de la société contemporaine. Maniant avec brio des thèmes universels (la banlieue, le racisme, entre autres), visuellement magnifique (la photographie, essen-

Maire de Lyon depuis 30 ans, Paul Théraneau n’a plus aucune idée et se sent complètement vide. Pour remédier à ce manque d’inspiration on lui adjoint une jeune et brillante philosophe chargée de « le faire penser » afin de renouer des liens avec des citoyens qui n’ont plus grande foi en la politique. Si le réalisateur jure ne pas s’être inspiré de la situation locale et d’un dénommé Gérard Collomb, il ne se prive pas de souligner certaines absurdités dans des scènes parfois très drôles, et pose la question de la compatibilité de la pensée avec la pratique politique. Présenté à Cannes (Quinzaine des réalisateurs) le film a fait sensation, notamment pour le formidable tandem Lucchini – Demoustiers et une mise en scène pleine d’imagination. Nicolas Pariser, qui avait obtenu en 2015 le prix Louis Delluc avec Le Grand jeu, est décidément un réalisateur à suivre.

L'Angle mort

VU PAR LA RÉDACTION

France - 2019 - 1h44, de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic, avec Jean-Christophe Folly, Isabelle Carré, Golshifteh Farahani… Depuis toujours Dominick Brassan possède la faculté de se rendre invisible. Mais il s'en sert peu car il a fait de ce don un secret honteux qu'il dissimule même à sa fiancée, Viveka. Un jour son pouvoir se détraque… Contrairement à ce que l'on pourrait croire à la lecture du résumé, L'Angle mort n'est ni un film d'action ni un film de pure science-fiction, mais plutôt une fable qui joue habilement sur leurs

© DOC AND FILM INTERNATIONAL

France - 2019 - 1h43, de Nicolas Pariser, avec Fabrice Luchini, Anaïs Demoustier, Nora Hamzawi

tiellement nocturne, est superbe), et très bien joué (la révélation Jean-Christophe Folly brillamment entouré par Isabelle Carré et Golshifteh Farahani), le film est tout aussi singulier qu'attachant. Et après les mémorables Dancing et L'Autre, cette histoire d'un homme qui en une seule et même personne allie ordinaire et extraordinaire prouve une nouvelle fois le talent de ses deux réalisateurs. — JF

Atlantique

VU PAR LA RÉDACTION

France/Sénégal - 2019 - 1h45, de Mati Diop, avec Ibrahima Traore, Mama Sané, Amadou Mbow. Dakar, de nos jours. Souleiman décide, avec d'autres, de quitter le pays par l'océan afin de trouver un avenir meilleur. Il laisse derrière lui N°382 — octobre 2019

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LES FILMS

celle qu'il aime, Ada, promise à un autre. Quelques jours après leur départ, d'étranges événements ont lieu sur lesquels Issa, un jeune policier, enquête. Mais il ne se doute pas que les esprits des noyés sont de retour…

peut-être Yoko finira-t-elle par trouver sa voie ? Après des débuts dans la série B et les productions de genre, Kiyoshi Kurosawa a bâti une importante œuvre personnelle et originale. Cinéaste entre autres de la peur et de l’angoisse, comme avec Cure (1997), il sait surprendre le spectateur en cultivant un art du suspense raffiné et fascinant. La sortie d’un nouveau film du réalisateur de Tokyo Sonata (2008) et de Shokuzai (2012) est donc toujours un évènement cinématographique très attendu.

Au nom de la terre

© LES FILMS DU BAL

France - 2019 - 1h43, d’Édouard Bergeon, avec Guillaume Canet, Veerle Baetens, Anthony Bajon, Samir Guesmi, Rufus, Yona Kervern…

En situant son film du côté de « ceux qui restent », en rendant hommage aux disparus (et d'une façon superbe) et en imprégnant son film de fantastique, Mati Diop apporte une vision très originale de thèmes qui pourraient paraître rebattus. Elle dresse aussi le magnifique portrait d'une jeune femme, Ada, qui apprend à s'émanciper et à s'affirmer. Ses paroles finales sont une superbe conclusion à ce superbe premier long métrage. Mille soleils, précédent moyen métrage de Mati Diop, avait laissé de magnifiques souvenirs ; Atlantique, Grand prix du jury au dernier festival de Cannes, en laissera tout autant. — JF

Au bout du monde Japon/Ouzbekistan/Qatar - 2019 - 2h, de Kiyoshi Kurosawa, avec Atsuko Maeda, Ryô Kase, Shôta Sometani… Yoko, reporter pour une émission populaire au Japon, tourne en Ouzbékistan mais sans vraiment se mettre le cœur à l’ouvrage. Son rêve est en effet tout autre… En faisant l'expérience d’une culture étrangère, de rencontres en déconvenues,

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Les Carnets du Studio

Pierre, 25 ans, rentre du Wyoming pour retrouver Claire, sa fiancée, et reprendre ensemble la ferme familiale. Vingt ans plus tard l'exploitation s’est agrandie, la famille aussi. C’est le temps des jours heureux, du moins au début… Les dettes s’accumulent alors que Pierre s’épuise à l’ouvrage. Malgré l’amour des siens, il sombre peu à peu… Après Les Fils de la terre (2012), un documentaire décrivant les difficultés du monde paysan à travers l’itinéraire d’un producteur de lait, Édouard Bergeon revient sur le sujet avec une première fiction sur la détresse d’un agriculteur dans les années 1990. Ce film fort et dramatique est construit comme une saga inspirée de l’histoire familiale du réalisateur. Au nom de la terre porte un regard humain sur l’évolution du monde agricole de ces 40 dernières années.

Bacurau Brésil - 2019 - 2h12 - de Kleber Mendonça Filho & Juliano Dornelles, avec Barbara Colen… Jour de deuil au fin fond du Sertão : Carmelita, matriarche de 94 ans, s'en est allée. Tout le village défile, la tristesse se mêle à la liesse, les discours aux chants… La fresque sociale a une forte teneur ethnographique mais le récit suit d'autres voies car il s'agit d'une dystopie (le film commence par une prophétie D’ici quelques années…) qui brasse allégrement les genres : western, horreur, film d'anticipation… Le réalisateur des remarqués Bruits de Recife et Aquarius a travaillé avec son chef décorateur pour donner un film ample, où


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l'on va de surprises en télescopages saugrenus. Où les urgences écologiques (le manque d’eau), la ghettoïsation à venir de régions entières, les nouvelles formes de colonisation des pays dominateurs, sont abordés avec une vraie clairvoyance politique. Le film rend hommage à la fois à Glauber Rocha et à John Carpenter. « Comme un oignon, le film possède plusieurs couches, du simple divertissement au drame politique incisif » écrit El Pais-Brasil. Il a reçu le Prix du jury au dernier festival de Cannes (ex-aequo avec Les Misérables).

Dans ce film, très remarqué dans plusieurs festivals pour sa maîtrise, O. Gourmet excelle dans ce rôle de bourreau de travail… qui souffre de n’en plus avoir.

Chambre 212

France - 2019 - 1h27, de Christophe Honoré, avec Chiara Mastroianni, Vincent Lacoste, Benjamin Biolay, Camille Cottin… Mariés depuis vingt ans, Maria trompe son mari, Richard, depuis longtemps. Mais celui-ci ne le supporte plus. Elle part alors s'installer dans la chambre 212 (une référence à l'article du Code civil sur les devoirs des époux) de l'hôtel qui fait face à son appartement. De là elle observe son mari mais elle voit aussi son passé débouler. Elle reçoit ainsi la visite d'une version rajeunie de Richard, bientôt rejoint, entre autres, par Irène, le premier amour de ce dernier…

Camille

Ceux qui travaillent Suisse, Belgique, France - 2019 - 1h42, d’Antoine Russbach, avec Olivier Gourmet, Adèle Bochatay, Delphine Bibet Après une enfance difficile dans une ferme, Frank a gravi bien des échelons pour se retrouver cadre supérieur dans une entreprise de fret maritime. Dévoué, discret, fiable et efficace, Frank est prêt à tout pour son travail et assurer à sa famille le confort qui lui a tant manqué enfant. Un jour, face à une situation de crise, il doit prendre seul et dans l’urgence une décision qui lui coûtera son poste… Comment continuer à vivre quand ce qui faisait le moteur de votre vie n’est plus là ? Comment, déjà, commencer par le dire à sa famille ?

© MEMENTO FILMS

France/Central African Republic - 2019 - 1h30, de Boris Lojkine, avec Nina Meurisse, Fiacre Bindala, Bruno Todeschini, Grégoire Colin, Michael Zumstein… Jeune photojournaliste éprise d'idéal, Camille part en Centrafrique couvrir la guerre civile qui se prépare. Très vite elle se passionne pour ce pays et sa jeunesse emportée par la tourmente. Désormais son destin se jouera là-bas… Mais comment photographier la folie de la guerre quand on aime les gens ? Après Hope (2014), B. Lojkine propose avec Camille un biopic peu ordinaire, qui a reçu le Prix du public UBS Locarno. Rêvant de devenir photojournaliste pour venir en aide à des populations oubliées, Camille est confrontée à une violence à laquelle elle n’était pas préparée. Toutes les photos sont de Camille Lepage. Ainsi, mélange de fiction et de réel, le récit respecte « la vérité de Camille, la vérité de ce qu’est le métier de photojournaliste et la vérité des événements de Centrafrique ».

VU PAR LA RÉDACTION

Nouveau film de Christophe Honoré après le superbe Plaire, aimer et courir vite, Chambre 212 se présente comme un chassé-croisé sentimental aussi émouvant que drôle. Ce feu d'artifice qui mâtine la comédie de remariage avec une pointe de fantastique est enthousiasmant du début à la fin. Écriture, mise en scène, bande son, tout est ici brillant. Et les acteurs particulièrement, avec à leur tête, et pour sa cinquième collaboration avec le réalisateur, Chiara Mastroianni, Prix d'interprétation de la section Un Certain regard au dernier festival de Cannes. — JF N°382 — octobre 2019

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LES FILMS

Les Charbons ardents Ils n’appartiennent pas à des milieux favorisés, ils sont élèves de lycées professionnels, ont entre 16 et 19 ans, l’âge où on doit trouver sa place dans la société et dans la vie. Qu’est-ce qu’être un adulte aujourd’hui ? Comment vivre sa masculinité, son rapport à l’autre sexe, aux autres hommes ? Que sera leur vie professionnelle ? Leur vie sociale ? Entre angoisses et espoirs, à travers une série de portraits croisés réalisés un peu partout en France, une génération s’interroge, avec humour ou gravité, sur son avenir, sur les moyens de le construire et de se construire.

Les Conquérantes Suisse - 2017 - 1h36, de Petra Biondina Volpe, avec Marie Leuenberger, Bettina Stucky, Ella Rumpf, Sofia Helin, Maximilian Simonischek 1970, dans le charmant petit village suisse d’Appenzel, que la vague de libération consécutive à mai 68 n’a pas (encore) atteint, Nora, mère au foyer exemplaire, n’envisage pas une autre vie. Mais à mesure qu’approche la date du référendum organisé dans le pays sur le droit de vote des femmes, la voilà prise de doutes ; pire, ses idées se propagent chez ses voisines ! Les critiques, dans leur ensemble, saluent un film intelligent et riche, dans lequel « l’humour fait bon ménage avec la tension dramatique et la satire sociale », et parlent d’« Une très bonne surprise »…  Projection Cinélangues gratuite  pour les enseignants d'allemand sur inscription à monmarche@studiocine.com (nom, prénom, établissement). Ce film pourra faire l'objet de séances scolaires au 1er trimestre

Deux moi

VU PAR LA RÉDACTION

France - 2019 - 1h50, de Cédric Klapisch, avec Ana Girardot, François Civil, François Berléand, Camille Cottin… Rémy et Mélanie sont voisins parisiens sans se connaître ni même avoir jamais échangé une parole. Ils sont tous les deux seuls et ont tous les deux un énorme blues. Elle, chercheuse en biologie, ne se remet pas d’une séparation vieille d’un an ; lui, manutentionnaire dans un entrepôt, ne comprend pas pourquoi on le « promeut » au

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Les Carnets du Studio

© EMMANUELLE JACOBSON-ROQUES - CE QUI ME MEUT

France - 2019 - 1h29, documentaire d’Hélène Milano

moment où tout le monde est licencié… Pour cette histoire de solitudes modernes, Klapisch fait merveille et sait parfaitement brosser des portraits attachants (le voisinage du quartier n’est pas en reste, avec notamment un excellent Simon Abkarian en patron de supérette) en même temps qu’il mélange brillamment humour et mélancolie. — ER

Hors normes France - 2019 - 1h54, d’Éric Toledano et Olivier Nakache, avec Vincent Cassel, Reda Kateb, Hélène Vincent… Depuis 20 ans Bruno et Malik, éducateurs spécialisés, œuvrent auprès d’enfants et d’adolescents autistes. Au sein de leur association respective, ils accompagnent ces cas qualifiés « d’hyper complexes », et forment également des jeunes issus des quartiers difficiles pour les aider dans cet encadrement. Mais ces deux-là ont des méthodes peu conventionnelles et une gestion toute aussi personnelle. En réponse à cette attitude réfractaire aux normes, l’Inspection générale des affaires sociales va diligenter une enquête… Les réalisateurs d’Intouchables et de Samba s’intéressent à nouveau à ceux que la société ne peut et/ou ne veut pas intégrer en raison de leur altérité et (s’) interrogent sur « Comment des êtres à la marge nous éclairent sur la définition de la norme ? ». S’ils ont tenu à tourner dans un esprit presque documentaire, avec des acteurs atteints d’autisme, ils ont voulu que ce soit avec humour et sensibilité.


Octobre 2019

Martin Eden Italie - 2019 - 2h08 - de Pietro Marcello, avec Lucas Marinelli, Jessica Cressi… À Naples, un jeune marin prolétaire, conquiert l’amour et le monde d’une jeune et belle bourgeoise grâce à la philosophie, la littérature et la culture mais il est rongé par le sentiment d’avoir trahi ses origines… Considéré comme l’un des réalisateurs les plus talentueux de sa génération, Pietro Marcello a déjà signé plusieurs films expérimentaux à la croisée du documentaire et du récit légendaire. Dans cette adaptation audacieuse du chef d’œuvre de Jack London, il fait traverser à un double napolitain du héros inventé par London les événements du XXe siècle. « Par rapport au livre, je tenais à être aussi fidèle qu’infidèle… Martin Eden raconte notre histoire, celle de ceux qui ne se sont pas formés dans la famille ou à l’école, mais à travers la culture rencontrée en chemin. C’est le roman de l’autodidacte, de celui qui croit en la culture comme instrument d’émancipation et qui est resté en partie déçu. Un livre d’une grande pertinence politique, qui révèle la capacité de Jack London à percevoir les nuances ternes de l’avenir, les perversions et les tourments du XXe siècle. » Avec une formidable liberté de ton et le recours à des images de nature différentes, Martin Eden est « une aventure politique et émotionnelle remarquable. » Son acteur principal (vu dans La Solitude des nombres premiers) a reçu le prix d’interprétation à la dernière Mostra de Venise.

Matthias et Maxime Canada - 2019 - 1h59, de Xavier Dolan, avec Gabriel D’Almeida Freitas, Xavier Dolan, Anne Dorval… La relation entre Matthias et Maxime, deux amis de longue date, va être durablement bouleversée par un baiser « pour de faux » partagé suite à un pari et pour les besoins d’un petit tournage amateur. L’enjeu du film est de partir de cet événement, non montré à l’écran, pour générer une tension latente et permanente entre les deux amis, qui continuent à se fréquenter. On y parle, on y débat avec fureur et parfois avec de l’amour… Si pour son huitième film le jeune prodige québecois répète ses principaux thèmes de prédilection, Matthias et Maxime se veut comme une simple

histoire d’amitié, « un film de potes qui se transforme en une émouvante comédie romantique » où les sentiments sont de plus en plus réels et profonds. Venez découvrir ce film « qui représente un nouveau départ », dixit Xavier Dolan !

Mon meilleur ami Argentine - 2018 - 1h30, de Martin Deus, avec Angelo Mutti Spinetta, Lautaro Rodríguez, Mariana Anghileri, Guillermo Pfening Lorenzo est un adolescent agréable et studieux qui vit dans une petite ville de Patagonie. Un jour son père décide d’accueillir sous leur toit Caíto, un jeune garçon frondeur et mystérieux. D’abord méfiant, Lorenzo va peu à peu se rapprocher de Caíto, sans soupçonner les conséquences de cette nouvelle amitié… mais Caíto a un secret.  Projection Cinélangues gratuite  pour les enseignants d'espagnol sur inscription à monmarche@studiocine.com (nom, prénom, établissement). Ce film pourra faire l'objet de séances scolaires au 1er trimestre

Music of my Life 2019 – Grande-Bretagne – 1h57, de Gurinder Chadha, avec Viveik Kalra, Aaron Phagura Les films musicaux sont décidément à la mode : après Bohemian Rhapsody, Rocketman ou Yesterday, voici l’histoire de Javed, ado pakistanais de la petite ville anglaise de Luton, doté d’un père rigide et conservateur. Nous sommes en 1987 et le racisme anti paki fait rage. Se réfugiant d’abord dans l’écriture, il découvre ensuite, grâce à un ami, les chansons de Bruce Springsteen. C’est la révélation ! Javed voit s’ouvrir devant lui de nouvelles perspectives. À la fois drame, comédie et film musical, Music of my Life apparaît, à lire les critiques anglo-saxons, comme particulièrement euphorisant.

Nos défaites France - 2018 - 1h40 Documentaire de Jean-Gabriel Périot Après le très remarqué Une jeunesse allemande en 2015 sur l’histoire de la Fraction armée rouge, le documentariste J.-G. Périot poursuit son exploration des rapports complexes de la jeunesse à la politique. Pour Nos défaites il a demandé à des élèves d’un lycée parisien de participer à une N°382 — octobre 2019

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expérience autour du cinéma militant de Mai 68. Comme à l’époque, ils ont été à la fois acteurs devant la caméra mais aussi derrière, en participant à l’aspect technique du projet. En rejouant des scènes de films de Tanner, de Godard et du Groupe Medvekine, ils ont été amenés à s’interroger sur la façon dont ils appréhendent le monde, ce qu’ils veulent en faire, ce qu’ils voudraient changer, mais aussi sur les questions du capitalisme, de la classe ouvrière etc. Par leur intermédiaire J.-G. Périot renvoie tout un chacun à son propre rapport à la politique et à l’évolution de ses convictions : « Nous ne serons jamais faits du bois des victoires, mais de celui du combat... »

Papicha Film du mois, voir en dernière page

Port Authority États-Unis/France - 2018 - 1h46, de Danielle Lessovitz, avec Fionn Whitehead, Leyna Bloom, McCaul Lombardi… Port Authority, la plus grande gare routière à l’extérieur de New York. Paul, un jeune homme qu’on prend pour un loser et qui a fraîchement débarqué, tente de survivre dans la métropole. Fasciné, il observe Wye, une fille magnifique – et pas seulement magnifique – appartenant à la communauté queer du « Ballroom », qui danse le voguing avec ses amis. Alors qu’une attirance les rapproche, Paul commence à douter… Pour son premier film Danielle Lessovitz se penche sur une histoire d’amour compliquée. Diplômée de la prestigieuse Tish School of Arts de l’université de New York, la réalisatrice américaine aime explorer les thèmes du choix, de l’identité et des pressions sociales.

Portrait de la jeune fille en feu

VU PAR LA RÉDACTION

France - 2018 - 1h59, de Céline Sciamma, avec Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luanà Bajrami… C’est la rencontre en 1770 entre Marianne (une peintre) et Héloïse (son modèle), une jeune femme à peine sortie du couvent qui résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde… On assiste au rapprochement entre une peintre et

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Les Carnets du Studio

© PYRAMIDE DISTRIBUTION

LES FILMS

son modèle, et l’inévitable tension érotique qui va naître entre elles. Si l’homosexualité féminine est un sujet récurrent dans la filmographie de Céline Sciamma (Naissance des pieuvres en 2007, Tomboy en 2011), c’est la première fois qu’elle l’aborde par le prisme historique. Le charme et le talent d’Adèle Haenel ainsi que le jeu de Noémie Merlant, d’une justesse parfaite, offrent un résultat stupéfiant. La sobriété de la mise en scène, la splendeur des décors, la beauté de la photographie font de Portrait de la jeune fille en feu un film bouleversant, récompensé du Prix du scénario à Cannes 2019, nominé 11 fois et couronné de la Queer Palm. — MS

Pour Sama Syrie/Royaume-Uni - 2019 - 1h35, documentaire de Waad al-Kateab & Edward Watts Waad al-Kateab est une jeune femme syrienne qui vit à Alep lorsque la guerre éclate en 2011. Sous les bombardements la vie continue. Elle filme le quotidien des Syriens, qui essaient malgré tout de mener une vie normale tout en luttant pour leur liberté. Elle témoigne des pertes, des espoirs et de la solidarité du peuple d’Alep. Waad et son mari médecin sont déchirés entre partir et protéger leur fille Sama ou résister pour la liberté de leur pays. Pour Sama, documentaire choc de la réalisatrice Waad al-Kateab cosigné avec le Britannique Edward Watts, dépeint la vie à Alep pendant la période la plus meurtrière du conflit syrien. Le film a notamment reçu le prix de l'Œil d'or du Meilleur documentaire au Festival de Cannes. « J’ai voulu témoigner et montrer l’humanité qui subsistait autour de nous ».


Octobre 2019

Shaun le mouton, le film : la ferme contre-attaque Grande Bretagne - 1h27 Dessin animé de Will Becher & Richard Phelan

prétendu auto-entrepreneur devient non seulement son propre exploiteur, mais aussi un monde qui organise la concurrence entre ces pauvres prêts à tout pour donner un semblant de dignité à leur vie et à leur famille.

samedi 19 octobre à 14h

Quand un vaisseau spatial s’écrase près de la ferme de Shaun, avec à son bord une adorable et malicieuse passagère dotée de pouvoirs surnaturels, c’est tout le troupeau qui est en émoi. Surtout quand une sombre organisation est bien décidée à capturer la petite Alien… On retrouve tout l’esprit et l’humour purement british des studios Aardman dans ce petit chef d’œuvre désopilant et inventif. Aux côtés d’animaux tous attachants, les humains sont comme d’habitude mis à mal de façon hilarante, et les séquences cultes ou magiques s’enchaînent sans temps mort. Préparez-vous, quel que soit votre âge, à vous tordre de rire.

Tout est possible USA - 2018 - 1h32, documentaire de John Chester

© JOSS BARRATT

Réalisateur de documentaires souvent primés, John Chester décide, en 2011, de quitter Los Angeles pour, avec sa femme Molly, s’installer dans une ferme éco-responsable (l’une des premières raisons semblant être que leur chien faisait trop de bruit pour le voisinage et avait besoin de plus d’espace…) Puisque son métier de départ était tout de même… le cinéma, il va filmer son quotidien et celui de ses terres jusqu’à produire Tout est possible, qui a fait très bonne impression aux festivals de Toronto, Telluride et Sundance. Les raisons de cette réussite tiennent notamment à ses qualités cinématographiques et visuelles mais aussi à ce que Chester, n’entendant pas nous peindre le portrait d’un facile « retour à la terre » ne nous cache rien des difficultés rencontrées, tout en maintenant une tonalité optimiste.

Sorry We Missed You Grande-Bretagne/France – 2019 – 1h40, de Ken Loach, avec Kris Hitchen, Debbie Honeywood, Rhys Stone… Au chômage, Ricky se décide à devenir livreur à son compte. Autant dire que cet homme, marié à une assistante de vie qui déborde d’humanité et père d’un ado un peu difficile, a signé avec son propre sang pour être en mesure de s’exploiter lui-même, puisque dans un système « uberisé » il va devoir trimer d’arrache-pied pour espérer joindre les deux bouts. Avec l’acuité visuelle, la compassion et la précision qu’on lui connaît, Ken Loach (82 ans…) s’intéresse maintenant à l’autre versant de ce monde du travail qu’il a si souvent mis en scène : celui où le

Un jour de pluie à New-York U.S.A. – 2019 – 1h32, de Woody Allen, avec Timothée Chalamet, Elle Fanning, Jude Law, Kelly Rohrbach… Deux étudiants, Gatsby et Ashleigh, débarquent à New-York pour y passer un week-end en amoureux. Mais leur projet tourne court, aussi vite que la pluie succède au beau temps… Bientôt séparés, chacun enchaînera les rencontres fortuites et les situations insolites. Cette délicieuse comédie d’erreurs, de quiproquos, d’occasions ratées et de rencontres réussies, est un chef-d’œuvre : dialogues savoureux, personnages égarés dans un New York mouillé, carte de Tendre remodelée au fil des heures, tout est là, dans la veine soyeuse et drôle d’Annie Hall ou de Radio Days. (L’Obs). Produit par Amazon, le 50e film de Woody Allen est longtemps resté au placard. Mais qu’on se rassure : le réalisateur de 83 ans a toujours la forme, l’énergie de tourner un film par an, des idées et un sacré talent… N°382 — octobre 2019

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LES FILMS

La Vie scolaire France - 2019 - 1h51, de Fabien Marsaud (Grand Corps Malade) & Mehdi Idir, avec Zita Henrot, Antoine Reinartz, Liam Pierron… Conseillère principale d’éducation, Samia demande une mutation qui la fait arriver d’Ardèche en région parisienne, plus précisément dans la cité du Franc-Moisin à Saint-Denis, classée en zone d’éducation prioritaire. Le travail y est bien entendu difficile mais l’équipe est soudée. Touchée par Yanis, un élève doué mais trop insolent pour le système, Samia va entreprendre de l’aider. La Vie scolaire se veut empathique et drôle à la fois pour essayer de désamorcer certains clichés, tout en ne niant pas les difficultés que connaît le collège, des élèves au personnel adulte.

PROCHAINEMENT…

Vous êtes jeunes, vous êtes beaux France - 2018 - 1h40, de Franchin Don, avec Gérard Darmon, Josiane Balasko, Denis Lavant, Patrick Bouchitey…

J'ai perdu mon corps

Lucius, 73 ans, vit seul et modestement. Un jour il fait la connaissance de Lahire qui lui propose d'améliorer son maigre quotidien en participant à des combats de boxe clandestins. Par nécessité et parce qu’il sait que ses jours sont comptés,

de Jérémy Clapin

Les Misérables

de Roman Polanski

Le Traître

de Marco Bellocchio

© DESTINY FILMS

de Ladj Ly

J'accuse

Lucius accepte cette surprenante proposition. Fasciné par cet univers, il prend goût à cette nouvelle existence. Cette étrange expérience va alors complètement bouleverser sa vie, sous les yeux de Mona, la seule personne dont il est vraiment proche… Co-écrit par Franchin Don et Tarik Noui, Vous êtes jeunes, vous êtes beaux est un premier film fort et porté par des acteurs formidables.

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Les Carnets du Studio

Chanson douce

Gloria Mundi

de Lucie Borleteau

de Robert Guédiguian


Soirée de l'horreur

AU T OU R D ES F ILMS — COMPT E REN D U

Ven dredi 23 août

Soleil au rendez-vous et salle comble pour la troisième Soirée de l’horreur. Le public fidèle des deux dernières éditions et les nouveaux venus ont pu déguster les « horribles » plats concoctés par l’équipe des Studio (sangria sanglante, doigts de sorcières et cupcakes « tombals »), participer au quizz sur grand écran et évoluer dans un cimetière construit pour l’occasion dans le hall. Bonne humeur sur la terrasse et terreur dans la salle. Le public enthousiaste a pu (re)découvrir trois classiques du cinéma d’horreur (Les Griffes de la nuit, REC et The Descent) et n’a pas retenu ses cris. Un succès pour ce rendez-vous de l’été dont nous préparons déjà la prochaine édition.

© PHILIPPE LECOCQ

© ROSELYNE GUÉRINEAU

© ROSELYNE GUÉRINEAU

© ROSELYNE GUÉRINEAU

La soirée de l'horreur

N°382 — octobre 2019

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Once Upon a Time... in Hollywood

A U T OU R D ES F ILMS — À P ROP OS

Il n’était pas une fois à Hollywood Noir et blanc, image au format carré, technicolor et 35  mm, Cadillac interminables, hippies et chemises à fleurs, Sharon Tate, Steve McQueen et Bruce Lee, pop music et jerk, tout y est : Quentin Tarantino est un cinéaste extrêmement talentueux, capable de recréer avec une vraie maestria une époque disparue. Tout est vrai mais en même temps tout est faux. D’abord parce que c’est du cinéma, du trop beau pour être vrai, du manichéisme assumé, de la fantaisie érigée en canon esthétique… et ça marche ! On ne voit pas le temps passer – 2h45 quand même – dans ce film aussi intelligent que ludique. Mais là où Tarantino se montre bien plus qu’un simple faiseur hyper-doué, c’est dans la façon extrêmement personnelle qu’il a de mettre en contradiction réalité et vérité. Toute œuvre d’imagination suppose un minimum de cohérence dans les images, les situations, les personnages. Comment sinon adhérer à l’invraisemblable, accepter comme non absurdes des péripéties, des dialogues, des exploits évidemment inauthentiques ? Sauf que Tarantino pousse le bouchon très loin en réécrivant l’Histoire, en racontant des choses que le spectateur sait pertinemment être en totale contradiction avec les événements réels, en l’occurrence ici le récit complètement pipoté de l’attentat des suppôts de Charles Manson. Nul mensonge pourtant, nulle malhonnêteté, rien à voir avec les trumpesques « réalités alternatives », puisque ce récit ne peut duper absolument personne. On avait déjà vu cela dans Inglourious Basterds : Hitler et ses généraux mouraient brûlés dans un immense brasier de pellicules argentiques.

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Les Carnets du Studio

© SONY PICTURES

Once Upon a Time... in Hollywood \ un film de Quentin Tarantino

L’allégorie était belle : l’art, la création, les œuvres de l’esprit détruisant la barbarie, éliminant des monstres, voilà une vérité à laquelle on meurt d’envie de croire, qui adviendra un jour… peutêtre. Toutes les allégories sont vraies parce qu’elles ne sont rien de plus que des allégories. Raconter que Sharon Tate et ses amis n’ont pas été massacrés nie la réalité bien connue des faits mais affirme une vérité d’un autre ordre : il ne se peut pas que le mal et l’horreur triomphent. La réalité tient aux faits, la véracité à leur respect, la vérité en revanche est du domaine de la pensée, une création de l’esprit. Le Guernica de Picasso n’est pas réel, il est vrai, douloureusement vrai. L’art n’a pas à dupliquer des faits. Tant qu’il ne triche pas, qu’il ne cherche pas à tromper, sa devise peut être celle de Cocteau : « Je suis un mensonge qui dit la vérité ». Sinon la vérité, du moins une vérité, mais c’est déjà beaucoup. — AW


2 > 8 octobre CNP Cinémathèque

BACT #18

Jeune Public

Entre luttes collectives et évolutions personnelles : l’exemple du combat pour le droit à l’avortement à Tours

Séance Cinélangues

Jeu. 20h00

Soirée film/débat avec les réalisateurs Joël Cogneau & Jean Riant

NOUS AURONS CE QUE NOUS PRENDRONS DE JOËL COGNEAU & JEAN RIANT / 46’

QUAND NOUS ÉTIONS SORCIÈRES DE NIETZCHKA KEENE / 1H19' Lun. 19h30 UNE SOIRÉE, DEU X FILMS LE RENNE BLANC D'ERIK BLOMBERG / 1H13' Lun. 21h00 DE MATI DIOP / 1H45' ATLANTIQUE + CM «  UN AIR DE KORA » DE ANGÈLE DIABANG Dim. 11h00 SUIVIE D’UN BRUNCH AFRICAIN, OFFERT APRÈS LA SÉANCE Mer. Sam. Dim. 15h45 ANNE-LISE KOELHER ET ÉRIC SERRE BONJOUR LE MONDE DE 1H01' / À PARTIR DE 4 ANS + Mer. 10h15 + Sam. Dim. 14h15 BYAMBASUREN DAVAA / 1H33" VF Mer. 14h15 LE CHIEN JAUNE DE MONGOLIE DE TOUT PUBLIC À PARTIR DE 5 ANS Rencontres de Danses Urbaines

J.O.E. L’EXTRATERRESTRE LA VÉRITABLE HISTOIRE DU H.I.P H.O.P DE 1H15' / À PARTIR DE 11 ANS EN PRÉSENCE DE L’ANIMATEUR SIDNEY

WONDERLAND, LE ROYAUME SANS PLUIE DE KEIICHI HARA / 1H54' / TOUT PUBLIC À PARTIR DE 10 ANS L'association Henri Langlois

Octobre 2019

LE GRAND AMOUR DE PIERRE ÉTAIX / 1H27'

VO

Sam. 13h45 Mer. Sam. Dim. 17h15 Dim. 10h30

ALICE ET LE MAIRE DE NICOLAS PARISER / 1H45' 13h45 • 17h15 • 19h30 • 21h30 ATLANTIQUE DE MATI DIOP / 1H45' 14h00 • 17h00 • 19h00 AU NOM DE LA TERRE DE ÉDOUARD BERGERON / 1H43' 14h15 • 17h15 • 19h15 16h45 • 21h15 BACURAU DE KLEIBER MENDONÇA FILHO & JULIANO DORNELLES / 2H12' 14h15 • 19h15 CEUX QUI TRAVAILLENT DE ANTOINE RUSSBACH / 1H42' 21h15 DEUX MOI DE CÉDRIC KLAPISCH / 1H50' MON MEILLEUR AMI DE MARTIN DEUS / 1H30' Mer. 17h00 21h00 MUSIC OF MY LIFE DE GURINDER CHADHA / 1H57' 21h30 PORT AUTHORITY DE DANIELLE LESSOVITZ / 1H42' 13h45 • 19h15 PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU DE CÉLINE SCIAMMA / 1H59' 17h30 • 21h30 UN JOUR DE PLUIE À NEW-YORK DE WOODY ALLEN / 1H33' 14h00 • 19h30 VOUS ÊTES JEUNES, VOUS ÊTES BEAUX DE FRANCHIN DON / 1H40'

Le film imprévu : www.studiocine.com

N°382 — octobre 2019

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9 > 15 octobre

CA L E ND RIE R

Sélection à l’Université, que cache parcoursup ?

Soirée film/débat avec Jean Fabbri, enseignant-chercheur syndicaliste à l’université de Tours et responsable d’organisations de jeunesse

CNP

ÉTUDIANTS L'AVENIR À CRÉDIT DE JEAN-ROBERT VIALLET / 45’

Cinémathèque

Cycle de toutes les couleurs

Jeu. 20h00

UN FLIC JEAN-PIERRE MELVILLE / 1H37' SOIRÉE PRÉSENTÉE PAR THOMAS ANQUETIN

Lun. 19h30

LE COEUR DU CONFLIT

Dim. 11h00

Séance Bibliothèque Sans Canal Fixe Documentaire sur grand écran

DE JUDITH CAHEN & MASAYASU EGUCHI / 1H18' RENCONTRE AVEC LES RÉALISATEURS SÉANCE GRATUITE ET OUVERTE À TOUS DANS LA LIMITE DES PLACES DISPONIBLES

Jeune Public

ANNE-LISE KOELHER ET ÉRIC SERRE BONJOUR LE MONDE DE Mer. Sam. Dim. 16h00 + Mer. 10h15 1H01' / À PARTIR DE 4 ANS VF 15h45 • 17h15 + Mer. Sam. Dim. 14h15 LA FAMEUSE INVASION DES OURS LORENZO MATTOTTI + Mer. Ven. 19h15 + Mer. Dim. 10h00 EN SICILE DE 1H21' / À PARTIR DE 7 ANS SHAUN LE MOUTON, LE FILM : LA FERME CONTRE-ATTAQUE VF Dim. 10h45 DE WILL BECHER & RICHARD PHELAN / 1H27' / À PARTIR DE 6 ANS

Séance Cinélangues

Film du mois

ALICE ET LE MAIRE DE NICOLAS PARISER / 1H45' 13h45 • 17h00 • 19h00 ATLANTIQUE DE MATI DIOP / 1H45' 16h45 • 21h15 AU NOM DE LA TERRE DE ÉDOUARD BERGERON / 1H43' 17h00 • 21h30 BACURAU DE KLEIBER MENDONÇA FILHO & JULIANO DORNELLES / 2H12' 21h00 CHAMBRE 212 DE CHRISTOPHE HONORÉ / 1H27' 13h45 • 17h30 • 19h15 • 21h00 21h15 CEUX QUI TRAVAILLENT DE ANTOINE RUSSBACH / 1H42' LES CONQUÉRANTES DE PETRA BIONDINA VOLPE / 1H36' Mer. 17h00 14h15 • 19h30 NOS DÉFAITES DE JEAN-GABRIEL PÉRIOT / 1H42' PAPICHA DE MOUNIA MEDDOUR / 1H48' 14H00 • 19H00 14h00 PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU DE CÉLINE SCIAMMA / 1H59' 14h15 • 19h15 POUR SAMA DE WAAD AL-KATEAB & EDWARD WATTS / 1H35' 17h30 UN JOUR DE PLUIE À NEW-YORK DE WOODY ALLEN / 1H33' VOUS ÊTES JEUNES, VOUS ÊTES BEAUX DE FRANCHIN DON / 1H40' 21h30 19h15 LA VIE SCOLAIRE de Fabien Marsaud (Grand Corps Malade) & Mehdi Idir / 1h50'

Le film imprévu : www.studiocine.com 20

Les Carnets du Studio

JEUNE PUBLIC Voir pages 36 et 37


16 > 22 octobre LE DROIT À LA VILLE POUR TOUS ?

Octobre 2019

CNP

Soirée film/débat avec avec Eddy Jacquemart, président de la Confédération Nationale du Logement et Hugo Massire, Historien de l’art, spécialiste d’architecture

Cinémathèque

Lun. 19h30 16h00 sauf Jeu. Ven. ANNE-LISE KOELHER ET ÉRIC SERRE BONJOUR LE MONDE DE 1H01' / À PARTIR DE 4 ANS + Lun. Mar. 10h30 VF 16h05 + Mer. Lun. Mar. 10h30 LA FAMEUSE INVASION DES OURS DE LORENZO MATTOTTI EN SICILE 1H21' / À PARTIR DE 7 ANS + Lun. Mar. 19h30 LOUPS TENDRES ET LOUFOQUES Mer. Lun. Mar. 10h15 + 15h45 sauf Jeu. Ven. DIVERS RÉALISATEURS / 53' / À PARTIR DE 3 ANS

Jeune Public

QUARTIER DE MEMOIRES DE YVAN PETIT / 51’ UN AMÉRICAIN À PARIS DE VINCENTE MINNELLI / 1H50'

SHAUN LE MOUTON, LE FILM : LA FERME CONTRE-ATTAQUE DE WILL BECHER & RICHARD PHELAN / 1H27' À PARTIR DE 6 ANS

Ciclic Studio

Film du mois

Jeu. 20h00

VF 17h35 + Lun. Mar. 10h15 + 14h00 & 15h45 sauf Jeu. Ven. + 19h30 sauf Lun. Mar. + Sam. 14h00

La Fête du Cinéma d’Animation / 8 COURTS MÉTRAGES

JE SORS ACHETER DES CIGARETTES de Osman Cerfon / 14' RENCONTRE AVEC LE RÉALISATEUR OSMAN CERFON

Mer. 19h45

ALICE ET LE MAIRE DE NICOLAS PARISER / 1H45' 17h30 • 21h15 L’ANGLE MORT DE PATRICK-MARIO BERNARD & PIERRE TRIVIDIC / 1H44' 14h15 • 19h15 21h30 ATLANTIQUE DE MATI DIOP / 1H45' 17h00 AU NOM DE LA TERRE DE ÉDOUARD BERGERON / 1H43' CAMILLE DE BORIS LOJKINE / 1H30' 14h00 • 19h00 14h15 • 17h30 • 21h15 CHAMBRE 212 DE CHRISTOPHE HONORÉ / 1H27' 13h45 • 19h15 MARTIN EDEN DE PIETRO MARCELLO / 2H08' MATTHIAS ET MAXIME DE XAVIER DOLAN / 1H59' 13h45 • 17h00 • 19h15 NOS DÉFAITES DE JEAN-GABRIEL PÉRIOT / 1H27' 21h00 PAPICHA DE MOUNIA MEDDOUR / 1H48' 14H00 • 19H00 POUR SAMA DE WAAD AL-KATEAB & EDWARD WATTS / 1H35' 17h15 • 21h30 TOUT EST POSSIBLE DE JOHN CHESTER / 1H32' 21h30 + Lun. Mar. 10h15

Sauf indication contraire, tous les films sont projetés en VERSION ORIGINALE

N°382 — octobre 2019

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23 > 29 octobre

CA L E ND RIE R

Cinémathèque

Jeune Public

C'EST ARRIVÉ DEMAIN DE RENÉ CLAIR / 1H25' LA FAMEUSE INVASION DES OURS LORENZO MATTOTTI EN SICILE DE 1H21' / À PARTIR DE 7 ANS LOUPS TENDRES ET LOUFOQUES DIVERS RÉALISATEURS / 53' / À PARTIR DE 3 ANS SHAUN LE MOUTON, LE FILM : LA FERME CONTRE-ATTAQUE DE WILL BECHER & RICHARD PHELAN / 1H27' À PARTIR DE 6 ANS

Marathon du courts métrages

Soirée de clôture

« 48 HOURS FILM PROJECT » PROJECTION DES COURTS MÉTRAGES

Lun. 19h30 VF

15h30 + 10h30 sauf Sam. Dim. 16h00 + 10h30 sauf Sam. Dim. 14h00 • 15h45 • 17h30 + 10h15 sauf Sam. Dim.

VF

Ven. 19h30

RÉALISÉS LORS DU MARATHON ET REMISE DES PRIX

Film du mois

19h30 ALICE ET LE MAIRE DE NICOLAS PARISER / 1H45' L’ANGLE MORT DE PATRICK-MARIO BERNARD & PIERRE TRIVIDIC / 1H44' 21h15 14h15 • 19h00 AU BOUT DU MONDE DE KIYOSHI KUROSAWA / 2H00' (À SUIVRE...) CAMILLE DE BORIS LOJKINE / 1H30' 17h15 • 21h00 CHAMBRE 212 DE CHRISTOPHE HONORÉ / 1H27' (À SUIVRE...) 13h45 • 19h30 14h15 • 19h00 LES CHARBONS ARDENTS DE HÉLÈNE MILANO / 1H29' (À SUIVRE...) DE ÉRIC TOLÉDANO & OLIVIER NAKACHE 13h45 • 16h45 • 19h15 • 21h30 HORS NORMES 1H54' (À SUIVRE...) 21h15 MARTIN EDEN DE PIETRO MARCELLO / 2H08' MATTHIAS ET MAXIME DE XAVIER DOLAN / 1H59' (À SUIVRE...) 14h15 • 17h15 • 21h30 PAPICHA DE MOUNIA MEDDOUR / 1H48' 17H00 SORRY WE MISSED YOU DE KEN LOACH / 1H40' (À SUIVRE...) 13h45 • 17h00 • 19h15 • 21h30 10h15 sauf Sam. Dim. TOUT EST POSSIBLE DE JOHN CHESTER / 1H32'

Le film imprévu : www.studiocine.com 22

Les Carnets du Studio

JEUNE PUBLIC Voir pages 36 et 37


AU T OU R D ES F ILMS — À P ROP OS

Roubaix, une lumière

Implicite complicité Roubaix, une lumière \ un film de Arnaud Desplechin

Un soir de Noël, un homme plus très jeune entre dans un commissariat pour porter plainte. Il a des brûlures au cou. Il s’est fait agresser par plusieurs individus qui l’ont menacé avec un chalumeau pour qu’il leur laisse sa voiture, voiture à laquelle, apparemment, ils ont mis le feu par la suite. L’homme est apparemment sous le choc et ses déclarations ne sont pas très claires. Il n’est pas capable de donner une description précise des agresseurs et ne se souvient pas si l’un d’eux tenait le chalumeau de la main droite ou de la main gauche… Très honnêtement, en pareilles circonstances, combien d’entre nous se souviendraient de semblables détails ? Moi, je sais que non, j’en serais totalement incapable… Très spontanément, mon empathie va vers ce pauvre bougre, secoué et passablement incohérent. Mais voilà que les questions du commissaire (dont tout le monde s’accorde à louer l’empathie) se font de plus en plus précises, allant vers des détails encore plus difficiles à fixer dans sa mémoire ; et l’on comprend très vite que le commissaire « balade » le plaignant, qu’il ne le croit pas et entend le déstabiliser, voire se moquer légèrement de lui pour

explications. C’est regrettable, cela s’appelle du racisme social et pourrait s’appeler de la « glotttophobie » (en gros : rejet d’une personne fondé sur sa mauvaise maîtrise d’une langue). C’est très laid mais nous fonctionnons tous plus ou moins ainsi. Je commence dès « C’est très lors à douter de la sincérité des laid mais nous propos du plaignant. Ou, plus fonctionnons exactement, je comprends tous plus ou que le réalisateur veut nous en faire douter. moins ainsi. » Ma dernière réaction est de me dire que, en tant que plaignant, Dans un premier temps, je n’apprécierais vraiment pas comme je l’ai dit, je suis en de voir mes déclarations ainsi empathie avec ce pauvre remises en cause juste parce homme (même coupable de fausse dénonciation, il demeure que l’« infaillible instinct » du policier lui a soufflé que j’étais indubitablement un pauvre un gros menteur. dans tous les sens du terme et la même chose pourra d’ailleurs Je n’ai aucune raison particulière de soupçonner A. Desplechin de se dire des autres personnes vouloir cautionner la mauvaise que nous verrons défiler dans volonté de certains policiers le commissariat), je souffre à prêter foi aux déclarations avec lui. des pauvres types choqués Puis, très vite, les codes qui poussent la porte d’un habituels du cinéma me soufflent qu’un flic compatissant commissariat mais le résultat, mais curieux, un flic qui ne s’en pour moi, est bien là : sur laisse pas conter, doit forcément un écran, nous spectateurs accordons plus de crédit avoir raison. Et ce, notamment, parce que les codes sociaux nous aux intuitions d’un policier ont habitués à valoriser la parole souriant, affable et capable de bien raisonner qu’aux dires de celui qui sait la maîtriser par rapport à celle de l’homme peu à d’un homme peut-être un peu l’aise avec le français, maladroit alcoolisé, mal habillé et parlant un français approximatif. — ER dans ses raisonnements et l’amener à reconnaître que sa plainte est sans fondement. Ici, plusieurs choses se jouent en même temps dans ma tête de spectateur qui a vu beaucoup de films et même beaucoup de films policiers.

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A U T OU R D ES F ILMS — COU RT S LET T RAGES

Roubaix, une lumière France • 2019 • 1h59 Un film de Arnaud Desplechin Avec Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier...

Ne pas désespérer Il ne faut jamais désespérer, même l’improbable peut arriver, par exemple un film de Desplechin intéressant. Encore plus improbable : réussir à rendre Léa Seydoux presque supportable. Rien que pour ça chapeau… — AW

Miracle à Roubaix ! Depuis des années l’exposition aux films d’Arnaud Desplechin me provoquait irritation et ennui. Mais avec Roubaix, une lumière, ces symptômes ont non seulement disparu, mais ont laissé place à un sentiment de béatitude. Si le sujet en soi n’est pas original (le quotidien de flics confrontés à la misère humaine) ce qui l’est véritablement, c’est la façon d’appréhender ces trajectoires sans complaisances d’aucune sorte : l’interprétation époustouflante et sobre à la fois de Roschdy Zem n’est pas sans rappeler certaines prestations de Lino Ventura. Sarah Forestier et Léa Seydoux sont également d’une grande justesse. Et puis il y a le regard de Desplechin sur Roubaix : un regard qui n’élude rien, mais sait trouver la lumière où elle se cache. Chapeau bas ! — IG

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Les Carnets du Studio

Fidélité Retour à Roubaix la ville, entre autres, d'Un conte de noël ou de Trois souvenirs de ma jeunesse, pour Arnaud Desplechin, mais sur un versant beaucoup plus sombre que d'habitude. C'est beau de voir un cinéaste rester aussi fidèle à lui-même tout en se renouvelant. D'autant que Roubaix, une lumière (quel beau titre) est non seulement une œuvre fiévreuse qui explore la noirceur humaine et transcende le polar, mais est aussi porté par des acteurs formidables dont Roschdy Zem, totalement magnétique. — JF

Respect pour Daoud ! Que ne ferait-on pas pour rencontrer ce commissaire si charismatique, si calme, si empathique, à l’écoute et respectueux du plus misérable des coupables ? Pas de violence : une attitude si opposée à celle des policiers diffusée par les médias actuels. — MS


Roubaix, une lumière

Voix off

Magnifique ! Arnaud Desplechin aime ses comédiens. Après Amalric, découvert puis magnifié sous sa caméra, il fait de Roschdy Zem un immense acteur dont l’humanité n’a d’égale que le regard empreint de bienveillance, de compassion et d’amour que le cinéaste porte à ses personnages. Il aime aussi sa ville : Roubaix, la sinistrée dont le décor se prêterait volontiers à l’atmosphère glauque de Simenon, devient si belle quand il l’illumine ! — SB

Vue sur la ville Avec ce film envoûtant, Arnaud Desplechin offre un rôle magistral à Roschdy Zem, impressionnant d’humanité. Et quand le commissaire Daoud déclare, du haut d’une terrasse qui surplombe la ville, « Où aller ? Roubaix, c’est toute mon enfance ! », on ne peut qu’entendre la voix émue du réalisateur. — DP

De l'usage d'une lumineuse complexité... Comme avec Rois et Reine, Desplechin se révèle un fabuleux tisserand. Le fil de la toile est patiemment déroulé avant de nous mener au cœur de l'histoire, celle d'un drame criminel. Ainsi contexte social, psychologie des différents personnages, « routines » policières… sont tendues avec une volonté éloignée de tout réductionnisme caricatural, y compris les personnalités des deux complices. Petit aparté osé : Louis, le jeune policier, fait penser de par ses préoccupations catholiques au polar de J. Ch. Grangé « Le Serment des limbes ». Fil tenu certes. Enfin, la distribution est remarquablement juste. Quant à Roschdy Zem, que dire… si ce n'est que son jeu sensible et sa présence à l'image font de Daoud un être lumineusement humaniste. Merci à Desplechin de savoir si harmonieusement mêler les fils de la complexité humaine sans chercher à séduire. — RS N°382 — octobre 2019

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© SHANNA BESSON

La voix off mystico-torturée de l’un des personnages a failli me gâcher ce film réussi à bien des égards, étrange objet en perpétuelle tension entre le documentaire qu’il calque apparemment de très près et la fiction injectée dans ces sinistres faits divers par les scénaristes. — ER


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Le tueur, le pasteur et le fossoyeur Never Grow Old \ un film d'Ivan Kavanagh

Les Frères Sister ont ouvert la porte à un type de film inattendu : le western européen non spaghetti. Feu de paille ou régénérescence d’un genre comateux dans son pays d’origine ? Cette fois c’est un Irlandais, Ivan Kavanagh, qui s’y colle et nous propose, disons-le tout de suite, une vraie pépite : Never Grow Old. Dès les premières images le film frappe par son naturalisme sans concession, par ses choix esthétiques forts, redoutablement efficaces. On sent que la photographie a été extrêmement réfléchie, privilégiant des éclairages, des couleurs, une composition des images, une profondeur de champ d’une grande sophistication. Nulle froideur, cependant, nul maniérisme : tous ces plans sont parfaitement adaptés au propos du film. Un seul exemple : le récit balance perpétuellement entre scènes nocturnes et scènes diurnes, ces dernières notablement peu fréquentes. Esthétiquement le résultat est frappant mais cette alternance ne doit rien au hasard : l’essentiel se passe la nuit, ce qu’on voit en plein jour n’est la plupart du temps que le résultat de ce qui s’est joué dans l’obscurité : enterrements et pendaison publique d’une jeune fille qui, forcée de se prostituer, a tué son « client ».

Cette progression dialectique s’inscrit à l’intérieur d’une structure circulaire pleine de sens : la première image est celle d’un drapeau américain sale, déchiré, symbole peu glorieux d’une nation encore barbare. Cette image sera aussi une des dernières : la corruption et le crime restent les maîtres, les États-Unis ne valent toujours pas mieux que ce haillon. De même la scène de dénouement est

© REZO PRODUCTIONS 2018

« Quand les dollars s’accumulent disparaissent les scrupules... »

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la simple répétition de celle qui a ouvert le film. Autrement dit rien n’a changé, la civilisation n’a pas avancé d’un pouce. Nous sommes en 1849, l’Amérique reste un pays sauvage, arriéré. À l’intérieur de ce cadre dramaturgique rigoureux, le cinéaste irlandais se démarque des modèles canoniques par la richesse et la diversité de ses angles d’attaque, de ses atmosphères. La terreur qui s’installe petit à petit et fait monter la tension se double d’une satire de plus en plus féroce du fanatisme religieux, celui qui anathémise, rejette et tue. Patrick Tate, le protagoniste principal, est un catholique irlandais haï par le pasteur Pike et nombre de ses ouailles. L’intolérance est autant xénophobe que religieuse : pour tous les habitants de Garlow Patrick est et restera « l’Irlandais », le paria toléré parce qu’utile, mais détesté. Pike a réussi à installer dans la bourgade un véritable pouvoir théocratique. L’arrivée de trois inquiétants hors-la-loi va bouleverser cet ordre impitoyablement vertueux. Dutch Albert, leur chef – impressionnant John Cusack – le Muet et le


© REZO PRODUCTIONS 2018

Never Grow Old

Sicilien, ses complices, ouvrent un bordel où vont se multiplier rixes, incidents, meurtres. Face à eux se dresse inévitablement le pasteur, incarnation de la pudibonderie la plus inflexible, de la bigoterie la plus inaccessible au doute. Allant jusqu’au bout de sa « mission », le pasteur met le feu au saloon-bordel bondé de misérables pécheurs et pécheresses, ne leur donnant ainsi que ce qu’ils méritent : un avant-goût des flammes éternelles. Sûr de satisfaire la volonté divine, de n’être que son bras armé, il s’agenouille devant son œuvre et prie, extatique, accompagné du chœur des hurlements s’échappant des flammes. Ni une ni deux, Dutch Albert l’expédie d’une balle siéger à la droite du bon Dieu. Amen. Outre la satire le film se caractérise également par l’humour noir, le second degré non dénué de cynisme. Car de quoi s’agit-il ? Patrick Tate est charpentier et croque-mort. Mais depuis que le pasteur Pike avait pris le pouvoir sur les âmes de Garlow, la criminalité avait fortement baissé, ce qui ne faisait vraiment pas ses affaires. D’où ses hésitations lorsque l’horrible Dutch Albert lui propose, lui impose devrait-on plutôt dire, son amitié en même temps que le redémarrage de son petit business mortuaire. Quand les dollars s’accumulent s’envolent les scrupules…

Le pasteur, Dutch et ses complices sont clairement du côté du mal. Face à eux un shérif honnête mais impuissant, qui paiera bientôt son honnêteté de sa vie, et surtout Audrey, l’épouse de Patrick, femme droite au caractère bien trempé. Son mari, lui, barbote dans une zone grise, héros plutôt sympathique mais cupide, désapprouvant les exactions des trois bandits mais complice par sa passivité. Ce n’est que lorsque ceux-ci s’attaqueront à Audrey qu’il se rebiffera, réflexe dont l’égoïsme ne saurait passer pour une révolte devant l’injustice, un combat du bien contre le mal. On aura beau le voir, scène unique dans le film, se laver, se purifier quasi rituellement, avant d’aller affronter Dutch Albert et de le tuer, rien n’y fait : Patrick Tate reste un personnage ambigu, toujours entre deux eaux, de même qu’on ne saura pas si sa blessure sera mortelle ou non. Film au dénouement ouvert, Never Grow Old s’aventure sur plusieurs terrains plus ou moins inédits dans le western, atteignant sans avoir l’air d’y toucher, tant par sa noirceur que par son humour, une densité quasi shakespearienne. Il semble confirmer que c’est bien en Europe que souffle le vent de renouveau qui peut redonner une nouvelle jeunesse à un genre qui paraissait sans avenir. — AW N°382 — octobre 2019

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L'enfant unique So Long, My Son \ un film de Wang Xiaoshuai

« Perdre un enfant va contre les lois de la nature ; cela induit, outre la souffrance, un total bouleversement du rapport au temps, puisque, en se trouvant privé de la possibilité de transmettre, on est aussi coupé de l'avenir par lequel s'oriente le temps. » PHILIPPE FOREST, L'ENFANT ÉTERNEL

Aussitôt on sait qu’un drame va survenir et que cette scène inaugurale ne cessera de hanter cette longue fresque de 3h05 qui retrace à la fois 40 ans de la vie d’un couple dévasté par la perte d’un enfant et 40 ans de la transformation radicale de la Chine, des années 80 où règne un communisme qui fleure encore bon sa Révolution culturelle à la période actuelle et son enrichissement forcené, autre sorte de grand bond en avant. L'imbrication entre l’histoire intime et l’histoire collective de tout un pays est d'autant plus passionnante que le réalisateur a l'audace de choisir une narration non linéaire, nourrie d’ellipses, de sauts spatio-temporels parfois difficilement identifiables. « Ma structure en puzzle fait passer le spectateur par des zones de flou, des moments d’incertitude, mais

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Les Carnets du Studio

ces incertitudes sont levées ensuite et n’empêchent pas de ressentir les émotions au présent de chaque séquence. » Les deux garçons de la scène d'exposition sont nés le même jour et considérés comme deux frères par leurs parents, qui sont les meilleurs amis du monde. Nous sommes dans les années 80, au cœur des immenses et austères logements collectifs où chaque famille n’a qu’une chambre à sa disposition. Et un seul enfant ! C’est là le drame collectif qui redouble le drame individuel ; car Yaojun et Liyun ont attendu un autre enfant et désiré le garder, en cachette, malgré la politique du parti qui, pour éviter la famine, imposait un strict contrôle des naissances. C’est leur amie, responsable politique de leur usine, qui les a dénoncés alors qu’ils cherchaient un moyen de disparaître pour mettre au monde ce 2e enfant interdit… Dans le puzzle temporel mis en place par le réalisateur, la scène de remise du diplôme de bons parents ayant lutté contre la surpopulation devient une insupportable scène d’humiliation publique car le spectateur sait que cet enfant qu’ils viennent de « faire passer » aurait pu être, quelques années plus tard, le moyen de se consoler de la disparition de Ying Ming, leur fils unique… © AD VITAM

So Long, My Son, le film de Wang Xiashuan, commence par une scène qui pourrait sembler anodine : deux garçons se disputent alors qu'en arrière-plan des enfants jouent au bord du fleuve ; l'un veut rejoindre le groupe, l'autre a peur, rappelle qu'il ne sait pas nager, que c’est interdit.


© AD VITAM

So Long, My Son

Dix ans plus tard, le couple s'est réfugié loin, au sud, dans un port qu'ils ont choisi précisément car ils n'y connaissent personne. Le spectateur est alors confronté à un nouveau personnage qu'il mettra plusieurs minutes à identifier. Qui est donc ce grand adolescent qui porte le nom de l’enfant disparu ? Qui ne supporte plus l’autorité de ses parents et finit par s’enfuir ? Ce double, ce fantôme maladroit qui part en s’excusant « de les avoir déçus », se révèle être un enfant recueilli, nourri, logé, aimé… et qui n’a pas réussi à combler le vide… Que reste-t-il à vivre à ce couple qui n’ose plus se regarder ? Qui ne partage plus qu'une souffrance inextinguible ? Un soir, Yaojun trouve sa femme inconsciente. Il la prend dans ses bras et court, désespéré, jusqu’à l’hôpital… comme il a couru, au début du film, avec le corps de son enfant noyé… Nouvelle confusion : à l'hôpital un médecin analysera des scanners d'un cerveau et le spectateur mettra là aussi du temps à comprendre qu'il

s'agit de leur ancienne amie, atteinte d'une tumeur au cerveau, et que le médecin est son fils, le garçon du début, celui qui a survécu. Avant de mourir, leur ancienne amie veut revoir Yaojin et Liyun. La ville où ils se sont aimés est méconnaissable, on a rasé les vieux quartiers et toute la mémoire de la vie ouvrière. Mao n’est plus qu’une icône clinquante le long des nouvelles avenues. Le couple (et les spectateurs) mesurent l’incroyable enrichissement, à la fois collectif et individuel, et la disparition de pans entiers de mémoire collective… Ce film bouleversant, ambitieux et totalement maîtrisé, se clôt sur ces retrouvailles entre les amis d’autrefois et sur la possibilité de se décharger enfin du poids de la culpabilité. Et sur les interrogations sous-jacentes du réalisateur : « Quel est aujourd’hui le niveau de conscience des citoyens ? Qu’avons-nous retenu de cette période ? Quelle influence l’environnement social exerce-t-il encore sur l’individu ? » — DP N°382 — octobre 2019

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AU T OU R D ES F ILMS — IN T ERFÉREN CES

Salomé et Juliette sous un ciel sans repères ne la quitte jamais. Tout à coup surgit une femme nue qui lui vole sa voiture qui contenait tout ce qu’elle possédait car elle était « en transhumance » (sic). Dépossédée de tout, Juliette vient porter plainte auprès de Pierre Perdrix, le lunaire capitaine de la gendarmerie locale. Entre eux commence une enquête sous forme d’une lente course poursuite amoureuse… Les deux films d’Alain Raoust et Erwan Le Duc, comédies poétiques et décalées au ton particulièrement original, semblaient se répondre au fil du dernier mois d’août. D’abord

Yoann Zimmer & Salomé Richard

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Les Carnets du Studio

© SHELLAC DISTRIBUTION

Le temps suspendu d’un job d’été, Salomé quitte la ville où elle fait des études pour venir tenir une déchetterie dans un village perdu des Alpes-de-Haute-Provence. Elle se retrouve toute seule au fin fond de nulle part, obligée de dormir sur place dans une camionnette abandonnée car la clé fournie par son employeuse, désormais injoignable, n’ouvre pas la porte du logement qui lui était réservé… Juliette s’arrête sur une aire perdue au fin fond des Vosges pour prendre le temps de noter ses pensées dans le carnet qui

en choisissant de filmer ce qu’on appelle désormais la France périphérique, un sud dépeuplé loin des foules de touristes et des montagnes, elles aussi un peu à l’écart et dont les réalisateurs ont voulu faire des personnages à part entière : l’idée du film est venue à Alain Raoust en allant vider dans une déchetterie du village où il habitait la maison de son père décédé. La mère d’Erwan Le Duc habitait, elle, dans les Vosges et il garde « des souvenirs d’enfance assez forts là-bas. » Dans l’un et l’autre film, la nature a à voir avec des rêves enfantins d’aventures dans une certaine féerie au milieu des forêts et des lacs. Dans ces deux bouts du monde déboule une galerie de personnages extravagants : dans la déchetterie, une jeune banlieusarde surexcitée échappée d’une émission de téléréalité, dont le nom s’affiche sur son blouson I will survive, et un cycliste dépressif (Jacques Bonnaffé) qui se précipite dans une benne parce que, par lâcheté, il a voté FN… Dans les Vosges, la famille de Pierre, la mère (Fanny


Rêves de jeunesse Perdrix

© PYRAMIDE DISTRIBUTION

Maud Wyler & Swann Arlaud

Ardant) qui anime un courrier du cœur radiophonique (que personne n’écoute) depuis son garage, le frère, spécialiste des lombrics, et la nièce qui se rêve championne de tennis de table… et les collègues neurasthéniques de la brigade qui soliloquent ou rêvassent au lieu de mener la moindre enquête… et des soldats d’opérette qui arpentent le village en vue de la reconstitution d’une bataille de la seconde guerre mondiale. Dans les deux films les héroïnes se trouvent confrontées à leur mémoire, Salomé en revenant dans le village où elle a passé son enfance, Juliette car, dans la voiture qu’on lui a volée, s’entassaient, dans un carton, les innombrables carnets où elle note obsessionnellement ce qu’elle fait depuis toujours. Confrontées également à la disparition : Salomé apprend

que Mathis, qui avait été son petit copain autrefois, est mort lors de l’attaque d’une ZAD par la police et que c’est précisément lui qu’elle a remplacé à la déchetterie, empruntant, sans le savoir, ses affaires, sa camionnette, ses disques et ses livres. Fantôme qui hante tout le film, Mathis est très présent grâce aux enregistrements que trouve Salomé : « Dans un ciel sans repères, nous cherchons de nouvelles couleurs, des futurs multicolores nous attendent. » Le père de Pierre Perdrix est mort, lui, il y a longtemps, mais son portrait trône devant la table familiale et la mère, veuve inconsolable, organise un véritable culte au disparu, à base de courrier écrit pour son anniversaire et déposé dans une boite au cimetière, qui les enferme dans un cocon étouffant.

Chez Le Duc le ton est plus loufoque et sa bande de révolutionnaires nudistes qui dépouillent les passants pour leur faire prendre conscience du superflu dans lesquels ils vivent portent à sourire. Mais dans l’un et l’autre film une interrogation court, sous la surface d’étrangeté poétique des récits : comment s’inventer un futur ? Comment croire à un idéal, à ses rêves de jeunesse ? L’amour est-il une liberté qu’on se donne ou une insupportable contrainte ? Ces deux films, dont on imagine les budgets limités, dressent avec générosité et talent le portrait décalé d’une jeunesse qui cherche des issues. Et s’incarne dans le visage neuf de deux actrices troublantes : Salomé Richard et Maud Wyler. Deux jeunes femmes pas forcément aimables et loin, en tout cas, des clichés de la séduction. — DP N°382 — octobre 2019

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Perdrix

AU T OU R D ES F ILMS — À P ROP OS

Caverne platoniste

© PYRAMIDE DISTRIBUTION

Perdrix \ un film de Erwan Le Duc

Juliette semble être une déménageuse obsessionnelle qui trimballe l’intégralité de sa vie dans sa voiture (une assez surprenante BMW d’un orange vif du plus bel effet…). En rupture d’avec sa famille depuis très longtemps (« Je n’ai plus mes parents, mais ils sont encore en vie… du moins je crois… ») elle vit sans attaches d’aucune sorte et se déclare crânement « indragable ». Pierre, lui, est capitaine de gendarmerie et vit avec sa mère, son frère et sa nièce. Il n’est manifestement jamais allé très loin et se fait considérablement et drolatiquement « psychanaliser » par le personnel de sa gendarmerie en raison de son absence de désirs et de sa vie pour le moins plate et routinière. Comme on est au cinéma et que la force des choses (le vol de la BMW de Juliette par des gauchistes décroissants nudistes) amène la victime du vol au contact du gendarme censé pouvoir l’aider, on se doute bien qu’une sorte d’espèce d’histoire d’amour devrait naître entre ces deux-là, que tout sépare. On aura raison de s’en douter (et l’on pourra même se désoler d’avoir eu raison) mais ce n’est pas grave tant le reste du film est sans cesse inattendu et s’ingénie à systématiquement nous prendre à contre-pied.

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C’est néanmoins cette histoire d’amour qui va nous intéresser ici, ou plutôt un commentaire que Pierre fait en parlant de Juliette : « Vous êtes tout ce dont je rêvais et rien de ce que j’imaginais ». Bien sûr, cela peut ressembler à une énième phrase de drague facile… bien sûr… Mais j’ai voulu y voir plus, un peu plus, voire peut-être beaucoup plus. Il serait en effet assez facile de tenir « rêver » et « imaginer » pour synonymes et pourtant la forme même de la phrase semble nous dire que les deux n’ont rien à voir l’un avec l’autre puisque la totalité du rêve de Pierre est absente de son imagination ; pour lui au moins le rêve (que l’on tiendra pour involontaire et incontrôlable) est aux antipodes de l’imagination (que l’on conçoit ici comme résultant d’un effort de pensée conscient). Prisonnier de sa famille certes loufoque (on en rit beaucoup dans le film mais, avec deux secondes de recul, on se dit que, coincé dans une telle famille, le suicide devient une option très envisageable… *) mais extraordinairement sclérosante, Pierre peut se laisser aller à rêver mais n’est pas capable d’imaginer. Je me suis alors demandé si ce grand écart entre rêve et imagination n’était pas une partie cruciale de ce qui me (nous ?) pousse dans les salles noires : les « rêves » qui nous habitent s’y incarnent parfois en une réalisation concrète, physique, celle des corps, des visages et des voix des acteurs qui viennent donner forme aux histoires inventées par scénaristes et réalisateurs. Et, émerveillé, je contemple ce moment de coïncidence magique entre ce dont j’avais (peut-être) rêvé et ce que je n’avais pas réussi à imaginer. — ER * Imaginez un instant qu’à l’approche de la quarantaine vous vous offriez une soirée concert + danse avec une femme qui vous plaît… pour voir débarquer votre mère et votre frère, venus vous sommer de rentrer à la maison parce que « cette fille est dangereuse »… hein ? Imaginez ça une seconde et dites-moi comment vous réagiriez…


Wild Rose Yesterday Diego Maradona

IN T ER F É RENC ES

Astres et désastres Mauvaise fille d’une mère veuve, mauvaise mère de deux enfants qu’elle ne sait pas aimer, marginale révoltée tout juste sortie de prison, RoseLynn n’a qu’une hâte : retrouver la scène, le micro, son groupe de country, et reconquérir le public qui l’adulait dans la miteuse boîte de Glasgow où elle se produisait. Pour elle pourtant ce ne doit être là qu’une étape, Glasgow est trop petit pour son talent. Le véritable objectif, c’est Nashville, la capitale mondiale du rock et de la country. Un objectif ? Non : une obsession, le but de sa vie. Mais comment faire quand on n’a pas le sou, deux enfants pleins de rancœur et une mère rigoureuse qui vous met impitoyablement vos torts sous le nez ?

Toute l’histoire du film tient dans ce déchirement schizophrénique entre la jeune femme irresponsable, un peu paumée, et la vedette internationale fantasmée, entre une réalité en forme d’impasse et un rêve de salles combles et de gloire. Ce dédoublement s’inscrit dans l’opposition même des lieux : Glasgow la grise, la pauvre, la triste, et Nashville la grouillante, la flamboyante, inaccessible Eden. Rose-Lynn finira par voir Nashville, mais ce sera pour comprendre qu’en sacrifiant la réalité à son rêve elle se perdrait tout entière. Ayant enfin découvert sa vérité, sa voie pour recoller les éclats dissociés de sa personnalité, elle repartira libérée, s’assumant comme fille et comme mère, chanteuse à succès dans le monde © SND

A (Little) Star Is Born

* En ce sens Wild Rose se présente de toute évidence, déjà simplement par son titre, comme l’antithèse de The Rose de Mark Rydell, qui racontait la tragique histoire d’une chanteuse écrasée, elle, par la schizophrénie, incapable d’unifier la personne et l’icône, de réconcilier en elle la femme et la star.

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AU T OU R D ES F ILMS — IN T ERFÉREN CES

réel, chez elle, à Glasgow. Rêve et réalité peuvent enfin, au lieu de s’exclure, coïncider*. La voilà apte à vivre pleinement, sans devoir rien en retrancher, la devise qu’elle s’est fait tatouer sur le bras : « Three Chords and the Truth », Trois Accords et la Vérité.

A Planet Is Born

Qui pourrait imaginer une seule seconde qu’il n’en est pas l’auteur ? Et c’est là que Yesterday se différencie de Wild Rose : RoseLynn a un talent qui ne doit rien à personne, là où Jack est un interprète moyen. S’il devient une vedette internationale, c’est grâce uniquement aux chansons qu’il est censé avoir écrites. Nous n’assistons pas à la naissance et à l’épanouissement d’un artiste-phénomène, mais à la reconnaissance et au triomphe mondial d’un répertoire exceptionnel. Le reste est imposture, Jack reste ce qu’il a toujours été : un gentil garçon mais un chanteur au talent modeste. Il est clair que

© M2R FILMS

Yesterday nous raconte une autre trajectoire de musicien inconnu rêvant de sortir de l’anonymat mais qui accèdera, lui, à la différence de Rose-Lynn, à la reconnaissance et à la célébrité universelles. Obscur guitariste et chanteur dans le non moins obscur Lowestoft, petite ville du

Suffolk, Jack Malik est sur le point de renoncer à ce qui apparaît de plus en plus évidemment comme une chimère, quand son histoire fait soudain une embardée vers la science-fiction, tendance uchronie et univers parallèles. Le voilà qui, à la suite d’un petit accident de la route, reprend ses esprits, sa vie, sa routine, sauf que – incroyable mais vrai – personne n’a jamais entendu parler des Beatles, du Coca-Cola ou de Harry Potter ! La première incrédulité passée, les premiers scrupules surmontés, germe naturellement l’idée de piocher dans le formidable vivier de succès des Fab Four.

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Les Carnets du Studio


l’émotion ressentie à l’écoute de « sa » musique doit tout à ses véritables créateurs. On retrouve curieusement dans le film de Danny Boyle les mêmes caractéristiques que dans Wild Rose : dédoublement spatial entre lieu réel (Lowestoft) et lieu fantasmé (Liverpool) et dissociation schizophrénique (entre Jack Malik et les Beatles). Mais là où Rose-Lynn réussissait finalement à s’accomplir en tant que femme et artiste, Jack renonce à sa carrière et à la gloire, refusant de persister dans le mensonge. Après avoir offert – offert, pas vendu : la nuance est importante – au monde la musique des Beatles, il se retire, se choisit authentique, anonyme, heureux. Il n’aura été qu’un éphémère passeur, un satellite révélateur d’une éclatante étoile pas née, en tout cas pas dans ce monde.

la lumière. Né à Villa Fiorito, le quartier le plus pauvre de Buenos-Aires, il deviendra non seulement un footballeur au talent hors norme mais une véritable idole, quasiment un dieu vivant vénéré par tout un peuple, culte dont on voit encore les traces à Naples aujourd’hui. A Star Is Dead Une fois de plus le dédoublement des lieux Encore une histoire de (Villa Fiorito et l’Argentine ludion, d’aller-retour de Naples) est inséparable de la la base au sommet, celle de dissociation de personnalité. Diego Armando Maradona, le génie argentin du football des Fernando Signorini, le préparateur physique années 80. Nous ne sommes du footballeur, dit qu’il y plus dans la fiction, comme dans les deux films précédents, a deux Maradona : Diego, le gamin du ruisseau peu sûr mais dans la réalité, celle de de lui, et Maradona, la star, la période napolitaine de le génie du foot, le dieu vivant. Maradona, quand il sortit son Sa compagne dira plus tard club de la médiocrité pour le qu’au contact de la Camorra hisser au sommet du football Diego a disparu, il n’est resté italien et européen, dans une que Maradona. Et ce n’est certes trajectoire faisant écho à la pas un hasard si, sur l’affiche sienne propre, de l’ombre à

© JONATHAN PRIME/UNIVERSAL PICTURES

Wild Rose Yesterday Diego Maradona

comme dans le générique du film, ses nom et prénom sont graphiquement différenciés. Sa chute dans la drogue et dans l’impopularité sera aussi brutale et violente que son ascension fut fulgurante. Le héros mythique est à présent un homme pitoyable, un bibendum grotesque et larmoyant au cerveau visiblement ramolli. On voit bien ce qui réunit ces trois films, ce qui leur donne un intérêt qui dépasse leurs sujets respectifs : simples comédies ou documentaire, a priori purement distractifs, ils montrent, sans prétention mais avec une certaine acuité, trois personnalités disloquées, écartelées entre rêve et réalité, ballottées entre ascension et chute, capables ou non de réaliser l’unité de soi-même, de dé-fantasmer leur vie. Rude tâche, visiblement. — AW N°382 — octobre 2019

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© WARNER BROS

JE U NE P UBLIC

Wonderland, le royaume sans pluie TOUT PUBLIC À PARTIR DE 10 ANS  - 1H55 VO Japon - 2019, film d’animation de Keiichi Hara

© ARTE

Hippocrate, un alchimiste venu d’un autre monde, doit convaincre la jeune Akané et sa tante de l’aider à sauver son royaume, Wonderland, menacé par une sécheresse maléfique. Une histoire merveilleuse, poétique, et qui fait réfléchir sur la question de l’écologie…

La Vraie histoire de H.I.P. H.O.P. À PARTIR DE 11 ANS - 1H15

s tie natioorn ale

France - 2019, websérie Arte de J.O.E. l’extraterrestre

© CINÉMA PUBLIC FILMS

Dans le cadre des 21e rencontres de Danses Urbaines. Voir page 06 de ces carnets Séance gratuite en présence de Sidney

école etcinéma Séance tout public ouverte aux enseignants du cycle 2 inscrits à École et Cinéma.

Loups tendres et loufoques © D.R.

À PARTIR DE 3 ANS - 40 MIN

Le Chien jaune de Mongolie TOUT PUBLIC À PARTIR DE 5 ANS - 1H33 VF Mongolie/Allemagne - 2005, de Byambasuren Davaa

Nansal, 6 ans, fait partie d’une famille de nomades du Nord de la Mongolie. Un jour, elle recueille un chien abandonné, mais son père croit qu’il va leur porter malheur et ne veut pas qu’elle le garde… Adapté d’un conte mongol, ce récit simple et attachant mêle documentaire et fiction, dans des paysages envoûtants.

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Les Carnets du Studio

France - 2019, films d'animation de divers réalisateurs

Des loups, en veux-tu, en voilà ! Ils roulent des mécaniques, s’imaginent régner sur tous les autres animaux, mais au fond, c’est bien connu : les loups ont tous un cœur d’artichaut ! Six courts métrages pour découvrir toutes leurs facettes.

atelier Ciné-Goûter Bio

Samedi 19, après la séance de 16h, Manon propose un ciné goûter bio en partenariat avec la Biocoop afin de participer à une dégustation de pommes de différentes variétés. Puis, un buffet sain et plein d’énergie sera servi.

atelier De films en livres

Mercredi 23, après la séance de 16h, Gisèle raconte aux enfants les albums dont sont tirées ces histoires.


© GEBEKA FILMS

© 2019 PRIMA LINEA PRODUCTIONS – PATHÉ FILMS – FRANCE 3 CINÉMA – INDIGO FILM

Octobre 2019

Bonjour le monde La Fameuse invasion des ours en Sicile À PARTIR DE 7 ANS - 1H22 VF France/Italie - 1987, film d’animation de Lorenzo Mattotti

Après l’enlèvement de son fils Tonio par des chasseurs, Léonce le roi des ours envahit le territoire des hommes avec son armée. Après avoir retrouvé Tonio, il prend la tête du pays. Mais le peuple des ours n’est peut-être pas fait pour vivre chez les hommes…

À PARTIR DE 4 ANS - 1H01, France - 2019, film d'animation de Anne-Lise Koelher & Éric Serre

conte etfilms

Mercredi 2, avant la séance de 16h.

Magnifique film d'animation naturaliste réalisé en stop motion, cette création met en scène plus d'une centaine d'espèces animales et végétales qui prennent vie sous forme de marionnettes en papier mâché. Une très belle ode à la Nature et à la vie, qui pose cette question universelle : qui suis-je au milieu des autres ?

© AARDMAN ANIMATIONS

s tie natioorn ale

Ciné-apéro

Après la séance en avant-première dimanche 13 à 10h45, venez partager un apéritif convivial !

Shaun le mouton, le film : la ferme contre-attaque

Atelier Le photonotropic cinéma À PARTIR DE 7 ANS - 1H30, samedi 19 octobre à 14h

À PARTIR DE 6 ANS - 1H25 VF Grande-Bretagne/France - 2019, film d’animation de Will Becher & Richard Phelan

C’est une rencontre du troisième type qui attend Shaun le mouton lorsque Lu-La, extra-terrestre espiègle et douée de pouvoirs surnaturels, atterrit près de sa ferme. Shaun et le troupeau vont tout faire pour aider Lu-La à regagner sa planète…

30 personnes maximum Tarif : prix habituel d’une place de cinéma Inscriptions auprès de Jérémie Monmarché : monmarche@studiocine.com

Lundi 21 octobre à 14h30, l’Association des Cinémas du Centre (ACC), propose un atelier intitulé Le phonotropic cinéma aux Cinémas Studio. Nicolas Diologent va accompagner les enfants dans la création de leur dessin animé grâce à un drôle de tourne-disque et leur imagination ! N°382 — octobre 2019

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EN B RE F — NOUVEL L E S D’ ICI ET D’AILLEU RS

UN ÉTÉ PLEIN DE TOURNAGES  Woody Allen  a choisi San Sebastian comme cadre de sa future comédie romantique. Le casting est international : l’actrice espagnole Elena Anaya, l’Allemand Christoph Waltz, le français Louis Garrel, le franco-espagnol Sergi Lopez et l’américain Wally Shawn. C’est dans son pays, le Japon, que la réalisatrice  Naomi Kawase  (Les Délices de Tokyo) a tourné Comes Morning, adapté du livre de Mizuki Tsujimura : un couple voit son équilibre vaciller quand, 6 ans après avoir adopté un enfant, une jeune femme prétendant être la mère biologique se manifeste.  Laurent Lafitte  s’est lancé à son tour dans la réalisation en adaptant la pièce de Sébastien Thiéry, L’Origine du monde, qui raconte l'histoire de Jean-Louis, dont le cœur a cessé de battre. Même s’il vit encore, il aura besoin pour guérir de remonter à la source de ses problèmes : sa mère, ou plus exactement le sexe de sa mère… Encore un casting alléchant : Karin Viard, Vincent Macaigne, Hélène Vincent et Nicole Garcia. Il fallait être dans les Hauts-de-France au mois d’août pour apercevoir Blanche Gardin, Denis Podalydès et Corinne Masiero, qui se donnaient la réplique sous la direction de  Gustave Kervern et Benoît Delépine . Effacer l’historique met en scène trois voisins « dans un lotissement péri-urbain de province » qui se retrouvent confrontés aux GAFA. Quant à Sophia Loren, après 10 ans d’absence sur nos écrans (Nine de Rob Marshall), elle vient d’achever le tournage du remake de La Vie devant soi réalisé par son fils Edoardo Ponti. C’est en Italie que l’actrice de 84 ans a repris le rôle de Madame Rosa naguère interprétée par Simone Signoret.

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Les Carnets du Studio

CINÉPHILES DANS LA TOURMENTE À DIJON L’heure de la fermeture a sonné pour le cinéma d’Art et Essai Devosge qui disposait de cinq salles situées au numéro 6 de la rue éponyme. C’est en juin que s’est jouée la dernière séance. Cette fermeture réduit considérablement l’offre culturelle de l’agglomération dijonnaise – équivalente en population à celle de la métropole tourangelle. En effet le complexe indépendant l’Eldorado (3 salles) est aujourd’hui l’unique cinéma Art et Essai présent à Dijon.

DE TOURS AU CROISIC Vous vous souvenez peut-être du festival cinématographique tourangeau De l’Encre à l’écran, qui proposait des films adaptés d’œuvres littéraires et qui peina à attirer les grandes foules. Si le clap de fin a eu lieu en 2005, c’est au Croisic que cinéma et littérature se retrouvent depuis, dans le cadre du festival  De la Page à l’image . La 14e édition se tiendra du 11 au 20 octobre et on nous dit que « les avant-premières y sont de plus en plus nombreuses et les débats avec le public et les équipes de films passionnants et intenses. » — SB


INFOS P RATIQU ES

Bienvenue dans le premier cinéma Art & Essai d’Europe, avec 7 salles et chaque semaine plus de 20 films de tous les horizons en V.O. sous-titrée ! Les cinémas Studio sont membres de ces associations professionnelles :

Bibliothèque

Horaires d’ouverture : Lundi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi : 15h30 à 19h30. Fermeture pendant les vacances scolaires et jours fériés.

Cafétéria

EUROPA CINÉMA Regroupement des salles pour la promotion du cinéma européen.

AFCAE

Association française des cinémas d’art et essai. Association des cinémas de l’Ouest pour la recherche (membre co-fondateur).

Gérée par l’association d’insertion AIR, la cafétéria des Studio accueille les abonnés sur présentation de leur carte de 15h30 à 21h30 (vendredi et samedi : 15h30 à 21h45). Tél. : 02 47 20 85 77.

GNCR

Abonnements

ACOR

Groupement national des cinémas de recherche.

Valable 1 an, l’abonnement permet de bénéficier d’un plein tarif à 5,50 ¤ au lieu de 9,50 ¤, tous les jours et à toutes les séances. Abonnement amorti en moins de 5 séances ! Informations à l’accueil des Studio ou auprès de votre correspondant.

ACC

Association des cinémas du Centre (membre co-fondateur).

Réabonnez-vous !

Cinémas Studio 2 rue des Ursulines 37000 Tours www.studiocine.com suivez-nous !

PRIX DE L’APF 1998

Votre abonnement est valable 1 an, à partir du jour où vous le prenez. La date d’expiration de la carte est inscrite sur votre ticket d’entrée. Pour vous réabonner : • À l’accueil des Studio. Ne pas oublier d’apporter sa carte (elle est rechargeable). • Auprès de votre correspondant ou de votre CE (avec mon ancienne carte). • Par internet, (excepté en cas de changement de statut, ou tarif réduit à 10 euros). Règlement : carte bancaire, chèques, espèces, chèques vacances. N°382 — octobre 2019

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film du mois

© JOUR2FÊTE

Papicha

Algérie • 2019 • 1h46 un film de Mounia Meddour avec Mounia Meddour, avec Lyna Khoudri, Shirine Boutella…

À Alger, dans les années 90, Nedjma, 18 ans, est une étudiante qui rêve de devenir styliste. Le soir, avec ses amies, elle se faufile hors de la Cité universitaire pour rejoindre la boîte où elle vend aux papichas (c’est comme ça qu’on nommait à Alger les filles libres et coquettes) les robes qu’elle dessine et coud avec l’aide de ses colocataires. Mais la situation politique ne cesse de se dégrader. Les pressions se font de plus en plus insistantes, à la fois dans la cité U et en ville, pour que les filles se cachent derrière un voile. Juste après un drame qui la frappe brutalement, Nedjma décide de ne pas baisser les bras, de ne pas fuir l’Algérie comme le lui suggère son petit copain, mais de continuer à se battre pour sa liberté en continuant à créer et… en organisant un défilé malgré le danger… Après des études de journaliste, contrairement à son héroïne, Mounia Meddour a dû se réfugier en France. Elle entre à la Fémis et réalise plusieurs documentaires (notamment sur le jeune cinéma algérien). Puis elle se tourne vers la fiction avec un court métrage intitulé Edwige, tourné en Normandie et qui a reçu de nombreux prix dans des festivals. Les années sanglantes s’éloignant dans les mémoires, largement taboues en Algérie, elle décide

www.studiocine.com

d’y revenir avec Papicha : « Je porte ce sujet en moi depuis longtemps mais j’avais besoin de recul et peut-être même de faire le deuil de cette période avant de pouvoir m’y consacrer entièrement. J’ai bâti le scénario autour du personnage de Nedjma. J’avais envie de raconter l’histoire de cette jeune femme qui, à travers sa résistance, nous embarque dans un grand voyage semé d’embûches tout en nous faisant découvrir plusieurs facettes de la société algérienne ». Prix Sopadin du scénario, Papicha a été sélectionné dans la catégorie Un certain regard au festival de Cannes dont il est revenu certes sans prix, mais avec un excellent accueil public. Au festival francophone d’Angoulême, quelques mois plus tard, il a reçu le prix du public et du scénario et la jeune actrice Lyna Khoudry, une révélation, le prix d’interprétation. Un premier film fort qui fait revivre toute une époque, particulièrement douloureuse (150 000 victimes), mais avec une grande sensibilité et une extrême pudeur… et d’où ressort, au final, l’énergie et la volonté des quatre jeunes héroïnes. Et la volonté de ne rien céder face à l’intégrisme. — DP Retrouvez une vidéo de la rencontre avec Mounia Meddour sur le site des Studio dans la rubrique “Ça s’est passé aux Studio”.

Les Carnets du Studio N° 382 — 2 rue des Ursulines 37000 Tours


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