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Anesthésie et myasthénie S. Lammens, B. Eymard, B. Plaud La myasthénie est une maladie auto-immune responsable d’une fatigabilité et d’une faiblesse de la musculature striée squelettique. Elle est plus fréquente chez les femmes. La myasthénie est liée à des autoanticorps dirigés contre les récepteurs post-synaptiques à l’acétylcholine entraînant un blocage de la transmission au niveau de la plaque motrice. D’autres maladies auto-immunes peuvent y être associées. Le traitement repose sur les anticholinestérasiques et les immunosuppresseurs ainsi que le respect des médicaments contre-indiqués pouvant aggraver les symptômes. Les poussées aiguës peuvent nécessiter le recours aux immunoglobulines intraveineuses ou des plasmaphérèses. Le thymus serait à l’origine du déclenchement et de l’entretien de l’auto-immunisation dans la myasthénie. Le recours à l’anesthésie peut ainsi s’effectuer dans le cadre spécifique d’une thymectomie mais également pour une chirurgie en urgence ou bien un acte d’obstétrique. La prise en charge périopératoire, pluridisciplinaire, nécessite une évaluation préopératoire tenant compte notamment de la gravité basée sur des scores cliniques (score musculaire fonctionnel de la myasthénie notamment), modifie les schémas d’utilisation des agents anesthésiques (curares notamment), impose une surveillance postopératoire en unité de surveillance continue, en réanimation ou à proximité immédiate. Dans la plupart des cas l’évolution postopératoire est simple, superposable à une population normale. Néanmoins, le risque de complication postopératoire est documenté et concerne essentiellement la fonction respiratoire. Dans ce contexte deux formes graves doivent être distinguées : la crise myasthénique (poussée aiguë de la maladie) et la crise cholinergique (surdosage en anticholinestérasiques). © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Myasthénie ; Anticholinestérasiques ; Thymectomie ; Curares ; Obstétrique
Plan ¶ Introduction
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¶ Physiopathologie de la transmission neuromusculaire appliquée à la myasthénie 2 ¶ Diagnostic, traitement
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¶ Stratégie de la prise en charge anesthésique Évaluation préopératoire
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¶ Modifications induites par les médicaments de l’anesthésie Curares
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¶ Surveillance instrumentale de la curarisation
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¶ Agents anesthésiques inhalés
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¶ Agents anesthésiques intraveineux
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¶ Anesthésie locorégionale
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¶ Cas particulier de la grossesse
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¶ Période postopératoire
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¶ Conclusion
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■ Introduction La transmission neuromusculaire est un mécanisme physiologique complexe permettant la communication entre la Anesthésie-Réanimation
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terminaison nerveuse d’un neurone moteur d’une part, et le muscle strié squelettique d’autre part. La connaissance de la physiologie neuromusculaire revêt une grande importance en anesthésie puisque le site d’action des curares est précisément le récepteur nicotinique à l’acétylcholine de la plaque motrice. Il en est de même pour la physiopathologie neuromusculaire, déterminante pour la pratique anesthésique, car certains patients proposés pour une chirurgie présentent une anomalie de cette transmission neuromusculaire. Quand il existe une anomalie de la transmission du message nerveux, il faut distinguer les pathologies touchant le récepteur nicotinique à l’acétylcholine de la plaque motrice telle la dérégulation du récepteur (dite basse comme dans la myasthénie ou bien haute par lésion du neurone moteur ou brûlures étendues par exemple), des anomalies de la libération du neurotransmetteur (l’acétylcholine) tel le syndrome myasthénique de LambertEaton ou iatrogène [1]. Ces maladies sont rares et, en dehors des centres spécialisés, la pratique médicale en général, anesthésique en particulier, y est peu confrontée. La myasthénie est une maladie auto-immune responsable d’une fatigabilité et d’une faiblesse de la musculature striée squelettique. Elle constitue, à l’heure actuelle, la mieux connue des maladies auto-immunes tant sur le plan de la physiopathologie que du traitement [2, 3]. La connaissance de cette pathologie par le médecin anesthésiste réanimateur est importante. L’anesthésie peut entraîner des modifications chez ces patients du fait de l’interaction de nombreux médicaments avec la jonction neuromusculaire. Elle
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