Marie
Fradette Sur les traces de l’album québécois
une anthologie
Sur les traces de l’album québécois
Sur les traces de l’album québécois. Une anthologie
Copyright © 2023 Marie Fradette
Copyright © 2023 Comme des géants
Direction éditoriale : Nadine Robert
Consultante éditoriale : Brigitte Carrier
Design graphique : Jolin Masson
Photographie : Julia Marois
Révision : Lise Duquette
Correction d’épreuve : Marie Pigeon Labrecque
Préface : Christiane Duchesne
Illustration de la couverture : Roger Paré, Une fenêtre dans ma tête, deuxième partie, la courte échelle, Montréal, 1979.
Dépôt légal : 4e trimestre 2023
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : Sur les traces de l’album québécois : une anthologie / Marie Fradette ; préface, Christiane Duchesne.
Noms : Fradette, Marie, 1973- auteur. | Duchesne, Christiane, 1949- préfacier.
Description : Comprend des références bibliographiques et un index.
Identifiants : Canadiana 20220007896 | ISBN 9782924332597 (couverture rigide)
Vedettes-matière : RVM : Livres illustrés pour enfants—Québec (Province)—Histoire.
Classification : LCC PS8069.F73 2022 | CDD C840.9/928209714—dc23
ISBN : 978-2-924332-59-7
Imprimé en Chine
Comme des géants inc. 38, rue Sainte-Anne
Varennes (Québec) J3X 1R5
www.commedesgeants.com
Nous reconnaissons l’appui du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 153 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
À Lysandre, Cassandre et Éloïse qui ont d’abord entendu, puis lu plusieurs des histoires présentes dans cette anthologie…
Sur les traces de l’album québécois une anthologie
Remerciements
Je remercie Sylvie Leblanc, bibliothécaire à la Direction des métadonnées et de la normalisation bibliographiques de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Merci à Chantal Vaillancourt qui m’a aiguillée vers des sources pertinentes. Merci à Daniel Sernine et son outil Lurindex. Merci à Brigitte Carrier pour sa lecture rigoureuse et éclairante. À Christiane Duchesne pour ses souvenirs, ses anecdotes et sa grande culture.
Je remercie également le personnel des bibliothèques de l’Université du Québec à Trois-Rivières et de l’Université Laval pour leur aide précieuse.
Merci au Conseil des arts et des lettres du Québec qui m’a offert son soutien financier.
Merci immense à Nadine Robert pour son ouverture, sa confiance et sa générosité. Et, bien sûr, à toute l’équipe de Comme des géants.
Enfin, merci particulier à mon indispensable clan.
Note : En vue d’alléger ce texte, on n’y emploie généralement que le masculin pour désigner les personnes, les créatrices et les créateurs ainsi que les lecteurs et les lectrices.
Table des matières
Introduction Une littérature qui se fait1
ce livre est né d’une envie d’explorer l’album jeunesse francophone québécois, de fouiller son passé afin d’en dégager ce qui l’a fait naître et, ainsi, de mieux comprendre et expliquer la richesse et la diversité observables aujourd’hui, soit cent ans après la naissance officielle de la littérature jeunesse québécoise. Mais il est né aussi, et surtout, d’un amour, ou d’une fascination pour cette forme de littérature que l’on peut qualifier de libre, en ce sens qu’elle offre visuellement tous les possibles, sans forme fixe, le graphisme étant continuellement renouvelé au gré des créateurs d’albums. En effet, depuis la relation statique entre l’image et les mots dans les tout premiers albums, les combinaisons sont aujourd’hui multiples et variées. L’image, prépondérante dans l’album, n’est plus qu’une simple accompagnatrice du texte, mais constitue une narration en soi. Parfois totalement indépendante des mots, elle peut servir à les contredire, à les prolonger ou encore à les refléter. Source infinie de possibilités, l’album s’adresse aujourd’hui à tous les groupes d’âge, allant du bébé à l’adolescent.
Mais l’album, comme l’explique si justement Sophie Van der Linden, ne se définit pas que par la coprésence de texte et d’images ou même par la relation entre les deux – car, disons-le, il existe plusieurs albums sans texte –, il « présente en outre une organisation fortement liée à un support. Et ce support, c’est en premier lieu l’objet livre. L’album montre une grande diversité dans ses réalisations. Matérialité et format y sont particulièrement variés, répondant d’une part à des usages et à des publics et d’autre part à des choix d’expression2 ».
À l’instar des réflexions tenues par Van der Linden, Isabelle Nières-Chevrel, Françoise Lepage, Dominique Demers – et pour éviter de nous enfoncer dans quelques flous persistants autour de sa définition –, l’album ici entendu n’est ainsi en rien un genre littéraire. Il renvoie plutôt à un format, ce support sur lequel se déploient différents genres que sont par exemple la poésie, le récit policier, le documentaire, le conte, etc. « Plus certainement, l’album constitue une forme d’expression spécifique, son organisation interne le distinguant des autres livres pour la jeunesse accueillant des images », explique Van der Linden3. Le format de l’album devient alors un territoire d’action, pour reprendre les mots
de Nières-Chevrel, dont il définit les limites4. Un format dans lequel toutes les composantes – fond et forme (format, papier, graphisme) – contribuent à en créer le sens. Dans cette optique, les romans graphiques et les bandes dessinées, qui, bien qu’ils se présentent sous forme d’album, offrent une articulation texte-image différente de l’album jeunesse, ont ainsi été écartés de notre sélection.
Émergence
Comme pour toute littérature, la naissance et l’évolution de la littérature jeunesse et plus précisément de l’album au Québec sont indissociables du contexte sociohistorique. Avant la Révolution tranquille – et tout ce qu’elle apportera de changements –, l’omniprésence du clergé dans les choix de lecture offerts aux jeunes influence la création. Les thèmes, les personnages et les valeurs présentées s’inscrivent alors dans une pensée qui vise avant tout à élever les petits et à leur inculquer les bonnes valeurs chrétiennes et nationalistes. Romans historiques, biographies de saints, catéchismes, différents guides, surtout pour les jeunes filles, futures mères et épouses, et contes traditionnels seront privilégiés.
L’illustration comme forme narrative « accompagnatrice » de l’enseignement est pour sa part déjà présente depuis les années 1920, notamment dans la revue L’Oiseau bleu – Revue illustrée pour la jeunesse qui marque à sa création, en 1921, les débuts d’une littérature intentionnellement offerte aux jeunes. Fondée par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, la revue a pour mission de former le sentiment nationaliste et religieux des jeunes tout en luttant contre l’omniprésence et l’envahissement « des images américaines jugées vulgaires et moralement dangereuses5 ». La présence du vocable « illustrée » dans l’intitulé de la revue servait à titiller l’intérêt des jeunes attirés par l’image, particulièrement par les illustrés américains, des comic books dans lesquels l’aventure de superhéros aguichait l’esprit d’évasion des jeunes6
Parmi les illustrateurs de la première heure, James McIsaac collabore activement à la revue. D’abord en illustrant les couvertures depuis la première publication jusqu’en 1934, mais aussi en réalisant « la plupart des vignettes qui illustrent les feuilletons7 », comme Les Aventures de Perrine et Charlot en Nouvelle-France de Marie-Claire Daveluy. Saga historique, cette histoire parue d’abord dans la revue constitue officiellement le premier récit écrit intentionnellement pour la jeunesse au Québec. Suivront les Odette Fumet-Vincent, Guy Maufette, le duo Claudine Vallerand et Hubert Blais, Albert Bolduc qui marqueront les débuts de cette aventure en images.
Quant à l’album et à sa double dimension – texte et illustration –, si la forme existe déjà ailleurs depuis un bon moment – pensons au personnage Pierre l’Ébouriffé d’Heinrich Hoffmann en Allemagne au XIXe siècle, à Randolph Caldecott (qui offre des personnages en mouvement), à Edward Lear en Angleterre, pour qui la mise en scène de l’imaginaire des enfants est privilégiée, et, au XXe siècle en France, aux œuvres de Beatrix Potter et aux albums du Père Castor, où l’on trouve notamment le trait de Nathalie Parain qui contribue au renouveau de l’album en France –, ce format arrive toutefois tardivement au Québec. Il faudra en effet attendre les années 1940 pour voir naître les premiers albums créés ici, souvent teintés de religiosité. Selon Lepage, Sur la route avec Jésus de Jeanne L’Archevêque Duguay, illustré par Rodolphe Duguay, compte parmi ces premiers titres. Mais dans ces débuts timides et conservateurs, Andrée Maillet et le peintre Robert La Palme signent Ristontac, un album novateur sur le plan graphique, délaissant l’image statique au profit d’une exploration artistique.
4 Isabelle Nières-Chevrel, Introduction à la littérature jeunesse, Paris, Didier, 2009, p. 121.
5 Françoise Lepage, Histoire de la littérature pour la jeunesse : Québec et francophonies du Canada, Orléans, Éditions David, 2000, p. 446.
6 Édith Madore, Constitution de la littérature pour la jeunesse (1920-1995), Thèse de doctorat, Québec, Université Laval, 1996, f. 17.
7 Françoise Lepage, op. cit., p. 117.
Plusieurs facteurs expliquent sa naissance, notamment l’effervescence des recherches faites autour de la petite enfance au début du siècle, une importance accordée à la jeunesse, ce qu’elle est, ses besoins en matière de culture et la présence de plus en plus forte de l’image dans nos sociétés. S’ajoute aussi un établissement des groupes d’âge qui permet de distinguer l’enfant de l’adolescent, de différencier leurs besoins et leurs goûts respectifs. Il faut dire aussi que l’édition jeunesse, qui est alors constituée en majeure partie d’œuvres jeunesse étrangères venues d’Europe et des États-Unis – les contes et légendes traditionnels côtoient les albums du Père Castor chez Flammarion, Bécassine chez Gautier-Languereau, les Albums de Mickey chez Hachette, la célèbre Martine de Gilbert Delahaye et Marcel Marlier chez Casterman –, bénéficiera de l’arrêt forcé de ces importations pendant la Seconde Guerre mondiale, climat favorable au développement d’une littérature québécoise.
Les éditions Variétés, à Montréal, profiteront de ce contexte pour réimprimer des œuvres européennes et publier des titres américains traduits et adaptés ici. En plus des collections « Silly Symphonies », dans laquelle on trouve Dumbo et Bambi, et Albums roses, dont Elmer le petit éléphant et Les petits lapins, l’éditeur fait traduire « avec un évident respect de la langue et des tournures tout à fait adaptées au français canadien8 » des albums importés des États-Unis, dont Le petit train aller et retour, Tu commences à prier ou encore Les petits poètes. L’auteur, traducteur et illustrateur Sim – Jean Simard – illustre nombre de couvertures de romans aux éditions Variétés, mais aussi des contes et légendes pour la jeunesse, dont Le petit tailleur intrépide. Le style de Sim s’inspire, selon Lavigueur, de celui de l’Américaine Hazel Boswell qui publie entre autres French Canada, en 1938 chez Viking Press, un album illustré sur les coutumes québécoises (qui sera réédité en 1967).
Mais l’album tel que nous le connaissons aujourd’hui, l’album moderne pour reprendre l’expression de Lepage, ne fera son apparition que dans les années 1970. La création des éditions du Tamanoir par Bertrand Gauthier (qui deviendront les éditions de la courte échelle en 1978) marque ainsi officiellement la naissance de cet album moderne québécois. Pendant cette période d’exploration, l’album se renouvelle tant au niveau de la forme que du fond, offrant des conceptions graphiques de plus en plus singulières. La représentation idéalisée de l’enfant tire à sa fin et on joue avec les cadrages, angles et autres procédés de l’image. La série « Jiji et Pichou » signée Ginette Anfousse, qui compte une douzaine de titres, reflète bien cette période pendant laquelle l’enfance est enfin libérée. La qualité des œuvres vaut d’ailleurs à la maison d’être reconnue sur la scène internationale. Dès 1978, et pour la première fois, le Québec est représenté au prestigieux prix Hans-Christian-Andersen avec La cachette d’Anfousse. Un album – et une série –dans lequel le texte et l’image prennent parti pour le monde de l’enfance.
Tendance qui s’étire jusque dans les années 1990, là où l’imaginaire et le quotidien des enfants remplaceront la contestation. De nouvelles maisons s’établissent, notamment Chouette (1987), avec l’incomparable Caillou d’Hélène Desputeaux, et Les 400 coups, fondée par Serge Théroux en 1994, qui sauront se démarquer à l’étranger. On pense ici à Poil de serpent dent d’araignée (1996) écrit par Danielle Marcotte et illustré par Stéphane Poulin qui, en 1998, reçoit un prix de l’Union internationale pour les Livres de jeunesse (IBBY) ainsi qu’à Anne Villeneuve qui remporte le prix Wallonie-Bruxelles en 2000 avec L’écharpe rouge. Les années 2000 marquent le début d’une période prolifique pendant laquelle la création n’a plus à rivaliser aussi ardemment avec la compétition étrangère.
Naissent alors La Pastèque, La Bagnole, Isatis, puis Comme des géants, D’eux, Fonfon et autres, qui viendront enrichir le milieu littéraire jeunesse.
En 2022, on ne cherche plus nécessairement à élever les petits ni à contester une littérature traditionnelle empreinte de morales pieuses ou de personnages d’enfants parfaits, mais à accompagner les jeunes, à leur ouvrir le chemin de la vie, de la lecture et de la beauté. Il faut souligner que ces petits ont eu l’occasion, avec les années, d’enrichir leurs compétences en matière de lecture, grâce à une offre de plus en plus diversifiée et abondante. Grâce aussi à des adultes, parents et professeurs, de plus en plus curieux et soucieux de recourir à la littérature jeunesse dans le processus de lecture.
Et pourquoi donc faire une anthologie ?
L’intérêt d’une telle anthologie s’explique et se justifie d’abord par l’absence d’ouvrages consacrés essentiellement à l’album au Québec. Édith Madore, Dominique Demers, Françoise Lepage ont, dans les années 1990 et 2000, écrit des ouvrages de référence importants et incontournables dans lesquels la production de l’album, dans sa dimension historique surtout, est étudiée rigoureusement et en profondeur. La littérature pour la jeunesse au Québec (Boréal, 1994), Les 100 livres québécois pour la jeunesse qu’il faut lire (Nota Bene, 1998), Du Petit Poucet au Dernier des raisins : introduction à la littérature jeunesse (Québec Amérique, 1994) et Histoire de la littérature pour la jeunesse Québec et francophonies du Canada (David, 2000) ont été en ce sens des travaux essentiels sur lesquels notre réflexion a pu s’appuyer. S’ajoute la revue Lurelu, exclusivement consacrée à la littérature pour la jeunesse et fondée en 1978, qui a su fournir des réponses à nos interrogations. Tout comme le logiciel Lurindex sur lequel sont regroupés tous les titres recensés par la revue depuis sa création. D’autres chercheuses ont exploité le côté pédagogique de l’album, notamment Élaine Turgeon, mais aussi Andrée Poulin et L’album jeunesse, un trésor à exploiter, dans lequel elle s’adresse surtout aux professeurs de la maternelle à la 6e année. Ou encore le collectif Pleins feux sur l’album, dirigé par Isabelle Montésinos-Gelet, dans lequel les chercheurs réfléchissent aux usages de l’album en classe. Mais aucune rétrospective de l’album depuis sa naissance jusqu’aux années 2020 n’avait encore été faite ici.
S’il manquait encore au Québec, le travail d’anthologie a toutefois été exploré ailleurs. En tête, l’incontournable Les 1 001 livres pour enfants qu’il faut avoir lus avant de grandir, réalisé sous la direction de Julia Eccleshare et préfacé par Quentin Blake, qui a été notre inspiration dans cette aventure.
Plus encore, se lie à cette volonté de faire un portrait de la création d’albums depuis ses débuts un désir de rejoindre le plus large public qui soit. Faire connaître ce monde illustré à ceux qui découvrent et contemplent l’album sans en mesurer encore toute l’étendue, mais aussi servir de référence aux principaux acteurs du milieu, passeurs de littérature que sont les chercheurs, les éditeurs, les professeurs depuis le primaire jusqu’à l’université, les libraires, intervenants et autres amoureux de l’image. Faire connaître tout un monde illustré qui évolue en symbiose avec notre société toujours de plus en plus ouverte et affirmée. Il fallait que les créateurs du Québec, des premiers initiateurs aux nouvelles plumes, aient enfin un ouvrage racontant quelques segments nous étant apparus comme des jalons historiques.
Mais comment choisir parmi l’abondance ?
Pour arriver à cette anthologie, il a bien sûr fallu faire des choix parmi la grande quantité d’albums offerts. Ainsi ont d’abord été retenues des œuvres
francophones québécoises écrites et illustrées par des auteurs résidents du Québec. Cela s’entend, ce choix exclut bon nombre de magnifiques et excellents livres publiés par des maisons québécoises, des albums réalisés par des créateurs ne résidant pas au Québec et qui contribuent assurément à ce courant d’influences, mais nous voulions prendre le pouls de cette production entièrement pensée dans ce contexte nord-américain soumis déjà à mille et une influences. Comment, ici, dans ce territoire immense aux frontières poreuses, pensons-nous, créons-nous des œuvres qui se démarquent et, pour certaines, s’illustrent sur la scène internationale ? De quoi parle-t-on aux enfants ? Et comment le fait-on ?
Au total, c’est autour de 140 œuvres qui ont été retenues depuis les balbutiements dans les années 1940 jusqu’en 2020. Parmi celles-ci, 82 sont présentées et commentées. Puisque le choix des œuvres s’avérait difficile, nous avons resserré nos critères et sélectionné des albums qui, à l’époque où ils ont été publiés, ont participé à une certaine refonte, tout en s’offrant de façon singulière. C’est-à-dire en empruntant des chemins différents, en osant aborder des thèmes audacieux, comme la guerre et la solitude, ou plus légers, comme l’amitié, mais en le faisant surtout dans une approche exempte de didactisme, en s’adressant avant tout à l’intelligence de l’enfant, tout en se démarquant par leur qualité graphique et artistique. En ce sens, la relation entre le texte et l’illustration a été soigneusement étudiée. Nous avons retenu les œuvres où il y avait une symbiose entre les deux médiums, une correspondance claire sans que l’un fasse ombrage à l’autre. Bien sûr, nous sommes conscients qu’une sélection comporte toujours une part de subjectivité. De même, un titre fabuleux peut être passé inaperçu à sa sortie et connaître un intérêt tardif ou se révéler dix ans après sa parution. Dans cette optique, certaines œuvres ont peut-être été occultées de cette sélection. Quant au facteur « Prix littéraire », il n’a pas servi de levier à nos choix. Les prix offerts distinguent souvent le texte et les illustrations, s’éloignant ainsi de notre façon de concevoir l’album, en l’occurrence une entité dans laquelle les deux médiums travaillent de concert.
Enfin, les livres-disques – nombreux et magnifiques à La Montagne secrète et chez Planète rebelle –, malgré la riche combinaison texte-image, s’offrent plutôt comme un objet en trois, voire, quatre dimensions (texte-image-narrationmusique) et ont aussi été exclus de la sélection. De même pour la bande dessinée dont la singulière composition graphique nécessite une lecture différente des albums sélectionnés. Il en est ainsi pour le documentaire jeunesse. L’objectif didactique et le visuel plus factuel qu’artistique9 rendaient le comparatif difficile avec les textes de fiction.
Au menu
Sur les traces de l’album québécois relate de façon chronologique l’évolution de l’album au Québec. Pour chacun des titres choisis, un synopsis s’accompagne d’une présentation de l’œuvre, ce qui permet de saisir toute la portée offerte. Le livre est divisé en sept chapitres, depuis 1940 jusqu’à 2020, et chacune des époques est précédée d’une partie introductive permettant de bien situer les œuvres choisies dans le contexte de leur création. Puis, parce que beaucoup de titres magnifiques ont aussi participé à la richesse de cette littérature, une chronologie suit chacune des sections où l’on retrouve tout au plus dix titres aussi parus pendant la période présentée et que nous avons jugés révélateurs de l’époque.
9 À noter ici que le documentaire offert depuis quelques années dépasse largement la dimension didactique, s’offrant plutôt de manière hybride entre la fiction et le documentaire. En tête : En voiture de Pascal Blanchet, La Pastèque (2016), Ours brun blanc noir de Pascal Girard, La Pastèque (2018), Ces grands procès qui ont changé le monde de Francesca Trop, Les éditions du passage (2021) ou encore Tout le monde dort d’Iris Amizlev, Les éditions du passage (2019) s’inscrivent dans cette approche artistique. Dans cette optique, certains albums-documentaires peuvent se retrouver dans notre sélection.
1940 Le début d’une aventure en images
1940. la littérature Jeunesse avance à petits pas fragiles, mais confiants, depuis près de vingt ans. Sous l’œil vigilant du clergé, elle est toujours empreinte de bons sentiments, de valeurs catholiques et nationalistes. Devant l’abondante compétition étrangère, la rare production canadienne-française reste ainsi bien pâle. Moins de deux cents titres seront publiés, rééditions comprises, depuis le début des années 19201.
La Deuxième Guerre mondiale, qui force temporairement l’arrêt des importations européennes, vient toutefois changer la donne et favorise l’édition canadienne. Le public lecteur étant privé de livres, les éditeurs ont alors le champ libre et connaissent un essor considérable. À cela s’ajoute la Loi du séquestre national qui, sous le premier ministre William Lyon Mackenzie King, permet aux éditeurs de reproduire des œuvres françaises « moyennant le versement d’une redevance de 10 % au bureau du Séquestre des biens ennemis2 ». Les éditions Variétés s’en donneront à cœur joie dans cette voie en rééditant des titres européens, des traductions américaines et quelques créations d’ici. Au total, 550 titres seront publiés sous cette bannière pendant la décennie3. De plus, la loi Choquette, instaurée en 1925, demande aux écoles d’allouer la moitié de leur budget de livres à l’achat d’œuvres canadiennes. Les éditeurs doivent donc produire. L’édition jeunesse s’ouvre tranquillement au public grâce aux bibliothèques, notamment la Bibliothèque centrale de Montréal qui, en 1941, inaugure une section pour les enfants.
Mais les années 1940 sont aussi une décennie d’ouverture à l’art, une avant-garde qui se dessine avec les signataires du Refus global, des artistes qui manifestent avec force leur volonté de se défaire des vieux modèles et remettent en question les valeurs traditionnelles. Bien que les lectures des jeunes soient toujours contrôlées par l’Église, que les histoires laissent place à une représentation plutôt idéalisée des enfants et que les illustrations restent pour la plupart très conservatrices, ce vent de changement artistique est tout de même perceptible dans quelques livres jeunesse, comme dans la série de romans « Alfred » d’Alec Leduc-Pelletier, illustrés par la Maîtrise d’arts, une coopérative d’artisans fondée en 19395. La variation des angles, la stylisation de la forme et des couleurs ainsi qu’une attention portée à la réalité des enfants rendent compte d’une volonté d’exploration et d’un désir d’innover sur le plan littéraire. Déjà dans les années 1920 et 1930, le livre illustré connaît un essor grâce au renouveau de la gravure au Québec6. Jean-Paul Lemieux qui, à la fin des années 1920, revient de Paris « où il a rencontré
Clarence Gagnon », signera les illustrations du Petit page de Frontenac, roman historique de Maxine publié en 1930 dans lequel la ligne pure et sobre témoigne d’une nouvelle approche dans l’illustration.
C’est donc dans ce contexte particulier, à la fois tourné vers demain, mais toujours conservateur, où se côtoient biographies, romans pour adolescentes, romans historiques, contes, notamment ceux de Tante Lucille, que naissent les premiers albums. Entre La famille grenouille d’Albert Bolduc illustré par Henri Beaulac et paru en 1944 (qui sera traduit la même année en anglais sous le titre The Koax Family), les albums de Claude Robillard (Robin), ceux d’Odette Fumet-Vincent et de son mari Rodolphe Vincent qui veulent, avec leurs albums7, lutter contre l’invasion des comic books américains, les Beaux albums Tavi de Mgr Albert Tessier et Sur la route avec Jésus de Jeanne L’Archevêque Duguay, illustré par Rodolphe Duguay, il y a Ristontac. Écrit par Andrée Maillet et publié en 1945 par Lucien Parizeau, « un nouvel éditeur, adepte des nouvelles esthétiques importées d’Europe8 », cet album sort des sentiers battus grâce à ses illustrations réalisées par le peintre et caricaturiste Robert La Palme, un membre de l’avant-garde artistique québécoise. L’aventure de l’album jeunesse québécois venait de commencer.
1 Édith Madore, La littérature pour la jeunesse au Québec, Montréal, Boréal, 1994, p. 21.
2 Jacques Michon [dir.], Histoire de l’édition littéraire au Québec au XXe siècle : le temps des éditeurs, 1940-1959, Montréal, Fides, 1999, p. 23.
3 Noëlle Sorin, « La littérature pour la jeunesse aux éditions Variétés, 1940-1951 », coll. Cahiers du GRÉLQ, 7, Sherbrooke, Ex Libris, 2001, p. 65-140.
4 Suzanne Pouliot, « L’édition québécoise pour la jeunesse au XXe siècle : une histoire du livre et de la lecture située au confluent de la tradition et de la modernité », Globe. Revue internationale d’études québécoises, vol. 8, no 2, p. 203-235.
5 Coopérative fondée par Louis Parent, professeur de sculpture sur bois à l’École du meuble de Montréal. On sent ainsi l’importance d’une recherche stylistique accordée aux livres jeunesse. Suzanne Pouliot et collab., « L’édition pour le jeune public » dans Jacques Michon et Carole Gerson, Histoire du livre et de l’imprimé au Canada, 1918 à 1980, vol. 3, Montréal, PUM, 2007, p. 229-256. Il faut savoir aussi que, parmi les professeurs de cette école, on compte Jean-Paul Lemieux et, un peu plus tard, Paul-Émile Borduas et Frédéric Back qui y enseigneront le dessin. Pour en savoir plus : Martin Dubois, « L’école du meuble de Montréal. Au-delà de l’ébénisterie », dans Continuité, no 115, hiver 20072008, p. 21-25. https://id.erudit.org/iderudit/17420ac
6 Françoise Lepage, op. cit., 2000, p. 459.
7 Jeanne la désobéissante, Robert le vantard, L’oiseau de Petit Pierre et Petite maman publiés chez Fides en 1944.
8 Françoise Lepage, op.cit., 2000, p. 465.
Il arriva donc à Rex ce qui arrive toujours aux enfants têtus. Comme il somnolait, il crut que l’herbe avait bougé autour de lui. Il se rassura en se disant qu’il avait dû se tromper. Soudain, les folles avoines furent vivement secouées pour une seconde fois. Quelque chose rampait vers lui !
La famille Grenouille
Texte Albert Bolduc
Dessins Henri Beaulac
Éditeur Fides, Montréal
Année 1944
Pages 62
Figurant parmi les premiers albums offerts à la jeunesse canadiennefrançaise, La famille Grenouille reflète, par son thème enveloppant et ses personnages identifiables, une volonté sincère de rejoindre les enfants. Mais dans un contexte social encore fortement imprégné de la religion catholique – où l’obéissance, les valeurs familiales et l’amour de la nation sont valorisés –, difficile de s’affranchir de ces pressions sociales. Albert Bolduc traduit ce contexte traditionnel, tandis qu’Henri Beaulac ajoute un aspect moderne à l’ensemble.
Papa Grenouille ayant trouvé l’endroit parfait pour élever les enfants et « Maman Grenouille n’ayant pas discuté la décision de son mari », la famille vit heureuse et sans tracas sur l’étang
d’Okiri. Les deux rejetons, Rainette et Rex, qui ont chacun leur personnalité, pataugent de façon insouciante dans la mare. La fillette est sage, polie, douce, obéissante et mignonne « à croquer avec son petit nez, ses grands yeux dorés et ses menottes luisantes comme la porcelaine ». Rex, « l’enfant terrible de la maison », est tout le contraire, mais aussi gentil. L’histoire de Bolduc démarre véritablement lorsque la famille reçoit en héritage une maison située au bord du Lac-en-Cœur. La traversée pour s’y rendre mettra en lumière les dangers du voyage et de la désobéissance de Rex, tandis que l’arrivée sur les lieux permet aux parents de constater l’inégalité des classes. D’un côté du lac, la richesse, de l’autre, là où se trouve leur maison, la misère et la pauvreté.
Le ton moralisateur et paternaliste trahit cette époque pendant laquelle on regarde l’enfant – tout comme le peuple – de haut afin de l’élever, de lui montrer la voie. À cet effet abondent les commentaires du narrateur adulte sur les comportements des petits, notamment de Rex qui apprend de ses bêtises. S’ajoutent aussi quelques lignes sur le versant désolant du lac. Déçue de ce quartier, la mère remarque « qu’il serait difficile de bien élever sa famille dans un endroit aussi populeux et aussi tapageur ». Toute cette idéologie conservatrice, teintée de valeurs bourgeoises, est offerte dans une écriture recherchée et un style dépouillé, en lien avec cette volonté d’éduquer.
Le texte abondant est agrémenté des gravures d’Henri Beaulac – héritier du
courant Art déco1 – qui apportent une certaine légèreté et assurément une modernité à l’ensemble. La simplicité des formes et du trait s’allie à un jeu de contrastes fort entre le noir, le gris et le bourgogne qui tranchent sur les fonds blancs. Autre particularité : le constant mouvement dans le trait et un souci d’offrir des scènes débordantes de vie. Les grenouilles anthropomorphisées côtoient fourmis, fleurs, éphémères et autres habitants de l’étang dans une ronde des plus vibrantes. L’absence de cadre permet à ses personnages de vivre ici et là dans les pages, offrant au lecteur le loisir d’imaginer les alentours. Précurseur de l’album jeunesse au Québec, La famille Grenouille constitue ainsi une amorce des plus prometteuses.
Autres albums significatifs 1940-1949
Pluck chez les fourmis Odette Vincent-Fumet
Beauchemin Montréal 47 p.
La petite maison de mon âme Odette Vincent-Fumet
Éditions du Lévrier Montréal 16 p.
Tante Lucille raconte
Tante Lucille
Marguerite Gauvreau
Granger Frères Montréal 24 p.
Pluck chez les abeilles Odette Vincent-Fumet
Beauchemin Montréal 45 p.
Sur les traces de l’album québécois
1950 et 1960 À petits pas fragiles
l’essor ressenti au cours des années 1940 est de courte durée. Si la fin de la guerre apporte son lot de douceurs, vient aussi avec elle la reprise des importations, donc de la concurrence, ce qui coûte cher aux maisons canadiennesfrançaises. Édith Madore parle d’une période noire pour le monde éditorial. « Seuls les anciens éditeurs scolaires réussissent à survivre, comme Beauchemin, Fides, Granger et La Librairie générale canadienne1. » Il faut savoir aussi que, en 1965, la distribution de livres offerts en prix scolaire prend fin, une pratique qui assurait un revenu aux éditeurs.
Dans ce climat incertain, peu d’albums verront le jour, mais on sent une volonté de décloisonner le livre pour enfants, de le sortir d’un carcan rigide et éducatif afin de se rapprocher tranquillement, à petits pas fragiles, du lecteur. L’illustration et les thématiques présentées dans les rares albums sont encore influencées par le conservatisme, mais l’effervescence artistique et l’ambiance pré-Révolution tranquille se reflète dans quelques titres.
Les contes de Claudine Vallerand, mieux connue sous le nom de Maman Fonfon (fin 1950, début 1960), illustrés par Hubert Blais, s’inspirent de l’ouverture que l’on retrouve dans l’édition étrangère. La guerre du lion et de la girafe (1963) rappelle en ce sens le trait de Nathalie Parain chez Père Castor. Les albums de Guy Mauffette, illustrés par Frédéric Back s’inscrivent aussi dans cette tendance, notamment Ildège de la Pomme Fameuse (1960). Lepage explique que l’objectif principal de ce livre est, pour une première fois, d’amuser le lecteur par différents procédés humoristiques2. D’autres titres viendront assurer quelques tentatives de décloisonnement, comme La souris bleue et
le papillon cosmonaute de Pauline Choquette, illustré par Marie-Anastasie, paru en 1969. Un album qui rappelle l’exploration artistique amorcée dans les années 1940. Cécile Gagnon, dont la carrière débute dans les années 1960, marque quant à elle cette période transitoire entre autres avec Martine-aux-oiseaux (1966), alliant simplicité, sagesse et désir de rejoindre l’enfant.
Toutefois, les albums créés jusque-là s’adressent surtout aux enfants qui savent déjà lire. Henriette Major et Un drôle de petit cheval, illustré par Guy Gaucher en 1966, viendront combler cette lacune en visant les tout-petits. Elle inaugure alors une nouvelle façon de faire, notamment dans le trait candide qui rappelle le dessin d’enfant tout en provoquant un dialogue entre le texte et l’image.
Pendant ce temps, aux États-Unis et en Europe, de nouveaux talents émergent et, avec eux, des albums teintés d’imaginaire qui reflètent le monde de l’enfance. Maurice Sendak publie en 1955 Where the Wild Things are? et le désormais classique Max et les maximonstres (1965), tandis que Tomi Ungerer se lance avec Trois brigands (1962). Au Canada anglais, c’est avec The wind has wings: Poems from Canada (1968) de Mary Alice Downie et Barbara Robertson, illustré par Elizabeth Cleaver, que l’illustration de l’album connaît un renouveau.
Décennies de transition timide pour l’album, d’où l’urgence de sortir des sentiers battus, de rejoindre les petits où ils sont et dans ce qu’ils sont.
1 Édith Madore, op. cit., 1996, f. 106.
2 Françoise Lepage, op. cit., 2000, p. 476.
Jument grise et son poulain demeuraient sur la ferme de monsieur Grégoire. Monsieur Grégoire possédait plusieurs chevaux : des blancs, des bruns, des noirs et des blonds. Mais il s’occupait surtout du petit cheval bleu.
Un drôle de petit cheval
Texte Henriette Major
Dessins Guy Gaucher
Éditeur Centre de psychologie et de pédagogie, Montréal
Année 1966
Pages 56
Pendant cette décennie plutôt tranquille en littérature jeunesse, Henriette Major et Guy Gaucher arrivent comme un vent de fraîcheur avec Un drôle de petit cheval. Cet album inaugure ici non seulement une nouvelle façon de jouer avec l’image, offrant une tenue graphique novatrice, mais amène une nouvelle forme, soit celle de s’adresser aux tout-petits. Public jusque-là « laissé pour compte1 », comme le souligne Françoise Lepage.
Voyons d’abord l’histoire, celle de ce petit cheval bleu « comme des yeux bleus ou comme le ciel quand il fait soleil » qui, à force d’être dorloté, admiré de tous, se met à dépérir, à maigrir. Malgré les bons soins de son maître, les menus spéciaux pour le guérir, rien n’y fait. Ce dernier le
relâche ainsi dans le pré, espérant qu’il trouvera une façon de se remettre sur pied. Ce qu’il fera. L’importance d’être soi, de trouver son milieu naturel, traverse ce récit empreint de liberté. Henriette Major y multiplie les métaphores, les répétitions, créant un rythme chantant, poétique tout en offrant un texte bref et simple.
Si le texte a tout pour rejoindre l’oreille des petits, les illustrations de Guy Gaucher saisissent par leur candeur et leur luminosité et, de ce fait, appuient la joie de vivre présente dans les mots de Major. Le trait enfantin perceptible dans cette volontaire façon de dépasser les contours, dans cette absence de perspective, dans le regard simple et expressif des personnages, capte l’intérêt du lecteur d’images. S’ajoute
à ce style naïf réalisé au crayon-feutre une mise en pages animée où les plans d’ensemble alternent avec de gros plans et où le héros est constamment présenté sous différents angles. De face, couché, enfoui dans les hautes herbes du pré fleuri, de côté, en mouvement, l’animal est en perpétuelle représentation. La première page permet, par exemple, d’entrevoir seulement la tête du petit équidé jetant un regard au lecteur. Le reste, tout blanc, dirige l’œil là où il le faut. Le texte assure, quant à lui, la présentation du cheval tout en bas de la page dans une phrase simple, répétition du titre, à laquelle on ajoute ce verbe qui introduit le lecteur dans l’histoire : « C’ÉTAIT UN DRÔLE DE PETIT CHEVAL. »
La typographie ajoute par ailleurs un effet à sa fonction première – soit celle d’attirer l’attention du lecteur – en devenant en quelque sorte image. Disposé ici et là, variant la couleur des lettres – voir le mot bleu écrit en bleu –, le texte prend entièrement part à l’iconographie. Les deux narrations sont alors en parfaite symbiose. L’illustration joue aussi parfois de contrastes, notamment dans cette page toute noire sur laquelle le texte, blanc, côtoie quelques parties du personnage, visibles même dans l’obscurité. « Sa crinière et ses sabots avaient des reflets d’opale comme l’étoile du soir. » Un lien de complémentarité que l’on retrouvera fréquemment dans l’album moderne.
De la même créatrice
Henriette Major et Cécile Gagnon, Kapuk, Héritage, Montréal, 1979, 16 p.
Henriette Major et Cécile Gagnon, Doudou les assiettes, Héritage, Montréal, 1979, 16 p.
Autres albums significatifs 1950-1969
La famille hiver ou la petite princesse Neige Cécile Lagacé
Granger Frères Montréal 24 p.
Miki va à l’école Claudine Vallerand
Fides Montréal 24 p.
La fée des vents Tante Lucille
Granger Frères Montréal 24 p.
Sur les traces de l’album québécois
Monsieur Trop et Monsieur Peu Claudine Vallerand
Fides
Montréal 16 p.
Kiri, le petit Castor Odette
Vincent-Fumet
Centre de psychologie et de pédagogie
Montréal 14 p.
Une révolte au pays des fleurs Marie St-Pierre
Leméac Montréal 22 p.
Caroline, la petite souris blanche
André Cailloux
André Pradel
Centre de psychologie et de pédagogie
Montréal 24 p.
Contester et innover
52 La surprise de Dame Chenille
Henriette Major
Claude Lafortune
Jean-Louis Frund
54
Le petit sapin qui a poussé sur une étoile
Simone Bussières
Cécile Chabot
56 Pitatou et le printemps
Louise Pomminville
58
Ouram
Anne Vallières
60 Lazaros Olibrius
Christiane Duchesne
62
Ma vache Bossie
Gabrielle Roy Louise Pomminville
64
La cachette
Ginette Anfousse
66
Dou Ilvien
Bertrand Gauthier
Marie-Louise Gay
68
Une fenêtre dans ma tête (deuxième partie)
Raymond Plante
Roger Paré
70
Le bal des chenilles
Robert Soulières
Michèle Lemieux
72 Abécédaire
Marie-Francine Hébert
Gilles Tibo
c’est dans cette décennie mouvementée sur les plans politique, social et culturel que naît l’album moderne québécois. Créé en réaction aux publications trop sages, catholiques, dans lesquelles l’enfant est représenté de façon idéalisée, comme on voudrait qu’il soit – propre, sage, poli, naïf – et non tel qu’il est, l’album des années 1970 ouvre la voie à l’expérimentation et connaît un début prometteur. Non seulement l’enfant fait partie intégrante des créations – on écrit et illustre pour lui, ses besoins –, mais les composantes plastiques de l’illustration se transforment – la couleur, les formats, les styles sont variés –et les rapports entre le texte et l’image se diversifient.
La fondation de L’école des loisirs en France ainsi que l’association de l’éditeur américain Harlin Quist et de l’éditeur François Ruy-Vidal révèlent des façons inédites de voir et de concevoir l’album, usant de nouvelles techniques comme l’aérographie – qui sera utilisée ici par Gilles Tibo un peu plus tard. La Française Nicole Claveloux s’inscrit dans cette effervescence, notamment avec La forêt des Lilas, publié en 1970 (Harlin Quist). En Europe, Babette Cole (Angleterre), Pierre Elie Ferrier, mieux connu sous le nom de Pef (France), et Lisbeth Zwerger (Autriche) participent à cette nouvelle vague.
Au Québec, Bertrand Gauthier et Réal Tremblay joueront le rôle de François Ruy-Vidal avec la fondation du Tamanoir en 1974. Ils veulent à tout prix éviter la présence de stéréotypes dans leurs publications, tout comme la mise en scène de contextes familiaux traditionnels. La représentation des enfants et des parents doit être revue ; on conteste une image surfaite. La série « Jiji et Pichou » de
Ginette Anfousse sera, en ce sens, le reflet de cette avancée, tout comme les titres Hou Ilva, Dou Ilvien et Hébert Luée de Marie-Louise Gay et Bertrand Gauthier.
Entre 1970 et 1975, quelques albums viennent aussi renouveler le milieu, marquer ce besoin de sortir du carcan conservateur et de s’ouvrir aux nouvelles tendances et valeurs. La surprise de Dame Chenille d’Henriette Major et Claude Lafortune (Centre de psychologie et de pédagogie, 1970), Ouram d’Anne Vallières (Leméac, 1973) et Lazaros Olibrius de Christiane Duchesne (Héritage, 1975) en sont. Pendant cette décennie de transition, on cherche ainsi à rejoindre l’enfant, à dialoguer avec lui, à en faire un partenaire et un complice des histoires. Tout comme dans la vie, l’enfant-personnage a droit à l’erreur, droit de se questionner, d’exprimer ses émotions, droit d’être entendu et d’être imparfait.
Abécédaire
Texte Marie-Francine Hébert
Dessins Gilles Tibo
Éditeur La courte échelle, Montréal
Année 1979
Pages 32
Marie-Francine Hébert fait son entrée en littérature jeunesse avec Abécédaire1, un album innovateur dans lequel elle s’éloigne de la fonction essentiellement didactique associée à ce type d’ouvrages pour se tourner vers l’enfant et ses besoins. Osant aborder des thèmes encore peu exploités en littérature jeunesse, comme ceux de la sexualité ou encore de l’affirmation de soi, l’autrice parvient ainsi à unir apprentissage de la lecture – fonction première de l’abécédaire –, amusement et préoccupations d’enfants avec audace et créativité.
Dès l’amorce, Hébert installe l’aspect ludique. Un premier encadré situé en haut de la page de gauche laisse entendre des voix qui dialoguent dans des phylactères. D’abord invisibles,
Quand je suis de bonne humeur, Je ris hi ! hi ! hi ! Quand je suis de mauvaise humeur, je soupire ha ! Quand je suis heureux(se), je crie hip ! hip ! hourra !
Quand je suis malheureux(se), je pleure hou ! hou ! hou !
Raconte-moi une histoire dans laquelle on commence par être malheureux(se) et on finit par être heureux(se)…
deux personnages prennent lentement forme pour apparaître entièrement dans le bas de la page grâce au pointillisme de Gilles Tibo. Satisfaits de leur allure, le petit garçon et la fillette s’avancent, main dans la main, sur la page de droite et grimpent sur la lettre A qui les mène à la page suivante. Installés tout en haut du A, ils glissent sur l’autre versant de la lettre dans un « Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! » que l’on imagine tonitruant tout en rebondissant sur le B situé sur l’autre page.
Chacune des lettres est présentée dans une mise en scène jouée par les deux héros et toujours accompagnée de quelques objets, de mots composés de la lettre désignée ou encore de questions invitant le lecteur à réfléchir. Par exemple, la lettre C est
Sur les traces de l’album québécois
visuellement présentée par un arcen-ciel et complétée par ces appels au lecteur : Comment ça va ? Sais-tu compter jusqu’à cinq ? Combien y a-t-il de C dans le nom que tu portes ? Les personnages font plus que simplement présenter des mots, mais introduisent des sujets de façon particulière. À la lettre D, ils se retrouvent nus, prétexte pour établir les ressemblances et les différences physiques entre les deux. Le N, immense, est introduit pour sa part avec cette phrase, toute simple : « On a le droit de dire non ! » Chaque page étant un appel à la réflexion et à la participation du lecteur.
À ce texte fouillé, amusant et innovateur, la recherche graphique élaborée par Gilles Tibo assure un complément empreint d’anticonformisme.
L’illustrateur s’amuse avec les lettres, les personnalise, crée des illusions d’optique, les dispose ici et là dans la page selon le jeu auquel se livrent les protagonistes. La mise en pages invite ainsi les lecteurs à tourner littéralement l’album pour lire le texte, à suivre les deux enfants qui sont constamment en mouvement et surtout à prendre part à leur jeu. Grâce à sa dimension ludique, à l’appel au lecteur, Abécédaire rejoint le besoin de renouveau présent dans l’album et clôt avec engagement cette décennie de contestation.
Des mêmes créateur·trice·s
Marie-Francine Hébert et Darcia Labrosse, Le voyage de la vie, La courte échelle, Montréal, 1984, 24 p.
Félix Leclerc et Gilles Tibo, Le tour de l’île, La courte échelle, Montréal, 1980, 28 p.
Grand-père Cailloux et Gilles Tibo, Je te laisse une caresse, Le Tamanoir, Montréal, 1976, 24 p.
1 Marie-Francine Hébert a d’abord écrit deux pièces de théâtre pour la jeunesse : Une ligne blanche au jambon, Montréal, Leméac, Montréal, 1974, et Marie-Francine Hébert et Gilles Tibo (illustrations), Cé tellement cute des enfants, Quinze, Montréal, 1975.
Autres albums significatifs 1970-1979
Le triste dragon Christiane Duchesne Héritage Montréal 12 p.
Étoifilan Bertrand Gauthier Gilles Pednault
Le Tamanoir Montréal 28 p.
La petite chenille Catherine Beaulé Monique Lauzon
Paulines Montréal 14 p.
Le loup, l’oiseau et le violoncelle Christiane Duchesne
Le Tamanoir Montréal 24 p.
Le prince sourire et le lys bleu Louis-Philippe Côté Gilles Tibo
La courte échelle Montréal 32 p.
Je te laisse une caresse Grand-père Cailloux Gilles Tibo
La courte échelle Montréal 24 p.
Modernité et ouverture
94 Benjamin et la saga des oreillers Stéphane Poulin
96
Mais que font les fées avec toutes ces dents ? Michel Luppens Philippe Béha
98 Série « Caillou » Hélène Desputeaux
92 Simon et les flocons de neige Gilles Tibo
si l’album connaît une période florissante dans la deuxième partie des années 1970, un léger déclin s’annonce dans les années 1980. Et ce n’est pas parce que l’édition jeunesse bat de l’aile, au contraire, elle va de mieux en mieux. La diversification et la qualité des genres, tout comme la régularité de la production, l’ouverture de secteurs jeunesse chez plusieurs éditeurs, expliquent en partie cette santé. Mais certaines maisons d’édition, telles que Paulines et Québec Amérique, délaissent la publication de l’album pour celle, plus lucrative, du roman. Même La courte échelle (anciennement Le Tamanoir) crée trois collections de romans alors que l’album prend une seconde place. La maison Ovale, qui lance au début de la décennie une collection tout-carton pour les bébés et publie une bonne dizaine d’albums sur les légendes du Québec, disparaît quant à elle après dix ans d’édition. Les coûts de production de l’album et la compétition que lui livrent les romans pour premiers lecteurs sont en cause dans ce ralentissement.
Qu’à cela ne tienne, la qualité des ouvrages, la richesse et la diversité des styles d’illustrations ne périclitent aucunement et ouvrent la voie à un album toujours plus surprenant1. La contestation de l’enfant modèle et des formes traditionnelles est encore bien sentie, surtout dans la première moitié de la décennie. L’image se diversifie ; jouant sur les plans, les perspectives, les cadrages, elle transgresse les codes, les tabous et les conventions. Les auteurs et illustrateurs exploitent des thèmes délicats, traitent de problèmes familiaux, sociaux et font de surcroît appel à la lucidité des enfants. Comme nous pouvons le constater dans ces albums, le monde des adultes est
sévèrement critiqué et mis en opposition avec celui, plus authentique, spontané et lucide, des enfants. Seul au monde de Philippe Béha, en tête, ou encore Monsieur Jean-Jules, signé Pierre Foglia et illustré par Richard Parent (1982). Les traits acérés, les personnages déformés, sortant des cadres, participent de cette vague. Marie-Louise Gay et La sœur de Robert en sont un exemple patent. Puis, l’esprit de contestation s’essouffle tranquillement en fin de décennie et cède le pas – à côté des illustrateurs étrangers, tels Claude Ponti qui fait fureur avec L’album d’Adèle (1986) –à une variété de styles, à une nouvelle figuration avec l’arrivée des Stéphane Poulin, Pierre Pratt et autres.
1 La naissance de l’Association des illustrateurs et illustratrices en 1982 et le lancement de nouvelles collections favorisent l’apparition de différents types d’albums. Livre-disque, livre-jeu sous diverses formes (éducatif, ludique, etc.), Édith Madore, op. cit., 1994, p. 44.
Mais que font les fées avec toutes ces dents ?
Texte Michel Luppens
Dessins Philippe Béha
Éditeur Raton Laveur, Saint-Hubert
Année 1989
Pages 24
Après une décennie d’albums de plus en en plus tournés vers l’enfant et ses besoins, offrant des thèmes axés sur le quotidien des petits, voilà que Béha et Luppens plongent dans le merveilleux du conte, conjuguant avec désinvolture et vivacité préoccupations enfantines et imaginaire, un créneau qui se développera surtout à partir des années 1990.
« Perdre sa première dent est un évènement très important […] Mais t’es-tu déjà demandé ce que font les fées avec toutes ces dents ? » Cette amorce interpelle directement le lecteur, alors que l’illustration de Béha met en scène trois petites fées tournoyant autour d’un garçon endormi. L’une d’elles récupère la dent, l’autre tient une enveloppe – la fameuse lettre
En font-elles des colliers ?
[…] À moins qu’elles n’utilisent les plus longues pour se déguiser pour l’Halloween… Ou les plus brillantes pour obtenir de la poudre d’étoile… Qui sait ?
Portent-elles les plus cariées à quelque sorcière pour en faire des potions magiques…
de merci –, tandis que la troisième fait signe au chat de garder le silence. Tout en bas de l’image, une peluche montre son sourire édenté.
La suite est intrigante, d’autant plus que l’illustration pleine page invite l’œil vers la droite, où se trouve justement la fée qui récupère la dent. On veut savoir ce qu’elle va en faire.
Ainsi, dans une suite de doubles pages, le duo imagine différentes situations permettant au lecteur de réfléchir au destin de ces dents récupérées. Fabrication de colliers, de scies, de maracas, de dentiers, les idées pullulent, chacune assurant une narration visuelle ludique et humoristique. Le trait de Béha offre une complémentarité qui titille l’œil et l’intérêt des
Sur les traces de l’album québécois
lecteurs jusqu’à la fin, chute efficace, où le narrateur demande si les fées rendent aussi visite aux animaux. L’illustration sur laquelle se trouve une faune fixant deux poules et leurs poussins, becs fermés, qui courent vers la droite, suivis par cette horde d’édentés, complète le propos.
Il faut voir dans cet album l’évolution du trait de Béha qui, acéré au début de la décennie, s’arrondit et adopte une posture plus amusante que contestataire. On est loin de Seul au monde ou d’Un secret bien gardé, dans lesquels la critique et le désir d’explorer de nouvelles avenues s’imposaient. Avec Mais que font les fées avec toutes ces dents ?, Béha met en lumière ce désir de jouer avec le lecteur. Les couleurs éclatantes portent des scènes où foisonnent mille
et un détails liés aux dents. Comble du jeu, les fées, petites cueilleuses de ces précieuses billes blanches, offrent leur plus beau sourire… sans dents. Mais que font les fées avec toutes ces dents ? amène un renouveau dans l’histoire de l’album, libéré de cet irrépressible et nécessaire besoin de contester, tourné vers l’enfant.
Des mêmes créateurs
Michel Luppens et Philippe Béha, Mais où les fées des dents vont-elles chercher tout cet argent ?, Raton Laveur, Saint-Hubert, 1996, 21 p.
Michel Luppens et Roxane Paradis, La Saint-Valentin des animaux, Raton Laveur, Saint-Hubert, 1995, 22 p.
Philippe Béha, Où dors-tu ?, Ovale, Sillery, 1985, 22 p.
Autres albums significatifs 1980-1989
Une bien mauvaise grippe Robert Soulières Michèle Lemieux
Pierre Tisseyre Montréal 21 p.
Le roi de Novilande Cécile Gagnon
Darcia Labrosse
Cercle du livre de France Montréal 21 p.
Clins d’œil et pieds de nez
Raymond Plante
Johanne Pépin
La courte échelle Montréal 24 p.
Archibaldo le dragon
Louise Vanhee-Nelson
Philippe Béha
Paulines Montréal 27 p.
Le chandail de hockey Roch Carrier
Sheldon Cohen
Toundra Montréal 24 p.
Affirmation de l’album
au cours des années 1980, le secteur jeunesse est parvenu à se tailler une place de choix dans le monde de l’édition et il atteint, au tournant de la décennie 1990, « l’âge de la maturité », pour reprendre les propos de feu Raymond Plante1. Le nombre de titres tout comme les tirages augmentent, ainsi que les ventes à l’étranger. Malgré ce contexte florissant, la production de l’album est encore en chute libre jusqu’au milieu de la décennie, où plusieurs maisons d’édition spécialisées en jeunesse voient le jour, notamment Les 400 coups en 1994 et Dominique et compagnie en 1997 – qui publieront tous leurs albums simultanément en français et en anglais, ouvrant la porte à l’international –, tandis que les éditions Raton Laveur, La courte échelle et Chouette poursuivent leur route.
Pendant cette décennie, l’illustration québécoise s’enrichit de nouvelles représentations de l’enfance, plus libérée. On sort de l’obligation de représenter le réel et on ouvre la voie à l’imaginaire. Mon chien est un éléphant de Rémy Simard et Pierre Pratt (Annick Press, 1994) s’inscrit de plein fouet dans cette vague qui valorise l’envolée créative de l’enfant, le rêve, l’évasion.
Le mouvement dans le trait, l’imperfection, l’abondance de détails et de couleurs sillonnent les différents albums créés au cours de cette période. L’exploitation de diverses techniques – pastel, encre, crayon, collage –permet d’offrir une grande variété d’univers pour tous les groupes d’âge, allant de Caillou, personnage créé en 1989 par Hélène Desputeaux, à L’écharpe rouge d’Anne Villeneuve (Les 400 coups, 1999) en passant par Le bobo des animaux de Sylvain Tremblay et Gilles Tibo (Dominique
et compagnie, 1997) ou La grande aventure d’un petit mouton noir de Marie-Danielle Croteau et Geneviève Côté (Dominique et compagnie, 1999). L’accessibilité aux albums est favorisée grâce aux couvertures souples, un support peu coûteux et privilégié par les différents éditeurs en Amérique du Nord et au Royaume-Uni.
De nombreux illustrateurs poursuivent le parcours entamé dans les années 1980 en modulant leur style, en arrondissant les formes – Philippe Béha, Marie-Louise Gay en tête –, alors que d’autres font leurs premiers pas, tel Stéphane Jorisch dont le trait énigmatique met en scène des personnages étonnants, ambigus. De nouveaux styles apparaissent, diversifiant et enrichissant l’album. Le réalisme poétique de Stéphane Poulin, observable dans ses peintures à l’huile profondes et envoûtantes, épouse ainsi avec doigté des thèmes difficiles ou des univers mystérieux, que l’on pense à Poil de serpent dent d’araignée de Danielle Marcotte (Les 400 coups, 1996) ou à Touche pas à mon corps, Tatie Jacotte ! (Les 400 coups, 1999). La rondeur et l’humour du trait de Dominique Jolin assurent avec pertinence et vivacité des thèmes inscrits dans le quotidien des petits, notamment la série « Toupie et Binou » et Qu’est-ce que vous faites là ? (Raton Laveur, 1993).
L’album s’éclate, emprunte différentes avenues dans lesquelles l’illustration, tout autant que le texte, devient un outil de communication à part entière.
Tout à coup, l’attention de Florentine est attirée par un étrange babillage. Elle aperçoit entre les branchages un garçon à l’aspect douteux […] Troublée, Florentine force davantage son attention. Elle découvre alors, autour du garçon, une multitude de crapauds visqueux et purulents.
Poil de serpent dent d’araignée
Texte Danielle Marcotte
Dessins Stéphane Poulin
Éditeur Les 400 coups, Montréal
Année 1996
Pages 32
Poil de serpent dent d’araignée s’inscrit sans conteste dans notre sélection pour ses qualités esthétique d’abord, puis pour la relation exceptionnelle qu’on y trouve entre le texte – foisonnant – et la profondeur des illustrations. D’abord paru en 1984 sous le titre Par la bave de mon crapaud (Ovale), l’album, alors écrit par Danielle Marcotte et illustré par Philippe Béha, a été complètement revu par l’autrice qui signe cette nouvelle mouture, illustrée cette fois-ci par Stéphane Poulin.
L’histoire écrite par Marcotte est inspirée d’un fait réel datant de 1742 et se déroulant dans le Faubourg Saint-Joseph à Montréal. Bien qu’elle modifie plusieurs situations, crée des personnages – tous les enfants
de l’histoire – et en élimine d’autres, l’autrice est restée fidèle à l’amorce de l’histoire. Cette dernière met en scène Charles Robidoux qui, ayant perdu quelques oboles et cherchant le coupable, fait appel à François-Charles Havard De Beaufort, dit l’Avocat, « connu comme amuseur public et “sorcier”1 », pour retrouver le coupable.
Dans l’album, Charles Robidoux tient le rôle d’un père colérique qui accuse sa fille Florence d’avoir volé son coffre de fortune. Marcotte déplace ainsi le rôle principal vers celui de la fillette – que le lecteur suivra tout au long du conte. Devant l’ire de son père, apeurée, Florence fuit le logis et se retrouve tout près du marais, où elle rencontre Crapoussin qui l’aidera, à coups de sorcellerie, d’incantations et d’autres
traces de l’album québécois
machinations, à sortir de cette situation intenable.
Cette deuxième version s’éloigne de la légèreté et de l’humour contenus dans l’album de 1984. Marcotte a revu l’écriture qui devient plus descriptive que dans la première version, offrant une richesse de langue qui nous éloigne du temps présent et nous plonge dans cet hier sibyllin. Le vocabulaire recherché fait de mots anciens – tels croupetons (XIIe), couroux (Xe) ou encore cassette, qui nous vient de l’ancien français casse (XIVe) – sert ainsi un texte riche dans lequel règne une atmosphère lugubre, mystérieuse et inquiétante. La traversée de la forêt sombre et l’intrusion dans l’antre de la sorcière contribuent à maintenir le suspense jusqu’à la finale où le méchant et menteur Charles
Robidoux recevra la bastonnade, administrée comme par enchantement par son tire-pied.
Enfin, alors que le trait coloré, touffu et grouillant de Béha adhérait à l’esprit fantaisiste présent dans Par la bave de mon crapaud, le style expressionniste de Poulin sied davantage et admirablement à l’ambiance créée par Marcotte. Un incontournable dans lequel l’omniprésence des enfants tisse tout naturellement un lien avec ce cas de sorcellerie devenu légende.
Des mêmes créateur·trice·s
Danielle Marcotte et François Thisdale, Célestine, Les 400 coups, Montréal, 2002, 40 p.
Danielle Marcotte et Philippe Béha, Par la bave de mon crapaud, Ovale, Sillery, 1984, 32 p.
Stanley Péan et Stéphane Poulin, Un petit garçon qui avait peur de tout et de rien, La courte échelle, Montréal, 1997, 21 p.
Stéphane Poulin, Les amours de ma mère. Contes et mensonges de mon enfance, Annick Press, Toronto, 1990, 29 p.
1 André Lachance, « Havard de Beaufort, François-Charles », Dictionnaire biographique du Canada, vol. III (1741-1770), Université Laval/ University of Toronto, 2003, http://www. biographi.ca/fr/bio/havard_de_beaufort_ francois_charles_3F.html.
Autres albums significatifs 1990-1999
Sur les traces de l’album québécois
Au lit, princesse Émilie !
Pierrette Dubé Yayo
Le Raton Laveur Saint-Hubert 24 p.
Le dodo des animaux
Gilles Tibo
Sylvain Tremblay
Héritage Saint-Lambert 32 p.
L’ourson qui voulait une Juliette Jasmine Dubé
Leanne Franson
La courte échelle Montréal 24 p.
Grattelle au bois mordant
Jasmine Dubé
Doris Barrette
La courte échelle Montréal 24 p.
Cruelle Cruellina
Carole Tremblay
Dominique Jolin
Les 400 coups
Montréal 32 p.
Casse-Noisette
Lucie Papineau
Stéphane Jorisch
Dominique et compagnie
Saint-Lambert
32 p.
2000 Un réel vrombissement
le travail mené depuis les années 1940 par les différents intervenants, passeurs et créateurs pour se doter d’une littérature jeunesse québécoise et la volonté d’offrir qualité et singularité, tout en respectant l’enfant et ses besoins en matière de lecture, ouvrent la voie à une nouvelle décennie, riche de tous les possibles. Début prometteur d’un siècle à faire, à construire pour et avec les enfants, en gardant en mémoire les précédents créateurs.
À côté des thèmes intemporels et universels que sont l’amour, l’amitié et la famille, la guerre, la violence, la mort, les changements climatiques, la réalité des migrants – autrefois surtout mis en scène dans le roman – infiltrent de plus en plus les albums.
Quelques maisons d’édition naissent au cours des années 2000 qui renouvellent, à côté des 400 coups et autres, leur façon de s’adresser aux enfants. Monologues et dialogues côtoient la poésie des albums sans texte, là où l’image devient narration. De plus, la qualité graphique des albums est importante pour les éditeurs spécialisés qui ont à cœur d’offrir non seulement des histoires qui sauront toucher les enfants, mais des œuvres visuellement évocatrices.
Dans cette foulée naissent en 2004 les Éditions de l’Isatis et, avec elles, cette volonté d’initier les petits à la poésie en éditant des histoires inspirées du quotidien des enfants. La Pastèque, fondée en 1998 et spécialisée en bande dessinée québécoise, ouvre quant à elle un volet jeunesse en 2009 et signe le début d’une aventure avec Harvey, roman graphique d’Hervé Bouchard et Janice Nadeau. Parallèlement à ces nouveautés, auteurs et
illustrateurs ne cessent de peaufiner leur art, délaissant le plus possible l’aspect didactique au profit d’une profondeur poétique, d’un humour décapant ou d’une figuration éclatée. L’illustration abstraite de Virginie Egger dans Recette d’éléphant à la sauce vieux pneu (Les 400 coups, 2002) côtoie la douceur du trait de Gabrielle Grimard. Plus rien ne semble impossible dans la façon de raconter une histoire aux enfants. À l’instar de plusieurs auteurs et illustrateurs, Yves Nadon et Manon Gauthier parlent de mort dans Ma maman du photomaton1 (Les 400 coups, 2006), Danielle Simard et Geneviève Côté abordent la perte de mémoire dans La petite rapporteuse de mots (Les 400 coups, 2007), alors que Jacques Pasquet et Marion Arbona expriment la réalité des insulaires inuits dans Mon île blessée (Isatis, 2009). Coup d’œil sur la beauté des albums qui ouvrent ce nouveau millénaire.
1 Hervé Bouchard et Janice Nadeau dans Harvey, comment je suis devenu invisible (La Pastèque), Dominique Demers et Stéphane Poulin dans Vieux Thomas et la petite fée (Dominique et compagnie), Gilles Tibo et Janice Nadeau dans Ma meilleure amie (Québec Amérique) aborderont aussi ce thème au cours de la décennie.
Amina n’aime pas cette cave sombre et humide. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas vu la lumière du jour ? Elle ne le sait plus. La guerre a tué les jours et les semaines quand les bombes ont frappé l’immeuble. Elle ne se souvient que des cris et des pleurs, puis de la panique et de la course folle dans l’escalier. Maintenant, il ne lui reste plus que les images de sa mémoire pour se rappeler le temps d’avant.
L’étoile de Sarajevo
Texte Jacques Pasquet
Dessins Pierre Pratt
Éditeur Dominique et compagnie, Saint-Lambert
Année 2008
Pages 32
À l’instar de Marie-Francine Hébert et d’Anne Villeneuve, Jacques Pasquet aborde tout en finesse le thème de la guerre, celle qui dévaste et emprisonne, celle qui crée des monstres, détruit la mémoire d’un peuple et empêche les pères de revenir réconforter leurs petites filles.
Inspiré par les conflits en Yougoslavie pendant lesquels la bibliothèque nationale et universitaire de Sarajevo, haut lieu de culture et joyau architectural de la ville, est détruite, l’auteur raconte la peur à hauteur d’enfant. La petite Amina profite du sommeil de sa mère pour sortir de la cave et découvrir sa ville dévastée. Marchant dans les rues qu’elle n’arrive pas à reconnaître, sillonnant les ruines fumantes, la petite a l’idée de se réfugier dans
« son palais des mille et un livres ». Malheureusement, « le grand bâtiment, blessé à mort, agonise […] Il ne reste rien. Les monstres ont dévoré les rêves et déchiré les mémoires qui habitaient les livres ». Dans cet environnement de fin du monde, Amina retrouve un vieil ami, le gardien du parc, avec qui elle s’invente un monde guidé par une étoile. La finale, tragique, révèle que la petite confond l’étoile de ses rêves et un projectile.
La richesse de cet album est multiple. D’abord, la force évocatrice de Pasquet, sa façon de suggérer le drame sans l’exposer de manière frontale assure un effet des plus réussis. Il joue d’allers-retours entre la vie d’avant, heureuse, douce, et cette réalité qui a tout détruit. Les souvenirs heureux
Sur les traces de l’album québécois
de la fillette créent ainsi un contraste immense avec ce monde ravagé.
Il y a aussi dans ce texte une richesse de langue, des tournures qui font état non seulement de la mort des hommes, mais de toute leur culture. C’est le cas lorsqu’il décrit les ruines de la bibliothèque, comme s’il s’agissait d’un humain. Il sous-tend l’idée de mémoricide, cette destruction de la mémoire d’un peuple, sujet encore peu exploité dans l’album. Sans amoindrir la force du propos, la narration omnisciente établit une certaine distance avec le lecteur, nécessaire à l’absorption de la finale.
Les grands tableaux de Pierre Pratt appuient ce contraste entre le tragique et la candeur de la petite, entre cet hier
paisible, des scènes ornées d’arbres, d’oiseaux, d’enfants, et ce réel sombre. La guerre est ressentie dans les obliques et les traits grossiers, dans les coups de pinceau gris à travers les ciels enfumés. Et au milieu de ces décors, la tendresse entre la petite et le vieil homme crève les pages, permet, malgré la fatalité, une fin des plus douces, à la manière de La vie est belle, chefd’œuvre de Roberto Benigni.
Des mêmes créateurs
Jacques Pasquet et Manon Gauthier, Coucou Bébé, Isatis, Montréal, 2011, 24 p.
Jacques Pasquet et Alain Reno, Comment l’ours blanc perdit sa queue, Les 400 coups, Montréal, 2003, 32 p.
Jacques Godbout et Pierre Pratt, Bizarres, les baisers, Les 400 coups, Montréal, 2006, 32 p.
Jacques Godbout et Pierre Pratt, Mes petites fesses, Les 400 coups, Montréal, 2002, 32 p.
Autres albums significatifs 2000-2009
Puce,
Les 400 coups
Recette
Virginie
Les 400 coups
Annabel et la bête Dominique Demers Stéphane
Dominique
Le roi voleur d’histoires
Pierrette Dubé
Philippe Germain
Imagine Montréal 32 p.
La vie bercée
Hélène Dorion
Janice Nadeau
Les 400 coups
Montréal 48 p.
Une maman pour Khadir
Andrée Poulin
Pascale Constantin
Imagine Montréal 32 p.
La clé Angèle Delaunois
Christine Delezenne
Isatis
Montréal 31 p.
Pétunia, princesse des pets
Dominique Demers
Catherine Lepage
Dominique et compagnie
Saint-Lambert 32 p.
Eskoumina. L’amour des petits fruits
Michel Noël
Sylvie Roberge
Gabrielle Grimard
Hurtubise HMH
Montréal 44 p.
Mon île blessée
Jacques Pasquet
Marion Arbona
Isatis
Montréal 32 p.
2010 Le vent dans les voiles
162
Une nuit en ville
Caroline Merola
164
Le roi de la patate
Rogé
166
Le monde de Théo
Louis Émond
Philippe Béha
168
La clé à molette
Elise Gravel
170
Un verger dans le ventre
Simon Boulerice
Gérard DuBois
172
Le lion et l’oiseau
Marianne Dubuc
174
Pablo trouve un trésor
Andrée Poulin
Isabelle Malenfant
176
Quand j’écris avec mon cœur
Mireille Levert
178
La petite truie, le vélo et la lune
Pierrette Dubé Orbie
180
Toto veut la pomme
Mathieu Lavoie
182
Aux toilettes
André Marois
Pierre Pratt
184
L’arbragan
Jacques Goldstyn
186
Au-delà de la forêt
Nadine Robert Gérard DuBois
188
Ma tête en l’air
Danielle Chaperon
Josée Bisaillon
190
Le livre où la poule meurt à la fin
François Blais
Valérie Boivin
192
La petite fille blanche
Lili Chartrand
Marie Lafrance
194
La cata
Angèle Delaunois
Alain Pilon
196
Mon lit de rêve
Gilles Tibo
Mathilde Cinq-Mars
198
Pet et Répète, la véritable histoire
Katia Canciani
Guillaume Perreault
200
Le pire livre du monde
Elise Gravel
202
Le grand méchant loup dans ma maison
Valérie Fontaine
Nathalie Dion
204
La ruelle d’hiver
Céline Comtois
Geneviève Després
Sur les traces de l’album québécois
la diversité des styles de l’illustration et des thèmes exploités ne se dément plus. La volonté de raconter la vie aux enfants dans tout ce qu’elle a de beau, mais aussi parfois d’horrible, stimule plus que jamais les créateurs qui jouent d’audace, de poésie et d’inventivité. Et cette effervescence résulte de la créativité des artistes et de nouveaux éditeurs qui sortent des sentiers battus et veulent plus que jamais offrir une littérature – et non des livres – dénuée de stéréotypes, ouverte sur le monde. Chacun cherchant une façon de se démarquer en évitant les lieux communs. Poésie, fantastique, policier, quotidien, plusieurs avenues sont privilégiées afin de répondre aux goûts éclectiques des jeunes lecteurs qui sont, plus que jamais, bombardés et stimulés par les médias visuels.
Andrée Poulin et l’illustrateur Enzo Lord Mariano racontent le sort des réfugiés dans Y’a pas de place chez nous (Québec Amérique, 2016), Marianne Dubuc parle d’amitié avec douceur et poésie dans Le lion et l’oiseau (La Pastèque, 2013), alors que Pascal Hérault et Geneviève Després initient les enfants au récit policier avec la série « Monsieur Lapin » (Les 400 coups, 2010).
Pendant cette décennie naissent plusieurs maisons, telles que Fonfon (2010), Comme des géants (2014), D’eux (2015), Monsieur Ed (2015), Album (2018) et d’autres plus nichées telles que Dent-de-lion, fondée par Rachel Arsenault et Stéphanie Barahona (2016), première maison de littérature jeunesse féministe, et Le lièvre de Mars (2018), où Nadine Robert dépoussière des classiques du patrimoine mondial.
Les nombreux Salons du livre, dont ceux spécialisés en jeunesse – Longueuil (1999) et Lachine (2018) –témoignent d’un intérêt de plus en plus marqué pour la littérature jeunesse. Quelques auteurs et illustrateurs sont connus sur la scène internationale grâce entre autres aux Foires du livre, surtout celle de Bologne, qui donnent une grande visibilité aux éditeurs d’ici. D’eux, Comme des géants, Les 400 coups, Monsieur Ed, les Éditions de La Pastèque et la courte échelle ont d’ailleurs respectivement reçu le prix BOP du meilleur éditeur jeunesse de l’année en Amérique du Nord (2014 pour les Éditions de La Pastèque, 2018 pour D’eux, 2019 pour Comme des géants, 2020 pour Les 400 coups, 2022 pour Monsieur Ed et 2023 pour la courte échelle).
Bien qu’encore trop délaissé par les médias – et méconnu aussi –, même si aux yeux de plusieurs il demeure encore fantaisie et amusement, l’album jeunesse québécois est parvenu en 2022 à se tailler une place de choix dans le champ de la littérature. Aux nombreux prix littéraires, récompenses et bourses offerts aux créateurs s’ajoutent différents évènements et organismes – CommunicationJeunesse (présent depuis 1971), la revue Lurelu (1978), Lire et faire lire (2002), De mots et de craie (2011), On a tous besoin d’histoires (2019), Le Pollen, Constellations et Sentiers littéraires pour enfants – qui veillent constamment à faire rayonner la littérature jeunesse et plus particulièrement l’album québécois.
Le lion et l’oiseau
Texte/ Marianne Dubuc dessins
Éditeur Album, Montréal (La Pastèque, 2013)
Année 2018
Pages 72
Deux personnages, un jardin, de l’amitié et une étendue de silence. C’est tout en simplicité et avec une infinie douceur que Marianne Dubuc met en scène une rencontre, l’attente d’un retour et toute la beauté d’une complicité inattendue. Un échange entre ce lion, jardinier solitaire, et cet oiseau blessé. Le réconfort et la chaleur d’une maison accueillante, d’une lecture au coin du feu, partager un repas ou encore profiter de la neige deviennent des moments de grand bonheur parce que vécus à deux. Mais le printemps venu, l’oiseau, guéri de ses blessures, repart avec les siens. La vie, elle, continue de se manifester malgré l’absence, visible dans le cours des jours, dans ces tomates qui mûrissent, puis avec le retour de l’automne.
Regarde ! De la neige.
La neige est glacée, mais toi, tu seras bien au chaud. Et l’hiver passe ainsi, à deux, un jour à la fois. Un hiver tout blanc. Tout froid.
Mais le froid, à deux, ce n’est pas si mal que ça.
Sa singulière façon de créer les histoires et ce don de se placer à hauteur d’enfant font de Marianne Dubuc une incontournable de la sélection de cette décennie. Plusieurs titres de l’autrice auraient pu être retenus. En tête, Le gâteau et cette joie contagieuse partagée entre les personnages. Mais il fallait choisir. Alors, Le lion et l’oiseau, qui traduit tout aussi bien l’authenticité des enfants et l’amitié spontanée qui façonne leur quotidien, fait une place au silence, un témoin important de cette complicité naturelle. S’ajoute à cela la qualité de la relation entre le texte et les illustrations. La symbiose entre fond et forme, l’intelligence graphique et la finesse du trait.
Marianne Dubuc évoque ainsi la beauté d’une amitié au départ improbable
Sur les traces de l’album québécois
entre les personnages tout en insistant sur le temps qui passe. Elle le fait avec peu de mots, de courtes phrases, certaines tenues par un narrateur, d’autres par le lion.
Ces quelques mots posés discrètement ici et là, surtout au bas des scènes, cèdent la place aux illustrations qui s’offrent comme autant de tableaux, de regards portés sur cette amitié, mais également sur l’attente et l’espoir qui en découlent. Alternant entre des doubles pages, permettant de saisir en un coup d’œil l’ambiance du moment, et des encadrés sur fond blanc, privilégiant des instants d’intimité, le graphisme et le style naïf de Dubuc s’accordent avec la simplicité du texte. Le lion anthropomorphe, vêtu d’une salopette, et l’oiseau conservant ses
qualités de volatile sont les principaux personnages de cette histoire. Mais le silence, omniprésent, y participe aussi, devenant un actant important de la traversée. Que ce soit cette scène représentant la maison et l’arbre, endormis sous la lune, ou encore l’envol de l’oiseau parti retrouver les siens, le silence s’entend. D’autant plus sur cette page complètement blanche, ellipse entre l’hiver qui s’étire et le retour du printemps représenté par un crocus perçant la neige. La délicatesse du trait et le souci du détail de l’artiste – observables dans chaque brin d’herbe, dans les mailles du tapis, sur l’écorce des arbres – sont propices à la contemplation et montrent l’importance de prendre le temps.
De la même créatrice
Marianne Dubuc, Ours et le murmure du vent, Album, Montréal, 2020, 72 p.
Marianne Dubuc, Le chemin de la montagne, Album, Montréal, 2019, 76 p.
Marianne Dubuc, Je ne suis pas ta maman, Album, Montréal, 2021, 68 p.
Marianne Dubuc, Le gâteau, La courte échelle, Montréal, 2013, 24 p.
Autres albums significatifs 2010-2019
La Bagnole Montréal 40 p.
752 lapins
François Blais
Valérie Boivin
Les 400 coups Montréal 32 p.
Marivière
Catherine Lepage
Comme des géants Varennes 42 p.
Moi, c’est Tantale
André Marois
Julien Castanié
Isatis Montréal 56 p.
Les étoiles
Jacques Goldstyn
La Pastèque
Montréal 68 p.
Aaah!bécédaire
Élaine Turgeon
Martin Laliberté
Druide Montréal 56 p.
Ma branche préférée
Mireille Messier
Pierre Pratt
Scholastic Toronto 32 p.
Je suis là, je suis là
Marie-Francine
Hébert
Mathilde Cinq-Mars
Druide Montréal 32 p.
Ti-Jos Connaissant
Jennifer Tremblay
Philippe Béha
La Bagnole Montréal 32 p.
La corde à linge
Orbie
Les 400 coups
Montréal 64 p.
Malou
Geneviève Godbout
La Pastèque
Montréal 32 p.
Que de chemin parcouru
ce serait un euphémisme de dire que l’album québécois s’est transformé depuis ces enfants pieux Sur la route avec Jésus ou encore Rainette et Rex, petits de La famille Grenouille. Des personnages empreints de religiosité, obéissants et repentants. Mais cette époque fut de courte durée, car, dès les années 1960, un vent de changement, une brise plutôt, laisse entrevoir une nouvelle façon de s’adresser aux lecteurs. Ildège de la Pomme Fameuse et, plus encore, Un drôle de petit cheval sont en ce sens de véritables albums pour les enfants. À partir de cette période, les auteurs, illustrateurs et éditeurs s’attarderont de plus en plus à présenter des histoires non plus sur les enfants, mais pour les enfants en proposant des univers qui les mettent en vedette et les interpellent directement de différentes façons.
L’exploration des années 1970 a en quelque sorte suivi cette amorce en poussant toutefois l’audace et en ouvrant la voie à tous les possibles. Les thèmes de la communication, de la relation avec l’adulte, de l’acceptation de soi, de l’ouverture à l’autre, du quotidien et de l’enfance contribuent et participent au renouveau de l’album. D’ailleurs, la chenille devenue papillon, que l’on retrouve chez Henriette Major et Claude Lafortune (La surprise de Dame Chenille) et Robert Soulières et Michèle Lemieux (Le bal des chenilles), reste un symbole pour le moins évocateur de cette nouvelle ère.
À compter des années 1990, la production d’albums s’est de plus en plus diversifiée, révélant une variété thématique et stylistique, allant du réalisme poétique de Poulin et de Pratt à l’influence bédéesque de Daniel Sylvestre. L’arrivée du nouveau millénaire n’a fait qu’enrichir le spectre graphique, ajoutant aux styles déjà en place, une combinaison des techniques créant des œuvres atypiques, dont celles de Manon Gauthier, Josée Bisaillon ou encore Virginie Egger. Depuis quelques années, le numérique facilite la vie de certains illustrateurs qui optent pour cette pratique. À partir de 2015, Gérard DuBois, par exemple, travaillera essentiellement avec Photoshop, ne gardant le papier que pour les travaux préliminaires.
Et les histoires offertes suivent cet enrichissement graphique en décomplexant, rejouant les thèmes, osant parfois, si bien qu’en 2022 les personnages
évoluent dans différentes réalités. Certains portent un bagage venu de loin, d’autres se rappellent hier, beaucoup investissent encore le quotidien.
Les années 2000 ont décloisonné davantage les frontières, permis aux livres québécois de se faire connaître à l’international. Rogé, Marianne Dubuc, Elise Gravel, Anne Villeneuve, Jacques Goldstyn, Isabelle Arsenault, Gérard DuBois, Guillaume Perreault, Geneviève Godbout, pour ne nommer que ceux-là, participent ainsi à ce rayonnement à l’étranger.
Mine de rien, Robert La Palme semble avoir donné l’élan, en 1945, à une recherche esthétique bien implantée en 2022. Déjà, il maniait avec finesse tout ce qui fait d’un album un incontournable, en l’occurrence simplicité, rapport inventif entre le texte et l’image – par opposition à une reproduction en tous points fidèle au texte – et chute ouverte qui laisse le lecteur rêver, imaginer ou en redemander. Malgré les contraintes de l’époque, le souci de s’adresser aux jeunes avec sérieux et intelligence était déjà présent.
Si bien qu’écrire et illustrer une histoire pour enfants, faire un album jeunesse est devenu, grâce au talent et au professionnalisme des différents créateurs, à leur inventivité et aux diverses influences, un art en soi qui demande minutie, travail, temps et patience. Si l’album jeunesse québécois a déjà eu à envier la qualité des importations, force est d’admettre qu’il a aujourd’hui tout pour rivaliser avec elles. Et la suite s’annonce prometteuse. Les maisons d’édition poursuivent leur constant engagement envers les enfants et assurent à l’album jeunesse québécois un avenir des plus lumineux.
Bibliographie
Ouvrages
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ESCARPIT, Denise. La littérature de jeunesse : itinéraires d’hier à aujourd’hui, Paris, Magnard, 2008, 480 p.
LEPAGE, Françoise. Histoire de la littérature pour la jeunesse : Québec et francophonies du Canada, Orléans, Éditions David, 2000, 828 p.
MADORE, Édith. Les 100 livres québécois pour la jeunesse qu’il faut lire, Québec, Nota Bene, 1998, 376 p.
MADORE, Édith. Constitution de la littérature québécoise pour la jeunesse (1920-1995), Thèse de doctorat, Québec, Université Laval, 1996, 330 p.
MADORE, Édith. La littérature pour la jeunesse au Québec, Montréal, Boréal, 1994, 128 p.
MARCOTTE, Gilles. Une littérature qui se fait, Montréal, Bibliothèque Québécoise, 1994, 338 p.
MICHON, Jacques [dir.]. Histoire de l’édition littéraire au Québec au XXe siècle, vol. 3 : La bataille du livre, 1960-2000, Montréal, Fides, 2010, 517 p.
MICHON, Jacques [dir.]. Histoire de l’édition littéraire au Québec au XXe siècle, vol. 2 : Le temps des éditeurs, 1940-1959, Montréal, Fides, 2004, 538 p.
MICHON, Jacques et Carole GERSON [dir.]. Histoire du livre imprimé au Canada, tome 3, Montréal, PUM, 2007, 672 p.
NIÈRES-CHEVREL, Isabelle. Introduction à la littérature de jeunesse, Paris, Didier Jeunesse, 2009, 240 p.
VAN DER LINDEN, Sophie. Lire l’album, Le Puyen-Velay, L’Atelier du Poisson Soluble, 2006, 166 p.
VAN DER LINDEN, Sophie. « Les albums sans », dans BOULAIRE, Céline [dir.]. Le livre pour enfants : regards critiques offerts à Isabelle Nières-Chevrel, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006, 248 p.
Articles
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CRÉPEAU, Isabelle. « Steve Beshwathy : patte de velours », Lurelu, vol. 27, no 1, printemps-été 2004, p. 15-17.
CRÉPEAU, Isabelle. « Luc Melanson : Monsieur part en voyage », Lurelu, vol. 26, no 1, printemps-été 2003, p. 13-15.
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SARRASIN, Francine. « Revoir Tibo », Lurelu, vol. 25, no 1, printemps-été, 2002, p. 5-9.
SARRASIN, Francine. « À propos d’une écharpe rouge… », Lurelu, vol. 23, no 2, automne 2000, p. 67-68.
SERNINE, Daniel. « Savais-tu ? Cécile Gagnon », Lurelu, vol. 34, no 2, automne 2011, p. 21-22.
SORIN, Noëlle. « La littérature pour la jeunesse aux éditions Variétés, 19401951 », coll. Cahiers du GRÉLQ, 7, Ex Libris, Sherbrooke, 2001, p. 65-140.
VAN DER LINDEN, Sophie. « L’album, entre texte, image et support », Revue des livres pour enfants, no 214, décembre 2003, p. 59-68.
WARREN, Louise. « Petite rétrospective de l’imagerie québécoise du livre pour enfants », Lurelu, vol. 2, no 3, automne 1979, p. 4-7.
Sources électroniques
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BANQ – Bibliothèque et archives nationales du Québec. https://www.banq.qc.ca/accueil/
BÉLISLE, Alvine. « Littérature d’imagination pour la jeunesse au Canada français », Documentation et bibliothèques, vol. 19, no 3, septembre 1973, p. 127-129, https://www. erudit.org/en/journals/documentation/1973v19-n3-documentation04266/1055801ar/.
BNF. « L’album, emblème de l’évolution du livre pour enfants », https://multimedia-ext.bnf. fr/pdf/albums.pdf
COMMUNICATION-JEUNESSE https://www. communication-jeunesse.qc.ca
CARTIER, Lyse. « Nos artistes : plus jamais sage comme des images », Décormag, no 51, février 1977, p. 66-71, https://numerique.banq.qc.ca/ patrimoine/details/52327/2569966.
DYZIEUX, Agnès. « Les grands courants de la bande-dessinée », Le français aujourd’hui, no 161, 2008, p. 59-68, https://www.cairn. info/revue-le-francais-aujourd-hui-2008-2page-59.htm.
L’ÉQUIPE. « La littérature de jeunesse au Canadafrançais – édition 1973 », Documentation et bibliothèques, vol. 20, no 3, septembre 1974, p. 161-163, https://id.erudit.org/ iderudit/1055670ar.
FRADETTE, Marie. « Le grand méchant loup dans ma maison : vivre avec la bête », Le Devoir, 21 mars 2020, https://www.ledevoir.com/ lire/575343/jeunesse-vivre-avec-la-bete.
FRADETTE, Marie. « La traversée de Pet et Répète », Le Devoir, 9 novembre 2019, https://www.ledevoir.com/lire/566537/ jeunesse-la-traversee-de-pet-et-repete
FRADETTE, Marie. « Au-delà de la forêt. Nadine Robert et Gérard DuBois », Le Devoir, 17 décembre 2016, https://www.ledevoir. com/lire/487251/au-dela-de-la-foret-nadinerobert-et-gerard-dubois
HÉMOND, Élaine. « Michèle Lemieux : rencontre du dessin, de l’écriture et de la philosophie », Magazine de l’Université du Québec, mars 1999.
LACHANCE, André. « Havard de Beaufort, François-Charles », Dictionnaire biographique du Canada, Vol. III (1741-1770), Université Laval / University of Toronto, 2003, http:// www.biographi.ca/fr/bio/havard_de_ beaufort_francois_charles_3F.html.
LÉVÊQUE, Mathilde. « Des premiers livres pour enfants au Québec », Le magasin des enfants, https://magasindesenfants.hypotheses. org/2083
NADEAU, Jean-François et Catherine LALONDE. « Albums : le péril jeune », Le Devoir, 14 décembre 2013, https://www.ledevoir. com/lire/395065/albums-le-peril-jeune PELLETIER-BAILLARGEON, Hélène. « Le livre de jeunesse à Noël : achetons aussi chez nous ! », Le Devoir, 2 décembre 1972.
POULIN, Andrée. « Hélène Desputeaux retrouve Caillou et la joie de créer », Le magazine Contact, Université Laval, automne 2009. http://www.contact.ulaval.ca/article_ magazine/helene-desputeaux-retrouvecaillou-et-la-joie-de-creer-1371
PROVOST, Michelle. « Pour lire et réinventer la lecture : une bibliographie proposée par Michelle Provost », Lurelu, vol. 4, no 1-2, printemps-été 1981, https://id.erudit.org/ iderudit/26428ac
RYAN, Pascale. « Un remarquable livre pour enfants », dans CORBO, Claude et collab., Livres québécois remarquables du XXe siècle, Les Presses de l’Université du Québec, 2000, http://ebookcentral.proquest.com/lib/ ulaval/detail.action?docID=3285445.
VAN DER LINDEN, Sophie. « Les albums sans texte », Blog de Sophie Van der Linden, http://www.svdl.fr/svdl/index. php?post/2018/06/12/album-sans-texte
Index des auteurs cités
Adams, Steve 136, 146–147, 167
Adolphe, Germaine 109
Allard, Caroline 199
Amizlev, Iris 17
Anfousse, Ginette 9, 15, 50–51, 57, 64 –65, 117
Arbona, Marion 137, 159, 167, 193
Arsenault, Isabelle 136, 142–143, 210
Arsenault, Rachel 161
Assathiany, Sylvie 79, 98
Aubert de Gaspé, Philippe 108–109
Aubin, Michel 98–99, 101
Back, Frédéric 19, 30–33
Barahona, Stéphanie 161
Barbeau-Lavalette, Anaïs 197
Beaulac, Henri 18–19, 24 –25
Beaulé, Catherine 71, 75
Bédard, Laurent 55
Béha, Philippe 8, 76–79, 86–87, 96–98, 100–101, 103, 112–113, 160, 166–167, 177, 195, 207
Bellebrute (Marianne Chevalier et Vincent Gagnon) 167
Benigni, Roberto 157
Berthiaume, Pierre 134
Beshwaty, Steve 102, 124 –125
Bisaillon, Josée 143, 160, 171, 188–189, 206, 209
Blais, François 160, 190–191, 207
Blais, Hubert 14, 30, 31, 40, 41
Blake, Quentin 16
Blanchet, Pascal 17
Boivin, Valérie 160, 190, 191, 207
Bolduc, Albert 14, 18–19, 24
Bonneville, Michèle 74
Boswell, Hazel 15
Bouchard, David 189
Bouchard, Hervé 137
Boudreau Jeanneau, Iris 189
Boulaire, Cécile 131
Boulanger, Fabrice 109
Boulerice, Simon 160, 170–171
Boutry, Corinne 155
Brassard, Mario 171
Brière, Paule 149
Brouillet, Chrystine 76, 86
Bussières, Simone 50, 54 –55
Cailloux, André 30, 42– 43, 49, 75, 93, 177
Caldecott, Randolph 14
Canciani, Katia 160, 198–199
Carême, Maurice 55
Carrier, Roch 100
Castanié, Julien 167, 183, 207
Chabot, Cécile 50, 54 –55
Chaperon, Danielle 160, 188–189
Charpentier, Francine 47
Chartrand, Lili 160, 192–193
Chevalier, Marianne
voir Bellebrute
Choquette, Pauline 30–31, 43, 46
Chouinard, Gilles 165
Cleaver, Elizabeth 31
Cohen, Sheldon 100
Cole, Babette 51
Comtois, Céline 160, 204 –205 Constantin, Pascale 159
Corriveau, Monique 57
Côté, Geneviève 102–103, 128–129, 136–137, 152–153, 167 Côté, Louis-Philippe 75, 93 Côté-Lacroix, Delphie 171
Cousineau, Normand 143
Crépeau, Isabelle 117
Croteau, Marie-Danielle 102–103, 109, 123, 128–129, 136, 142–143
Danaux, Stéphanie 25
Daveluy, Marie-Claire 14
De Vailly, Corinne 109
Delahaye, Gilbert 15
Delaunois, Angèle 149, 155, 159–160, 167, 193–195, 205–206
Delezenne, Christine 159, 206 Demers, Dominique 13, 16, 88–89, 136–139, 158–159, 205
Desparois, Lucille 19, 28, 40, 48 Després, Geneviève 160–161, 197, 204 –205
Desprez, Marie-Rose 57
Desputeaux, Hélène 15, 39, 76, 98–99, 101, 103 Deyzieux, Agnès 195
Dion, Nathalie 160, 202–203
Dorion, Hélène 141, 159
Downie, Mary Alice 31
Dubé, Jasmine 119, 135
Dubé, Pierrette 121, 135, 145, 159–160, 167, 178–179
DuBois, Gérard 147, 160, 170–171, 183, 186–187, 209–210
Dubois, Martin 19
Dubuc, Marianne 136, 150–151, 160–161, 172–173, 210
Duchesne, Christiane 2, 11, 50–51, 60–61, 75, 102, 124 –125, 129, 153, 158, 183, 187
Dufresne, Rhéa 179
Duguay, Monique 74
Duguay, Rodolphe 14, 18–19, 22–23 Dumont, Yves 203
Eccleshare, Julia 16
Egger, Virginie 137, 158, 209 Émond, Louis 160, 166–167
Faucher, Marilyn 189
Ferraris, Nathalie 147, 149, 193, 206 Ferrier, Pierre Élie 51 Foglia, Pierre 76–77, 80-81 Fontaine, Valérie 160, 202–203
Fortier, Dominique 63
Francine 27
Fumet-Vincent, Odette 14, 18–21, 28, 30, 36–37, 49, 57
Gagnon, Cécile 30–31, 34 –35, 38–39, 45, 100, 109, 134
Gagnon, Clarence 19
Gagnon, Vincent voir Bellebrute
Garneau, Michel 9, 119
Gaucher, Guy 30–31, 44
Gaudreault, Gervais 110
Gauthier, Bertrand 9, 15, 50–51, 66–67, 75–76, 90–91, 115
Gauthier, Manon 129, 136–137, 148–149, 157, 197, 206, 209
Gauvreau, Marguerite 28
Gay, Marie-Louise 8, 50–51, 66–67, 76–77, 82–83, 87, 101, 103, 132–134, 190
Germain, Philippe 159
Gerson, Carole 19
Girard, Félix 199
Girard, Pascal 17
Girard, Roger 63, 129, 160, 164 –165, 207, 210–211
Godbout, Geneviève 206–207, 210
Godbout, Jacques 157
Goldstyn, Jacques 160, 184 –185, 207, 210
Grand-père Cailloux
voir Cailloux, André
Gravel, Elise 160, 168–169, 200–201, 210
Grimard, Gabrielle 137, 159, 193
Guénette, René 18, 20–21, 36–37
Hamel, Caroline 143, 153
Hébert, Marie-Francine 9, 50, 72–73, 76, 88–89, 136, 140–141, 147, 155–156, 197, 199, 207
Hémond, Élaine 111
Hérault, Pascal 161
Herrera, Diego 102, 120–121, 135
Hoffmann, Heinrich 14
Holland, Brad 147
Houde, Pierre 155
Iris voir Boudreau Jeanneau, Iris
Jarry, Marie-Hélène 87, 101
Jolin, Dominique 99, 102–105, 118–119, 134 –135
Jorisch, Stéphane 9, 102–103, 108–109, 118, 122–123, 135, 147, 158
Jullien, Jean 187
L’Archevêque Duguay, Jeanne 14, 18, 19, 22, 23
La Palme, Robert 14, 18–19, 26-27, 95, 210
La Perrière, Josée 39
Labrecque, Mathieu 179
Labrosse, Darcia 73, 76, 88–89, 100
Lachance, André 113
47
Cinq-Mars, Mathilde 160, 196–197, 207
Claveloux, Nicole 51, 67
Franson, Leanne 135
Froissart, Bénédicte 134
Frund, Jean-Louis 50, 52
Lafortune, Claude 50–53, 209
Lafrance, Marie 160, 175, 192–193, 195
Lagacé, Cécile 48
Laliberté, Martin 207
Lapierre, Steeve 119
Lapointe, Michèle 71
Lasser, Olivier 102, 122–123
Latulippe, Martine 109
Lauzon, Monique 71, 75
Laverdière, Benoît 109
Lavigueur, Yolande 15
Laviolette, Guy 36
Lavoie, Mathieu 160, 180–181
Lear, Edward 14
Leblanc, Renée 55
Leclerc, Félix 73, 176
Leclercq, Béatrice 134
Leduc-Pelletier, Alec 19
Lemieux, Geneviève 134
Lemieux, Jean-Paul 19
Lemieux, Michèle 9, 50, 70–71, 100, 102, 106, 110–111, 209
Lepage, Catherine 139, 159, 207
Lepage, Françoise 13–14, 16, 19, 31, 41, 43– 45, 66–67, 81, 93, 107
Levert, Mireille 102, 126–127, 160, 167, 176–177, 193
Lord Mariano, Enzo 161, 175
Luca, Françoise de 189
Luppens, Michel 76, 96–97
Madore, Édith 14, 16, 19, 27, 31, 43, 58–59, 77
Maillet, Andrée 14, 18–19, 26–27
Major, Henriette 30–31, 43– 45, 50–53, 71, 209
Malenfant, Isabelle 160, 174 –175
Malépart, Céline 149
Mallarmé, Stéphane 93
Maman Fonfon voir Vallerand, Claudine
Marcotte, Danielle 15, 87, 102–103, 112–113, 158
Marie-Anastasie voir Tourangeau, Laura
Marineau, Michèle 129, 206
Marlier, Marcel 15
Marois, André 160, 167, 182–183, 187, 195, 207
Masse, Josée 145
Mauffette, Guy 30–33
Maxine 19, 36
McIsaac, James 14
Melanson, Luc 117, 136, 143–145
Merola, Caroline 160, 162–163
Messier, Mireille 207
Méthé, Louise 59
Meunier, Sylvain 119
Michon, Jacques 19, 103
Mongeau, Marc 109
Monnier, Rachel 143
Montésinos-Gelet, Isabelle 16
Montour, Nancy 203
Nadeau, Janice 9, 136–137, 140–141, 143, 155, 159
Nadon, Yves 136–137, 148–149
Nières-Chevrel, Isabelle 13–14, 131 Noël, Michel 159
Oncle Paul voir Guénette, René Orbie voir Tessier-Collin, Marie-Ève
Papineau, Lucie 102, 116–117, 123, 135–136, 146–147
Paradis, Roxane 97
Parain, Nathalie 14, 31, 41 Paré, Roger 9, 50, 57, 68–69, 76, 84 –85, 88, 145, 177
Parent, Richard 76–77, 80–81
Pasquet, Jacques 81, 136–137, 155–157, 159, 167 Péan, Stanley 113
Pednault, Gilles 75
Pef
voir Tessier-Collin, Marie-Ève
Pelletier, Louise 79, 98 Pelletier, Ninon 203
Pépin, Johanne 69, 100, 177 Perreault, Guillaume 160, 179, 198–199, 210 Pilon, Alain 160, 194 –195
Plante, Raymond 9, 50, 65, 68–69, 84, 100, 103, 177
Plourde, Josée 141
Poe, Edgar Allan 93
Poirier, François 71
Pomminville, Louise 50, 56–57, 62–63, 74 Ponti, Claude 77, 130 Potter, Beatrix 14
Poulin, Andrée 16, 159–161, 164 –165, 174 –175
Poulin, Stéphane 15, 76–77, 88, 94 –95, 101–103, 106, 112–113, 136–139, 158, 205
Pouliot, Suzanne 19
Pradel, André 30, 42– 43, 49 Pratt, Pierre 77, 95, 102–103, 106–107, 134, 136, 155–157, 160, 182–183, 206–207, 209
Renaud, Anne 153
Reno, Alain 157
Rioux, René 71
Roberge, Sylvie 159
Robert, Nadine 160–161, 186–187, 206
Robertson, Barbara 31
Robillard (Robin), Claude 19, 29
Robitaille, Renée 167
Roca, Fred 147
Rogé voir Girard, Roger
Roy, Gabrielle 50, 56–57, 62–63
Rufiange, Céline 99
Sarfati, Sonia 163
Sarrasin, Francine 93
Sarrazin, Marisol 102, 116–117, 146–147
Savage, Michel 109
Scalabrini, Rita 74
Sendak, Maurice 31, 69
Simard, Christine 71
Simard, Danielle 136–137, 152–153
Simard, Jean 15
Simard, Rémy 102–103, 106–107, 183, 206
Sorin, Noëlle 19
Soulières, Robert 9, 50, 70–71, 76, 78–79, 100, 102, 108–109, 111, 201, 209
Spiegelman, Art 154
Spirin, Gennady 147
St-Aubin, Bruno 153
St-Pierre, Marie 49
Sylvestre, Daniel 76, 90–91, 102, 104, 114 –115, 158, 209
Tante Lucille voir Desparois, Lucille
Tardif, François 109
Tessier, Albert 19
Tessier-Collin, Marie-Ève 160, 178–179, 207
Thisdale, François 113, 158
Thuy, Kim 165
Tibo, Gilles 9, 50–51, 57, 72–73, 75–76, 92–93, 103, 106, 135–137, 143–145, 160, 177, 196–197
Tourangeau, Laura 30–31, 46
47
Tremblay, Carole 102, 118–119, 135, 158, 175
Tremblay, Jennifer 207
Tremblay, Réal 9, 51
Tremblay, Sylvain 103, 135
Trop, Francesca 17
Trudel, Jean-Luc 141, 155
Trudel, Sylvain 162
Turcotte, Élise 158, 197
Turgeon, Élaine 16, 182, 207
Ungerer, Tomi 31
Valcourt, Christiane 79
Vallerand, Claudine 14, 30–31, 40– 41, 48– 49, 57
Vallières, Anne 50–51, 58–59
Van der Linden, Sophie 13, 131
Vanhee-Nelson, Louise 100
Vidali, Valerio 187
Vigneault, Gilles 176
Villeneuve, Anne 15, 102–103, 109, 130–131, 136, 154 –156, 206, 210
Vincent, Odette
voir Fumet-Vincent, Odette
Vincent, Rodolphe 19, 36
Yayo voir Herrera, Diego
Zwerger, Lisbeth 51
Index des œuvres
752 lapins, 190-191, 207
Aaah!bécédaire, 207
Abécédaire, 72
À chat perché, 114
Album de famille, 101
Âne Molin qui avait perdu ses lunettes, L’, 8
Angèle et l’ours polaire, 101, 132
Annabel et la bête, 158
Arbragan, L’, 184
Archibaldo le dragon, 100
Au cinéma avec papa, 104
Au-delà de la forêt, 186
Au lit, princesse Émilie !, 135, 178
Aux toilettes, 182
Baiser maléfique, Le, 108
Bal des chenilles, Le, 70, 209
Barbouillette, 206
Benjamin et la saga des oreillers, 94
Bonne fête, Madeleine !, 101
Cachette, La, 15, 64
Caillou, 15, 98, 103, 211-212
Caroline, la petite souris blanche, 49
Casse-Noisette, 135
Cata, La, 194
Célestine, 158
Chandail de hockey, Le, 100
Charlotte et l’île du Destin, 122
Chasseur d’arc-en-ciel, Le, 120
Chère Traudi, 154
Chèvre de monsieur Seguin, La, 8
Clé, La, 159
Clé à molette, La, 168
Clins d’œil et pieds de nez, 100, 177
Cœur de Monsieur Gauguin, Le, 142
Corde à linge, La, 207
Cric l’écureuil, 36
Cruelle Cruellina, 135
De l’ange au zèbre, 134
Dodo des animaux, Le, 135
Dou Ilvien, 9, 51, 66
Écharpe rouge, L’, 15, 103, 130
Edmond l’affreux raton, 124
Enfant de la maison folle, L’, 9
Eskoumina : l’amour des petits fruits, 159
Étoifilan, 75
Étoile de Sarajevo, L’, 156
Étoiles, Les, 207
Famille Citrouillard, La, 74
Famille Grenouille, La, 19, 24, 209
Famille hiver ou la petite princesse Neige, La, 48
Fantaisies de l’oncle Henri, Les, 134
Fée des vents, La, 48
Grand méchant loup dans ma maison, Le, 202 Grand qui passe ou l’histoire des avions de papier, Le, 9
Grand voyage de Monsieur, Le, 144 Grande aventure d’un petit mouton noir, La, 103, 128
Grandes menaces, Les, 101 Grattelle au bois mordant, 119, 135 Guerre du lion et de la girafe, La, 30-31, 40 Gustave, 206
Hochelaga mon quartier : poèmes d’écoliers montréalais, 165, 207
Hou Ilva, 9, 51, 66-67, 80, 90, 132
Ildège de la Pomme Fameuse, 31-32, 209
Je suis là, je suis là, 207 Je te laisse une caresse, 75, 177 Joseph Fipps, 206
Kiri, le petit castor, 49
Lapin Biscotin au pays des quatre lapins, Le, 20 Lazaros Olibrius, 8, 51, 60 Lion et l’oiseau, Le, 161, 172
Livre où la poule meurt à la fin, Le, 190 Loula part pour l’Afrique, 206 Loup, l’oiseau et le violoncelle, Le, 8, 75
Ma branche préférée, 207
Mais que font les fées avec toutes ces dents ?, 96 Malou, 207
Ma maman du photomaton, 137, 148
Marivière, 207
Martine-aux-oiseaux, 31, 38
Ma tête en l’air, 188
Ma vache Bossie, 56, 62
Max le magicien, 9
Mer, La, 150
Michouette, 74
Miki va à l’école, 48
Mimi la fourmi, 29
Mimi-la-nuit, 132, 134
Moi, c’est Tantale, 167, 207
Mon chien est un éléphant, 103, 106
Mon île blessée, 137, 159
Mon lit de rêve, 196
Monde de Théo, Le, 166
Monsieur Jean-Jules, 77, 80
Monsieur Tralalère, 206
Monsieur Trop et Monsieur Peu, 49
Nox et l’Archimusse : le jour des monstres, 158
Nuit d’orage, 9, 110
Nuits de Rose, Les, 126
Nul poisson où aller, 9, 140, 155
Ouram, 51, 58
Ourson qui voulait une Juliette, L’, 135
Pablo trouve un trésor, 174
Pas de taches pour une girafe, 116
Pêche à l’horizon, La, 34
Pet et Répète : la véritable histoire, 198
Petit sapin qui a poussé sur une étoile, Le, 54
Petite chenille, La, 71, 75
Petite fille blanche, La, 192
Petite maison de mon âme, La, 28
Petite rapporteuse de mots, La, 137, 152
Petite truie, le vélo et la lune, La, 178
Pétunia, princesse des pets, 159
Pire livre du monde, Le, 200
Pitatou et le printemps, 56
Pitatou et les pommiers, 57, 74
Plaisirs de chat, 84
Pluck chez les abeilles, 28
Pluck chez les fourmis, 28
Poil de serpent dent d’araignée, 15, 103, 112
Prince sourire et le lys bleu, Le, 75, 93
Puce, c’est sale !, 158
Quand j’écris avec mon cœur, 176
Qu’est-ce que vous faites là ?, 103, 134
Recette d’éléphant à la sauce vieux pneu, 137, 158
Ristontac, 14, 19, 26
Roi de la patate, Le, 164
Roi de Novilande, Le, 100
Roi voleur d’histoires, Le, 159, 178
Roméo le rat romantique, 118
Ruelle d’hiver, La, 204
Seul au monde, 77-79, 166
Serpent vert, Le, 8
Simon et les flocons de neige, 92
Sœur de Robert, La, 77, 82-83, 132
Souris bleue et les papillons cosmonautes, La, 43, 46
Stella étoile de la mer, 132
Stella la petite étoile, 42
Soupe aux sous, La, 134
Sur la route avec Jésus, 14, 19, 22, 209
Surprise de Dame Chenille, La, 51, 52, 71, 209
Tante Lucille raconte, 28, 40
Ti-Jos Connaissant, 207
Toto veut la pomme, 180
Trésor de Jacob, Le, 146
Triste dragon, Le, 8, 75
Un drôle de petit cheval, 31, 44, 59, 209
Un secret bien gardé, 86, 97
Un verger dans le ventre, 170
Une bien mauvaise grippe, 100
Une fenêtre dans ma tête, 9, 68, 84,177
Une maman pour Khadir, 159
Une nuit en ville, 162
Une petite bouteille jaune, 206
Une révolte au pays des fleurs, 49
Vie bercée, La, 159
Vieux Thomas et la petite fée, 137-138
Voyage de la vie, Le, 88
Zunik dans le championnat, 90, 114
Dans cette anthologie, l’autrice et critique littéraire Marie Fradette entreprend de retracer l’évolution de l’album jeunesse québécois depuis les années quarante jusqu’à aujourd’hui. À travers une sélection de plus de 80 titres, elle met en lumière les courants, les influences et les acteurs qui ont façonné ce secteur de l’édition québécoise.
L’objectif premier de cet ouvrage est de faire découvrir aux lecteurs toute la richesse des albums québécois, leur permettant ainsi de saisir l’étendue de ce monde littéraire et illustré fascinant.
ISBN 978-2-924332-59-7
ISBN 978-2-924332-59-7