Jardins Fabriques - constructlab reader

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JARDINS FABRIQUES



Les jardins Fabriques se déploient au sein des Haras Nationaux d’Annecy dans la grande frange arboré qui marque la transition entre l’espace urbain et le coeur du site. Entre les arbres majestueux (dont les deux séquoias géants qui dominent le site) prennent place trois jardins vivants, aux mouvements constants. Chacun de ces trois lieux se construit en convoquant des savoirs-faire spécifiques : culture du sol, production agricole et jardinière, architecture. Ainsi, vont progressivement apparaître, au sud un champ d’orge et une cathédrale de houblon, au centre un volcan aux pentes plantées d’aromatiques, au nord un aqueduc de récupération d’eau qui alimente une champignonnière... Au fil des saisons les états différents vont se succéder, de la terre labourée aux plantations arrivées à maturité... Ce sera alors l’occasion de partager les productions de cet étrange jardin, lieu de rencontre, lieu de nature, lieu d’événements rythmant les récoltes (dégustation de champignons, de thé, de pain, de bière, etc).


HISTOIRE DES HARAS Les Haras nationaux sont l’une des plus anciennes administrations françaises. C’est à Colbert que l’on doit leur création en 1665 ; le conseiller de Louis XIV, alors préoccupé par la production chevaline considérée comme richesse nationale, institue les «étalons royaux» achetés par l’État et confiés à des «gardes-étalonniers». Supprimés en 1790 lors de la Révolution française, les Haras nationaux sont rétablis en 1806 par Napoléon. L’Empereur, dont les campagnes nécessitent de nombreux chevaux, décide de la création de 30 dépôts d’étalons ; celui d’Annecy est d’abord installé dans l’ancien couvent des dominicains, près de l’église Saint-Maurice. Lors du rattachement de la Savoie à la France en 1860, le Haras national est maintenu à Annecy et son transfert sur le site actuel


décidé en 1874. Le chantier de construction débute en 1880, le déménagement a lieu en 1882, mais les travaux ne sont terminés qu’en 1885. En 1903, une quatrième écurie est construite pour accueillir jusqu’à 125 étalons entre 1910 et 1920, contre une soixantaine de pensionnaires aujourd’hui. Les bâtiments sont enserrés dans un tissu urbain dense ; cela implique des contraintes de fonctionnement et de voisinage mais constitue également une richesse paysagère et culturelle au cœur de la ville. L’évolution du site est en cours, les haras transfèrent leurs activités, le site est en attente d’une nouvelle programation. Celui-ci est inscrit aux Monuments historiques.


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CHAMPS

Une zone de culture extensive et de production: blé, orge, céréales diverses en stade herbacé, houblon, vigne sur treille, tuteurs, pergolas dessinées en stade grimpants. Un laboratoire de production : une cathédrale de houblon, un moulin à farine et ses espaces de transformation associés pour la production de pain, d’huile et de bière. À terme une plateforme, chemin de ronde, circulation en hauteur sur ponton fabriqué: un point de vue sur les champs qui permet par ailleurs la cueillette en hauteur des produits sur treille

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VOLCA

Un amphithéâtre en bo ment pour la cérémoni

Un modelage du sol, ter couverts végétal divers.

L’invention de points d

Un zone de fabrique et boissons chaudes avec élaboration de parfums


AN

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ois, foyer de rassembleie du thé.

Une champignonnière dans cabane existante avec point de vue sur l’extérieur: caméra obscura et odeurs de sous bois.

rrassement en buttes et .

Un réseau de collecte d’eau de pluie en structures aériennes

de vue au sol vers le ciel.

Un bassin de récupération et de stockage de l’eau, système de noria pour diffusion et alimentation en eau du jardin.

t de rencontre/partage: c arômatiques récoltés, s....

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AQUEDUC

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LES SAVOIRS FAIRE


Pour mener à bien le projet, des interlocuteurs repérés dans la région ont été mobilisés. Ces parrains des savoirs-faire ont formé les étudiants aux techniques de brassage de bière, d’apiculture et de culture des champignons.

LA PLEUROTE GRISE LE RUCHER LA BIÈRE


NOUS C’QU’ON KIFFE C’EST -MANGER DES CHAMPI ! -TRIPPER DANS LES GROTTES ! -JOUER DU ROCK ! -ET VOYAGER...


LA PLEUROTE GRISE


LA PLEUROTE GRISE Le genre Pleurotus, de leur nom vernaculaire, les pleurotes sont un groupe d’une cinquantaine d’espèces de champignons basidiomycètes à pied excentré. Les pleurotes poussent dès le printemps entre mars et mai, puis à nouveau à l’automne sur les troncs et les souches de hêtres, chênes, frênes, ormes, peupliers, en touffes serrées et parfois très volumineuses. La plupart sont de bons comestibles, mais très souvent attaqué par les larves ; pour cette raison, il vaut mieux les récolter jeunes. Certains sont cultivés. Certains ont des propriétés anticancéreuses comme chez Pleurotus ostreatus. Pour la culture sur paille, procurez-vous de la paille de blé ainsi que des rafles de maïs. Mélangez-les bien et hachezles menu. Ajoutez un peu de chaux éteinte et arrosez d’eau presque bouillante pour désinfecter le support. Laissez ainsi une demi-heure. Lorsque le support est refroidi, égouttez-le et ensemencez-le avec le blanc de pleurote. Brassez le tout, puis placez ce mélange dans un sac en plastique que vous fermez soigneusement. Installez-le à une température comprise entre 20 et 25 °C pendant 3 semaines. Si vous avez plusieurs sacs, empilez-les afin de former une sorte de mur. Sur la façade avant, découpez le sac pour laisser apparaître le support de culture. Maintenez toujours humide. La cueillette se pratique au fur et à mesure des besoins.






LE RUCHER


LES ABEILLES Les abeilles sont des insectes. Il en existe environ 20 000 espèces dans le monde. Les abeilles mellifères (à miel), appelées aussi abeilles domestiques, sont celles que l’homme connaît le mieux parcequ’il les élève dans des ruches pour leur miel. Elles se répartissent sur tous les continents et vivent en collectivité. Les abeilles sont apparues sur terre avec les plantes à fleur. La plus ancienne, retrouvée dans l’ambre, a vécu il y a 80 millions d’années environ. Les abeilles d’il y a 30 millions d’années ressemblaient déjà à nos abeilles domestiques.

L’APICULTEUR À la préhistoire, déjà, l’homme traquait le miel en le récupérant là où les abeilles faisaient leur nid, dans des endroits souvent difficile d’accés. Il avait découvert que cette substance extraordinaire a un agréable goût sucré. Puis il a compris qu’il pouvait le récolter prés de chez lui en construisant pour les abeilles des abris qu’on appelle des ruches. C’est ainsi qu’il est devenu apiculteur, c’est à dire éleveur d’abeilles. L’apiculteur est née environ 3 000 ans avant notre ère, en Egypte. Aujourd’hui, ce métier est pratiqué sur tous les continents.




LA BIÈRE


LA BIÈRE La fabrication de la bière consiste à produire une boisson alcoolisée par la fermentation d’un moût de céréales dont les sucres complexes ont été rendus fermentescibles. Brassée jadis dans chaque maison de façon artisanale, la bière est aujourd’hui fabriquée à diverses échelles dans des brasseries, par des maîtres brasseurs. Composition de la bière eau : absolument de très bonne qualité. Il en faut six à huit litres pour fabriquer un litre de bière ; malt : en général de l’orge germé caramélisé, parfois du froment ou du seigle ; houblon : pour l’amertume, les arômes, l’aseptisation et la digestibilité ; levures : permettent la fermentation alcoolique mais donnent aussi le goût et le parfum ; grains crus (éventuellement) : maïs, riz, seigle, avoine, épeautre; succédanés (éventuellement) : glucose, saccharose, Invertase, maltodextrine, dextrose.




CONSTRUIS TOI MÊME



DÉCROCHES LA FEUILLE CENTRALE DÉCOUPES PLIES



LE CHANTIER DANS LES JARDINS DU HARAS






LE VOLCAN



C’est une butte, une colline d’où sortent quelques fumerolles odorantes. De plus près, c’est le cratère d’un volcan qui s’ouvre sur les entrailles d’une scène circulaire. Une arène se découvre dans la saignée du talus, par laquelle on peut pénétrer jusqu’au centre. C’est là le lieu d’un huis-clos circulaire dont les gradins étroits et escarpés s’élèvent jusqu’à trois mètres au dessus du sol. La structure en bois brut rappelle les petits théâtres shakespeariens. Mais ici se joue quelque chose de moins dramatique et de plus chaleureux. Un poêle chauffe un récipient d’eau, dans lequel vont s’infuser différentes herbes aromatiques qui croissent tout autour. Le promeneur est invité à les cueillir et à les faire macérer dans le chaudron pour ensuite le déguster. Au sommet se déploie un nouveau point de vue sur les environs plantés de végétaux odorants. Ici s’accomplit une opération de production/transformation située dans un lieu de convivialité, de repos, contemplatif sous la frondaison des arbres et actif dans ses différents usages. L’ensemble est complété d’un rucher. Immeuble pour abeilles, il accueille six colonies de travailleuses. La petite construction se pose sur une base en arc de cercle qui s’ouvre au sud.


Dessin Meng Shi






L’AQUEDUC



Les ouvrages hydrauliques du jardin : canalisations, rigoles, bassin sont souvent creusés dans la terre, distribuant le liquide dans les différentes zones à irriguer. Ici, au contraire, s’invente un ouvrage aérien qui transporte l’eau de pluie qui ruissèle des toits. Récupérée à 6m de hauteur, elle s’écoule dans de longues gouttières en bois jusqu’à un bassin de récupération construit hors sol. L’aqueduc perché sur des structures pointues aux allures instables, déploie à ses pieds de multiples usages. Ici un belvédère, là une balançoire... et des tables de pique-nique qui s’offrent à la dégustation de champignons élevés un peu plus loin. L’eau récupérée est en effet employée pour l’alimentation d’une champignonnière. Les pleurotes y poussent au sein de petits ballots mycorisés, installés sur de vastes chariots roulants. Les champignons sont sortis la journée et rentrés dans la cabane le soir venu. La production, de plusieurs tonnes à l’année, sera à partager avec les visiteurs.


Dessin Meng Shi


Dessin Meng Shi



C’est un champ en ville, 800 m2 de culture horizontale planté d’orge (Hordium). Au centre, un mât metallique domine de six mètres le site comme une perche vers le ciel, un gréement haubané qui rappelle la couronne d’un chapiteau ou encore la structure d’un “tipi” sur dimensionné. Au fil de la belle saison, les tiges de houblon (Humulus Lupulus) vont grimper le long des câbles et transformer l’armature en tonnelle, comme une gloriette de jardin. En fond les mêmes tiges ligneuses coloniseront des grilles de chantier, transfigurées en murs végétaux. Ici se fabrique une production de jardin en ville ; les céréales y sont cultivées, transformées, le houblon séché. Du pain, des boissons sont produits et consommés au sein même de cet espace au cours d’une rencontre festive après récolte. L’espace public du jardin est ici cadencé au cours des saisons en champ de contemplation, champ de production et champ de transformation ; renouvelant l’écriture artificielle du jardin de ville afin d’activer un espace de fabrication puis de rencontre.


LE CHAMP




Jardins Fabriques est mené par Bonlieu Scène Nationale, l’École Supérieure d’Art de l’Agglomération d’Annecy et le service des espaces vert de la Ville d’Annecy. Il est coordonné par Salvador Garcia (BSN), Stéphane Sauzedde (ESAAA) et Christophe Ferlin (Espaces Verts). Le projet est conçu et réalisé par les étudiants du département Design & Espace de l’ESAAA sous la direction d’Alexander Römer (architecte et charpentier, membre du collectif constructlab) et Emmanuel Louisgrand (artiste jardinier), ils sont épaulés par Jean-Luc Bersoult, Thibaut Candela, Gonzague Lacombe et Manu Maccaigne. La coordination pédagogique est assurée par Naïm Aït-Sidhoum, Gilles Perdu et Didier Tallagrand. Ont conçu et réalisé le rucher : Dorian Degoutte et Léa Larousse Ont conçu et réalisé le champ : Jérémy Lanchon et Marion Raimbault. Ont conçu et réalisé le volcan : Adeline Dusart, Caroline Lannier, Ly Yusha, Marie-Amélie Maillard, Célia Ouardas, Inès Rias, Meng Shi et Clémentine Viallon. Ont conçu et réalisé l’aqueduc : Diane Aubrun, Ophélie Carpentier, Hind Chahoub, Angélique Pichon, Roxanne Spang, Dalal Tamri. La coordination technique au sein de Bonlieu Scène Nationale est assurée par Marion Hyugues Despointes, Jean-Yves Papalia et Gildas Burille. Au sein du service des espaces verts de la ville d’Annecy, la mise en œuvre technique des jardins a été assurée par Franck Baudier, Xavier Defaux, Philippe Guers et son équipe. Sont associés au projet : M.Altermatt (brasseuse), Damien Grava (champignonnier membre du collectif Saprophytes), M.Audouy (champignonnier) et M.Boule (apiculteur). Au total se sont plus de 50 personnes qui œuvrent à la réalisation des Jardins Fabriques.


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