n o i t c A f a r Co PROD
rg oraf.o www.c
UC
RS TEU
ET
UT
TEU ILISA
U RS A
CEN
A DE L TRE
RECH
3e bimestre 2015
HE ERC
AGRI
COL
N° 78
LETTRE D'INFORMATION BIMESTRIELLE POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLES EN AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE
Sénégal-Cameroun
Pas de doute que les technologies de lutte contre les ravageurs du maïs et du niébé sont probantes
Accroître la productivité agricole et promouvoir les technologies après-récoltes a pour toile de fond une situation malencontreuse où les pertes sont incontestablement très élevées. Et ceci est d’autant plus problématique qu’elles touchent essentiellement les deux spéculations de base que sont le maïs et le niébé. C’est ce qu’indique le rapport 2012 du Projet post-récolte. Suite.
C
’EST UNE CHOSE D’AVOIR POUR VISÉE d’arriver à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté en Afrique de l’Ouest et du Centre par la valorisation de techniques de conser-
vation et de transformation du maïs et du niébé. C’en est une autre d’en emprunter le chemin truffé d’embûches à lever par des activités concrètes, concertées et partagées. Il faut donc un plus. C’est
pourquoi, le seul fait d’en prendre conscience et de s’y essayer, c’est déjà franchir un grand pas ! C’est ce que tente, depuis 2011, le Projet post-récolte mis en place par les SNRA de quatre pays
E
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DE LA RECHERCHE REGIONALE
œuvre du deuxième volet, en serrant davantage l’étau autour de la transformation du seul niébé, vu les avantages comparatifs dont dispose le pays. Des unes comme des autres, il est respectivement attendu l’atteinte d’un certain nombre de résultats, à la fin du Projet sous-régional. Faire en sorte que des produits bruts et (ou) des extraits d’espèces potentielles de plantes soient identifiés et les bases biologiques de leur efficacité expliquée. Faire en sorte que les molécules responsables de l’effet observé le soient aussi et leurs quantités déterminées. Trouver des terres à diatomées efficaces et (ou) d’autres substances inertes et les appliquer à la conservation des produits. Rendre disponibles des formules alimentaires de farines infantiles à base de maïs et de niébé. Mettre au point des produits diversifiés à haute valeur ajoutée appréciés par le consommateur. Et renforcer les capacités des acteurs des filières par le transfert de technologies. Les évaluations entreprises ont considéré comme encourageants les résultats préliminaires de 2012, issus de leurs recherches, expérimentations ou essais sur les technologies de lutte contre les ravageurs, résultats exposés, depuis l’édition précédente, et dont l’étalement se poursuit dans la présente édition. La prochaine édition commencera les activités sur la production et la fabrication des sous-produits destinées à l’alimentation humaine.
de la sous-région, sous les auspices du CORAF/WECARD et le soutien, jusqu’en 2013, du DFID (Department for International Develop-ment) du Royaume-Uni. De son vrai nom, Projet sous-régional « Promotion de technologies post-récoltes de conservation et de transformation du maïs et du niébé pour réduire les pertes et améliorer leur qualité marchande en Afrique de l’Ouest et du Centre », il est le fruit mûr de la coopération active entre les Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) du Sénégal, de la Guinée, du Niger et du Cameroun respectivement représentés par l’Institut de technologie alimentaire (ITA), l’Institut national de recherche agronomique de Guinée (IRAG), l’Institut de recherche agronomique du Niger (INRAN) et l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD). La prochaine édition commencera les activités sur la production et…
Les équipes nationales, qui en sont les chevilles ouvrières chapeautées par une coordination sous-régionale, se sont, pour ce faire, attaquées, comme on dit, à « de gros morceaux » : proposer des technologies de lutte contre les insectes des stocks de maïs et de niébé par l’utilisation de métabolites secondaires de plantes insecticides et de substances inertes, des terres de diatomées en l’occurrence ; promouvoir la production de produits de transformation secondaire, de farines et de farines composées à base de maïs et de niébé ; développer des stratégies de transfert des technologies proposées. Mais si les équipes camerounaises, guinéennes et sénégalaises se sont échinées sur les deux volets du projet que sont la promotion de technologies de conservation, de battage, de décorticage et de conditionnement des grains et la promotion de technologies améliorées de transformation, l’équipe nigérienne, elle, a concentré efforts et moyens sur la mise en CORAF ACTION N° 78
MAI-JUIN
2015
2
Contact : Anatole Yékémian Koné CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : anatole.kone@coraf.org Internet : www.coraf.org
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Sénégal
DE LA RECHERCHE NATIONALE
traité, le premier est d’étudier le comportement des pontes de S. zeamais, selon qu’il implique une ou plusieurs femelles, auxquels cas la ponte augmente de façon proportionnelle à la quantité de grains disponibles. Le second niveau évoque une association positive entre S. zeamais et P. truncatus. Par contre, le troisième met en évidence la capacité de S. zeamais à éliminer Sitotroga cerealella en compétition sur le maïs. Ce qui ne semble pas être présentement le cas où T. castaneum se montre plus présent dans les greniers. Le quatrième, qui porte sur le comportement de ces deux ravageurs, montre
Les paysans renforcés dans leurs pratiques par des résultats de la recherche éprouvés
Avant de penser à manger, pensons avant tout à ce qui nous fait manger ! N’est-ce pas là gage de durabilité de la fourniture alimentaire que de se préoccuper des technologies de lutte contre les insectes des stocks de maïs et de niébé, de la production et de la fabrication de ses sous-produits. Cet article poursuit et termine la série par les technologies développées, au Sénégal et au Cameroun.
P
RÉLÈVEMENTS ET TESTS DES SUBSTANCES INERTES SUR LES
insectes ravageurs du maïs et du niébé, tout comme la pose de diagnostics sur les plantes insecticides et substances inertes, l’identification et le dosage des molécules responsables sont autant de recherches menées pour la conservation de ces deux produits agricoles stockés. Les résultats, qui en sortent, en 2012, ont été âprement discutés au sein de l’équipe nationale sénégalaise du Projet sous-régional « Promotion de technologies post-récoltes de conservation et de transformation du maïs et du niébé pour réduire les pertes et améliorer leur qualité marchande en Afrique de l’Ouest et du Centre ». Dans la zone de Kédougou, à l’est du pays, les chercheurs montrent, de par leurs résultats obtenus, que les producteurs pratiquent largement le stockage. La taille des greniers n’influence pas les niveaux qu’atteignent les dégâts et pertes causés. Ce qui n’est guère le cas du mode de stockage du maïs vanné qui s’est toujours moins bien comporté que celui non vanné face aux insectes déprédateurs, mais qui dépasse de peu 1 % de perte, sauf en juillet. D’autres recherches précédentes sur S. zeamais confirment. En effet, leurs auteurs observent qu’en quatre mois de stockage de grains de maïs traités par des épis de 1,4 et de 0,4 millimètres de diamètre et à des doses supérieures ou égales à 2,4 %, des dégâts de 5 % et des pertes de 1 % se produisent et que les doses croissantes des épis de maïs ne tuent pas les insectes adultes mais étalent fortement les émergences et affectent grandement la production de S. zeamais en phase F1. Heureusement qu’en plus l’insecte semble ne pas pouvoir pénétrer en profondeur dans les stocks. Cependant, d’autres recherches encore plus anciennes mettent en évidence le fait, qu’à part la perte globale de matière sèche, leurs auteurs ont bien pu établir une corrélation positive entre les quantités de frass dégagés par T. castaneum et les dégâts causés par les insectes primaires ayant vécu, dans ce même milieu. T. castaneum pourrait ainsi profiter de la présence de S. zeamais, le ravageur primaire surtout des épis. L’augmentation relative de l’humidité entraîne celle des grains
Là, il faut, tout de même, admettre qu’évaluer les pertes d’épis de maïs n’est pas de tout repos. Plusieurs recherches proposent une méthode basée sur une échelle visuelle des dégâts à six niveaux. Dans une situation où le maïs n’est pas
3
qu’avec Evodia rutaecarpa, S. zeamais est plus sensible au contact de l’huile, mais plus tolérant que T. castaneum en fumigation. Par mesure de la dose létale médiane ou concentration létale médiane (CL50)) et la concentration létale (CL95) qui ne donnent qu’une idée de la toxicité d’une substance, le quatrième met en évidence une sensibilité égale de ces deux espèces au contact de l’huile essentielle d’Elletaria cardamomum (L.). Par contre, dans le cas du cinquième qui est la fumigation, S. zeamais est deux fois moins tolérante que T. castaneum dont les larves se sont montrées plus tolérantes que les adultes. Sur la base d’autres recherches, le sixième et dernier niveau fait apparaître qu’une dose de 1 partie par million (ppm) de spinosad (un insecticide biologique) contrôle totalement T. castaneum et S. zeamais présents, dans des champs de blé et de maïs. Le degré d’infestation initial semble jouer un rôle déterminant, lors de la conservation, et pourrait, du reste, se passer au champ même. Ceci pourrait expliquer les dégâts élevés connus, dès mars, par les greniers 1 constitués à partir des épis et l’infestation quasi-existante dans le grenier 2, malgré l’introduction de S. zeamais et de T. castaneum. Leurs auteurs avaient établi une corrélation positive certaine entre les infestations des champs par Sitotroga cerealella (ou olivier) et du riz en greniers. Dans tous les greniers, les insectes ont davantage pullulé, dès la première saison, et causé peu de dégâts, en deuxième année. Par ailleurs, les chercheurs ont traité en sandwich des épis de maïs au moyen de H. spicigera, ce qui leur a permis de stocker, dans deux greniers, sans entraîner aucun dégât dû à un insecte, exception faite du cas des cinq greniers fabriqués aussi avec cette plante ou avec H. suaveolens. Ils croient que cette efficacité provient, sans doute, de la libération de molécules bioactives contenues dans l’huile essentielle de H. spicigera. Plusieurs recherches disent, en effet, que la toxicité de cette dernière est fortement influencée par sa teneur en a-pinene, à hauteur de 39 %. Cependant, beaucoup d’autres démontrent une diminution rapide de l’efficacité des plantes à huiles essentielles due à une forte libération des molécules volatiles, dans les tous premiers jours. Il se pourrait donc que les greniers, traités par H. spicigera, ne puissent maintenir leur pouvoir insecticide qu’un temps limité. Qu’en pensent alors les paysans ? Ils en pensent que ces deux plantes soient suffisamment répulsives pour justifier, à plaisance, leur utilisation, comme tiges et feuilles affleurant le sol, pour dissuader les ravageurs d’arriver (ou de venir) CORAF ACTION N° 78
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E CHOS
DE LA RECHERCHE NATIONALE Tableau 1 : Principaux composants chimiques de l’huile essentielle des feuilles de Hyptis spicigera récoltées, à Sékoto, dans la région de Kédougou, au Sénégal
à bon port. Or l’expérimentation fonctionne autrement : à les lâcher directement dans le grenier et à les recouvrer d’argile qui peut freiner la diffusion de leurs effluves et limiter, par conséquent, leur efficacité à tuer des insectes déjà dans le grenier. Jusqu’en mai, l’humidité des grains est, dans l’ensemble, restée inférieure à 14 %. Ce qui en fait une chose conforme à de bonnes conditions de stockage. C’est, entre juin et juillet, qu’elle atteint des niveaux alarmants, en favorisant, sans doute, l’apparition de termites dans le grenier 1 ainsi que du lépidoptère, C. cephalonica. Si, entre fin mai et début juin, les premières pluies tombent, à chaque hivernage, il faut souligner, dans le cas du maïs, qu’à leur approche, l’augmentation relative de l’humidité entraîne celle des grains.
Composés
1. α-Pinene
2. β-Pinene
Seulement, il est de bon ton de remarquer que le grenier 5, une case-grenier construit avec de l’argile en dur, est le seul à ne pas enregistrer de fluctuations importantes, ce qui suppose une meilleure étanchéité des parois limitant les transferts de vapeur d’eau aux grains. Ainsi atteints par l’humidité, les grains deviennent plus vulnérables aux attaques, d’où les pics d’attaques observés aussi bien pour T. castaneum que pour S. zeamais. Figurez-vous que le retour aux pratiques ancestrales de lutte contre les ravageurs par des plantes est, aujourd’hui, une des voies les plus recherchées comme alternatives aux pesticides ! Dans cette optique, l’analyse de la composition chimique des plantes à huiles essentielles, utilisées par les paysans dans la conservation de leurs stocks, et l’application de ces dernières prennent des proportions de plus en plus importantes. Les huiles essentielles doivent leur succès à l’utilisation de leurs propriétés pharmacologiques, antimicrobiennes, fongiques, aromatiques et insecticides, dans des domaines très variés. Concernant l’usage du matériel que sont les plantes, les chercheurs ont récolté Hyptis spicigera et H. suaveolens, à Sékoto, dans la région de Kédougou, en février 2012, tandis qu’ils ont prélevé les feuilles d’Eucalyptus camaldulensis, dans l’enceinte de l’Institut de technologie alimentaire (ITA), à Dakar, en mai 2012. Encore fraîches, les plantes sont séchées, au laboratoire, à l’abri du soleil. L’extraction des huiles est faite par un hydro-distillateur (de type Clevenger) et a duré 90 minutes, et les huiles obtenues sont analysées au moyen de la technique de GC-MS (chromatographie en phase solide avec micro-extraction) [...], puis les teneurs confirmées au moyen de la technique de GC-FID (chromatographie [...] en phase gazeuse avec détection par ionisation). En analysant de manière chromatographique les différents échantillons, ils finissent par déceler au moins une trentaine de composés par plante. Ils les ont identifiés par leur temps de rétention et leur spectre de masse comparativement aux produits standards de la bibliothèque spectrale Wiley. Il en ressort que l’huile essentielle de H. spicigera est essentiellement constituée de mono et de ses quiterpènes avec près de 38,95 % de a-Pinène, de 14,71 % de b-Pinène, de 12,59 % de Caryophyllene, de 4.88 % de 1,8-Cineole, de 3,89 % de yTerpinene, de 3,06 % de p-Cymene, de 2,24 % de Caryophyllene oxyde et de Germacrene D. Les autres constituants sont en-dessous du pourcent (voir tableau 1). CORAF ACTION N° 78
MAI-JUIN
2015
939
Composition (%) 38,9
978
14,7
1 032
1,9
3. p-Cymene
1 028
5. 1,8-Cinéole
1 035
4. Limonene
Une protection totale des épis de maïs, quand ces derniers sont mis en sandwich…
KI
3;4 4,9
6. γ-Terpinene
1 063
3,9
8. β-Caryophyllene
1 418
12,6
1 492
2,2
7. Trans-Verbenol
1 151
9. α-Humulene
1 465
11. Amorphene
1 519
10. Germacrene D
11. Caryophyllene oxyde 1 582
0,8
0,9
1,1
3,1
Ils ont trouvé, dans l’huile essentielle d’E. camaldulensis, les principaux composés que sont les sesquiterpènes — spathulenol représentant 31,65 % et monoterpènes principalement représentés par β-Pinène avec 14,71 %, πCymene avec 11,34 %, bicyclogermacrene avec 8,23 %, βSelinene avec 7,86 %, iso-spathulenol avec 3,59 % et αPinène avec 3,21 % (voir tableau 2). Tableau 2 : Principaux composants chimiques de l’huile essentielle de feuilles d’Eucalyptus camaldulensis récoltées, à Dakar Composés
1. Thujene
2. α-Pinene
KI
931
0,7
939
3,2
4. p-Cymene
1 028
11,3
6. 1,8-Cinéole
1 035
0,7
3. α-Phellandrene 5. Limonene
1 004
1 032
1,9
3,1
7. NI
1 344
2,4
9. α-Gurjenene
1 414
0,7
1 451
0,8
8. δ-Elemene
10.β-Caryophyllene
11. Aromadendrene
1 398
1 418
12. 1H-Cycloprop[e]azulene 1 473 13. Bicyclogermacrene 14. NI
4
Composition (%)
1 508
1 567
1,6 2,4
1,6
8,2
0,8
E CHOS 15. Spathulenol
1 578
31,6
17. Viridiflorol
1 607
2,7
16. Globulol 18. trans-Z-
a-Bisabolene epoxide
1 583
1 612
1,7
21. NI
1 637
0,9
23. α-Cadinol
1 668
0,5
-dien-12-al
1 752
2,4
22. iso-Spathulenol 24. Opposita-4 (15) 25. Lepidozenal
1 623 1 652
1 774
Celles présumées de la Guinée n’en sont donc pas, mais elles sont d’argiles
0,8
1 617
20. Allo-spathulenol
tiellement formée de 50,69 % de 1,8-Cineole, de 11,23 % de a-Pineneet et de 4,90 % de Spathulenol, et ce, au contraire de l’écotype sénégalais étudié.
7,9
19. β-Eudesmol
Les chercheurs conviennent donc de remarquer que l’origine géographique joue un rôle primordial dans la composition chimique des huiles essentielles. Cependant, la synergie de leurs différents composés contenus devrait valoir plus d’efficacité aux fins de pouvoir lutter contre les insectes des denrées stockées. Ainsi le Cymol, faisant partie des principaux composés de l’huile d’E saligna, exerce une forte activité répulsive et de contact sur T. confusum et S. zeamais. Cependant, l’huile brute montre une meilleure activité. La poudre d’E. citriodora se révèle être prête à plusieurs utilisations dans la protection du maïs et du haricot stocké, quand l’introduction de H. suaveolens dans les greniers paysans participe de la lutte contre les dégâts des bruches. L’applica tion de ces trois plantes étudiées devrait donner des résultats probants dans la recherche d’alternatives moins polluantes que les pesticides de synthèse.
0,8 3,6
2,6
Ils ont aussi découvert que, dans l’huile essentielle de H. suaveolens aux feuilles prélevées, en février et en mars, se trouvent plus de 80 % des composés (voir tableau 9). En février, le 1,8-Cineole est à 19,84 %, le Caryophyllene à 16,89 %, le Sabinene à 11,65 %, le Bicyclogermacrene à 6,79 %, le Spathulenol à 5,85 %, le Cymene à 5,71 %, le βPinene à 5,07 %, le Limonene à 4,39 %, le Caryophyllene oxyde à 4,48 %. Un mois plus tard, en mars, Sabinene dépasse toutes les attentes avec le record de 27.93 %, suivi de Caryophyllene avec 20,79 %, b-Pinene avec 7,66 %, Caryophyllene oxyde avec 6,26 %, Phenanthrene avec 5,43 %, Limonene avec 4,39 %, a-Pinene avec 2,38%, contrairement à 1,8-Cineole qui dégringole de 19,84 à 1,15 %. Dans une étude, effectuée en milieu paysan et concernant les greniers à céréales, la preuve est apportée que H. spicigera permet, en sept mois, une protection totale des épis de maïs, quand ces derniers sont mis en sandwich, entre plusieurs couches de la plante. Près de 54 % de l’huile essentielle de cette plante sont constitués par a et b-Pinene qui ont, sans nul doute, conditionné son efficacité contre T. castaneum et S. zeamais introduits. Au Cameroun, une autre étude démontre que H. spicigera recèle une activité répulsive et mortelle (biocide suffisante) contre S. zeamais. Toutefois, concluent les chercheurs, « les compositions chimiques diffèrent sensiblement avec une prédominance de 1,8-Cineole (24.0%) et de (E)-Caryophyllene (22,2 %). » Rappelons que la composition d’une huile essentielle est subordonnée au moment de la récolte, à la localité, à l’état phénologique ainsi qu’à l’organe considéré de la plante. En l’espace d’un seul mois, deux prélèvements montrent chez H. suaveolens une augmentation des teneurs en Sabinene de 11,65 à 27,95 % et en Caryophyllene de 16,89 à 20,79 %. A leur opposé, 1,8-Cineole a chuté de 19,84 à 1,15 %. Quant à E. camaldulensis, elle est connue pour être riche de 31,65 % de Spathulenol et, dans une moindre mesure, de 14,71 % de b-Pinène et de p-Cymene. Au Maroc, sont caractérisées les huiles essentielles de cinq espèces parentales d’Eucalyptus et de celles hybrides d’E. camaldulensis, principale espèce plantée dans ce pays. Cette dernière est essen-
DE LA RECHERCHE NATIONALE
Tableau 3 : Principaux composants chimiques de l’huile essentielle de feuilles d’Hyptis suaveolens récoltées, à Sékoto, à deux périodes de l’année Composés
KI
1. α-Pinene
939
3. β-Pinene
978
2. Sabinene
2,0
2,4
976
11,6
27,9
4. p-Cymene
1 028
5,7
1,1
6. 1,8-Cinéole
1 035
19,8
1 091
0,9
5. Limonene
1 032
7. γ-Terpinene
1 062
9. Terpineol
1 183
8. α-Terpinolene
5,1
–
7,7
4,4
1,1
0,6
0,2
1,0
1,3
1,4
10. β-Caryophyllene
1 418
16,9
20,8
12. α-Humulene
1 465
0,1
1,4
14. β-Selinene
1 497
–
0,8
16. Spathulenol
1 578
5,8
2,8
1 702
2,2
2,4
11. Zingebirene
13. Germacrene D
15. Bicyclogermacrene
1 443 1 492 1 508
17. Caryophyllenen oxyde 1 582 18. Bergamotol
5
Composition (%) Février Mars
19. Phenanthrene
2 074
–
1,2 6,8 4,5
1,0
CORAF ACTION N° 78
1,6 –
1,4 6,3
5,4
MAI-JUIN
2015
E CHOS
DE LA RECHERCHE NATIONALE
Dans une étude approfondie de recherche de technologies de lutte contre les insectes des stocks de maïs et de niébé, par le biais de l’utilisation des substances inertes, en l’occurrence les terres à diatomées (des attapulgites (fibres minérales naturelles faisant partie des types d’argiles), les chercheurs ont inspecté, disons de long en large, les régions de Dakar et de Matam. Ils ont collecté plusieurs terres, pour, ensuite, les tester et en retenir les plus aptes. Le tableau 4 donne les échantillons prélevés, dans les différents sites.
T8
Code 1
Traitement témoin non traité
3
Déblai de sable (lac Tanma)
2
T15
E
T24
9,286
E
T7
T23 T20
Echantillon 3 Valel (Matam)
T3 T1
Echantillon 2 Diamounguel (Matam) Echantillon 2 Valel (Matam)
Echantillon 2 Kanel (Matam)
18
Echantillon 4 Valel (Matam)
Echantillon 3 Kanel (Matam)
Les tableaux 5 et 6 montrent l’efficacité des différentes terres prélevées, à Matam, dont les tests ont été menés sur Sitophilus zeamais ravageur primaire du maïs et Callosobruchus maculatus du niébé.
Tableau 5 : Efficacité des terres prélevées, dans des sites de Matam, de Dakar et de Thiès, sur Callosobruchus maculatus, en deux semaines de traitement Pourcentage de Mortalité 100,000 80,952
64,286 MAI-JUIN
11,548
11,071
E E
T19
16
CORAF ACTION N° 78
T11
11,905
Echantillon 1 Kanel (Matam)
Echantillon 1 Valel (Matam)
T5
E
E
14
T22
E
6,667
Echantillon 1 Diamounguel (Matam)
T2
14,286
D
T21
12
Traitement
28,571
D
Echantillon 2 Semmé (Matam) Echantillon 2 Diobé (Matam)
17
28,571
D
14,286
T13
Echantillon 1 Diobé (Matam)
15
35,714
C
T9
T25
Echantillon 1 Semmé (Matam)
10 13
T14
59,524
E
7
11
C
C
9,286
Grand affleurement (lac Tanma)
9
61,905
61,905
T6
5 8
T17 T12
Petit affleurement (lac Tanma)
6
C
T18
Traitement traité à l’actellic
4
64,286
T16
Sites cibles
C
T10 T4
Tableau 4 : Sites visités pour la collecte de substances inertes
64,286
2015
Regrougement A
B
C
6
9,190
6,310 6,310 6,071
5,833
2,500
E
E E E
E
E
Après le traitement à l’actellic qui s’est montré plus efficace, les échantillons 1 et 2 de Diobé, suivis de ceux du grand et petit affleurement du lac Tanma et de l’échantillon 2 de Kanel, sont les plus efficaces concernant le criblage sur S. zeamais. Dans le cas de C. maculatus, les échantillons 1 et 2 de Diobé, ceux des grands et petits affleurements du lac Tanma et l’échantillon 3 de Kanel sont les plus efficaces comparés au témoin à l’actellic. Mais sur la base de 18 échantillons, ils se retrouvent devant l’affligeante évidence : nulle présence de terres à diatomées n’est notée ! Les sédiments d’âge de l’époque Miocène les moins ferruginisés du Sénégal, localisés dans les régions nordiques, Saint-Louis et Matam, en sont donc dépourvues. Cette absence peut s’expliquer par leur non-présence dans le milieu, au Miocène, ou par leur destruction par oxydation, au moment de la ferruginisation : les frustules (enveloppes siliceuses ayant l’aspect d’une boîte minuscule à couvercle emboitant) de terres à diatomées étant constitués d’opale (variété amorphe de la silice) sont facilement dissouts, en milieu oxydant. Cependant, ces dépôts étant constitués de grès et de sable, d’où leur richesse en silice, méritent d’être testés sur les différents ravageurs des céréales et légumineuses, afin d’évaluer leur efficacité (voir tableau 6).
E CHOS Tableau 6 : Efficacité des terres prélevées sur Sitophilus zeamais, en deux semaines de traitement, aux sites de Matam, de Dakar et de Thiès Traitements T2
T22 T10
Mortalité (%) 100,000 61,905 57,143
B B
B
T4
45,238
C
T17 T16 T25 T18 T6
T14 T24
47,619 45,238 42,857 19,048 16,667
C
D D
D
8,810
E
E
6,667
E
T9
6,548
F
T21
6,429
F
T12
6,548 6,429
E F
T19
6,190
F
T20
5,833
G
T7
T13 T23 T3 T1
6,071
5,714
F
M
AÏS, MANIOC, BANANE PLANTAIN, MACABO, RIZ, MIL, SORGHO,
G
5,119
G
1,548
G
4,524
Le niébé change toutes les donnes chez les producteurs, commerçants et transformatrices
D
T11
T15
Cameroun
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Contact : Ousmane Ndoye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : ousmane.ndoye@coraf.org Internet : www.coraf.org
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pas, mais elles sont d’argiles dont les propriétés physicochimiques restent à déterminer !
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De même qu’en Guinée, les sédiments assimilés à des terres à diatomées sont en réalité des argiles (« narra » en langue mandingue), situées sous une mince couche de cuirasse latéritique (« farra » dans la même langue). Les prélèvements que les chercheurs en ont effectués sur des déblais de puits d’orpaillage, à Kodialan et à Irikiri, et sur un puits en eau potable à Bordo, quartier de la banlieue de Kankan. Sur chaque échantillon, ils ont préparée deux lames de frottis et les ont traitées, selon la méthode classique : légère attaque à chaud à H2O2 pour éliminer les traces de matière organique, suivie de 3 lavages après une période de décantation de 6 heures ; dilution du culot dans 20 millimètres d’eau ; montage entre lame et lamelle dans le naphrax (baume synthétique pour les préparations) d’une quantité de 1 millimètre de la suspension après agitation. En tout cas, au microscope optique (DM 2500 LEICA), les trois échantillons n’ont révélé point de présence de terres à diatomées. Celles présumées de la Guinée n’en sont donc
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niébé, arachide, cacao, café, coton, caoutchouc, banane, ananas, autant de spéculations et tant d’autres encore font incontestablement de l’agriculture camerounaise la plus diversifiée d’Afrique Centrale. Ce ne peut donc pas être une simple sinécure pour le SNRA que d’y mettre en œuvre, trois ans durant, de 2011 à 2013, le Projet postrécole, de son vrai nom Projet sous-régional « Promotion de technologies post-récolte de conservation et de transformation du maïs et du niébé pour réduire les pertes et améliorer leur qualité marchande en Afrique de l’Ouest et du Centre » ! Pourtant, rien n’est aussi évident, puisque les habitudes alimentaires des populations ne favorisent pas toujours une alimentation quotidienne équilibrée et que la partie nord du pays est souvent sujette à des famines épisodiques qui sont consécutives aux aléas climatiques, telles la sécheresse prolongée et les inondations, et aux invasions des acridiens, comme les criquets migrateurs. Tout s’éclaire, d’un seul coup, et se comprend s’il s’y ajoute ce que la troisième enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM III) de 2007 atteste : le pays compte environ 7,1 millions de pauvres pour une population de près de 17,9 millions d’individus, soit 40 %, autrement dit 2 personnes sur 5 vivaient en-dessous du seuil de pauvreté estimé à 269 443 francs CFA par adulte et par an. Comme quoi, le CORAF/WECARD et le DFID (Department for International Development) ont eu toutes les raisons du monde de soutenir l’initiative et l’implication de quatre Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) de la sousrégion, au travers de l’Institut de technologie alimentaire (ITA) du Sénégal, de l’Institut national de recherche agronomique de Guinée (IRAG), de l’Institut de recherche agronomique du Niger (INRAN) et de l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) du Cameroun, ainsi que de leurs autres partenaires. CORAF ACTION N° 78
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Fort heureusement, l’année 2012 a été d’une grande stabilité, parce qu’ayant favorisé « le climat des recherches ». Bien que très encourageants, les taux de réalisation des activités sont très variables. C’est ainsi que sont presque totalement réalisés celles, à savoir la collecte de données sur le niébé dans la zone soudano-sahélienne, l’élaboration du manuel de formation aux bonnes pratiques de production, le renforcement des capacités des acteurs et la coordination du Projet. La coordination, le suivi et l’évaluation des activités l’ont moyennement été. Celles, qui le sont vraiment faiblement, c’est la production de farines et de farines infantiles, le recensement des plateformes existantes, la création ou la structuration de ces dernières, le développement des produits de transformation à base de maïs et de niébé. Fixer 30 à 70 kilos d’azote (dont se nourrissent les plantes) par hectare de sol et…
Vu la place et le rôle prépondérants du niébé dans le nord Cameroun, singulièrement à Garoua, l’équipe nationale du Projet lui a réservé toute une étude évaluant la situation de référence de sa conservation, de son stockage, de sa transformation et de sa commercialisation. Il y est une culture de subsistance surtout pour les petits agriculteurs qui le considèrent, néanmoins, comme secondaire dans les associations avec le mil, le sorgho, le maïs, le manioc et le coton. Légumineuse à graine du genre Vigna comprenant les trois sous-espèces, que sont Vigna unguiculata, Vigna sesquipedalis et Vigna cylindrica, il est largement cultivée, dans les Hauts plateaux de l’Ouest et le Nord. Il est de bonne tolérance à la sécheresse, ce qui lui confère une capacité à être cultivée sur divers sols, même sur les pauvres. Vigna unguiculata (L) Walp, appelé haricot dolique, dolique de Chine, haricot à œil noir, pois de Brésil, en est le plus connu, sous nos cieux. Les populations mangent les graines entières, en font une pâte cuite généralement accompagnée de tubercules ou de diverses variétés de bananes et emploient ses jeunes pousses dans la préparation des différents mets. Dans les Hauts plateaux de l’Ouest, alors qu’il se prête aux gâteaux communément appelés « koki », dans la zone soudano-sahélienne, il passe pour servir de légume ajouté aux sauces locales, ou de légume simple, ou de beignets dénommés « kossey », ou encore de bouillie et de couscous. Et ceci est loin de faire le plein de ses caractéristiques : il est aussi à même de fixer 30 à 70 kilos d’azote (dont se nourrissent les plantes) par hectare de sol et se compose de 24 % de protéines, ce qui en fait un bon supplément alimentaire. De la sorte, dans la zone soudano sahélienne et, plus spécifiquement, la Vallée de la Bénoué, se trouve la ville de Garoua, distante de 278 kilomètres de Ngaoundéré et de 206 kilomètres de Maroua, est le principal pôle de production, où sévissent deux saisons : une saison sèche qui dure de novembre à avril et une saison des pluies de mai à octobre et qui enregistre entre 900 et 1 200 millimètres d’eaux en moyenne l’an. L’odeur de tabac de ses feuilles repousse les nuisibles Août est le mois le plus pluvieux. Décembre et janvier enregistrent des températures froides allant de 12 °C environ à une moyenne de 28 °C, avec des vents frais et secs. Mars et mai CORAF ACTION N° 78
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font une température chaude maximale de 42 °C. Juillet et septembre occasionnent des vents frais et humides. L’équipe y dénombre 361 Organisations de producteurs (PO), dans le département de la Bénoué, encadrés par 40 agents de vulgarisateurs de zone, 8 superviseurs de secteurs, 4 techniciens supérieurs, soit une moyenne de 9 à 10 OP par agent vulgarisateurs de zone, pour ne prendre que leur exemple. En plus du coton, les producteurs pratiquent la culture du maïs à 80 % suivie de celle du sorgho, de l’arachide, du niébé, de la tomate. Sur les sols argileux, ils font du maïs, du riz, de la canne à sucre, de la patate et du manioc. Sur les sols sableux, ils font du maïs, du sorgho, du coton, du niébé et de l’arachide. Mais peu font de l’embouche bovine, de l’élevage de petits ruminants et de volailles. A l’échelle industrielle, seule une provenderie transforme le maïs et l’Office céréalier stocke et commercialise les stocks de sécurité de cette denrée. Elle se limite juste à sa mouture – transformation secondaire – qui donne de la farine à usage domestique. Ensuite, l’équipe nationale a rencontré, d’octobre à novembre 2012, des acteurs au nombre de 14 commerçants grossistes, certains utilisant un même et unique magasin, 15 commerçants détaillants, 1 concasseur et 6 transformatrices. Elle a visité les marchés de Garoua et y a identifié 19 magasins accessibles de stockage de niébé renfermant aussi du maïs, de l’ara-chide, du sorgho, etc. A Djalingo situé à 18 kilomètres de Garoua, l’équipe a eu affaire à plus d’hommes âgés entre 30 et 45 ans et appartenant, pour la plupart, à une OP de 5 à 60 membres, dont 1 à 19 femmes par OP. Les plus coriaces s’adonnent à l’activité jusqu’à 20 ans. Leur production de niébé, ils la consomment et la vendent, pour l’essentiel, et la plupart gardent une quantité qui leur sert de semence, conservent les gousses en vrac sur un hangar exposé au soleil sans traitement, les décortiquent après deux pluies à l’aide d’un mortier, sèchent, vannent et conditionnent les grains dans des sacs, desquels 12 à 3 sacs sont vendus par an. Ne déplorant aucune attaque d’insectes, ni de chenilles ou de charançons, ce qui constitue « du pain béni », un producteur se sert de produits naturels pour bien conserver sa production. Il s’agit de feuilles de « magevric » et de tabac. Magevric est une plante qui pousse, en brousse, et dont l’odeur de tabac de ses feuilles, introduites dans le sac de niébé, repousse les nuisibles. Cela s’entend donc que le tabac joue le même rôle, mais il n’est pas mélangé au niébé. Les sacs sont déposés
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A leur opposé, certains autres ne stockent pas le niébé et ne le traitent pas, parce qu’ils achètent du niébé de bonne qualité et le revendent immédiatement. Autrement dit, les sacs, les contenant, ne séjournent, dans leur magasin, que le temps de les écouler ! Quant aux mesures de protection au traitement des graines, certains d’entre eux ne les observent guère, pire ils prennent un bain immédiatement après contrairement à ceux qui portent des gants et des protège-nez. Chez les détaillants qui sont des hommes et des femmes de 25 à 65 ans, certains stockent le niébé, s’approvisionnement dans les marchés péri-urbains d’Ouro Labo, de Pitao, de Djalingo, d’Oula Ibib, d’Baïla, de Takasko, de Guider, d’Adoumri, etc. Ils traitent les graines au moyen de produits chimiques sous forme de poudre ou de liquide ; certains mélangent les deux pour augmenter l’efficacité du traitement ; d’autres recourent aux sacs plastiques. La plupart achètent le niébé déjà traité auprès des grossistes et semi-grossistes, en sacs, en seaux et en tasses pour les revendre, immédiatement, en tasses ou en sachets à 25 et à 50 francs CFA, le prix de la tasse varie de 400 à 1 300 francs CFA, selon la période. Mais il arrive que certains achètent le niébé non traité et procèdent au concassage pour la conservation, tout simplement parce que les graines concassées ne sont pas attaquées et sont, par conséquent, prisées par les ménagères. Au final, d’autres classent les sacs non traités verticalement dans le magasin pour une meilleure conservation, car « couchés » ils s’exposent aux attaques des charançons. En définitive, plusieurs activités génératrices de revenus se sont développées dans la filière, non sans difficultés. Les producteurs manquent crucialement de moyens financiers leur permettant d’accroître leur production. Les transformatrices sont, elles, confrontées à la fluctuation du prix du niébé, sa rareté sur le marché local, à certaines périodes de l’année, à l’absence de la clientèle, quelque fois, ainsi qu’à la limitation des produits de transformation. Judicieux est donc de mettre à la disposition de la population d’autres produits à base de cette légumineuse, que ce soit la farine de niébé, la farine infantile, les biscuits, gâteaux, etc., dans le but de la valoriser ; de former les stockeurs aux bonnes pratiques des méthodes de conservation avec un respect scrupuleux du dosage des produits chimiques et de leur durée d’action ; de se préoccuper de l’état du magasin et de la sécurité du personnel ; de sensibiliser les transformatrices aux bonnes pratiques de fabrication et d’hygiène, afin d’améliorer la qualité de leurs produits.
au milieu du magasin et encerclés par le tabac. L’application, en une seule fois, de ces produits est une garantie totale d’efficacité ! « Couchés » ils s’exposent aux attaques des charançons
Chez les grossistes, l’équipe a observé qu’ils sont des hommes de 40 à 60 ans qui s’approvisionnent en niébé auprès des producteurs des marchés péri-urbains de Ngong, d’Adoumri, de Djalingo, de Pitoa, de Djefatou, de Nakong, d’Oula Ibbib, et le conservent tous dans des sacs de 80 à 100 kilos stockés, dans les magasins, pas plus de 12 mois. Ils construisent ces derniers avec du matériau dur et à moitié dur. Ils les dotent d’un toit en tôles ou sans plafond, d’une porte, sauf un, les privent de fenêtre et d’ouverture d’aération en hauteur, cimentent le plancher pour certains et non pour d’autres. Ils sous-tendent les sacs sur des palettes, afin d’éviter les remontées de l’humidité. En outre, les grossistes achètent du niébé de bonne qualité et le traitent chimiquement avec des produits en poudre et en liquIde. Les produits en poudre, n’ayant été très efficaces, appliqués à 1 kilo pour 20 sacs pendant 4 mois, et dénaturant le niébé, il ne reste plus de grossistes qui n’utilisent pas, maintenant, les produits liquides, tels Cypalm 200 EC, Spavothrine 50 EC, DD Force DDVP 1000 EC à la dose de 1 litre. Ces derniers sont disponibles sur le marché et à un prix accessible à 3 500 francs CFA le litre et le quart de litre revenant entre 600 et 800 francs CFA. Les stockeurs, dans leur majorité, utilisent DD Force, efficace à cent pour cent, à raison de 1 litre pour 20 à 30 sacs, durant 6 mois voire 1 an. Lorsque le niébé n’est pas vendu après le premier stockage, ils procèdent à un deuxième traitement pour prolonger la protection. Quelques-uns traitent, en mélangeant le produit avec une petite quantité d’eau, quand les autres l’aspergent directement sur le tas de niébé préalablement versé sur une bâche. Ils remuent, parfois, les graines à l’aide des mains ou des pieds, avant de les ensacher, sans séchage. Ils introduisent, enfin, les sacs dans les magasins hermétiquement ermés, sans les ouvrir, pendant 2 semaines à 1 mois. D’autres utilisent des sacs en plastique qui leur reviennent à 100 francs CFA l’unité pour une double protection.
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Contact : Armand Faye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail armand.faye@coraf.org armand.faye@yahoo.fr Skype : aramandfaye MY : armand.faye Internet : www.coraf.org CORAF ACTION N° 78
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Actes de la Conférence continentale sur les liens entre les preuves produites par la recherche et les politiques pour une adaptation aux changements climatiques en Afrique. Compte rendu d’Armand Faye, du Sénégal. Sur le climat, les conférences, qui s’y tiennent, de partout dans le monde, se ressemblent presque, sauf, pour le moment, celle qui vient de se tenir, à Nairobi, c’était du 10 au 12 mars 2015. Son seul sujet aurait pu suffire pour en administrer la preuve : Conférence continentale sur les liens entre les preuves produites par la recherche et les politiques pour une adaptation aux changements climatiques en Afrique ! Conviés par « AfricaInteract » et « Agriculture en intelligence (sensible au) avec le climat », deux grands Projets continentaux du Forum pour la recherche agricole en Afrique exécutés par ses Organisations sous-régionales de recherche agricole (OSR), ils étaient 180 participants venant de toute l’Afrique sub-saharienne au nom du landernau scientifique, de la Société civile, des Organisateurs de producteurs, des Organisations non gouvernementales, de la sphère politique, des Plateformes régionales d’AfricaInteract, du Partenariat au développement ainsi que des autres secteurs non-étatiques du monde agricole, sanitaire, urbain soucieux de la question genre. L’intention comme la visée étaient de les faire se rencontrer pour partager la masse de données et d’informations produites et forger une perspective et un cadre de collaboration au sein et à travers les 4 sous-régions africaines. AfricaInteract (voir www.coraf.org), qui était sur la sellette de cette conférence, est coordonnée, depuis 4 années (2011), par la Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF/WECARD), en la perCORAF ACTION N° 78
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sonne de son responsable du Programme gestion des ressources naturelles, Dr Abdulai Jalloh, et financièrement soutenu par le bureau régional pour l’Afrique sub-saharienne du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada, basé à Nairobi et dirigé par le Dr Simon Carter. Des 17 communications, âprement discutées et disséquées, il ressort ce que l’assemblée, réunie en des commissions et en une séance plénière, ont ficelé (retenu), conclu et recommandé envers toutes les parties prenantes, en commençant par le premier thème des résultats de la recherche et les politiques en matière d’adaptation aux changements climatiques dans l’agriculture et le second thème des résultats de la recherche et les politiques en matière d’adaptation aux changements climatiques dans le domaine de la santé (voir précédente édition). Passant au troisième thème sur les résultats tirés de la recherche et les politiques relatifs aux possibilités d’adaptation aux changements climatiques qu’offre le milieu urbain, les participants se sont penchés sur une synthèse des résultats et évaluations des écarts notés en sciences comme en politiques ainsi que les impacts de ces changements sur l’approvisionnement en eau du Bassin Densu, au Ghana. Les participants croient dur comme fer qu’un ensemble de mesures idoines peuvent y contribuer. Ces mesures consistent à combler les écarts ou lacunes de connaissances connus dans l’arrière-pays et les petits périmètres urbains, de les améliorer au sein des systèmes d’alerte précoce, les technologies d’adaptation et les stratégies de renforcement des capacités desinstitutions urbaines, en vue de la gestion effective des stratégies d’adaptation en ce milieuurbain.
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Dans ce sens, sont attendus les faits d’améliorer les évaluations des « infrastructures urbaines critiques », tels les systèmes de transport et de livraison de l’eau, de mieux réduire les modèles climatiques à l’échelle des villes, d’investir dans le renforcement des capacités des autorités municipales en matière de gestion des finances, de plans de suivi-évaluation, etc., de rendre ces dernières plus actives et proactives en les dotant de capacités et de cadres institutionnels d’appui. Il s’y ajoute que les Programmes nationaux d’action à l’adaptation (NAPA) sont à démultiplier en des Programmes municipaux d’action à l’adaptation (CAPA), dans le but de renforcer la gouvernance là où vivent les populations vulnérables, socle de la décentralisation et des pouvoirs des autorités locales. Les mesures de gestion économique des eaux qui prennent en compte les grands consommateurs, c’est-à-dire, les gens riches et les industries, peut contribuer à remédier au déficit de la demande à Accra, sont à envisager. D’où, par exemple, la possibilité offerte d’identifier ces grands consommateurs et de résorber les pertes physiques élevées. Sans compter les différents instruments politiques qui réduisent cette consommation, dont les mécanismes de fixation des prix pour les plus démunis, les moyens législatifs d’économie et le développement additionnel de la fourniture de cette denrée vitale. Le quatrième thème débattu étant le capital de connaissances empreintes de preuves apportées par l’agriculture en intelligence (sensible au) avec le climat dite CSA aux ambitions politiques, les participants ont traité de la synthèse des principes régissant les données et informations sur les facteurs économiques et autres de promotion de l’adaptation aux pratiques de la CSA et les écarts entre la recherche et les opportunités d’investissement favorisant les pratiques de cette nouvelle forme d’agriculture. Ils en sortent convaincus que la CSA est potentiellement capable d’améliorer le mieux-être des ménages africains et d’aider leurs gouvernements à parachever leurs aspirations. Ils considèrent ces derniers, tout comme les partenaires régionaux, continentaux et internationaux ainsi que les instruments d’appui technique et financier, comme les acteurs centraux de l’adoption de la CSA. Traitant des preuves produites par la CSA au bénéfice des politiques, comme le cinquième thème, les participants ont passé en revue les politiques mises en œuvre en Afrique de l’Est et en Afrique Australe, des opportunités dont bénéficient la production agricole sous contrainte de ressources liées à l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques et de la promotion de la CSA dans le paysage expérimental de l’ASARECA (Association for Strenghtening Agricultural Research in Eastern and Central Africa). Selon les participants, la CSA peut une et sera adoptée de manière extensive, si on renforce les profits internes et externes des institutions locales, telles que les marchés agricoles, les services de vulgarisation et de micro-finance, et si on intègre les profits internes et externes les programmes de CSA dans les curricula scolaires. Vu qu’en Afrique Centrale et en Afrique de l’Est qui disposent d’un immense potentiel en CSA, à savoir un potentiel d’irrigation inexploité et d’atouts détenus par les quatre économies les plus croissantes au monde que sont celles du Rwanda, de la RD Congo, de l’Ethiopie et de la Tanzanie, et
NOTE DE LECTURE Coraf Action Lettre d’information trimestrielle du Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles. Le CORAF/WECARD est une association internationale a but non lucratif née, en mars 1987, et regroupe actuellement 22 Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) de la sous-région. Il s’appelait alors la Conférence des responsables de recherche agronomique africains et français, changée, en 1995, en Conférence des responsables de la recherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre, puis, en son actuel nom, en 1999. Le CORAF/WECARD a pour vision et pour mission la réduction durable de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire par une augmentation de la croissance économique induite par l’agriculture et l’amélioration durable du système de recherche agricole, de la productivité, de la compétitivité et des marchés par la satisfaction des principales demandes des acteurs adressées aux SNRA. Parmi celles-ci, les données et informations scientifiques vulgarisées que véhicule, depuis octobre 1996, Coraf Action éditée avec à travers le Programme sur les semences en Afrique de l’Ouest du CORAF/WECARD, le présent appui financier bureau Afrique de l’Ouest de l’USAID (United States Agency for International Development).
Directeur de publication Harold Roy-Macauley
Directeur de la rédaction Abubakar Njoya
Directeur adjoint de la rédaction Anatole Yékéminan Koné
Rédacteur en chef Armand Faye
Comité de rédaction et de lecture
Ernest Assah Asiedu; George Muluh Achu Vincent Joseph Mama, Abdourahamane Sangaré Mbène Dièye, Hamadé Kagoné Abdulai Jalloh, Niéyidouba Lamien Folarin Sunday Okelola, Yacouba Diallo Francis Ofoe Konu, Julienne Kuiseu Jérôme Konan Kouamé, Mika Ndongo
Mise en pages Ngor Sarr Alassane Dia
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Documentation, édition et diffusion CORAF/ WECARD
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CORAF/ WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : armand.faye@coraf.org Internet : www.coraf.org ISSN : 0850 5810
que l’Afrique s’est forgée comme la nouvelle frontière de l’expansion agricole qui s’ouvre aux nouvelles possibilités foncières, à l’intensification durable, à l’a-doption des technologies
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appropriées, à l’appui politique croissant à l’agriculture et à l’investissement dans la CSA, les opportunités ne manquent pas pour l’adoption urgente de cette dernière dans la sous-région, impliquant la diversité des cadres institutionnels de coopération locale, nationale et sousrégionale, l’intérêt et l’appui grandissants à la CSA et l’in-
des zones prioritaires ou sensibles, le développement des capacités adaptatives au changements climatiques et à la vulnérabilité des communautés rurales au travers de l’utilisation des prévisions climatiques et conseils agro-météorologiques. Venant au sixième thème, celui de la communication scientifique et des expérien-
Ils en tirent les leçons selon lesquelles les scientifiques se doivent non seulement de tout faire pour que leurs pairs s’engagent dans « ce combat », mais aussi de s’efforcer à publier leurs résultats au-delà des revues académiques, de collaborer avec et d’être disponibles pour les journalistes. En outre, ils insistent sur le fait que la promotion de la CSA exige
Les débats ne pouvaient pas ne pas se poursuivre hors de la salle de conférence !
tégration transfrontalière des marchés. Les participants sont également au fait que la recherche a vraiment besoin de pouvoir générer d’avantages de preuves profitables à la planification et aux politiques. Ces preuves doivent provenir de la caractérisation du climat à l’échelle sous-régionale induite par les risques agricoles, la modélisation climatique, le développement de scenarii, l’évaluation d’impact du changement et de la vulnérabilité aux changements climatique, la cartographie (inventaire) CORAF ACTION N° 78
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ces des Organisations de producteurs (OP) investies dans la CSA, les participants ont vivement échangé sur les liens établis par la communication entre la recherche, les politiques et les pratiques ; les expériences de l’East African Farmer’s Federation (EAFF) (Fédération des organisations paysannes de l’Afrique de l’Est) en matière de CSA et, enfin, de la Southern African Confederation of Agricultural Unions (SACAU) (Confédération des syndicats agricoles d’Afrique Australe) toujours en la matière.
d’adopter l’approche marketing en vue de faciliter son acceptation par les producteurs très soucieux de gagner des revenus, et vite ! Enfin, le septième thème, relatif aux négociations sur les changements climatiques, est traité suite à la présentation sur les domaines fonciers dans les négociations affairant à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, tels REDD+, l’agriculture et l’utilisation des terres, le changement d’affectation des terres et la foresterie (LU/ LUCF).
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Les participants en concluent que le Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA) est fortement prié de travailler avec les pays de l’Afrique sub-saharienne pour mettre au point ou développer des preuves fondées sur les instruments politiques en matière de climat, telles les stratégies de diminution des émissions de carbone et de
développement de la croissance verte, les politiques sur les changements climatiques, les Plans stratégiques et Plans d’action, les Plans nationaux d’adaptation (PNA), les mesures d’atténuation adaptées au contexte national (MAAN), REDD+ et les contributions nationales sur la détermination des ambitions (INDC, Intended Nationally Determined Contributions). Suite des débats sur les présentations à lire dans la prochaine édition.