Construction
Le mensuel de l’entrepreneur • Une publication de la Confédération Construction • Rue du Lombard 34 - 42 • 1000 Bruxelles
MAI
2019 BUREAU DE DÉPÔT GENT X – €6
DOSSIER
Mobilité :
un enjeu crucial pour nos entreprises
LOCATION ÉCUREUIL
Un nouveau concept intéressant
BOIS & HABITAT
L’opportunité du bois certifié durable
SOFT SKILLS
Leur importance dans notre secteur
/confederationconstruction @ConfedConstruct
www .confederationconstruction.be Confederatie Bouw - Confédération Construction
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ÉDITO
La construction reçoit enfin la réduction des charges salariales tant attendue
L
« La Confédération Construction est très satisfaite de cette mesure qui donne une bouffée d’oxygène au secteur »
a réduction des charges salariales pour les travaux de construction, promise de longue date, est enfin effective. La Chambre a approuvé cette importante décision début avril. Il s’agit d’un grand soulagement pour toute personne active dans le secteur. Concrètement, une entreprise de construction recevra une réduction sur le versement du précompte professionnel pour le travail en équipes lors de travaux immobiliers. Les employeurs de la construction retiendront le précompte professionnel sur le salaire des employés selon les barèmes normaux. Néanmoins, ils ne devront pas transférer une partie de cet impôt retenu au gouvernement. Cette réduction des charges salariales est le fruit d’un travail de lobby intensif, réalisé par la Confédération Construction durant de nombreuses années. Vous pensiez peut-être que cette mesure était déjà entrée en vigueur. Nous ne pouvons pas vous donner tort. Cette réduction des charges aurait normalement dû être effective en janvier 2018. Mais suite à la mention d’un mécanisme d’indexation incorrect dans la législation, l’application de la mesure a été bloquée. Après la publication de la loi de réparation au Moniteur belge, les demandes de dispense peuvent être effectivement soumises, via les déclarations de retenue à la source. En d’autres mots, une bonne nouvelle. La loi est claire : la réduction des charges salariales vaut seulement pour les travaux immobiliers effectués en équipes. Mais que signifie le travail en équipes ? À ce sujet aussi, la loi est plus claire. Une équipe doit être composée d’au moins deux personnes. Mais, et ce n’est pas négligeable, il n’est pas nécessaire qu’il s’agisse de deux employés. Une équipe peut donc être composée d’un chef d’entreprise indépendant et de son employé. Il doit être spécifié que la réduction des charges salariales vaut seulement pour l’employé et non pour le chef d’entreprise. Mais au fait, à combien s’élève le montant de cette exonération ? C’est lié à un certain pourcentage des rémunérations imposables de tous les employés concernés. En 2018, ce pourcentage s’élevait à 3 %, 6 % en 2019 et 18 % à partir de 2020. La Confédération Construction est très satisfaite de cette mesure qui donne une bouffée d’oxygène au secteur. En outre, il doit bien entendu renforcer le pouvoir concurrentiel du travail en équipes sur chantier. Cela va de soi. Le gouvernement va également profiter des effets du retour sur investissement. Moins de charges salariales signifie plus de compétitivité, des jobs en plus et donc des entrées supplémentaires pour le gouvernement.
Robert de Mûelenaere Administrateur délégué mai 2019 • Construction 3
SOMMAIRE
14 Mobilité : un enjeu crucial pour nos entreprises
Une mobilité efficace et accessible financièrement est donc une priorité pour la construction. Ce dossier a enquêté sur la façon dont les entreprises gèrent leur mobilité, comment le fisc s’en occupe et quelles preuves de compétence professionnelle les conducteurs doivent avoir.
8 Avec la location écureuil, louer rime avec épargner Il devient de plus en plus difficile d'acquérir son propre logement, même pour les ménages qui ont des revenus normaux. La location écureuil, une idée de Gilen Woonprojecten, peut constituer une alternative. 4 Construction • mai 2019
30 Le bois certifié durable : une opportunité
En marge du salon « Bois & Habitat » organisé par Easyfairs à Namur Expo, la CCW tenait, ce 22 mars dernier, une conférence articulée autour du bois certifié durable. L'occasion de présenter les principaux labels présents sur le marché et de rappeler les engagements de la CCW en la matière.
44 Imprimer en 3D
À Westerlo, Kamp C, le centre provincial anversois pour la durabilité et l'innovation, vient de mettre en service ce qui est pour l'instant la plus grande imprimante 3D du monde. Dans les mois à venir, elle devra imprimer une maison de deux étages dans un haut hangar construit avec de vieux conteneurs.
Construction
Le mensuel de l’entrepreneur • Une publication de la Confédération Construction • Rue du Lombard 34 - 42 • 1000 Bruxelles
DOSSIER
MAI
2019 BUREAU DE DÉPÔT GENT X – €6
14 Introduction Mobilité : un enjeu crucial pour nos entreprises. 15 Véhicules dans notre
DOSSIER
Mobilité :
un enjeu crucial pour nos entreprises
secteur
LOCATION ÉCUREUIL
Un nouveau concept intéressant
BOIS & HABITAT
L’opportunité du bois certifié durable
SOFT SKILLS
Leur importance dans notre secteur
/confederationconstruction @ConfedConstruct
www .confederationconstruction.be Confederatie Bouw - Confédération Construction
3 Édito La construction reçoit enfin la réduction des charges salariales tant attendue. 7 Point de vue régional La conjoncture est bonne mais la CCW interpelle déjà le futur gouvernement.
8 Location écureuil Louer rime avec épargner. 10 Pension libre Nouvelle possibilité au sein du deuxième pilier de pension.
12 Cybersécurité Scan et kit pour les PME.
VOS CONTACTS Construction est le mensuel de l’asbl Confédération Construction Rue du Lombard 34-42, 1000 Bruxelles Editeur responsable : Filip Coveliers, Rue du Lombard, 34-42, 1000 Bruxelles. Bureau de dépôt : Gent X Rédaction : Edition francophone : Construction Marc Guéret - tél. 02 545 57 31 marc.gueret@confederation construction.be Edition néerlandophone : Bouwbedrijf peter.graller@confederatiebouw.be Mise en page : Nikka Cuypers nikka.cuypers@cnc.be Secrétariat de rédaction : secretariatredaction@confederation construction.be Impression : Graphius
SECTEURS & MÉTIERS
25 Opération « Coup de poing pénuries »
Les employeurs groupés face à la pénurie.
VOS INTÉRÊTS
complémentaire
Une flotte importante. 16 Expériences des entreprises Comment gérez-vous la mobilité de vos équipes ? 18 Utilitaires légers L’usage privé est taxé. 20 Cash for car Les alternatives à la voiture de société. 22 Aptitude professionnelle Certificat requis ou non ? 23 Tachygraphe Dispenses d’utilisation.
26 Promotion des métiers Startech’s Days : objectif Kazan. 28 Campagne Le secteur veut reconquérir la jeunesse. 30 Bois & Habitat Le bois certifié durable : une opportunité
Réactions-questions : communication@ confederationconstruction.be Avec la collaboration des services d’études de : • Confédération Construction Sonia Massart, tél.02 545 56 34 - fax 02 545 59 09 Sonia.massart@confederationconstruction.be • Confédération Construction Wallonne Catherine Houtart tél. 02 545 56 68 - fax 02 545 59 05 catherine.houtart@ccw.be • Conféderation flamande de la Construction Johan Walewijns, tél. 02 545 57 49 - fax 02 545 59 07 johan.walewijns@confederatiebouw.be • Confédération Construction Bruxelles-Capitale Morgane Cendoya, tél. 02 545 58 29 - fax 02 545 59 06
32 Les femmes dans
la construction
De si nombreuses PERLE rares.
34 Erratum Point de vue régional. 36 Soft Skills Leur importance chez Gillion Construct. 38 Santé La pierre composite et le risque de silicose. 40 CSTC • Nouvelle NIT sur les sols intérieurs en béton • Nouvelle norme pour le béton apparent
PROJETS & ENTREPRISES
44 Imprimer en 3D Le secteur expérimente. 46 Marché de la construction Les exposants au Digital Construction Brussels. 48 Avantages membres Votre affiliation se rentabilise. 50 Marquant • Chiffre du mois • Projet Blueprint
morgane.cendoya@confederationconstruction.be
Membre de l’Union des Editeurs de la Presse Périodique.
Abonnements : Claude Bernaerts, tél. 02 545 56 88 - fax 02 545 59 00 claude.bernaerts@confederationconstruction.be Publicité : Kristel Dekempeneer, tél. 02 545 56 99 - fax 02 545 59 08, kristel.dekempeneer@confederation construction.be Prix abonnement annuel Membres de la Confédération Construction, compris dans la cotisation Non-membres : 137,80 euros (TVA et frais de port compris) / Etranger : 300 euros (TVA et frais de port compris)
Par la présente publication, la Confédération Construction asbl s’assigne comme but de vous communiquer des informations adaptées, fiables, complètes et exactes. Toutefois, elle ne peut pas être tenue responsable en cas d’un manquement quelconque à cet objectif. Tous les éléments de cette publication sont protégés par le droit d’auteur de la Confédération Construction asbl. Toute reprise d’articles, en tout ou en partie, n’est permise qu’après autorisation expresse et avec la mention explicite de leur provenance.
Vot re mensuel Construction est dorénavant imprimé sur du papier issu de la gestion durable des forêts. Le label Forest Stewardship Council veille à la préservation de l’écosystème forestier ainsi qu’au respect des droits sociaux des populations indigènes et des travailleurs forestiers.
mai 2019 • Construction 5
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Dimanche 19 mai 2019 une initiative de la
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POINT DE VUE RÉGIONAL
La conjoncture est bonne mais la CCW interpelle déjà le futur gouvernement
L
a construction wallonne termine la législature en bonne santé. En génie civil, le carnet de commandes est passé de 4,4 mois d’activité en 2015 à 6,2 mois en 2018. Et cela surtout grâce au Plan Infrastructures 2016-2019 et aux investissements communaux qui ont augmenté de 5 % en 2018.
« Le prochain gouvernement devra déclarer clairement s’il confirme ou non les 9 milliards annoncés »
En construction résidentielle, après un début de législature déprimé, on a connu un beau rattrapage entre 2016 (10.320 permis) et 2018 (11.531 permis). Quant à la rénovation résidentielle, elle s’est avérée stable. Enfin, la construction non-résidentielle a bien redressé la tête de 2014 à 2018, avec un bond de 39 % en nombre de permis. Globalement, l’activité sectorielle s’est bien redressée et l’emploi sectoriel est reparti à la hausse (+ 1.500 salariés en deux ans de 2016 à 2018). L’optimisme reste de mise : le gouvernement sortant vient en effet de confirmer le prolongement jusqu’en 2024 du Plan Infrastructures (1,5 milliard €), de même que le lancement du « plan wallon d’investissements stratégiques » (5 milliards sur 2019-2024) et du nouveau plan « hôpitaux » (2,3 milliards sur 2019-2023), soit un total de 9 milliards € ! Le secteur ne demande qu’à travailler davantage. Mais à deux conditions. Primo, le prochain gouvernement devra déclarer clairement s’il confirme ou non les 9 milliards annoncés. Car le secteur a impérativement besoin de visibilité pour investir en hommes et équipements. Secundo, il faudra s’attaquer de front à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée en activant davantage de demandeurs d’emploi et en valorisant résolument l’image des métiers techniques. La CCW et les entreprises du secteur s’y impliquent déjà en partenariat avec le gouvernement sortant. Plus généralement, pour permettre à la construction de jouer au mieux son rôle de moteur économique, la CCW appelle le prochain gouvernement à s’approprier au mieux son mémorandum 2019. Outre ce qui précède, il s’agira notamment : • d’affiner les « facilitateurs d’investissement » en travaux publics (déjà en discussion) notamment pour maximiser les retombées régionales des travaux (circuits-courts, clauses sociales, financements alternatifs ; • d’octroyer les permis d’urbanisme dans les délais requis et d’accélérer le traitement des recours ; • de maîtriser les coûts de construction pour stimuler l’offre de logements neufs, freiner la surchauffe du marché secondaire et préserver l’accès au logement ; • de positionner intelligemment nos entreprises vis-à-vis des circuits-courts, de l’économie circulaire, du défi numérique…
Francis Carnoy Directeur général de la Confédération Construction Wallonne mai 2019 • Construction 7
LOGEMENTS
Avec la location écureuil, louer rime avec épargner Il devient de plus en plus difficile d'acquérir son propre logement, même pour les ménages qui ont des revenus normaux. La location écureuil, une idée de Gilen Woonprojecten, peut constituer une alternative. Le bras financier de cette nouvelle formule est ouvert aux projets intéressants en matière de construction de logements.
Q
u'est-ce que la location écureuil ? Nous sommes allés poser la question à Gilen Woonprojecten. Nous avons été reçus par le chef de l'entreprise, Laurens Gilen, qui nous a accueillis dans son siège social au béguinage de SaintTrond. Il représente la quatrième génération à la tête de l'entreprise familiale, qui a vu le jour en 1923. « Nous avons toujours construit des maisons à la portée financière du citoyen moyen. Mais ces dix dernières années, l'âge moyen à partir duquel les gens parviennent à acheter leur propre logement a considérablement augmenté. En dépit des faibles taux d'intérêts, les personnes qui ont des revenus normaux éprouvent des difficultés à accéder à la propriété. Nous avons estimé que quelque chose n'allait pas », a-t-il indiqué.
Apport financier élevé
Parmi les causes de ces difficultés, l'apport financier élevé exigé par les banques. Le problème n'est pas insurmontable pour qui a des parents aisés. Mais pour le reste, il faut faire un choix. Ils peuvent louer, mais ils risquent alors d'atterrir dans un cercle vicieux, car en louant, il devient difficile de mettre cet apport financier de côté. Ils peuvent aussi acheter un logement existant, moins cher. Mais s'ajoutent alors les frais de rénovation et le résultat final ne répondra que rarement aux exigen8 Construction • mai 2019
« Notre modèle de location écureuil est également unique de par sa simplicité » LAURENS GILEN
ces actuelles en matière de confort et de consommation énergétique. « Tout un groupe de propriétaires potentiels est en train d'être exclu. Nous avons voulu leur redonner la possibilité d'acheter un logement neuf et confortable. C'est ainsi que nous avons eu l'idée de la location écureuil. Voici le principe :
un ménage loue un logement neuf. Si, dans les dix ans, il décide d'acheter le logement, le loyer déjà versé jusqu'alors est déduit du prix d'achat, à concurrence d'un maximum de 5 ans ». Louer rime donc avec épargner : la location écureuil estompe la frontière entre la location et l'achat. D'après ce qu'a pu voir Laurens Gilen, le principe est jusqu'à présent unique. L'Australie a bien un système de « Rent to Buy », mais il comprend une obligation d'achat. Dans le cas de la location écureuil, le locataire n'a pas d'obligation d'achat, mais bien un droit. Ce qui permet de désamorcer un certain nombre de problèmes, par exemple lorsqu'un couple se sépare pendant la période de location. « Notre modèle de location écureuil est également unique de par sa simplicité. Nous déterminons le prix et c'est le prix comprenant tous les coûts liés à la vente ultérieure. Le client reçoit un contrat de bail normal, à un prix conforme au marché. Il sait dès le départ à quoi il s'engage. C'est l'un des points forts de la location écureuil. Pas de complexité qui engendre de l'incertitude et fait reculer les gens ». D'après les prévisions, la plupart des locataires devraient faire de la location écureuil pendant 3 à 5 ans, avant d'acheter leur logement. S'ils se retirent sans avoir procédé à l'achat, il existe bien entendu un risque que le logement ait perdu en valeur en cas de négligence des habitants. Mais cela tracasse peu
Le quartier Engis (province de Liège), un projet avec des logements écureuil.
Laurens Gilen. « Ce risque moral, le risque que quelqu'un tente de profiter de la location écureuil, est réduit. Les gens qui font de la location écureuil se considèrent comme des acheteurs potentiels.
Ce sont donc des locataires impliqués, qui prendront soin de l'habitation. Et de plus, nous avons des équipes de maintenance très bien organisées qui assurent l'entretien des logements ».
•
À LA RECHERCHE DE PROJETS INTÉRESSANTS Pour financer la location écureuil, un fonds spécial d'investissement immobilier a vu le jour, Canius I. Il est réservé aux investisseurs institutionnels et est cogéré par Belfius Immo, l'un de ses principaux actionnaires. L'entreprise immobilière indépendante Canius Realty se charge des contrats, du suivi et de la gestion sur le terrain. Canius vise 250 unités de logements d'ici la mi-2020, un mélange d'appartements et de maisons. Une soixantaine de logements écureuil sont actuellement occupés et des projets affluent de tout le pays.
INVESTISSEMENT
Mais le fonds reste intéressé par les bonnes opportunités. Il peut s'associer à un projet de construction à différents stades, aussi en cas de vente « sur plan ». « L'objectif n'est pas de créer des îlots de locations écureuil. Il faut d'abord une combinaison saine d'acheteurs, de locataires et de locataires écureuil. Un investissement dans un tiers du projet constitue donc un maximum ».
UN INSTRUMENT RÉSIDENTIEL
Dans certaines communes, l'offre de logements écureuil semble constituer un atout lors des demandes de permis pour un projet. Notons par ailleurs que la Vlaamse Agent-
schap Binnenlands Bestuur a reconnu Canius comme un placement défensif. D'autres administrations publiques flamandes pourraient donc y adhérer, par exemple via une régie communale autonome. « Pour les communes, la location écureuil est un bon instrument résidentiel. La tendance est au respect de l'environnement et à la densification. Mais pour y parvenir, il faut que les ménages moyens aient aussi la possibilité de se payer leur logement ».
CANIUS A SON MOT À DIRE
Pour Canius, il faut bien entendu que le volet financier tienne la route. Mais il y a également des exigences sur le plan qualitatif : les performances énergétiques doivent ainsi dépasser les exigences actuelles. Au vu de la nature de la location écureuil, le fonds doit en effet anticiper plusieurs années à l'avance. La qualité doit donc aussi être suffisamment élevée sur toute une série d'autres aspects, comme la localisation, la mobilité, l'espace commun qui entoure le projet… Il importe aussi que les installations ne soient pas trop chères en maintenance. La location écureuil implique en effet une relation à long terme avec les clients. Pour une vie agréable dans un logement bien conçu.
mai 2019 • Construction 9
PENSION LIBRE COMPLÉMENTAIRE POUR TRAVAILLEURS (PLCT)
Nouvelle possibilité au sein du deuxième pilier de pension De nombreux travailleurs bénéficient déjà plus ou moins largement d'une pension complémentaire (le « deuxième pilier ») via leur employeur ou le secteur. Les pouvoirs publics veulent maintenant que tous les travailleurs aient la possibilité de se constituer une pension complémentaire par des retenues sur leur salaire. C'est dans ce but qu'a été introduite la pension libre complémentaire pour travailleurs (PLCT). Bien que les obligations de l'employeur soient limitées, des charges administratives supplémentaires pèseront sur lui. plémentaire constituée dans le deuxième pilier dépasse déjà le montant maximal ne pourra donc plus effectuer de versements dans le cadre d’une PLCT.
Une marge de manœuvre dans la CP 124
E
n Belgique, les pensions des travailleurs reposent sur trois piliers. La pension légale, qui passe par les pouvoirs publics, est appelée le premier pilier. Le deuxième pilier se compose de la pension complémentaire constituée par l'employeur ou le secteur. L'épargne-pension complémentaire individuelle constitue le troisième pilier. La nouvelle PLCT se situe au niveau du deuxième pilier. Elle s'adresse aux travailleurs qui ne constituent actuellement aucune pension complémentaire ou seulement une pension complémen10 Construction • mai 2019
taire limitée via leur employeur ou le secteur dans lequel ils travaillent. Concrètement, un salarié peut demander à son employeur de retenir un montant sur son salaire net et de le verser dans un régime de PLCT. Mais cette possibilité n'est pas illimitée. La contribution annuelle à la PLCT ne peut dépasser 3 % du salaire de référence, ou 1.600 € si 3 % du salaire de référence est inférieur à ce montant. De ce montant doivent être déduits les droits à la pension complémentaire déjà acquis par le salarié au cours de la période de référence. Un travailleur dont la pension com-
Si l'on considère la pension complémentaire sectorielle des ouvriers relevant de la CP 124, le versement varie entre 0,25 % et 2,65 % du salaire brut en fonction de l'ancienneté sectorielle. Pour eux, il y a donc en principe une marge de manœuvre pour entrer dans un régime de PLCT. Pour les employés, cela dépendra de leur situation. La question est de savoir s'ils perçoivent une pension complémentaire au niveau de l'entreprise, et de quel montant. Un salarié qui souhaite adhérer à un régime de PLCT doit s'adresser à un organisme de pension (assureur ou fonds de pension). Pensio B, le fonds de pension du secteur de la construction, a décidé de ne pas proposer de PLCT, de sorte que les travailleurs de la construction qui le souhaitent devront se tourner vers un assureur privé qui offre un tel régime.
La balle dans le camp du travailleur
L'initiative revient entièrement au salarié. Il décide s'il veut ou non con-
stituer une pension complémentaire par le biais de la PLCT. Il détermine le montant qui sera retenu sur son salaire (dans les limites, bien sûr). Il choisit l'organisme de pension auprès duquel il souscrit un contrat PLCT. Le salarié qui entre dans un régime PLCT doit informer son employeur de ce qui doit être fait dans ce contexte et doit le faire au moins deux mois avant que la première retenue puisse être effectuée. Plus précisément, le travailleur doit en tout état de cause fournir à son employeur les informations suivantes (en plus de toute autre information pertinente en vue de la retenue) : • Le montant à retenir sur son salaire et la périodicité de la retenue ; • Un certificat de l’organisme de pension attestant qu'un contrat de PLCT a été conclu, mentionnant les données de contact et les coordonnées bancaires requises.
Pour toute modification ou cessation, le salarié doit respecter le même délai de deux mois. Des ajustements peuvent être effectués jusqu'à deux fois par an.
Responsabilité limitée de l'employeur
Les obligations de l'employeur se limitent à effectuer et à répercuter les retenues demandées par le salarié. Mais la charge administrative de l'employeur peut s’en trouver accrue, par exemple pour le suivi et l'ajustement des choix des travailleurs et des formalités de versement. Il est important de noter qu'aucune garantie de rendement n'a été imposée à l'employeur, comme c'est le cas pour les plans de l'entreprise ou du secteur. Lorsque le contrat de travail est résilié, les obligations de l'employeur prennent fin automatiquement. Il va de soi que si, à la suite de la suspension du contrat de travail, le salaire n'est plus
dû, l'employeur n'a plus non plus à effectuer d'autres versements.
Intéressant ?
Reste à savoir si de nombreux travailleurs auront recours à ce régime. La loi ne prévoit aucune protection de l’apport ou garantie de rendement. Le salarié devra donc vérifier soigneusement les conditions du produit. Un produit de la branche 21 est plus sûr, étant donné la protection de l’apport et la garantie d'un rendement annuel fixe ; un produit de la branche 23 peut rapporter plus, mais il comporte aussi des risques d'investissement et n'offre pas de protection du capital. En ce sens, il y a peu de différence avec l'épargne-pension individuelle (troisième pilier) dont le traitement fiscal reste même légèrement plus attractif.
•
INFO: hendrik.dewit@confederationconstruction.be
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mai 2019 • Construction 11
SÉCURITÉ NUMÉRIQUE DES PME
Sécurisez vos ordinateurs à l’aide du scan et du kit Toute personne qui manipule des données numériques est légalement tenue de les protéger contre les pirates informatiques et les fuites. Mais comment faire ? Le Conseil supérieur des Indépendants et des PME a conçu des outils pour vous aider.
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00.000 mots de passe divulgués par des pirates informatiques ». Des titres semblables apparaissent dans la presse avec une régularité de métronome. La sécurité des données numériques n'est toujours pas garantie, ce qui mine la confiance dans l’Internet, dans le trafic de données numériques… C'est pourquoi l'Europe exige que les entreprises prennent des mesures appropriées contre les pirates informatiques. Cette exigence figure dans le RGPD, le règlement européen relatif à la protection des données. Toutefois, de nombreuses entreprises ne sont pas encore pleinement conscientes de l'ampleur du problème. Bien souvent, elles ne sont pas équipées pour protéger leurs données de manière adéquate.
Un test et des conseils
Le Conseil supérieur des Indépendants et des PME vient désormais en aide aux indépendants et aux petites entreprises, par le biais notamment d'un cyber security scan. Où en est votre cyberprotection ? Comment pouvez-vous l'améliorer ? Le cyber security scan apporte une réponse à ces deux questions. Il se compose d'un questionnaire succinct et formule des conseils pratiques à la fin.
Kit pour les PME
Il existe également un cyber security kit, avec des outils utiles pour sensibiliser vos clients et votre personnel. Le kit vous explique comment renforcer les mots de passe et comment traiter les courriels de phishing qui tentent de vous soutirer des informations sensibles. 12 Construction • mai 2019
Le kit vous fournit également des informations complémentaires sur l'ingénierie sociale. Il s’agit d’une technique que les escrocs utilisent pour vous voler de l'argent grâce à de beaux discours et à une certaine pression psychologique. Enfin, le kit se penche sur le traitement des données à caractère personnel de vos clients. Ces dernières bénéficient d'une protection stricte depuis l'entrée en vigueur du RGPD.
Que faire ?
Beaucoup de petites entreprises se demanderont si elles courent de tels risques. Quel hacker irait s'intéresser au fichier d’adresses d’un menuisier ? Nous l’ignorons. Toutefois, même s'il n’est pas certain que cet intérêt existe, Internet demeure un endroit où la prudence est de rigueur. Par exemple, un cybercriminel peut utiliser un ransomware - un rançongiciel en français - pour prendre un ordinateur en otage et ne le libérer qu'une fois l'argent de la rançon payé. Les botnets peuvent utiliser des ordinateurs personnels en cachette à toutes sortes de fins, à l’insu de leur propriétaire bien entendu. Une activité illégale est-elle en cours sur votre ordinateur ? Nous ne le savons pas non plus. Néan-
moins, s’abstenir de protéger un ordinateur est encore plus bête que de laisser un vélo sans antivol à la gare de Louvain-la-Neuve un dimanche soir. L’Internet des objets a encore augmenté les risques. De plus en plus d'appareils sont dotés de capacités informatiques et transmettent des données sur Internet par leurs propres moyens (il suffit de penser au babyphone smartphone avec caméra, par exemple). À l'automne 2016, une attaque par déni de service a utilisé cet Internet des objets pour rendre une grande partie de l'Internet inaccessible dans l'est des États-Unis. Installations d'éclairage et de chauffage dans les bâtiments et les habitations, caméras et compteurs de consommation utilisent de manière croissante les possibilités offertes par l'Internet des objets. Il peut être très intéressant pour une personne mal intentionnée de pirater de tels dispositifs. La cybersécurité n'est pas un luxe...
•
INFO: www.csipme.fgov.be, le site internet du Conseil supérieur.
PLAN D'ACTION DE LA CONFÉDÉRATION La Confédération soutient l'initiative du Conseil supérieur, mais a également élaboré son propre programme d'action. Il s'adresse davantage aux entrepreneurs et veut aller plus loin que ce que le Conseil supérieur peut proposer aux entreprises de construction membres, tout en étant plus spécifique. Vous en apprendrez plus à ce sujet dans l'un des prochains numéros.
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DOSSIER
Mobilité : un enjeu crucial pour nos entreprises Saviez-vous que notre secteur comptait une flotte de véhicules plus importante que celle du secteur des transports ? Une mobilité efficace et accessible financièrement est donc une priorité pour la construction. Ce dossier a enquêté sur la façon dont les entreprises gèrent leur mobilité, comment le fisc s’en occupe et quelles preuves de compétence professionnelle les conducteurs doivent avoir. Ce dossier n’aborde pas la taxe kilométrique généralisée. Lorsque nous l’avons écrit, aucune clarté n’existait sur le sujet, si ce n’est qu’elle n’est pas très soutenue. Vous pourrez également lire ce qu’en pense la Confédération.
14 Construction • mai 2019
LES VÉHICULES DANS NOTRE SECTEUR
Une mobilité abordable est indispensable Qui dit secteur de la construction, dit mobilité. Ensemble, nos entreprises de construction ont davantage de voitures, camionnettes et camions que le secteur des transports. Conclusion : une taxe kilométrique risque de nous toucher durement.
C
ertains économistes des transports, comme Stef Proost de la KULeuven, plaident pour une tarification intelligente au kilomètre dans la lutte contre les embouteillages. Mais quelles en seraient les conséquences pour notre secteur ? Difficile de donner une réponse précise, parce que l'ampleur de cette éventuelle taxe n'est
pas connue. Et parce que nous ne savons pas non plus au juste quelles distances les véhicules de nos entrepreneurs parcourent.
Des besoins considérables
Une chose est sûre, en revanche : notre secteur a des besoins considérables en matière de mobilité. C'est ce que nous pouvons déduire du nombre de véhicules en
PAS D'AUGMENTATION DE NOS CHARGES FISCALES ET ADMINISTRATIVES ! Les chiffres concernant les véhicules de société le prouvent : nos entrepreneurs ont tout intérêt à ce que la mobilité soit fluide. Les chantiers sont, par essence, temporaires et changent constamment, ce qui nécessite à chaque fois de nouveaux déplacements. Mais une tarification (éventuellement intelligente) au kilomètre est-elle la solution ? Une conclusion s'impose d'emblée : elle toucherait fortement la construction. Il est à noter que les entreprises de construction ne peuvent pas totalement éviter les heures de pointe, au vu de la nature de l'organisation du travail.
La Confédération ne veut donc pas d'une taxe kilométrique qui pèserait essentiellement sur les épaules des entrepreneurs. Elle insiste sur l’absolue nécessité d’être attentif à ne pas augmenter la charge fiscale et administrative pesant sur les secteurs intensifs en transport comme le nôtre et de tenir compte de la concurrence internationale à laquelle les entreprises doivent faire face.
possession des entreprises du secteur de la construction (et par secteur de la construction, nous entendons ici les codes NACE 41, 42 et 43). À la fin de l'année 2018, les entreprises de construction étaient en possession de 80.590 voitures, 133.004 camionnettes d'une masse maximale autorisée de 3,5 tonnes et 17.626 camions d'une MMA de plus de 3,5 tonnes. Si l'on y rajoute les 2.620 tracteurs qu'elles possèdent aussi, nous arrivons à un total de 233.840 véhicules. Parmi les secteurs industriels, nous sommes seuls en tête du peloton. En décembre 2018, l'ensemble de l'industrie manufacturière comptait ainsi quelque 50.000 voitures, à peine 41.000 camionnettes, une dizaine de milliers de camions, et 2.355 tracteurs industriels. Plus remarquable encore : dans toutes les catégories, nous avons plus de véhi-
cules que le secteur des transports, à l'exception des tracteurs. Le secteur des transports en compte près de 26.000. Mais nos entreprises ont plus du triple de voitures, plus de 7 fois leur nombre de camionnettes et près d'une fois et demi leur nombre de camions. Si l'on ne tient compte que du transport routier, et donc pas maritime ou aérien, nous avons au total trois fois plus de véhicules que le secteur des transports. Notons par ailleurs que les indépendants et les entreprises étrangères ne sont pas reprises dans ces statistiques. Notre secteur compte plus de 70.000 indépendants. Leurs véhicules de société devraient encore faire monter le nombre total pour la construction.
•
INFOS : Cet article a pu voir le jour grâce au travail de recherche de Michel Martens et ses collaborateurs à la Febiac. Voir également www.febiac.be mai 2019 • Construction 15
EXPÉRIENCES DES ENTREPRISES
Comment gérez-vous la mobilité de vos équipes ?
Nombre d’entreprises de construction sont déjà passées à la gestion numérique de leur parc de véhicules et des indemnités de mobilité, ou s'y préparent. À de rares exceptions près, leurs expériences s'avèrent très positives. En revanche, le recours au même type de logiciel pour la gestion des heures de travail suscite moins d'enthousiasme. Voici quelques témoignages.
À
Turnhout, la société De Kock, spécialisée en HVAC et sanitaire, a récemment décidé de passer à l'enregistrement numérique des indemnités de mobilité. « Nous avons déjà sélectionné le logiciel », explique Hans Vanparijs, le directeur général. « Le choix s'est opéré au niveau du groupe. Nous faisons partie du groupe EEG. Cette transition est surtout motivée par le fait que le traitement manuel est beaucoup trop chronophage ». À Melsele, l’entreprise de construction Floré calcule, elle aussi, automatiquement ses indemnités de mobilité. « Toutes nos camionnettes ont l'équipement nécessaire, de sorte que les collaborateurs puissent badger », explique Aiko Duhamel, administrateur délégué de la société. « Nous utilisons également ce système pour le Checkin@Work sur les grands chantiers. L'introduction des heures prestées se fait encore manuellement, parce qu'elle est liée à un calcul a posteriori. Mais nous utilisons les informati16 Construction • mai 2019
ons extraites du logiciel de géolocalisation pour effectuer un double contrôle ».
Surtout pour la gestion du parc de véhicules
« Nous avons instauré ce système numérique avant tout pour gérer notre parc de véhicules », commente Peter De Man, de chez Messiaen (à Gand). « C'est un outil complémentaire pour consulter les heures prestées et les temps de trajet, mais il n'est pas lié aux bases de données du secrétariat social. Nos activités sont en effet assez spécifiques. Nombre de nos travailleurs sont occupés tantôt sur notre propre lieu de travail, tantôt sur un chantier ».
Choisir le logiciel
Lorsque Peter De Man s'est mis à la recherche du logiciel idéal en 2008, ce n'était pas que pour Messiaen, mais pour l'ensemble du Groupe Maes. « Tout d'abord, nous avons effectué une comparaison théorique des offres de qua-
tre fournisseurs potentiels. Nous avons examiné la qualité et la convivialité, mais surtout le prix. Avec une flotte de plus de 50 véhicules, cet aspect était prépondérant. Nous avons ainsi ramené la sélection à deux fournisseurs potentiels. Nous leur avons non seulement demandé de nous faire des démonstrations, mais aussi de nous fournir des références dans le secteur de la construction ou proche de celui-ci. Références sur lesquelles nous nous sommes penchés en détail. C’est sur cette base que nous avons opéré notre choix final. La mise en œuvre du système s’est avérée très fluide et l’habitude de badger a rapidement été prise ». Pour Peter De Man, il est impossible de quantifier précisément les économies réalisées. « Mais ces économies sont bien là, aucun doute là-dessus ».
Des avantages supplémentaires
Danilith, constructeur de logements à Wortegem-Petegem, utilise depuis plusieurs années déjà le logiciel
Le Groupe Maes organise les équipes, le plus possible, sur base régionale.
de Geodynamics pour déterminer les indemnités de mobilité de ses collaborateurs. « De nos 250 collaborateurs, quelque 160 travaillent sur chantier. La numérisation nous a non seulement permis de gagner du temps, mais comporte aussi d’autres avantages », indique Lucas Delmulle, Project Manager. Danilith a installé une « boîte noire » avec lecteur de badges dans ses quelque 60 véhicules. Chaque travailleur sur chantier dispose de son propre badge. « Grâce au système de géolocalisation intégré, nous savons également quand les véhicules arrivent et partent du chantier, ce qui fait que nous pouvons utiliser le même système pour calculer les heures de travail prestées. Toutes les données enregistrées sont compatibles avec notre suite de comptabilité. Nous sommes ainsi en mesure d’utiliser les données relatives au travail et aux déplacements pour les calculs a posteriori des coûts et pour établir de nouvelles offres ». Le système offre également une protection accrue aux véhicules et aux grues. « Nous savons à tout moment où se trouve chaque véhicule. Et en cas de déplacement d’une grue, par exemple, une alarme se déclenche ».
Les embouteillages
« Les embouteillages dans les grandes villes et à proximité atteignent tout doucement les limites de notre créativité », relève Aiko Duhamel. « Jusqu’à présent, nous partions très tôt de sorte à être sur les chantiers dès 06h15. Nous évitions ainsi l’heure de pointe du matin et pouvions rentrer chez nous dès 15h00 ou 15h30. Mais à présent, nous constatons que l’heure de pointe de fin de journée commence déjà autour de ces heures ». « Nous n’utilisons pas encore les logiciels de géolocalisation pour contourner les embouteillages ou optimiser les trajets
Chez notre membre Danilith, la numérisation de la gestion de la mobilité permet non seulement de gagner du temps, mais comporte aussi d’autres avantages.
de nos collaborateurs vers les chantiers. Nos ouvriers restent souvent longtemps sur un même chantier. L’optimisation des équipes en fonction de leur localisation peut donc encore se faire manuellement ». Chez De Kock, on souffre moins des embouteillages. « Nous faisons partie d’un grand groupe et travaillons surtout au niveau local, principalement dans les provinces d’Anvers et de Limbourg. D’autres entreprises du groupe EEG couvrent les autres provinces », explique Hans Vanparijs.
Les ouvriers à l’hôtel
« Grâce à nos systèmes préfabriqués, nous ne devons jamais passer plus de 5 jours sur un même chantier », explique Lucas Delmulle. « Economiquement, nous pouvons donc nous permettre, pour les chantiers les plus éloignés, de réserver un hôtel où nos équipes séjournent alors quelques nuits ». Danilith n’a toutefois pas souvent recours à cette solution. « En réalité, nous ne sommes confrontés aux embouteillages que si nous devons passer près de Bruxelles ou d’Anvers. Nous veillons donc à ne pas avoir trop de chantiers en cours simultanément dans ces régions, ou à ce qu’ils ne soient pas trop rapprochés dans le temps. Nous pouvons ainsi mettre un système de rotation en place pour nos collaborateurs dans le cadre de ces missions. Et ils ont leur mot à dire. Après tout, nous sommes toujours une entreprise familiale. Nous n’attendons pas de nos collaborateurs ayant des enfants en bas âge qu’ils s’absentent du foyer pendant plusieurs jours. D’autres, en revanche, acceptent volontiers ce type de mission de temps à autre. Cela leur permet de dormir un petit peu plus tard et de se retrouver le soir autour d’un dîner et d’une bière ». Le transport des éléments de construction, lui, reste malheureusement
problématique. « Là, l’hôtel n’est pas une solution. Nous avons déjà déplacé la livraison des premiers matériaux aux petites heures et nos chauffeurs font preuve de beaucoup de flexibilité. Mais il y a des limites. C’est pourquoi il nous arrive de confier le transport de matériaux à des sous-traitants spécialisés ». D'Hulst (à Lier) se profile aussi comme une entreprise familiale. « Nos collaborateurs habitent tous dans la région et préfèrent rentrer chez eux à temps », explique Pieter De Weerdt, chef de projet. « Nous nous efforçons de remporter autant que possible de marchés dans un rayon de 20 km ».
Un début très matinal
C’est surtout pour les missions à Anvers et à Bruxelles que les collaborateurs exécutants de Messiaen doivent démarrer très tôt leur journée, explique Peter De Man. « C’est encore faisable à l’heure actuelle, parce que nos missions ne durent jamais très longtemps. En cas de pic d’activité, il nous arrive de faire appel à des sous-traitants pour les chantiers plus difficilement accessibles. Pour les grandes entités du groupe, l’accessibilité n’est pas un problème, car elles disposent partout de collaborateurs en suffisance et ils n’ont pas nécessairement à transiter par Gand pour rejoindre leurs lieux de travail ».
Une organisation régionale
« Nous réussissons à organiser la composition de nos équipes au niveau régional », explique Tom Corens, responsable du personnel chez Algemene Bouw Maes. « Les logiciels et badges nous servent avant tout à gérer le parc de véhicules et les indemnités de mobilité. Nous préférons confier le contrôle des heures prestées à nos chefs de chantier, qui connaissent mieux la situation réelle qu’un ordinateur ».
•
mai mai2019 2019 •• Construction 17
UTILITAIRES LÉGERS
Quand est-ce que l’utilisation privée est imposable? Il peut arriver que des travailleurs utilisent le véhicule mis à leur disposition par leur employeur à des fins privées. Ils jouissent ainsi d’un avantage de toute nature. Ils seront imposés sur cet avantage, au même titre que les travailleurs disposant d’une voiture de société.
À
première vue, cela semble une réglementation assez simple. Malheureusement, dans la pratique, c’est bien plus compliqué. À commencer par la notion même d’utilisation privée. En principe, est considéré comme étant un déplacement privé : le trajet domicile-lieu travail, ainsi que les déplacements privés effectués en dehors des heures de travail, en vacances, le weekend… Mais les choses se compliquent déjà : le fisc ne considère pas toujours le trajet domicile-lieu de travail comme étant un déplacement privé. Ce trajet ne sera considéré comme privé que si le lieu de travail est fixe. Si le travailleur conduit un véhicule utilitaire mis à la disposition de l’employeur pour se rendre de son domicile à un lieu de travail qui
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n’est pas fixe, ce trajet sera considéré comme professionnel et non privé.
considéré comme jouissant d’un avantage de toute nature imposable.
Chantier fixe ou mobile?
Voitures et utilitaires légers
L’administration fiscale suit la règle suivante: on peut considérer qu’un lieu de travail est fixe, si le salarié y travaille, sur l’ensemble d’un exercice fiscal, au moins quarante jours. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire que ces 40 jours soient consécutifs. Il va sans dire que cette règle a son importance pour un ouvrier du secteur. S’il travaille sur une année calendrier au moins 40 jours sur un même chantier, ce lieu de travail sera considéré comme étant fixe. Et dans ce cas, ses déplacements de son domicile vers ce chantier seront considérés comme étant privés. S’il effectue ces trajets avec le véhicule de l’entreprise, il sera
Dans le cadre des déplacements privés, le fisc ne fait aucune différence entre une voiture particulière, un véhicule mixte et un véhicule utilitaire léger. Il s’agit à chaque fois d’un avantage de toute nature imposable. Cependant, une distinction est faite quant à la manière de calculer cet avantage de toute nature. Pour les voitures, véhicules mixtes ou minibus, l’avantage de toute nature est calculé sur base forfaitaire. Ce dernier tient désormais compte de la valeur catalogue du véhicule, de ses émissions de CO2 et d’un coefficient de dégressivité en fonction de l’âge.
QU’ENTEND-ON PAR VÉHICULE UTILITAIRE LÉGER? Selon le fisc, il faut entendre par camionnette/véhicule utilitaire léger, tout véhicule conçu et construit pour le transport de marchandises et dont la masse autorisée n’excède pas 3.500 kg. Les véhicules suivants bénéficient du régime fiscal avantageux et sont considérés comme des camionnettes:
Lorsqu'il s'agit de transport collectif, l'employeur doit fixer les règles et les modalités d’utilisation du véhicule pour éviter l’utilisation privée.
Si un ouvrier travaille au moins 40 jours sur un même chantier, ses déplacements de son domicile vers ce chantier seront considérés comme étant privés et donc imposables.
Par contre, pour un véhicule utilitaire, l’avantage n’est pas calculé de façon forfaitaire. Le calcul de l’avantage s’effectue sur la base de la valeur réelle dans le chef du bénéficiaire. Selon le fisc, la valeur doit être évaluée compte tenu de l’économie réalisée suite à l’utilisation du véhicule. En d’autres termes: on multipliera le coût au kilomètre du véhicule par la distance effectuée pour les déplacements privés.
Transport collectif
La plupart des entreprises de construction organisent, elles-mêmes, un transport collectif gratuit pour leurs ouvriers. Il faut ici faire la distinction entre deux types d’occupants de ces véhicules: les passagers et le chauffeur. Dans le cas des passagers, le fisc con
sidère que ce transport est un avantage social exempté et ne constitue donc pas un avantage de toute nature. Le cas du chauffeur est plus compliqué. La partie du trajet qu’il effectue avec ses collègues est, comme pour eux, un avantage social exempté. Mais bien souvent, il effectue aussi une partie du trajet seul. Que ce soit au moment où il a déposé le dernier de ses collègues le soir, ou lorsqu’il se rend au point de ralliement chaque matin pour prendre ses collègues. S’agit-il alors d’un déplacement privé ? Le fisc ne va pas jusque là. Trois conditions doivent toutefois être cumulativement remplies pour qu’il n’y ait pas d’avantage de toute nature imposable dans le chef du chauffeur: • l’employeur doit fixer les règles et les modalités d’utilisation du transport collectif ; • la part du covoiturage (c’est-à-dire le trajet du domicile au lieu de travail effectué par plusieurs personnes ensemble) doit au moins représenter 80% du trajet total ;
Pick-ups à simple ou d ouble cabine : • une cabine unique ou double complètement séparée de l’espace de chargement et comportant deux ou six places au maximum, celle du conducteur non comprise; • un plateau de chargement ouvert, éventuellement fermé par une bâche, un couvercle plat et horizontal ou une structure de protection du chargement. Fourgonnettes à simple ou double cabine : • un espace réservé aux passagers avec deux ou six places au maximum, celle du conducteur non comprise; • un espace de chargement (complètement) qui est séparé de celui réservé aux passagers, qui doit atteindre au moins 50 % de la longueur de l’empattement et qui doit être pourvu, sur toute sa surface, d’un plancher horizontal fixe faisant partie intégrante de la carrosserie qui y est fixé de manière durable et exempt de tout point d’attache pour des banquettes, sièges ou ceintures de sécurité complémentaires. Un grand nombre de véhicules du type mono-volume, voiture tout terrain ou 4x4 de luxe ne répondent pas à cette définition fiscale et sont dès lors considérées comme des voitures particulières.
• il y a un règlement qui stipule clairement que le chauffeur ne peut utiliser le véhicule qu’à des fins professionnelles.
•
INFO: www.confederationconstruction.be (Membres > guide de A à Z > voiture de société) – marleen.porre@confederationconstruction.be
mai 2019 • Construction 19
INDEMNITÉ DE MOBILITÉ OU BUDGET MOBILITÉ ?
Les alternatives à la voiture de société Le gouvernement entend décourager le recours aux voitures de société, ou tout au moins proposer une alternative. C'est la raison d'être de systèmes tels que l'indemnité de mobilité – aussi appelée « cash for car » – et le budget mobilité. Mais en quoi consistent-ils au juste ?
C
’est là un phénomène très belge que la voiture de société : elle fait partie intégrante du package salarial. On l'appelle ainsi parfois « voiture salaire ». Du fait de son traitement fiscal avantageux, elle jouit d'une popularité considérable. Personne ne sait toutefois combien de voitures de société sont en circulation. Selon les estimations, leur nombre pourrait atteindre les 800.000 unités. La Belgique s'est d'ailleurs déjà fait taper sur les doigts à ce sujet. En 2015, l’OCDE écrivait que la popularité de la voiture de société freinait la résolution de la problématique des embouteillages, de la pollution atmosphérique et des émissions de gaz à effet de serre.
D'autres moyens de transport
Le gouvernement s'efforce à présent d'encourager les travailleurs à opter 20 Construction • mai 2019
pour d'autres moyens de transport. Le système « cash for car » a vu le jour l'an dernier. Il permet au travailleur de renoncer à sa voiture de société et de l'échanger contre une indemnité de mobilité, bénéficiant d'un traitement avantageux sur le plan fiscal et de la sécurité sociale. Le budget mobilité s’y est récemment ajouté. Dans ce cadre, le travailleur peut conserver une voiture de société respectueuse de l'environnement, mais doit compléter ce moyen de transport par le bus, le train, le vélo, ou autres.
Cash for car
L'indemnité de mobilité repose sur une double liberté de choix. Il appartient à l'employeur d'accorder ou non le « cash for car » et il revient au travailleur de choisir ou non d'échanger sa voiture de société contre l'indemnité.
Les employeurs ne peuvent instaurer ce régime que s'ils proposent des voitures de société depuis trois ans au minimum. Une exception est faite pour les entreprises qui comptent moins de trois années d'existence : elles peuvent instaurer ce régime si elles intègrent des voitures de société dans le package salarial depuis au moins un an. Tous les travailleurs n'ont pas droit à une indemnité de mobilité : cela dépend depuis combien de temps ils ont une voiture de société, ou s'ils y ont droit. Au moment de la demande, le travailleur doit avoir eu une voiture de société pendant au moins trois mois consécutifs (ou y avoir eu droit). De plus, au cours des trois années qui précèdent, il doit avoir eu une voiture de société pendant au moins 12 mois (ou y avoir eu droit). Ces délais minimaux ne s'appliquent pas lors de l'engagement, ni si le droit à
une voiture de société découle d'une promotion ou d'un changement de fonction ayant eu lieu avant le 1er mars 2019.
Le montant
Pour calculer l'indemnité, on prend 20 % de 6/7e de la valeur catalogue du véhicule. Si le travailleur a également une carte carburant, on rajoute 20 % au résultat. Ni l’employeur ni le travailleur ne paient de cotisations ONSS normales sur cette indemnité. Toutefois, l’employeur doit verser à l’ONSS une cotisation de solidarité d'un montant correspondant à la taxe CO2 du véhicule échangé. Le travailleur est imposé à concurrence d'un montant équivalant à 4 % de 6/7e de la valeur catalogue, moins sa contribution personnelle à l'utilisation du véhicule (le cas échéant). La carte carburant ne joue pas dans ce cas. L'ancienneté ou l'aspect environnemental du véhicule n'entrent pas non plus en ligne de compte ici.
Le budget mobilité
Depuis le 1er mars 2019, l’employeur peut également octroyer un budget mobilité. Ici aussi, la liberté de choix est double. L’employeur n'est pas obligé d'octroyer le budget et le travailleur n'est pas forcé à passer d'un véhicule de société à un budget mobilité. Le travailleur peut affecter son budget de différentes façons. Le traitement
fiscal et social du budget varie selon la manière dont il utilise son budget.
1
UNE VOITURE DE SOCIÉTÉ RESPECTUEUSE DE L'ENVIRONNEMENT
Avec ce budget mobilité, l'employeur peut octroyer au travailleur une voiture de société respectueuse de l'environnement. Il doit s'agir d'une voiture électrique ou d'une voiture émettant au maximum 105 gr/km de CO2. Comme pour tout véhicule de société, l'employeur paie une cotisation de solidarité. Le travailleur est taxé sur un avantage de toute nature. En 2020, la limite maximale des émissions de CO2 passera à 100 gr/km, et à 95 gr/km en 2021.
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UN MOYEN DE TRANSPORT DURABLE
La voiture de société écologique devient le « premier pilier » du budget mobilité. Il est possible que le budget ne soit pas totalement épuisé par ce premier pilier. Il peut également éviter que le travailleur renonce totalement à son véhicule de société. Le solde du budget peut alors être consacré au deuxième pilier. Il comprend les modes de transport durable suivants : • achat, location, leasing, maintenance et équipement obligatoire de vélos et motocyclettes ;
• abonnements (pour la distance domicile-lieu de travail) et preuves de déplacement (tickets de transports en commun en Belgique ou au sein de l’Espace économique européen) en transports en commun ; • transport collectif organisé ; • solutions de partage comme le covoiturage ou les véhicules partagés, les déplacements en taxi et la location de voitures ; • loyers et intérêts de prêts hypothécaires si le domicile est situé dans un rayon de 5 kilomètres du lieu de travail habituel ; • indemnité kilométrique vélo ou mise à disposition d'un vélo. Cette part du budget mobilité est entièrement exonérée de cotisations sociales et d'impôts.
3
SOLDE
Et si après ces deux piliers, il reste un solde en fin d'année ? L'argent doit alors être versé en une fois au travailleur, au plus tard avec le salaire du premier mois qui suit l'année en question. Sur cette partie du budget mobilité, le travailleur paie une cotisation sociale exceptionnelle de 38,07 %. Pour l'employeur, ce montant est exonéré de précompte professionnel et 100 % déductible.
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INFO: marleen.porre@confederationconstruction.be
mai 2019 • Construction 21
PERMIS C
Aptitude professionnelle : certificat requis ou non ? Une directive européenne de 2003 impose aux chauffeurs routiers le respect des prescriptions en matière d’aptitude professionnelle. Cette règle connaît toutefois quelques exceptions. Bon nombre de chauffeurs actifs dans le secteur de la construction peuvent bénéficier d’une telle dispense.
L
’aptitude professionnelle pour un permis C (catégories C et CE) n’est PAS obligatoire pour les conducteurs de : • véhicules « lents » dont la vitesse maximale autorisée est de 45 km/ heure ; • véhicules ou combinaisons de véhicules servant au transport de matériel, d’équipement ou de machines destinés au conducteur dans l’exercice de ses fonctions, et à la condition supplémentaire que la conduite desdits véhicules ne constitue pas son activité principale. Le législateur belge a littéralement repris les conditions de dispense de la directive européenne, lesquelles s’appliquent dans tous les pays de l’Union européenne, sauf en Roumanie.
Nécessaire pour l’exercice du travail
Chez nous, ce sont surtout les conditions de « nécessité pour l’exercice du travail » et de « conduite ne constituant pas l’activité principale » qui donnent régulièrement lieu à des problèmes d’interprétation. Le transport des matériaux (par ex. un chargement de pierres) ou de l’équipement (par ex. une bétonnière ou un compresseur) en vue de leur utilisation par le chauffeur lui-même sur le chantier est une réalité courante dans 22 Construction • mai 2019
la construction, qui est assez facile à démontrer. Si le transport ne constitue pas une fin ou une activité économique en soi, il fait partie de la réalisation d’un ouvrage. Les machines ou matériaux acheminés ne sont d’ailleurs pas facturés à part au client. Une remarque à l’attention particulière des entreprises de construction qui louent parfois un conteneur à un particulier ou un collègue entrepreneur : quand une personne de l’entreprise va placer le conteneur à déchets et l’enlever une fois qu’il est rempli pour en déverser le contenu auprès d’une société reconnue de démolition ou de traitement des déchets, elle n’est pas en déplacement avec du matériel destiné à ou venant de son propre chantier. La personne en question effectue un « transport pour des tiers » et doit dès lors justifier de l’aptitude professionnelle. Qu’il s’agisse d’un travailleur ou d’un indépendant (par ex. le gérant) ne fait aucune différence.
Pas l’activité principale
Le SPF Mobilité s’est engagé à appliquer le principe suivant : un travailleur transportant du matériel ou des machines mais actif sur un chantier en tant qu’ouvrier du bâtiment la majeure partie de la journée ne doit pas présenter de certificat. Une situation familière pour beau
coup d’entreprises de construction : un travailleur arrive le matin à l’entrepôt pour charger des matériaux ou équipements, il passe encore (parfois) prendre un collègue avec le camion chargé, puis se rend sur un chantier pour y travailler comme dalleur ou menuisier. Le soir venu, il retourne à l’entreprise avec le camion. Mais certaines entreprises de construction ont un chauffeur en service (fonction indiquée sur son contrat de travail et sa fiche de paie), dont l’activité principale consiste à approvisionner plusieurs voire tous les chantiers. Dans ce genre de situation, l’aptitude professionnelle doit bel et bien être démontrée.
Contrôle
L’aptitude professionnelle est signalée sur les permis par le code 095. Cependant, la réalité sur le terrain montre que certains agents de police ne sont hélas pas toujours très au fait des dispenses en vigueur. Aussi, nous vous conseillons de les renvoyer au site Web du SPF Mobilité (voir au bas de cet article) et, éventuellement, de garder une copie de cet article dans la boîte à gants de votre ou vos camions.
Formation
Quiconque doit tout de même justifier de l’aptitude professionnelle peut suivre la formation de 35 heures requise à cet effet dans l’une de nos Confédérations locales.
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mobilit.belgium.be
Cliquer sur Circulation routière Permis de conduire Qui peut conduire quoi ? CAP (sous Camion – bus – autocar).
QUATRE CONDITIONS
Dispenses d’utilisation du tachygraphe
S
ur la base du Règlement européen (CE) 561 du 15 mars 2006 relatif aux temps de conduite et de repos, l’utilisation du tachygraphe numérique est obligatoire pour le transport routier : • de marchandises par un véhicule dont la masse maximale autorisée (MMA), remorques et semi-remorques comprises, dépasse 3,5 tonnes ; • de personnes par des véhicules conçus ou équipés de façon permanente pour transporter plus de 9 personnes, conducteur compris, et destinés à cette fin. En imposant l’utilisation du tachygraphe, le législateur visait quatre objectifs, à savoir : • renforcer la sécurité routière ; • améliorer les conditions de travail des chauffeurs ; • favoriser une concurrence loyale ; • simplifier la gestion des entreprises. Il s’agit d’un système bien sécurisé, composé d’un tachygraphe numérique relié à un capteur de mouvement. L’appareil comprend en outre une mémoire, un écran, une unité de transmission de données, deux
Tout comme pour le certificat d’aptitude professionnelle complémentaire à leur permis C ou CE, de nombreux conducteurs de camion(nette)s du secteur de la construction peuvent en outre être dispensés d’utiliser le tachygraphe et la carte de conducteur y afférente. Nous vous rappelons les quatre conditions dérogatoires à réunir à cet effet.
lecteurs de cartes et une imprimante. La mémoire est suffisante pour stocker toutes les données concernant le véhicule et son ou ses conducteurs sur une période d’au moins 365 jours.
2) il doit s’agir du transport de matériaux, d’équipements ou de machines utilisés sur le chantier par le chauffeur dans l’exercice de ses fonctions ;
Conditions de dispense
3) le transport s’effectue dans un rayon de 100 km autour du site de l’entreprise (distance qui se limitait encore à 50 km jusqu’au 2 mars 2015) ;
L’article 13 du Règlement européen de 2006 (modifié par le Règlement (CE) 165 de 2014), transposé en Belgique dans un AR du 9 avril 2007, fixe les situations dans lesquelles le tachygraphe doit impérativement être utilisé ou non. Ces règles comportent une exception à laquelle beaucoup de conducteurs de la construction peuvent recourir. De fait, il n’est nul besoin d’utiliser le tachygraphe numérique si les quatre conditions suivantes sont réunies : 1) la MMA du véhicule ou de la combinaison de véhicules ne dépasse pas 7,5 tonnes ;
4) la conduite ne constitue pas l’activité principale du chauffeur. Il doit par exemple s’agir d’une personne qui vient chercher la camionnette le matin ou la charger de matériaux ou d’équipements qu’il aide ensuite à transformer ou utiliser sur le chantier. La conduite du véhicule doit donc constituer une « activité secondaire » pour cette personne, qui exerce par exemple le
métier de bétonneur ou plâtrier. Fonction qui doit également figurer sur les documents officiels comme son contrat de travail, sa fiche de paie ou son compte individuel. Nous insistons une fois encore sur le fait que ces quatre conditions de dispense doivent être remplies ENSEMBLE, sans quoi l’utilisation du tachygraphe devient obligatoire. Notons enfin que l’utilisation du tachygraphe numérique est obligatoire depuis le 5 août 2005 dans tous les États membres de l’Union européenne, ainsi qu’en Suisse, au Liechtenstein, en Norvège et en Islande.
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Voir également
www.digitach.be et mobilit.belgium.be (cliquer sur
Circulation routière Transport marchandises et voyageurs).
mai 2019 • Construction 23
FORMATIONS/EMPLOI
Les employeurs groupés face à la pénurie Mise en place par le ministre Jeholet, l'opération « Coup de poing pénuries » permet aux employeurs, en collaboration avec le Forem, de former une main-d’œuvre adaptée à leurs besoins. Pour débloquer cette option, il faudra, souvent, se regrouper à plusieurs.
V
ous êtes un employeur et désirez former huit à douze personnes pour une même fonction ? L'opération « Coup de poing pénuries » vous permet, désormais, de demander au Forem de mettre en place une formation sur mesure, dispensée en alternance chez eux et dans votre entreprise. La seule condition : que vous employiez, une fois le parcours formatif bouclé, 80 % des stagiaires concernés. « Parce que beaucoup d'entreprises ne peuvent pas se permettre de former et d'embaucher huit personnes pour une même fonction, il leur est possible de se regrouper à plusieurs afin d'atteindre ce quota minimum », explique Jean-François Brohez, responsable technicopédagogique au Forem. Une fois le partenariat acté, le Forem rencontre les entreprises pour évaluer leurs besoins spécifiques, contacte, via sa base de données, de potentiels stagiaires puis réalise une première sélection parmi les candidats. C'est ce qu'elle a récemment effectué en province du Hainaut, où une dizaine d'entreprises œuvrant dans la menuiserie s'étaient réunies pour bénéficier de la formule.
Luc Mohymont a reçu six candidats dans son entreprise. Il en a retenu quatre.
« Le Forem a ensuite organisé un « speed dating » entre la trentaine de candidats présélectionnés et nos différentes entreprises », explique Luc Mohymont, président de la CCW et directeur d'Emac Belgium. « Puis on a fait notre propre choix. Personnellement, j'ai reçu six candidats dans mon entreprise pour la leur faire visiter et leur expliquer comment
nous fonctionnons. Sur ces six, j'en ai retenu quatre. »
Un stage qui débouche sur un emploi
Vient, ensuite, le temps de la formation à proprement parler. « Elle s'opère en alternance. Maximum 482 heures dans l'entreprise, où les spécificités du métier sont abordées, et le reste dans notre centre de formation.
Le but est vraiment qu'ils aient la pratique nécessaire pour pouvoir exercer leur futur métier », poursuit Jean-François Brohez. Car à la fin de ce parcours, au moins 80% des stagiaires devront obtenir un emploi au sein de l'entreprise qui les a accueillis. « Attention, il s'agit évidemment de 80 % des stagiaires qui ont atteint les prérequis minimums pour être engagés. Ils ont des tests réguliers au Forem pour vérifier tout ça », précise Luc Mohymont. Jean-François Brohez le confirme et ajoute. « Il faut qu'on puisse justifier les raisons qui nous ont poussés à ne pas retenir un candidat. Si l'entreprise s'engage dans le processus et ne retient pas au moins 80% des employés qui ont bien fait leur stage, là, ça va nous poser problème ». Le cas de figure semble toutefois peu probable. D'ailleurs, du côté de Luc Mohymont, on se félicite de la formule. « Je suis très satisfait. Le Forem de Charleroi a été très professionnel. Au niveau des candidats, on a eu une excellente sélection. Les 30 candidats qui nous ont été présentés au speed dating étaient des gens motivés. Ça nous a grandement facilité le travail ».
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mai 2019 • Construction 25
PROMOTION DES MÉTIERS
Startech's Days 2019 : objectif Kazan À Ciney Expo, les 12.000 m² de surface occupée ont des allures de petite capitale. Ces 18 et 19 mars, à l'occasion de l'édition 2019 des Startech's Days organisée par WorldSkills Belgium, ils sont pas moins de 7.000 visiteurs à fouler les détours anguleux du plus grand événement de promotion des filières et des métiers techniques de Belgique.
U
n peu partout sur leur parcours, la compétition va bon train. Alors qu'ils avaient franchi avec succès, en janvier et février derniers, les épreuves de pré-sélection – 825 inscrits –, pas moins de 210 jeunes talents déploient minutieusement leur savoir-faire, enhardis par l'espoir de remporter une médaille. « Pour cette finale 2019 du Championnat belge des Métiers, 27 disciplines sont représentées, parmi des secteurs professionnels aussi variés que les arts créatifs et la mode, l'industrie, les technologies de l'information et de la communication, les transports, les services et, bien évidemment, la construction. Cette dernière représente d'ailleurs un tiers des métiers en compétition. C'est dire à quel point le secteur est important », explique Francis Hourant, directeur de WorldSkills Belgium. Un secteur important et pourtant, on le sait, victime d'une pénurie de maind'oeuvre qui s'observe allègrement à l'échelle des Startech's. Jeter un coup d'oeil au nombre d'inscriptions dans certains métiers issus de la filière de la construction suffit à s'assurer qu'un véritable travail de promotion reste à fournir afin d'infléchir la tendance. « Ca devient très compliqué, pour certains métiers, d'avoir le minimum de compétiteurs requis. On n'ouvre pas une compétition s'il n'y en a pas au moins six. Cette année, le carrelage est passé sur le fil du rasoir. Pour certaines disciplines, on n'a même plus à 26 Construction • mai 2019
Le président de la CCW n’a pas hésité à montrer l’exemple.
faire de pré-sélections. », regrette Francis Hourant.
De la compétition, mais pas que…
Loin de se cantonner à un événement exclusivement placé sous le signe de la compétition, ces Startech's Days visent, justement, à opérer un travail essentiel de promotion des métiers techniques. Lors de ces deux journées, pas moins de 70 stands d'animation « découverte des métiers » se disputent l'espace de Ciney Expo. Parmi les nouveautés de ce cru 2019, on retrouve un village numérique – l'occasion de s'essayer à une quinzaine de métiers porteurs d'avenir,
comme l'impression 3D, la programmation, la conception numérique... – et un quinté de métiers en démonstration – vitrerie, charpente, taille de pierre, toiture métallique et cariste – . Francis Hourant le rappelle : « c'est ça le vrai boulot de WorldSkills. Bien plus qu'organiser des compétitions. En clair, les compétitions, c'est notre moyen de faire de la promotion, d'aider les jeunes dans leur carrière, de faire du benchmarking, de coopérer avec les autres. ». Ces Startech's, c'est aussi l'occasion, pour les écoles, de jauger l'efficacité de leurs formations et d'envisager, parfois, d'éventuelles améliorations. « Il y a quel-
Pas moins de 210 jeunes talents ont déployé minutieusement leur savoir-faire.
stimulées. Mais comme disait un responsable du Forem, à propos du secteur de la construction, peut-être que s'il n'y avait pas cet événement, on verrait vraiment la différence. ».
La CCW était bien présente
De g. à dr., Luc Mohymont (président de la CCW), Louis Amory (président de WorldSkills Belgium), Francis Hourant (directeur de WorldSkills Belgium), Francis Carnoy (directeur général de la CCW) et notre membre Michel Alvoet.
ques années, un CEFA bruxellois était venu en compétition en sani-chauffage. En observant l'organisation d'un autre centre de formation, ils ont découvert un monde supérieur à ce qu'ils avaient à l'école. À la suite de l'événement, ils ont totalement remanié l'atelier éducatif proposé chez eux en sani-chauffage. Avec une grande amélioration du niveau des élèves à la clé. ».
La suite des opérations avant Kazan
Et du niveau, il en faudra assurément aux jeunes compétiteurs pour espérer décrocher leur ticket à destination de Kazan et de la finale mondiale de ces Olympiades des métiers. Alors qu'à l'issue de ces deux jours d'épreuves, 97 médailles d'or, d'argent et de bronze seront décernées, il faudra encore aux heureux lauréats franchir quelques
étapes pour s'offrir l'opportunité de briller à l'international. « Il y aura entre 12 et 14 jeunes qui partiront à Kazan. Avant cela, chaque médaillé bénéficiera d'un stage résidentiel aux « soft skills » et d'une formation technique durant les vacances de Pâques. Ils vont beaucoup s'amuser mais nous on va beaucoup les observer. Car tout n'est pas testé aux Startech's par rapport à ce qu'on retrouve à un mondial. ». Le mondial, ce sera pour fin août prochain. En attendant, les Startech's Days battent leur plein. Le public semble conquis. De nombreuses jeunes frimousses arpentent chaque recoin de cette espace couvert d'envergure. Difficile d'envisager que l'événement ne suscite pas quelques vocations. C'est, à tout le moins, ce qu'espère son directeur. « On ne peut pas vraiment savoir quel est notre impact sur le nombre de vocations
Représentant la CCW – qui participait également à l'événement par le truchement d'un stand consacré à la promotion du secteur de la construction et des nombreuses opportunités professionnelles qu'il offre à la jeunesse – , Luc Mohymont (président) et Francis Carnoy (directeur général) n'ont pas manqué d'assister avec ferveur à cette belle émulation collective. « Ces compétitions hissent tous les métiers techniques vers le haut », s'enthousiasme Francis Carnoy. « La grande proportion de métiers de construction présents démontre que nos métiers doivent être mieux reconnus pour leur degré croissant de technicité et sont source de fierté. ». Désireuse de rebondir sur la notoriété de la compétition WorldSkills, la CCW escompte bien continuer à revaloriser l’image des métiers de la construction, trop souvent délaissés. Faire savoir haut et fort que la construction wallonne veut recruter, aujourd’hui, des milliers de jeunes dans ces profils. Pour Luc Mohymont, cela ne fait aucun doute. « Ce sont des métiers variés, en constante évolution, des systèmes d’apprentissage au contact des professionnels, des rémunérations et avantages financiers attractifs. De quoi faire une belle carrière ! ».
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mai 2019 • Construction 27
CAMPAGNE
Le secteur de la construction En réaction à la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée qui ne cesse de s'accroître, la CCW et le ministre Jeholet ont initié, le 3 avril dernier, une campagne de valorisation des métiers de la construction à destination des 15-25 ans.
U
ne excellente conjoncture ne suffit pas toujours à ensoleiller un secteur. Si, ces dernières années, les activités privées comme les commandes publiques ont considérablement gonflé les carnets de commandes des constructeurs wallons et, par la même occasion, permis de voir le nombre d'emplois en construction grimper de 1.500 effectifs entre 2016 et 2018, un taux demeure profondément problématique : celui des postes vacants. Flottant actuellement à 8% - ce qui représente pratiquement 5.000 emplois (chiffres du Forem) - ce taux varie selon les segments du monde de la construc28 Construction • mai 2019
tion, bondissant, parfois, bien au-delà des 10%, comme c'est le cas en matière de grands travaux. Cette hausse de la demande de main-d'oeuvre qualifiée ne risque pas de s'arrêter. D’une part, le Plan Infrastructures (routes et voies hydrauliques), qui bat son plein, a été confirmé jusqu'en 2024. D’autre part, la Wallonie a annoncé le « Plan wallon d’investissements stratégiques » (PWIS) qui prévoit d’injecter 5 milliards € sur la période 2019-2024 dans l’économie régionale, dont 70% via des projets de construction (surtout bâtiments). De plus, le Gouvernement wallon
vient de confirmer le Plan de constructions hospitalières intégral (la matière était fédérale précédemment). Portant sur une première période de 5 ans (de 2019 à 2023), ce plan a pour objectif de reconstruire totalement le parc hospitalier wallon d’ici 35 ans. Pas moins de 6.000 postes supplémentaires en Wallonie devraient être créés d'ici 2024, si l'on en croit les prédictions du Bureau du Plan. Ces chiffres pourraient être plus importants, encore, en cas d'emballement des rénovations énergétiques stimulées par l'enjeu climatique.
Une collaboration accrue du secteur avec les pouvoirs et institutions publiques
5.000 emplois à pourvoir, 6.000 de plus endéans les cinq ans : quelle opportunité ! Afin de la mettre à profit, il importe de déterminer avec pré-
Jeholet (coup de poing pénuries, incitant+ et PFI) et demande au Forem de renforcer le processus de screening des demandeurs d’emploi (sous l’angle des Soft Skills et du bilan de compétences) afin de former davantage de candidats en alternance vers les métiers porteurs. En outre, à partir de l’enquête et d’une évaluation préalable des compétences, la CCW prévoit de collaborer avec le Forem afin d’inviter les entreprises et les demandeurs d’emploi à se rencontrer lors de « job days » prévus à travers la Wallonie.
Une désertion de la jeunesse...
Comme souvent, en matière d'enjeux présents et à venir, les regards se tournent vers la jeunesse. C'est elle, et elle seule, qui pourra donner un nouveau souffle au secteur de la construction. Raison pour laquelle il importe de travailler activement à la revalorisation d'une filière encore trop souvent mal considérée
« La Wallonie construit son avenir et a besoin de jeunes ! » doute, il est fondamental de batailler sur ce terrain - le secteur a initié, en synergie avec WorldSkills Belgium, les fonds sectoriels (Constructiv, Volta, Cefora), ainsi que les opérateurs de formation Forem et IFAPME, une campagne 2.0 de valorisation et de promotion de nos métiers. Cette campagne, soutenue par la Wallonie, vise à présenter aux 15-25 ans les nombreux avantages et évolutions de nos métiers. Elle les amène ensuite vers un portail virtuel (www.jeconstruismonavenir.be) qui les orientera, de façon personnalisée, soit vers un emploi, soit vers une formation. Le leitmotiv est assez simple : rap-
veut reconquérir la jeunesse cision la provenance de cette demande. C'est la raison pour laquelle la CCW a lancé une enquête auprès de ses affiliés. Les premières indications extraites permettent de confirmer une importante demande dans les métiers suivants : couvreur (toiture), voiriste, conducteur d’engins de chantier, chef de chantier, conducteur de travaux, électricien, maçon, menuisier, métreur-deviseur, sani-chauffagiste… Une telle clarification de la situation ne manque pas d'intérêt. Mise à la disposition du Forem, elle offre à ce dernier un indicateur essentiel qui lui permet d'ajuster ses filières de formation aux demandes sectorielles. Dans cette même optique, la CCW encourage vivement ses affiliés à publier leurs offres d'emploi à travers les canaux du Forem. Par ailleurs, la CCW soutient les trois mesures anti-pénuries du ministre
par l'opinion publique. Jusqu'à présent, plusieurs actions contribuaient déjà à mettre en valeur les métiers techniques et manuels : Startech’days, EuroSkills/ WorldSkills, Building Heroes, Journée Chantiers Ouverts…« Mais c’est manifestement insuffisant, réagit Francis Carnoy, directeur général de la CCW, quand on voit à quel point les filières de formation vers ces métiers -dans les écoles et centres de formation professionnelle- sont désertées par les jeunes et les demandeurs d’emploi. Ce constat vaut aussi pour les formations en alternance, pourtant particulièrement appréciées par les entreprises ». En effet, l’IFAPME a enregistré un recul de 27 % des inscriptions en alternance dans les filières construction entre 2011 et 2018.
... qu'il importe d'endiguer
Mobilisant les réseaux sociaux, pour capter l'attention de la jeunesse - pas de
peler à quel point les métiers de la construction peuvent être source d'épanouissement pour ceux qui les embrassent. Souligner que l'aspect concret de ces métiers est leur convivialité, leur diversité, leur ouverture sur les nouvelles technologies, leur énorme potentiel en matière de perspective de carrière et de salaire attrayant. Luc Mohymont, président CCW, le rappelle d'ailleurs. « Le secteur est un gros pourvoyeur d’emploi. La demande de main-d’œuvre qualifiée ne cesse de progresser et offre de belles perspectives de carrière aux jeunes désirant intégrer les filières. Un job passionnant, des formations permettant d’évoluer au cours de sa carrière et des conditions financières très compétitives attendent toute personne rejoignant le secteur de la construction. La Wallonie construit son avenir et a besoin de jeunes ! »
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mai 2019 • Construction 29
SALON BOIS & HABITAT
L'incontournable opportunité du bois certifié durable IMPLICATION DE LA CCW VIA LA « PLATEFORME CONSTRUCTION BOIS » À l'occasion de cette conférence, la CCW a tenu à rappeler son implication dans la promotion du bois comme matériau de construction – notamment par le biais de sa « Plateforme Construction Bois » et sa volonté d'oeuvrer, chaque jour un peu plus, à l'avènement d'une utilisation responsable de ce dernier. « Avec la CCW, nous sommes impliqués activement en tant qu’administrateur dans le « Cluster Eco-Construction », a expliqué Aymé Argeles, Manager Environnement & Technologies à la CCW. « Ce réseau, constitué de plus de 270 experts, a pour objectif de faire monter en puissance l'écoconstruction en Wallonie – NDLR Mode constructif qui réfléchit, de la conception à la démolition, à ses impacts économiques, sociaux et environnementaux. »
En marge du salon « Bois & Habitat » organisé par Easyfairs à Namur Expo, la Confédération Construction Wallonne (CCW) tenait, ce 22 mars dernier, une conférence articulée autour du bois certifié durable. L'occasion de présenter les principaux labels présents sur le marché et de rappeler les engagements de la CCW en la matière.
Samuel Oldenhove
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL • PEFC BELGIUM • WWW.PEFC.BE/FR/ Qu'entendez-vous par gestion durable des forêts ?
Concrètement, PEFC a pour ambition de préserver les forêts, mais aussi de pérenniser la ressource forestière pour répondre aux besoins en bois des générations actuelles sans compromettre ceux des générations futures. Nous nous chargeons de promouvoir une gestion forestière à la fois respectueuse de l'environnement, socialement bénéfique et économiquement viable. Comment fonctionne le système ?
Dans cette même optique, la Confédération Nationale de la Construction avait signé, pour la période 2011-2018, un accord sectoriel visant à porter à 35% la part, mise sur le marché belge, de bois scié certifié. « Un nouvel accord va être signé pour la période 2019-2024. Il intégrera le bois issu de la seconde transformation (portes, châssis, parquets...) et mettra en place des indicateurs permettant de suivre le taux d'utilisation de produits construction à base de bois. »
30 Construction • mai 2019
La certification PEFC est un système sûr et transparent qui repose sur deux mécanismes complémentaires : la certification forestière (la gestion de la forêt) et la certification des entreprises qui transforment le bois (stock, traitement, transport, vente) afin d’assurer la traçabilité de la matière depuis la forêt jusqu’au produit fini. La certification forestière atteste de la gestion durable de la forêt et du respect de ses fonctions environnementales, sociétales et économiques. Le label PEFC, apposé sur un bien via un logo, garantit au consommateur que le produit acheté provient de forêts gérées durablement.
Quel atout pour les entreprises ?
Dans les pays voisins, 91% des forêts certifiées le sont sous la certification PEFC. En privilégiant des produits labellisés PEFC, les consommateurs favorisent le bois local plutôt que le bois importé et privilégient dès lors les circuits courts. Le Label PEFC répond aussi à la demande croissante de labels de la part des consommateurs, facilite l'accès à des adjudica tions publiques, constitue une preuve de la légalité du bois...
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À
la question « Bois certifié durable : contrainte ou opportunité pour le secteur de la construction ? », une réponse aussi enthousiaste qu'unanime s'échappait des lèvres des différents intervenants de cette conférence proposée par la CCW. Si plus personne ne conteste les nombreuses qualités de ce matériau – naturel, renouvelable, réutilisable et recyclable –, l'enjeu de la préservation des forêts et de la pérennisation de ses ressources
demeure, quant à lui, bien d'actualité. D'où l'intérêt d'un déploiement progressif, ces dernières années, des systèmes de certification. Qu'il s'agisse du système PEFC ou FSC, tous deux permettent non seulement aux entreprises d'assumer leurs responsabilités environnementales, mais, de surcroît, de répondre aux attentes d'une clientèle de plus en plus sensibilisée à la question – ce qui en fait un atout commercial loin d'être négligeable.
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Stéphan Justin
COORDINATEUR DE PROJETS • FSC BELGIUM • WWW.FSC.BE/FR-BE Pour FSC, c'est quoi une forêt gérée durablement ?
Comment fonctionne la labellisation ?
On ne se limite pas uniquement au poncif « tu coupes et tu replantes ». On va bien au-delà de ce concept. Chez FSC, on se soucie de savoir de quoi la forêt est constituée. Quelles sont les zones fragiles, celles dont la biodiversité doit être spécialement protégée, quels sont les droits d'usages des populations qui y vivent ou qui en jouissent... Il y a une dimension environnementale, mais également sociale : protections des travailleurs, salaire décent, conditions de travail... Ce sont, entre autres, des critères mis en avant par la FSC.
On parle de forêt certifiée à partir du moment où elle répond à toutes les exigences FSC. Pour garantir la traçabilité du produit depuis la forêt d'où il provient jusqu'au consommateur, il est important d'opérer maillon par maillon, entreprise par entreprise. C'est la certification d'entreprise. Le bois qui est certifié FSC passe par des entreprises elles-mêmes certifiées FSC jusqu'à ce qu'il arrive à nos rayons. Si vous prenez un cure-dent certifié FSC, vous avez la garantie que tous les maillons en amont ont dû être certifiés FSC et que ce cure-dent a progressé à travers ce système de traçabilité pour arriver jusque dans les rayons. Quel atout pour les entreprises ?
Il y a un contexte politique qui montre que le bois durable est un sujet qui est et sera de plus en plus mis sur la table. Pour ces raisons, il est intéressant d’anticiper, de s'investir et de se démarquer de ceux qui n'auraient pas les possibilités de donner ces garanties. Ça peut aussi permettre d’obtenir plus facilement des marchés publics, de fidéliser les clients…
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De g. à dr., Olivier Vandenhoute (Cabinet ministre De Bue), Luc Noirhomme (SWL), Mathurin Smoos (Fédération Wallonie Bruxelles), Laurent Riche (Stabilame), HervéJacques Poskin (Cluster Eco-construction), Pierre Goffart (SPW), Luc Mohymont (CCW), Stéphan Justin (FSC).
UN LABEL « MENUISERIE DURABLE » À VENIR Représentant la CCW en tant que président et son entreprise (EMAC Belgium) en tant que gérant et directeur technique, Luc Mohymont a exposé la dernière initiative en date de la Fédération Wallonne des Menuisiers Belges (FWMB) et de la Confederatie Bouw Vlaamse Schrijnwerkers (CBVS) : la création d'un label de qualité « Menuiserie Durable ». « Il sera octroyé par l'organisme belge de certification BCCA. Il permettra d'attester la qualité du travail de l'entreprise et des matériaux employés, mais également le respect des droits des travailleurs et l'aspect écologique de l'activité (axé sur la faible consommation d'énergie, les circuits courts, l'économie circulaire ...)». Pour obtenir la certification, l'entreprise devra suivre une formation enseignant les exigences du label et s'intégrer dans un processus de contrôle de ses connaissances, de ses systèmes, de ses méthodes de conception et de production. « Beaucoup d'entreprises belges respectent déjà ces normes, mais c'est très peu valorisé. On a voulu mettre en avant des valeurs de l'entreprise jusqu'ici peu connues des consommateurs ».
Toutes les informations sur : www.menuiseriedurable.be
mai 2019 • Construction 31
LES FEMMES DANS LA CONSTRUCTION
De si nombreuses Mise sur les rails en 1996, l'ASBL PERLE offre aux femmes actives dans le secteur de la construction l’occasion de se former, de se rencontrer, d'échanger... Loin de se tasser, le mouvement ne cesse de prendre de l'ampleur. Preuve qu'il répond, plus que jamais, à un véritable besoin.
P
our s'offrir une immersion éclair dans les balbutiements du mouvement PERLE (Professionnelles Et Responsables dans Leur Entreprise), il faut remonter une grosse vingtaine d'années en arrière. Très exactement, en 1996, année au cours de laquelle un groupement de Françaises issues du monde du bâtiment avaient convié leurs homologues de la Confédération Construction à les rencontrer. « Leur mouvement était assez similaire à celui que le nôtre allait devenir. Ces femmes se rencontraient régulièrement pour s'informer sur des thématiques liées à la construction, pour se soutenir... Cette visite a donné l'envie à quelques épouses belges d'entrepreneurs de déployer un tel réseau chez nous. Il faut dire qu'à l'époque, les difficultés n'étaient pas minces, notamment parce que le statut de conjoint-aidant était très compliqué », rappelle Nadine Palm, présidente des PERLE depuis 2014. La pertinence d'une initiative se jauge, bien souvent, à l'aune de son succès. Or un constat, des plus réjouissants, fait état d'un nombre croissant de membres au sein de l'ASBL. « Actuellement, nous sommes à peu près 130. On peut compter presque 25% d'augmentation sur l'année 2018. Et lorsque des femmes viennent chez PERLE, elles y reviennent. Ce n'est pas du ''one shot'' », se réjouit celle qui aura mis un point d'honneur à ce que sa présidence se place sous le signe d'une plus grande visibilité de son mouvement. « Mon but était qu'on parle de nous le plus possible, qu'on sache qu'on existe. Avant, nous ne bénéficions que 32 Construction • mai 2019
d'une publicité restreinte. On y a remédié à grand renfort de communication. On a organisé un événement d'ampleur pour nos 20 ans... Tout ça a permis au groupe de s'accroître. Après, il nous reste tout de même un public à convaincre, à informer
de notre existence et de l'intérêt d'une telle démarche. ».
Trouver de l'aide et des réponses
Car d'intérêt, les nombreuses activités des PERLE n’en manquent pas.
PERLE rares Destinées aux cheffes d'entreprise, filles, épouses, compagnes ou conjointes aidantes d’un professionnel du secteur de la construction ou à toute autre femme ayant un poste à responsabilités dans la gestion administrative d’une L'année dernière, la "Journée PERLE" a eu lieu à Pairi Daiza.
« Lorsque des femmes viennent chez PERLE, elles y reviennent »
entreprise du secteur, elles permettent à ces amoureuses de leur métier de faire évoluer qualitativement l'entreprise au sein de laquelle elles évoluent, de doper leur efficacité dans la gestion et l'administration de leur exploitation. « La plupart des femmes qui viennent à ce genre de réunions sont seules ou presque seules devant leur ordinateur toute la journée. Ça devient tellement complexe au niveau administratif qu'on n'a pas forcément réponse à tout. On trouve de l'aide et des réponses grâce à ces rencontres », poursuit l'ancienne graphiste. Subdivisé en quatre systèmes d'ancrage locaux (Hainaut, Libramont, Namur-Brabant wallon et Verviers-Liège), le mouvement propose, d'abord, un joli et dynamique panel de formations. « Une fois par mois, dans tous les groupes locaux, on propose des soirées de formation où des spécialistes viennent parler de sujets d'actualité liés à nos activités professionnelles. Ce peut être sur les droits de succession, sur l'ONSS, le numérique, sur une nouvelle loi qui vient de passer... » Parce qu'il serait bien dommage de ne pas permettre à l'ensemble des PERLE wallonnes de se croiser ponctuellement, plusieurs formations communes – en moyenne trois pas an – s'ajoutent aux rencontres mensuelles précitées. Ici, il est avant tout question de thématiques plus génériques. « Par exemple, en février dernier, l'intitulé de la formation était « Facebook pour votre entreprise » : comment créer une page Facebook qui relate les activités de l'entreprise, à quoi faire attention... Au mois de juin prochain, nous nous pencherons sur la question de ''l'ergonomie au bureau'' ».
Un réseau et de la bonne humeur
Autre grand rendez-vous de l'année : la « Journée PERLE », organisée, à tour de rôle, par les groupes régionaux et à
destination de l'ensemble des membres de l'association. « Ce peut être la découverte d'une région, d'un musée, d'une attraction...L'année dernière, nous nous sommes rendues à Pairi Daiza. L'esprit de cette journée attractive consiste à souder les groupes, à favoriser les rencontres et puis, tout simplement, à passer une bonne journée. On n'est pas que dans les problèmes ! », sourit Nadine Palm. Loin d'être triviale, l'idée est en effet judicieuse. La mise en réseau de ces professionnelles est un solide moteur du mouvement. Dans le secteur, entretenir des rapports cordiaux et fructueux avec ses semblables n'est jamais inutile. Mieux : cela pousse à l'action. Comme lorsque les PERLE se réunissent pour conscientiser la jeunesse à l'intérêt d'embrasser une carrière dans la filière de la construction. Contre une pénurie liée à bien des causes qu'elle juge injustifiées, la PERLE se retrousse les manches. « À l'échelle locale, on a déjà organisé des journées PERLE pour les enfants. L'idée, c'était d'aller chercher ces jeunes pousses dans les écoles pour leur faire visiter un chantier, leur exposer les nombreux atouts du métier. ». Au vu du nombre d’adhérentes et de l'enthousiasme de leurs retours, pas de doute, le réseau PERLE est une bien belle réussite. Nadine Palm s'en réjouit. « Et je suis certaine que ce groupe a encore un bel avenir devant lui. Car si l'on peut trouver bien des formations sur Internet ou ailleurs, rien ne vaut les rapports privilégiés que PERLE favorise. On se rend vraiment service. Sur le plan humain, c'est le top. ». Tentées de rejoindre l'un des quatre groupes régionaux PERLE ? N'hésitez pas à contacter leur présidente respective. Les informations complémentaires et les coordonnées sont disponibles sur le site www.perles.be. Vous pouvez également vous rendre sur la page Facebook de PERLE à l’adresse suivante : www.facebook.com/perleconstruction/.
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mai 2019 • Construction 33
ERRATUM : TOUTES NOS EXCUSES ! Dans le point de vue régional de l’édition d’avril, une erreur s’est produite au niveau du titre et de la fin du texte. La rédaction se bat au quotidien pour éviter ce genre de problèmes, hélas parfois inévitables. Nous nous excusons pour ce désagrément et publions donc une nouvelle version de cet éditorial wallon. Merci pour votre compréhension.
Résorber la pénurie et valoriser l’image des métiers de construction : le secteur passe aux actes !
A « La construction wallonne est confrontée à une pénurie croissante de main-d’œuvre, qui freine l’activité des entreprises »
vec plus de 5000 offres d’emploi vacantes, la construction wallonne est confrontée à une pénurie croissante de main-d’œuvre, qui freine l’activité des entreprises. Or, avec la montée en puissance du « Plan infrastructures », du « Plan wallon d’investissements » et de la rénovation énergétique, la construction wallonne recèle encore d’innombrables opportunités de chantiers. Dans cette perspective conjoncturelle positive, il est donc essentiel de mobiliser nos demandeurs d’emploi, mais aussi et surtout de valoriser l’image de notre secteur pour y attirer à nouveau les jeunes. L’IFAPME s’inquiète en effet d’une diminution de 25 % des inscriptions d’apprenants dans ses sections de construction.
Pour répondre aux besoins les plus urgents, la CCW collabore avec le Forem pour activer les demandeurs d’emploi vers les métiers en pénurie (présentés comme « métiers d’avenir »). Ainsi, la CCW effectue - avec l’appui des confédérations locales, du Forem et du ministre wallon de l’emploi et de la formation P.-Y. Jeholet - un « road show » de présentation des mesures de lutte contre les pénuries et d’aide à la formation (action « coup de poing », nouveau PFI et Incitant+) élaborées par le ministre. Mais ce n’est pas suffisant. Une valorisation fondamentale de l’image des métiers de la construction auprès des jeunes est nécessaire. Pour ce faire, la CCW et une série de partenaires (WorldSkillsBelgium, Constructiv, Volta, Cefora, Forem, Ifapme, fédérations…) lancent une campagne promotionnelle des métiers de construction, notamment sur les réseaux sociaux (les plus efficaces aux yeux des jeunes !). Cette campagne, soutenue par la Région, présente les nombreux avantages et évolutions de nos métiers : conditions salariales attractives, formations possibles tout le long de la vie, utilisation de nouvelles technologies, fierté du bâtisseur… Complémentaire à l’événement annuel « Building Heroes » (qui vise les 10-12 ans), la nouvelle campagne vise les 15-25 ans et s’appuie sur des événements comme Startech’s days, WorldSkills, Journée Chantiers Ouverts…pour émettre une image positive et centrée sur la jeunesse. La campagne inclut la création d’un portail virtuel doté d’un avatar numérique et d’un call-center qui permettent d’orienter, de façon personnalisée, les jeunes intéressés par nos métiers vers un emploi ou une formation.
Luc Mohymont Président de la Confédération Construction Wallonne
34 Construction • mai 2019
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GILLION CONSTRUCT
« Les Soft Skills sont indispensables pour les ouvriers » Communication adéquate, esprit d'équipe, volonté de continuer à apprendre : les Soft Skills sont de plus en plus importantes dans notre secteur, y compris pour les travailleurs de la construction. Toutefois, comment développer ces compétences chez les intéressés ? C’est la question que notre membre Gillion Construct a posée à la Confédération Construction de Bruxelles Vlaams-Brabant. Cette collaboration a débouché sur une offre de formations très intéressante.
«S
oft » est un terme que l’on n’associe pas à la construction. À la fin d'un projet, seuls le résultat et le prix comptent - la dure réalité, en d'autres termes. Alors pourquoi mettre l'accent sur les Soft Skills ? Construction a posé la question à Gillion Construct, à Forest. Nous y avons été accueillis par le directeur général Xavier Radelet, le responsable des ressources humaines, Thierry Hoslet, et Florence Lamolle de la Confédération Construction Bruxelles Vlaams Brabant.
Réorganiser les équipes
« Chez Gillion Construct, nous portons une attention particulière aux Soft Skills depuis plusieurs années. Toutefois, la prise de conscience du caractère essentiel de ces compétences pour les personnes travaillant sur les chantiers de construction s’est imposée il y a environ deux ans. À l’instar de l'ensemble du secteur, nous rencontrons, nous aussi, des difficultés à attirer et à retenir des collabo36 Construction • mai 2019
rateurs compétents. Les entretiens menés entre Thierry et les travailleurs ont révélé que cette situation n’était pas bonne pour l'esprit d'équipe. C’est notamment pour cette raison que nous avons modifié l’organisation du travail, pour nos petits projets en particulier. Nous avons mis en place des équipes polyvalentes de quatre personnes qui collaborent autant que possible sur un chantier de construction. Chaque équipe comprend un chef d’équipe. Mais pour que cela fonctionne bien, des qualités telles que la communication, la confiance et le leadership se sont révélées indispensables », a indiqué Xavier Radelet. « Plusieurs compétences doivent être présentes dans une équipe polyvalente. Un maçon doit être capable d'aider à la réalisation d’un coffrage et un coffreur doit être capable de maçonner. Cela exige une coopération efficace et ouverte. Nos collaborateurs sont d'excellents professionnels, mais les Soft Skills nécessaires à ce travail d'équipe étaient nouvelles pour eux. Ils avaient besoin d'un accompagne-
ment pour développer ces compétences », a souligné Thierry Hoslet.
Leadership
Pour citer un exemple concret : le chef d’équipe. Il existe, dans une entreprise de construction, une chaîne de responsabilités et les gens doivent savoir de qui ils reçoivent des instructions. Or, quel est le rôle du chef d’équipe, qui se situe entre les ouvriers de son équipe et le conducteur de chantier ? Il peut arriver que la maçonnerie soit principalement nécessaire une journée et que les maçons expérimentés doivent de ce fait tirer l'équipe. Comment le chef d'équipe procédera-t-il s'il est lui-même coffreur ? « La Soft Skill la plus importante est le leadership et au sein de ce leadership, savoir communiquer constitue la principale compétence. Autrefois, un conducteur de chantier disait aux travailleurs : « Aujourd'hui, vous devez faire ceci et cela ». Maintenant, chez Gillion, tout se fait beaucoup plus via le chef d'équipe. Il explique à l'équipe ce qui doit être fait le jour même, l'intègre
Thierry Hoslet (responsable des ressources humaines) et Xavier Radelet (directeur général):“La Soft Skill la plus importante est le leadership et au sein de ce leadership, savoir communiquer constitue la principale compétence ».
au travail du lendemain et aux délais convenus et crée les conditions appropriées et stimulantes pour son équipe », a poursuivi Thierry Hoslet. « Être capable de formuler des objectifs est une autre Soft Skill importante. Dans le passé, les ouvriers du bâtiment étaient rarement informés du calendrier et se voyaient rarement fixer un objectif motivant. Toutefois, les travailleurs d'aujourd'hui apprécient, eux aussi, de connaître leur contribution à un projet », a indiqué Xavier Radelet.
Le déclic
C'est indéniable : au début, il existait une certaine résistance des travailleurs concernés à l'idée de faire partie d'une équipe polyvalente. Ce qui a abouti à la réflexion suivante : y a-t-il également eu une opposition à l’accompagnement de la Confédération ? Florence Lamolle est une jeune femme qui n'a jamais posé une brique. Pourtant, elle a dû expliquer comment une équipe d’ouvriers du bâtiment pouvait améliorer son fonctionnement. « Je ne dis jamais : ‘Tu dois faire comme ça.’ Ça ne fonctionne pas. Mon travail consiste à provoquer le déclic mental. Si un problème survient, je l’examine avec les travailleurs concernés. Je demande de poser un regard neuf sur la question et je propose des idées concrètes ; j'ouvre le dialogue et je les encourage à trouver une solution eux-mêmes. Mais c'est à eux de réagir ». Selon Thierry Hoslet, « une approche théorique ne suffit pas. Nos collaborateurs sont très concrets, ils veulent entendre un discours proche de la réalité professionnelle. Au début, ce n'était pas facile, car nous devions sensibiliser nos ouvriers du bâtiment à des sujets très éloignés de leurs compétences de base. Fort heureusement,
la Confédération connaît notre secteur à fond ». Xavier Radelet se montre très optimiste au sujet du développement de ces Soft Skills au sein de son entreprise. « La mayonnaise commence à prendre, pourrait-on dire. Nos chefs d'équipe commencent maintenant à réclamer, euxmêmes, cette formation. Il existe une chaîne de communication courte entre le chef d’équipe et les ouvriers, ce qui réduit la perte d'informations. De plus, c'est une ligne à double sens : les ouvriers savent qui est leur point de contact et peuvent formuler un feed-back. Cela nous permet de mieux connaître, par exemple, les besoins en formation d'une équipe. Et c'est important, compte tenu de la polyvalence que nous attendons ».
Jeunes et moins jeunes
Les jeunes travailleurs réagissent-ils différemment des plus âgés face à cet accompagnement ? Le directeur général répond. « Pour les jeunes, le développement des Soft Skills est un moyen de s'intégrer plus rapidement dans une équipe. Ils sont également plus ouverts à la polyvalence et ont davantage besoin que l’on donne du sens à leur travail. Toutefois, nos travailleurs plus âgés sont très importants à nos yeux. Je constate qu'ils apprécient, eux aussi, que l'on valorise leurs compétences et leur polyvalence. C'est un changement majeur qui se diffuse dans toute l'organisation. Les gens s’expriment plus qu'avant, remettent les choses en question et formulent,euxmêmes, des propositions. Ne peut-on pas faire ceci plus efficacement ? Ne devrionsnous pas construire de façon plus circulaire ? Je trouve ça génial ».
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LES SOFT SKILLS ÇA S’APPREND ! Travailler sur un chantier de construction exige que les intéressés sachent quand agir, qu'ils soient disposés à le faire et, bien sûr, qu'ils soient en mesure de le faire. Ce principe s'applique aux personnes qui occupent des postes de coordination et de direction, comme les chefs de chantier, mais aussi aux ouvriers. Les Soft Skills ne sont pas innées. Elles peuvent être apprises et développées dans le cadre de formations. L’Académie Construction de la Confédération Construction Bruxelles Vlaams-Brabant est d’ores et déjà en mesure de proposer une série de formations. • Préparation et gestion de chantier. Cette formation porte sur la capacité à utiliser l'informatique et les outils numériques, mais aussi sur la gestion des flux d'information, l'organisation et l'exécution professionnelle des activités. Pour l'instant, cette formation n'existe qu'en français. • Instructeur. Quelles sont les compétences sociales et pédagogiques nécessaires pour assurer des formations de qualité dans l'entreprise ? Il est notamment question de l'accueil et de la formation des nouveaux membres du personnel, des stagiaires ou des apprentis. • Gestion du temps. • Assertivité. • Orientation client. • Donner des instructions sur le chantier. L'Académie Construction travaille autant que possible en fonction de l'entreprise, des compétences et du travailleur. Le point de départ est la mesure dans laquelle une personne maîtrise une compétence. Ensuite, l'accent est mis sur la façon dont une personne réagit face à des situations spécifiques. Comprend-elle de quoi il est question ? Est-elle en mesure de s'adapter ? L’objectif est de pouvoir opérer de manière autonome en fin de compte. À l'heure actuelle, la gamme complète de formations n'est pas encore disponible dans les deux langues, mais les changements requis seront apportés dès que possible.
INFORMATIONS : Des questions ? Posez-les à florence. lamolle@confederationconstruction.be
mai 2019 • Construction 37
SANTÉ
« Travailler avec la pierre composite entraîne un grave risque de silicose ! » Les dangers de la poussière de quartz sont connus de longue date. Les personnes qui l’inspirent sur une période prolongée risquent de développer la silicose, une forme de pneumoconiose. Nos carreleurs et travailleurs routiers savent depuis plusieurs années que la vigilance est de mise. Toutefois, les pneumologues mettent également en garde contre le sciage, le meulage et le perçage de la pierre composite.
H
istoriquement, la pneumoconiose était très répandue parmi les mineurs, les ouvriers des fonderies et les travailleurs de la pierre naturelle. Une nouvelle catégorie est venue s’ajouter. En effet, les pneumologues mettent en garde contre le travail de la pierre composite, un produit que nous connaissons surtout sous la forme de plaques de plastique rigide utilisées dans les cuisines et les salles de bains.
Pas (encore) curable
La silice cristalline, également appelée dioxyde de silicium (le nom scientifique), est principalement libérée lors du travail mécanique de matériaux ou des matières premières contenant du quartz. La silicose apparaît la plupart du temps à la suite de l’inhalation prolongée de poussière de quartz. Les médecins ont constaté que les particules de quartz inhalées provoquaient progressivement la formation de tissu cicatriciel dans les poumons, entraînant toux chronique et essoufflement chez les personnes concernées. Ce processus est irréversible. La sili38 Construction • mai 2019
cose n'est pas curable sur la base des connaissances actuelles. En outre, la santé du patient peut continuer à se dégrader après l'arrêt de l'exposition au quartz. Le professeur Steven Ronsmans, de la faculté de médecine de la KU Leuven, prévient de surcroît que la poussière de quartz peut provoquer non seulement la silicose, mais aussi des bronchites chroniques, des maladies auto-immunes et même le cancer du poumon. Bien souvent, ces pathologies apparaissent plusieurs années après la période d'exposition. En termes de risque, le quartz n’a donc rien à envier à l'amiante, désormais redouté de tous. Sachant que le mal est toujours incurable, la prévention demeure le principal moyen de défense. Le nombre de patients a diminué ces dernières années, en raison notamment de la fermeture des mines de charbon. Toutefois, des progrès ont également été enregistrés en matière de prévention dans le secteur de la construction au cours de la décennie écoulée. Néanmoins, cette tendance positive a également ses inconvénients, selon le Dr. Ronsmans. « De nombreu-
ses personnes en sont venues à considérer la pneumoconiose comme une maladie du passé. Or, l'expérience de la médecine du travail nous a appris que les risques anciens réapparaissaient souvent sous une forme différente et à des endroits imprévus... »
Cuisines et salles de bains
Le secteur des cuisines équipées et du mobilier de salle de bains semble compter parmi ces zones à risque. Ces dernières années, des épidémies de silicose ont été signalées dans diverses parties du monde chez des personnes qui travaillent avec la pierre composite, selon le Dr. Ronsmans. « Au niveau international, on utilise généralement la désignation « artificial stone ». Le matériau se compose de 90 à 95 % de quartz lié par des résines synthétiques. La pierre composite a gagné en popularité, en particulier pour les plans de cuisine et de salle de bains. Pour le consommateur moyen, ce matériau présente de nombreux avantages par rapport à la pierre naturelle. Par exemple, il est tout aussi dur et résistant aux chocs, plus facile à entretenir et, last
Le secteur des cuisines équipées semble compter parmi les zones à risque.
but not least, beaucoup moins cher ». En revanche, la pierre composite entraîne des risques pour la santé des personnes qui doivent la découper et le meuler. Ceux-ci sont plus élevés qu'avec une pierre naturelle comme le granit, car la pierre composite contient proportionnellement plus de quartz. « Les trois premiers travailleurs de la pierre composite souffrant de silicose ont été identifiés à Oviedo, en Espagne, en 2010 », explique le Dr. Ronsmans. « Un diagnostic identique a ensuite été posé dans d’autres régions d’Espagne. Entre-temps, la silicose a été diagnostiquée chez 95 travailleurs à l’hôpital universitaire de Cadix. La liste officielle des patients atteints d'une maladie professionnelle dans la province d'Andalousie recense 252 travailleurs atteints de silicose. 188 de ces cas avaient un lien avec le travail de la pierre composite. C’est plutôt inquiétant ». Des travailleurs souffrant de cette affection incurable ont également été enregistrés en Israël et en Italie. Par la suite, l’Australie a diagnostiqué son premier cas en 2018. Dans l’intervalle, le nombre de travailleurs touchés est passé à 53 dans le pays, à la suite d'une enquête réalisée par des pneumologues et d'une campagne de sensibilisation menée dans les entreprises. L’Australie a, au demeurant, été le théâtre d’une découverte remarquable. « La plupart des patients concernés avaient des problèmes respiratoires, mais les médecins n'avaient pas eu le réflexe d’envisager la silicose », explique leur collègue de Louvain. « Ce n'est que lorsqu'ils ont commencé à agir de façon proactive et à faire les examens adéquats qu'ils ont découvert qu’il s’agissait en réalité de pneumoconiose. La plupart des pneumologues et radiologues n'ont appa-
remment plus l'habitude de penser à ce diagnostic ». Entre-temps, l’étude australienne portant sur la population des ouvriers travaillant la pierre composite a donné des chiffres alarmants. Pas moins de 35 % des personnes qui sont ou ont été actives dans ce créneau se sont vu diagnostiquer la silicose ! En d'autres termes, le risque de développer la maladie est particulièrement élevé.
Belgique
Et chez nous, qu'en est-il ? L’année dernière, les deux premiers cas ont malheureusement été identifiés en Belgique. Il s’agit de travailleurs d'une entreprise anversoise. « Il y a de fortes chances pour que notre pays soit, lui aussi, à l’aube d'une petite épidémie », déclare le professeur Ronsmans. « Dans la plupart des cas décrits par les médecins espagnols et australiens, les premiers symptômes sont apparus au bout d’une dizaine d’années. Or, les chiffres de vente montrent que l'utilisation de la pierre composite a également fortement augmenté chez nous au cours de ces 10 dernières années. C’est pourquoi ces cas de silicose ne sont apparus que récemment. De plus, il s'agit d'un sous-secteur dans lequel personne n’attendait cette maladie. Cette fois-ci, il ne s'agit pas de mineurs ou de tailleurs de pierre, mais d'installateurs de cuisines. Dans un environnement de travail où les employeurs et les employés ne sont pas conscients des risques et où la surveillance des services de médecine du travail n'est pas non axée sur cet objectif ».
Que pouvons-nous faire ?
Des avertissements ont déjà été lancés dans plusieurs pays. Il s'agit
notamment de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, mais aussi de la France et du Brésil, pays dans lesquels aucun cas n'a été recensé à ce jour. « Nous pensons que nous devons communiquer le plus rapidement possible sur les risques liés au travail du dioxyde de silicium en Belgique également », déclare le Dr. Ronsmans. « Il me semble approprié de travailler via différents canaux : les pneumologues, les services externes de prévention et leur organisation représentative (la CoPrev), les fédérations patronales concernées, les syndicats, le contrôle du bien-être au travail... ». « À ce stade, le plus important est d'alerter et de sensibiliser toutes les personnes concernées. Dans ce cadre, nous devons nous concentrer à la fois sur l'amélioration de la prévention et sur l'identification des travailleurs pouvant déjà souffrir de silicose, mais pour lesquels le médecin risque d’avoir posé un diagnostic différent. Il est de notre devoir commun d’identifier de manière proactive les personnes qui sont ou ont été exposées aux risques des poussières composites et de les soumettre à un examen scientifique. Ce faisant, nous pourrons commencer à soumettre les travailleurs actuels et anciens à des examens. Les experts familiarisés avec le problème de l'amiante disent qu'il faut réagir très rapidement et qu'il ne faut pas attendre que des malades supplémentaires se manifestent d’eux-mêmes. Prenons exemple sur l'Australie, où les associations de médecins, les employeurs, les syndicats et l'Inspection du travail ont uni leurs forces pour lancer rapidement une vaste campagne de sensibilisation », conclut Steven Ronsmans.
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INFO: marc.dewilde@confederatiebouw.be Pour les mesures de protection nécessaires, consultez la Fiche Toolbox 2003 de Constructiv sur le danger de poussières de quartz. Surfez vers le site internet www.buildingyourlearning.be et cliquez sur le bouton « Bien-être ».
mai 2019 • Construction 39
CSTC
Nouvelle Note d’information technique sur les sols intérieurs en béton Publiée en ce début d’année, la nouvelle Note d’information technique n° 267 du Centre scientifique et technique de la construction est consacrée aux “Sols intérieurs en béton”. Ce sujet était d’ailleurs au menu de la dernière saison des “cours d’hiver” du CSTC. Le béton apparent, également coulé en place, le plus souvent pour la réalisation de colonnes ou de voiles, fait l’objet d’une NIT distincte : la NIT 268 (cf. second article dans cette édition). Intéressons-nous donc ici à ces sols bétonnés, de plus en plus demandés, tant dans le résidentiel que dans l’industrie …
À
ses débuts, le béton était une matière assez brute qu’on n’aurait pas rêvé de retenir pour le sol d’autre chose que, par exemple, un hangar de stockage peu fréquenté dont l’aspect esthétique serait sans doute la moindre des considéra tions. Les temps ont bien changé ! Quoi de plus séduisant en effet qu’un sol en béton comme on le réalise aujourd’hui : le matériau est devenu tel qu’on le prendrait quelquefois pour du marbre, lisse, luisant, résistant, homogène … et facile à entretenir en plus ! On comprend dès lors qu’à la vue d’un tel produit, le bouche-à-oreille ait fonctionné comme il se doit et que la demande pour ce type de sol ne fasse qu’augmenter. Les entrepreneurs désireux de proposer leurs services pour réaliser dans les règles de l’art un sol intérieur en béton sont, eux aussi, de plus en plus nombreux. Ce sol, quand il est terminé, semble si simple … mais détrompez-vous ! Pour obtenir un tel 40 Construction • mai 2019
résultat, il y a une kyrielle de choses à maîtriser, tant dans la conception du produit que dans sa mise en œuvre. Une seule négligence suffit parfois pour gâcher l’ouvrage ! Avant de se lancer,
mieux vaut donc avoir la parfaite maîtrise du sujet, acquise lors des cours d’hiver du CSTC et/ou grâce à la nouvelle NIT 267 sur les sols intérieurs en béton.
Les armatures sont là pour augmenter la résistance du sol en béton (© photo : Febelcem).
Sol en béton brossé (© photo : Kebro).
Tout un métier … et une multitude de critères à respecter
Un sol en béton, c’est comme une mayonnaise : pour qu’il “prenne” c omme il faut, il ne faut pas faire n’importe quoi ! Et si la recette de la mayonnaise est relativement simple, celle du sol en béton est nettement plus élaborée. Les ingénieurs de la division “Avis techniques” du CSTC ont ainsi, curieu sement, connu il y a quelques années une recrudescence d’appels liés à des cas de “délamination” de sols en béton (décollement de la couche d’usure). Après avoir éliminé diverses hypothèses, les chercheurs ont finalement découvert, par analyse microscopique, que le phénomène était dû à de l’eau de ressuage et à des minibulles d’air emprisonnées sous une surface polie … Question résolue depuis lors, mais qui démontre qu’on ne doit pas être avare de précautions pour réussir un sol en béton. Tout d’abord, il faut connaître le type d’utilisation : industrielle, résidentielle, commerciale, parking ? Avec ou sans chauffage par le sol ? On doit aussi déterminer la capacité portante de la dalle, limiter ses déformations et ses fissurations, tout en donnant sa cohésion à la couche superficielle dite d’usure, à laquelle certains mélanges spécifiques peuvent être appliqués. La composition du béton est importante, autant que sa mise en œuvre : quel ciment, quels granulats, de quelle taille, quelle proportion d’eau ? Autant de points qui doivent être spécifiés … et respectés ! Il y a des classes de résistance, d’environnement et de consistance à déterminer, sans oublier
Nombreux étaient les entrepreneurs venus se former à l'art du béton lors des "cours d'hiver" organisés par le CSTC en ce début d'année.
les mesures à prendre pour permettre au béton de résister aux produits chimiques et aux acides. Les armatures, bien choisies, bien calibrées et bien placées avant le coulage sont également de la première importance. Des normes récentes existent en toutes ces matières : la NBN EN 206 et la NBN B 15-001, explicitées dans la nouvelle NIT 267 qui traite aussi de l’épaisseur à donner aux dalles, des tolérances dimensionnelles, du calcul et de la vérification de la planéité, y compris lorsque le sol doit être en pente légère. Si l’aspect – teinte, brillance, etc. – est un critère à prendre en considération, son importance n’est pas primordiale pour un sol en béton. Des fibres peuvent apparaître en surface, pourvu qu’elles ne soient pas saillantes. De même, de petits trous sont admis, mais pas au-delà de 5 cm². Le faïençage à la surface du béton ne peut, quant à lui, être évité. La NIT est là pour expliquer les méthodes et techniques voulues : les contrôles préalables et les travaux préparatoires (coffrage, isolation, couches de désolidarisation, armatures, profilés de joint), le coulage, le compactage ou “serrage”, la finition de surface, les traitements de cure ainsi que l’exécution des joints de structure et de retrait.
Le temps qu’il faut … et le temps qu’il fait
Autre aspect mis en évidence dans le document, le temps est un facteur qui compte. Certaines opérations de finition de surface, comme le talochage et le polissage avec cet appareil qu’on
nomme “hélicoptère”, doivent être effectuées dans une fourchette de temps (“moment d’accessibilité”) bien déterminée : trop tôt, la machine risque de s’enfoncer, et trop tard, le béton n’a plus la plasticité qu’il faut ! Pour déterminer ce moment propice, on observe le léger enfoncement (6 mm) de l’empreinte du pas sur le béton ou – plus objectivement, car tout le monde n’a pas le même poids –, on vérifie l’enfoncement d’un poids donné dans le béton : à partir de “x” millimètres de profondeur, on sait qu’on peut commencer à talocher. Le temps est également compté pour la mise en œuvre d’un béton lorsqu’il arrive par camion-malaxeur de la centrale à béton. Quand on a spécifié qu’un béton doit rester ouvrable 100 à 120 minutes après sa production, il faut encore soustraire le temps du trajet, ce qui fait qu’on n’a parfois plus qu’une demi-heure pour le couler. Et si, pris de court, vous tentez d’ajouter de l’eau pour fluidifier votre béton, il n’aura plus les mêmes propriétés et ne méritera plus sa qualification BENOR … Quant au temps qu’il fait, il compte aussi, car la confection d’un sol en béton s’opère idéalement à une température comprise entre 5 et 25 °C. Pour savoir tout cela et bien davantage encore, lisez donc la NIT 267 !
•
RÉFÉRENCE : Cours d’hiver donné début 2019 par le CSTC sur les sols intérieurs en béton à l’occasion de la sortie de la NIT 267. Seul ce document original peut être cité en référence. Il est librement téléchargeable par les membres du CSTC sur le site www.cstc.be.
mai 2019 • Construction 41
CSTC
Nouvelle norme pour le béton apparent Publiée en début d’année, la nouvelle Note d’information technique n° 268 du CSTC est consacrée au “béton apparent” et aux exigences esthétiques à respecter selon la nouvelle norme belge NBN B 15-007 applicable à ce type de béton. Le béton apparent est celui qui est coulé en place, le plus souvent pour la réalisation de colonnes ou de voiles, par opposition au béton architectonique, préfabriqué. Attention : les sols en béton, également coulés en place, ne sont pas repris dans la NIT 268, mais font l’objet d’une NIT distincte : la NIT 267 (cf. article séparé).
L
a norme NBN B 15-007 s’applique donc au béton apparent coulé en place, à l’exclusion de la partie supérieure non coffrée des sols en béton.
Six types et trois classes
Il y a six types de béton apparent : 1. surface coffrée, brute et lisse (cas le plus courant) 2. surface coffrée, brute et finement texturée (obtenue avec une nappe de coffrage à perméabilité contrôlée, par exemple) 3. surface coffrée, brute et grossièrement texturée (générée par les nervures de planches de coffrage, par exemple) 4. surface coffrée, traitée et lisse ou finement texturée (béton grenaillé ou poli, par exemple) 5. surface coffrée, traitée et grossièrement texturée ou à relief (béton bouchardé ou lavé, par exemple) 6. surface non coffrée et traitée (haut de muret lissé, par exemple). Dans chaque catégorie, il y a trois classes possibles : A, B et C. Chaque classe 42 Construction • mai 2019
reflète un certain niveau d’achèvement selon les quatre critères que sont la texture, le nombre et la dimension des bulles d’air, l’homogénéité de la teinte et les tolérances de forme. La classe C (classe par défaut) est celle dont les exigences sont les moins sévères. La classe B est intermédiaire et la classe A, la plus sévère, est celle qui donne le plus beau résultat, comme pour la Maison du Port à Anvers (cf. photo), mais en faisant aussi grimper les délais et les coûts. Elle demande d’ailleurs une grande expérience. • Les défauts de texture désignent à la fois les nids de gravier, cavités, ondulations, zones rugueuses dues à des traînées de sable ou situées le long des joints et des arêtes, empreintes du cadre de coffrage, traces d’impact ou percements (trous d’entretoise) ou fissures apparentes. Plusieurs méthodes existent pour les évaluer. • La présence plus ou moins importante de bulles d’air se mesurait autrefois par comparaison du pare-
ment en béton avec une “échelle de bullage” (rapport CIB n° 24). Une méthode plus objective lui est aujourd’hui préférée : l’image numérique à partir de laquelle la fraction de la surface occupée par des bulles d’air peut être calculée. • L’homogénéité de la teinte se m esure sur tout le champ d’observation du béton et sur une surface sèche, sans lumière rasante. Le nombre admissible de gradations sur une nouvelle échelle des gris est de 5 en classe C, mais de 3 seulement en classe A. Pour éviter l’influence des conditions de lum ière ambiante, la solution est le colorimètre, appareil de mesure ayant sa source de lumière interne. À noter que pour les bétons colorés (rouges et autres), ce critère d’homogénéité de la teinte ne peut en principe s’appliquer tel quel et doit faire l’objet d’une convention préalable avec l’architecte et l’entrepreneur. • Les tolérances de forme visent l’alignement des éléments super
Le top : un béton apparent de classe A, pour la Maison du Port à Anvers (© photo : Zaha Hadid Architects/ Studieburo Mouton/Interbuild).
posés, la courbure horizontale d’une poutre, la planéité d’une surface coffrée, la rectitude des arêtes, le désaffleurement entre surfaces adjacentes ou encore la position et les dimensions des baies et réservations. Ici encore, diverses méthodes de mesure ont été recensées.
Pas de “tolérance zéro”, mais plutôt la “règle des 5 %”
S’il y a évidemment des limites à respecter, il y a aussi des tolérances admises. En cas de dépassement de certains critères, on vérifiera si l’écart constaté a ou non un impact négatif sur la valeur architecturale de l’ensemble de l’ouvrage. En cas de litige, le maître d’ouvrage ne peut refuser les travaux si moins de 5 % des résultats de contrôle se situent hors des tolérances prévues pour la classe considérée, tout en restant admissibles dans la classe de béton apparent immédiatement inférieure.
Comment y arriver ?
La conception et la spécification du béton apparent sont un préalable. Par rapport au béton traditionnel, le surcoût est d’autant plus important que la classe visée est élevée. Un autre choix préalable est celui à opérer entre béton apparent et béton architectonique. Le
second permet en principe une parfaite maîtrise de tous les paramètres, tandis que le premier donne d’excellents résultats si les règles de l’art sont respectées. Ce résultat dépendra toutefois notamment des conditions climatiques. L’architecte, mais aussi quelquefois l’entrepreneur définiront, dans les spécifications d’exécution, les points suivants : la désignation des parties à réaliser en béton apparent, le type de béton choisi, la classe visée, la position et la forme éventuellement requise pour les joints de coffrage, la finition qu’on donnera aux trous d’entretoise (difficiles à reboucher avec du mortier !), la forme éventuellement requise pour les arêtes, la position souhaitée pour les joints de reprise et de dilatation, les têtes de vis et de clou à détailler ou non, la teinte de gris, la maquette ou “mock-up”, les exigences relatives au coffrage, les constituants, la composition, le transport et la production du béton, sans oublier les détails de mise en œuvre. D’autres considérations peuvent aussi intervenir lors de la conception, notamment les détails d’armatures qui ne doivent pas entraver les opérations de coulage et de compactage. Le choix du matériel et des maté riaux ainsi que leur mise en œuvre sont essentiels également. À commencer par
le coffrage, avec sa structure et sa peau coffrante. On trouve même des matrices de coffrage structurées, en caoutchouc, permettant d’imprimer des motifs très variés à la surface du béton. Quant aux joints, plutôt que de les cacher, on peut décider de les accentuer à l’aide de profilés. L’huile de décoffrage est importante. Il faut bien la choisir et la doser en sachant que sa viscosité varie avec la température ambiante. Autres paramètres qui ont des répercussions sur le parement : la composition du béton (quel ciment, quels granulats, adjuvants, pigments … et dans quelle proportion ?) ainsi que les armatures. Last but not least, la réussite d’un béton apparent est une question de mise en œuvre, avec un bétonnage et un décoffrage dans les règles, par un temps ni trop chaud ni trop froid … Autant de points détaillés dans la NIT, illustrations et photos à l’appui, de même que les opérations de finition, de traitement, de réparation et de protection du béton apparent.
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RÉFÉRENCE : Cours d’hiver donné début 2019 par le CSTC sur le béton apparent, à l’occasion de la prochaine sortie de la NIT 268. Seul ce document original peut être cité en référence. Il est librement téléchargeable par les membres du CSTC sur le site www.cstc.be.
mai 2019 • Construction 43
L'INNOVATION EN PRATIQUE
Kamp C construit le logement « imprimé » le plus haut du monde À Westerlo, Kamp C, le centre provincial anversois pour la durabilité et l'innovation, vient de mettre en service ce qui est pour l'instant la plus grande imprimante 3D du monde. Dans les mois à venir, elle devra imprimer une maison de deux étages dans un haut hangar construit avec de vieux conteneurs.
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opter afin de parvenir à une impression aussi ette maison deviendra alors le performante que possible ? La réponse à cette logement « imprimé » le plus haut question diffèrera vraisemblablement d'une du monde. Des constructions application à l'autre. Il nous reste à trouimprimées en 3D, plus grandes et plus ver quelles sont précisément ces différences ». élevées, existent déjà ailleurs dans le monde. « Mais celles-ci ont été imprimées sous Des recherches sont encore nécessaires forme d'éléments séparés, qui ont ensuite été en ce qui concerne l'armature du béton, assemblés. Ici, nous comptons imprimer la par ailleurs. « À l'heure actuelle, nous ne première maison complète en 3D », précise savons pas encore s'il est nécessaire d'intégrer Peter-Paul Van den Berg, le directeur. une armature aux éléments imprimés. Et si Kamp C a commandé cette imprimante cela s'avère nécessaire, la question se pose de Pour l'instant, le béton ne comprend pas encore de sur mesure auprès du fabricant spécialisé savoir comment procéder pour obtenir une granulats lourds Cobod, au Danemark. L'objectif est avant efficacité maximale, et aussi de ce qu'en dira (Photo : Koen Mortelmans). tout de convaincre le secteur flamand de la le législateur ». construction du potentiel de cette techniOutre Thomas More, l'Université de que novatrice, à l'aide d'exemples pratiques. Gand prend, elle aussi, une part active Les étudiants de la filière construction de la haute école Thomas au projet. Le laboratoire Magnel, de l'UG, mène actuelleMore se chargeront du travail pratique avec l'imprimante et la ment des recherches fondamentales sur les matériaux afin d'améliorer les matériaux traditionnels à base de ciment pour bétonnière dans le hangar. l'impression en 3D par extrusion. Il étudiera également les De quoi expérimenter à cœur joie propriétés mécaniques et les aspects liés à la durabilité des Voici cinq ans environ, quelques universités belges ont structures imprimées en 3D. lancé les premiers projets de recherche sur l'impression en 3D d'éléments de construction. La technique arrive à maturité Des entrepreneurs Les autres partenaires du projet sont le bureau d'architectes pour la phase suivante. « Nous sommes au stade où nous sommes en mesure de mettre toutes ces connaissances théoriques en prati- Trias, le prestataire de services Vicré, Saint-Gobain Weber Belque », commente Kai Van Bulck de Kamp C, qui coordonne gique et les entreprises de construction Etib/Concrete House le projet. « L'objectif principal est de surmonter les défis techni- (Olen), Beneens (Olen) et Groep Van Roey (Rijkevorsel). ques auxquels la technologie doit encore faire face, par « trial and L’objectif est de donner, vers l'automne, à d'autres entreprises de error ». Bref, les élèves de Thomas More sont libres d'exprimer construction (ainsi qu'aux instituts d'enseignement et de recherche) l'opportunité de tester l’imprimante. « Toutefois, au cours de leur créativité à leur guise. L'un de ces défis, c'est la question du matériel. L'imprimante la phase de lancement du projet, nous nous en tiendrons à trois », en question se prête surtout à l'impression d'éléments de con- explique Alex Van Olmen, administrateur délégué d'Etib/Construction en béton. « Mais pour quelle composition du béton crete House. « Nous ne sommes pas un groupe fermé, mais avec 44 Construction • mai 2019
Kamp C a commandé l'imprimante sur mesure, auprès du fabricant spécialisé Cobod, au Danemark (Photo : Koen Mortelmans).
de tels projets, il deviendrait ingérable de commencer avec des dizaines de partenaires à la fois ».
Une liberté de formes
impliqués dans les objectifs durables de Kamp C et nous nous sommes immédiatement inscrits lorsqu'il a lancé un appel à partenaires pour le projet 3D ». « L'impression en 3D est tout à fait en phase avec les solutions que nous recherchons aux problèmes actuels dans le secteur de la construction », explique Geert Verachtert, directeur de la stratégie et du développement commercial chez Groep Van Roey. « Elle peut aider à industrialiser davantage les processus de construction, afin de réduire les coûts des erreurs, la consommation d'énergie et les émissions de CO2 et de réduire les flux de déchets. Au cours de l'expérimentation, nous pourrons en apprendre beaucoup et peut-être dégager des idées pour de nouvelles applications ». « L'apport des entreprises de construction est toutefois essentiel », souligne Alex Van Olmen. « Nous confions aux élèves certaines tâches spécifiques et les aidons à dessiner les concepts. Par exemple, c'est également sur la base des données fournies par les entrepreneurs que les dimensions de l'imprimante ont été choisies ».
Parmi les grands avantages du procédé, Alex Alex Van Olmen Van Olmen pointe surtout la liberté de formes (Etib/Concrete House) pour l'architecte. « Avec les techniques actuelles, elle existe, mais l'utilisation de formes compliquées, créatives et non répétitives fait grimper la facture. Avec l'impression en 3D, il est possible de créer des éléments préfabriqués en béton, en leur donnant, pièce par pièce, une forme unique, sans peser sur les coûts de production ». Pour Alex Van Olmen, le projet se décompose en quatre phases. « Nous travaillons aujourd'hui avec Joeri Beneens (Beneens) du mortier fin. Par la suite, nous voulons tester des mélanges avec des granulats plus grossiers. Dans un troisième temps, nous allons tenter l'ajout de matériaux fibreux. Et la dernière phase consistera à combiner cela avec d'autres matériaux, comme des polymères ». Pour un modeste bâtiment de deux étages, l'armature n'est pas nécessaire. « Mais il est clair que l'armature traditionnelle et les méthodes L'aspect financier d'application de l'armature dans le béton ne sont pas Geert Verachtert Pour son projet d'impression en 3D, Kamp C adaptées à cet usage. Peut-être devrions-nous dévelop(Groep Van Roey) per un système de grille, afin que l'armature puisse bénéficie de 668.320 € de soutien européen, et de être intégrée après l'impression ». 723.000 € de la province d'Anvers. Les fonds ont principalePour Kai Van Bulck, la phase d'essai de Kamp C convaincra ment été consacrés à l'achat de l'imprimante, qui représente enfin le secteur flamand de la construction. « Dès que nous pour- environ un demi-million d'euros. « Nous cultivons également rons montrer quels éléments il est possible d'imprimer et où sont les l'ambition de construire le premier bâtiment industriel circulaire en gains d'efficacité, le secteur franchira le pas », espère-t-il. Flandre », ajoute la députée Kathleen Helsen. « Nous allons procéder à une adjudication à ce sujet, mais pas sur la base du prix le plus Implication bas, plutôt sur la base de la motivation et de la vision », poursuit Joeri Beneens, gérant de Beneens, est convaincu que la mai- Peter-Paul Van den Berg. « La formule actuelle de l'adjudication son imprimée sera terminée dans l'année. « Je ne m'attends tou- sur la base du prix stimule trop peu l'innovation. C'est pourquoi tefois pas à ce qu'elle soit habitée. Elle servira d'abord de bâtiment nous intégrons déjà le prix définitif dans l'appel d'offres ». de démonstration. Nous nous sommes toujours sentis fortement INFOS : www.kampc.be/innovatie/projecten/c3po
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DIGITAL CONSTRUCTION BRUSSELS 2019
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UN « SILVER PARTNERSHIP» Le Centre de recherches routières (CRR) a été le premier à conclure un Silver Partnership avec Digital Construction Brussels. L’institut bénéficiera ainsi d'une attention accrue dans la communication relative à l'événement.
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a Confédération et le CSTC sont conscients de ce que notre secteur ne peut ignorer la numérisation. Mais la fédération professionnelle a à cœur que vous soyez en mesure de poser les choix les plus adéquats pour votre entreprise. C'est pour cette raison que Digital Construction Brussels a vu le jour en 2017 et que le salon place au centre de ses préoccupations les besoins et les questions des entreprises de construction. Et cette année aussi, il y en aura pour tous les goûts à DCB. Débutant
ou confirmé, grande ou petite entreprise, il y aura de tout, pour tous. L'offre est particulièrement vaste : des outils pour numériser votre gestion, des logiciels pour planifier et suivre les travaux, le BIM, l'impression en 3D, la robotisation, les drones, l'ERP, l'enregistrement des présences, la facturation électronique, ou encore le track & trace.
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Cet événement ne pourrait avoir lieu sans nos nombreux sponsors. Merci d'avoir, cette année encore,
répondu en masse à notre appel. Digital Construction Brussels, c'est bien plus qu'un salon classique. Outre les stands des exposants, nous vous offrons également la possibilité de participer à nombre de séminaires et de séances d'information, ou encore de venir assister à des démonstrations dans les zones prévues à cet effet. Cette année, Digital Construction passe à l’international avec son « Symposium BIM International » de deux jours. Des ateliers seront également proposés, lors desquels vous pourrez vous essayer à diverses technologies.
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La Confédération participe au projet européen Blueprint Notre secteur évolue au quotidien. Et les besoins en profils nouveaux, difficiles à trouver, augmentent. C’est dans ce contexte, et pour permettre à davantage de travailleurs de disposer des compétences nécessaires, que la Confédération prend part à un projet de la Commission européenne, baptisé Blueprint, aussi dénommé « Construction Blueprint ». Ce projet rassemble 3 organisations sectorielles européennes, 9 représentants sectoriels nationaux, dont la Confédération Construction et 12 centres
de formation répartis dans 12 pays de l’UE, dont l’IFAPME. Premièrement, la Confédération Construction analysera les discordances entre les compétences actuelles et celles du futur ; elle examinera le nombre de travailleurs à former, et développera des mesures pour remédier à l'inadéquation actuelle entre l'offre et la demande. L'objectif est de dégager les bonnes pratiques et initiatives novatrices, de sorte qu'elles puissent également être appliquées dans d'autres Etats membres.
Au final, les compétences des travailleurs devront progresser sur le plan de la numérisation, de l'efficacité énergétique et de l'économie circulaire, et celles-ci devront faire l'objet d'une certification. Une campagne de sensibilisation à grande échelle sera également mise en place. Le projet a commencé au début du mois de janvier et durera jusqu’à la fin 2022. « Blueprint est un projet ambitieux, mais vital pour notre secteur. Les compétences nécessaires dans la construction évoluent à un rythme accéléré. Notre secteur doit se montrer proactif et prendre les devants », a commenté Robert de Mûelenaere, l’administrateur délégué de la Confédération Construction.
4 939 420 L’année dernière, la Belgique comptait 4 939 420 ménages. En 2030, selon le Bureau fédéral du Plan, on en comptabilisera 5 256 940, soit une augmentation de 6,4 %. Mais la population dans son ensemble va seulement augmenter de 4,5 % jusqu’à 11,9 millions de Belges. Le nombre de ménages augmentera donc plus vite que la population. Cela est dû à la part croissante des ménages d’une personne : 35 % l’année passée et 37 % en 2030. La demande en logements compacts devrait donc augmenter. Le Bureau du Plan s’attend à une relative diminution des ménages avec enfants (couples mariés, couples non mariés et familles monoparentales ensemble). Leur part passera de 38 à 36 %. Evoquons aussi les couples sans enfants (25 %) et les autres types de ménages (2 %). Leur part devrait rester à peu près stable.
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LANCEMENT DU TB370 !
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