Zombie - Mamma Boogie

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Zombie Mamma Boogie

Yves D’Agostino - Eric Pelosato

Collection chasseurs de Monstres

ĂŠditions



Mamma

B oogie Yves d’Agostino - Eric Pelosato

Boris, le bossu de service et disciple du Professeur Ludwig Von Horribilis, coulait des jours heureux en compagnie de Sir Arthur Hollow Tooth Bastard, rencontré lors de la première quête de nos deux acolytes sur l’île de Nowhere. Comblé par l’adoption de ce vieil oncle aux dents longues – et pour cause, c’était un vampire –, le Professeur ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin et poursuivait ses recherches. Après ses "draculesques" aventures, il avait jeté son dévolu sur le Zombie.


Chapitre 1

B osse qui roule C’est donc tout naturellement que le 23 juin à 2 h 11 du matin, il descendit dans la chambre de Boris située dans la cave et qu’il le réveilla en le rouant de coups, comme à son habitude. - Boris, larve imputrescible, tu es encore en train de roupiller ? - Non, mon maître ! fit le pauvre bossu en se redressant sur sa paillasse, des papillons de nuit plein les yeux. - Lève-toi, Boris ! ordonna Von Horribilis. Nous partons ! Je la tiens ! je la tiens ! - Vous tenir cravache, ça être sûr. - Tais-toi, bancal moisi ! trancha-t-il en coinçant sa cravache neuve sous le bras. Juin est le mois idéal pour étudier les zombies. Prépare nos affaires car nous partons ce soir. - Da, maître. Sans la moindre contestation ni même un seul sourcillement, Boris accompagna, tel un brave toutou, son maître jusqu’au laboratoire.

- Pourquoi nous partir, professeur ? - Pour célébrer le Roi de la Pop, Boris ! - Pop, qu’est-ce ? Pourquoi nous célébrer Roi Pop ? Comment définir la notion de musique à un serviteur aux oreilles obstruées par d’horribles bouchons de poils ? Von Horribilis eut beau lui parler de Beethoven, de symphonies, d’instruments, rien n’y fit, et Boris souffla en se grattant la bosse. - Tu n’es qu’un être pitoyable et vulgaire, Boris ! lâcha le professeur excédé. Tu n’as de respect pour rien ! Voici ce que tu mérites… Il lui asséna aussi sec plusieurs coups de cravache, seul rythme musical que le malheureux bossu connaissait parfaitement.

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Chapitre 2

L a P ointe du W oogie Après cette sévère mais nécessaire punition, Von Horribilis consulta son carnet dont les notes faisaient mention cette fois de phénomènes étranges, de magie noire et de séances occultes. Un terme en particulier attira son attention : "Mort-vivant". Ses investigations scientifiques l’avaient emmené jusque sur l’île de Guadeloupe, un travail sans commune mesure avec ses précédentes recherches puisqu’il s’agissait de magie noire. "Mais les sciences occultes n’occultent que les aveugles !", avait pensé le professeur qui prenait cette nouvelle piste comme un défi. À la dernière page figurait une carte crayonnée sur laquelle était mentionné un village appelé "Pointe du Woogie" ; car cet endroit apprécié pour son calme et sa tranquillité abritait en secret la plus puissante Hougan de l’île : la terrifiante et insaisissable… MAMMA BOOGIE ! (Ne prononcez jamais son nom à voix haute ou bien vous verrez le malheur s’abattre sur vous.) Car MAMMA BOO… (Ne l’écrivez pas en lettres majuscules pour la même raison.) Car "Mamma Boogie" vous pétrifie de son regard foudroyant. Sans âge, les cheveux décolorés et crépus, le visage sombre, "Mamma Boogie" apparaissait lors des grandes séances vaudou. Reine des sortilèges, unique Bokor de l’archipel des Antilles, "Mamma B"… ELLE possédait le secret de faire renaître les morts et ne se privait jamais de ce ténébreux savoir pour parvenir à de bien ténébreuses fins. Pourtant, son attitude changea un an auparavant. Pour être plus précis, le 25 juin 2009. Ce jour-là, son cœur se brisa à 17 h 26 exactement. Dans son entourage, mille questions affluèrent : "Pourquoi un tel retournement ?". "Que s’était-il passé ?". "Est-elle contrariée ?". "Le prix de la patate douce a-t-il augmenté ?". Seul le professeur Von Horribilis sut y répondre par déduction : MAMMA B… la vieille sorcière nourrissait en secret, un culte sans limite au roi de la pop universel : Mickael J. Malheureusement, son idole avait été emportée par la Faucheuse le 29 juin. Depuis ce tragique événement, chaque année, elle organisait une cérémonie vaudou dans un unique but : faire descendre du ciel son bien-aimé.

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À quelques milliers de kilomètres de là, Ludwig Von Horribilis assemblait joyeusement ses dernières affaires de voyage, tout en réprimandant son serviteur souffre-douleur : - Prends cette liste, vilain tordu né dans le caniveau ! Boris, qui savait à peine lire et tentait de déchiffrer la liste des préparatifs, coupa Horribilis dans son élan jovial : - Maître, dernière fois Boris être déguisé en fille. Moi pas vouloir ça maintenant, ça être charabia pour moi et… Le Professeur ne lui laissa guère l’occasion de finir sa phrase et le souleva par l’oreille en hurlant : - Imbecillus a pedibus usque ad caput1 ! Qui te parle de déguisement ? Pour la prochaine liste, je te ferai des dessins. Répartissons-nous le matériel ! Méprisant son valet jusqu’à la moelle, Ludwig Von Horribilis lui arracha des mains la liste et, tandis qu’il énumérait ce qui était inscrit, Boris courait en tous sens pour regrouper le nécessaire : - Un filet de pêche avec un grand manche, des chaussettes à paillettes, une paire de gants noirs, un pantalon noir taille 38, des mocassins de Pocahontas, le cuir élimé du jardinier, un mangedisque vinyle, 2 kilos de vaseline. Si pour cette nouvelle excursion le caddie de Boris avait été rempli à ras bord, le sac de voyage du professeur contenait uniquement les deux tickets d’avion pour la Guadeloupe.

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Imbécile des pieds à la tête. 7


Chapitre 3

R amdam - Oiseau de fer, pas bon ! se mit à brailler Boris dans les couloirs de l’aéroport en apercevant à travers les baies vitrées les dizaines d’avions s’envoler ou se croiser dans un ballet aérien. Burp ! Moi avoir mal au ventre, maître ! Navré de constater que son valet avait la phobie des avions, le Professeur tenta de le calmer à grand renfort de coups de savate et de claques. En vain. Le nabot, pris de violents spasmes, couinait et bavait tel un porcin qu’on égorge. - Viens ici ! siffla entre ses dents le professeur embarrassé, le tirant par une oreille. Cesse de faire l’enfant ! Et ne me crache pas dessus, résidu de bas étage ! Malgré les menaces du professeur outré, le hall d’embarquement résonnait des geignements du bossu névrosé. Loin de passer inaperçu, son comportement provoqua rapidement un ramdam et après moult négociations et deux douzaines de piqûres calmantes pour chevaux, Boris fut jeté manu militari dans la soute à bagages, pieds et mains liés. Au bout de neuf heures de vol, le commandant de bord annonça : - Pointe-à-Pitre, Pointe-à-Pitre, 30 °C. Veuillez vérifier que vous n’avez rien oublié ! Avec le malheureux Boris allongé en travers du caddie, émergeant à peine de son sommeil forcé, Von Horribilis transpirait à grosses gouttes sous ses trois couches de vêtements inadaptés au climat des Caraïbes ; il s’épongea le front à maintes reprises. Enfin, il héla un taxi qui les conduisit jusqu’au village de "La Pointe du Woogie". Arrivés dans leur chambre d’hôtel, une charmante maison coloniale, le Professeur réveilla son disciple indiscipliné à grands seaux d’eau. - Debout, incapable ! - Où être nous ? Oiseau de fer parti ? Moi être bizarre, Professeur. - Le temps presse, abominable troufignard, car tout se joue ce soir.

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Le professeur commença par enduire son bossu de vaseline afin qu’il puisse enfiler un pantalon taille 38, endosser un tee-shirt blanc moulant et, cerise sur le gâteau, porter un magnifique blouson de cuir rouge. Le plus difficile fut les chaussures : une paire de mocassins associée à d’horribles chaussettes à paillettes argentées. Tout maquillage aurait été superflu car Boris avait naturellement le visage cadavérique. Le professeur acheva toutefois son oeuvre en lui collant sur la tête une énorme perruque afro. - Tu es parfait, Boris. En route pour le cimetière. - Pourquoi nous aller cimetière ? Qui être mort, mon maître ? Moi pouvoir manger rat ? - Res, non verba2 ! Silence, bossu maboule. N’oublie pas l’épuisette et le mange-disque à piles.

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Des actes, pas des paroles. 11


Identités

VON

h orribilis

Petit être insignifiant doté d’une intelligence supérieure. Dans sa grande bonté, le créateur a doté le petit Ludwig à sa naissance, d’un cerveau surdimensionné et d’une intelligence hors du commun. Il s’est tellement concentré sur la beauté de son cerveau, qu’il en a oublié tout le reste. Notre brillant génie s’est ainsi retrouvé dans une enveloppe charnelle absolument frêle et hideuse. A tel point que ses parents l’ont immédiatement abandonné. Il passa une enfance très dou­loureuse dans un orphelinat. Il était fréquemment roué de coups par les autres pensionnaires qui lui donnèrent le surnom de "Ludwig Von Horribilis". Ce corps ingrat ne l’empêchat pas d’obtenir dès 13 ans un doctorat en physique nucléaire et en médecine mais un vide affectif le rongeait de l’intérieur. Il devait absolument se trouver une famille. Il se prit de passion pour les être les plus hideux, effrayants, démoniaques, horribles de l’humanité. Sa décision était prise, il serait adopteur de monstres (chasseur de monstres). Il allait se constituer au fil des ans, une famille unique grâce à de nombreuses recherches et aussi grâce à son goût prononcé pour "l’Artémisia Absinthium*", qui lui permit de développer une imagination délirante. Il n’alla pas bien loin pour trouver le disciple et compagnon idéal pour sa quête. Il lui suffit de se rendre dans la cave de l’orphelinat pour trouver Boris. Identi

té voy

ag

eur Von Ho rribili Préno m : Lu s d w ig Destin ation : guadelo Adres se voy upe ageur : Orp helinat Nom :

bsinthe

sinthium : A

Ab * Artémisia


B oris

Premier membre de la famille du Professeur Ludvig Von Horribilis et assistant personnel dans sa quête de la famille idéale. Le créateur ne sait même pas qu’il existe. C’est un monstre trapu, mi-homme, mi-bête possédant un corps gigantesque, un tronc épais sur des jambes courtes, une tête large, posée sur un gros cou et de grandes épaules. Boris est insensible à toute forme de douleur même mentale. Il existe très peu d’informations sur ses origines mais d’après les notes de l’orphelinat, il semblerait que ce soit un descendant direct des Huns. Il fut trouvé un matin devant l’orphelinat dans un sac poubelle rempli de cadavres de bouteilles de vodka et emballé dans un sac en toile de jute. On lui donna donc tout naturellement le prénom de Boris. Avec le temps, le choix de ce prénom s’avère judicieux car Boris a de gros problèmes d’élocution dus à la disposition très anarchique de ses dents. Lorsqu’il parle, il possède un accent russe très prononcé. Il vit en ermite dans la cave de l’orphelinat et nourrit une admiration sans limite au jeune Ludwig qui deviendra au fil des ans, son mentor.

boris


Identité

m a mm a

B OOGie

On suppose que Marie-Immaculée de la Trinité vit le jour vers 1690 dans la clandestinité, sur l’île de la Guadeloupe. Ses parents, esclaves pour la Compagnie des Indes, s’échinaient dans les champs de cannes à sucre. De peur que leur fille ne périsse sous les coups de fouet ou encore de malnutrition, ils l’abandonnèrent au beau milieu d’une mangrove et l’offrirent en pâture à Mère Nature. Au bout de deux jours, les pleurs du bébé attirèrent l’attention d’esclaves en fuite qui virent en elle un signe du destin. Ils la recueillirent et l’adoptèrent. Par cet acte généreux mêlé de superstition, ceux-ci voulurent se préserver des "Diables Blancs", autrement dit les mauvais esprits de leurs anciens maîtres et tortionnaires. Ils se retranchèrent au fin fond de l’île, au-delà des montagnes. Libres dans ce bout d’Eden, les fuyards cuisinèrent leurs rites ancestraux, les saupoudrant de magie et de nouvelles croyances. De cette mixture naquit le Vaudou qui signifie "Esprit" en dialecte Fon (Sud Dahomey). Vingt ans plus tard lors du rituel initiatique de la tribu, Marie-Immaculée de la Trinité fut nommée "Mamma Boogie". (Cette jeune fille présentait une grande facilité pour la divination et communiquait avec l’Au-Delà). Lors d’un rite qui dura treize jours et treize nuits, elle offrit son enveloppe charnelle aux esprits des morts et obtint puissance et immortalité. Les prouesses de Mamma Boogie furent connues de la population bien après l’abolition de l’esclavage, en 1794, et son esprit ou "Hougan" règne toujours sur l’île des Antilles.



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A suivre ...

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www.cosmik-editions.com


Pour élargir le cercle familial, le Professeur Ludwig Von Horribilis et son fidèle disciple Boris, décident d’adopter le plus puissant Hougan de Guadeloupe. Deux personnages singuliers pour une aventure pittoresque. Frissons et monstres garantis !


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