Au fildes saisons l e
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j o u r n a l d e s a d h é r e n t s d u c o m p t o i r a g r i c o l e
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p r i n t e m p s
2008
L’entreprise citoyenne Les semis de maïs démarrent dans un contexte de tension extrême sur l’approvisionnement. Les premières conséquences du Grenelle de l’environnement commencent à se faire sentir. Le débat sur les OGM et les produits de protection des cultures est plus animé que jamais. Le Comptoir profite de l’occasion pour affirmer son rôle de leader régional en mettant l’accent sur la biodiversité et pour expliquer comment il envisage d’agir en faveur des abeilles. Toujours dans un souci de préservation collective de l’environnement, notre coopérative s’active autour de la récupération des plastiques agricoles. Nous faisons de ces deux sujets les grands dossiers du trimestre.
Sommaire
DOSSIER
Le Comptoir s’engage en faveur des abeilles Page 4 Page 2 et 5 La vie du Comptoir Les chiffres du Comptoir : céréales 2008, que peut-on en dire? Le Conseil d’Administration se rend chez Roquette Repère technique : petit couvert mellifère, grandes conséquences Le coin d’Ariane Page 3 Page 6
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Le recyclage des déchets plastiques en passe d’être résolu
L es brèves du Comptoir Unter Uns Témoignage Franz Jacobs, l’ami des abeilles
E d i to Une agriculture écologique et productive
C
ette phrase apparaît en titre d’un des grands chantiers – le quinzième – du Grenelle de l’environnement. Beaucoup aimeraient que nous l’interprétions par « produisez plus mais sans produits phytosanitaires et sans OGM ». Mais l’accepter ne serait pas honnête vis-à-vis de nos concitoyens. Leur faire croire que l’on peut se passer totalement des produits de traitement tout en maintenant les niveaux de rendements actuels serait irresponsable. Ce serait aussi accepter que des pans entiers de notre agriculture disparaissent et que des milliers de producteurs cessent toute activité. Qui pourrait bien croire qu’un agriculteur utilise des produits phytosanitaires par plaisir ou par simple habitude ? Soyons sérieux. Des efforts sont possibles en termes de choix des molécules mais aussi d’agronomie. A condition que la recherche puisse travailler vite, sereinement, et avec des moyens adaptés. Mais d’ici là, que doit-on faire ? Nous préférons consacrer une partie de nos efforts à des dossiers sur lesquels nous pouvons agir efficacement et rapidement. Mieux gérer les déchets agricoles comme les plastiques et les bidons vides est un enjeu en soi. Œuvrer en faveur de la biodiversité pour les insectes pollinisateurs en est un autre.
André SCHUHLER Directeur du Comptoir Agricole
LA VIE DU COMPTOIR LES CHIFFRES DU COMPTOIR
Après une campagne 2007 qui restera dans les esprits tant les niveaux de prix atteints ont ÊtÊ aussi hauts qu’inattendus, l’attente des producteurs est grande quant à ce qui va se passer dans les mois qui viennent. Nous avons interrogÊ EurÊpi pour en savoir plus. Au Fil des Saisons : Avec du recul, quels sont pour vous les ÊlÊments les plus marquants qui expliquent les niveaux de prix atteints par les cÊrÊales ? EurÊpi : On ne le dira jamais assez, mais ces niveaux sont la conjonction de plusieurs facteurs. Tout d’abord, les pays Êmergents très peuplÊs comme la Chine ou l’Inde ont d’Ênormes besoins liÊs directement à la hausse du niveau de vie moyen. Le tout dans un contexte de croissance inexorable de l’ensemble de la population mondiale. Ensuite, les à -coups climatiques de plus en plus frÊquents ont tendance à affoler les marchÊs. La spÊculation de certains fonds de pension a Êgalement jouÊ un rôle certain. Enfin, l’augmentation du coÝt du fret a ÊtÊ lourd de consÊquences. Au Fil des Saisons : Le diffÊrentiel de prix entre blÊ et maïs Êtait historiquement en faveur du maïs. Depuis aoÝt dernier, la tendance s’est inversÊe. Comment expliquez-vous cela ?
EurÊpi : Toujours à propos de ce qui s’est passÊ la campagne dernière, mais plus proche de nous, la production de blÊ Êtait en baisse et de qualitÊ mÊdiocre au sein de l’Union EuropÊenne. Le blÊ fourrager a donc naturellement augmentÊ, occasionnant un  appel d’air  sur le maïs qui se traduit par des importations en provenance du BrÊsil et de l’Argentine en tant que source fourragère. Ce  plus  en faveur des blÊs, s’il Êtait important sur la campagne 2007, devrait considÊrablement se rÊduire. Si toutefois les conditions climatiques restent favorables.
$IFFĂ?RENCE DE PRIX MAĂ•S BLĂ? RĂ?COLTE
MAĂ•S PLUS CHER
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JA NV IE R FĂ? VR IE R M AR S AV R IL M AI JU IN JU ILLE T AO SE PT Ă&#x;T EM BR OC E TO NO BRE VE M DĂ? BRE CE M BR E JA NV IE R FĂ? VR IE R
CÊrÊales 2008 : que peut-on en dire ?
Au Fil des Saisons : Quels sont les ÊlÊments structurels et conjoncturels à surveiller dans les prochains mois ? EurÊpi : Nous retrouverons toujours les mêmes, à savoir la mÊtÊo mondiale, les prÊvisions de rÊcolte 2008 dans les grands pays producteurs sans oublier la paritÊ euro/dollar ainsi que le cours du pÊtrole. Plus conjoncturel, il y a un dÊbat actuel aux Etats-Unis pour savoir s’il vaut mieux semer du maïs ou du soja. Moins de maïs serait synonyme de hausse potentielle.
Au Fil des Saisons : Même s’il est Êvidemment trop tôt pour se prononcer, avez-vous une certaine visibilitÊ sur les prix de la campagne 2008 ? EurÊpi : C’est beaucoup trop tôt pour le savoir. La mÊtÊo des mois de juin et juillet aura une incidence considÊrable. Si tout se passe bien, les prix devraient se tasser. D’autant que nous devons nous attendre à une production mondiale de blÊ en hausse de plus de 70 000 tonnes. Mais une incertitude persiste quant aux besoins des industriels.
la vie du co n seil
Le Conseil d’administration se rend chez Roquette Fin mars, l’ensemble du Conseil d’Administration s’est rendu chez Roquette, l’un de ses clients transformateurs, sur son site alsacien de Beinheim. Il y a ÊtÊ reçu par Guillaume Fichet, directeur de l’unitÊ, qui lui a fait visiter les installations et plus particulièrement le nouvel outil de production de bioÊthanol. Avec un potentiel de transformation de 2300 tonnes de cÊrÊales par jour, dont 1200 tonnes de blÊ et 1100 tonnes de maïs, cette entitÊ est un acteur majeur de l’industrie agro-alimentaire alsacienne. SituÊe au bord du
Monsieur Fichet remet solennellement les premiers centilitres d’Êthanol produits à Beinheim au PrÊsident SchÌffer. Par ce geste symbolique, il est rappelÊ que le Comptoir Agricole est Êgalement contributeur financier puisque 700 milliers d’euros y ont ÊtÊ investis.
Rhin, sur une superficie de 70 hectares, elle compte un effectif de 250 personnes auquel viennent s’ajouter 80 emplois induits. Enfin, retenons que cette usine du groupe Roquette gÊnère un trafic fluvial de plus de 1,5 millions de tonnes de cÊrÊales par an. La toute nouvelle unitÊ de bioÊthanol est la seule du genre dans l’Est de la France. L’agrÊment obtenu grâce à la volontÊ conjuguÊe de quatre coopÊratives (dont le Comptoir Agricole) et de la sociÊtÊ Roquette autorise cette dernière à produire 95 000 tonnes d’Êthanol par an à partir de blÊ, pour une capacitÊ thÊorique de 160 000 tonnes. Guillaume Fichet a rappelÊ que l’on trouve dÊjà 3% d’Êthanol dans l’essence française, preuve s’il en est que notre pays est soucieux d’avancer dans la voie des biocarburants. Il a Êgalement abordÊ le fait que le dÊmarrage de cette unitÊ coïncidait avec un marchÊ très porteur des cÊrÊales, que personne il y a encore un an n’envisageait à ces niveaux de prix. Mais cet investissement doit être pensÊ sur le long terme. Les ressources en Ênergies fossiles s’Êpuisent rapidement et nul ne sait jusqu’oÚ grimpera le prix du baril de pÊtrole.
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A ce sujet, monsieur Fichet s’est clairement prononcÊ en faveur de l’utilisation d’Ênergies renouvelables pour alimenter l’unitÊ de bioÊthanol. D’ores et dÊjà , une unitÊ de biogaz de 2 MW est opÊrationnelle, mais l’objectif est d’en gÊnÊrer non loin de 70 de plus grâce à la biomasse mais aussi à la gÊothermie profonde. Cette dernière technologie dont l’Alsace est un leader mondial devrait permettre de chercher de la chaleur à plus de 3 000 mètres de profondeur. Le Conseil a ensuite consacrÊ le reste de la matinÊe à Êtudier la situation des marchÊs des cÊrÊales ainsi que les premières consÊquences sur notre agriculture du Grenelle de l’environnement.
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Le problème des déchets agricoles en passe d’être résolu L’agriculture n’échappe pas au besoin général de consommer « durable ». Chacun doit s’engager à son niveau pour réduire ses déchets. Les plastiques en agriculture sont depuis toujours une préoccupation des exploitants et de leur coopérative. Mais si les bidons sont depuis quelques années correctement gérés grâce à ADIVALOR, ce n’était pas le cas des big-bags, saches et autres plastiques de paillage. Ce sera bientôt chose faite. Plastiques agricoles : solution en vue Depuis que la réglementation interdit au producteur de brûler ou d’enfouir ses déchets plastiques, nos adhérents ont pris l’habitude de les stocker chez eux, puis de les amener en déchetteries. Mais là aussi, les choses évoluent et les SMICTOM rechignent de plus en plus à recevoir ce genre de denrées, car les volumes sont quelquefois importants. Le développement de la technique d’enrubannage y est aussi pour quelque chose. D’autre part, des industriels capables de transformer et valoriser des objets en polyéthylène et polypropylène commencent à proposer aux agriculteurs de reprendre leurs déchets dans le but de les recycler. Mais le transport reste souvent un frein important. Conscient de cet état des choses, le Comptoir Agricole a décidé d’agir pour proposer une solution à la fois efficace, élégante et surtout gratuite pour les adhérents. En partenariat avec la FDSEA et la Chambre d’agriculture du Bas-Rhin, notre coopérative a trouvé une solution « tout en une » pour ses producteurs. Il s’agit de permettre à chacun de se rendre dans un site du Comptoir Agricole choisi pour cette opération et d’y déposer ses plastiques agricoles. Trois journées entières seront proposées aux agriculteurs.
1 Les ficelles plastiques et les filets en polypropylène. Nous vous conseillons de les rassembler tous et de les stocker dans un big-bag usagé. 2 Les big-bags d’engrais et de semences, avec la sache intérieure. Bien penser à vider complètement chaque big-bag. Là aussi, le mieux est de les rouler et des les mettre dans un big-bag usagé.
Quand, comment et où cette collecte se fera-t-elle ? La première collecte de films plastiques se fera du jeudi 18 au vendredi 20 juin inclus. La carte ci-contre vous indique les sites dédiés à cette opération, auxquels il faut ajouter le site de la Coop de Hoerdt. Pour cette collecte, 4 catégories de déchets pourront être amenées. Il faudra d’ailleurs bien les séparer avant de venir sur nos sites. 3OULTZ SOUS &ORÐTS 4HAL $RULINGEN
3 Les bâches d’ensilage, les films d’enrubannage (polyéthylène), les sacs en plastique vides d’engrais et d’aliments de 25 ? à 50 kg. Ces bâches et ces sacs devront être les plus propres possibles et pliés.
(OCHFELDEN -AENNOLSHEIM 7IWERSHEIM -ARLENHEIM -OLSHEIM
"ENFELD !RTOLSHEIM 9 centres de collecte sont mobilisés au Comptoir Agricole.
4 Les plastiques de paillage des asperges. Pour cette première année, nous nous limiterons à cette production sachant que le nettoyage de ces déchets est un frein réel pour les recycleurs qui préfèrent quelquefois détruire plutôt que de recycler ces déchets. Notre capacité collective à apporter du plastique débarrassé de sa terre sera de toute évidence observée avant de renouveler l’opération les prochaines campagnes. Attention : Tout autre plastique sera refusé lors de cette opération. En outre, nous nous réservons le droit de refuser toute livraison trop souillée (terre). Bien entendu, il conviendra également de vérifier l’absence de tout corps étranger tel que cailloux, morceaux de ferraille, verre ou bois.
Solidarité avec tous les producteurs du département Le Comptoir Agricole est conscient qu’une telle opération n’est pas envisageable pour tous les distributeurs du Bas-Rhin. C’est pourquoi nous avons décidé pour cette première année 2008 de collecte de reprendre les plastiques de tous les producteurs, quelle que soit leur provenance. Il s’agit pour nous de montrer à l’ensemble du monde agricole qu’une action citoyenne est de nature à mobiliser les forces vives de la coopérative pour le bien de l’ensemble des agriculteurs.
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Quoi de neuf à propos des EVPP et des PPNU ? Nos adhérents sont désormais habitués à stocker leurs emballages vides de produits phytosanitaires (EVPP) après les avoir correctement vidés et rincés. Les dates de collecte en 2008 sur nos sites leurs seront données très prochainement. En terme de nouveauté, notons la signature d’un accord entre notre partenaire ADIVALOR et l’UNIFA. Grâce à cet accord, il sera désormais possible d’apporter en plus de vos EVPP des bidons vides de fertilisants (engrais foliaires par exemple). Nous y reviendrons en détails en temps et en heure. Concernant les produits phytosanitaires non utilisés (PPNU), l’accélération du retrait de certaines spécialités commerciales met nombre de producteurs dans une situation inconfortable. C’est pourquoi les organisations professionnelles agricoles du département se sont mises d’accord avec ADIVALOR sur le principe de reconduire une collecte en 2008. Mais le gisement de PPNU risque d’être bien moins important que les années précédentes. D’autant que seuls les bidons portant le logo « ADIVALOR » pourraient être repris gratuitement. C’est pourquoi toute nouvelle opération de collecte sera obligatoirement plus cadrée que les précédentes. Les producteurs doivent d’ailleurs s’attendre à être soumis à déclaration préalable. Le Comptoir Agricole fera son possible pour alléger ces démarches par ailleurs compréhensibles.
bon à savoir Pas de PPNU au milieu des produits utilisables ! Rappelons une règle simple en cas de contrôle sur l’exploitation : votre local pour produits phytosanitaires ne doit contenir que des spécialités susceptibles d’être utilisées. En clair, pas de produit interdit à l’utilisation (même si cette interdiction est intervenue quelques semaines plus tôt) et pas de produit homologué sur une culture inexistante sur l’exploitation. Par contre, l’administration sait bien que vous n’êtes pas en mesure de vous débarrasser de ces PPNU aussi facilement. C’est pourquoi les contrôleurs tolèrent la présence d’un conteneur à PPNU dans votre local phytos. Il vous suffit simplement d’y faire figurer distinctement la mention « PPNU – A détruire ».
DOSSIER Le Comptoir s’engage – humblement – en faveur des abeilles Depuis le début des années 90, les apiculteurs constatent des mortalités anormalement élevées de leurs colonies en sortie d’hiver. A n’écouter qu’un seul son de cloche, on finirait par croire que l’agriculture est à l’origine de ce phénomène inquiétant. Pire, que les producteurs ne s’en préoccupent pas ! Alors que nous savons tous que ces mêmes abeilles sont indispensables à la pollinisation de très nombreuses plantes cultivées. C’est pourquoi une association, le Réseau Biodiversité pour les Abeilles, a vu le jour, regroupant professionnels de la filière « miel » et agriculteurs, pour trouver des solutions ensemble. Ce qui allait devenir récemment le Réseau Biodiversité pour les Abeilles a vu le jour il y a déjà une quinzaine d’années dans la Marne, quand Philippe Lecompte, apiculteur bio sur la Montagne de Reims, a pour la première fois initié la mise en place de jachères apicoles. En 2007, le réseau comptait à travers la France 54 apiculteurs, 4 partenaires institutionnels et 187 partenaires agricoles, dont le Groupe Comptoir Agricole. La même année, ce sont plus de 1000 hectares qui ont été semés. Mais un tel résultat n’est pas le fruit du hasard. Au contraire, des scientifiques reconnus, comme le Pr Jacobs de l’université de Gand en Belgique qui étudie la physiologie des abeilles depuis plus de 30 ans, sont persuadés que la cause de la mortalité des abeilles est à attribuer à plusieurs facteurs. Parmi ceux les plus fréquemment cités, nous trouvons la difficulté qu’ont les abeilles à trouver de la nourriture à certaines époques de l’année. L’évolution des cultures impacte directement la présence de pollen utilisable par les abeilles En 20 ans, de nombreuses cultures comme le tournesol ou la luzerne ont fortement régressé dans notre pays. Et les espèces cultivées majoritaires n’ont pas le même potentiel mellifère. En parallèle, ce sont chaque année 60 000 hectares de terres agricoles qui disparaissent au profit
de l’urbanisation. Pour certains spécialistes la conséquence est directe : certaines années, une trop faible ressource pollinique peut conduire à une période de disette pour les abeilles à un moment – fin d’été – où la génération « d’abeilles d’hiver » a besoin de stocker des réserves afin de passer la mauvaise saison dans les meilleures conditions possibles. Le constat étant dressé, ne peut-on rien faire ? Bien sûr que si ! La reconquête de la biodiversité est l’affaire de tous ! Si les agriculteurs ont pris conscience de la nécessité d’agir, encore fautil leur donner les armes pour agir. En 2008, le groupe Comptoir s’est associé à la FDSEA du Bas-Rhin, à la Chambre d’agriculture, à la Fédération des chasseurs et à celle des apiculteurs pour mettre sur pieds un ambitieux plan de bataille en faveur des couverts faunistiques et mellifères. S’il est beaucoup trop tôt pour faire un premier bilan de cette action (amenée à être reconduite dès 2009), il est clair que l’intérêt pour les producteurs est évident. Encore faut-il que la loi (et donc les textes relatifs à la PAC) ne devienne pas un obstacle insurmontable. C’est pourquoi il est proposé dès cette année deux types de contrats, suivant que la parcelle florifère soit déclarée en jachère ou non. Des mélanges adaptés à chaque situation ont été mis au point avec notre partenaire
Nova Flore. Il n’est pas trop tard pour agir : appelez nous ! Par contre, le monde non agricole doit aussi se sentir concerné. Arboriculteurs amateurs, forestiers, mais aussi jardiniers amateurs et même industriels et PME qui ont des espaces verts pas forcément paysagers, sont autant d’acteurs potentiels pour la biodiversité. On sait aujourd’hui que de très petites surfaces de couverts apicoles sont très utiles. Retenons que si un tel couvert représente moins de 1% de l’aire de butinage potentielle d’une colonie d’abeille, il couvre par contre jusqu’à 90% des apports quotidiens de pollen pendant sa période de floraison (voir notre « repère technique » de ce numéro du Fil des Saisons).
Faisons preuve d’humilité. Expertises et contre expertises se succèdent sans qu’une vérité unique n’éclate au grand jour. Tout le monde se souvient des accusations portées contre les traitements de semences qui avaient abouti à la suspension en 2004 des matières actives montrées du doigt. Et malgré cette suspension, les abeilles continuent de dépérir… Depuis, de nouvelles investigations scientifiques comme l’étude multifactorielle 2002-2006 de l’AFSSA ont démontré l’absence de corrélation entre la surmortalité des abeilles et les produits incriminés. Par contre, l’alimentation des abeilles est clairement désignée comme capitale dans ce phénomène. Malgré tout, le doute persiste chez certains apiculteurs, comme le prouvent les manifestations contre la mise sur le marché d’un nouveau traitement de semences fin 2007.
Nectar et pollen : à ne pas confondre !
Le Comptoir Agricole donne l’exemple S’il est toujours plus facile de donner des conseils et de rester en retrait, ce n’est pas l’attitude choisie par le Comptoir. Plusieurs de nos sites (silos, magasins) vont très prochainement accueillir ce type de couverts mellifères. Histoire de donner l’exemple à d’autres industriels, mais aussi de tester les différentes façons de mettre en place ce genre de couvert. L’expérience de notre département « espaces verts » qui travaille avec de nombreuses collectivités sur le fleurissement est en ce sens un atout précieux. Pour en savoir plus : www.jacheres-apicoles.fr, www.afssa.fr (taper « abeille » dans le moteur de recherche) Contact : Christophe KLOTZ – 06 76 45 08 02
Impact des insecticides : le doute persiste dans les esprits
Si l’Homme a essentiellement besoin de glucides pour être en forme (pâtes, riz, pommes de terre, féculents divers…) son organisme a également besoin de trouver des sources en protéines (viandes, laitages, poissons, œufs, voire graines protéagineuses comme le soja ou le pois). Il en va de même pour les abeilles. Le nectar est l’aliment énergétique par excellence, grâce à sa richesse en glucides. Les abeilles le transforment alors en miel. Quand le nectar fait défaut, l’apiculteur peut pallier ce manque en apportant à la colonie des sirops dits de nourrissement. Par contre, le pollen est LA source protéique des abeilles, et sa quantité aussi bien que sa qualité sont essentielles. Plus il sera d’origines diverses, donc issu de fleurs différentes, plus l’équilibre alimentaire sera garanti. Des études très sérieuses ont prouvé que cette alimentation pollinique avait un effet sur la taille des abeilles, le développement de certains organes mais aussi sur la résistance de la colonie aux agressions extérieures. Or quand le pollen vient à manquer, les apiculteurs n’ont pas de solution de remplacement.
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LA VIE DU COMPTOIR REPÈRE TECHNIQUE
Pourquoi un petit couvert mellifère peut avoir un grand effet sur les ruches ?
Les spécialistes s’accordent à dire qu’une abeille peut butiner dans un rayon d’action qui se situe autour de 10-12 km. Ce qui représente une superficie visitée de 314 km², c’est-à-dire 31 400 hectares ! Bien entendu, toute cette surface ne présente pas forcément un intérêt mellifère mais un petit calcul rapide nous renseigne sur les besoins de ces abeilles. Partons d’une hypothèse théorique de départ mais acceptable par un professionnel : imaginons 50 ruches de 30 000 abeilles chacune dont un tiers de butineuses, lesquelles ne dépassent pas un rayon de butinage de 1,5 km, ce qui est le cas quand les fleurs sont abondantes. Cela fait 500 000 butineuses (50 x 10 000) sur une aire de 707 ha. Ou bien encore 710 abeilles par ha, soit une abeille pour 14 m². Intéressons nous maintenant aux différents couverts disponibles. On compte couramment 10 capitules épanouis de pissenlit par mètre carré dans une prairie,
alors qu’un colza en pleine floraison présente 1000 fleurs par mètre carré. Un couvert implanté par l’Homme pour son pouvoir mellifère peut parfaitement atteindre cette même performance. Sans compter le fait que cette source de pollen diversifié est disponible en fin d’été, au moment où les abeilles en ont le plus besoin. Conclusion : si 1% de la surface butinée, soit 7 ha, est implanté avec un couvert mellifère d’une densité de 1000 fleurs par mètre carré, cela représente une disponibilité théorique de 140 fleurs pour une abeille ! Ce qui explique en grande partie les efforts entrepris par le Comptoir Agricole et ses partenaires afin de promouvoir les couverts fleuris. Chaque canton n’héberge pas un apiculteur professionnel. Il n’est donc pas indispensable que ces couverts se comptent en hectares par commune. Mais si chacun fait un effort, les besoins des pollinisateurs seront… couverts !
Définition Les plantes mellifères produisent des substances récoltées par les insectes butineurs pour être transformées en miel. Beaucoup de plantes sont mellifères, mais seulement une partie peut être butinée par les abeilles domestiques du fait de leur morphologie (encombrement du corps, longueur de trompe...). L’apiculture classe une plante comme mellifère lorsqu’elle est exploitable par l’abeille domestique. http://fr.wikipedia.org/wiki/Flore_mellifère
Le Réseau Biodiversité pour les Abeilles défend l’idée de créer une appellation « miel de couverts mellifères » dans les endroits où de tels couverts sont implantés ! Une boutade ?
e x tra n et : le coi n d ’ aria n e
Enregistrer ses applications phytos avec une aide en ligne Si chaque producteur garde une trace de ses traitements, il n’est parfois pas évident de noter à la fois le nom de la spécialité commerciale, la dose, mais aussi l’usage. Or un produit phytosanitaire est autorisé sur une culture, avec une dose pour chaque cible. Avec l’aide de l’informatique et d’internet, pourquoi ne serait-il pas possible de faire cet enregistrement sans risque de se tromper ? C’est maintenant possible grâce au portail www.ariane.coop et son module « Agréo/ Néotic » d’enregistrement des pratiques culturales. Un exemple ? Imaginons que vos maïs aient besoin d’être protégés contre le liseron. Vous décidez de procéder à une application de Banvel à 0.6 Litre/ha pour lutter contre cette vivace.
Dans la rubrique Mes travaux / ajouter une intervention, le fait de choisir une protection herbicide conduira le logiciel à vous proposer une liste de produits phytosanitaires homologués sur cette culture et donc autorisés à la vente. La base de données qui gère automatiquement cette liste est mise à jour une fois par semaine sans aucune intervention extérieure, ce qui est capital compte tenu des très nombreux retraits de spécialités commerciales depuis quelques mois. Après avoir entré les premières lettres du nom (« B », « A » puis « N »..) le nom « Banvel» apparaît automatiquement dans le menu déroulant. Pour les utilisateurs avertis, les premiers produits de la liste seront ceux que le producteur aura pris soin d’entrer dans ses stocks en début de campagne. Si le producteur prend la peine de dérouler le menu « usages », tous les parasites contre lesquels Banvel est homologué s’affichent. En l’occurrence, ce sera le mot officiel « dés-
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herbage » qui apparaît (le même que sur le site e-phy). Enfin, la dose d’homologation est automatiquement proposée par défaut. Quel intérêt de pratiquer ainsi ? Tout le monde ne sait pas forcément quels sont les produits retirés de la vente. Avec Ariane, ne prenez pas de risque en n’affichant que les produits autorisés. Et par le menu déroulant « usages », vérifiez en ligne que l’autorisation existe bien et laissez une trace plus précise de votre intervention.
t é mo ig n ag e
Les brèves d u c o m p to i r
L’ami des abeilles
Fin des subventions pour les aires de remplissage
Le Professeur Jacobs est un des grands spécialistes européens de l’abeille. Directement impliqué dans les démarches actuelles qui tendent à expliquer le dépérissement de certaines colonies au cours de l’hiver, notre journal l’a rencontré pour en savoir plus.
Le PVE est aujourd’hui le seul moyen d’aide financière dont dispose un producteur pour s’équiper d’une aire de remplissage ou de lavage de son pulvérisateur. La convention qui permettait avant au Comptoir Agricole de remplir ce rôle en relation avec l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse prendra officiellement fin en juillet prochain. Nos adhérents concernés par un dossier incomplet sont invités à le finaliser très rapidement.
Au Fil des Saisons : Depuis combien d’années étudiezvous les abeilles et leur comportement ? Pr Franz Jacobs : Le laboratoire de zoophysiologie de l’Université Belge de Gand existe depuis les années 70. J’ai réalisé moi-même de nombreux travaux, notamment une thèse sur le développement de Nosema apis, un protozoaire parasite chez l’abeille domestique, Apis mellifera L. Nos domaines de recherches sont axés sur la physiologie et les pathologies de l’abeille. Ainsi que sur tous les facteurs inhérents à l’apiculture. Nous avons déjà écrit de nombreuses publications sur l’impact de la qualité du pollen sur les abeilles dans les années 1980 et nous continuons aujourd’hui d’étendre nos connaissances sur le sujet grâce à de nouvelles méthodologies. Je suis également expert et consultant auprès du Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement Belge, consultant du Musée d’Apiculture de Kalmthout, en Belgique, et en relation directe avec le monde apicole belge depuis plus de trente ans.
(de très haute valeur nutritive) vivront 27 jours de plus que celles nourries avec un autre pollen de faible valeur nutritive. D’autre part, il existe un facteur de 1 à 60 entre certains types de pollens. En effet, les abeilles ne savent pas différencier dans la nature un pollen de bonne ou de mauvaise qualité nutritive. Quand elles ramènent des pollens faiblement protéiques dans la colonie, cette dernière ne peut pas compenser ce déficit, par exemple en diminuant la ponte de la reine. Chaque ouvrière qui naît sera donc plus faible, au point d’entraîner le dépérissement d’une colonie en quelques semaines.
Au Fil des Saisons : Dans vos interventions à travers l’Europe, vous défendez l’idée que seuls des apports diversifiés et réguliers de pollen permettent aux colonies d’être correctement alimentées en protéines. Pourquoi ? Pr Franz Jacobs : Effectivement, tout comme l’homme, les abeilles ont besoin de protéines pour se développer. Or, le pollen est la seule source de protéines accessible aux abeilles dans la nature. J’ai observé et prouvé dans mes différentes expérimentations que des abeilles auxquelles on fournit du pollen de faible qualité nutritive auront une durée de vie bien inférieure à celles à qui l’on donne du pollen de bonne qualité. Par exemple, dans le cadre de mes expérimentations, des abeilles nourries exclusivement avec du pollen de fraises
Au Fil des Saisons : Avez-vous observé des différences entre des colonies d’abeilles à proximité de couverts mellifères et d’autres ? Pr Franz Jacobs : Oui absolument. Nous avons déjà analysé des échantillons de mélanges de pollens de jachères apicoles, qui montrent des résultats de haute valeur nutritive, qui permettront donc une durée de vie plus longue des abeilles, équivalents aux résultats obtenus avec du pollen de fraises. Pour aller encore plus loin, nous avons mis en place cette année un programme de monitoring en Belgique afin de comparer des colonies entre des zones urbanisées (Gand), agricoles (Gembloux), horticoles (Brakel) et naturelles (Beauchevain).
Des kits pour se protéger
m’r ‘s bewundere. D’Immemàmme het’s g’hert un fröjt’s üs “…Schen, wunderschen isch’s do hüsse” sàt ‘s kleine Immele züer Antwort… “Wiss, gànz Wiss, àlles isch Wiss” setzt’s noch dezüe. “Oh, schnall, komme àlli widder in’s Bett” meint, gànz bekimmert, die Immemàmme… “Wiss isch kàlt un Schnee, so kenne ihr nitt nüs”… Un schon schlopfe sie àlli schnall in d’Wärme. ‘S kleine Immele schloft àwer nitt làng. Es hert e Vejele wie gànz lüt pfift : “d’Zit isch do, d’Zit isch do…” un mecht nix ànder’s dàss e nüs, frei flieje, in d’frisch Luft. E Immeonkel meint : m’r hàn fàscht ken Honig meh, m’r müen ebs finde ; ich weiss e Bliemele wie trotz Schnee un Wind kànn blieje… komme, m’r gehn, d’Schneegleckele sinn sicher schon im Blüecht”. Üsgemàcht. Un schon sinn sie drüsse… E schener Sonnestràhl lockt sie in d’Heh. E wàrmi Luft singt’ne e Morjeliedel. E lawesvolli Nàtür zeijt’ ne de Waj fer dene erschte Üsflug. Alles isch wiss, gànz wiss : d’r Kirschbààm,
Mycotoxines : ne pas relâcher la pression Une enquête sur les mycotoxines présentes dans l’alimentation des animaux de compagnie vient de paraître dans le numéro d’avril 2008 de 60 millions de consommateurs. Il y est expressément demandé aux pouvoirs publics de réfléchir pour « imposer des règles plus strictes de contrôle et de seuils ». Nous réaffirmons avec force que tous les efforts sont entrepris par le Comptoir Agricole afin de réduire ce risque.
Enquête BVA Une grande enquête de satisfaction est confiée à la société BVA afin de mieux cerner et mesurer le degré de satisfaction de nos adhérents. Grâce aux résultats attendus, le Comptoir envisage d’innover en termes de services.
Mieux anticiper ses approvisionnements
Unter Uns D’Mensche ziehn sich widder mit fàrbvolle Kleider àn un dröje üs’m Hüs enüs ohne Màntel, ohne Hüet. ‘S het sich ebs g’andert. Un diss nannt m’r Friehjohr. D’r Bür kànn nimm wàrte. Er weiss dàss d’r Bodde von Dàà züe Dàà wärmer word un dàss àlles bàl widder in ‘s wàchse kànn komme. D’Baim verwàche äu un mànchi Knospe hàn schon làng gstose, fàscht frach in’re noch züe frische Luft. D’Rawe äu fànge àn ze hile wànn m’r sie schnid… Im Immehisele verwàcht die gànz Fàmilie noch’m tiefe Winterschlof. ‘S kleine Immele wie noch nie nix von Fald un Lawe het gsahn kànn nimm wàrte. Es dappelt vor’m Üsgàng erum wie wànn’s ebs dat blöje, lüejt àllewil ob ‘s ken spàlte Liecht durich d’Tir kànn verwitsche. Doch find’s andli e so stràhlender Karne in d’r Bratterwànd. Es geht àls nahder bis’es durich diss Lechele kànn spioniere ! “Mensch isch’s do hüsse natt, wundernatt” hert
Près de 2000 de nos adhérents se sont vus proposer des kits d’équipement de protection individuelle à un prix exceptionnellement bas au cours de l’hiver. Initiée par notre groupement d’achat avec l’aide des fournisseurs, cette opération vise à sensibiliser les agriculteurs aux risques liés à une utilisation de produits phytosanitaires sans aucune protection. Le kit se compose de gants nitriles, de lunettes, de combinaisons jetables et de protections respiratoires adaptées de type masque A2P3. Ce dispositif a été salué par la MSA et la Caisse d’accidents agricoles du Bas-Rhin.
Trop d’adhérents n’anticipent pas encore assez leurs besoins d’appro. Or nos fournisseurs fonctionnent de plus en plus en flux tendu ce qui occasionne des ruptures fréquentes. Les producteurs sont invités à faire preuve d’encore plus de rigueur dans leurs prévisions.
Un jeune retraité…
d’r Apfelbààm, àlli Baim un Hecke stehn im Blüecht ! D’r Bür äu isch schon im Fald un het Freid, dàss die Immele widder verwàche… Wer weiss, meint’r, wie làng noch. Hoffendli düen m’r sie nitt noch umbringe mit’m moderne Gift ! Stan LOUD www.olcalsace.org
André Cavalerie a quitté le Comptoir fin mars après 26 années passées chez Silostra. Il aura formé depuis de très nombreux jeunes qui appréciaient apprendre avec lui. Il laisse « son » silo à à Freddy Stoeckle, Xavier Kieffer et Nicolas Bauer. Salut André « un’ mach’s guet ! »
…et des arrivées Aurélie Gander, après un passage réussi au service technique, vient d’être recruté au service commercial appro en vue du remplacement programmé de Denise Martin. Sandrine May a rejoint dernièrement Eurépi pour s’occuper de l’exécution des contrats d’achat et de vente des céréales. Enfin, Coralie Huck vient d’être recrutée au poste de commercial au sein du département espaces verts en remplacement de Stéphane Lasson.
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