Rift, vers un village vertical à Hanoï (02) by Corentin Lbc

PROJET DE FIN D’ÉTUDE

CORENTIN LEBOUCHER / PROJET DE FIN D’ÉTUDE / 2019 ENSEIGNANTS : LAURENT SALOMON / GWENAÊLLE RUELLAN / KACHA LEGRAND

ANALYSE

D’un climat tropical

Aux coordonnées 21° 02’ nord, 105° 51’ est, Hanoi, capitale du nord du Viet Nam, est régie par le climat tropical de la zone du delta du Fleuve Rouge. Jouant un rôle essentiel dans la vie des habitants de cette région, les 4 saisons se caractérisent selon la température et l’humidité ambiante. On distingue notamment une saison sèche allant du mois de septembre au mois de mai et une saison humide allant du mois de juin au début du mois de septembre. Pendant cette dernière, le niveau des eaux peut augmenter radicalement et transformer le paysage horizontal du delta en une mer constellée d’archipels de villages et de vergers.

DIAGRAMME SOLAIRE

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ROSES DES VENTS

TEMPÉRATURES MENSUELLES

PRÉCIPITATIONS MENSUELLES

TEMPÉRATURES ET PRÉCIPITATIONS MOYENNES

CIEL NUAGEUX, SOLEIL ET JOURS DE PRÉCIPITATIONS

ANALYSE D’une culture

Traditionnellement, le village vietnamien est la rencontre entre un mode de vie pragmatique et symbolique qui transparaît dans l’organisation spatiale du bâti, du vide et des pratiques humaines. Ainsi, l’habitat, le commerce, l’artisanat, l’agriculture, la religion et les pratiques cultuelles (comme le culte des ancêtres, des divinités de l’eau, du ciel, de la terre...) qui déterminent l’identité du village et de ses habitants ont un ou plusieurs éléments les représentant. Un village est identifiable par quatre constituants symboliques : cong làng (la porte du village), đình (sorte de maison communale permettant le rassemblement, le culte des ancêtres, les échanges sociaux…), cây đa (figuier des banians) et ao (étang, point d’eau, bassin). Il peut également comprendre un ou plusieurs đen (temples), chùa (pagode), ou mieu (temple pour petites divinités)… 5

VERS UN PROJET

La lisière du village de Trieu Khuc Au sud-ouest d’Hanoi, au bord de la 3e couronne routière ceinturant la future mégapole, dans un paysage d’entreville, un terrain de 34 hectares est pour l’instant à l’état de friche en attendant le développement d’architectures spontanées pionnières déjà implantées à ses abords. Bordé au nord par le 3e périphérique et à l’ouest par le village de Trieu Khuc, cet espace pose la question du devenir des franges urbaines et de la connexion entre la métropole et l’espace périurbain rural. Anciennement une constellation de lacs interconnectés par un système hydraulique traditionnel permettant de gérer l’apport en eau pour les cultures du village, cette zone maintenant asséchée artificiellement est vouée à court terme à devenir un ‘KDTM’, une ‘gated-community’ vietnamienne. Ce fragment rural qui faisait partie d’un ensemble bien plus grand et bien plus riche est maintenant isolé et détourné de sa fonction primaire : nourrir le village. Les qualités et les enjeux de ce site sont nombreux et il est souhaitable d’éviter une nouvelle forme de privatisation du sol. Cet espace doit venir connecter la future mégapole à un village de métier du textile et du tri des déchets, et être construit en expérimentant une architecture contemporaine qualitative à habiter, intégrant une gestion bioclimatique des éléments et empreinte de culture vietnamienne afin de répondre au besoin d’extension de la ville tout en pensant au confort d’usage d’une population urbaine toujours plus nombreuse. Il devra également devenir le symbole de résistance et d’alternative à la pollution des sols, de l’eau, de l’air, et proposer un modèle d’agriculture urbaine durable et responsable...

QUEL RAPPORT HOMME-NATURE POUR LA VILLE DE DEMAIN ?

ÉTUDE DE SITE

De la future mégapole au village urbain de Trieu Khuc

PROJET DE VILLAGE VERTICAL VU DEPUIS SON ESPACE AGRICOLE ET SEMI-NATUREL

EXERCICE THÉORIQUE Hanoi / Vietnam

Avec l’augmentation de la population mondiale, l’étalement urbain est un phénomène généralisé contribuant à l’éloignement des zones de peuplement de leurs espaces agricoles et des ressources dont elles dépendent. Pour limiter cette tendance, la question de la densité humaine se pose, et donc de la verticalisation de la construction du bâti mais aussi de la société. Malheureusement, les tours construites aujourd’hui suivent généralement un plan d’étage unique dupliqué sur x niveaux, fabriquant des ensembles répétitifs et impersonnels. Le rôle des différents acteurs du bâtiment est de mettre fin à ce développement désastreux en réinterrogeant ce qu’est de vivre verticalement. Dans ce contexte de crise, l’Asie semble un point de départ évident de par la vitesse de son urbanisation. Un modèle numérique construit à l’aide du logiciel Revit a permis de simuler le développement d’un fragment du village vetical inspiré du développement actuel de la ville de Hanoi. Il combine les fonctions résidentielles,

commerciales, industrielles, les mélange, et laisse les résidents du village vertical décider de l’emplacement propre de chaque activité. Les institutions publiques (santé, justice, culture, administration...) sont quant à elles placées symboliquement au centre de l’ensemble. Il en résulte un modèle socio-économique libéral. 60 types de bâtiments hébergeant ces activités, reprenant le modèle de la ‘maison tube’ et variant d’un étage à quatre sont modélisés afin de produire un sentiment d’aléa de forme bâtie, et donc d’aléa humain (5x5 modules résidentiels ou commerciaux, 3x5 modules comportant une cour, 4x5 types proposant un volume en double hauteur pour les activités industrielles légères...). Ces éléments sont ensuite répartis ‘aléatoirement’ (usage de Dynamo pour Revit) sur un plan horizontal contrôlé par un ensemble de règles (espacement entre les bâtiments, nombre de types...) pour tenter de modéliser l’apparent ‘chaos’ de certains quartiers de la ville vietnamienne. Cette démonstration horizontale est ensuite appliquée verticalement et replacée dans la structure tridimensionnelle, révélant les variations, la complexité et la qualité de cette organisation culturelle.

MODULES HABITATION + COUR INTÉRIEURE

MODULES ATELIER + HABITATION

MODULES HABITATION

PARCELLES 6*18M 6*15M

6*12M

6*9M 6*6M

65 TYPES DE PARCELLES DE LARGEUR 6 M

751 PARCELLES DIMENSIONNÉES ET ORGANISÉES TRIDIMENSIONNELLEMENT 12

BLOC 07 BLOC 06 BLOC 05 BLOC 04 BLOC 03 BLOC 02 BLOC 01

STRUCTURE ABRITANT ET ORGANISANT LE DÉVELOPPEMENT DU VILLAGE SELON L’ENSOLEILLEMENT ET LES MOUVEMENTS D’AIR

751 PARCELLES INVESTIES OU BÂTIES PAR LES NOUVEAUX HABITANTS DU VILLAGE SUVANT LES 65 TYPES DE PARCELLES IMAGINÉS

RIFT

Plan de masse

ÉTUDE CLIMATIQUE Ensoleillement critique

Imaginé dans un premier temps comme un élément massif de 420 m de long par 100 m de large pour des questions symboliques et pratiques (délimitation de l’espace du projet, connection avec la voirie existante, volonté de limiter l’impact sur les zones humides plus à l’intérieur du site, fonctionnalisme du projet...), avec une hauteur fixée à 120 m, la structure du projet est progressivement

extrudée de ce monolithe. La ville vertic l’espace au sol pour l’agriculture et les de-chaussée habité en cas de mousson vers l’espace agricole se trouvant derriè Orientée pour être traversée par les ven

chauds, la structure abrite également les villageois des vents froids soufflant depuis le nord-est de la période hivernale par le décalage des voiles des espaces de distribution verticale scindant la structure en 7 blocs de 60 m de long par 100 m de large. Les plateaux portant les strates de village s’organisent selon la trajectoire du soleil au cours des saisons. Les deux premiers plateaux sont percés en leur centre pour permettre à la lumière d’entrer et à l’air frais du rezde-chaussée de circuler. Chacun des niveaux suivants est protégé de la lumière directe estivale aux heures les plus chaudes par le découpage et le débord des dalles supérieures sur les dalles inférieures qui laisse en revanche les rayons pénétrer loin dans la structure pendant les mois les plus frais. Cet épannelage

solaire garantit aux habitants un co L’alternance de zones éclairées et de zo d’air dans le village, limitant la sensatio en été.

Par ailleurs, la forte inertie thermique d confort d’utilisation dans un pays tro restituée pendant la journée. Le béton moisissure que le bois qui peut rapideme physiques s’il est mal entretenu.

cale est surélevée de 10 m afin de libérer loisirs. Le risque d’inondation d’un rezn est ainsi également écarté et les vues ère l’ouvrage sont conservées. nts dominants sud-est des mois les plus

ÉTUDES DE LA COURBE SOLAIRE DU SOLSTICE D’ÉTÉ (21 JUIN) ET D’HIVER (21 DÉCEMBRE)

onfort d’utilisation primaire efficace. ones d’ombres facilite les mouvements on d’humidité et la chaleur oppressante

du béton permet de garantir un certain opical. La fraîcheur est conservée et n supporte bien mieux l’humidité et la ent pourrir et perdre ses caractéristiques

ÉTUDES DE LA COURBE SOLAIRE DU 1ER MAI AU 30 SEPTEMBRE (SAISON CHAUDE)

RIFT

Hanoi / Vietnam Plusieurs espaces en mutation à la limite entre espace urbain et rural ont fait l’objet d’études afin d’implanter cette ville verticale à l’endroit idéal. Une zone encore relativement vierge d’installations permanentes au nord de Trieu Khuc, un village traditionnel en pleine mutation, a semblé parfaite pour devenir le théâtre de cette expérimentation. Afin d’organiser de manière rationnelle ce morceau de territoire de 34 hectares, il a paru judicieux de déployer une grille virtuelle de carrés de 60x60 m pour ensuite raisonner par juxtaposition d’éléments connectés ou isolés. Le choix de ne pas dépasser 20 % d’espace bâti vise à conserver un maximum de terre arable permettant aux résidents d’être quasiment autonomes en nourriture et en ressources mais aussi de laisser une certaine lisibilité du paysage traditionnel villageois horizontal et agricole. Toujours dans une recherche d’indépendance, le rez-dechaussée du village vertical est équipé d’équipements garantissant le confort de ses habitants : une station

d’épuration collecte et nettoie les eaux grises et celles des quartiers environnants traversant l’emprise du projet, un centre de recyclage vient compléter l’offre de traitement des déchets municipaux, de petites installations de production de biomasse permettent une production de gaz et d’électricité locale, des serres accueillent une agriculture de haute performance hors-sol... À l’intérieur même de la structure du village vertical, 6 ‘niveaux villageois’ espacés de 15 m et distribués par des routes et allées verticales sont délimités en terrains pour recréer le tissu urbain métropolitain compact de la ville vietnamienne. Chaque parcelle est constructible selon le désir de ses acquéreurs, qui sont donc libre d’y aménager un jardin, une habitation de plain-pied ou de quatre étages, ou alors un atelier, un commerce... L’autoconstruction apporte richesse et diversité à cette structure massive en béton pour lui donner une identité unique.

RIFT

Plan de RdC

ÉLÉMENT DE DÉTAIL N° 2 - PLAN

ÉLÉMENT DE DÉTAIL N° 3

ÉLÉMENT DE DÉTAIL N° 7

ÉLÉMENT DE DÉTAIL N° 8

ÉLÉMENT DE DÉTAIL N° 4

ÉLÉMENT DE DÉTAIL N° 6

ÉLÉMENT DE DÉTAIL N° 9

ÉLÉMENT DE DÉTAIL N° 10

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RIFT

Hanoi / Vietnam Le centre de ce village vertical regroupe les fonctions symboliques et sociales nécessaires pour qu’un village traditionnel existe : dinh, ou ‘maison communale’ dédiée à l’accueil de festivités et de rassemblements publics ; ao, l’étang apportant harmonie et cay da, le banian incarnant force et longévité. À ces éléments s’ajoutent les institutions publiques ainsi que des espaces dédiés au sport, à la culture... La structure principale de l’ouvrage est en béton coulé sur place et banché avec des lames de bois, décorant le matériau d’un matriçage fibreux. L’usage du béton

permet la confection de poutres épaisses pouvant aisément reprendre les charges d’éléments construits en second œuvre, comme les bâtiments autoconstruits du village dont la hauteur et la charge peuvent varier selon les matériaux utilisés et les usages hébergés. Les volumes ‘publics’ sont construits en ossature bois pour faciliter leur installation et sont protégés du soleil en façade par des panneaux de bois ajourés. Cette combinaison simple de la structure et des textures employées permet de créer des espaces à usage multiple, facilement convertibles et donc plus à même de suivre les mutations culturelles que le Vietnam traverse.

BLOC 04-NIVEAU 01 / CENTRE DU VILLAGE

BLOC 04-NIVEAU 00 / CENTRE DU VILLAGE

Contenant des anfractuosités et des irrégularités, soumis à l’humidité de l’air, le béton devient également le refuge d’espèces végétales, de la même manière que les arbres de la forêt tropicale servent de support aux espèces épiphytes et grimpantes. La structure apporte force et unité à la diversité spontanée de l’autoconstruction et aux couleurs et reliefs de la végétation la recouvrant. C’est la marque du temps qui est recherchée pour apporter les finitions, l’humanité et la vie à cet ouvrage porteur d’un écosystème.

BLOC 06-NIVEAU 02 / QUARTIER RÉSIDENTIEL, ARTISANAL, TERTIAIRE ET COMMERÇANT

BLOC 06-NIVEAU 01 / RAMPE D'ACCÃ&#x2C6;S AU NIVEAU 01

BLOC 06-NIVEAU 05 / 30.08 - 8H30 (SAISON DES PLUIES)

BLOC 06-NIVEAU 03 / 30.08 - 8H30 (SAISON DES PLUIES)

REMERCIEMENTS Visites, découverte du site, problématiques Bùi Thanh Bình Nguyễn Minh Phương Thái Huyên Nguyen Antoine Thierry Enseignants référents Enseignants Laurentréférents Salomon Laurent KachaSalomon Legrand Kacha Legrand Gwenaëlle Ruellan Gwenaëlle Ruellan Crédits Danica Vićanović (illustration maisonsCrédits ‘tube’) Danica Vićanović (illustration maisons ‘tube’) Maquettes & corrections MaquettesFlorence & corrections Carré Florence Carré Thierry Leboucher Thierry Leboucher Nicolas Nicolas Leboucher Marine Gallot Marine Gallot