Construction avril 2019

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Le mensuel de l’entrepreneur • Une publication de la Confédération Construction • Rue du Lombard 34 - 42 • 1000 Bruxelles

Construction

AVRIL

2019 BUREAU DE DÉPÔT GENT X – €6

DOSSIER

L’HABITAT EN HAUTEUR   :

une solution d’avenir ? FORUM CONSTRUCTION

Les réactions des politiciens à nos revendications

SÉDUIRE LES JEUNES

Refonte du Plan Formation-Insertion

/confederationconstruction @ConfedConstruct

www .confederation­construction.be Confederatie Bouw - Confédération Construction

SALON DES MANDATAIRES

Concertation sur la construction avec le gouvernement wallon


UN PROJET QUI VOUS POUSSE À VOUS SURPASSER. Et un partenaire fiable qui vous traite toujours d‘égal à égal. Ceux qui visent une qualité maximale à grande échelle ont besoin d‘un partenaire qui s‘impose la même exigence. Un partenaire qui convainc par une qualité de produit exceptionnelle pour le domaine sanitaire, gaz et chauffage et qui ne perd jamais de vue le moindre détail, même lors des plus grands défis. Que ce soit en personne sur le chantier, à travers les conseils de notre ligne d‘assistance téléphonique ou dans notre centre de formation Viega. Viega. Connected in quality.

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ÉDITO

La sécurité, la priorité absolue

V

ous n'êtes sans doute pas sans savoir qu'en tant que Président, j'ai formulé l'objectif très ambitieux de faire baisser de moitié le nombre d’accidents de travail dans notre secteur d'ici 2020, de sorte que notre pays se hisse dans le top 5 des pays de l'UE qui comptent le moins d’accidents de travail. D'autres pays tels que les Pays-Bas, la Suède, la Grande-Bretagne et l'Irlande y parviennent, et il n'y a donc aucune raison que la Belgique ne puisse pas faire de même.

« Le nombre d’accidents

de travail est tout simplement inacceptable sur le plan humain et social. »

Plusieurs chiffres m'inquiètent au plus haut point. En 2017, 145.000 accidents de travail ont eu lieu en Belgique, dont 14.600 dans la construction. Autrement dit, notre secteur est responsable de 10 % des accidents de travail dans notre pays, bien que ce chiffre ait diminué ces dernières années. 56 accidents de travail se produisent encore au quotidien, de et vers les chantiers. La construction déplore encore un accident de travail fatal par mois. Cela ne peut pas durer. Le nombre d’accidents de travail est tout simplement inacceptable sur le plan humain et social, mais sur le plan économique, il entraîne en outre des coûts considérables pour nos entreprises et pour notre sécurité sociale. Il porte par ailleurs atteinte à l'image du secteur, au moment précis où nous souffrons d'une pénurie de main-d’œuvre et devons nous montrer attractifs. En un mot comme en cent, il y a du pain sur la planche ! La Confédération Construction a d'ores et déjà posé un premier jalon, avec une vaste campagne de sensibilisation attirant l'attention des entrepreneurs de construction sur l'importance de la sécurité sur, de et vers les chantiers. Le site Internet www.safetymypriority.be comporte une charte que vous pouvez signer en ligne, par laquelle vous vous engagez à donner la priorité absolue à la sécurité et à un comportement sûr dans toutes les activités et sur tous les chantiers, tant au niveau de vos propres employés qu'à celui de vos sous-traitants ou partenaires. Je profite de l'occasion pour réitérer mon appel à signer cette charte : la sécurité est bien notre priorité absolue à tous, n'est-ce pas ? Bien entendu, notre secteur ne peut pas assumer la tâche à lui tout seul. Les pouvoirs publics doivent eux aussi apporter leur pierre à l'édifice. Nous avons déjà clairement indiqué à nos responsables politiques, lors du Forum Construction et aussi à d'autres occasions, que certaines décisions devront être prises pour accroître la sécurité sur les chantiers de construction. Ainsi, la sécurité doit devenir un critère essentiel dans tous les marchés publics, et elle doit faire partie intégrante de l'enseignement construction, tant au niveau du secondaire que du supérieur. Mais tout d'abord, c'est à vous de jouer : www.safetymypriority.be !

Paul Depreter Président Confédération Construction avril 2019 • Construction 3


SOMMAIRE

12 Forum Construction

Le ForumConstruction 2019 de la Confédération a confronté les partis politiques à des questions vitales pour notre secteur. Vous trouverez leurs réponses dans cet article. Une lecture utile à l’approche des élections !

19 L'habitat en hauteur : une solution d'avenir ?

La population augmente, la taille des familles diminue, et la densification est à l'ordre du jour. Quoi de plus évident, donc, que la construction en hauteur. Mais les choses ne sont pas aussi simples ...

4 Construction • avril 2019

33 Séduire les jeunes

Afin d’attirer les jeunes vers le secteur de la construction, plusieurs partenaires, dont la CCW, viennent de lancer une campagne de sensibilisation à destination des 15-25 ans.

48 Une numérisation en profondeur

Chez notre affilié Linden, la conception, l'administration et la production sont autant que possible numérisées. Nous avons demandé au chef d'entreprise pourquoi il a franchi le pas, et quels en sont les avantages et les inconvénients.


Le mensuel de l’entrepreneur • Une publication de la Confédération Construction • Rue du Lombard 34 - 42 • 1000 Bruxelles

Construction

AVRIL

2019 BUREAU DE DÉPÔT GENT X  €6

DOSSIER

L’HABITAT EN HAUTEUR :

une solution d’avenir ? FORUM CONSTRUCTION

Les réactions des politiciens à nos revendications

SALON DES MANDATAIRES

Concertation sur la construction avec le gouvernement wallon

SÉDUIRE LES JEUNES

Refonte du Plan Formation-Insertion

VOS INTÉRÊTS

@ConfedConstruct

www .confederationconstruction.be

Le secteur a des jobs passionnants pour les jeunes.

Nouvelles dispositions en matière de responsabilité des administrateurs.

34 Transition énergétique

Le point de vue des politiciens sur nos défis.

38 Amiante

La CCW veut aller plus loin.

36 Salon des mandataires

Le logement au cœur du débat.

12 Forum Construction

17 Le registre UBO

/confederationconstruction

33 Campagne de séduction

10 Le nouveau Code des sociétés enfin approuvé

Délais reportés pour vos obligations.

Confederatie Bouw - Confédération Construction

DOSSIER

Le quotidien des démolisseurs.

40 Densification

Un congrès passionnant de la FEGC.

42 Bati-Info

Mettez votre entreprise en avant sur Internet.

19 Introduction 3 Édito

Pourquoi vous devez lire ce dossier.

Paul Depreter : « La sécurité, la priorité absolue ».

20 Tendances

Le Roi a assisté à l'inauguration du projet Tivoli.

22 Jacques Teller

6 Des invités de marque

9 Point de vue régional

Le secteur veut résorber la pénurie et valoriser l’image des métiers de construction.

L'heure est venue de construire en hauteur. Un urbaniste qui a une vision nuancée.

Une alternative intéressante pour la surélévation.

50 Avantages membres Votre affiliation se rentabilise. 52 Marché de la construction

SECTEURS & MÉTIERS

58 Marquant

Plus en adéquation avec la demande du secteur.

Mise en page : Abder-Razzaaq Boujdaini abder-razzaaq.boujdaini@cnc.be Nikka Cuypers nikka.cuypers@cnc.be Secrétariat de rédaction : secretariatredaction@confederation­ construction.be

PROJETS & ENTREPRISES

28 La construction bois

« Nous sommes partenaires des pouvoirs publics ».

32 Plan Formation-Insertion

Editeur responsable : Filip Coveliers, Rue du Lombard, 34-42, 1000 Bruxelles. Bureau de dépôt : Gent X Rédaction : Edition francophone : Construction Marc Guéret - tél. 02 545 57 31 marc.gueret@confederation­ construction.be Edition néerlandophone : Bouwbedrijf peter.graller@confederatiebouw.be

• Dimensionner un garde-corps pour qu’il soit sûr à 100 %.

48 Udo Linden

Accélérer la rénovation des écoles.

VOS CONTACTS

26 Les constructeurs- développeurs

31 Partenariat CCW-Climact

Construction est le mensuel de l’asbl Confédération Construction Rue du Lombard 34-42, 1000 Bruxelles

44 CSTC • ETICS sur ETICS.

Impression : Graphius Réactions-questions : communication@ confederationconstruction.be Avec la collaboration des services d’études de : • Confédération Construction Morgane Halleux tél.02 545 56 33- fax 02 545 59 09 morgane.halleux@confederationconstruction.be • Confédération Construction Wallonne Katia Bogaard tél. 02 545 56 75- fax 02 545 59 05 katia.bogaard@ccw.be • Conféderation flamande de la Construction Johan Walewijns, tél. 02 545 57 49 - fax 02 545 59 07 johan.walewijns@confederatiebouw.be • Confédération Construction Bruxelles-Capitale Morgane Cendoya,

Un chef d'entreprise explique pourquoi il a fait le choix du numérique.

Les exposants de Digital Construction Brussels.

• Chiffre du mois. Les carnets de commande. • Départ Claude Van Rooten quitte le CRR mais pas la voirie !

tél. 02 545 58 29 - fax 02 545 59 06 morgane.cendoya@confederationconstruction.be

Membre de l’Union des Editeurs de la Presse Périodique.

Abonnements : Claude Bernaerts, tél. 02 545 56 88 - fax 02 545 59 00 claude.bernaerts@confederationconstruction.be Publicité : Kristel Dekempeneer, tél. 02 545 56 99 - fax 02 545 59 08, kristel.dekempeneer@confederation­ construction.be Prix abonnement annuel Membres de la Confédération Construction, compris dans la cotisation Non-membres : 137,80 euros (TVA et frais de port compris) / Etranger : 300 euros (TVA et frais de port compris)

Par la présente publication, la Confédération Construction asbl s’assigne comme but de vous communiquer des informations adaptées, fiables, complètes et exactes. Toutefois, elle ne peut pas être tenue responsable en cas d’un manquement quelconque à cet objectif. Tous les éléments de cette publication sont protégés par le droit d’auteur de la Confédération Construction asbl. Toute reprise d’articles, en tout ou en partie, n’est permise qu’après autorisation expresse et avec la mention explicite de leur provenance.

Vot re mensuel Construction est dorénavant imprimé sur du papier issu de la gestion durable des forêts. Le label Forest Stewardship Council veille à la préservation de l’écosystème forestier ainsi qu’au respect des droits sociaux des populations indigènes et des travailleurs forestiers.

avril 2019 • Construction 5


ÉPINGLE

Le nouveau quartier Tivoli, à Laeken

Durable, abordable et économiquement actif Le quartier Tivoli, à Laeken, est presque prêt. Il donne une nouvelle dimension à la vie en ville : un habitat écologique, économique et agréable pour un public varié, sans oublier la création d'emplois locaux.

Des ambitions

Citydev, la société publique de développement de la Région bruxelloise, avait de grandes ambitions. GreenCity devait être un exemple de développement urbain durable, avec un véritable accent social. Les trois entrepreneurs principaux étaient, bien entendu, trois membres de la Confédération : BAM Contractors, Jacques Delens, du Groupe Besix et BPC, du Groupe CFE. Le développement des logements sur site a été confié à PARBAM, combinaison de Pargesy et Kairos, le pôle développement de BAM.

biodiversité, énergie renouvelable, gestion rationnelle de l'eau ... Le site couvre une superficie totale de 4,5 hectares. L'espace public, d'environ un hectare, comprend une zone de verdure de 2000 m2, ainsi qu'une promenade de 1000 m 2. Une vingtaine de biotopes assurent la biodiversité, non seulement au sol, mais aussi sur les façades et les toits. Un lieu a notamment été créé pour permettre

La serre sur le toit. Ce projet est durable dans tous les sens du terme.

aux martinets noirs de se reproduire, en partenariat avec l'organisation de protection de la nature Natuurpunt. GreenCity produit 35 % de l'énergie nécessaire aux logements.

Le projet comprend 126 logements sociaux, qui seront mis en location, et 271 logements conventionnés, dont le prix de vente ou le loyer seront soumis à des conditions. Il proposera également deux crèches, ainsi que 800 mètres carrés d'espaces commerciaux. Benjamin Cadranel, Administrateur délégué de citydev, fait l'éloge des entrepreneurs : en dépit de la densité élevée de population dans le quartier, personne ne s'est plaint de ce que les travaux occasionnaient des nuisances. La vie en vert

D'un point de vue écologique, la barre a été placée haut pour GreenCity : consommation énergétique faible, 6 Construction • avril 2019

© citydev.brussels – Isopix

L'aspect social

En dépit de leur compacité, les logements ne sont pas étroits. GreenCity se compose d'un tiers de logements sociaux et de deux tiers de logements conventionnés.

© citydev.brussels – Isopix

Tivoli comprend deux volets : Brussels Greenbizz, un incubateur d'entreprises vertes et durables, a constitué la première phase du projet. Greenbizz fourmille désormais d'activité, et la deuxième phase est sur le point d'être terminée : il s'agit de GreenCity.


© citydev.brussels – Isopix

une mobilité douce. Et pour une fois, les piétons et les cyclistes tiennent le haut du pavé ! 663 emplacements pour vélos seront prévus à proximité des entrées des immeubles ; la promenade et le parc ne seront accessibles qu'aux piétons. Tous ensemble

Les habitants et commerçants de ce nouveau quartier seront encouragés à trier et composter, de sorte à diminuer le volume des déchets. Tous les logements sont passifs, et GreenCity produit en outre 35 % de l'énergie nécessaire à son habitation. Les bâtiments sont raccordés à un réseau de chauffage urbain, avec une chaufferie centralisée ultra-performante alimentée au gaz, qui assure la production d'eau chaude sanitaire et le chauffage. Il s'agit d'un système collectif, mais dont la régulation est individuelle, par unité de logement. En complément, des panneaux photovoltaïques sont installés sur les toits. Détail intéressant : ceux-ci ont été financés par un tiers investisseur. Après dix ans, les installations deviendront propriété des habitants du quartier. GreenCity utilise autant d'eau de pluie que possible pour l'usage domestique, et recycle les eaux grises légèrement polluées. Des robinets, pommeaux de douche et autres dispositifs économiques ont été installés pour réduire la consommation d'eau. L'environnement a été conçu et planté de sorte à permettre le stockage et l'infiltration des eaux pluviales. Des toitures vertes ont été installées sur tous les bâtiments, même sous les panneaux photovoltaïques. Chacun des lots de GreenCity sera en outre pourvu d'un potager en toiture.

Une mobilité douce

Lorsqu'il est question de durabilité, l'on a parfois tendance à oublier la circulation et la mobilité. Loin s'en faut à GreenCity. Les nouvelles rues du quartier ont été conçues de sorte à favoriser

DES INVITÉS DE MARQUE Les travaux de Tivoli touchent à leur fin, un évènement qui a été célébré comme il se doit le 20 février dernier par une fête de voisinage. Le Roi Philippe a même été de la partie. Il a en outre honoré d'une visite plusieurs entreprises actives au sein de Greenbizz.

www.citydev.brussels. Pour la Région de Bruxelles-Capitale, Tivoli doit être non seulement écologique et social, mais aussi remplir une fonction économique. Il fait donc office d'incubateur pour les entrepreneurs débutants qui créent de l'emploi local et durable.

Le Roi Philippe à GreenCity. A sa droite, Wim Straetmans (Executive Director de Kairos, le pôle développement de BAM), et à sa gauche, Benjamin Cadranel (Administrateur délégué citydev). © citydev.brussels – Isopix

Econome en ressources

Qui dit habitat durable, dit aussi habitat agréable. Le nouveau quartier favorise donc le sentiment d'appartenance à une communauté. Citons notamment une buanderie collective, alimentée par de l'électricité verte en provenance des panneaux solaires, et par de l'eau de pluie récupérée. Un centre d'information permettra aux habitants de s'impliquer dans les ambitions vertes de GreenCity. Les premières familles devraient en principe pouvoir s'installer dans ce nouveau quartier écologique vers la fin du mois de mai.

avril 2019 • Construction 7


GO DIGITAL!

TOUR & TAXIS BRUXELLES WWW.DIGITALCONSTRUCTIONBRUSSELS.BE 8 Construction • avril 2019


POINT DE VUE RÉGIONAL

La formation continue, clé pour développer les compétences en entreprise

A

vec plus de 5.000 emplois vacants, la construction wallonne est confrontée à une pénurie croissante de main-d’œuvre, qui freine l’activité des entreprises. Or, avec la montée en puissance du « Plan infrastructures », du « Plan wallon d’investissements » et de la rénovation énergétique, la construction wallonne recèle encore d’innombrables opportunités de chantiers. Dans cette perspective conjoncturelle positive, il est donc essentiel de mobiliser nos demandeurs d’emploi, mais aussi et surtout de valoriser l’image de notre secteur pour y attirer à nouveau les jeunes. L’IFAPME s’inquiète en effet d’une diminution de 25 % des inscriptions d’apprenants dans ses sections de construction.

« La construction wallonne est confrontée à une pénurie croissante de main-d’oeuvre, qui freine l’activité des entreprises. »

Pour répondre aux besoins les plus urgents, la CCW collabore avec le Forem pour activer les demandeurs d’emploi vers les métiers en pénurie (présentés comme « métiers d’avenir »). Ainsi, la CCW effectue - avec l’appui des confédérations locales, du Forem et du ministre wallon de l’emploi et de la formation P.-Y. Jeholet - un « road show » de présentation des mesures de lutte contre les pénuries et d’aides à la formation (action « coup de poing », nouveau PFI et Incitant+) élaborées par le ministre. Mais ce n’est pas suffisant. Une valorisation fondamentale de l’image des métiers de la construction auprès des jeunes s’avère nécessaire. Pour ce faire, la CCW et une série de partenaires (WorldskillsBelgium, Constructiv, Volta, Cefora, Forem, Ifapme, fédérations…) lanceront, le 1er avril, une campagne promotionnelle des métiers de construction, notamment sur les réseaux sociaux (les plus efficaces aux yeux des jeunes !). Cette campagne, soutenue par la Wallonie, présentera les nombreux avantages et évolutions de nos métiers : conditions salariales attractives, formations possibles tout le long de la vie, utilisation de nouvelles technologies, fierté du bâtisseur… Complémentaire à l’action annuelle « Building Heroes » (qui vise les 10-12 ans), la nouvelle campagne visera les 15-25 ans et s’appuiera sur des événements comme Startech’s days, WorldSkills, Journée Chantiers ouverts, etc. pour transmettre une image positive et centrée sur la jeunesse. La campagne comprendra notamment un portail virtuel doté d’un avatar numérique et d’un call-center afin d’orienter

Luc Mohymont Président CCW avril 2019 • Construction 9


LA LOI SUR LES SOCIÉTÉS ADOPTÉE

La responsabilité des administrateurs selon la nouvelle loi Le 28 février 2019, la Chambre a définitivement approuvé le nouveau Code belge des sociétés et des associations. L'édition de décembre 2018-janvier 2019 de Construction y a déjà consacré un dossier. Quelques changements sont néanmoins intervenus depuis lors, notamment en ce qui concerne la responsabilité des administrateurs.

A

utre modification importante : son entrée en vigueur (voir encadré). De plus, le Livre VI de la nouvelle loi, qui porte sur les sociétés coopératives, a considérablement été étoffé. Son importance est toutefois moindre pour les entreprises de construction. Le Livre XIV a été remanié en profondeur. Il règle la transformation transfrontalière d'associations et de fondations. Mais nous ne nous étendrons pas là-dessus ici.

Limitation de la responsabilité

La première ébauche étendait la responsabilité des administrateurs. Tous les membres de l'organe de gestion allaient être solidairement responsables envers la société et envers les tiers de tous les préjudices causés par des infractions à la loi ou aux statuts de la société. Cet élargissement est maintenu dans la version adoptée de la loi. La première mouture plafonnait déjà la responsabilité, mais une innovation importante a vu le jour sur ce point. A l'origine, la responsabilité était limitée à 250.000 € pour les sociétés de petite taille. Dans la version approuvée du Code, la limite pour les plus petites entreprises et associations a été ramenée à 125.000 €. 10 Construction • avril 2019

Les limites

Faisons le point sur les limites en question. Dans ce qui suit, il est question du chiffre d'affaires moyen et du total bilantaire moyen par an. Ces moyennes sont calculées sur les trois derniers exercices précédant l'action en responsabilité. Si la société est trop jeune, l'on prendra en compte le temps écoulé depuis sa constitution. Pour éviter toute ambigüité : il ne s'agit pas ici des montants par administrateur, mais bien pour tous les administrateurs ensemble. 125.000 €

La limite de la responsabilité lorsque le chiffre d'affaires moyen (hors TVA) reste inférieur à 350.000 € par an et que le total bilantaire moyen est inférieur à 175.000 €. 250.000 €

Il s'agit de la limite lorsque l'entreprise n'entre pas dans la catégorie précédente, que le chiffre d'affaires moyen (hors TVA) reste inférieur à 700.000 € par an, et que le total bilantaire moyen est inférieur à 350.000 €.

1 MILLION D'€

Il s'agit de la limite lorsque l'entreprise n'entre pas dans les deux catégories précédentes et dépasse au plus un des critères suivants : - un chiffre d'affaires moyen (hors TVA) de 9.000.000 € par an ; - un total bilantaire moyen de 4.500.000 €. 3 MILLIONS D'€

La limite de la responsabilité des administrateurs lorsque la société ne relève pas des trois catégories précédentes, mais ne relève pas non plus de la cinquième et dernière catégorie. 12 MILLIONS D'€

La limite lorsque l'entreprise a atteint ou dépassé au moins l'une des limites suivantes : • un chiffre d'affaires moyen (hors TVA) de 50 millions d'€ par an ; • un total bilantaire moyen de 43 millions d'€. Important : la responsabilité des administrateurs ne peut être limitée audelà de ces plafonds. Ces plafonds seront indexés.


QUAND CETTE LOI ENTRET-ELLE EN VIGUEUR ? Les dispositions relatives à l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sont relativement complexes. Une explication exhaustive n'aurait pas de sens ici, mais voici quelques dates cruciales :

1ER MAI 2019. Entrée en vigueur de la nouvelle loi. Cela signifie que toutes les sociétés, associations ou fondations constituées à compter de cette date devront se conformer aux nouvelles dispositions légales.

1ER JANVIER 2020. Date à laquelle le nouveau Code s'appliquera pour la première fois aux sociétés, associations ou fondations existantes. Toutefois, un régime transitoire leur est applicable. Elles ne devront s'adapter à la nouvelle loi que lors de la première modification de leurs statuts après le 1er janvier 2020.

1ER JANVIER 2024.

Des plafonds ? Pas toujours !

Nous ne pouvons aborder ici la limitation de la responsabilité des administrateurs dans son entièreté. Sachez néanmoins que cette limitation ne s'applique pas dans tous les cas, par exemple lorsqu'il est question de fraude fiscale. Nous vous proposons une synthèse des cas d'exclusion principaux. La limitation de la responsabilité ne s'applique pas : • en cas de faute légère présentant un caractère habituel plutôt qu’accidentel ;

• aux fautes graves ; • en cas d’intention frauduleuse ou de dessein de nuire ; • à la responsabilité solidaire pour les dettes fiscales ; • à la responsabilité solidaire pour les dettes sociales en cas de faillite ; • en cas d’actions qui ne seraient pas valablement souscrites ou libérée.

INFO: Il s'agit d'un résumé d'une partie de la nouvelle loi sur les sociétés. Cet article ne fait pas autorité en matière juridique. Il est bien évidemment recommandé de se référer à la loi.

Pour vos cautionnements faites le saut vers...

Date butoir à laquelle les statuts des sociétés, associations et fondations existantes doivent être mis en conformité avec les dispositions du nouveau Code. Les sociétés, associations et fondations existantes ne doivent toutefois pas attendre jusqu'au 1er janvier 2020 : elles pourront déjà adapter leurs statuts à la nouvelle législation entre le 1er mai et le 31 décembre 2019. Une société pourra régler nombre de choses en fonction de ses besoins et de sa situation. L'on se dirige donc vers une flexibilité accrue. De plus, la nouvelle législation comprend systématiquement une solution « par défaut », si la société n’a pas pris ses propres dispositions sur certains points

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FORUMCONSTRUCTION 2019

Elections :

quelle société voulons-nous ?

R

obert de Mûelenaere, Administrateur délégué de la Confédération, a souhaité la bienvenue aux personnes présentes. Très bientôt, les entrepreneurs devront élire un candidat ou un parti. Mais ces élections représentent encore davantage que cela : il nous faudra également choisir un modèle de société. Quelle société voulons-nous ? Robert de Mûelenaere : « Une société focalisée sur son passé et ses acquis ? Ou une société tournée vers le futur, qui écoute la jeune génération, capable de transformer une menace en opportunité ? ». Les mémorandums de la Confédération (voir numéro de mars de Construction) contiennent des pistes pour transformer les défis en opportunités. Les partis politiques sont désormais en possession de ces mémorandums. Plusieurs dossiers épineux avaient été sélectionnés pour le Forum Construction : un taux de TVA réduit pour la démolition-reconstruction, la performance énergétique de notre parc résidentiel, l'infrastructure et la mobilité, l'emploi et l'enseignement, et, enfin, la sécurité dans notre secteur. Wim De Vilder (VRT) et Martin 12 Construction • avril 2019

Martin Buxant (L’Echo) et Wim De Vilder (VRT) ont animé le débat.

Buxant (L’Echo), les modérateurs, ont mené la vie dure à un panel de politiciens. Par ordre alphabétique : Kristof Calvo (Groen!), David Clarinval (MR), John Crombez (Sp.a), Frédéric Daerden (PS), Matthias Diependaele (N-VA), Olivier Maingain (Défi), Jean-Marc Nollet (Ecolo), Maxime Prévot (cdH), Tinne Rombouts (CD&V) et Gwendolyn Rutten (Open VLD).

Une TVA à 6 %

Le taux de TVA réduit de 6 % sur la démolition suivie de la reconstruction d'un logement doit-il être étendu à tout le pays ? Ce taux s'applique actuellement dans 32 zones urbaines bien définies. Tous les participants du panel ont trouvé l'idée bonne, mais tous les partis ne désirent pas aller aussi loin.


Comme le veut la tradition, la Confédération a donné ce 21 février dernier le coup d'envoi de Batibouw, avec son Forum Construction. Thème du jour : les élections. La société a besoin d'une politique favorable à la construction. Les partis politiques sont-ils prêts ? Le débat a été animé.

Robert de Mûelenaere: « Lors des élections, il nous faudra également choisir un modèle de société ».

Voici un résumé des différentes prises de position : • Open VLD pose peu de conditions à l'élargissement. Les nouveaux logements peuvent ensuite être mis en vente. Le taux devrait d'ailleurs aussi être de 6 % pour les investissements dans la performance énergétique de constructions neuves,

comme l'isolation, les pompes à chaleur ou les panneaux solaires. • Défi et Ecolo estiment que les logements neufs doivent être durables et écoénergétiques. Défi ajoute que cela doit être possible pour les logements destinés à la vente. • La N-VA ne pose pas beaucoup de conditions non plus, mais souligne un obstacle : que va en penser l'Europe ? Selon la Commission européenne, la Belgique n'a pas le droit de diminuer purement et simplement la TVA sur les constructions neuves. • Le CD&V est pour un élargissement, mais les maisons neuves ne pourraient alors dépasser 190 mètres carrés, et les appartements neufs ne pourraient dépasser 100 mètres carrés. Cela doit être possible pour les logements destinés à la vente. • Le MR est pour aussi, mais la mesure doit s'inscrire dans le cadre d'une politique sociale. • Pour le cdH, l'opération doit être solidement motivée, par exemple par les coûts élevés et la complexité d'une rénovation.

Tant le Sp.a que Groen estiment que l'élargissement du taux de TVA réduit doit s'inscrire dans le cadre d'une politique d'aménagement du territoire. Pas pour des logements au milieu de nulle part, mais bien pour des opérations dans des centres urbains pourvus de bonnes infrastructures. Même son de cloche, mais en moins explicite, chez les autres partis. Les socialistes flamands posent une série de conditions supplémentaires : uniquement pour une habitation propre et unique ; le nouveau logement ne peut pas être trop grand ... La TVA réduite ne peut constituer un cadeau aux promoteurs ! Au final, ce sont les socialistes francophones, au PS, qui émettent le plus de doutes. La baisse de la TVA réduirait les recettes des caisses de l'Etat. De plus, ils se demandent si la mesure existante a stimulé à bon escient la construction de logements et la revalorisation de quartiers. Ils veulent donc d'abord une évaluation. Et pour le PS, cette extension doit aussi faire partie de la politique d'aménagement du territoire. Conclusion du PS : si élargissement il y a, il doit être ciblé, mais pas généralisé. avril 2019 • Construction 13

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FORUMCONSTRUCTION 2019

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Un budget logement

Wim De Vilder et Martin Buxant ont soumis aux partis une proposition originale de la Confédération : pourquoi ne pas prévoir un budget logement dans le package salarial, à l'instar de ce qui existe actuellement pour les véhicules de société ? L'argent pourrait ainsi être consacré à des rénovations écoénergétiques. La proposition n'a pas d'emblée suscité l'enthousiasme des partis représentés au Forum Construction. Le Sp.a et Défi préfèreraient supprimer les voitures-salaire, les budgets de mobilité et autres rémunérations alternatives. Il vaudrait mieux, en revanche, diminuer drastiquement les impôts sur le travail. Le PS et la N-VA les rejoignent sur ce dernier point, sans pour autant faire fi du budget mobilité. Tout le monde s'accorde à dire que le système actuel des véhicules de société est tout sauf idéal, en raison de ses effets secondaires négatifs. Les opinions divergent sur la façon de le remplacer. Paul Depreter: « La sécurité doit faire partie intégrante de la culture d'entreprise ».

« Débat politique » ne rime certes pas avec « sexy », mais la salle était bien remplie.

Le MR souhaite un budget mobilité que chacun pourrait utiliser comme bon lui semble. Le cdH désire un avantage plus large, pouvant inclure l'aide

SAFETY MY PRIORITY - LA SÉCURITÉ D'ABORD C'est aussi à l'occasion du Forum Construction que Paul Depreter (Président de la Confédération) a donné le coup d'envoi de la grande campagne de sécurité de la Confédération Construction, baptisée Safety My Priority. Paul Depreter: « Tous les entrepreneurs veulent tout de même que ses travailleurs arrivent et repartent du chantier en toute sécurité ! C'est pourquoi, en ma qualité de Président de la Confédération Construction, j'ai fixé un objectif à la fois ambitieux et réalisable : une diminution drastique du nombre d'accidents de travail d'ici la fin de mon mandat, en 2020. C'est possible, si la sécurité devient la priorité majeure de tous. La première étape passe par une conscientisa-

14 Construction • avril 2019

au logement. Dans le budget mobilité, le CD&V souhaite un traitement fiscal avantageux pour les citoyens vivant à moins de 5 km de leur lieu de travail.

tion, à l'aide d'une vaste campagne de sensibilisation ». Le slogan de la campagne est « La sécurité au travail : faisons bloc ! ». La sécurité doit en effet faire partie intégrante de la culture d'entreprise. Le Président a été le premier à signer la charte de sécurité de la campagne, et a invité tous les entrepreneurs à s'engager de la même manière pour davantage de sécurité dans la construction.

« La sécurité au travail : faisons bloc ! »


Patricia De Craene (Fortis), Pascal De Handschutter (Fideris), Alessandro Rizzo (Eurocaution Benelux) et Cédric Doppagne (Eurocaution Benelux). Bert Lambrecht, Els Desauw, Fanny Corbeels, Dave Coenen, Wim Mahieu et Karl Neyrinck.

Groen aussi estime que le budget doit être conçu de sorte à inciter les gens à habiter plus près de leur lieu de travail. Pour Open VLD – tout comme le CD&V –, la voiture-salaire doit rapidement devenir plus respectueuse de l'environnement. Le budget mobilité doit soutenir cette évolution.

Les rénovations énergétiques

Actuellement, notre parc résidentiel consomme trop d'énergie. En réalité, tout logement existant devrait faire l'objet d'une rénovation énergétique dans les cinq ans qui suivent un transfert de propriété. Les pouvoirs publics peuventils exiger ce genre de chose, si cela va de pair avec une politique fiscale et de crédit incitative ? Défi est en faveur d'une obligation de ce type, mais le délai doit dépendre du type de bâtiment. Le CD&V, le cdH, Groen, la N-VA et Open VLD y sont également favorables, mais les deux derniers soulignent la difficulté politique de sa mise en œuvre. Le MR ne refuse pas tout net, mais ne semble toutefois pas particulièrement partisan de cette obligation.

PS et Sp.a. sont plutôt réticents. Les logements sont déjà trop chers pour beaucoup de gens, et cette obligation les rendrait encore plus chers. Les socialistes flamands prônent un vaste plan d'isolation, avec les gestionnaires du réseau de distribution comme tiers-investisseur. Tout le monde s’accorde toutefois sur le fait que les pouvoirs publics doivent aider les propriétaires, notamment par le biais d'informations, mais les partis estiment aussi qu'il faudrait prendre des mesures financières : primes, intérêts à taux zéro, avantages fiscaux, financements alternatifs comme le tiers-investisseur ...

Les investissements

Tous les partis conviennent de ce que les investissements publics doivent augmenter de manière substantielle. Le cdH est en faveur d'une norme d'investissement au moins aussi élevée que la moyenne européenne. Le Sp.a plaide pour booster les investissements de 1 % du PIB en sus du rythme actuel, et ce pour dix ans. L'argent doit aller à la mobilité – surtout les transports en commun et les pistes cyclables – ainsi

qu'à la construction d'écoles, aux infrastructures de soins, à la recherche et au développement, au logement social et au climat. Pour le CD&V, le minimum est 3 % du PIB. Groen veut même 4 %, et préconise la création d'une banque publique d'investissement. La N-VA a brièvement montré son caractère flamand au Forum Construction et a souligné que la Flandre a déjà commencé à investir beaucoup plus ces dernières années. Tant qu'il y a un mouvement de rattrapage, une norme d'investissement n'est pas une fin en soi pour l'Open VLD. La plupart des partis francophones n'indiquent pas de pourcentages. Le MR insiste sur la mise en œuvre du pacte national d'investissements. Ecolo demande une stratégie verte sur le long terme, et préconise la création d'un Fonds européen pour la stabilisation des investissements publics. Défi approuve une norme d'investissement – sans plus de précisions – mais se demande comment la Belgique pourra rester dans le cadre budgétaire fixé par la Commission européenne. Le parti dénonce également que la répartition complexe des compétences dans ce pays entraîne une stagnation politique et cite l'exemple de la mobilité autour de Bruxelles. Pour tous les partis, les financements alternatifs doivent être possibles, mais le PS souligne néanmoins qu'ils sont à appliquer avec la plus grande prudence. Ils doivent être bénéfiques à la société, et ne peuvent coûter davantage aux pouvoirs publics que des investissements réguliers.

La mobilité

Inutile de le rappeler : les embouteillages sont en train de devenir un cauchemar pour les entreprises de construction ne travaillant pas sur des chantiers tout proches. Wim De Vilder et Martin Buxant ont donc demandé aux partis de formuler trois propositions de solutions, dans lesquelles il faudra investir en priorité. En voici un aperçu : avril 2019 • Construction 15

›››


FORUMCONSTRUCTION 2019 ›››

Investir dans les transports en commun et la mobilité douce (Ecolo, N-VA, cdH, Sp.a, Groen …) • Encourager le travail à domicile (Ecolo, cdH) • Assouplir les horaires de travail (Ecolo, cdH) • Accroître l'attractivité des voies navigables (N-VA) • Mieux planifier les projets et leur donner une meilleure assise (N-VA) • Améliorer les alternatives au transport routier (Open VLD, PS …) • Réaliser plusieurs grands investissements stratégiques dans le réseau routier (Open VLD) • Améliorer l'aménagement du territoire et la politique en faveur du logement (Sp.a, CD&V, Groen) • Encourager une utilisation rationnelle de la voiture, notamment par le biais d'une tarification intelligente au kilomètre (CD&V, Groen) • Mieux coordonner les travaux (MR) • Créer une agence interfédérale de la mobilité (MR) • Augmenter l'intermodalité (à peu près tous les partis) • Stimuler la mobilité partagée (PS)

Emploi, enseignement, sécurité

Tous les partis sont favorables à l'alternance dans l'enseignement, y compris Avec le soutien de nos partenaires et sponsors

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Construction • avril 2019

dans l'enseignement supérieur. Malgré tout, la construction n'a toujours pas la main-d’œuvre dont elle a besoin. Là aussi, les partis politiques ont leurs propositions, qui s'accordent à leur philosophie et – si le parti siège au gouvernement – au travail gouvernemental. Le MR veut ainsi que le jobs deal soit mis en œuvre. Pour sa part, l'Open VLD est largement en faveur d'une limitation dans le temps des allocations de chômage, et de l'activation des chômeurs et demandeurs d'emploi. Le CD&V estime qu'une migration économique pour les métiers en pénurie, surtout en ce qui concerne les travailleurs hautement qualifiés, pourrait contribuer à résoudre le problème. Pour différents partis, le travail doit devenir plus attractif d'un point de vue financier. Une baisse des charges sur le travail, surtout pour les salaires les plus bas, s'impose. Groen voudrait en outre s'attaquer à la politique salariale. Le parti demande davantage de liberté dans les négociations salariales et veut revenir à la loi de 1996 sur la norme salariale. Il plaide en outre pour des salaires de départ plus élevés, avec une augmentation moins accentuée.

Sécurité

A noter : tous les partis louent la

campagne de sécurité de la Confédération (voir encadré). De même, ils sont tous favorables à des formations à la sécurité dans l'enseignement. Mais pour la Confédération, la sécurité doit aussi devenir une priorité dans les marchés publics. Elle doit avoir une place prédominante dans les cahiers des charges. Sur ce plan, les réponses des partis sont plus nuancées. Le CD&V estime ainsi qu'il convient en premier lieu de respecter les obligations légales en place. Les autres partis sont davantage ouverts à des dispositions ou critères en matière de sécurité dans les documents du marché. Le cdH souligne la nécessité d'un cadre légal clair. La sécurité ne doit pas devenir un moyen sournois de favoriser certains soumissionnaires. Enfin, le PS souhaite qu'il soit possible de cumuler les indemnités de pension et celles relatives aux maladies professionnelles. La maladie professionnelle ne disparaît pas lors du départ à la retraite ...

INFO: Ce texte se base sur le Forum Construction ainsi que sur les réponses écrites des partis politiques.


REGISTRE UBO

L'obligation de communiquer les bénéficiaires de votre société est reportée

V

otre entreprise est une société ? Dans ce cas, vous devrez enregistrer ses bénéficiaires effectifs dans le registre UBO. Cette mesure contribue à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement de pratiques illégales (voir également le Construction de décembre 2018-janvier 2019). Vous avez à présent jusqu'au 30 septembre 2019 pour effectuer cet enregistrement dans le registre UBO ; le délai précédent était le 31 mars.

Qui sont les UBO ?

• les personnes physiques qui contrôlent la société par d'autres moyens. Il est possible qu'aucune personne physique ne corresponde à ces définitions pour une société. Ce sont alors ses dirigeants qui sont considérés comme UBO. Mais attention : les dirigeants ne peuvent être enregistrés comme UBO que si personne ne peut

être identifié dans les deux autres catégories. Les sociétés ont donc jusqu'au 30 septembre 2019 pour transmettre au registre UBO les coordonnées de leurs bénéficiaires effectifs. Les amendes peuvent aller de 250 € à 50.000 €. Les administrateurs seront tenus pénalement responsables en cas de manquement à l'obligation d'inscription au registre UBO.

Des questions ? Le guichet d'entreprises Formalis peut vous aider. Vous trouverez les adresses sur www.formalis.be

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UBO est l'acronyme de Ultimate Beneficial Owner, ou bénéficiaire effectif. Pour les sociétés, les UBO se définissent comme :

• les personnes physiques qui possèdent, directement ou indirectement, un pourcentage suffisant de droits de vote ou une participation suffisante dans le capital de la société (indice de pourcentage suffisant pour le SPF Finances : 25%).

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DOSSIER

CONSTRUCTION EN HAUTEUR

L'habitat en hauteur : une solution d'avenir ? La Belgique, c'est le pays de l'habitat en ruban, du lotissement, des logements à un ou deux étages, de préférence avec jardin. Nous construisons davantage en hauteur dans les villes, mais que penser d'une ligne d'horizon composée de tours résidentielles ? L'idée ne séduit pas – la construction en hauteur n'a d'ailleurs pas toujours été un franc succès dans le passé. La densification est pourtant à l'ordre du jour. La population augmente, la taille des familles diminue, et la construction en hauteur reprend du poil de la bête. Est-ce une bonne solution ? Où est-ce possible – ou pas ? Comment éviter de reproduire les erreurs du passé ? Notre dossier se penche sur toutes ces questions.

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CONSTRUCTION EN HAUTEUR

La silhouette des villes et communes doit-elle changer ? Certains arguments plaident en faveur d'une construction plus en hauteur. D'un côté, la population augmente et il y aura de plus en plus de petits ménages et de personnes isolées. D'un autre côté, il y a le « betonstop » flamand et son équivalent wallon, le stop à l'étalement urbain. Mais en même temps, une résistance se fait également sentir face à la multiplication des étages.

S

elon les dernières prévisions du Bureau fédéral du Plan, la population belge passera de 11,4 millions d'habitants début 2018 à 13,2 millions en 2070. Les raisons en sont multiples. Par exemple, le Bureau du Plan s'attend à ce que la fécondité, qui est passée de 1,8 à 1,6 enfant par femme entre 2009 et 2017, reparte à la hausse. En 2030, il y devrait y avoir 1,88 enfant par femme. Au cours de la période 2018-2030, on devrait assister à 1,5 million de naissances en Belgique. Il faut aussi prendre en compte la migration. Certaines personnes quittent la Belgique, tandis que d'autres arrivent de l'étranger. En 2018, ce phénomène a vu se rajouter une population nette d'un peu moins de 43.000 habitants. Le Bureau du Plan part du principe que ce solde diminuera au cours des prochaines décennies, mais s'attend toujours à ce que la migration augmente la population d'environ 17.000 à 20.000 personnes chaque année au cours de la période 2030-2070. La migration 20 Construction • avril 2019


vers la Flandre sera la plus importante jusqu'en 2030 environ, mais après cela, la région bruxelloise prendra la tête.

Vieillissement et dilution

Le Bureau du Plan nuance ses propres prévisions. Ce sont des projections qui doivent être ajustées régulièrement. Mais une chose est certaine : le vieillissement de la population n’est pas près de s’arrêter. Jusqu'en 2040, ce rythme sera même accéléré grâce aux baby-boomers. En 2018, 16 % de la population avait 67 ans ou plus. En 2070, ce chiffre sera de 23 %. C'est la moyenne belge : en Flandre et en Wallonie, le pourcentage sera légèrement supérieur. En comparaison, Bruxelles reste relativement jeune. Les plus de 67 ans y représenteront environ 16 % de la population en 2070. En outre, la proportion de ménages d'une personne dans notre pays augmentera considérablement, passant de 34 % en 2017 à 42 % en 2070. L'une des raisons en est le vieillissement de la population. Une fois de plus, Bruxelles fait exception à cette tendance belge. Entre 2018 et 2070, la proportion de ménages d'une personne devrait y diminuer. Contrairement aux deux autres régions, le nombre de ménages de la région bruxelloise augmentera moins rapidement que la population. L'une des raisons est que le vieillissement frappe moins durement Bruxelles. Mais la région part aussi d'une forte proportion de ménages d'une personne. En 2018, elle représentait 46 % du nombre total de ménages, soit beaucoup plus qu'en Flandre et en Wallonie. Le Bureau du Plan s'attend en fait à ce que les trois régions convergent sur ce point à plus long terme. Nous nous dirigeons donc vers une évolution démographique avec trois caractéristiques : la croissance, la dilution familiale et le vieillissement de la population. Les deux premiers facteurs exigent des logements supplémentaires, tandis que le troisième facteur invite à en réduire la taille.

Stop au béton

En outre, il y a bien sûr le

« betonstop » en Flandre. L'idée est que l’occupation de territoire supplémentaire passera de 6 hectares par jour aujourd'hui à 3 hectares par jour en 2025. En 2040, il ne pourra plus y avoir d’occupation supplémentaire en Flandre. Lorsqu'un hectare vierge sera construit, un autre hectare devra être libéré. Mais attention : le « betonstop » n'est pas encore une réalité. Les pouvoirs publics flamands n'ont pas encore fait le travail nécessaire. Par exemple, le décret instruments, qui réglemente un certain nombre d'aspects pratiques, a été mis au frigo. La Wallonie dispose d’un livre blanc, qui prévoit un stop à l'étalement urbain. L'objectif semble plutôt être 2050.

Plus d'appartements

Entre-temps, le secteur de la construction anticipe déjà les tendances démographiques et l'augmentation du coût des terrains à bâtir. En Belgique, un peu plus d'appartements que de maisons ont été autorisés en 2010 (par « appartement », on entend l'unité résidentielle et non un immeuble à appartements). Au cours des années suivantes, l'écart s'est creusé. Entre le 1er novembre 2017 et le 31 octobre 2018, on a même autorisé la construction de 37.860 appartements, contre 22.873 maisons, soit 65 % de plus. La Flandre représentait récemment environ 75 % des permis pour les maisons unifamiliales et environ 80 % des permis pour les appartements. L'évolution belge est donc en grande partie le résultat de la tendance en Flandre. Mais l’on assiste aussi à un glissement en Wallonie. En 2010, on y construisait toujours plus de maisons unifamiliales que d'appartements. Depuis environ 2016, on est plus ou moins arrivé à un équilibre, principalement en raison de la tendance à la baisse du nombre de maisons unifamiliales. La région bruxelloise fait – une fois encore – figure d’exception. On n’y délivre quasiment plus de permis pour des maisons unifamiliales. Entre le 1er novembre 2017 et le 31 octobre 2018,

il n'y en a eu que 81. À titre de comparaison : un permis a été délivré pour 103 immeubles à appartements, soit un total de 1.522 appartements.

En hauteur !?

L’effet combiné du « betonstop » et de l'évolution démographique ne peut mener qu’à une conclusion : nous devrons vivre dans un environnement plus restreint. Multiplier les étages semble être une solution évidente. Mais nous en arrivons maintenant au cœur de ce dossier. Pour un certain nombre de projets spécifiques, notamment à Anvers et à Louvain, cette solution a été acceptée sans trop de difficultés. Mais en général, la construction en hauteur rencontre aussi de la résistance. En 2013, alors qu'il n'était pas encore Maître Architecte du gouvernement flamand (« Vlaams Bouwmeester »), Leo Van Broeck a plaidé dans le journal De Standaard pour « des tours résidentielles à côté de chaque église de village ». Il a par la suite fortement nuancé cette punchline, mais sur le moment, elle a suscité pas mal d’opposition. Entre autres, Kristiaan Borret, l'actuel Maître Architecte de la région bruxelloise, était en profond désaccord avec Leo Van Broeck. En attendant, la question « plus de tours ou pas » ne concerne plus uniquement les universitaires et les architectes. Par exemple, la ville d'Alost ne veut pas entendre parler d'appartements et de maisons multifamiliales supplémentaires dans ses districts ruraux. Au centre, il doit encore y avoir moyen de transiger. Le bourgmestre de Beersel, dans la périphérie verte de Bruxelles, ne veut « plus aucune construction en hauteur ». Pour lui, « plus de trois étages », c’est déjà un bâtiment de grande hauteur. Pour des projets tels que la « rénovation d'anciens bâtiments d'usine et autres », il reste disposé à faire une exception. Il y aura une densification de l’habitat, mais quant à savoir si elle passera par une forte augmentation générale du nombre d'étages, c'est loin d'être clair.

avril 2019 • Construction 21


LE PROF. JACQUES TELLER À PROPOS DE LA CONSTRUCTION EN HAUTEUR

« Les villes et communes ont besoin de soutien »

C

omme expliqué précédemment dans ce dossier, la construction en hauteur semble une solution évidente lorsque l'on veut densifier l’habitat. Beaucoup d'appartements sur une surface réduite, impossible de faire plus dense, non ? Mais Jacques Teller s’empresse de nuancer. Jacques Teller: « Des recherches ont été menées à l’échelle internationale. Les quartiers les plus densément peuplés de Paris sont dépourvus de tours résidentielles. Quelque 650 personnes par hectare y sont pourtant recensées, un chiffre qui englobe à la fois les personnes qui y vivent et celles qui y travaillent. Dans la capitale française, les ensembles de bâtiments en hauteur des années 1970 ne dépassent pas 250 à 300 habitants et travailleurs par hectare. La raison en est qu'il faut plus d'espace libre autour d'une tour. Plus de 650 habitants et travailleurs par hectare, c'est presque impossible sans affecter fondamentalement la qualité de vie ». À Paris, bien sûr, les immeubles comptent cinq ou six étages. À titre de comparaison : un lotissement belge classique compte environ 5 à 10 maisons par hectare, tandis qu’un bloc d’habitation classique est composé de 50 à 60 bâtiments mitoyens à deux ou trois étages. La densité peut paraître faible par rapport à Paris, mais... « si de telles configurations classiques étaient la norme dans notre pays, nous pourrions déjà nous estimer très heureux », confie Jacques Teller.

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Selon le professeur Jacques Teller, qui enseigne l’urbanisme à l'Université de Liège, la construction en hauteur peut trouver sa place dans le paysage urbain, mais elle n’est pas nécessairement la recette miracle pour densifier l’habitat. Sans compter que de tels projets doivent être planifiés avec soin. Jacques Teller au congrès de la FEGC : « Pour moi, la densification douce doit être la première priorité ».


QU'EST-CE QU'UNE CONSTRUCTION EN HAUTEUR ? Vous verrez que, dans ce dossier, nous ne nous efforçons pas de définir le concept de « construction en hauteur ». La raison en est simple : la notion même dépend du contexte. À Bruxelles, Charleroi ou même Termonde, un immeuble de cinq étages en plus du rez-dechaussée ne sera pas considéré comme particulièrement haut. Mais le long de la rue de la Sucrerie à Orp-le-Petit ou de la Glabbeekstraat à Budingen, un tel bâtiment aura des allures de gratte-ciel.

La densification douce

Jacques Teller: « Pour moi, la densification douce doit être la première priorité, dans toutes les mailles du tissu urbain, dans les centres et dans les environs. Si vous voulez de la construction en hauteur, vous devez développer une stratégie pour toute la ville, mais adaptée aux quartiers, car les immeubles de grande hauteur définissent la vie dans tout le quartier ». Il importe donc que les riverains ressentent la valeur ajoutée d'un bâtiment plus haut, par exemple par le biais d'un meilleur service, davantage de magasins, et ainsi de suite. La construction en hauteur doit améliorer le quartier, ce qui peut par exemple se traduire par des charges d’urbanisme qui obligent le développeur à créer des espaces verts. Ce qui ne fait évidemment pas le bonheur des développeurs … Jacques Teller: « Toutes les villes n'ont pas assez d'espace pour densifier l’habitat et construire en hauteur. Le centre de Louvain s'approche par

exemple de ce point de saturation, précisément parce qu'une densification de l’habitat y a lieu depuis des années à grand renfort d’étages supplémentaires».

Résistance

Les immeubles de grande hauteur ont sans aucun doute un impact sur la qualité de vie. Les riverains, par exemple, ont souvent l'impression que leur vie privée est compromise parce qu'on peut regarder à l'intérieur des jardins et des maisons. De plus, il y a l'ombre projetée par un grand bâtiment, ainsi éventuellement qu’une augmentation de la circulation ... Cela crée de la résistance. Jacques Teller: « La construction en hauteur exige un emplacement correct et une justification précise. Dans le passé, des grands bâtiments ont trop souvent été implantés sans réflexion. On en trouve des exemples le long de la Meuse, au centre de Liège. La qualité de vie dans les îlots traditionnels localisés autour de ces bâtiments en hauteur a dégringolé. C’est à éviter à l'avenir ». Selon Jacques Teller, les bâtiments de plus de dix étages ne peuvent être érigés que dans des lieux très spécifiques et bien équipés, notamment en termes de mobilité : à proximité d'une gare ou dans des lieux très bien reliés au réseau de transport. Jacques Teller: « Bien sûr, il y a des villes qui voient les immeubles de grande hauteur comme un moyen de marketing urbain. Elles veulent un point de repère conçu par un architecte emblématique pour améliorer leur image. La première réaction peut alors être positive. Le nom de l'architecte convainc les riverains. Mais je crains que la résistance survienne plus tard si le reste ne suit pas ».

Bonnes typologies

Dans les villes espagnoles, il est assez courant qu'une famille avec enfants vive dans un immeuble d'appartements. Ici,

les appartements séduisent beaucoup moins de telles familles. Est-ce que cela a un rapport avec la typologie des bâtiments ? Jacques Teller: « De manière générale, il doit y avoir suffisamment d'espace extérieur privé utilisable dans les appartements. Une terrasse décente, donc, et pas une bande de 70 centimètres collée au mur. Dans le cas d’un bâtiment à trois ou quatre étages, il est également important que le contact avec le sol reste possible, par exemple grâce à un accès direct au jardin, bien que des solutions puissent également être trouvées à l'échelle d'un quartier. Si vous dépassez cinq étages, le logement sera alors déconnecté du sol. L’un des problèmes qui se posent dès lors est une perte de contrôle social dans l'espace public. Une solution peut consister à travailler avec des blocs d’habitation ouverts qui n'ont pas trop d'immeubles de grande hauteur les uns à côté des autres, par exemple un bâtiment de sept étages ou plus entouré d'immeubles plus bas. Nantes et d'autres villes françaises tentent déjà d'appliquer ce principe ».

La mobilité

La mobilité est un mot qui revient souvent dans les conversations avec Jacques Teller. Le fait de construire plus en hauteur augmentera la demande de déplacements, un aspect qui doit également être pris en compte à l'échelle de la ville. Il faut trouver un emplacement optimal, à des carrefours avec de bons transports publics, de bonnes infrastructures cyclables, etc. Une politique de stationnement stricte peut réduire la circulation automobile autour des immeubles de grande hauteur, mais il ne faut pas aller trop loin, car le problème du stationnement se déplacera alors dans les environs. Jacques Teller: « La demande de mobilité peut également être réduite ou répartie en mélangeant les fonctions dans un bâtiment : non seulement des logeavril 2019 • Construction 23

›››


LE PROF. JACQUES TELLER À PROPOS DE LA CONSTRUCTION EN HAUTEUR

››› ments, mais aussi des bureaux et éven-

tuellement des espaces commerciaux. Si le bâtiment n'a pas de fonction monolithique, certains services pourront être mutualisés. Des places de stationnement pourront par exemple servir aux travailleurs pendant la journée, puis aux résidents en soirée ».

Du soutien

Dans notre pays, l'aménagement du territoire relève en grande partie de la responsabilité des villes et des com-

munes. Elles sont donc aussi en grande partie responsables des éventuels dysfonctionnements. Les administrations locales ont-elles les compétences nécessaires pour s'occuper des immeubles de grande hauteur ? Jacques Teller: « Les communes ont besoin de soutien pour déterminer leur stratégie et leur planning, mais ce n’est pas tout. Un accompagnement pourra par exemple avoir lieu pour les études d'incidence, qui peuvent en fait être réalisées très tôt. Ainsi, l'administration 24 Construction • avril 2019

n’aura pas à saborder un projet en refusant d'accorder un permis de bâtir ». Mais les communes et les villes ont aussi besoin de soutien dans d'autres domaines, affirme Jacques Teller. Elles doivent ainsi prendre conscience de l'influence d'une construction en hauteur sur la valeur des terrains et des biens immobiliers dans la région. Elle peut parfois s'élever très rapidement. Comment la commune devrait-elle s'y prendre ? Qu'est-ce qui est bon pour la ville ? Il faut éviter d’aboutir à une

Si vous voulez de la construction en hauteur, vous devez développer une stratégie pour toute la ville, mais adaptée aux quartiers. situation où les développeurs de projets achètent des bâtiments et les laissent pourrir afin de profiter plus tard de l'augmentation des prix des terrains et de l'immobilier.

Jacques Teller: « De plus, les administrations locales doivent pouvoir obtenir de l'aide pour l'ingénierie sociale associée à la construction en hauteur. Un bâtiment doit s’intégrer dans un quartier. Il n'y a pas si longtemps, un gratte-ciel a été construit à Bruxelles, près du canal, qui interagit à peine avec son environnement. Ce n'est pas durable ».

En dehors de la ville ?

Dans de nombreuses villes, des immeubles d'appartements plus hauts sont déjà en construction afin d’anticiper l'évolution démographique et, plus particulièrement, le vieillissement de la population. Mais l'expérience montre que les personnes âgées ne sont pas si enthousiastes que cela à l'idée de déménager au centre-ville. Jacques Teller: « Je pense qu'il est préférable de construire autour des villes des immeubles d’appartements composés d’un rez-de-chaussée et de trois ou quatre étages qui remplissent cette fonction. Il est en outre nécessaire de combiner les typologies. Par exemple, si vous ne construisez que de minuscules appartements, vous obtenez une sorte de ghetto pour personnes âgées ou célibataires ».

D'emblée, une question se pose: jusqu’à quelle hauteur aller en dehors des villes ?

Jacques Teller: « Il y a deux façons de construire plus en hauteur. Vous pouvez concentrer les bâtiments les plus élevés, comme on le voit principalement dans les villes à haute densité. Mais vous pouvez aussi faire de l'acupuncture urbaine et construire çà et là un bâtiment plus haut. Cette approche sera plutôt adaptée aux périphéries des villes. La question est de savoir s'il faut exclure les immeubles de grande hauteur dans certaines zones. À Paris, ces zones d'exclusion sont nombreuses. Inclusive ou exclusive, la démarche ? Encore une fois, cela dépend du quartier. Il n’y a pas de solution unique ».


La sĂŠcuritĂŠ au travail : faisons bloc !

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LOUIS AMORY, DES DÉVELOPPEURS-CONSTRUCTEURS

« Constructeurs de logements et développeurs de projets, partenaires des pouvoirs publics » La politique du logement entend s'éloigner du développement traditionnel en ruban et vise à plus de concentration dans les villes et les communes principales. Elle veut également intégrer davantage de construction en hauteur. Nombre d’obstacles devront encore être surmontés et un rôle important sera ici dévolu aux pouvoirs publics, comme l’affirme Louis Amory (président de la Fédération des Développeurs-Constructeurs de Logements).

L

ouis Amory: « La plupart des gens ne veulent pas vivre à côté d’un immeuble de grande hauteur. Un phénomène particulièrement perceptible dans les communes résidentielles en zone urbaine. Vous avez rarement le droit d'y construire plus de six étages. Environ deux tiers des demandes de permis de construire pour des immeubles de grande hauteur font l'objet de plaintes. Les plaignants sont particulièrement préoccupés par la perte d'intimité due à la vue dégagée sur leur lieu de vie, par la perte de standing du quartier et parfois aussi de lumière naturelle. Il existe pourtant des solutions. Il ne faut pas nécessairement un hectare par personne pour préserver son intimité. » Nombre d’administrations communales se défient également des constructions en hauteur ou des grands complexes résidentiels en général. En favorisant la construction de logements de faible hauteur et plus dispersés, ils espèrent attirer de nouveaux résidents à revenu élevé. C'est plus avantageux pour les caisses de la commune. 26 Construction • avril 2019

Louis Amory: « Dommage, car pour beaucoup de jeunes, une maison est impayable. Les administrations communales devraient faire preuve de davantage de compréhension. Une petite habitation vaut mieux que pas de logement du tout. » Le fait de vivre dans un environnement compact et ramassé aurait un impact négatif sur la qualité de vie. Mais le président des développeurs-constructeurs voit plutôt la qualité augmenter. Louis Amory: « Là où des noyaux d’habitat sont établis, des magasins et des prestataires de services s'implantent également et l'offre de transports publics s'accroît. Les gens qui y étaient déjà installés voient la valeur marchande de leur propriété augmenter. »

Plus les constructions s’élèvent, plus la valeur du sol augmente

Louis Amory: « À l’heure actuelle, les propriétaires fonciers sont les premiers à tirer parti d’une construction en hauteur. La multiplication des unités résidentielles entraîne une hausse de la valeur du terrain, mais aussi des coûts de construction.

Il n’y a pas de relation linéaire entre le coût d’une unité résidentielle compacte et d’un logement isolé et plus vaste. Un immeuble d'habitation de grande hauteur a besoin d'une structure portante plus conséquente, ce qui augmente le coût de ces appartements. »

Évolution

Louis Amory: « La surface de logement idéale par personne est difficile à estimer, dans la mesure où elle est perçue différemment d’une société à l’autre. Dans notre pays, on constate cependant une nette évolution démographique : le ménage moyen est de plus en plus petit, ce qui plaide en faveur de logements de taille plus modeste et de constructions plus hautes. Je n'exclus pas de voir la construction en hauteur devenir un jour la norme. »

Aspects fiscaux

Maison ou appartement ? Il n’y a pas vraiment de réponse claire et tranchée à cette question. Parfois dans la vie, une maison convient mieux. D'autres fois, un grand ou un petit appartement sera


Environ deux tiers des demandes de permis de construire pour des immeubles de grande hauteur font l'objet de plaintes.

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE Afin de stimuler la densification de l'habitat, plus aucun permis de construire ne sera délivré pour certains endroits. Louis Amory: « Les propriétaires de ces terrains sont inquiets, car la valeur de leurs propriétés va logiquement diminuer. Les pouvoirs publics doivent élaborer un régime d'indemnisation ad hoc. Exercice difficile, car qu'est-ce qu'une compensation correcte ? Ils devront chercher l'argent auprès des propriétaires des terrains qui auront gagné en valeur, justement parce qu'on pourra y construire. En hauteur, qui plus est. Tant qu'il n'y aura pas de solution bénéficiant d’un soutien suffisant, la situation actuelle restera toutefois un obstacle à la réalisation d'une densification en profondeur de l’habitat. »

plus adéquat. Le travail, les loisirs, la taille de la famille... tout cela change au cours de la vie. Louis Amory: « Une seule habitation ne suffit pas à couvrir tous ces besoins fluctuants, d’où l’importance d’un marché du logement fluide. Les droits d’enregistrement doivent encore pouvoir être revus à la baisse. La législation fiscale actuelle fausse en outre le marché, au profit de la rénovation et au détriment de la construction neuve. Excepté dans 32 zones urbaines, on paie 21 % de TVA lorsqu'un bâtiment existant est démoli et remplacé par une construction neuve. Or, ce procédé permet non seulement de construire des bâtiments beaucoup plus éconergétiques, mais aussi de favoriser une urbanisation plus dense. Les développeurs plaident en faveur de l’extension à tout le pays du taux réduit de 6 % applicable en cas de démolitionreconstruction. »

BESOIN D’UN CADRE FISCAL SIMPLE ET ACCESSIBLE Un des obstacles à la densification de l’habitat en Belgique est que le prix des terrains n'est nulle part plus élevé que dans les villes. Louis Amory: « La vie en zone urbaine en devient moins abordable. Mais le cadre fiscal doit également être rendu plus accessible et plus simple. Prenez par exemple les 32 zones qui bénéficient d’un taux de TVA de 6 % pour les démolitions-reconstructions. La délimitation suit les frontières des communes. C'est assez arbitraire. Plusieurs communes urbanisées et plus pauvres autour de Liège et dans le Hainaut sont exclues, tandis qu'Anvers, où sont construites des villas de deux millions et plus, profite de cette mesure. »

Stop au béton

Louis Amory reste prudent quant au plan « stop au béton » actuellement en préparation. Il n'est pas certain que les pouvoirs publics belges aient déjà trouvé la bonne voie. Louis Amory: « Ce qui est certain, c’est qu’il faut agir. Ma conviction personnelle est que les politiques doivent rendre la vie dans les villes et les noyaux urbains plus attrayante. » Une approche ‘top-down’ n’est toutefois pas de mise. Ils doivent être à l'écoute du secteur et des aspirations des populations locales. Louis Amory: « Le marché a un rythme qui lui est propre. Par an, la construction neuve représente maintenant 1 % du patrimoine existant. La densification de l’habitat ne se fait pas en l’espace d’un an, mais sur toute une génération ; disons vingt à trente ans. »

Une collaboration s'impose

Louis Amory: « Un gouvernement qui fait cavalier seul ne parviendra pas à densifier l’habitat de manière économiquement responsable et efficace. Il doit non seulement être à l’écoute des aspirations des résidents actuels et potentiels, mais aussi coopérer avec les entreprises qui mettent ces plans en pratique. » On ne peut pas exiger de particuliers qu'ils mettent des projets sur pied pour

des groupes de maisons ou un grand immeuble à appartements. Le processus serait beaucoup trop long pour eux et ne conduirait en outre à aucune densification de l’habitat. Louis Amory: « Le secteur de la construction est prêt à être un partenaire pour les pouvoirs publics. Les constructeurs de logements travaillent déjà intensivement avec les développeurs de projets ou ont fondé au sein de leur propre groupe une société sœur intervenant au titre de développeur. Le président des constructeurs de logements émet une suggestion, partant du constat que les règlements de construction mentionnent aujourd’hui une hauteur maximale de construction ou une densité maximale d’habitat par emplacement, mais pas de minimum ». Louis Amory: « Si une administration veut augmenter la densité d’habitat sur une partie de son territoire, elle a intérêt à imposer des minima. Je pense principalement aux alentours des gares, qui se prêtent très bien à une construction plus en hauteur et à un habitat plus dense. La proximité de la gare incitera les nouveaux résidents à recourir davantage aux transports en commun, évitant ainsi un des inconvénients potentiels de la densification de l’habitat : une augmentation de la circulation routière. »

avril 2019 • Construction 27


MARGO COLSON, DE MACHIELS BUILDING SOLUTIONS MBS a fabriqué et installé 250 éléments de façade pour le bâtiment Scanfill à Hoboken, qui abrite des logements à assistance de Zorgbedrijf Antwerpen (maître d'ouvrage : Cores Development, concept : Binst Architects).

«E

n fonction de l'architecture, il est parfois possible de monter jusqu'à quatre étages en ossature bois ; si tous les éléments concordent et qu'il est possible de répartir au mieux les contraintes sur l'ensemble de la structure portante, il y a tout juste moyen d'arriver à cinq. Dans ce cas, les limites de ce système de construction sont atteintes. Pour les surélévations en ossature bois, les choses sont différentes : il est en effet parfaitement concevable d'ajouter des étages supplémentaires sur des bâtiments en béton ou en acier. Le poids réduit de l'ossature bois lui confère un avantage incontestable. C'est ainsi que nous avons réalisé les surélévations de Fashion Point à Maasmechelen (maître d'ouvrage : Immo Moran, concept : Simoni Architecten) ainsi que l'immeuble de bureaux de Haven Genk (architecte : Pieter Verjans) ».

Eléments de façade

Les véritables projets de construction en hauteur en bois sont la plupart du temps réalisés en bois lamellé croisé (CLT). Certains pays européens comptent déjà des constructions en hauteur de 70 mètres et plus en CLT. « Une autre méthode de construction en hauteur a été utilisée pour construire le bâtiment Mjøstårnet, qui fait 85 m de haut et compte dix-huit étages, à Brumunddal, en Norvège. L'entrepreneur a utilisé des madriers et des poutres en bois lamellé (GL) », précise M. Colson. « Mais pourquoi ne pas combiner le meilleur de deux mondes ? Nous le faisons depuis 2010 en Belgique, et les Pays-Bas s'y sont mis récemment. Nous utilisons nos éléments de façade préfabriqués – en ossature bois – pour revêtir des bâtiments existants ou des constructions neuves, en béton ou en acier. Le bâtiment le plus élevé 28 Construction • avril 2019

Le bois offre nombre de possibilités pour la construction en hauteur « Avec la construction à ossature bois traditionnelle, vous pouvez facilement atteindre trois étages, mais cinq est le maximum absolu. Dans les solutions hybrides, le bois permet un large éventail d'applications pour la construction en hauteur ». réalisé par MBS selon cette méthode compte douze étages. Nous travaillons actuellement à des plans permettant d'atteindre deux fois cette hauteur. A l'avenir, il sera possible de combiner ces éléments de façade en ossature bois et des constructions en bois de grande hauteur en CLT ou en GL ». MBS est en mesure de parachever ces éléments dans sa propre usine avec n'importe quel matériau de façade, qu'il s'agisse

de plaquettes de briques de parement, d'aluminium ou d'autres revêtements, de planches, d'enduit superficiel ... les menuiseries extérieures peuvent également s'y intégrer. Il n'est donc plus nécessaire d'utiliser des échafaudages, tout se faisant depuis l'intérieur.

Des projets de recherche collectifs

Outre ses investissements dans sa propre recherche, MBS collabore éga-


Pour la rénovation du bâtiment du CRAC à Namur, qui compte sept étages, les pouvoirs publics wallons ont opté pour des éléments de façade réalisés par MBS (maître d'ouvrage : Wallonie Service Public, concept : Urban Architects et Lejuste Architects). Ils ont été pourvus en usine, à Genk, de menuiseries extérieures, d'un bardage métallique et de cadres de fenêtres.

de résider ou travailler dans les locaux pendant les travaux de rénovation ».

Des délais d'exécution courts

Les éléments de façade du nouveau complexe pour étudiants à la Rooseveltplaats à Anvers, développé par Urbicoon (maître d'ouvrage : Roosevelt Construct, concept : Lsie Architectuur) ont été fabriqués dans l'usine de MBS à Genk, y compris les plaquettes de briques de parement et le montage des fenêtres.

lement intensivement à des projets de recherche collectifs, afin de développer les autres avantages du système. « Nous sommes ainsi parvenus, non seulement à démontrer la résistance au feu de l'ossature bois, mais aussi à en améliorer considérablement les propriétés acoustiques et d'isolation. Ce point a été problématique dans le passé pour la construction bois dans son ensemble, mais aujourd'hui, nous affichons de meilleures performances en la matière que les méthodes de construction traditionnelles ». « En procédant à la rénovation de bâtiments existants avec de nouveaux éléments d'ossature bois, nous améliorons leur isolation thermique, tandis que les occupants peuvent continuer

« Construire avec des éléments préfabriqués d'ossature bois, par définition, c'est construire vite. L'ensemble du processus de construction peut être considérablement raccourci et l'intégration du revêtement de façade, de la menuiserie extérieure et des techniques dans les éléments en usine permet naturellement d'aller encore plus vite. Il va sans dire que tout est développé sur la base de la 3D et du BIM et que l'ensemble du processus de production suit la méthodologie LEAN. Nous disposons également d'évaluations techniques européennes (ETA), qui offrent à nos clients les garanties de qualité nécessaires. Les délais d'exécution très courts sont un atout majeur dans les villes densément peuplées. De nos jours, il n'y a pratiquement plus d'espace disponible pour organiser un chantier de construction. Cependant, avec nos panneaux préfabriqués, qui font généralement la hauteur d'un étage (+/- 3 à 3,6 m) et jusqu'à 12 m de longueur, nous pouvons parachever environ 300 m² de façade par jour et par équipe de pose ».

Un label écologique

« Le bois est un matériau renouvelable. Tout le bois transformé provient de forêts gérées de manière durable. Dans la pratique, il s'agit principalement du label PEFC, car c'est celui qui est le plus largement disponible sur nos

marchés. N'oublions pas que la transformation du bois nécessite peu d'énergie par rapport aux autres matériaux de construction », explique M. Colson.

Economie circulaire

« La construction bois se prête de plus parfaitement à l'économie circulaire. Le concept est très large, et mènera à terme à l'apparition de business models entièrement neufs, également dans le secteur de la construction. Nous concevrons les bâtiments moins comme des constructions immuables (leur utilisation peut changer plusieurs fois au cours de leur durée de vie), que comme des lieux de stockage de matériaux interchangeables. L'avenir sera donc en partie modulaire ». Margo Colson envisage ainsi, notamment, des bâtiments constitués d'éléments démontables, réutilisables et interchangeables.

Prochaines étapes

Aujourd'hui, la recherche de MBS se concentre sur l'amélioration des produits existants et sur l'amélioration de l'efficacité de sa propre production. Entre autres choses, la société a réussi à développer un système d'intégration horizontale, à la production, des fenêtres et des portes dans les éléments d'ossature bois. MBS espère également, dans un avenir proche, être en mesure de franchir les étapes nécessaires dans le domaine de la robotisation ».

www.machielsbuildingsolutions.be avril 2019 • Construction 29



DÉVELOPPEMENT D’UN MODÈLE ET PROJETS PILOTES

Accélérer la rénovation des écoles ! Le mauvais état des infrastructures scolaires en Fédération Wallonie-Bruxelles est hélas bien connu. Pour y remédier, la CCW est partenaire du bureau d’études Climact pour le développement d’un modèle permettant d’accélérer la rénovation des bâtiments scolaires.

5. Des outils spécifiques doivent être mis à disposition de manière centralisée, et inscrire l’ensemble d’un projet dans une démarche performancielle rigoureuse et ambitieuse qui assure la qualité à chaque étape du projet 6. Les moyens de financement existants doivent être augmentés et déverrouillés. Ils doivent être complétés par des modes de financement innovants multiples, notamment externes. Les écoles doivent pouvoir générer plus facilement des revenus de leurs infrastructures

A

près avoir identifié les barrières à la rénovation profonde des écoles, diverses pistes de solutions ont été débattues lors d’un workshop qui a réuni une cinquantaine d’acteurs en novembre 2018. Les réflexions ont débouché sur les 6 conclusions suivantes : 1. Une vision à long terme et commune aux différents réseaux d’enseignement, régions et compétences, est indispensable pour accélérer la transition vers des infrastructures scolaires performantes 2. Une stratégie immobilière globale, émanant de cette vision, doit permettre d’assurer la cohérence et la priorisation des choix, et de maximiser les synergies entre établissements 3. Une ressource qualifiée, responsable des infrastructures, doit être disponible au sein de chaque école pour mener les projets de rénovation sur le long terme. Elle doit rapporter directement au directeur d’établissement, en lien direct avec le Pouvoir Organisateur 4. Les écoles (et leur « responsable infrastructure ») doivent disposer de l’accompagnement de coachs qualifiés et spécialisés pour les guider dans les choix, les démarches, le financement et la réalisation des projets

Des groupes de travail se sont formés pour implémenter le plan d’actions proposé à l’issue de ce workshop, disponible sur www.climact.com/écoles. Les discussions porteront notamment sur les questions suivantes : • Comment assurer une démarche qualité sur l’ensemble du processus (du design à l’utilisation des infrastructures sur le long terme) ? • Comment assurer une formulation des besoins et des offres de services qui soit orientée « performances » ? • Comment étendre les contrats de performance pour inclure les 4 catégories de critères auxquels doit répondre une école : besoins éducatifs d’aujourd’hui et de demain, santé & confort, durabilité environnementale et intégration locale ? • Quel est le bon niveau de performance cible, à la fois ambitieux et réaliste ? Pour tester et valider les résultats des groupes de travail, des projets pilotes vont être développés. La constitution d’un réseau d’acteurs engagés sera un facteur clé de la réussite de ce projet. Les entreprises désirant mettre leur expertise en rénovation d’écoles au service de cette initiative peuvent adresser un email à nicolas.spies@ccw.be.

PLUS D’INFOS SUR www.climact.com/écoles avril 2019 • Construction 31


PLAN FORMATION INSERTION

Un PFI plus en adéquation avec la demande du secteur Alors que la formule s'essoufflait un peu, ces dernières années, le ministre de l’Emploi et la Formation, Pierre-Yves Jeholet, entend bien redonner vigueur et attrait au Plan Formation Insertion (PFI). Plus flexible et davantage basé sur la confiance envers les entreprises, le PFI 2.0. mise avant tout sur la simplification administrative. Ce plan fait partie des mesures phares mises en place par le ministre, en collaboration avec le Forem et la Confédération Construction Wallonne (CCW), à savoir l’incitant financier, l’opération « coup de poing pénuries » et le nouveau PFI.

L

e Plan Formation Insertion, c'est ce dispositif mis à la disposition des entreprises qui leur permet, à moindre coût et selon leurs besoins spécifiques, de former des demandeurs d'emploi qu'elles devront, par la suite, engager pour une durée au moins équivalente à celle de la formation. À ce propos, Pierre-Yves Jeholet, ministre de l’Emploi et de la Formation, expliquait en juillet dernier, alors qu'il annonçait sa volonté de le réformer : « Cette mesure est sous-utilisée par les entreprises en raison notamment de contraintes administratives, alors même que les taux d’insertion (97,8% à 12 mois et 98,2% à 18 mois) démontrent une insertion durable dans l’emploi. » Destinée à stimuler à nouveau l'attrait des employeurs pour la formule, la toute neuve réforme du PFI repose sur trois fondamentaux : la simplification administrative, la confiance a priori et la volonté de répondre aux besoins réels des entreprises.

Simplifier le dispositif

Désormais, une plateforme informatique fluidifie les échanges entre le Forem et les employeurs. « À l'époque, lorsqu'un employeur voulait bénéficier d'un PFI, il fallait remplir quatre pages à envoyer par fax ou par mail. Maintenant, il peut faire sa demande directement en ligne, avec accusé de réception », explique Didier Wiame,

32 Construction • avril 2019

responsable du service de gestion des dispositifs au Forem. En cours de développement, cette plateforme permettra, d'ici mai, d'enregistrer en ligne la déclaration de prestation et proposera, à terme, des champs préremplis – grâce au numéro BCE de l'employeur – qui allègeront considérablement la charge administrative occasionnée. Autre grand changement : la modification d'indemnisation du stagiaire. Avant, l'entreprise devait s’acquitter d'une somme équivalente à la différence entre la rémunération afférente au poste et les revenus (allocations de chômage...) du stagiaire. « Désormais, la facture aux employeurs est basée sur un forfait mensuel « proratisé » que nous appliquons en fonction du salaire d'embauche. L'employeur payera le même forfait pour chaque stagiaire PFI d'une même catégorie salariale selon le nombre de jours prestés – il y a quatre catégories –, peu importe l'importance de son chômage », poursuit Didier Wiame.

Une confiance accrue

Alors que, sous l'ancien régime, le Forem était tenu d'opérer plusieurs visites durant la formation afin d'évaluer l'évolution des compétences du stagiaire, la pratique ne sera plus automatique. « C'est un principe de confiance vis-à-vis de l'employeur. C'est le tuteur qui évaluera l'apprenant. Des visites pourront toujours avoir lieu si l'employeur ou le stagiaire le requièrent ou si la chose semble spécialement opportune au Forem. Mais cela deviendra marginal. »

Des plans de formation définis par l'employeur

« 99 fois sur 100, l'employeur nous demande d'élaborer à sa place le plan de formation. Mais pour les quelques plus grosses entreprises qui ont déjà des plans tout fait, nous leur avons facilité la vie en acceptant de travailler avec leur plan de formation. Il n'y a plus de raison que le Forem impose obligatoirement son schéma de formation. »

Afin d'informer les employeurs des nouvelles grandes mesures destinées à lutter contre la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée, la CCW a participé en février et mars derniers, à l'organisation de « roadshows » un peu partout en Wallonie.


MÉTIERS DE CONSTRUCTION

Lancement de la campagne de séduction auprès des jeunes Afin d’attirer les jeunes vers le secteur de la construction, plusieurs partenaires, dont la Confédération Construction Wallonne (CCW), viennent de lancer une campagne de sensibilisation à destination des 15-25 ans. L'objectif : redorer l'image d'une filière souvent injustement considérée.

C

inq mille. C'est, à peu de choses près, le nombre de postes actuellement vacants dans le secteur de la construction en Wallonie. À ce constat se joint un second : les métiers de la construction, ceux-là mêmes qui ne cessent d'évoluer et de se techniciser d'année en année, continuent de souffrir de la propagation d'une image trop négative. La plupart du temps en méconnaissance de cause, les jeunes perçoivent la discipline comme une filière de relégation. L'idée sera désormais activement battue en brèche. Soutenue par le ministre de l'Emploi et de la Formation, PierreYves Jeholet, une campagne flambant neuve – elle a officiellement débuté ce 1er avril – vient de voir le jour. Plusieurs partenaires se sont fédérés, avec le soutien de la Wallonie, autour de cette opération de séduction : CCW, WorldSkills Belgium, Constructiv, Volta, CEFORA, le Forem et l'IFAPME. Mutualisant leurs moyens au profit d'un objectif commun, les partenaires entendent bien démontrer à la jeunesse en recherche d'orientation professionnelle à quel point il peut être judicieux, pour leur avenir, d'opter pour une formation dans l’un des nombreux secteurs de la construction. C'est qu'elles ne courent pas les rues, les formations permettant à 80 % de ses bénéficiaires de trouver du travail endéans les six mois.

Du numérique, de l'esthétisme et du dynamisme

Parce que les jeunes de 15 à 25 ans sont difficilement atteignables par les médias de communication traditionnels, il a fallu miser sur une campagne avant tout numérique. Dans cette optique, un portail web élégant et dynamique (jeconstruismonavenir.be) a récemment vu le jour. « Toi aussi, tu souhaites un job passionnant, bien payé et plein de débouchés ? Ton avenir est tout tracé dans le secteur de la construction ! Envie d'en savoir plus ? Reste connecté et

laisse-toi guider pour décrocher le métier de tes rêves ! », peut-on y lire, en guise d'amorce. Mobilisant slogan, visuels et communication accrocheuse, le site permet d'informer les jeunes et leurs prescripteurs pour mieux les rediriger vers les points de contact adéquats. Pour assurer une propagation efficace et adaptée de la campagne, cette séduisante communication a également investi les réseaux sociaux de manière ciblée. Quittant le monde numérique pour mieux rejoindre celui tangible, soulignons aussi la création d'un important dispositif d'outils de promotion (roll-up, flyers, ...) qui sera mobilisé et intégré dans les campagnes déjà existantes : WorldSkills, Startech’s Days, Journées Chantiers Ouverts, ... La conjonction de ces différents outils permettra, nous en sommes convaincus, d'amorcer la fin d'un mythe pour mieux attirer la jeunesse vers nos métiers.

avril 2019 • Construction 33


TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

De bonnes mesures présentées mais la CCW veut aller plus loin

En marge du salon Batibouw, Jean-Luc Crucke (ministre de l'Énergie) présentait, fin février, les différentes initiatives du Gouvernement wallon visant à faciliter l'inclusion du secteur de la Construction dans la lutte contre le réchauffement climatique. La Confédération Construction Wallonne (CCW) soutient ces mesures, mais veut aller encore plus loin.

Primes à l'énergie et à la rénovation : simplifier et optimiser

Outil indispensable aux investissements économiseurs d'énergie et de rénovation des logements, l'actuel système des primes attribuées par la Wallonie péchait sérieusement par son manque d'efficacité. « Jusqu'à présent, il fallait presque être ingénieur civil pour comprendre le fonctionnement d'attribution de ces primes. Résultat : les budgets dégagés en la matière étaient sous-consommés », explique Jean-Luc Crucke, ministre wallon de l'Énergie. D'ici le printemps, une fois que la réforme élaborée conjointement avec Valérie De Bue (ministre wallonne du Logement) reviendra du Conseil d'État pour mieux être publiée, la situation devrait considérablement se simplifier. Au centre de cette réforme : l'audi34 Construction • avril 2019

teur. Plus de 500 en Wallonie, ces spécialistes du secteur de la rénovation accompagneront les ménages tout au long de la réalisation des travaux. De l'audit effectué émanera une hiérarchisation des différentes tâches à accomplir. « Cela permettra de rendre l'habitat le plus conforme possible aux impératifs de rentabilité, d'efficacité énergétique, de santé et de logement », poursuit le ministre. Pour bénéficier des primes, une seule contrainte : respecter le contenu du rapport d'audit. « Derrière, il ne sera plus nécessaire de passer par tentre-six portes d'entrée pour effectuer ses demandes. Il n'y aura qu'un guichet unique. » Concrètement, suite à la réalisation du rapport d'audit, le particulier adressera un formulaire à l'administration wallonne pour bénéficier de la prime d'audit. L'octroi des primes ulté-

rieures découlera, quant à lui, de l'enregistrement du rapport de suivi effectué, durant les travaux, par l'auditeur. Autre changement conséquent : l'élargissement des bénéficiaires. Alors qu'ils en étaient jusque-là exclus, les propriétaires bailleurs comme les ménages à hauts revenus pourront désormais profiter de l'octroi de primes. Avec une condition, pour les propriétaires bailleurs : celle de respecter une grille indicative des loyers qui sera prochainement présentée par la ministre De Bue.

L'avènement des microréseaux virtuels

Toujours en vue d’assurer la transition énergétique, le Gouvernement wallon a initié, en octobre dernier, un cadre légal qui permettra, à terme,


par le gouvernement wallon,

le développement de projets d' « autoconsommation collective ». Le principe : offrir aux producteurs et consommateurs d'électricité renouvelable la possibilité de créer, dans un périmètre géographique restreint, une communauté énergétique virtuelle qui pourra s'entendre afin de mutualiser production et consommation d'électricité. Un tel microréseau ouvrira la porte à bien des possibilités : ménages partageant avec les voisins le surplus d'électricité produit par leurs panneaux photovoltaïques, installation de panneaux communs par les copropriétaires d'un immeuble, association de plusieurs entreprises permettant de maximiser, en temps réel, la consommation de la production locale... Pour stimuler les utilisateurs, un tarif préférentiel sera appliqué à l'autoconsommation collective. En tant que client, vous recevrez ainsi deux factures : une première due au gestionnaire de l'autoconsommation et une seconde émanant de votre fournisseur d'électricité classique.

Isolation : en route vers un label de qualité

Également présent à la conférence de presse, Dominique Bonsang, président de la « Plateforme Wallonne de l'Isolation » a présenté l'actuel projet en développement d'un label de qualité pour les entreprises d'isolation. « Actuellement, il n'y a aucun accès à la profession des métiers de l'isolation. Il en résulte de trop nombreux cas de malfaçon sur chantier, mais également des concurrences déloyales entre certains professionnels, de jeux de dumping social... », regrettet-il. L'avènement du label, développé

« Les enjeux énergétiques imposent de rénover, chaque année, 2,5% du bâtiments existants. La CCW avance une série de propositions concrètes pour accélérer cette transition. » Francis Carnoy

en concertation et avec le soutien du ministre Crucke, permettra d'attester le professionnalisme de l'entreprise et des techniques mises en oeuvre. « L'entrepreneur s'engage personnellement auprès de ses confrères à respecter une charte et à apporter différentes preuves de la conformité de son travail exécuté et du fonctionnement interne de la société. » Un planning de travaux destiné à tester ce label est actuellement en cours. « Et nos dirigeants disposent d'un cahier des charges afin de trouver un organisme qui pourra assurer un contrôle indépendant ». Mise en place avec la collaboration du ministre Crucke, de l'administration wallonne et de la CCW, la « Plateforme Wallonne de l'Isolation » regroupe actuellement une trentaine d'entreprises wallonnes souhaitant s’unir pour collaborer et échanger sur des sujets d’intérêt commun.

Pour la CCW, il faut faire davantage

Saluant la direction vertueuse prise par ces différentes réformes, Francis Carnoy, directeur général de la CCW, rappelle toutefois que « selon les experts, les enjeux énergétiques imposent de rénover, chaque année, 2,5% du bâtiments existants, contre 0,7 % actuellement ». Pour accélérer la transition, la CCW avance, à son tour, une série de propositions concrètes :

• une nouvelle réforme de la fiscalité immobilière pour renforcer la qualité énergétique des logements, en proposant des avantages fiscaux conditionnés à l’amélioration du bien : réduction conditionnée des droits d’enregistrement, exonération temporaire de précompte immobilier ou encore révision du chèquehabitat pour que celui-ci stimule davantage la construction d’un bien neuf et/ou la rénovation énergétique • la stimulation de la démolitionreconstruction bénéficiant du taux de TVA de 6% sur l’ensemble des communes, et en étendant son application aux professionnels, ce qui peut aussi contribuer au renouvellement urbain • l’établissement d’une norme énergétique minimale pour le bâti existant, avec l’obligation de réaliser des travaux énergétiques pour atteindre un niveau de performance déterminé dans les 5 ans suivant l’achat • le remplacement de la voiture de société par des crédits en travaux immobiliers durables • le développement de plateformes locales de rénovation énergétique, en soutenant parallèlement l’économie locale et les circuits courts, tout en veillant à ce que les nouveaux « business models » de la rénovation énergétique (plateformes et coopératives locales, tiers investisseurs…) préservent les rôles et intérêts des différents acteurs (énergéticiens, financiers, architectes, entrepreneurs, acteurs immobiliers, …)

avril 2019 • Construction 35


LA CCW AU SALON DES MANDATAIRES

Le logement au cœur du débat Le 14 février dernier, la CCW organisait au WEX de Marcheen-Famenne, en collaboration avec le cabinet de la ministre wallonne du logement Valérie De Bue, un atelier consacré au logement wallon. Plusieurs orateurs de pointe se sont succédé pour présenter les enjeux de ce thème sociétal.

E

n introduction, la ministre du logement a souligné combien le logement est un enjeu fondamental au niveau social et urbanistique : au plan quantitatif, les besoins en logements restent en augmentation sous l’effet de la croissance démographique et des évolutions sociologiques, tandis qu’au plan qualitatif, les besoins en rénovation -particulièrement énergétique- du bâti wallon sont énormes et nécessitent de développer de nouvelles méthodes techniques et financières. A ce propos, souligna-t-elle, de nouveaux outils de financement comme le plan wallon d’investissement ou les partenariats public/privé, méritent le plus grand intérêt.

Densification et « appartementisation »

Le Professeur Yves Hanin (UCL) a confirmé la croissance continue du nombre de ménages, même si le rythme de croissance ralentit. Il souligne que la taille des ménages tend à se réduire, et donc que leur nombre augmente, à l’inverse du nombre de ménages avec enfants. Il pointe la tendance des petits ménages à quitter le milieu rural et à concentrer dans les villes. La ten36 Construction • avril 2019

dance n’est plus à la construction de villas4-façades. Le type d’habitat évolue en conséquence et s’adapte aux nouveaux besoins des ménages, ainsi qu’aux contraintes urbanistiques. On note l’émergence de logements plus petits, mais non moins confortables (plus compacts, plus performants). Les logements plus petits répondent mieux aux besoins des ménages, qui peuvent également accéder ainsi plus facilement à un logement neuf conforme aux normes énergétiques toujours plus exigeantes, et ce à un coût abordable. On parle dès lors d’ « appartementisation » de l’habitat, y compris en Wallonie, sans pour autant construire des tours d’immeubles, concept non désiré en Wallonie.

Coût de la construction neuve, moratoire sur les normes PEB et accès au logement

L’évolution des coûts de la construction impacte fortement le budget d’acquisition des ménages. Même s’il est impératif de construire du logement performant, les exigences énergétiques (PEB) ont contribué à la hausse des prix du « neuf » en Wallonie. Selon Salim Chamcham (CCW), les autori-

tés régionales doivent veiller à atteindre l’optimum économique, sans viser une « surperformance énergétique » contreproductive. Il sera également nécessaire de soutenir le budget d’acquisition des ménages pour la construction neuve pour contribuer au renouvellement du bâti. La perte de pouvoir d’achat des candidats bâtisseurs oriente hélas ces derniers vers le marché du logement existant, renforçant davantage la pression sur les prix. En outre, afin d’avoir un effet significatif et rapide sur le bilan carbone de la Wallonie, il est indispensable de se concentrer parallèlement sur


De gauche à droite : Virginie Richiuso (CCW et modératrice), Fabienne Thonet (cabinet du Ministre Di Antonio), Céline Tellier (IEW), Régis Doyen (cabinet de la Ministre De Bue), Robert Treselj (UWA), Francis Carnoy (CCW), Thibaut Ceder (UVCW).

Valérie De Bue, Ministre des Pouvoirs locaux et du Logement

soient… Tous les leviers doivent être activés pour atteindre le niveau attendu de PEB dans le bâti existant à moyen terme (niveau moyen A en 2050). Au niveau local, des actions sont à entreprendre également et l’atelier fut l’occasion de faire passer le message aux mandataires présents. Ainsi, Sabine Pauquay, coordinatrice de RenovateWallonia, souligna que « réduire nos émissions de CO2 au niveau de 2008 pour 2050, c’est possible mais il faut commencer maintenant avec des mesures fortes, et cela signifie, pour le bâti existant, un taux de rénovation de 3% par an ».

De nouveaux modes de financements à exploiter, mais avec prudence

l’amélioration (rénovation énergétique) du stock de bâtiments vétustes qui figure parmi les principaux émetteurs de CO2.

Besoins criant de rénover le parc de logements

La Wallonie compte plus de 800.000 logements à rénover. Certaines mesures ont déjà été prises mais les pouvoirs publics doivent aller plus loin en la matière, de manière à inciter davantage les particuliers à entreprendre des travaux de rénovation énergétique en atténuant leurs craintes, quelles qu’elles

Le secteur privé restera l’acteur majeur dans le montage des projets immobiliers pour répondre à la demande en logements, mais le secteur public doit garder un rôle important aussi, notamment pour les ménages précarisés. Dans ce cadre, des modes de financements alternatifs tels que les partenariats public/privé (PPP) ont été avancés par Pierre-Alain Franck (UPSI). À ce propos, beaucoup de contraintes doivent encore être levées, au niveau européen et régional, afin de mieux outiller les pouvoirs locaux –encore frileux à cet égard- et de faciliter le recours à ce type de formules. Toutefois, si le secteur privé est prêt à développer les PPP, ces derniers doivent néanmoins respecter un certain nombre

de conditions afin d’assurer un partage équilibré des risques, et surtout ils ne doivent pas se substituer aux budgets publics classiques qui doivent rester la règle. Enfin, Joël Privot (BrownfieldAcademy) a exposé le potentiel que recèlent les friches à reconvertir pour « reconstruire la ville sur la ville » et développer l’habitat.

Panel animé et conclusion… fiscale

Enfin, un panel s’est réuni, composé de représentants tant du secteur public que du secteur privé, animé avec brio par Virginie Richiuso (CCW). Si le principe du « stop à l’étalement urbain » est apparu assez consensuel, les visions s’écartent sur la façon d’y parvenir, notamment entre Francis Carnoy (CCW) plaidant pour maintenir une offre suffisante de logements neufs pour prévenir toute tension sur les prix, et Céline Tellier (IEW) plaidant plutôt pour la division des logements existant. Aubry Lefebvre (T&P Bâtiments) a conclu sur la nécessité de mieux recourir à la fiscalité immobilière, y compris aux nouvelles compétences fiscales régionales, afin de rendre plus incitative l’amélioration globale du parc (construction, rénovation et démolition/reconstruction) et sa densification.

POUR PLUS D’INFOS : virginie.richiuso@ccw.be et salim.chamcham@ccw.be

avril 2019 • Construction 37


DINO HENDERICKX, DE LA CEDD

« Une plus grande uniformité dans la réglementation sur l'amiante » S'il y a bien un groupe d'entrepreneurs qui sont confrontés à l’amiante au quotidien, ce sont les démolisseurs. La CEDD, l'association des entreprises de démolition de la Confédération, défend les intérêts de ses membres dans ce domaine. Mais selon son président Dino Henderickx, deux problèmes majeurs se posent. Toutes les entreprises ne jouent pas le jeu correctement, et celles qui le font verront leur position concurrentielle menacée. Il existe en outre d'importantes différences dans la réglementation d'une région à l'autre, ce qui rend l'approche très diversifiée et augmente les coûts.

D

ino Hendrickx: « De l’amiante intervient dans la plupart des travaux de démolition, car de nombreux bâtiments en cours de démolition datent d'avant l'interdiction de l'amiante en 1998. Il y a les classiques, comme les tôles ondulées et les ardoises d'amiante qui recouvrent d'innombrables toits, écuries et poulaillers. Mais la colle utilisée pour fixer le linoléum contient aussi souvent de l'amiante. On en trouve également dans des seuils et des appuis de fenêtre en imitation pierre naturelle, dans l'isolant pour tuyaux, etc., etc. Les plus grands chantiers d'amiante se situent généralement dans des zones métropolitaines telles que Bruxelles et Anvers, ainsi que sur de vieux sites industriels. » « De nombreuses entreprises de démolition emploient des personnes formées pour effectuer les opérations dites simples de désamiantage, c'est-à-dire les opérations dans lesquelles les fibres d'amiante ne peuvent être libérées si certaines procédures sont respectées. Mais si la situation est plus complexe et qu'il s'agit de l'élimination de fibres d'amiante libres, nous devons faire appel à des entreprises spécialisées capables, par exemple, d'utiliser la méthode des sacs à manchons ou de créer 38 Construction • avril 2019

une zone fermée hermétiquement avec dépression. »

Les ambitions nationales de la CEDD

La CEDD a été fondée en 2009, au départ d'un groupe d'entreprises de démolition principalement actives dans la région d’Anvers. Actuellement, l'association est active dans toute la Flandre et son but ultime est de devenir le point de contact national pour tous les acteurs du secteur. Dino Hendrickx: « Le nombre de membres wallons de la CEDD est actuellement limité, et nous voulons y remédier. Nous invitons cordialement les démolisseurs wallons à nous rejoindre, ce qui renforcerait certainement la position de notre organisation dans la concertation avec les différents pouvoirs publics. C'est important, en partie parce qu'il y a maintenant un manque d'uniformité dans les règlements. C'est une épine dans notre pied, surtout en ce qui concerne l'amiante. »

Réglementation

La Flandre a rendu la démolition sélective obligatoire en 2006. Depuis 2018, un plan de suivi de démolition doit être établi pour certains travaux de

WALLONIE En ce qui concerne l'amiante, la Wallonie ne dispose pas d'un inventaire obligatoire de l'amiante inspiré du modèle bruxellois ou flamand. La Confédération Construction Wallonne (CCW) déplore cette situation, déclare Aymé Argelès (Manager Environnement & Technologies).

Aymé Argelès: « La problématique de l’amiante dans la gestion des déchets de construction et de démolition est également importante en Région wallonne. A l’instar de la Flandre, l’administration wallonne a adopté en 2017 des normes indiquant les seuils limites de la teneur en amiante que peuvent présenter les terres excavées et les déchets de construction en vue de leur valorisation ou de leur mise en centre d’enfouissement technique. Toutefois, l’imposition en Wallonie, comme en Flandre, d’un inventaire des déchets lors d’une démolition et ou une rénovation couplée à un système de traçabilité des déchets permettrait de mieux maitriser le risque de l’amiante et d’éviter également les transferts transrégionaux de terres et de déchets contaminés avec l’amiante.».


La démolition de l'Océade, au Heysel à Bruxelles. Les plus grands chantiers d'amiante se situent généralement dans des zones métropolitaines.

démolition, sans quoi vous n'obtiendrez pas de permis de démolition. Une partie du plan consiste en un inventaire destructif de l'amiante. Une obligation similaire s'applique en Région bruxelloise (voir encadré). Dino Hendrickx: « En Flandre, les entrepreneurs peuvent actuellement adhérer volontairement à un système de

suivi de démolition par un organisme de gestion de démolition agréé tel que Tracimat. Le plan de suivi de démolition, y compris l'inventaire amiante, est alors établi par un expert agréé et déclaré conforme après inspection par l'organisme de gestion agréé. La démolition ne peut pas commencer avant cela. Cette façon de travailler garantit bien mieux la qualité

FLANDRE

BRUXELLES

En Flandre, un plan de suivi de démolition doit être établi pour la démolition totale ou partielle d'infrastructures de plus de 250 mètres cubes, de bâtiments résidentiels de plus de 5.000 mètres cubes et de bâtiments non résidentiels de plus de 1.000 mètres cubes. Le plan de suivi de démolition doit contenir un inventaire destructif de l'amiante. La démolition sélective et la collecte séparée des déchets dangereux tels que l'amiante sont obligatoires.

Les règles relatives à l'amiante que doivent suivre les démolisseurs diffèrent d'une région à l'autre. La Région de Bruxelles-Capitale a exigé un inventaire destructif pour la rénovation ou la démolition des ouvrages au-dessus d'une certaine taille autorisés avant le 1er octobre 1998, date de l'interdiction totale de l'amiante à l’échelle nationale. Plus précisément, il s'agit de la démolition d'un bâtiment ou d'un ouvrage d'art d'une superficie brute de plus de 500 mètres carrés, et de la transformation d'une superficie supérieure à 500 mètres carrés. Les déchets d'amiante doivent être séparés des autres déchets de construction.

et la précision de la démolition sélective et l'élimination des différents matériaux de démolition. Malheureusement, cette méthode n'est pas obligatoire et les entreprises malhonnêtes, qui ne sont pas aussi strictes, peuvent en abuser. Ramasser les restes d'un bâtiment à moitié ou non triés, c’est moins cher que la démolition sélective et le traitement séparé des déchets. » Pour la CEDD, les principes du plan de suivi de démolition en vigueur en Flandre constituent une bonne base pour le développement futur. Mais ils devraient s'appliquer à toute démolition, quels que soient le volume ou la taille du chantier. Cela signifie que les habitations privées et les nombreuses écuries et poulaillers qui subsistent en Flandre devraient également être couverts par ce règlement. Dino Hendrickx: « Dans ce cas aussi, les risques sont considérables. La CEDD se demande donc si les limites de volume flamandes ne devraient pas être revues à la baisse. Nous constatons toutefois que les autorités concernées n'ont ni la volonté politique ni le courage d'étendre de manière générale des règles uniformes en matière de démolition sélective. »

avril 2019 • Construction 39


CONGRÈS ANNUEL DE LA FEGC

C

omme les années précédentes, le congrès annuel s’est tenu à Batibouw. Le président de la FEGC, Frank Goes, a donné le coup d'envoi en soulignant deux défis. Les pouvoirs publics veulent que l’habitat soit plus dense et que notre parc immobilier devienne plus éconergétique. « En tant que secteur, nous comprenons la nécessité et l'urgence de ces propositions politiques. Nous participons volontiers à la réflexion afin d'atteindre les objectifs visés de la manière la plus optimale possible », a déclaré Frank Goes. La FEGC entend présenter un certain nombre de propositions qui tiennent compte de l'abordabilité et de la faisabilité. Pour Frank Goes, la revitalisation du noyau urbain combinée à la démolition-reconstruction de bâtiments à plusieurs étages constitue une solution. « Cette démarche s’inscrit également dans les objectifs climatiques, car la démolitionreconstruction se caractérise par une très grande efficacité énergétique et a massivement recours aux sources d'énergie renouvelables».

Rénovation énergétique

Notre parc immobilier est ancien et énergivore, mais selon Frank Goes, il pourrait afficher de bonnes performances énergétiques d'ici 2050, « à condition qu'il y ait une obligation de rénovation énergétique pour les acheteurs. Nous croyons qu’il est possible d’obtenir des résultats rapides si le niveau des mesures de soutien est lié à l'efficacité énergétique de l’habitation ». « Certaines mesures fiscales actuelles se contredisent malheureusement », a commenté Gérald Bogaert, vice-président de l’Union professionnelle du crédit (UPC) et directeur chez Europabank.

La limite est atteinte

Jacques Teller, professeur d'urbanisme et d'aménagement du territoire à l'Université de Liège, a abordé la densification de l’habitat dans une perspective historique. Depuis les années 1950, beaucoup d'espaces vierges ont été sacri40 Construction • avril 2019

Densification et durabilisation du parc immobilier belge Le congrès annuel de la Fédération des Entrepreneurs Généraux de la Construction (FEGC) s'est concentré sur la densification de l’habitat et, dans le contexte de la question climatique, sur l'efficacité énergétique des bâtiments. fiés au logement. Cette évolution est due en partie à la densité de notre réseau ferroviaire, qui permet de combiner vie à la campagne et travail dans les grandes villes. « Les Belges sont ainsi prêts à consacrer jusqu'à 90 minutes de trajet pour parvenir à cette situation », a noté Jacques Teller. « Les pouvoirs publics encouragent

en outre l’acquisition d'une maison privée depuis les années 1970. Mais la limite est maintenant atteinte ». Selon Jacques Teller, la Belgique est un exemple classique d’étalement de la construction résidentielle. « Après les Pays-Bas, nous sommes le pays européen où l'habitat est le plus étalé. Avec plus de


Table ronde avec Philippe Lamberts (Parlement européen), Gérald Bogaert (UPC), Yvain Stiennon (PEEB), Philippe Huyzentruyt (Groupe Huyzentruyt), Vincent Van Quickenborne (Courtrai) et Louis Amory (Fédération des développeurs-constructeurs).

d'un suivi permanent. Sven Damen a préconisé une évaluation économétrique basée, entre autres, sur la valeur du terrain et les constructions. Dans un tel modèle, il entrevoit aussi du potentiel pour un bonus-malus sur l'efficacité énergétique. Il pourrait s'agir d'une alternative au chèque habitat actuel, qui fait grimper le prix du logement sans toutefois changer le comportement d'achat et de construction.

Un taux réduit de TVA

46 mètres carrés, nous sommes le pays qui compte la plus grande surface moyenne occupée par personne ». Tout comme Sven Damen (chercheur à la KU Leuven), Jacques Teller est d'avis que la densification de l’habitat réduit les émissions de gaz à effet de serre, car l’usage de la voiture s’en trouve réduit. C'est ce que montrent les statistiques des habitudes de transport par commune.

Précompte immobilier

Sven Damen s’est également penché sur un autre problème historique. « La base imposable du précompte immobilier ne reflète plus la réalité dans de nombreux endroits. La valeur locative théorique est basée sur la popularité passée des zones. Les appartements et les constructions en centreville en général sont donc assez lourdement taxés par rapport aux autres biens immobiliers, ce qui n’est pas de nature à stimuler la densification de l’habitat. » Mais une mise à jour de la valeur cadastrale, ce qu'on appelle la péréquation, serait coûteuse et lourde. Un autre problème est que cette valeur va continuer à évoluer et doit donc faire l'objet

La réduction de la TVA sur la démolition-reconstruction dans 32 zones urbaines a eu un effet positif sur la densification. Telle est la conclusion d'une étude réalisée par Erik Buyst et Geert Goeyvaerts, collègues de Sven Damen à la KU Leuven. Depuis, le volume de démolition a augmenté de 21 %. « Mais l'effet sur les nouvelles constructions est deux fois plus important : pour chaque bâtiment démoli, deux nouveaux sont sortis de terre ». Le taux de TVA réduit devrait-il être étendu ? Sven Damen est resté prudent, car l'efficacité de la mesure peut varier d'une commune à l'autre. Et de plus : « La densification n'est pas nécessaire dans toutes les communes. Peut-être devrionsnous donner la priorité aux communes ayant une grande valeur nodale et de nombreuses infrastructures ». Une taxe directe sur le CO2 serait un moyen très efficace d’inciter à la modération quant à l’usage de la voiture : « De cette façon, les plus gros pollueurs sont aussi ceux qui paient le plus ».

Table ronde

Le congrès s’est clos par une table ronde avec Gérald Bogaert, Yvain Stiennon, président de l'Association des Professionnels des Études Énergétiques des Bâtiments (PEEB), Philippe Lamberts (Ecolo), député européen, Vincent Van Quickenborne (VLD), bourgmestre de Courtrai, Philippe Huyzentruyt (CEO du groupe Huyzentruyt) et Louis Amory

(président de la Fédération des Développeurs-Constructeurs de Logements). Philippe Huyzentruyt a immédiatement plaidé pour l'extension à l'ensemble du pays et aux logements acquisitifs du taux réduit de TVA applicable aux démolitions-reconstructions. Les responsables politiques ne l'ont pas contredit. « L'évolution récente m'a convaincu de la nécessité de nous pencher sur cette question », a ainsi déclaré Philippe Lamberts. « Mais nous devons fonder les nouvelles mesures sur des études pour nous assurer d'adopter la meilleure approche. Et le taux réduit ne peut s'appliquer qu'au premier logement de l'acheteur ». « Courtrai est l'une des 32 villes qui bénéficient déjà du taux de 6 % », a ajouté Vincent Van Quickenborne. « Mais la frontière d'une commune est une limite très arbitraire pour une telle mesure ».

Vivre à prix abordable

Mais qui bénéficie de ces 6 % ? Le constructeur ou le nouveau propriétaire ? Philippe Huyzentruyt a rassuré les politiques. « Le taux réduit de TVA ne doit pas servir à augmenter notre marge. Il doit rendre un logement à nouveau abordable, parce que ce marché subit de fortes pressions aujourd'hui. Un taux de TVA plus bas nous profite d'une autre manière, car il y aura plus d'acheteurs et notre chiffre d'affaires augmentera ». Yvain Stiennon l'a rejoint sur ce point. « Beaucoup de Wallons doivent investir tellement d'argent dans l'achat d'une habitation qu'ils n'ont plus les moyens d'investir dans une rénovation écoénergétique ». « Et les interventions énergétiques ne s'amortissent que très lentement », a précisé Gérald Bogaert. « Aujourd'hui, il existe de grandes différences entre les contraintes énergétiques des bâtiments existants et des nouvelles constructions », a expliqué Louis Amory. « Mais les travaux correspondants font partie de l'économie belge, tandis que l'argent de l'achat de combustibles fossiles va directement dans les pays du Golfe ».

avril 2019 • Construction 41


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avril 2019 • Construction 43


CSTC

ETICS sur ETICS : une isolation sur une autre, pour la renforcer Cela fait près de cinquante ans qu’on a commencé, dans notre pays, à appliquer cette technique qui consiste à poser une isolation thermique à l’extérieur d’une façade, puis de l’enduire : un ‘ETICS’ dans le jargon du métier. Mais les premiers ETICS étaient relativement minces et la tentation est grande, aujourd’hui, de les recouvrir d’un nouvel ETICS plus épais, pour mieux répondre aux normes énergétiques actuelles. Les experts du CSTC nous signalent ici les points à garder à l’œil lors de la pose d’un nouvel ETICS sur un premier déjà installé.

U

ne isolation par l’extérieur est une sorte de ‘mur-manteau’. La face extérieure du mur est en effet recouverte d’un manteau qui vient isoler le bâtiment du froid en hiver… et aussi du chaud en été. Mais ce manteau isolant peut rester nu, pour des raisons esthétiques autant que fonctionnelles. Il faut encore l’enduire pour qu’il forme ce système complet nommé ‘ETICS’ (External Thermal Insulation Composite System).

Le gros manteau plutôt que la petite laine…

Les premiers ETICS se contentaient souvent de 5 cm d’isolant là où, aujourd’hui, on monte quelquefois jusqu’à 20 ou 30 cm. La matière isolante n’est pas dégradée, mais est devenue insuffisante. Quant à l’enduit, son esthétique a souffert du poids des ans… D’où l’idée de prolonger l’opération en appliquant un nouvel ETICS sur l’ancien (figure 1). 44 Construction • avril 2019

Pourquoi un double ETICS ?

La performance énergétique requise est aujourd’hui bien plus sérieuse qu’il y a un demi-siècle. Or, le coefficient de transmission thermique U d’une paroi peut être fortement réduit en ajoutant une nouvelle couche isolante sur l’ancienne, comme le montre notre graphique (figure 2). Prenons un exemple. Un mur recouvert d’un ETICS comprenant une couche de 6 cm de laine minérale (MW; λ = 0,040 W/mK) donne un coefficient U d’environ 0,5 W/m²K. Si on pose sur ce mur un ETICS supplémentaire avec une couche de 20 cm de polystyrène expansé (EPS enrichi de graphite; λ = 0,032 W/mK), le coefficient U ne sera plus que de 0,12 W/m²K. Presque plus rien ne passe, thermiquement parlant, et on se retrouve avec un bâtiment pouvant être qualifié de passif. Sans vouloir aller si loin, rien qu’avec 8 cm d’EPS, on obtient déjà un coefficient U inférieur à la valeur de 0,24 W/m²K, exigée pour les nouvelles constructions.

Fig. 1

Le nouvel isolant est bien plus épais que l’ancien .

Ne pas lésiner sur la seconde couche

Pour éviter toute condensation interne, la nouvelle couche d’isolation doit être au moins une fois et demie plus épaisse que la couche préexistante. Il faut vraiment qu’on soit en présence d’une classe de climat intérieur très humide, comme une piscine,


Fig. 2

Impact d’un ETICS supplémentaire sur le coefficient de transmission thermique U d’une paroi.

Fig. 3

Données géométriques des fixations à rosace.

pour devoir encore craindre une telle condensation. Dans ce cas, il s’impose de faire une étude spécifique de la composition complète de la paroi. La technique de l’ETICS sur ETICS est respectueuse l’environnement, puisqu’elle permet de conserver le système existant. Elle a le double avantage d’éviter la production et le traitement de déchets (si on devait enlever la première couche), tout en améliorant nettement la performance énergétique du bâtiment.

Veiller à la qualité du support

Le nouvel ETICS doit être appliqué sur un support sain. Avant d’entamer la rénovation, il faut examiner le système déjà présent. Par exemple, s’il y a des infiltrations d’humidité ou des fissures atteignant la structure portante, il faut commencer par y remédier en s’attaquant aux causes du mal. Des fissures superficielles dans le premier ETICS sont par contre sans importance. Mais si l’isolant du premier ETICS est humide à certains endroits, mieux vaut le remplacer là où il s’est humidi-

fié. Les parties d’enduit peu adhérentes doivent également être éliminées. Et si le premier ETICS est encrassé (par des algues ou de la mousse, par exemple), il vaut mieux le nettoyer d’abord.

Fixer correctement

Le conseil du CSTC est de poser le nouvel ETICS en le fixant mécaniquement au support porteur à l’aide de chevilles munies d’une rosace, et en réalisant un encollage sur au moins 40 % de la surface (cf. figure 3). La colle ne sert en général qu’à maintenir provisoirement en place la nouvelle isolation jusqu’à la pose des fixations mécaniques. Celles-ci vont ensuite pouvoir maintenir l’isolation bien en place, quel que soit son poids ou l’action du vent. Le type d’ancrage doit être choisi en fonction de la structure portante concernée (béton, brique creuse ou pleine…). L’ETICS peut aussi être fixé uniquement par collage. Cette solution n’est pas idéale, mais si on la retient, il faut prendre quelques précautions supplé-

mentaires, à savoir, pour commencer, réparer mieux encore les zones moins adhérentes ou endommagées. Il faut alors aussi vérifier que l’ETICS existant adhère bien au mur porteur et que la seconde couche adhère suffisamment à la première. Il faut enfin vérifier que l’enduit de finition existant soit bien compatible avec la colle du nouvel ETICS.

Autres points d’attention

Poser un nouvel ETICS sur un premier, c’est créer une surépaisseur. Cela implique de remplacer et/ou déplacer certains éléments, tels que les seuils de fenêtres, les couvre-murs, les fixations des gouttières, celles des luminaires de façade, etc. Les nœuds constructifs doivent être conçus et réalisés de sorte qu’ils soient, dans la mesure du possible, conformes aux prescriptions de la réglementation PEB. Les règles de l’art pour la pose d’un ETICS (premier ou second) sont par ailleurs détaillées dans la Note d’information technique n° 257 du CSTC.

RÉFÉRENCES: Compilation libre d’un article paru dans le CSTCContact 2017/3 et signé par les ingénieurs du CSTC I. Dirkx et S. Korte, respectivement chef de projet au laboratoire ‘Matériaux de gros œuvre et de parachèvement’et conseiller à la division Avis techniques. Seul ce document original, librement téléchargeable sur www.cstc.be, peut être cité en référence.

avril 2019 • Construction 45


CSTC

Dimensionner un garde-corps pour qu’il soit sûr à 100 % Les Comités techniques ‘Menuiserie’ et ‘Vitrerie’ du CSTC se sont récemment penchés sur la question des garde-corps, qui doivent pouvoir résister à tous les coups et/ou pressions possibles pendant leur période d’utilisation. La recommandation est de vérifier la résistance d’un garde-corps non seulement aux charges ‘dynamiques’ (les coups, secs ou mous, qu’il peut recevoir occasionnellement), mais aussi aux pressions ‘statiques’ qui peuvent s’exercer spontanément et/ou constamment.

L

es essais de chocs sont un élément dynamique à considérer en priorité pour dimensionner correctement un garde-corps. Mais il n’y a pas que cela ! Il faut aussi tenir compte des charges ‘statiques’, c’est-à-dire le poids du garde-corps lui-même, les charges d’exploitation et celles imposées par le vent sur le garde-corps.

Charges dynamiques

Pour tester ce type de sollicitation occasionnelle, à savoir les chocs durs ou mous, on procède par essais. Un corps est projeté sur le garde-corps et on vérifie s’il résiste au choc et s’il retient le corps projeté. Le choc mou simule l’impact d’une ou de plusieurs personnes qui prendraient violemment appui ou cogneraient la balustrade à n’importe quel endroit de sa surface. Le choc dur, quant à lui, simule l’impact d’un corps dur sur un élément de remplissage du garde-corps. Durant l’essai, les chocs (durs et mous) doivent être donnés aux endroits qui sont le moins susceptibles de résister, comme le centre de l’élément de remplissage. Les autres endroits plus vulnérables aux impacts se situent face au montant et/ou près d’un assemblage ou encore dans l’un des coins supérieurs dans le cas des garde-corps en verre encastrés. Les essais de choc mou se font à 46 Construction • avril 2019

l’aide d’un double pneu de cinquante kilos lâché à partir d’une hauteur de chute ‘h’. Cette hauteur équivaut à la différence verticale entre le point d’où on lâche le pendule et le point où les pneus viennent cogner le garde-corps (cf. figure 2). Cette hauteur sera de 30 cm pour un bâtiment résidentiel, de 45 cm pour un immeuble de bureau et de 70 cm pour un commerce ou un lieu de rassemblement de personnes. Les essais de choc dur sont réalisés avec une bille en acier d’un demi-kilo et de 5 centimètres de diamètre. Mais la hauteur de chute, plus importante, s’élève à 75 cm dans tous les cas, quel que soit l’usage du bâtiment. Précisons tout de même que les essais de choc dur ne s’appliquent pas au verre… Il faut aussi que le garde-corps reste sûr, même après avoir subi un impact accidentel. La protection ne sera peutêtre plus tout à fait la même, mais elle doit rester suffisante. La période qui précède l’éventuelle réparation doit rester une période sans risque ! Même endommagé, le garde-corps doit toujours prévenir tout risque de chute…

Charges statiques

L’impact des charges statiques sur un garde-corps peut se calculer ou se tester physiquement en vue de choisir le modèle qui aura les caractéristiques et les dimensions voulues pour y résis-

Fig. 1

Comment dimensionner un garde-corps pour garantir la sécurité des personnes ? (© photo: N. Oldenhove)

ter. Si le calcul est trop compliqué ou si son résultat ne satisfait pas aux critères définis par la norme NBN B 03-004, on procède alors par essais, en laboratoire ou sur site. La norme définit les charges en fonction de la catégorie du bâtiment: A (résidentiel), B (bureau), C (lieu accessible au public) et D (commerce). Elle tient compte aussi des combinaisons de charges et détermine les coefficients partiels de sécurité à appliquer selon qu’il s’agit d’ancrages, de montants, de verre structurel ou d’éléments de remplissage. Si le dimensionnement


Fig. 3

Pas d’essai de choc dur sur le verre !

Fig. 2

Principe de l’essai sous charge dynamique (h : hauteur de chute; d : diamètre).

se fait par essais, il faut appliquer les mêmes charges que pour une vérification par calcul, en les augmentant de 10 %. Que ce soit par calcul ou par essais, il faut pouvoir garantir que le garde-corps ne se déforme pas trop sous les charges de service (on parle ici d’états limites de service) et qu’il empêche toujours bien toute chute dans le vide et ce, même s’il a subi des dommages irréversibles (on parle alors d’états limites ultimes). Les différentes charges statiques à

prendre en compte dans le cas de l’utilisation normale d’un garde-corps sont énumérées ci-dessous. Elles doivent, suivant le cas, être combinées lorsqu’elles sont susceptibles d’agir simultanément. Il y a les charges liées au poids propre de la balustrade et les charges d’exploitation comme celle de personnes s’appuyant sur le garde-corps. Charges d’exploitation à considérer : • trois actions horizontales, fonction de la catégorie d’usage des locaux, à prendre en compte indépendamment les unes des autres et à appliquer vers l’extérieur : 1. une force linéaire (qk,h) 2. une force ponctuelle (Qk,h1) 3. une force ponctuelle exercée à l’endroit le plus défavorable sous la hauteur de protection (Qk,h2) • une action horizontale de 0,5 kN/m à appliquer depuis l’extérieur si cette action s’avère plus critique que les trois actions précitées • une action verticale (Qk,v) de 1 kN à appliquer sur la main courante ou à l’endroit le plus défavorable. Dans le cas des garde-corps en verre, cette action ne s’applique qu’aux vitrages à lisse décen-

trée fixée au verre. Il y a aussi les charges de vent (charge linéaire horizontale qk,h). Elles dépendent de différents paramètres déterminés dans l’Eurocode ‘Vent’ et son annexe nationale. Ces charges semblent souvent surestimées et le CSTC mène une étude pour déterminer des charges plus réalistes à considérer dans telle ou telle situation. La norme précitée définit des critères de sécurité et d’aptitude au service pour l’évaluation (par calculs ou essais) des garde-corps avec ou sans potelets et en verre encastré. L’évaluation peut être faite par trois essais consécutifs; si le troisième et dernier essai n’est pas concluant, c’est que le garde-corps est inapte au service.

RÉFÉRENCES: Compilation libre d’un article paru dans le CSTC-Contact 2018/04 (librement téléchargeable sur www.cstc.be). Seul ce texte original signé par l’ingénieur V. Detremmerie, chef du laboratoire ‘Éléments de toitures et de façades’auprès du CSTC, peut être cité en référence.

avril 2019 • Construction 47


LA PAROLE À UN PIONNIER

Numérisation : jusqu' où les entreprises de construction doiventelles aller ? En Belgique, l'entreprise H.P. Linden (Saint-Vith) fait figure de précurseur en matière de numérisation des entreprises de construction. Ce constructeur de logements utilise, entre autres, une version personnalisée du programme de conception Revit, mais a également développé son propre logiciel d'ERP, adapté aux besoins d'une entreprise de construction. Elle le commercialise sous le nom de Hit-Office.

L

orsqu'Udo Linden, qui dirige actuellement l'entreprise, a commencé ses études d'ingénieur au milieu des années septante, l'utilisation d'ordinateurs était encore loin d'être répandue, même dans les universités. « J'ai grandi dans une entreprise de construction familiale traditionnelle, et je me suis donc logiquement orienté dans cette direction », explique-t-il. « Par ailleurs, Saint-Vith se situe dans une zone très rurale, nous n'étions donc pas toujours aussi vite au courant des dernières évolutions ». Sans le contexte professionnel familial, Udo aurait sans doute opté pour l'électromécanique. « C'était ma vocation première, et j'y entrevoyais nombre de développements passionnants, comme le préfabriqué, ou encore dans l'informatique ».

Aix-la-Chapelle

« Après l'école secondaire, je suis allé à l'université. J'ai choisi Aix-la-Chapelle parce que tous les étudiants, dès leur premier jour à l'université, avaient le droit d'en utiliser le grand centre de calcul. Mais ne vous y méprenez pas, les ordinateurs de l'époque étaient d'énormes appareils dans lesquels il fallait introduire des données avec des cartes perforées. Un disque dur d'à peine 100 MB faisait la taille d'une machine à laver ». Mais à l'époque, le centre de calcul aixois avait des allures de paradis pour Udo Linden. « J'y ai passé de nombreuses nuits. C'est là que j'ai écrit les premiers petits programmes techniques et de gestion pour notre entreprise ». « Pendant ma première année d'université, notre entreprise familiale a remporté un beau contrat portant sur la construction d'un centre sportif. Pour nous, c'était un grand projet. Nous devions établir des états d'avancement mensuels en douze exem48 Construction • avril 2019

Système de construction avec Pamaflex.

Sur chantier, tout va très vite.


Udo Linden (à gauche) en pleine étude d'une maquette BIM avec un collaborateur.

les informations en tête, et un membre de la famille aide à faire la paperasse. Ce qui pose évidemment problème en cas de maladie du gérant en question, mais s'il est malade, c'est tout le travail qui est à l'arrêt, pas uniquement le volet administratif ». plaires, notamment. Pour y parvenir, nous avions le choix entre l'engagement d'une personne supplémentaire pour tout dactylographier, ou l'achat d'un ordinateur. Nous avons alors investi environ 1,2 million de francs belges (l'équivalent de 30.000 €) dans un ordinateur. J'ai moi-même écrit les programmes nécessaires, de sorte que nous puissions tout faire nous-mêmes ».

Un déploiement dans toute la Wallonie

Un jour, un conseiller en construction a découvert l'existence du logiciel de M. Linden, et a recommandé à d'autres entreprises de construction de suivre la même voie. « C'est ainsi qu'est apparue la demande. Nous avons donc professionnalisé notre logiciel ‘maison’ et l'avons lancé sur le marché sous forme d'une suite ERP (Enterprise Resource Planning), baptisée Hit-Office. C'est à présent Ficos, une entreprise luxembourgeoise distincte qui s'en charge. A l'heure actuelle, quelque 1.500 entreprises utilisent cette suite pour leur gestion administrative d'entreprise, de l'offre à la facture ». H.P. Linden a en outre développé le système Pamaflex, sur la base d'une version personnalisée de la suite Revit. Il se compose d'éléments préfabriqués en béton, destinés à la toiture ou aux murs, pourvus d'une couche d'isolation en polyuréthane, qui se prêtent idéalement à tous les types possibles de revêtement de façade ou de toiture. « L'informatisation des processus de production signifie que les erreurs ne peuvent plus se produire qu'au cours de la phase initiale, et ne peuvent plus s'accumuler dans les phases ultérieures. Lorsque l'on constate une erreur, il suffit de la corriger dans les données de base. Les coûts des corrections sont ainsi restreints. Les concepteurs, en revanche, ont moins le droit à l'erreur : s'ils oublient, par exemple, de dessiner une prise électrique, nos machines de coffrage ne prévoiront pas l'espace nécessaire à cet effet dans les éléments préfabriqués ». Cela dit, Udo Linden continue de construire des logements fortement individualisés. Il est donc particulièrement bien placé pour évaluer la nécessité de numériser, mais aussi pour connaître les limites du processus. « Le numérique, c'est bien plus que travailler avec un ordinateur. Etablir une facture au format PDF et l'envoyer par e-mail ... pour moi, cela va de soi pour toute entreprise de construction contemporaine, mais je ne qualifierais pas ça de numérisation ».

Une question de taille critique

Pour M. Linden, la numérisation se passe à deux niveaux. « L'administration et la production. Une suite ERP a du sens dans à peu près toutes les entreprises. Seules les entreprises les plus petites, les plus artisanales, peuvent peut-être s'en passer. Le gérant a toutes

En ce qui concerne la numérisation de la conception – qu'il s'agisse du BIM ou d'un autre logiciel de conception similaire – et de la production, M. Linden est plus nuancé. « Cela devient indispensable pour les constructeurs de systèmes et les entrepreneurs qui collaborent à de gros projets. Certains pouvoirs publics imposent déjà le BIM dans leurs adjudications. Mais pour les entreprises de construction qui ne réalisent que de petits travaux ou qui construisent des maisons conçues individuellement, les avantages ne l'emportent pas sur l'investissement. Même un dessinateur expérimenté a besoin d'un mois complet pour saisir tous les paramètres individuels dans un programme de conception et pour peaufiner numériquement la conception. Pour un constructeur de systèmes, les choses sont différentes. Dès qu'une maison est terminée, il peut choisir de déplacer les fenêtres et les parois pour les murs suivants, reproduire l'ensemble du design, et ainsi de suite. Lorsque les machines de production sont utilisées dès la phase de conception, il est possible de tirer pleinement profit du BIM et/ou d'autres formes de numérisation. Cela rend très improbable toute erreur de production après la phase de conception ».

Pas de bureau sans papier

Udo Linden ne prévoit toutefois pas que la progression de la numérisation nous mène à des bureaux totalement dépourvus de papier. « Par exemple, vous, journalistes, prenez encore des notes sur papier. Et il est souvent plus rapide de griffonner quelque chose sur un plan imprimé que d'ajuster tout le plan en CAD (computer aided design). Bien souvent, il est aussi plus facile d'envoyer ce type de document par fax ou par WhatsApp. C'est pourquoi nous utilisons encore assez bien le fax dans notre secteur. Il est en outre bien plus facile pour un ouvrier sur chantier de travailler avec un grand plan sur papier que de devoir ôter ses gants de travail, prendre un ordinateur portable ou une tablette, y consulter un plan et zoomer dessus ».

L'avenir

Pour Udo Linden, l'avenir numérique sera diversifié et individualisé. « Dans ce contexte, nous sommes actuellement en train de poursuivre le développement de Hit-Office pour parvenir à une version ‘cloud’. Cela permettra de réduire les frais d'achat ou d'abaisser le seuil financier pour la plupart des utilisateurs et des utilisateurs potentiels. Le fait que l'outil soit proposé en ‘cloud’ n'obligera plus les gens à acheter toute une suite ou rien ; ils pourront s'abonner – à moindres frais – uniquement aux éléments dont ils ont besoin à ce moment-là. Cela pourra aider nombre de petites entreprises à franchir le pas ».

INFO: www.linden.be

avril 2019 • Construction 49


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50 Construction • avril 2019


avril 2019 • Construction 51


DIGITAL CONSTRUCTION BRUSSELS 2019

Un incontournable pour tout professionnel de la construction ! Après le succès de la deuxième édition, en octobre 2018, la Confédération Construction et le CSTC unissent à nouveau leurs forces pour l'organisation du troisième Digital Construction Brussels. Ce salon, dédié au numérique dans la construction, se tiendra les 23 et 24 octobre 2019 à Tour & Taxis à Bruxelles.

UN « SILVER PARTNERSHIP» Le Centre de recherches routières (CRR) a été le premier à conclure un Silver Partnership avec Digital Construction Brussels. L’institut bénéficiera ainsi d'une attention accrue dans la communication relative à l'évènement.

52 Construction • avril 2019


L

a Confédération et le CSTC sont conscients de ce que notre secteur ne peut ignorer la numérisation. Mais la fédération professionnelle a à cœur que vous soyez en mesure de poser les choix les plus adéquats pour votre entreprise. C'est pour cette raison que Digital Construction Brussels a vu le jour en 2017, et que le salon place au centre de ses préoccupations les besoins et les questions des entreprises de construction. Et cette année aussi, il y en aura pour tous les goûts à DCB. Débutant

ou confirmé, grande ou petite entreprise, il y aura de tout, pour tous. L'offre est particulièrement vaste : des outils pour numériser votre gestion, des logiciels pour planifier et suivre les travaux, le BIM, l'impression en 3D, la robotisation, les drones, l'ERP, l'enregistrement des présences, la facturation électronique, ou encore le track & trace.

Merci à nos exposants !

Cet évènement ne pourrait avoir lieu sans nos nombreux exposants. Merci d'avoir, cette année encore,

répondu en masse à notre appel. Digital Construction Brussels, c'est bien plus qu'un salon classique. Outre les stands des exposants, nous vous offrons également la possibilité de participer à nombre de séminaires et de séances d'information, ou encore de venir assister à des démonstrations dans les zones prévues à cet effet. Cette année, Digital Construction passe à l’international avec son « Symposium BIM International » de deux jours. Des ateliers seront également proposés, lors desquels vous pourrez vous essayer à diverses technologies.

avril 2019 • Construction 53


MARQUANT

Claude Van Rooten

Le CRR prend congé de son directeur Le Centre de recherches routières (CRR) a pris officiellement congé de son directeur Claude Van Rooten ce 28 février 2019. Il a été à la tête de l'organisation pendant 18 ans. Pas moins de 200 personnes se sont réunies à Wolubilis en cette fin février pour saluer la carrière longue et fructueuse de Claude Van Rooten. Au cours d'une séance académique à la fois animée et musicale, les différentes facettes de Claude Van Rooten ont été mises en lumière par différents orateurs ayant croisé sa route au cours de sa carrière. Actif à partir de 1976 dans le monde de la construction et de 2000 au CRR, ayant transmis ses connaissances et expériences en tant que maître de conférences à l’ULB à partir de 2006, il continuera cependant à porter haut les couleurs de la Belgique en tant que Président de l’Association mondiale de la Route AIPCR, fonction qu’il occupe depuis 2017.

Le CRR le remercie chaleureusement pour tout ce qu’il a apporté au secteur routier pendant toutes ces

Entre décembre 2018 et février 2019, les carnets de commandes des entreprises de construction ont été remplis à concurrence de 6,04 mois en moyenne, soit une diminution de 1 % par rapport à la moyenne des trois mois précédents, qui comprenaient encore pour 6,10 mois de travail. Cela dit, 6,04 mois reste un chiffre relativement élevé. Considérons les sous-secteurs. Le carnet de commandes du génie civil a progressé de 0,6 %, avec une durée d'activité de 8,8 mois. La finition affichait 3,3 mois de durée d'activité, soit un bond de 1,3 %. La baisse globale concerne donc surtout le gros œuvre et les installations. En effet, le premier secteur a connu un recul de 1,2 %, avec 6,9 mois de durée d'activité. Le secteur des installations a, lui, enregistré une chute de 4,4 %, aboutissant à une durée d'activité de 4,9 mois.

54 Construction • avril 2019

mois

6

années et lui souhaite de continuer à s’épanouir comme il l’a toujours fait.


Dimanche 19 mai 2019

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Un environnement chaleureux dans tous les sens du terme. Complexe d’appartements de luxe La Rive / La Réserve II à Knokke. Les appartements de luxe La Rive à Knokke, requéraient une solution de chauffage devant satisfaire à de nombreux critères. La chaufferie étant exigu, il était indispensable de trouver une solution ingénieuse pour une installation compacte et polyvalente. Le tout avec une apparence esthétique et moderne. Sans oublier la nécessité d’avoir une capacité maximale en eau chaude sanitaire, en raison des nombreuses salles de bains et appareils sanitaires amplement dimensionnés.

Le résultat Système sur-mesure pour le client Chaudières murales gaz à condensation, à haut rendement et faible consommation énergétique Soutien au chauffage sur-mesure via des collecteurs solaires Logasol SKN 4.0 Demande en eau chaude supplémentaire grâce à un boiler à stratification Soutien technique permanent assuré par Buderus Service

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Aperçu des avantages Réalisation compacte et au design unique Groupes de pompes intégrés Efficient grâce à la large plage de modulation et à la pompe de circulation modulaire Raccordements compatibles pour un montage rapide Facilité d’entretien: tous les composants sont accessibles par l’avant


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