Sur les traces de l'album québécois - extrait

Page 1

Marie

Fradette Sur les traces de l’album québécois

une anthologie

Sur les traces de l’album québécois

Sur les traces de l’album québécois. Une anthologie

Copyright © 2023 Marie Fradette

Copyright © 2023 Comme des géants

Direction éditoriale : Nadine Robert

Consultante éditoriale : Brigitte Carrier

Design graphique : Jolin Masson

Photographie : Julia Marois

Révision : Lise Duquette

Correction d’épreuve : Marie Pigeon Labrecque

Préface : Christiane Duchesne

Illustration de la couverture : Roger Paré, Une fenêtre dans ma tête, deuxième partie, la courte échelle, Montréal, 1979.

Dépôt légal : 4e trimestre 2023

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Sur les traces de l’album québécois : une anthologie / Marie Fradette ; préface, Christiane Duchesne.

Noms : Fradette, Marie, 1973- auteur. | Duchesne, Christiane, 1949- préfacier.

Description : Comprend des références bibliographiques et un index.

Identifiants : Canadiana 20220007896 | ISBN 9782924332597 (couverture rigide)

Vedettes-matière : RVM : Livres illustrés pour enfants—Québec (Province)—Histoire.

Classification : LCC PS8069.F73 2022 | CDD C840.9/928209714—dc23

ISBN : 978-2-924332-59-7

Imprimé en Chine

Comme des géants inc. 38, rue Sainte-Anne

Varennes (Québec) J3X 1R5

www.commedesgeants.com

Nous reconnaissons l’appui du gouvernement du Canada.

Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 153 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.

À Lysandre, Cassandre et Éloïse qui ont d’abord entendu, puis lu plusieurs des histoires présentes dans cette anthologie…

Sur les traces de l’album québécois une anthologie

Marie Fradette

Remerciements

Je remercie Sylvie Leblanc, bibliothécaire à la Direction des métadonnées et de la normalisation bibliographiques de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Merci à Chantal Vaillancourt qui m’a aiguillée vers des sources pertinentes. Merci à Daniel Sernine et son outil Lurindex. Merci à Brigitte Carrier pour sa lecture rigoureuse et éclairante. À Christiane Duchesne pour ses souvenirs, ses anecdotes et sa grande culture.

Je remercie également le personnel des bibliothèques de l’Université du Québec à Trois-Rivières et de l’Université Laval pour leur aide précieuse.

Merci au Conseil des arts et des lettres du Québec qui m’a offert son soutien financier.

Merci immense à Nadine Robert pour son ouverture, sa confiance et sa générosité. Et, bien sûr, à toute l’équipe de Comme des géants.

Enfin, merci particulier à mon indispensable clan.

Note : En vue d’alléger ce texte, on n’y emploie généralement que le masculin pour désigner les personnes, les créatrices et les créateurs ainsi que les lecteurs et les lectrices.

Table des matières

7 Préface L’album, un ami d’enfance 13 Introduction Une littérature qui se fait 18 1940 Le début d’une aventure en images 30 1950 et 1960 À petits pas fragiles 50 1970 Contester et innover 76 1980 Modernité et ouverture 102 1990 Affirmation de l’album 136 2000 Un réel vrombissement 160 2010 Le vent dans les voiles 209 Conclusion Que de chemin parcouru 211 Bibliographie 213 Index des auteurs cités 215 Index des œuvres

Introduction Une littérature qui se fait1

ce livre est né d’une envie d’explorer l’album jeunesse francophone québécois, de fouiller son passé afin d’en dégager ce qui l’a fait naître et, ainsi, de mieux comprendre et expliquer la richesse et la diversité observables aujourd’hui, soit cent ans après la naissance officielle de la littérature jeunesse québécoise. Mais il est né aussi, et surtout, d’un amour, ou d’une fascination pour cette forme de littérature que l’on peut qualifier de libre, en ce sens qu’elle offre visuellement tous les possibles, sans forme fixe, le graphisme étant continuellement renouvelé au gré des créateurs d’albums. En effet, depuis la relation statique entre l’image et les mots dans les tout premiers albums, les combinaisons sont aujourd’hui multiples et variées. L’image, prépondérante dans l’album, n’est plus qu’une simple accompagnatrice du texte, mais constitue une narration en soi. Parfois totalement indépendante des mots, elle peut servir à les contredire, à les prolonger ou encore à les refléter. Source infinie de possibilités, l’album s’adresse aujourd’hui à tous les groupes d’âge, allant du bébé à l’adolescent.

Mais l’album, comme l’explique si justement Sophie Van der Linden, ne se définit pas que par la coprésence de texte et d’images ou même par la relation entre les deux – car, disons-le, il existe plusieurs albums sans texte –, il « présente en outre une organisation fortement liée à un support. Et ce support, c’est en premier lieu l’objet livre. L’album montre une grande diversité dans ses réalisations. Matérialité et format y sont particulièrement variés, répondant d’une part à des usages et à des publics et d’autre part à des choix d’expression2 ».

À l’instar des réflexions tenues par Van der Linden, Isabelle Nières-Chevrel, Françoise Lepage, Dominique Demers – et pour éviter de nous enfoncer dans quelques flous persistants autour de sa définition –, l’album ici entendu n’est ainsi en rien un genre littéraire. Il renvoie plutôt à un format, ce support sur lequel se déploient différents genres que sont par exemple la poésie, le récit policier, le documentaire, le conte, etc. « Plus certainement, l’album constitue une forme d’expression spécifique, son organisation interne le distinguant des autres livres pour la jeunesse accueillant des images », explique Van der Linden3. Le format de l’album devient alors un territoire d’action, pour reprendre les mots

Une littérature qui se fait 13
2 Sophie Van der Linden, « L’album, entre texte, image et support », La revue des livres pour enfants, no 214, décembre 2003, p. 60. 3 Ibid., p. 60. 1 Titre emprunté à l’essai de Gilles Marcotte paru en 1962. L’auteur portait un regard critique sur cette littérature québécoise en pleine effervescence.

de Nières-Chevrel, dont il définit les limites4. Un format dans lequel toutes les composantes – fond et forme (format, papier, graphisme) – contribuent à en créer le sens. Dans cette optique, les romans graphiques et les bandes dessinées, qui, bien qu’ils se présentent sous forme d’album, offrent une articulation texte-image différente de l’album jeunesse, ont ainsi été écartés de notre sélection.

Émergence

Comme pour toute littérature, la naissance et l’évolution de la littérature jeunesse et plus précisément de l’album au Québec sont indissociables du contexte sociohistorique. Avant la Révolution tranquille – et tout ce qu’elle apportera de changements –, l’omniprésence du clergé dans les choix de lecture offerts aux jeunes influence la création. Les thèmes, les personnages et les valeurs présentées s’inscrivent alors dans une pensée qui vise avant tout à élever les petits et à leur inculquer les bonnes valeurs chrétiennes et nationalistes. Romans historiques, biographies de saints, catéchismes, différents guides, surtout pour les jeunes filles, futures mères et épouses, et contes traditionnels seront privilégiés.

L’illustration comme forme narrative « accompagnatrice » de l’enseignement est pour sa part déjà présente depuis les années 1920, notamment dans la revue L’Oiseau bleu – Revue illustrée pour la jeunesse qui marque à sa création, en 1921, les débuts d’une littérature intentionnellement offerte aux jeunes. Fondée par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, la revue a pour mission de former le sentiment nationaliste et religieux des jeunes tout en luttant contre l’omniprésence et l’envahissement « des images américaines jugées vulgaires et moralement dangereuses5 ». La présence du vocable « illustrée » dans l’intitulé de la revue servait à titiller l’intérêt des jeunes attirés par l’image, particulièrement par les illustrés américains, des comic books dans lesquels l’aventure de superhéros aguichait l’esprit d’évasion des jeunes6

Parmi les illustrateurs de la première heure, James McIsaac collabore activement à la revue. D’abord en illustrant les couvertures depuis la première publication jusqu’en 1934, mais aussi en réalisant « la plupart des vignettes qui illustrent les feuilletons7 », comme Les Aventures de Perrine et Charlot en Nouvelle-France de Marie-Claire Daveluy. Saga historique, cette histoire parue d’abord dans la revue constitue officiellement le premier récit écrit intentionnellement pour la jeunesse au Québec. Suivront les Odette Fumet-Vincent, Guy Maufette, le duo Claudine Vallerand et Hubert Blais, Albert Bolduc qui marqueront les débuts de cette aventure en images.

Quant à l’album et à sa double dimension – texte et illustration –, si la forme existe déjà ailleurs depuis un bon moment – pensons au personnage Pierre l’Ébouriffé d’Heinrich Hoffmann en Allemagne au XIXe siècle, à Randolph Caldecott (qui offre des personnages en mouvement), à Edward Lear en Angleterre, pour qui la mise en scène de l’imaginaire des enfants est privilégiée, et, au XXe siècle en France, aux œuvres de Beatrix Potter et aux albums du Père Castor, où l’on trouve notamment le trait de Nathalie Parain qui contribue au renouveau de l’album en France –, ce format arrive toutefois tardivement au Québec. Il faudra en effet attendre les années 1940 pour voir naître les premiers albums créés ici, souvent teintés de religiosité. Selon Lepage, Sur la route avec Jésus de Jeanne L’Archevêque Duguay, illustré par Rodolphe Duguay, compte parmi ces premiers titres. Mais dans ces débuts timides et conservateurs, Andrée Maillet et le peintre Robert La Palme signent Ristontac, un album novateur sur le plan graphique, délaissant l’image statique au profit d’une exploration artistique.

4 Isabelle Nières-Chevrel, Introduction à la littérature jeunesse, Paris, Didier, 2009, p. 121.

5 Françoise Lepage, Histoire de la littérature pour la jeunesse : Québec et francophonies du Canada, Orléans, Éditions David, 2000, p. 446.

6 Édith Madore, Constitution de la littérature pour la jeunesse (1920-1995), Thèse de doctorat, Québec, Université Laval, 1996, f. 17.

7 Françoise Lepage, op. cit., p. 117.

14 Sur les traces de l’album québécois

Plusieurs facteurs expliquent sa naissance, notamment l’effervescence des recherches faites autour de la petite enfance au début du siècle, une importance accordée à la jeunesse, ce qu’elle est, ses besoins en matière de culture et la présence de plus en plus forte de l’image dans nos sociétés. S’ajoute aussi un établissement des groupes d’âge qui permet de distinguer l’enfant de l’adolescent, de différencier leurs besoins et leurs goûts respectifs. Il faut dire aussi que l’édition jeunesse, qui est alors constituée en majeure partie d’œuvres jeunesse étrangères venues d’Europe et des États-Unis – les contes et légendes traditionnels côtoient les albums du Père Castor chez Flammarion, Bécassine chez Gautier-Languereau, les Albums de Mickey chez Hachette, la célèbre Martine de Gilbert Delahaye et Marcel Marlier chez Casterman –, bénéficiera de l’arrêt forcé de ces importations pendant la Seconde Guerre mondiale, climat favorable au développement d’une littérature québécoise.

Les éditions Variétés, à Montréal, profiteront de ce contexte pour réimprimer des œuvres européennes et publier des titres américains traduits et adaptés ici. En plus des collections « Silly Symphonies », dans laquelle on trouve Dumbo et Bambi, et Albums roses, dont Elmer le petit éléphant et Les petits lapins, l’éditeur fait traduire « avec un évident respect de la langue et des tournures tout à fait adaptées au français canadien8 » des albums importés des États-Unis, dont Le petit train aller et retour, Tu commences à prier ou encore Les petits poètes. L’auteur, traducteur et illustrateur Sim – Jean Simard – illustre nombre de couvertures de romans aux éditions Variétés, mais aussi des contes et légendes pour la jeunesse, dont Le petit tailleur intrépide. Le style de Sim s’inspire, selon Lavigueur, de celui de l’Américaine Hazel Boswell qui publie entre autres French Canada, en 1938 chez Viking Press, un album illustré sur les coutumes québécoises (qui sera réédité en 1967).

Mais l’album tel que nous le connaissons aujourd’hui, l’album moderne pour reprendre l’expression de Lepage, ne fera son apparition que dans les années 1970. La création des éditions du Tamanoir par Bertrand Gauthier (qui deviendront les éditions de la courte échelle en 1978) marque ainsi officiellement la naissance de cet album moderne québécois. Pendant cette période d’exploration, l’album se renouvelle tant au niveau de la forme que du fond, offrant des conceptions graphiques de plus en plus singulières. La représentation idéalisée de l’enfant tire à sa fin et on joue avec les cadrages, angles et autres procédés de l’image. La série « Jiji et Pichou » signée Ginette Anfousse, qui compte une douzaine de titres, reflète bien cette période pendant laquelle l’enfance est enfin libérée. La qualité des œuvres vaut d’ailleurs à la maison d’être reconnue sur la scène internationale. Dès 1978, et pour la première fois, le Québec est représenté au prestigieux prix Hans-Christian-Andersen avec La cachette d’Anfousse. Un album – et une série –dans lequel le texte et l’image prennent parti pour le monde de l’enfance.

Tendance qui s’étire jusque dans les années 1990, là où l’imaginaire et le quotidien des enfants remplaceront la contestation. De nouvelles maisons s’établissent, notamment Chouette (1987), avec l’incomparable Caillou d’Hélène Desputeaux, et Les 400 coups, fondée par Serge Théroux en 1994, qui sauront se démarquer à l’étranger. On pense ici à Poil de serpent dent d’araignée (1996) écrit par Danielle Marcotte et illustré par Stéphane Poulin qui, en 1998, reçoit un prix de l’Union internationale pour les Livres de jeunesse (IBBY) ainsi qu’à Anne Villeneuve qui remporte le prix Wallonie-Bruxelles en 2000 avec L’écharpe rouge. Les années 2000 marquent le début d’une période prolifique pendant laquelle la création n’a plus à rivaliser aussi ardemment avec la compétition étrangère.

Une littérature qui se fait 15
8 Yolande Lavigueur, « Où sont passées les éditions Variétés ? », dans Lurelu, vol. 17, no 3, hiver 1995, p. 43.

Naissent alors La Pastèque, La Bagnole, Isatis, puis Comme des géants, D’eux, Fonfon et autres, qui viendront enrichir le milieu littéraire jeunesse.

En 2022, on ne cherche plus nécessairement à élever les petits ni à contester une littérature traditionnelle empreinte de morales pieuses ou de personnages d’enfants parfaits, mais à accompagner les jeunes, à leur ouvrir le chemin de la vie, de la lecture et de la beauté. Il faut souligner que ces petits ont eu l’occasion, avec les années, d’enrichir leurs compétences en matière de lecture, grâce à une offre de plus en plus diversifiée et abondante. Grâce aussi à des adultes, parents et professeurs, de plus en plus curieux et soucieux de recourir à la littérature jeunesse dans le processus de lecture.

Et pourquoi donc faire une anthologie ?

L’intérêt d’une telle anthologie s’explique et se justifie d’abord par l’absence d’ouvrages consacrés essentiellement à l’album au Québec. Édith Madore, Dominique Demers, Françoise Lepage ont, dans les années 1990 et 2000, écrit des ouvrages de référence importants et incontournables dans lesquels la production de l’album, dans sa dimension historique surtout, est étudiée rigoureusement et en profondeur. La littérature pour la jeunesse au Québec (Boréal, 1994), Les 100 livres québécois pour la jeunesse qu’il faut lire (Nota Bene, 1998), Du Petit Poucet au Dernier des raisins : introduction à la littérature jeunesse (Québec Amérique, 1994) et Histoire de la littérature pour la jeunesse Québec et francophonies du Canada (David, 2000) ont été en ce sens des travaux essentiels sur lesquels notre réflexion a pu s’appuyer. S’ajoute la revue Lurelu, exclusivement consacrée à la littérature pour la jeunesse et fondée en 1978, qui a su fournir des réponses à nos interrogations. Tout comme le logiciel Lurindex sur lequel sont regroupés tous les titres recensés par la revue depuis sa création. D’autres chercheuses ont exploité le côté pédagogique de l’album, notamment Élaine Turgeon, mais aussi Andrée Poulin et L’album jeunesse, un trésor à exploiter, dans lequel elle s’adresse surtout aux professeurs de la maternelle à la 6e année. Ou encore le collectif Pleins feux sur l’album, dirigé par Isabelle Montésinos-Gelet, dans lequel les chercheurs réfléchissent aux usages de l’album en classe. Mais aucune rétrospective de l’album depuis sa naissance jusqu’aux années 2020 n’avait encore été faite ici.

S’il manquait encore au Québec, le travail d’anthologie a toutefois été exploré ailleurs. En tête, l’incontournable Les 1 001 livres pour enfants qu’il faut avoir lus avant de grandir, réalisé sous la direction de Julia Eccleshare et préfacé par Quentin Blake, qui a été notre inspiration dans cette aventure.

Plus encore, se lie à cette volonté de faire un portrait de la création d’albums depuis ses débuts un désir de rejoindre le plus large public qui soit. Faire connaître ce monde illustré à ceux qui découvrent et contemplent l’album sans en mesurer encore toute l’étendue, mais aussi servir de référence aux principaux acteurs du milieu, passeurs de littérature que sont les chercheurs, les éditeurs, les professeurs depuis le primaire jusqu’à l’université, les libraires, intervenants et autres amoureux de l’image. Faire connaître tout un monde illustré qui évolue en symbiose avec notre société toujours de plus en plus ouverte et affirmée. Il fallait que les créateurs du Québec, des premiers initiateurs aux nouvelles plumes, aient enfin un ouvrage racontant quelques segments nous étant apparus comme des jalons historiques.

Mais comment choisir parmi l’abondance ?

Pour arriver à cette anthologie, il a bien sûr fallu faire des choix parmi la grande quantité d’albums offerts. Ainsi ont d’abord été retenues des œuvres

16 Sur les
de
traces
l’album québécois

francophones québécoises écrites et illustrées par des auteurs résidents du Québec. Cela s’entend, ce choix exclut bon nombre de magnifiques et excellents livres publiés par des maisons québécoises, des albums réalisés par des créateurs ne résidant pas au Québec et qui contribuent assurément à ce courant d’influences, mais nous voulions prendre le pouls de cette production entièrement pensée dans ce contexte nord-américain soumis déjà à mille et une influences. Comment, ici, dans ce territoire immense aux frontières poreuses, pensons-nous, créons-nous des œuvres qui se démarquent et, pour certaines, s’illustrent sur la scène internationale ? De quoi parle-t-on aux enfants ? Et comment le fait-on ?

Au total, c’est autour de 140 œuvres qui ont été retenues depuis les balbutiements dans les années 1940 jusqu’en 2020. Parmi celles-ci, 82 sont présentées et commentées. Puisque le choix des œuvres s’avérait difficile, nous avons resserré nos critères et sélectionné des albums qui, à l’époque où ils ont été publiés, ont participé à une certaine refonte, tout en s’offrant de façon singulière. C’est-à-dire en empruntant des chemins différents, en osant aborder des thèmes audacieux, comme la guerre et la solitude, ou plus légers, comme l’amitié, mais en le faisant surtout dans une approche exempte de didactisme, en s’adressant avant tout à l’intelligence de l’enfant, tout en se démarquant par leur qualité graphique et artistique. En ce sens, la relation entre le texte et l’illustration a été soigneusement étudiée. Nous avons retenu les œuvres où il y avait une symbiose entre les deux médiums, une correspondance claire sans que l’un fasse ombrage à l’autre. Bien sûr, nous sommes conscients qu’une sélection comporte toujours une part de subjectivité. De même, un titre fabuleux peut être passé inaperçu à sa sortie et connaître un intérêt tardif ou se révéler dix ans après sa parution. Dans cette optique, certaines œuvres ont peut-être été occultées de cette sélection. Quant au facteur « Prix littéraire », il n’a pas servi de levier à nos choix. Les prix offerts distinguent souvent le texte et les illustrations, s’éloignant ainsi de notre façon de concevoir l’album, en l’occurrence une entité dans laquelle les deux médiums travaillent de concert.

Enfin, les livres-disques – nombreux et magnifiques à La Montagne secrète et chez Planète rebelle –, malgré la riche combinaison texte-image, s’offrent plutôt comme un objet en trois, voire, quatre dimensions (texte-image-narrationmusique) et ont aussi été exclus de la sélection. De même pour la bande dessinée dont la singulière composition graphique nécessite une lecture différente des albums sélectionnés. Il en est ainsi pour le documentaire jeunesse. L’objectif didactique et le visuel plus factuel qu’artistique9 rendaient le comparatif difficile avec les textes de fiction.

Au menu

Sur les traces de l’album québécois relate de façon chronologique l’évolution de l’album au Québec. Pour chacun des titres choisis, un synopsis s’accompagne d’une présentation de l’œuvre, ce qui permet de saisir toute la portée offerte. Le livre est divisé en sept chapitres, depuis 1940 jusqu’à 2020, et chacune des époques est précédée d’une partie introductive permettant de bien situer les œuvres choisies dans le contexte de leur création. Puis, parce que beaucoup de titres magnifiques ont aussi participé à la richesse de cette littérature, une chronologie suit chacune des sections où l’on retrouve tout au plus dix titres aussi parus pendant la période présentée et que nous avons jugés révélateurs de l’époque.

9 À noter ici que le documentaire offert depuis quelques années dépasse largement la dimension didactique, s’offrant plutôt de manière hybride entre la fiction et le documentaire. En tête : En voiture de Pascal Blanchet, La Pastèque (2016), Ours brun blanc noir de Pascal Girard, La Pastèque (2018), Ces grands procès qui ont changé le monde de Francesca Trop, Les éditions du passage (2021) ou encore Tout le monde dort d’Iris Amizlev, Les éditions du passage (2019) s’inscrivent dans cette approche artistique. Dans cette optique, certains albums-documentaires peuvent se retrouver dans notre sélection.

Une littérature qui se fait 17

1940 Le début d’une aventure en images

18
Sur les traces de l’album québécois
20 Le lapin Biscotin au pays des quatre lapins Oncle Paul Odette Vincent 22 Sur la route avec Jésus Jeanne L’Archevêque Duguay Rodolphe Duguay 24 La famille Grenouille Albert Bolduc Henri Beaulac 26 Ristontac Andrée Maillet Robert La Palme

1940. la littérature Jeunesse avance à petits pas fragiles, mais confiants, depuis près de vingt ans. Sous l’œil vigilant du clergé, elle est toujours empreinte de bons sentiments, de valeurs catholiques et nationalistes. Devant l’abondante compétition étrangère, la rare production canadienne-française reste ainsi bien pâle. Moins de deux cents titres seront publiés, rééditions comprises, depuis le début des années 19201.

La Deuxième Guerre mondiale, qui force temporairement l’arrêt des importations européennes, vient toutefois changer la donne et favorise l’édition canadienne. Le public lecteur étant privé de livres, les éditeurs ont alors le champ libre et connaissent un essor considérable. À cela s’ajoute la Loi du séquestre national qui, sous le premier ministre William Lyon Mackenzie King, permet aux éditeurs de reproduire des œuvres françaises « moyennant le versement d’une redevance de 10 % au bureau du Séquestre des biens ennemis2 ». Les éditions Variétés s’en donneront à cœur joie dans cette voie en rééditant des titres européens, des traductions américaines et quelques créations d’ici. Au total, 550 titres seront publiés sous cette bannière pendant la décennie3. De plus, la loi Choquette, instaurée en 1925, demande aux écoles d’allouer la moitié de leur budget de livres à l’achat d’œuvres canadiennes. Les éditeurs doivent donc produire. L’édition jeunesse s’ouvre tranquillement au public grâce aux bibliothèques, notamment la Bibliothèque centrale de Montréal qui, en 1941, inaugure une section pour les enfants.

Mais les années 1940 sont aussi une décennie d’ouverture à l’art, une avant-garde qui se dessine avec les signataires du Refus global, des artistes qui manifestent avec force leur volonté de se défaire des vieux modèles et remettent en question les valeurs traditionnelles. Bien que les lectures des jeunes soient toujours contrôlées par l’Église, que les histoires laissent place à une représentation plutôt idéalisée des enfants et que les illustrations restent pour la plupart très conservatrices, ce vent de changement artistique est tout de même perceptible dans quelques livres jeunesse, comme dans la série de romans « Alfred » d’Alec Leduc-Pelletier, illustrés par la Maîtrise d’arts, une coopérative d’artisans fondée en 19395. La variation des angles, la stylisation de la forme et des couleurs ainsi qu’une attention portée à la réalité des enfants rendent compte d’une volonté d’exploration et d’un désir d’innover sur le plan littéraire. Déjà dans les années 1920 et 1930, le livre illustré connaît un essor grâce au renouveau de la gravure au Québec6. Jean-Paul Lemieux qui, à la fin des années 1920, revient de Paris « où il a rencontré

Clarence Gagnon », signera les illustrations du Petit page de Frontenac, roman historique de Maxine publié en 1930 dans lequel la ligne pure et sobre témoigne d’une nouvelle approche dans l’illustration.

C’est donc dans ce contexte particulier, à la fois tourné vers demain, mais toujours conservateur, où se côtoient biographies, romans pour adolescentes, romans historiques, contes, notamment ceux de Tante Lucille, que naissent les premiers albums. Entre La famille grenouille d’Albert Bolduc illustré par Henri Beaulac et paru en 1944 (qui sera traduit la même année en anglais sous le titre The Koax Family), les albums de Claude Robillard (Robin), ceux d’Odette Fumet-Vincent et de son mari Rodolphe Vincent qui veulent, avec leurs albums7, lutter contre l’invasion des comic books américains, les Beaux albums Tavi de Mgr Albert Tessier et Sur la route avec Jésus de Jeanne L’Archevêque Duguay, illustré par Rodolphe Duguay, il y a Ristontac. Écrit par Andrée Maillet et publié en 1945 par Lucien Parizeau, « un nouvel éditeur, adepte des nouvelles esthétiques importées d’Europe8 », cet album sort des sentiers battus grâce à ses illustrations réalisées par le peintre et caricaturiste Robert La Palme, un membre de l’avant-garde artistique québécoise. L’aventure de l’album jeunesse québécois venait de commencer.

1 Édith Madore, La littérature pour la jeunesse au Québec, Montréal, Boréal, 1994, p. 21.

2 Jacques Michon [dir.], Histoire de l’édition littéraire au Québec au XXe siècle : le temps des éditeurs, 1940-1959, Montréal, Fides, 1999, p. 23.

3 Noëlle Sorin, « La littérature pour la jeunesse aux éditions Variétés, 1940-1951 », coll. Cahiers du GRÉLQ, 7, Sherbrooke, Ex Libris, 2001, p. 65-140.

4 Suzanne Pouliot, « L’édition québécoise pour la jeunesse au XXe siècle : une histoire du livre et de la lecture située au confluent de la tradition et de la modernité », Globe. Revue internationale d’études québécoises, vol. 8, no 2, p. 203-235.

5 Coopérative fondée par Louis Parent, professeur de sculpture sur bois à l’École du meuble de Montréal. On sent ainsi l’importance d’une recherche stylistique accordée aux livres jeunesse. Suzanne Pouliot et collab., « L’édition pour le jeune public » dans Jacques Michon et Carole Gerson, Histoire du livre et de l’imprimé au Canada, 1918 à 1980, vol. 3, Montréal, PUM, 2007, p. 229-256. Il faut savoir aussi que, parmi les professeurs de cette école, on compte Jean-Paul Lemieux et, un peu plus tard, Paul-Émile Borduas et Frédéric Back qui y enseigneront le dessin. Pour en savoir plus : Martin Dubois, « L’école du meuble de Montréal. Au-delà de l’ébénisterie », dans Continuité, no 115, hiver 20072008, p. 21-25. https://id.erudit.org/iderudit/17420ac

6 Françoise Lepage, op. cit., 2000, p. 459.

7 Jeanne la désobéissante, Robert le vantard, L’oiseau de Petit Pierre et Petite maman publiés chez Fides en 1944.

8 Françoise Lepage, op.cit., 2000, p. 465.

1940 : Le début d’une aventure en images 19

Il arriva donc à Rex ce qui arrive toujours aux enfants têtus. Comme il somnolait, il crut que l’herbe avait bougé autour de lui. Il se rassura en se disant qu’il avait dû se tromper. Soudain, les folles avoines furent vivement secouées pour une seconde fois. Quelque chose rampait vers lui !

La famille Grenouille

Texte Albert Bolduc

Dessins Henri Beaulac

Éditeur Fides, Montréal

Année 1944

Pages 62

Figurant parmi les premiers albums offerts à la jeunesse canadiennefrançaise, La famille Grenouille reflète, par son thème enveloppant et ses personnages identifiables, une volonté sincère de rejoindre les enfants. Mais dans un contexte social encore fortement imprégné de la religion catholique – où l’obéissance, les valeurs familiales et l’amour de la nation sont valorisés –, difficile de s’affranchir de ces pressions sociales. Albert Bolduc traduit ce contexte traditionnel, tandis qu’Henri Beaulac ajoute un aspect moderne à l’ensemble.

Papa Grenouille ayant trouvé l’endroit parfait pour élever les enfants et « Maman Grenouille n’ayant pas discuté la décision de son mari », la famille vit heureuse et sans tracas sur l’étang

d’Okiri. Les deux rejetons, Rainette et Rex, qui ont chacun leur personnalité, pataugent de façon insouciante dans la mare. La fillette est sage, polie, douce, obéissante et mignonne « à croquer avec son petit nez, ses grands yeux dorés et ses menottes luisantes comme la porcelaine ». Rex, « l’enfant terrible de la maison », est tout le contraire, mais aussi gentil. L’histoire de Bolduc démarre véritablement lorsque la famille reçoit en héritage une maison située au bord du Lac-en-Cœur. La traversée pour s’y rendre mettra en lumière les dangers du voyage et de la désobéissance de Rex, tandis que l’arrivée sur les lieux permet aux parents de constater l’inégalité des classes. D’un côté du lac, la richesse, de l’autre, là où se trouve leur maison, la misère et la pauvreté.

24
Sur les traces de l’album québécois

Le ton moralisateur et paternaliste trahit cette époque pendant laquelle on regarde l’enfant – tout comme le peuple – de haut afin de l’élever, de lui montrer la voie. À cet effet abondent les commentaires du narrateur adulte sur les comportements des petits, notamment de Rex qui apprend de ses bêtises. S’ajoutent aussi quelques lignes sur le versant désolant du lac. Déçue de ce quartier, la mère remarque « qu’il serait difficile de bien élever sa famille dans un endroit aussi populeux et aussi tapageur ». Toute cette idéologie conservatrice, teintée de valeurs bourgeoises, est offerte dans une écriture recherchée et un style dépouillé, en lien avec cette volonté d’éduquer.

Le texte abondant est agrémenté des gravures d’Henri Beaulac – héritier du

courant Art déco1 – qui apportent une certaine légèreté et assurément une modernité à l’ensemble. La simplicité des formes et du trait s’allie à un jeu de contrastes fort entre le noir, le gris et le bourgogne qui tranchent sur les fonds blancs. Autre particularité : le constant mouvement dans le trait et un souci d’offrir des scènes débordantes de vie. Les grenouilles anthropomorphisées côtoient fourmis, fleurs, éphémères et autres habitants de l’étang dans une ronde des plus vibrantes. L’absence de cadre permet à ses personnages de vivre ici et là dans les pages, offrant au lecteur le loisir d’imaginer les alentours. Précurseur de l’album jeunesse au Québec, La famille Grenouille constitue ainsi une amorce des plus prometteuses.

1940 : Le début d’une aventure en images 25
1 Stéphanie Danaux, « Henri Beaulac et l’essor de la gravure sur linoléum au Québec », Revue de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, no 1, 2009, p. 42.

Autres albums significatifs 1940-1949

Pluck chez les fourmis Odette Vincent-Fumet

Beauchemin Montréal 47 p.

La petite maison de mon âme Odette Vincent-Fumet

Éditions du Lévrier Montréal 16 p.

Tante Lucille raconte

Tante Lucille

Marguerite Gauvreau

Granger Frères Montréal 24 p.

Pluck chez les abeilles Odette Vincent-Fumet

Beauchemin Montréal 45 p.

Sur les traces de l’album québécois

28
1940 1941 1942 1943 1944
1940 : Le début d’une aventure en images 29 1945 1946 1947 1948 1950 1949
Mimi la fourmi Claude Robillard Série « Les albums de Claude » Éditions de l’Arbre Montréal 28 p.

1950 et 1960 À petits pas fragiles

30 Sur les traces de l’album québécois
32 Ildège de la Pomme Fameuse Guy Mauffette Frédéric Back 34 La pêche à l’horizon Cécile Gagnon 36 Cric l’écureuil Odette Vincent-Fumet 38 Martine-aux-oiseaux Cécile Gagnon 40 La guerre du lion et de la girafe Claudine Vallerand Hubert Blais 42 Stella la petite étoile André Cailloux André Pradel 44 Un drôle de petit cheval Henriette Major Guy Gaucher 46 La souris bleue et les papillons cosmonautes Pauline Choquette Marie-Anastasie

l’essor ressenti au cours des années 1940 est de courte durée. Si la fin de la guerre apporte son lot de douceurs, vient aussi avec elle la reprise des importations, donc de la concurrence, ce qui coûte cher aux maisons canadiennesfrançaises. Édith Madore parle d’une période noire pour le monde éditorial. « Seuls les anciens éditeurs scolaires réussissent à survivre, comme Beauchemin, Fides, Granger et La Librairie générale canadienne1. » Il faut savoir aussi que, en 1965, la distribution de livres offerts en prix scolaire prend fin, une pratique qui assurait un revenu aux éditeurs.

Dans ce climat incertain, peu d’albums verront le jour, mais on sent une volonté de décloisonner le livre pour enfants, de le sortir d’un carcan rigide et éducatif afin de se rapprocher tranquillement, à petits pas fragiles, du lecteur. L’illustration et les thématiques présentées dans les rares albums sont encore influencées par le conservatisme, mais l’effervescence artistique et l’ambiance pré-Révolution tranquille se reflète dans quelques titres.

Les contes de Claudine Vallerand, mieux connue sous le nom de Maman Fonfon (fin 1950, début 1960), illustrés par Hubert Blais, s’inspirent de l’ouverture que l’on retrouve dans l’édition étrangère. La guerre du lion et de la girafe (1963) rappelle en ce sens le trait de Nathalie Parain chez Père Castor. Les albums de Guy Mauffette, illustrés par Frédéric Back s’inscrivent aussi dans cette tendance, notamment Ildège de la Pomme Fameuse (1960). Lepage explique que l’objectif principal de ce livre est, pour une première fois, d’amuser le lecteur par différents procédés humoristiques2. D’autres titres viendront assurer quelques tentatives de décloisonnement, comme La souris bleue et

le papillon cosmonaute de Pauline Choquette, illustré par Marie-Anastasie, paru en 1969. Un album qui rappelle l’exploration artistique amorcée dans les années 1940. Cécile Gagnon, dont la carrière débute dans les années 1960, marque quant à elle cette période transitoire entre autres avec Martine-aux-oiseaux (1966), alliant simplicité, sagesse et désir de rejoindre l’enfant.

Toutefois, les albums créés jusque-là s’adressent surtout aux enfants qui savent déjà lire. Henriette Major et Un drôle de petit cheval, illustré par Guy Gaucher en 1966, viendront combler cette lacune en visant les tout-petits. Elle inaugure alors une nouvelle façon de faire, notamment dans le trait candide qui rappelle le dessin d’enfant tout en provoquant un dialogue entre le texte et l’image.

Pendant ce temps, aux États-Unis et en Europe, de nouveaux talents émergent et, avec eux, des albums teintés d’imaginaire qui reflètent le monde de l’enfance. Maurice Sendak publie en 1955 Where the Wild Things are? et le désormais classique Max et les maximonstres (1965), tandis que Tomi Ungerer se lance avec Trois brigands (1962). Au Canada anglais, c’est avec The wind has wings: Poems from Canada (1968) de Mary Alice Downie et Barbara Robertson, illustré par Elizabeth Cleaver, que l’illustration de l’album connaît un renouveau.

Décennies de transition timide pour l’album, d’où l’urgence de sortir des sentiers battus, de rejoindre les petits où ils sont et dans ce qu’ils sont.

1 Édith Madore, op. cit., 1996, f. 106.

2 Françoise Lepage, op. cit., 2000, p. 476.

1950 et 1960 : À petits pas fragiles 31

Jument grise et son poulain demeuraient sur la ferme de monsieur Grégoire. Monsieur Grégoire possédait plusieurs chevaux : des blancs, des bruns, des noirs et des blonds. Mais il s’occupait surtout du petit cheval bleu.

Un drôle de petit cheval

Texte Henriette Major

Dessins Guy Gaucher

Éditeur Centre de psychologie et de pédagogie, Montréal

Année 1966

Pages 56

Pendant cette décennie plutôt tranquille en littérature jeunesse, Henriette Major et Guy Gaucher arrivent comme un vent de fraîcheur avec Un drôle de petit cheval. Cet album inaugure ici non seulement une nouvelle façon de jouer avec l’image, offrant une tenue graphique novatrice, mais amène une nouvelle forme, soit celle de s’adresser aux tout-petits. Public jusque-là « laissé pour compte1 », comme le souligne Françoise Lepage.

Voyons d’abord l’histoire, celle de ce petit cheval bleu « comme des yeux bleus ou comme le ciel quand il fait soleil » qui, à force d’être dorloté, admiré de tous, se met à dépérir, à maigrir. Malgré les bons soins de son maître, les menus spéciaux pour le guérir, rien n’y fait. Ce dernier le

relâche ainsi dans le pré, espérant qu’il trouvera une façon de se remettre sur pied. Ce qu’il fera. L’importance d’être soi, de trouver son milieu naturel, traverse ce récit empreint de liberté. Henriette Major y multiplie les métaphores, les répétitions, créant un rythme chantant, poétique tout en offrant un texte bref et simple.

Si le texte a tout pour rejoindre l’oreille des petits, les illustrations de Guy Gaucher saisissent par leur candeur et leur luminosité et, de ce fait, appuient la joie de vivre présente dans les mots de Major. Le trait enfantin perceptible dans cette volontaire façon de dépasser les contours, dans cette absence de perspective, dans le regard simple et expressif des personnages, capte l’intérêt du lecteur d’images. S’ajoute

44
Sur les traces de l’album québécois

à ce style naïf réalisé au crayon-feutre une mise en pages animée où les plans d’ensemble alternent avec de gros plans et où le héros est constamment présenté sous différents angles. De face, couché, enfoui dans les hautes herbes du pré fleuri, de côté, en mouvement, l’animal est en perpétuelle représentation. La première page permet, par exemple, d’entrevoir seulement la tête du petit équidé jetant un regard au lecteur. Le reste, tout blanc, dirige l’œil là où il le faut. Le texte assure, quant à lui, la présentation du cheval tout en bas de la page dans une phrase simple, répétition du titre, à laquelle on ajoute ce verbe qui introduit le lecteur dans l’histoire : « C’ÉTAIT UN DRÔLE DE PETIT CHEVAL. »

La typographie ajoute par ailleurs un effet à sa fonction première – soit celle d’attirer l’attention du lecteur – en devenant en quelque sorte image. Disposé ici et là, variant la couleur des lettres – voir le mot bleu écrit en bleu –, le texte prend entièrement part à l’iconographie. Les deux narrations sont alors en parfaite symbiose. L’illustration joue aussi parfois de contrastes, notamment dans cette page toute noire sur laquelle le texte, blanc, côtoie quelques parties du personnage, visibles même dans l’obscurité. « Sa crinière et ses sabots avaient des reflets d’opale comme l’étoile du soir. » Un lien de complémentarité que l’on retrouvera fréquemment dans l’album moderne.

De la même créatrice

Henriette Major et Cécile Gagnon, Kapuk, Héritage, Montréal, 1979, 16 p.

Henriette Major et Cécile Gagnon, Doudou les assiettes, Héritage, Montréal, 1979, 16 p.

1950 et 1960 : À petits pas fragiles 45
1 Françoise Lepage, op. cit., 2000, p. 477.

Autres albums significatifs 1950-1969

La famille hiver ou la petite princesse Neige Cécile Lagacé

Granger Frères Montréal 24 p.

Miki va à l’école Claudine Vallerand

Fides Montréal 24 p.

La fée des vents Tante Lucille

Granger Frères Montréal 24 p.

Sur les traces de l’album québécois

48
1950 1952 1954
1956 1958

Monsieur Trop et Monsieur Peu Claudine Vallerand

Fides

Montréal 16 p.

Kiri, le petit Castor Odette

Vincent-Fumet

Centre de psychologie et de pédagogie

Montréal 14 p.

Une révolte au pays des fleurs Marie St-Pierre

Leméac Montréal 22 p.

Caroline, la petite souris blanche

André Cailloux

André Pradel

Centre de psychologie et de pédagogie

Montréal 24 p.

1950 et 1960 : À petits pas fragiles 49 1960 1962 1964 1966 1970 1968

Contester et innover

52 La surprise de Dame Chenille

Henriette Major

Claude Lafortune

Jean-Louis Frund

54

Le petit sapin qui a poussé sur une étoile

Simone Bussières

Cécile Chabot

56 Pitatou et le printemps

Louise Pomminville

58

Ouram

Anne Vallières

60 Lazaros Olibrius

Christiane Duchesne

62

Ma vache Bossie

Gabrielle Roy Louise Pomminville

64

La cachette

Ginette Anfousse

66

Dou Ilvien

Bertrand Gauthier

Marie-Louise Gay

68

Une fenêtre dans ma tête (deuxième partie)

Raymond Plante

Roger Paré

70

Le bal des chenilles

Robert Soulières

Michèle Lemieux

72 Abécédaire

Marie-Francine Hébert

Gilles Tibo

50 Sur les traces de l’album québécois 1970

c’est dans cette décennie mouvementée sur les plans politique, social et culturel que naît l’album moderne québécois. Créé en réaction aux publications trop sages, catholiques, dans lesquelles l’enfant est représenté de façon idéalisée, comme on voudrait qu’il soit – propre, sage, poli, naïf – et non tel qu’il est, l’album des années 1970 ouvre la voie à l’expérimentation et connaît un début prometteur. Non seulement l’enfant fait partie intégrante des créations – on écrit et illustre pour lui, ses besoins –, mais les composantes plastiques de l’illustration se transforment – la couleur, les formats, les styles sont variés –et les rapports entre le texte et l’image se diversifient.

La fondation de L’école des loisirs en France ainsi que l’association de l’éditeur américain Harlin Quist et de l’éditeur François Ruy-Vidal révèlent des façons inédites de voir et de concevoir l’album, usant de nouvelles techniques comme l’aérographie – qui sera utilisée ici par Gilles Tibo un peu plus tard. La Française Nicole Claveloux s’inscrit dans cette effervescence, notamment avec La forêt des Lilas, publié en 1970 (Harlin Quist). En Europe, Babette Cole (Angleterre), Pierre Elie Ferrier, mieux connu sous le nom de Pef (France), et Lisbeth Zwerger (Autriche) participent à cette nouvelle vague.

Au Québec, Bertrand Gauthier et Réal Tremblay joueront le rôle de François Ruy-Vidal avec la fondation du Tamanoir en 1974. Ils veulent à tout prix éviter la présence de stéréotypes dans leurs publications, tout comme la mise en scène de contextes familiaux traditionnels. La représentation des enfants et des parents doit être revue ; on conteste une image surfaite. La série « Jiji et Pichou » de

Ginette Anfousse sera, en ce sens, le reflet de cette avancée, tout comme les titres Hou Ilva, Dou Ilvien et Hébert Luée de Marie-Louise Gay et Bertrand Gauthier.

Entre 1970 et 1975, quelques albums viennent aussi renouveler le milieu, marquer ce besoin de sortir du carcan conservateur et de s’ouvrir aux nouvelles tendances et valeurs. La surprise de Dame Chenille d’Henriette Major et Claude Lafortune (Centre de psychologie et de pédagogie, 1970), Ouram d’Anne Vallières (Leméac, 1973) et Lazaros Olibrius de Christiane Duchesne (Héritage, 1975) en sont. Pendant cette décennie de transition, on cherche ainsi à rejoindre l’enfant, à dialoguer avec lui, à en faire un partenaire et un complice des histoires. Tout comme dans la vie, l’enfant-personnage a droit à l’erreur, droit de se questionner, d’exprimer ses émotions, droit d’être entendu et d’être imparfait.

1970 : Contester et innover 51

Abécédaire

Texte Marie-Francine Hébert

Dessins Gilles Tibo

Éditeur La courte échelle, Montréal

Année 1979

Pages 32

Marie-Francine Hébert fait son entrée en littérature jeunesse avec Abécédaire1, un album innovateur dans lequel elle s’éloigne de la fonction essentiellement didactique associée à ce type d’ouvrages pour se tourner vers l’enfant et ses besoins. Osant aborder des thèmes encore peu exploités en littérature jeunesse, comme ceux de la sexualité ou encore de l’affirmation de soi, l’autrice parvient ainsi à unir apprentissage de la lecture – fonction première de l’abécédaire –, amusement et préoccupations d’enfants avec audace et créativité.

Dès l’amorce, Hébert installe l’aspect ludique. Un premier encadré situé en haut de la page de gauche laisse entendre des voix qui dialoguent dans des phylactères. D’abord invisibles,

Quand je suis de bonne humeur, Je ris hi ! hi ! hi ! Quand je suis de mauvaise humeur, je soupire ha ! Quand je suis heureux(se), je crie hip ! hip ! hourra !

Quand je suis malheureux(se), je pleure hou ! hou ! hou !

Raconte-moi une histoire dans laquelle on commence par être malheureux(se) et on finit par être heureux(se)…

deux personnages prennent lentement forme pour apparaître entièrement dans le bas de la page grâce au pointillisme de Gilles Tibo. Satisfaits de leur allure, le petit garçon et la fillette s’avancent, main dans la main, sur la page de droite et grimpent sur la lettre A qui les mène à la page suivante. Installés tout en haut du A, ils glissent sur l’autre versant de la lettre dans un « Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! » que l’on imagine tonitruant tout en rebondissant sur le B situé sur l’autre page.

Chacune des lettres est présentée dans une mise en scène jouée par les deux héros et toujours accompagnée de quelques objets, de mots composés de la lettre désignée ou encore de questions invitant le lecteur à réfléchir. Par exemple, la lettre C est

Sur les traces de l’album québécois

72

visuellement présentée par un arcen-ciel et complétée par ces appels au lecteur : Comment ça va ? Sais-tu compter jusqu’à cinq ? Combien y a-t-il de C dans le nom que tu portes ? Les personnages font plus que simplement présenter des mots, mais introduisent des sujets de façon particulière. À la lettre D, ils se retrouvent nus, prétexte pour établir les ressemblances et les différences physiques entre les deux. Le N, immense, est introduit pour sa part avec cette phrase, toute simple : « On a le droit de dire non ! » Chaque page étant un appel à la réflexion et à la participation du lecteur.

À ce texte fouillé, amusant et innovateur, la recherche graphique élaborée par Gilles Tibo assure un complément empreint d’anticonformisme.

L’illustrateur s’amuse avec les lettres, les personnalise, crée des illusions d’optique, les dispose ici et là dans la page selon le jeu auquel se livrent les protagonistes. La mise en pages invite ainsi les lecteurs à tourner littéralement l’album pour lire le texte, à suivre les deux enfants qui sont constamment en mouvement et surtout à prendre part à leur jeu. Grâce à sa dimension ludique, à l’appel au lecteur, Abécédaire rejoint le besoin de renouveau présent dans l’album et clôt avec engagement cette décennie de contestation.

Des mêmes créateur·trice·s

Marie-Francine Hébert et Darcia Labrosse, Le voyage de la vie, La courte échelle, Montréal, 1984, 24 p.

Félix Leclerc et Gilles Tibo, Le tour de l’île, La courte échelle, Montréal, 1980, 28 p.

Grand-père Cailloux et Gilles Tibo, Je te laisse une caresse, Le Tamanoir, Montréal, 1976, 24 p.

1 Marie-Francine Hébert a d’abord écrit deux pièces de théâtre pour la jeunesse : Une ligne blanche au jambon, Montréal, Leméac, Montréal, 1974, et Marie-Francine Hébert et Gilles Tibo (illustrations), Cé tellement cute des enfants, Quinze, Montréal, 1975.

1970 : Contester et innover 73

Autres albums significatifs 1970-1979

74 Sur les traces de l’album québécois
1970 1971 1972 1973 1974 Pitatou et les pommiers Louise Pomminville Leméac Montréal 26 p. Michouette Michèle Bonneville Monique Duguay Paulines Montréal 14 p. La Famille Citrouillard Rita Scalabrini Leméac Montréal 28 p.

Le triste dragon Christiane Duchesne Héritage Montréal 12 p.

Étoifilan Bertrand Gauthier Gilles Pednault

Le Tamanoir Montréal 28 p.

La petite chenille Catherine Beaulé Monique Lauzon

Paulines Montréal 14 p.

Le loup, l’oiseau et le violoncelle Christiane Duchesne

Le Tamanoir Montréal 24 p.

Le prince sourire et le lys bleu Louis-Philippe Côté Gilles Tibo

La courte échelle Montréal 32 p.

Je te laisse une caresse Grand-père Cailloux Gilles Tibo

La courte échelle Montréal 24 p.

1970 : Contester et innover 75 1975 1976 1977 1978 1980 1979

Modernité et ouverture

94 Benjamin et la saga des oreillers Stéphane Poulin

96

Mais que font les fées avec toutes ces dents ? Michel Luppens Philippe Béha

98 Série « Caillou » Hélène Desputeaux

92 Simon et les flocons de neige Gilles Tibo

76 Sur les traces de l’album québécois 1980
78 Seul au monde Robert Soulières Philippe Béha 80
Pierre Foglia Richard Parent 82 La sœur de Robert Marie-Louise Gay 84 Plaisirs de chats Roger Paré 86
Chrystine
Philippe Béha
Labrosse
Monsieur Jean-Jules
Un secret bien gardé
Brouillet
88 Le voyage de la vie Marie-Francine Hébert Darcia
90
Zunik dans le championnat Bertrand Gauthier Daniel Sylvestre

si l’album connaît une période florissante dans la deuxième partie des années 1970, un léger déclin s’annonce dans les années 1980. Et ce n’est pas parce que l’édition jeunesse bat de l’aile, au contraire, elle va de mieux en mieux. La diversification et la qualité des genres, tout comme la régularité de la production, l’ouverture de secteurs jeunesse chez plusieurs éditeurs, expliquent en partie cette santé. Mais certaines maisons d’édition, telles que Paulines et Québec Amérique, délaissent la publication de l’album pour celle, plus lucrative, du roman. Même La courte échelle (anciennement Le Tamanoir) crée trois collections de romans alors que l’album prend une seconde place. La maison Ovale, qui lance au début de la décennie une collection tout-carton pour les bébés et publie une bonne dizaine d’albums sur les légendes du Québec, disparaît quant à elle après dix ans d’édition. Les coûts de production de l’album et la compétition que lui livrent les romans pour premiers lecteurs sont en cause dans ce ralentissement.

Qu’à cela ne tienne, la qualité des ouvrages, la richesse et la diversité des styles d’illustrations ne périclitent aucunement et ouvrent la voie à un album toujours plus surprenant1. La contestation de l’enfant modèle et des formes traditionnelles est encore bien sentie, surtout dans la première moitié de la décennie. L’image se diversifie ; jouant sur les plans, les perspectives, les cadrages, elle transgresse les codes, les tabous et les conventions. Les auteurs et illustrateurs exploitent des thèmes délicats, traitent de problèmes familiaux, sociaux et font de surcroît appel à la lucidité des enfants. Comme nous pouvons le constater dans ces albums, le monde des adultes est

sévèrement critiqué et mis en opposition avec celui, plus authentique, spontané et lucide, des enfants. Seul au monde de Philippe Béha, en tête, ou encore Monsieur Jean-Jules, signé Pierre Foglia et illustré par Richard Parent (1982). Les traits acérés, les personnages déformés, sortant des cadres, participent de cette vague. Marie-Louise Gay et La sœur de Robert en sont un exemple patent. Puis, l’esprit de contestation s’essouffle tranquillement en fin de décennie et cède le pas – à côté des illustrateurs étrangers, tels Claude Ponti qui fait fureur avec L’album d’Adèle (1986) –à une variété de styles, à une nouvelle figuration avec l’arrivée des Stéphane Poulin, Pierre Pratt et autres.

1 La naissance de l’Association des illustrateurs et illustratrices en 1982 et le lancement de nouvelles collections favorisent l’apparition de différents types d’albums. Livre-disque, livre-jeu sous diverses formes (éducatif, ludique, etc.), Édith Madore, op. cit., 1994, p. 44.

1980 : Modernité et ouverture 77

Mais que font les fées avec toutes ces dents ?

Texte Michel Luppens

Dessins Philippe Béha

Éditeur Raton Laveur, Saint-Hubert

Année 1989

Pages 24

Après une décennie d’albums de plus en en plus tournés vers l’enfant et ses besoins, offrant des thèmes axés sur le quotidien des petits, voilà que Béha et Luppens plongent dans le merveilleux du conte, conjuguant avec désinvolture et vivacité préoccupations enfantines et imaginaire, un créneau qui se développera surtout à partir des années 1990.

« Perdre sa première dent est un évènement très important […] Mais t’es-tu déjà demandé ce que font les fées avec toutes ces dents ? » Cette amorce interpelle directement le lecteur, alors que l’illustration de Béha met en scène trois petites fées tournoyant autour d’un garçon endormi. L’une d’elles récupère la dent, l’autre tient une enveloppe – la fameuse lettre

En font-elles des colliers ?

[…] À moins qu’elles n’utilisent les plus longues pour se déguiser pour l’Halloween… Ou les plus brillantes pour obtenir de la poudre d’étoile… Qui sait ?

Portent-elles les plus cariées à quelque sorcière pour en faire des potions magiques…

de merci –, tandis que la troisième fait signe au chat de garder le silence. Tout en bas de l’image, une peluche montre son sourire édenté.

La suite est intrigante, d’autant plus que l’illustration pleine page invite l’œil vers la droite, où se trouve justement la fée qui récupère la dent. On veut savoir ce qu’elle va en faire.

Ainsi, dans une suite de doubles pages, le duo imagine différentes situations permettant au lecteur de réfléchir au destin de ces dents récupérées. Fabrication de colliers, de scies, de maracas, de dentiers, les idées pullulent, chacune assurant une narration visuelle ludique et humoristique. Le trait de Béha offre une complémentarité qui titille l’œil et l’intérêt des

Sur les traces de l’album québécois

96

lecteurs jusqu’à la fin, chute efficace, où le narrateur demande si les fées rendent aussi visite aux animaux. L’illustration sur laquelle se trouve une faune fixant deux poules et leurs poussins, becs fermés, qui courent vers la droite, suivis par cette horde d’édentés, complète le propos.

Il faut voir dans cet album l’évolution du trait de Béha qui, acéré au début de la décennie, s’arrondit et adopte une posture plus amusante que contestataire. On est loin de Seul au monde ou d’Un secret bien gardé, dans lesquels la critique et le désir d’explorer de nouvelles avenues s’imposaient. Avec Mais que font les fées avec toutes ces dents ?, Béha met en lumière ce désir de jouer avec le lecteur. Les couleurs éclatantes portent des scènes où foisonnent mille

et un détails liés aux dents. Comble du jeu, les fées, petites cueilleuses de ces précieuses billes blanches, offrent leur plus beau sourire… sans dents. Mais que font les fées avec toutes ces dents ? amène un renouveau dans l’histoire de l’album, libéré de cet irrépressible et nécessaire besoin de contester, tourné vers l’enfant.

Des mêmes créateurs

Michel Luppens et Philippe Béha, Mais où les fées des dents vont-elles chercher tout cet argent ?, Raton Laveur, Saint-Hubert, 1996, 21 p.

Michel Luppens et Roxane Paradis, La Saint-Valentin des animaux, Raton Laveur, Saint-Hubert, 1995, 22 p.

Philippe Béha, Où dors-tu ?, Ovale, Sillery, 1985, 22 p.

1980 : Modernité et ouverture 97

Autres albums significatifs 1980-1989

Une bien mauvaise grippe Robert Soulières Michèle Lemieux

Pierre Tisseyre Montréal 21 p.

Le roi de Novilande Cécile Gagnon

Darcia Labrosse

Cercle du livre de France Montréal 21 p.

Clins d’œil et pieds de nez

Raymond Plante

Johanne Pépin

La courte échelle Montréal 24 p.

Archibaldo le dragon

Louise Vanhee-Nelson

Philippe Béha

Paulines Montréal 27 p.

Le chandail de hockey Roch Carrier

Sheldon Cohen

Toundra Montréal 24 p.

100 Sur les traces de l’album québécois
1980 1981 1982 1983 1984
1980 : Modernité et ouverture 101 1985 1986 1987 1988 1990 1989 Album de famille Stéphane Poulin Michel Quintin Waterloo 23 p. Bonne fête, Madeleine ! Michel Aubin Hélène Desputeaux Boréal Montréal 24 p. Angèle et l’ours polaire Marie-Louise Gay Héritage Montréal 30 p. Les grandes menaces Marie-Hélène Jarry Philippe Béha Raton Laveur Saint-Hubert 24 p.

Affirmation de l’album

102 Sur les traces de l’album québécois 1990
104 Au cinéma avec papa Dominique Jolin 106 Mon chien est un éléphant Rémy Simard Pierre Pratt 108 Le baiser maléfique Robert Soulières Stéphane Jorisch 110 Nuit d’orage Michèle Lemieux 112 Poil de serpent dent d’araignée Danielle Marcotte Stéphane Poulin 114 À chat perché Daniel Sylvestre 116 Pas de taches pour une girafe Lucie Papineau Marisol Sarrazin 118 Roméo le rat romantique Carole Tremblay Dominique Jolin 120 Le chasseur d’arc-en-ciel Yayo 122 Charlotte et l’île du Destin Stéphane Jorisch Olivier Lasser 124 Edmond l’affreux raton Christiane Duchesne Steve Beshwaty 126 Les nuits de Rose Mireille Levert 128 La grande aventure d’un petit mouton noir Marie-Danielle Croteau Geneviève Côté 130 L’écharpe rouge Anne Villeneuve 132 Stella étoile de la mer Marie-Louise Gay

au cours des années 1980, le secteur jeunesse est parvenu à se tailler une place de choix dans le monde de l’édition et il atteint, au tournant de la décennie 1990, « l’âge de la maturité », pour reprendre les propos de feu Raymond Plante1. Le nombre de titres tout comme les tirages augmentent, ainsi que les ventes à l’étranger. Malgré ce contexte florissant, la production de l’album est encore en chute libre jusqu’au milieu de la décennie, où plusieurs maisons d’édition spécialisées en jeunesse voient le jour, notamment Les 400 coups en 1994 et Dominique et compagnie en 1997 – qui publieront tous leurs albums simultanément en français et en anglais, ouvrant la porte à l’international –, tandis que les éditions Raton Laveur, La courte échelle et Chouette poursuivent leur route.

Pendant cette décennie, l’illustration québécoise s’enrichit de nouvelles représentations de l’enfance, plus libérée. On sort de l’obligation de représenter le réel et on ouvre la voie à l’imaginaire. Mon chien est un éléphant de Rémy Simard et Pierre Pratt (Annick Press, 1994) s’inscrit de plein fouet dans cette vague qui valorise l’envolée créative de l’enfant, le rêve, l’évasion.

Le mouvement dans le trait, l’imperfection, l’abondance de détails et de couleurs sillonnent les différents albums créés au cours de cette période. L’exploitation de diverses techniques – pastel, encre, crayon, collage –permet d’offrir une grande variété d’univers pour tous les groupes d’âge, allant de Caillou, personnage créé en 1989 par Hélène Desputeaux, à L’écharpe rouge d’Anne Villeneuve (Les 400 coups, 1999) en passant par Le bobo des animaux de Sylvain Tremblay et Gilles Tibo (Dominique

et compagnie, 1997) ou La grande aventure d’un petit mouton noir de Marie-Danielle Croteau et Geneviève Côté (Dominique et compagnie, 1999). L’accessibilité aux albums est favorisée grâce aux couvertures souples, un support peu coûteux et privilégié par les différents éditeurs en Amérique du Nord et au Royaume-Uni.

De nombreux illustrateurs poursuivent le parcours entamé dans les années 1980 en modulant leur style, en arrondissant les formes – Philippe Béha, Marie-Louise Gay en tête –, alors que d’autres font leurs premiers pas, tel Stéphane Jorisch dont le trait énigmatique met en scène des personnages étonnants, ambigus. De nouveaux styles apparaissent, diversifiant et enrichissant l’album. Le réalisme poétique de Stéphane Poulin, observable dans ses peintures à l’huile profondes et envoûtantes, épouse ainsi avec doigté des thèmes difficiles ou des univers mystérieux, que l’on pense à Poil de serpent dent d’araignée de Danielle Marcotte (Les 400 coups, 1996) ou à Touche pas à mon corps, Tatie Jacotte ! (Les 400 coups, 1999). La rondeur et l’humour du trait de Dominique Jolin assurent avec pertinence et vivacité des thèmes inscrits dans le quotidien des petits, notamment la série « Toupie et Binou » et Qu’est-ce que vous faites là ? (Raton Laveur, 1993).

L’album s’éclate, emprunte différentes avenues dans lesquelles l’illustration, tout autant que le texte, devient un outil de communication à part entière.

1990 : Affirmation de l’album 103
1 Jacques Michon [dir.], Histoire de l’édition littéraire au Québec au XXe siècle : la bataille du livre, 1960-2000, vol. 3, Fides, Montréal, 2010, p. 236.

Tout à coup, l’attention de Florentine est attirée par un étrange babillage. Elle aperçoit entre les branchages un garçon à l’aspect douteux […] Troublée, Florentine force davantage son attention. Elle découvre alors, autour du garçon, une multitude de crapauds visqueux et purulents.

Poil de serpent dent d’araignée

Texte Danielle Marcotte

Dessins Stéphane Poulin

Éditeur Les 400 coups, Montréal

Année 1996

Pages 32

Poil de serpent dent d’araignée s’inscrit sans conteste dans notre sélection pour ses qualités esthétique d’abord, puis pour la relation exceptionnelle qu’on y trouve entre le texte – foisonnant – et la profondeur des illustrations. D’abord paru en 1984 sous le titre Par la bave de mon crapaud (Ovale), l’album, alors écrit par Danielle Marcotte et illustré par Philippe Béha, a été complètement revu par l’autrice qui signe cette nouvelle mouture, illustrée cette fois-ci par Stéphane Poulin.

L’histoire écrite par Marcotte est inspirée d’un fait réel datant de 1742 et se déroulant dans le Faubourg Saint-Joseph à Montréal. Bien qu’elle modifie plusieurs situations, crée des personnages – tous les enfants

de l’histoire – et en élimine d’autres, l’autrice est restée fidèle à l’amorce de l’histoire. Cette dernière met en scène Charles Robidoux qui, ayant perdu quelques oboles et cherchant le coupable, fait appel à François-Charles Havard De Beaufort, dit l’Avocat, « connu comme amuseur public et “sorcier”1 », pour retrouver le coupable.

Dans l’album, Charles Robidoux tient le rôle d’un père colérique qui accuse sa fille Florence d’avoir volé son coffre de fortune. Marcotte déplace ainsi le rôle principal vers celui de la fillette – que le lecteur suivra tout au long du conte. Devant l’ire de son père, apeurée, Florence fuit le logis et se retrouve tout près du marais, où elle rencontre Crapoussin qui l’aidera, à coups de sorcellerie, d’incantations et d’autres

traces de l’album québécois

112 Sur les

machinations, à sortir de cette situation intenable.

Cette deuxième version s’éloigne de la légèreté et de l’humour contenus dans l’album de 1984. Marcotte a revu l’écriture qui devient plus descriptive que dans la première version, offrant une richesse de langue qui nous éloigne du temps présent et nous plonge dans cet hier sibyllin. Le vocabulaire recherché fait de mots anciens – tels croupetons (XIIe), couroux (Xe) ou encore cassette, qui nous vient de l’ancien français casse (XIVe) – sert ainsi un texte riche dans lequel règne une atmosphère lugubre, mystérieuse et inquiétante. La traversée de la forêt sombre et l’intrusion dans l’antre de la sorcière contribuent à maintenir le suspense jusqu’à la finale où le méchant et menteur Charles

Robidoux recevra la bastonnade, administrée comme par enchantement par son tire-pied.

Enfin, alors que le trait coloré, touffu et grouillant de Béha adhérait à l’esprit fantaisiste présent dans Par la bave de mon crapaud, le style expressionniste de Poulin sied davantage et admirablement à l’ambiance créée par Marcotte. Un incontournable dans lequel l’omniprésence des enfants tisse tout naturellement un lien avec ce cas de sorcellerie devenu légende.

Des mêmes créateur·trice·s

Danielle Marcotte et François Thisdale, Célestine, Les 400 coups, Montréal, 2002, 40 p.

Danielle Marcotte et Philippe Béha, Par la bave de mon crapaud, Ovale, Sillery, 1984, 32 p.

Stanley Péan et Stéphane Poulin, Un petit garçon qui avait peur de tout et de rien, La courte échelle, Montréal, 1997, 21 p.

Stéphane Poulin, Les amours de ma mère. Contes et mensonges de mon enfance, Annick Press, Toronto, 1990, 29 p.

1 André Lachance, « Havard de Beaufort, François-Charles », Dictionnaire biographique du Canada, vol. III (1741-1770), Université Laval/ University of Toronto, 2003, http://www. biographi.ca/fr/bio/havard_de_beaufort_ francois_charles_3F.html.

1990 : Affirmation de l’album 113

Autres albums significatifs 1990-1999

Sur les traces de l’album québécois

134
1990 1991 1992 1993 1994 Les fantaisies de l’oncle Henri Bénédicte Froissart Pierre Pratt Annick Press Toronto 32 p. Qu’est-ce que vous faites là ? Dominique Jolin Raton Laveur Saint-Hubert 22 p. De l’ange au zèbre Cécile Gagnon Béatrice Leclercq Pierre Tisseyre Montréal 58 p. La soupe
Geneviève Lemieux Pierre Berthiaume Raton Laveur Saint-Hubert 22 p. Mimi-la-nuit Marie-Louise Gay Héritage Saint-Lambert 28 p.
aux sous

Au lit, princesse Émilie !

Pierrette Dubé Yayo

Le Raton Laveur Saint-Hubert 24 p.

Le dodo des animaux

Gilles Tibo

Sylvain Tremblay

Héritage Saint-Lambert 32 p.

L’ourson qui voulait une Juliette Jasmine Dubé

Leanne Franson

La courte échelle Montréal 24 p.

Grattelle au bois mordant

Jasmine Dubé

Doris Barrette

La courte échelle Montréal 24 p.

Cruelle Cruellina

Carole Tremblay

Dominique Jolin

Les 400 coups

Montréal 32 p.

Casse-Noisette

Lucie Papineau

Stéphane Jorisch

Dominique et compagnie

Saint-Lambert

32 p.

1990 : Affirmation de l’album 135 1995 1996 1997 1998 2000 1999

2000 Un réel vrombissement

136 Sur les traces de l’album québécois
138 Vieux Thomas et la petite fée Dominique Demers Stéphane Poulin 140 Nul poisson où aller Marie-Francine Hébert Janice Nadeau 142 Le cœur de monsieur Gauguin Marie-Danielle Croteau Isabelle Arsenault 144 Le grand voyage de Monsieur Gilles Tibo Luc Melanson 146 Le trésor de Jacob Lucie Papineau Steve Adams 148 Ma maman du photomaton Yves Nadon Manon Gauthier 150 La mer Marianne Dubuc 152 La petite rapporteuse de mots Danielle Simard Geneviève Côté 154 Chère Traudi Anne Villeneuve 156 L’étoile de Sarajevo Jacques Pasquet Pierre Pratt

le travail mené depuis les années 1940 par les différents intervenants, passeurs et créateurs pour se doter d’une littérature jeunesse québécoise et la volonté d’offrir qualité et singularité, tout en respectant l’enfant et ses besoins en matière de lecture, ouvrent la voie à une nouvelle décennie, riche de tous les possibles. Début prometteur d’un siècle à faire, à construire pour et avec les enfants, en gardant en mémoire les précédents créateurs.

À côté des thèmes intemporels et universels que sont l’amour, l’amitié et la famille, la guerre, la violence, la mort, les changements climatiques, la réalité des migrants – autrefois surtout mis en scène dans le roman – infiltrent de plus en plus les albums.

Quelques maisons d’édition naissent au cours des années 2000 qui renouvellent, à côté des 400 coups et autres, leur façon de s’adresser aux enfants. Monologues et dialogues côtoient la poésie des albums sans texte, là où l’image devient narration. De plus, la qualité graphique des albums est importante pour les éditeurs spécialisés qui ont à cœur d’offrir non seulement des histoires qui sauront toucher les enfants, mais des œuvres visuellement évocatrices.

Dans cette foulée naissent en 2004 les Éditions de l’Isatis et, avec elles, cette volonté d’initier les petits à la poésie en éditant des histoires inspirées du quotidien des enfants. La Pastèque, fondée en 1998 et spécialisée en bande dessinée québécoise, ouvre quant à elle un volet jeunesse en 2009 et signe le début d’une aventure avec Harvey, roman graphique d’Hervé Bouchard et Janice Nadeau. Parallèlement à ces nouveautés, auteurs et

illustrateurs ne cessent de peaufiner leur art, délaissant le plus possible l’aspect didactique au profit d’une profondeur poétique, d’un humour décapant ou d’une figuration éclatée. L’illustration abstraite de Virginie Egger dans Recette d’éléphant à la sauce vieux pneu (Les 400 coups, 2002) côtoie la douceur du trait de Gabrielle Grimard. Plus rien ne semble impossible dans la façon de raconter une histoire aux enfants. À l’instar de plusieurs auteurs et illustrateurs, Yves Nadon et Manon Gauthier parlent de mort dans Ma maman du photomaton1 (Les 400 coups, 2006), Danielle Simard et Geneviève Côté abordent la perte de mémoire dans La petite rapporteuse de mots (Les 400 coups, 2007), alors que Jacques Pasquet et Marion Arbona expriment la réalité des insulaires inuits dans Mon île blessée (Isatis, 2009). Coup d’œil sur la beauté des albums qui ouvrent ce nouveau millénaire.

1 Hervé Bouchard et Janice Nadeau dans Harvey, comment je suis devenu invisible (La Pastèque), Dominique Demers et Stéphane Poulin dans Vieux Thomas et la petite fée (Dominique et compagnie), Gilles Tibo et Janice Nadeau dans Ma meilleure amie (Québec Amérique) aborderont aussi ce thème au cours de la décennie.

2000 : Un réel vrombissement 137

Amina n’aime pas cette cave sombre et humide. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas vu la lumière du jour ? Elle ne le sait plus. La guerre a tué les jours et les semaines quand les bombes ont frappé l’immeuble. Elle ne se souvient que des cris et des pleurs, puis de la panique et de la course folle dans l’escalier. Maintenant, il ne lui reste plus que les images de sa mémoire pour se rappeler le temps d’avant.

L’étoile de Sarajevo

Texte Jacques Pasquet

Dessins Pierre Pratt

Éditeur Dominique et compagnie, Saint-Lambert

Année 2008

Pages 32

À l’instar de Marie-Francine Hébert et d’Anne Villeneuve, Jacques Pasquet aborde tout en finesse le thème de la guerre, celle qui dévaste et emprisonne, celle qui crée des monstres, détruit la mémoire d’un peuple et empêche les pères de revenir réconforter leurs petites filles.

Inspiré par les conflits en Yougoslavie pendant lesquels la bibliothèque nationale et universitaire de Sarajevo, haut lieu de culture et joyau architectural de la ville, est détruite, l’auteur raconte la peur à hauteur d’enfant. La petite Amina profite du sommeil de sa mère pour sortir de la cave et découvrir sa ville dévastée. Marchant dans les rues qu’elle n’arrive pas à reconnaître, sillonnant les ruines fumantes, la petite a l’idée de se réfugier dans

« son palais des mille et un livres ». Malheureusement, « le grand bâtiment, blessé à mort, agonise […] Il ne reste rien. Les monstres ont dévoré les rêves et déchiré les mémoires qui habitaient les livres ». Dans cet environnement de fin du monde, Amina retrouve un vieil ami, le gardien du parc, avec qui elle s’invente un monde guidé par une étoile. La finale, tragique, révèle que la petite confond l’étoile de ses rêves et un projectile.

La richesse de cet album est multiple. D’abord, la force évocatrice de Pasquet, sa façon de suggérer le drame sans l’exposer de manière frontale assure un effet des plus réussis. Il joue d’allers-retours entre la vie d’avant, heureuse, douce, et cette réalité qui a tout détruit. Les souvenirs heureux

Sur les traces de l’album québécois

156

de la fillette créent ainsi un contraste immense avec ce monde ravagé.

Il y a aussi dans ce texte une richesse de langue, des tournures qui font état non seulement de la mort des hommes, mais de toute leur culture. C’est le cas lorsqu’il décrit les ruines de la bibliothèque, comme s’il s’agissait d’un humain. Il sous-tend l’idée de mémoricide, cette destruction de la mémoire d’un peuple, sujet encore peu exploité dans l’album. Sans amoindrir la force du propos, la narration omnisciente établit une certaine distance avec le lecteur, nécessaire à l’absorption de la finale.

Les grands tableaux de Pierre Pratt appuient ce contraste entre le tragique et la candeur de la petite, entre cet hier

paisible, des scènes ornées d’arbres, d’oiseaux, d’enfants, et ce réel sombre. La guerre est ressentie dans les obliques et les traits grossiers, dans les coups de pinceau gris à travers les ciels enfumés. Et au milieu de ces décors, la tendresse entre la petite et le vieil homme crève les pages, permet, malgré la fatalité, une fin des plus douces, à la manière de La vie est belle, chefd’œuvre de Roberto Benigni.

Des mêmes créateurs

Jacques Pasquet et Manon Gauthier, Coucou Bébé, Isatis, Montréal, 2011, 24 p.

Jacques Pasquet et Alain Reno, Comment l’ours blanc perdit sa queue, Les 400 coups, Montréal, 2003, 32 p.

Jacques Godbout et Pierre Pratt, Bizarres, les baisers, Les 400 coups, Montréal, 2006, 32 p.

Jacques Godbout et Pierre Pratt, Mes petites fesses, Les 400 coups, Montréal, 2002, 32 p.

2000 : Un réel vrombissement 157

Autres albums significatifs 2000-2009

Puce,

Les 400 coups

Recette

Virginie

Les 400 coups

Annabel et la bête Dominique Demers Stéphane

Dominique

158 Sur les traces de l’album québécois
2000 2001 2002 2003 2004 Nox et l’Archimusse. Le jour des monstres Christiane Duchesne Stéphane Jorisch
et compagnie Saint-Lambert 32 p.
Dominique
sauce
d’éléphant à la
vieux pneu Carole Tremblay
Egger
Montréal 24 p.
Sylvestre Élise Turcotte
échelle Montréal 16 p.
Thisdale
c’est sale Daniel
La courte
Célestine Danielle Marcotte François
Montréal 36 p.
Poulin
30 p.
et compagnie Saint-Lambert

Le roi voleur d’histoires

Pierrette Dubé

Philippe Germain

Imagine Montréal 32 p.

La vie bercée

Hélène Dorion

Janice Nadeau

Les 400 coups

Montréal 48 p.

Une maman pour Khadir

Andrée Poulin

Pascale Constantin

Imagine Montréal 32 p.

La clé Angèle Delaunois

Christine Delezenne

Isatis

Montréal 31 p.

Pétunia, princesse des pets

Dominique Demers

Catherine Lepage

Dominique et compagnie

Saint-Lambert 32 p.

Eskoumina. L’amour des petits fruits

Michel Noël

Sylvie Roberge

Gabrielle Grimard

Hurtubise HMH

Montréal 44 p.

Mon île blessée

Jacques Pasquet

Marion Arbona

Isatis

Montréal 32 p.

2000 : Un réel vrombissement 159 2005 2006 2007 2008 2010 2009

2010 Le vent dans les voiles

162

Une nuit en ville

Caroline Merola

164

Le roi de la patate

Rogé

166

Le monde de Théo

Louis Émond

Philippe Béha

168

La clé à molette

Elise Gravel

170

Un verger dans le ventre

Simon Boulerice

Gérard DuBois

172

Le lion et l’oiseau

Marianne Dubuc

174

Pablo trouve un trésor

Andrée Poulin

Isabelle Malenfant

176

Quand j’écris avec mon cœur

Mireille Levert

178

La petite truie, le vélo et la lune

Pierrette Dubé Orbie

180

Toto veut la pomme

Mathieu Lavoie

182

Aux toilettes

André Marois

Pierre Pratt

184

L’arbragan

Jacques Goldstyn

186

Au-delà de la forêt

Nadine Robert Gérard DuBois

188

Ma tête en l’air

Danielle Chaperon

Josée Bisaillon

190

Le livre où la poule meurt à la fin

François Blais

Valérie Boivin

192

La petite fille blanche

Lili Chartrand

Marie Lafrance

194

La cata

Angèle Delaunois

Alain Pilon

196

Mon lit de rêve

Gilles Tibo

Mathilde Cinq-Mars

198

Pet et Répète, la véritable histoire

Katia Canciani

Guillaume Perreault

200

Le pire livre du monde

Elise Gravel

202

Le grand méchant loup dans ma maison

Valérie Fontaine

Nathalie Dion

204

La ruelle d’hiver

Céline Comtois

Geneviève Després

Sur les traces de l’album québécois

160

la diversité des styles de l’illustration et des thèmes exploités ne se dément plus. La volonté de raconter la vie aux enfants dans tout ce qu’elle a de beau, mais aussi parfois d’horrible, stimule plus que jamais les créateurs qui jouent d’audace, de poésie et d’inventivité. Et cette effervescence résulte de la créativité des artistes et de nouveaux éditeurs qui sortent des sentiers battus et veulent plus que jamais offrir une littérature – et non des livres – dénuée de stéréotypes, ouverte sur le monde. Chacun cherchant une façon de se démarquer en évitant les lieux communs. Poésie, fantastique, policier, quotidien, plusieurs avenues sont privilégiées afin de répondre aux goûts éclectiques des jeunes lecteurs qui sont, plus que jamais, bombardés et stimulés par les médias visuels.

Andrée Poulin et l’illustrateur Enzo Lord Mariano racontent le sort des réfugiés dans Y’a pas de place chez nous (Québec Amérique, 2016), Marianne Dubuc parle d’amitié avec douceur et poésie dans Le lion et l’oiseau (La Pastèque, 2013), alors que Pascal Hérault et Geneviève Després initient les enfants au récit policier avec la série « Monsieur Lapin » (Les 400 coups, 2010).

Pendant cette décennie naissent plusieurs maisons, telles que Fonfon (2010), Comme des géants (2014), D’eux (2015), Monsieur Ed (2015), Album (2018) et d’autres plus nichées telles que Dent-de-lion, fondée par Rachel Arsenault et Stéphanie Barahona (2016), première maison de littérature jeunesse féministe, et Le lièvre de Mars (2018), où Nadine Robert dépoussière des classiques du patrimoine mondial.

Les nombreux Salons du livre, dont ceux spécialisés en jeunesse – Longueuil (1999) et Lachine (2018) –témoignent d’un intérêt de plus en plus marqué pour la littérature jeunesse. Quelques auteurs et illustrateurs sont connus sur la scène internationale grâce entre autres aux Foires du livre, surtout celle de Bologne, qui donnent une grande visibilité aux éditeurs d’ici. D’eux, Comme des géants, Les 400 coups, Monsieur Ed, les Éditions de La Pastèque et la courte échelle ont d’ailleurs respectivement reçu le prix BOP du meilleur éditeur jeunesse de l’année en Amérique du Nord (2014 pour les Éditions de La Pastèque, 2018 pour D’eux, 2019 pour Comme des géants, 2020 pour Les 400 coups, 2022 pour Monsieur Ed et 2023 pour la courte échelle).

Bien qu’encore trop délaissé par les médias – et méconnu aussi –, même si aux yeux de plusieurs il demeure encore fantaisie et amusement, l’album jeunesse québécois est parvenu en 2022 à se tailler une place de choix dans le champ de la littérature. Aux nombreux prix littéraires, récompenses et bourses offerts aux créateurs s’ajoutent différents évènements et organismes – CommunicationJeunesse (présent depuis 1971), la revue Lurelu (1978), Lire et faire lire (2002), De mots et de craie (2011), On a tous besoin d’histoires (2019), Le Pollen, Constellations et Sentiers littéraires pour enfants – qui veillent constamment à faire rayonner la littérature jeunesse et plus particulièrement l’album québécois.

2010 : Le vent dans les voiles 161

Le lion et l’oiseau

Texte/ Marianne Dubuc dessins

Éditeur Album, Montréal (La Pastèque, 2013)

Année 2018

Pages 72

Deux personnages, un jardin, de l’amitié et une étendue de silence. C’est tout en simplicité et avec une infinie douceur que Marianne Dubuc met en scène une rencontre, l’attente d’un retour et toute la beauté d’une complicité inattendue. Un échange entre ce lion, jardinier solitaire, et cet oiseau blessé. Le réconfort et la chaleur d’une maison accueillante, d’une lecture au coin du feu, partager un repas ou encore profiter de la neige deviennent des moments de grand bonheur parce que vécus à deux. Mais le printemps venu, l’oiseau, guéri de ses blessures, repart avec les siens. La vie, elle, continue de se manifester malgré l’absence, visible dans le cours des jours, dans ces tomates qui mûrissent, puis avec le retour de l’automne.

Regarde ! De la neige.

La neige est glacée, mais toi, tu seras bien au chaud. Et l’hiver passe ainsi, à deux, un jour à la fois. Un hiver tout blanc. Tout froid.

Mais le froid, à deux, ce n’est pas si mal que ça.

Sa singulière façon de créer les histoires et ce don de se placer à hauteur d’enfant font de Marianne Dubuc une incontournable de la sélection de cette décennie. Plusieurs titres de l’autrice auraient pu être retenus. En tête, Le gâteau et cette joie contagieuse partagée entre les personnages. Mais il fallait choisir. Alors, Le lion et l’oiseau, qui traduit tout aussi bien l’authenticité des enfants et l’amitié spontanée qui façonne leur quotidien, fait une place au silence, un témoin important de cette complicité naturelle. S’ajoute à cela la qualité de la relation entre le texte et les illustrations. La symbiose entre fond et forme, l’intelligence graphique et la finesse du trait.

Marianne Dubuc évoque ainsi la beauté d’une amitié au départ improbable

Sur les traces de l’album québécois

172

entre les personnages tout en insistant sur le temps qui passe. Elle le fait avec peu de mots, de courtes phrases, certaines tenues par un narrateur, d’autres par le lion.

Ces quelques mots posés discrètement ici et là, surtout au bas des scènes, cèdent la place aux illustrations qui s’offrent comme autant de tableaux, de regards portés sur cette amitié, mais également sur l’attente et l’espoir qui en découlent. Alternant entre des doubles pages, permettant de saisir en un coup d’œil l’ambiance du moment, et des encadrés sur fond blanc, privilégiant des instants d’intimité, le graphisme et le style naïf de Dubuc s’accordent avec la simplicité du texte. Le lion anthropomorphe, vêtu d’une salopette, et l’oiseau conservant ses

qualités de volatile sont les principaux personnages de cette histoire. Mais le silence, omniprésent, y participe aussi, devenant un actant important de la traversée. Que ce soit cette scène représentant la maison et l’arbre, endormis sous la lune, ou encore l’envol de l’oiseau parti retrouver les siens, le silence s’entend. D’autant plus sur cette page complètement blanche, ellipse entre l’hiver qui s’étire et le retour du printemps représenté par un crocus perçant la neige. La délicatesse du trait et le souci du détail de l’artiste – observables dans chaque brin d’herbe, dans les mailles du tapis, sur l’écorce des arbres – sont propices à la contemplation et montrent l’importance de prendre le temps.

De la même créatrice

Marianne Dubuc, Ours et le murmure du vent, Album, Montréal, 2020, 72 p.

Marianne Dubuc, Le chemin de la montagne, Album, Montréal, 2019, 76 p.

Marianne Dubuc, Je ne suis pas ta maman, Album, Montréal, 2021, 68 p.

Marianne Dubuc, Le gâteau, La courte échelle, Montréal, 2013, 24 p.

2010 : Le vent dans les voiles 173

Autres albums significatifs 2010-2019

206
Sur les traces de l’album québécois
2010 2011 2012 2013 2014 Une petite bouteille jaune Angèle Delaunois Christine Delezenne Isatis Montréal 32 p. Joseph Fipps Nadine Robert Geneviève Godbout La Pastèque Montréal 56 p. Barbouillette Michèle Marineau Manon Gauthier Québec Amérique Montréal 39 p. Gustave Rémy Simard Pierre Pratt La Pastèque Montréal 56 p. Loula part pour  l’Afrique Anne Villeneuve Bayard Montréal 30 p. Monsieur Tralalère Nathalie Ferraris Josée Bisaillon Fonfon Montréal 32 p.

La Bagnole Montréal 40 p.

752 lapins

François Blais

Valérie Boivin

Les 400 coups Montréal 32 p.

Marivière

Catherine Lepage

Comme des géants Varennes 42 p.

Moi, c’est Tantale

André Marois

Julien Castanié

Isatis Montréal 56 p.

Les étoiles

Jacques Goldstyn

La Pastèque

Montréal 68 p.

Aaah!bécédaire

Élaine Turgeon

Martin Laliberté

Druide Montréal 56 p.

Ma branche préférée

Mireille Messier

Pierre Pratt

Scholastic Toronto 32 p.

Je suis là, je suis là

Marie-Francine

Hébert

Mathilde Cinq-Mars

Druide Montréal 32 p.

Ti-Jos Connaissant

Jennifer Tremblay

Philippe Béha

La Bagnole Montréal 32 p.

La corde à linge

Orbie

Les 400 coups

Montréal 64 p.

Malou

Geneviève Godbout

La Pastèque

Montréal 32 p.

2010 : Le vent dans les voiles 207 2015 2016 2017 2018 2020 2019
Hochelaga mon quartier. Poèmes d’écoliers montréalais Rogé

Que de chemin parcouru

ce serait un euphémisme de dire que l’album québécois s’est transformé depuis ces enfants pieux Sur la route avec Jésus ou encore Rainette et Rex, petits de La famille Grenouille. Des personnages empreints de religiosité, obéissants et repentants. Mais cette époque fut de courte durée, car, dès les années 1960, un vent de changement, une brise plutôt, laisse entrevoir une nouvelle façon de s’adresser aux lecteurs. Ildège de la Pomme Fameuse et, plus encore, Un drôle de petit cheval sont en ce sens de véritables albums pour les enfants. À partir de cette période, les auteurs, illustrateurs et éditeurs s’attarderont de plus en plus à présenter des histoires non plus sur les enfants, mais pour les enfants en proposant des univers qui les mettent en vedette et les interpellent directement de différentes façons.

L’exploration des années 1970 a en quelque sorte suivi cette amorce en poussant toutefois l’audace et en ouvrant la voie à tous les possibles. Les thèmes de la communication, de la relation avec l’adulte, de l’acceptation de soi, de l’ouverture à l’autre, du quotidien et de l’enfance contribuent et participent au renouveau de l’album. D’ailleurs, la chenille devenue papillon, que l’on retrouve chez Henriette Major et Claude Lafortune (La surprise de Dame Chenille) et Robert Soulières et Michèle Lemieux (Le bal des chenilles), reste un symbole pour le moins évocateur de cette nouvelle ère.

À compter des années 1990, la production d’albums s’est de plus en plus diversifiée, révélant une variété thématique et stylistique, allant du réalisme poétique de Poulin et de Pratt à l’influence bédéesque de Daniel Sylvestre. L’arrivée du nouveau millénaire n’a fait qu’enrichir le spectre graphique, ajoutant aux styles déjà en place, une combinaison des techniques créant des œuvres atypiques, dont celles de Manon Gauthier, Josée Bisaillon ou encore Virginie Egger. Depuis quelques années, le numérique facilite la vie de certains illustrateurs qui optent pour cette pratique. À partir de 2015, Gérard DuBois, par exemple, travaillera essentiellement avec Photoshop, ne gardant le papier que pour les travaux préliminaires.

Et les histoires offertes suivent cet enrichissement graphique en décomplexant, rejouant les thèmes, osant parfois, si bien qu’en 2022 les personnages

Que de chemin parcouru 209
Conclusion

évoluent dans différentes réalités. Certains portent un bagage venu de loin, d’autres se rappellent hier, beaucoup investissent encore le quotidien.

Les années 2000 ont décloisonné davantage les frontières, permis aux livres québécois de se faire connaître à l’international. Rogé, Marianne Dubuc, Elise Gravel, Anne Villeneuve, Jacques Goldstyn, Isabelle Arsenault, Gérard DuBois, Guillaume Perreault, Geneviève Godbout, pour ne nommer que ceux-là, participent ainsi à ce rayonnement à l’étranger.

Mine de rien, Robert La Palme semble avoir donné l’élan, en 1945, à une recherche esthétique bien implantée en 2022. Déjà, il maniait avec finesse tout ce qui fait d’un album un incontournable, en l’occurrence simplicité, rapport inventif entre le texte et l’image – par opposition à une reproduction en tous points fidèle au texte – et chute ouverte qui laisse le lecteur rêver, imaginer ou en redemander. Malgré les contraintes de l’époque, le souci de s’adresser aux jeunes avec sérieux et intelligence était déjà présent.

Si bien qu’écrire et illustrer une histoire pour enfants, faire un album jeunesse est devenu, grâce au talent et au professionnalisme des différents créateurs, à leur inventivité et aux diverses influences, un art en soi qui demande minutie, travail, temps et patience. Si l’album jeunesse québécois a déjà eu à envier la qualité des importations, force est d’admettre qu’il a aujourd’hui tout pour rivaliser avec elles. Et la suite s’annonce prometteuse. Les maisons d’édition poursuivent leur constant engagement envers les enfants et assurent à l’album jeunesse québécois un avenir des plus lumineux.

210 Sur les traces de l’album québécois

Bibliographie

Ouvrages

CLAVERIE, Jean, Christiane CLERC et collab. Images à la page : une histoire de l’image dans les livres pour enfants, Paris, Gallimard, 1984, 128 p.

DEMERS, Dominique. Du Petit Poucet au Dernier des raisins : introduction à la littérature jeunesse, Montréal, Québec Amérique Jeunesse, 1994, 270 p.

ESCARPIT, Denise. La littérature de jeunesse : itinéraires d’hier à aujourd’hui, Paris, Magnard, 2008, 480 p.

LEPAGE, Françoise. Histoire de la littérature pour la jeunesse : Québec et francophonies du Canada, Orléans, Éditions David, 2000, 828 p.

MADORE, Édith. Les 100 livres québécois pour la jeunesse qu’il faut lire, Québec, Nota Bene, 1998, 376 p.

MADORE, Édith. Constitution de la littérature québécoise pour la jeunesse (1920-1995), Thèse de doctorat, Québec, Université Laval, 1996, 330 p.

MADORE, Édith. La littérature pour la jeunesse au Québec, Montréal, Boréal, 1994, 128 p.

MARCOTTE, Gilles. Une littérature qui se fait, Montréal, Bibliothèque Québécoise, 1994, 338 p.

MICHON, Jacques [dir.]. Histoire de l’édition littéraire au Québec au XXe siècle, vol. 3 : La bataille du livre, 1960-2000, Montréal, Fides, 2010, 517 p.

MICHON, Jacques [dir.]. Histoire de l’édition littéraire au Québec au XXe siècle, vol. 2 : Le temps des éditeurs, 1940-1959, Montréal, Fides, 2004, 538 p.

MICHON, Jacques et Carole GERSON [dir.]. Histoire du livre imprimé au Canada, tome 3, Montréal, PUM, 2007, 672 p.

NIÈRES-CHEVREL, Isabelle. Introduction à la littérature de jeunesse, Paris, Didier Jeunesse, 2009, 240 p.

VAN DER LINDEN, Sophie. Lire l’album, Le Puyen-Velay, L’Atelier du Poisson Soluble, 2006, 166 p.

VAN DER LINDEN, Sophie. « Les albums sans », dans BOULAIRE, Céline [dir.]. Le livre pour enfants : regards critiques offerts à Isabelle Nières-Chevrel, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006, 248 p.

Articles

BACHAND, Denis. « Une décennie d’images pour enfants au Québec », Des livres et des jeunes, no 29, printemps 1988, p. 2-13.

COURCHESNE, Danièle. « Grandir avec Stéphane Poulin », Lurelu, vol. 21, no 1, printemps-été 1998, p. 46-48.

CHARBONNEAU-HELLOT, Marie-Christiane. « L’enfant et la bête : le visage et la fonction des animaux dans la littérature pour la

jeunesse au Québec de 1979 à 1982 », Lurelu, vol. 6, no 3, hiver 1984, p. 3-11.

CRÉPEAU, Isabelle. « Steve Beshwathy : patte de velours », Lurelu, vol. 27, no 1, printemps-été 2004, p. 15-17.

CRÉPEAU, Isabelle. « Luc Melanson : Monsieur part en voyage », Lurelu, vol. 26, no 1, printemps-été 2003, p. 13-15.

CRÉPEAU, Isabelle. « Entrevue avec Yayo : à l’encrier du rêve », Lurelu, vol. 25, no 1, printemps-été 2002, p. 77-78.

CRÉPEAU, Isabelle. « Marisol Sarrazin : la mélodie du bonheur », Lurelu, vol. 24, no 2, automne 2001, p. 73-75.

CRÉPEAU, Isabelle. « Michel Luppens et son raton laveur : bête pas bête », Lurelu, vol. 16, no 3, hiver 1994, p. 33-34.

DANAUX, Stéphanie. « Henri Beaulac et l’essor de la gravure sur linoléum au Québec », Revue de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, no 1, 2009, p. 32-43.

DAVELUY, Louise. « Recette de nouveauté à la sauce débat », Lurelu, vol. 26, no 3, hiver 2004, p. 82-84.

DESROCHES, Gisèle. « Bilan de la décennie : Le gong de l’an 2000 », Lurelu, vol. 23, no 2, automne 2000, p. 5-14.

FERRARIS, Nathalie. « Steve Adams », Lurelu, vol. 40, no 3, hiver 2018, p. 87.

FERRARIS, Nathalie. « Marie Lafrance », Lurelu, vol. 39, no 3, hiver 2017, p. 89.

FERRARIS, Nathalie. « Josée Bisaillon », Lurelu, vol. 37, no 3, hiver 2015, p. 102.

FERRARIS, Nathalie. « Manon Gauthier : retour aux sources », Lurelu, vol. 33, no 1, printemps-été 2010, p. 21-22.

FOURNIER, Michel. « Le développement de la littérature pour la jeunesse et l’affirmation de la culture moderne de la fiction au Québec », Voix et images, vol. 39, no 1 (115), automne 2013, p. 121-136.

FOURNIER, Sylvie et collab. « Colloque Communication-Jeunesse. Le livre québécois pour la jeunesse : un projet de société », Lurelu, vol. 14, no 3, Hiver 1992, p. 30-34.

LANDREVILLE, Ginette. « Une trilogie unique : Hou Ilva, Dou Ilvien, Hébert Luée », Lurelu, vol. 25, no 3, hiver 2003, p. 15-17.

LAVIGUEUR, Yolande. « Où sont passées les éditions Variétés ? », Lurelu, vol. 17, no 3, hiver 1995, p. 42-44.

LEPAGE, Françoise. « Les livres phares des trente dernières années », Lurelu, vol. 30, no 3, hiver 2008, p. 5-11.

LEPAGE, Françoise. « Odette Fumet-Vincent (1911-1995) », Lurelu, vol. 19, no 1, printempsété 1996, p. 45.

LEPAGE, Françoise. « James McIsaac, illustre et inconnu (1889-1970) », Canadian Children’s Literature, vol. 64, 1991, p. 26-39.

LEPAGE, Françoise. « Tibo ou l’art du symbole », Canadian Children’s Literature, vol. 50, 1988, p. 38-50.

MADORE, Édith. « La crise de l’album au Québec », Lurelu, vol. 16, no 2, automne 1993, p. 37-38.

MADORE, Édith. « Livres, jeux et jouets, chez Chouette », Lurelu, vol. 13, no 3, hiver 1991, p. 22-23.

MARSOLAIS, Sophie. « Darcia Labrosse, 100 % artiste », Lurelu, vol. 25, no 1, printemps-été 2002, p. 71-72.

MATHIEU, Fernande. « Des albums trop sages… », Lurelu, vol. 15, no 2, automne 1992, p. 32.

NOËL-GAUDREAULT, Monique. « Comment Andrée Poulin a écrit certains de ses livres », Québec français, no 157, printemps 2010, p. 104-105.

PARMEGIANI, Claude-Anne. « Pourquoi les livres d’images ont cessé d’être sages », La revue des livres pour enfants, no 163-164, été 1995, p. 51-65.

PLANTE, Raymond et Philippe BÉHA. « Les petits destins des dessins », Lurelu, vol. 12, no 2, automne 1989, p. 16-17.

PLANTE, Raymond. « Ginette Anfousse : les petits chemins des mots », Lurelu, vol. 11, no 2, automne 1988, p. 18-20.

POULIN, Andrée. « Rogé : un illustrateur engagé qui n’a pas peur d’innover », Lurelu, vol. 36, no 3, hiver 2014, p. 19-21.

POULIN, Monique. « Stéphane Poulin : illustrateur », Lurelu, vol. 10, no 1, printempsété 1987, p. 18-19.

POULIN, Monique. « Daniel Sylvestre : illustrateur », Lurelu, vol. 8, no 2, automne 1985, p. 29-31.

POULIN, Monique. « Roger Paré : illustrateur », Lurelu, vol. 7, no 1, printemps-été 1984, p. 18-19.

POULIOT, Suzanne. « L’édition québécoise pour la jeunesse au XXe siècle : une histoire du livre et de la lecture située au confluent de la tradition et de la modernité », Globe. Revue internationale d’études québécoises, vol. 8, no 2, 2005, p. 203-235.

PROVOST, Michelle. « La variété des lectures et des livres québécois », Québec français, no 41, février 1981, p. 59.

ROBIN, Marie-Jeanne. « Rencontre avec Cécile Gagnon », Lurelu, vol. 2, no 2, été 1979, p. 12-14.

RUFIANGE, Céline. « De Tante Lucille à Jiji », Lurelu, vol. 30, no 2, automne 2007, p. 103-104.

RUFIANGE, Céline. « La petite histoire du bébélivre : le début des années 90, Caillou et compagnie », Lurelu, vol. 24, no 1, printempsété 2001, p. 73-74.

RUFIANGE, Céline. « La petite histoire du bébélivre : les années 1980, les années Ovale », Lurelu, vol. 23, no 3, hiver 2001, p. 64-65.

Bibliographie 211

SALTMAN, Judith. « Once upon a time : Canadian children’s picture book illustration », Canadian Children’s Literature, vol. 51, 1988, p. 51-65.

SARRASIN, Francine. « Voir l’image et le sens », Lurelu, vol. 36, no 1, printemps-été 2013, p. 91-21.

SARRASIN, Francine. « Revoir Tibo », Lurelu, vol. 25, no 1, printemps-été, 2002, p. 5-9.

SARRASIN, Francine. « À propos d’une écharpe rouge… », Lurelu, vol. 23, no 2, automne 2000, p. 67-68.

SERNINE, Daniel. « Savais-tu ? Cécile Gagnon », Lurelu, vol. 34, no 2, automne 2011, p. 21-22.

SORIN, Noëlle. « La littérature pour la jeunesse aux éditions Variétés, 19401951 », coll. Cahiers du GRÉLQ, 7, Ex Libris, Sherbrooke, 2001, p. 65-140.

VAN DER LINDEN, Sophie. « L’album, entre texte, image et support », Revue des livres pour enfants, no 214, décembre 2003, p. 59-68.

WARREN, Louise. « Petite rétrospective de l’imagerie québécoise du livre pour enfants », Lurelu, vol. 2, no 3, automne 1979, p. 4-7.

Sources électroniques

ASSOCIATION DES ÉCRIVAINS QUÉBÉCOIS POUR LA JEUNESSE. « Pierrette Dubé : auteure chouchou de l’AÉQJ », https://aeqj.ca/ pierrette-dube-auteure-chouchou-de-laeqj/

BANQ – Bibliothèque et archives nationales du Québec. https://www.banq.qc.ca/accueil/

BÉLISLE, Alvine. « Littérature d’imagination pour la jeunesse au Canada français », Documentation et bibliothèques, vol. 19, no 3, septembre 1973, p. 127-129, https://www. erudit.org/en/journals/documentation/1973v19-n3-documentation04266/1055801ar/.

BNF. « L’album, emblème de l’évolution du livre pour enfants », https://multimedia-ext.bnf. fr/pdf/albums.pdf

COMMUNICATION-JEUNESSE https://www. communication-jeunesse.qc.ca

CARTIER, Lyse. « Nos artistes : plus jamais sage comme des images », Décormag, no 51, février 1977, p. 66-71, https://numerique.banq.qc.ca/ patrimoine/details/52327/2569966.

DYZIEUX, Agnès. « Les grands courants de la bande-dessinée », Le français aujourd’hui, no 161, 2008, p. 59-68, https://www.cairn. info/revue-le-francais-aujourd-hui-2008-2page-59.htm.

L’ÉQUIPE. « La littérature de jeunesse au Canadafrançais – édition 1973 », Documentation et bibliothèques, vol. 20, no 3, septembre 1974, p. 161-163, https://id.erudit.org/ iderudit/1055670ar.

FRADETTE, Marie. « Le grand méchant loup dans ma maison : vivre avec la bête », Le Devoir, 21 mars 2020, https://www.ledevoir.com/ lire/575343/jeunesse-vivre-avec-la-bete.

FRADETTE, Marie. « La traversée de Pet et Répète », Le Devoir, 9 novembre 2019, https://www.ledevoir.com/lire/566537/ jeunesse-la-traversee-de-pet-et-repete

FRADETTE, Marie. « Au-delà de la forêt. Nadine Robert et Gérard DuBois », Le Devoir, 17 décembre 2016, https://www.ledevoir. com/lire/487251/au-dela-de-la-foret-nadinerobert-et-gerard-dubois

HÉMOND, Élaine. « Michèle Lemieux : rencontre du dessin, de l’écriture et de la philosophie », Magazine de l’Université du Québec, mars 1999.

LACHANCE, André. « Havard de Beaufort, François-Charles », Dictionnaire biographique du Canada, Vol. III (1741-1770), Université Laval / University of Toronto, 2003, http:// www.biographi.ca/fr/bio/havard_de_ beaufort_francois_charles_3F.html.

LÉVÊQUE, Mathilde. « Des premiers livres pour enfants au Québec », Le magasin des enfants, https://magasindesenfants.hypotheses. org/2083

NADEAU, Jean-François et Catherine LALONDE. « Albums : le péril jeune », Le Devoir, 14 décembre 2013, https://www.ledevoir. com/lire/395065/albums-le-peril-jeune PELLETIER-BAILLARGEON, Hélène. « Le livre de jeunesse à Noël : achetons aussi chez nous ! », Le Devoir, 2 décembre 1972.

POULIN, Andrée. « Hélène Desputeaux retrouve Caillou et la joie de créer », Le magazine Contact, Université Laval, automne 2009. http://www.contact.ulaval.ca/article_ magazine/helene-desputeaux-retrouvecaillou-et-la-joie-de-creer-1371

PROVOST, Michelle. « Pour lire et réinventer la lecture : une bibliographie proposée par Michelle Provost », Lurelu, vol. 4, no 1-2, printemps-été 1981, https://id.erudit.org/ iderudit/26428ac

RYAN, Pascale. « Un remarquable livre pour enfants », dans CORBO, Claude et collab., Livres québécois remarquables du XXe siècle, Les Presses de l’Université du Québec, 2000, http://ebookcentral.proquest.com/lib/ ulaval/detail.action?docID=3285445.

VAN DER LINDEN, Sophie. « Les albums sans texte », Blog de Sophie Van der Linden, http://www.svdl.fr/svdl/index. php?post/2018/06/12/album-sans-texte

212 Sur les traces de l’album québécois

Index des auteurs cités

Adams, Steve 136, 146–147, 167

Adolphe, Germaine 109

Allard, Caroline 199

Amizlev, Iris 17

Anfousse, Ginette 9, 15, 50–51, 57, 64 –65, 117

Arbona, Marion 137, 159, 167, 193

Arsenault, Isabelle 136, 142–143, 210

Arsenault, Rachel 161

Assathiany, Sylvie 79, 98

Aubert de Gaspé, Philippe 108–109

Aubin, Michel 98–99, 101

Back, Frédéric 19, 30–33

Barahona, Stéphanie 161

Barbeau-Lavalette, Anaïs 197

Beaulac, Henri 18–19, 24 –25

Beaulé, Catherine 71, 75

Bédard, Laurent 55

Béha, Philippe 8, 76–79, 86–87, 96–98, 100–101, 103, 112–113, 160, 166–167, 177, 195, 207

Bellebrute (Marianne Chevalier et Vincent Gagnon) 167

Benigni, Roberto 157

Berthiaume, Pierre 134

Beshwaty, Steve 102, 124 –125

Bisaillon, Josée 143, 160, 171, 188–189, 206, 209

Blais, François 160, 190–191, 207

Blais, Hubert 14, 30, 31, 40, 41

Blake, Quentin 16

Blanchet, Pascal 17

Boivin, Valérie 160, 190, 191, 207

Bolduc, Albert 14, 18–19, 24

Bonneville, Michèle 74

Boswell, Hazel 15

Bouchard, David 189

Bouchard, Hervé 137

Boudreau Jeanneau, Iris 189

Boulaire, Cécile 131

Boulanger, Fabrice 109

Boulerice, Simon 160, 170–171

Boutry, Corinne 155

Brassard, Mario 171

Brière, Paule 149

Brouillet, Chrystine 76, 86

Bussières, Simone 50, 54 –55

Cailloux, André 30, 42– 43, 49, 75, 93, 177

Caldecott, Randolph 14

Canciani, Katia 160, 198–199

Carême, Maurice 55

Carrier, Roch 100

Castanié, Julien 167, 183, 207

Chabot, Cécile 50, 54 –55

Chaperon, Danielle 160, 188–189

Charpentier, Francine 47

Chartrand, Lili 160, 192–193

Chevalier, Marianne

voir Bellebrute

Choquette, Pauline 30–31, 43, 46

Chouinard, Gilles 165

Cleaver, Elizabeth 31

Cohen, Sheldon 100

Cole, Babette 51

Comtois, Céline 160, 204 –205 Constantin, Pascale 159

Corriveau, Monique 57

Côté, Geneviève 102–103, 128–129, 136–137, 152–153, 167 Côté, Louis-Philippe 75, 93 Côté-Lacroix, Delphie 171

Cousineau, Normand 143

Crépeau, Isabelle 117

Croteau, Marie-Danielle 102–103, 109, 123, 128–129, 136, 142–143

Danaux, Stéphanie 25

Daveluy, Marie-Claire 14

De Vailly, Corinne 109

Delahaye, Gilbert 15

Delaunois, Angèle 149, 155, 159–160, 167, 193–195, 205–206

Delezenne, Christine 159, 206 Demers, Dominique 13, 16, 88–89, 136–139, 158–159, 205

Desparois, Lucille 19, 28, 40, 48 Després, Geneviève 160–161, 197, 204 –205

Desprez, Marie-Rose 57

Desputeaux, Hélène 15, 39, 76, 98–99, 101, 103 Deyzieux, Agnès 195

Dion, Nathalie 160, 202–203

Dorion, Hélène 141, 159

Downie, Mary Alice 31

Dubé, Jasmine 119, 135

Dubé, Pierrette 121, 135, 145, 159–160, 167, 178–179

DuBois, Gérard 147, 160, 170–171, 183, 186–187, 209–210

Dubois, Martin 19

Dubuc, Marianne 136, 150–151, 160–161, 172–173, 210

Duchesne, Christiane 2, 11, 50–51, 60–61, 75, 102, 124 –125, 129, 153, 158, 183, 187

Dufresne, Rhéa 179

Duguay, Monique 74

Duguay, Rodolphe 14, 18–19, 22–23 Dumont, Yves 203

Eccleshare, Julia 16

Egger, Virginie 137, 158, 209 Émond, Louis 160, 166–167

Faucher, Marilyn 189

Ferraris, Nathalie 147, 149, 193, 206 Ferrier, Pierre Élie 51 Foglia, Pierre 76–77, 80-81 Fontaine, Valérie 160, 202–203

Fortier, Dominique 63

Francine 27

Fumet-Vincent, Odette 14, 18–21, 28, 30, 36–37, 49, 57

Gagnon, Cécile 30–31, 34 –35, 38–39, 45, 100, 109, 134

Gagnon, Clarence 19

Gagnon, Vincent voir Bellebrute

Garneau, Michel 9, 119

Gaucher, Guy 30–31, 44

Gaudreault, Gervais 110

Gauthier, Bertrand 9, 15, 50–51, 66–67, 75–76, 90–91, 115

Gauthier, Manon 129, 136–137, 148–149, 157, 197, 206, 209

Gauvreau, Marguerite 28

Gay, Marie-Louise 8, 50–51, 66–67, 76–77, 82–83, 87, 101, 103, 132–134, 190

Germain, Philippe 159

Gerson, Carole 19

Girard, Félix 199

Girard, Pascal 17

Girard, Roger 63, 129, 160, 164 –165, 207, 210–211

Godbout, Geneviève 206–207, 210

Godbout, Jacques 157

Goldstyn, Jacques 160, 184 –185, 207, 210

Grand-père Cailloux

voir Cailloux, André

Gravel, Elise 160, 168–169, 200–201, 210

Grimard, Gabrielle 137, 159, 193

Guénette, René 18, 20–21, 36–37

Hamel, Caroline 143, 153

Hébert, Marie-Francine 9, 50, 72–73, 76, 88–89, 136, 140–141, 147, 155–156, 197, 199, 207

Hémond, Élaine 111

Hérault, Pascal 161

Herrera, Diego 102, 120–121, 135

Hoffmann, Heinrich 14

Holland, Brad 147

Houde, Pierre 155

Iris voir Boudreau Jeanneau, Iris

Jarry, Marie-Hélène 87, 101

Jolin, Dominique 99, 102–105, 118–119, 134 –135

Jorisch, Stéphane 9, 102–103, 108–109, 118, 122–123, 135, 147, 158

Jullien, Jean 187

L’Archevêque Duguay, Jeanne 14, 18, 19, 22, 23

La Palme, Robert 14, 18–19, 26-27, 95, 210

La Perrière, Josée 39

Labrecque, Mathieu 179

Labrosse, Darcia 73, 76, 88–89, 100

Lachance, André 113

47

Cinq-Mars, Mathilde 160, 196–197, 207

Claveloux, Nicole 51, 67

Franson, Leanne 135

Froissart, Bénédicte 134

Frund, Jean-Louis 50, 52

Lafortune, Claude 50–53, 209

Lafrance, Marie 160, 175, 192–193, 195

Lagacé, Cécile 48

Laliberté, Martin 207

Index des auteurs cités 213

Lapierre, Steeve 119

Lapointe, Michèle 71

Lasser, Olivier 102, 122–123

Latulippe, Martine 109

Lauzon, Monique 71, 75

Laverdière, Benoît 109

Lavigueur, Yolande 15

Laviolette, Guy 36

Lavoie, Mathieu 160, 180–181

Lear, Edward 14

Leblanc, Renée 55

Leclerc, Félix 73, 176

Leclercq, Béatrice 134

Leduc-Pelletier, Alec 19

Lemieux, Geneviève 134

Lemieux, Jean-Paul 19

Lemieux, Michèle 9, 50, 70–71, 100, 102, 106, 110–111, 209

Lepage, Catherine 139, 159, 207

Lepage, Françoise 13–14, 16, 19, 31, 41, 43– 45, 66–67, 81, 93, 107

Levert, Mireille 102, 126–127, 160, 167, 176–177, 193

Lord Mariano, Enzo 161, 175

Luca, Françoise de 189

Luppens, Michel 76, 96–97

Madore, Édith 14, 16, 19, 27, 31, 43, 58–59, 77

Maillet, Andrée 14, 18–19, 26–27

Major, Henriette 30–31, 43– 45, 50–53, 71, 209

Malenfant, Isabelle 160, 174 –175

Malépart, Céline 149

Mallarmé, Stéphane 93

Maman Fonfon voir Vallerand, Claudine

Marcotte, Danielle 15, 87, 102–103, 112–113, 158

Marie-Anastasie voir Tourangeau, Laura

Marineau, Michèle 129, 206

Marlier, Marcel 15

Marois, André 160, 167, 182–183, 187, 195, 207

Masse, Josée 145

Mauffette, Guy 30–33

Maxine 19, 36

McIsaac, James 14

Melanson, Luc 117, 136, 143–145

Merola, Caroline 160, 162–163

Messier, Mireille 207

Méthé, Louise 59

Meunier, Sylvain 119

Michon, Jacques 19, 103

Mongeau, Marc 109

Monnier, Rachel 143

Montésinos-Gelet, Isabelle 16

Montour, Nancy 203

Nadeau, Janice 9, 136–137, 140–141, 143, 155, 159

Nadon, Yves 136–137, 148–149

Nières-Chevrel, Isabelle 13–14, 131 Noël, Michel 159

Oncle Paul voir Guénette, René Orbie voir Tessier-Collin, Marie-Ève

Papineau, Lucie 102, 116–117, 123, 135–136, 146–147

Paradis, Roxane 97

Parain, Nathalie 14, 31, 41 Paré, Roger 9, 50, 57, 68–69, 76, 84 –85, 88, 145, 177

Parent, Richard 76–77, 80–81

Pasquet, Jacques 81, 136–137, 155–157, 159, 167 Péan, Stanley 113

Pednault, Gilles 75

Pef

voir Tessier-Collin, Marie-Ève

Pelletier, Louise 79, 98 Pelletier, Ninon 203

Pépin, Johanne 69, 100, 177 Perreault, Guillaume 160, 179, 198–199, 210 Pilon, Alain 160, 194 –195

Plante, Raymond 9, 50, 65, 68–69, 84, 100, 103, 177

Plourde, Josée 141

Poe, Edgar Allan 93

Poirier, François 71

Pomminville, Louise 50, 56–57, 62–63, 74 Ponti, Claude 77, 130 Potter, Beatrix 14

Poulin, Andrée 16, 159–161, 164 –165, 174 –175

Poulin, Stéphane 15, 76–77, 88, 94 –95, 101–103, 106, 112–113, 136–139, 158, 205

Pouliot, Suzanne 19

Pradel, André 30, 42– 43, 49 Pratt, Pierre 77, 95, 102–103, 106–107, 134, 136, 155–157, 160, 182–183, 206–207, 209

Renaud, Anne 153

Reno, Alain 157

Rioux, René 71

Roberge, Sylvie 159

Robert, Nadine 160–161, 186–187, 206

Robertson, Barbara 31

Robillard (Robin), Claude 19, 29

Robitaille, Renée 167

Roca, Fred 147

Rogé voir Girard, Roger

Roy, Gabrielle 50, 56–57, 62–63

Rufiange, Céline 99

Sarfati, Sonia 163

Sarrasin, Francine 93

Sarrazin, Marisol 102, 116–117, 146–147

Savage, Michel 109

Scalabrini, Rita 74

Sendak, Maurice 31, 69

Simard, Christine 71

Simard, Danielle 136–137, 152–153

Simard, Jean 15

Simard, Rémy 102–103, 106–107, 183, 206

Sorin, Noëlle 19

Soulières, Robert 9, 50, 70–71, 76, 78–79, 100, 102, 108–109, 111, 201, 209

Spiegelman, Art 154

Spirin, Gennady 147

St-Aubin, Bruno 153

St-Pierre, Marie 49

Sylvestre, Daniel 76, 90–91, 102, 104, 114 –115, 158, 209

Tante Lucille voir Desparois, Lucille

Tardif, François 109

Tessier, Albert 19

Tessier-Collin, Marie-Ève 160, 178–179, 207

Thisdale, François 113, 158

Thuy, Kim 165

Tibo, Gilles 9, 50–51, 57, 72–73, 75–76, 92–93, 103, 106, 135–137, 143–145, 160, 177, 196–197

Tourangeau, Laura 30–31, 46

47

Tremblay, Carole 102, 118–119, 135, 158, 175

Tremblay, Jennifer 207

Tremblay, Réal 9, 51

Tremblay, Sylvain 103, 135

Trop, Francesca 17

Trudel, Jean-Luc 141, 155

Trudel, Sylvain 162

Turcotte, Élise 158, 197

Turgeon, Élaine 16, 182, 207

Ungerer, Tomi 31

Valcourt, Christiane 79

Vallerand, Claudine 14, 30–31, 40– 41, 48– 49, 57

Vallières, Anne 50–51, 58–59

Van der Linden, Sophie 13, 131

Vanhee-Nelson, Louise 100

Vidali, Valerio 187

Vigneault, Gilles 176

Villeneuve, Anne 15, 102–103, 109, 130–131, 136, 154 –156, 206, 210

Vincent, Odette

voir Fumet-Vincent, Odette

Vincent, Rodolphe 19, 36

Yayo voir Herrera, Diego

Zwerger, Lisbeth 51

214
Sur les traces de l’album québécois

Index des œuvres

752 lapins, 190-191, 207

Aaah!bécédaire, 207

Abécédaire, 72

À chat perché, 114

Album de famille, 101

Âne Molin qui avait perdu ses lunettes, L’, 8

Angèle et l’ours polaire, 101, 132

Annabel et la bête, 158

Arbragan, L’, 184

Archibaldo le dragon, 100

Au cinéma avec papa, 104

Au-delà de la forêt, 186

Au lit, princesse Émilie !, 135, 178

Aux toilettes, 182

Baiser maléfique, Le, 108

Bal des chenilles, Le, 70, 209

Barbouillette, 206

Benjamin et la saga des oreillers, 94

Bonne fête, Madeleine !, 101

Cachette, La, 15, 64

Caillou, 15, 98, 103, 211-212

Caroline, la petite souris blanche, 49

Casse-Noisette, 135

Cata, La, 194

Célestine, 158

Chandail de hockey, Le, 100

Charlotte et l’île du Destin, 122

Chasseur d’arc-en-ciel, Le, 120

Chère Traudi, 154

Chèvre de monsieur Seguin, La, 8

Clé, La, 159

Clé à molette, La, 168

Clins d’œil et pieds de nez, 100, 177

Cœur de Monsieur Gauguin, Le, 142

Corde à linge, La, 207

Cric l’écureuil, 36

Cruelle Cruellina, 135

De l’ange au zèbre, 134

Dodo des animaux, Le, 135

Dou Ilvien, 9, 51, 66

Écharpe rouge, L’, 15, 103, 130

Edmond l’affreux raton, 124

Enfant de la maison folle, L’, 9

Eskoumina : l’amour des petits fruits, 159

Étoifilan, 75

Étoile de Sarajevo, L’, 156

Étoiles, Les, 207

Famille Citrouillard, La, 74

Famille Grenouille, La, 19, 24, 209

Famille hiver ou la petite princesse Neige, La, 48

Fantaisies de l’oncle Henri, Les, 134

Fée des vents, La, 48

Grand méchant loup dans ma maison, Le, 202 Grand qui passe ou l’histoire des avions de papier, Le, 9

Grand voyage de Monsieur, Le, 144 Grande aventure d’un petit mouton noir, La, 103, 128

Grandes menaces, Les, 101 Grattelle au bois mordant, 119, 135 Guerre du lion et de la girafe, La, 30-31, 40 Gustave, 206

Hochelaga mon quartier : poèmes d’écoliers montréalais, 165, 207

Hou Ilva, 9, 51, 66-67, 80, 90, 132

Ildège de la Pomme Fameuse, 31-32, 209

Je suis là, je suis là, 207 Je te laisse une caresse, 75, 177 Joseph Fipps, 206

Kiri, le petit castor, 49

Lapin Biscotin au pays des quatre lapins, Le, 20 Lazaros Olibrius, 8, 51, 60 Lion et l’oiseau, Le, 161, 172

Livre où la poule meurt à la fin, Le, 190 Loula part pour l’Afrique, 206 Loup, l’oiseau et le violoncelle, Le, 8, 75

Ma branche préférée, 207

Mais que font les fées avec toutes ces dents ?, 96 Malou, 207

Ma maman du photomaton, 137, 148

Marivière, 207

Martine-aux-oiseaux, 31, 38

Ma tête en l’air, 188

Ma vache Bossie, 56, 62

Max le magicien, 9

Mer, La, 150

Michouette, 74

Miki va à l’école, 48

Mimi la fourmi, 29

Mimi-la-nuit, 132, 134

Moi, c’est Tantale, 167, 207

Mon chien est un éléphant, 103, 106

Mon île blessée, 137, 159

Mon lit de rêve, 196

Monde de Théo, Le, 166

Monsieur Jean-Jules, 77, 80

Monsieur Tralalère, 206

Monsieur Trop et Monsieur Peu, 49

Nox et l’Archimusse : le jour des monstres, 158

Nuit d’orage, 9, 110

Nuits de Rose, Les, 126

Nul poisson où aller, 9, 140, 155

Ouram, 51, 58

Ourson qui voulait une Juliette, L’, 135

Pablo trouve un trésor, 174

Pas de taches pour une girafe, 116

Pêche à l’horizon, La, 34

Pet et Répète : la véritable histoire, 198

Petit sapin qui a poussé sur une étoile, Le, 54

Petite chenille, La, 71, 75

Petite fille blanche, La, 192

Petite maison de mon âme, La, 28

Petite rapporteuse de mots, La, 137, 152

Petite truie, le vélo et la lune, La, 178

Pétunia, princesse des pets, 159

Pire livre du monde, Le, 200

Pitatou et le printemps, 56

Pitatou et les pommiers, 57, 74

Plaisirs de chat, 84

Pluck chez les abeilles, 28

Pluck chez les fourmis, 28

Poil de serpent dent d’araignée, 15, 103, 112

Prince sourire et le lys bleu, Le, 75, 93

Puce, c’est sale !, 158

Quand j’écris avec mon cœur, 176

Qu’est-ce que vous faites là ?, 103, 134

Recette d’éléphant à la sauce vieux pneu, 137, 158

Ristontac, 14, 19, 26

Roi de la patate, Le, 164

Roi de Novilande, Le, 100

Roi voleur d’histoires, Le, 159, 178

Roméo le rat romantique, 118

Ruelle d’hiver, La, 204

Seul au monde, 77-79, 166

Serpent vert, Le, 8

Simon et les flocons de neige, 92

Sœur de Robert, La, 77, 82-83, 132

Souris bleue et les papillons cosmonautes, La, 43, 46

Stella étoile de la mer, 132

Stella la petite étoile, 42

Soupe aux sous, La, 134

Sur la route avec Jésus, 14, 19, 22, 209

Surprise de Dame Chenille, La, 51, 52, 71, 209

Tante Lucille raconte, 28, 40

Ti-Jos Connaissant, 207

Toto veut la pomme, 180

Trésor de Jacob, Le, 146

Triste dragon, Le, 8, 75

Un drôle de petit cheval, 31, 44, 59, 209

Un secret bien gardé, 86, 97

Un verger dans le ventre, 170

Une bien mauvaise grippe, 100

Une fenêtre dans ma tête, 9, 68, 84,177

Une maman pour Khadir, 159

Une nuit en ville, 162

Une petite bouteille jaune, 206

Une révolte au pays des fleurs, 49

Vie bercée, La, 159

Vieux Thomas et la petite fée, 137-138

Voyage de la vie, Le, 88

Zunik dans le championnat, 90, 114

Index des œuvres 215

Dans cette anthologie, l’autrice et critique littéraire Marie Fradette entreprend de retracer l’évolution de l’album jeunesse québécois depuis les années quarante jusqu’à aujourd’hui. À travers une sélection de plus de 80 titres, elle met en lumière les courants, les influences et les acteurs qui ont façonné ce secteur de l’édition québécoise.

L’objectif premier de cet ouvrage est de faire découvrir aux lecteurs toute la richesse des albums québécois, leur permettant ainsi de saisir l’étendue de ce monde littéraire et illustré fascinant.

ISBN 978-2-924332-59-7

ISBN 978-2-924332-59-7

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.